«Hum.» Le Chaman marcha lentement jusqu'à la place principale de Droskir, puis attendit calmement qu'on vienne lui parler. Ils avaient dû le voir arriver de loin puisqu'il avait prit tout son temps pour traverser les Terres de Melohorë, sans s'inquiéter d'être attentivement surveillé. La ballade en valait le coup et Nîl ne marchait pas très vite... Le Chaman sourit. Ils devaient s'imaginer des raisons incongrues concernant sa venue, difficile de leur en vouloir pour ça. Pourtant Devaraj avait une certaine envie de faire bonne figure.  Il réfléchissait à la meilleure façon d'expliquer son problème, mais n'en trouva pas. «Bonjour. Je suis vraiment désolé de vous déranger mais... Hum. J'ai un soucis, qui est aussi le votre. Je m'adresse à vous puisque vous êtes le premier village que je croise mais j'imagine que vous saurez faire passer le message. Voilà tout : je vous donne un de mes clones. C'est un Ygdraë, j'imagine que le mieux pour lui, c'est qu'il apprenne à vivre parmi vous. L'île Maudite est trop dangereuse pour lui, vous savez. Il grimpe partout, or ce n'était pas un endroit où il est bon de grimper partout. » Il devait avoir l'air particulièrement idiot avec ses explications, mais les Elfes comprendront bien assez tôt le problème qu'avait rencontré le Chaman. «Aussi, il a le vertige et n'arrive pas à descendre de ses escalades. Et, hum, il déteste voir des personnes dénudées, voici donc un carton de vêtements pour lui puisqu'il s'habille d'une façon très spécifique. Comment ? Il se dénomme Nîl Opale Taïjym. Je l'ai laissé à l'entrée du village, il refuse catégoriquement de venir. Il a dû monter dans un arbre, si vous voulez mon avis.» Devaraj observa le regard médusé et surpris de ses interlocuteurs. C'était cocasse, en effet. «Bon ! Et bien, très sincèrement, je vous souhaite bon courage !» glissa-t-il avec ironie. Il déposa par terre le carton qui contenait les affaires de Nîl. «Au revoir ! Si vous voulez me joindre, vous devriez vous adresser à Ezechyel Valärunkar.» Puis il disparut dans un nuage de cendres.

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Nîl entra le plus discrètement possible dans la salle. Malheureusement, il n'y avait pas grand monde encore, ce qui lui enlevait la possibilité de se fondre dans la masse. Le blond évita soigneusement le regard des personnes présentes et alla directement se réfugier à l'exact opposé de la pièce, tout en longeant bien les murs. Il se plaça dans le seul endroit qui n'était pas bien éclairé et s'assit par terre. Il se demandait pourquoi il devenait autant timide en présence de ces gens, alors qu'il ne l'avait jamais été avec Devaraj. Nîl était particulièrement perturbé, cela ne faisait que deux jours qu'il avait rencontré des Elfes. Il avait découvert avec étonnement qu'il pouvait comprendre la plupart de ce qu'on lui disait bien qu'il ait encore du mal à suivre le rythme et certains mots de vocabulaire, et pourtant leur langage n'avait rien à voir avec la façon dont parlait les Chamans. Nîl ne s'était naïvement pas attendu à voir des gens dans cette immense forêt ! Son manque de savoir allait jusqu'à ignorer l’existence de son propre peuple, qu'il prenait pour le moment pour des espèces de fées géantes. Il se sentait de toute façon bien différent d'eux, rien que par le physique. Certes, il avait des oreilles longues et puis quoi ? Il ressemblait plus à un Chaman avec ses peintures et les motifs de ses habits. Devaraj aurait pu le prévenir quand même !

Boudeur, le blond gonfla les joues et jeta un coup d’œil sur la table où se trouvait les tasses de chocolat chaud. Elles lui faisaient envie, mais il n'avait pas le courage de se rapprocher et de parler aux personnes assisses là-bas. A vrai dire, il n'avait pas prononcé un seul mot depuis qu'on l'avait récupéré de force en haut de son arbre, se contentant de hocher la tête pour répondre à des questions basiques. Le choc culturel était bien trop grand pour lui ! Heureusement, ces gens-là portaient tous des vêtements décents. Son horreur de la peau nue n'était donc pas mise à mal... L'homme fourra ses mains à l'intérieur de ses multiples manches. Recouvert de plusieurs couches d'habits soigneusement brodés et bariolés, il avait l'avantage de ne pas sentir le froid. Nîl regardait avec attention ce qu'il se passait. On lui avait demandé de venir ici et il se voyait mal désobéir. Il avait été très bien traité depuis le début, après tout. Ces personnes lui avaient donné de quoi manger à sa faim et dormir pour récupérer de son voyage. Devaraj lui manquait, mais il comprenait que le Chaman ne reviendrait sûrement pas le voir et qu'il devait apprendre à vivre ici.

Post I - 809 mots

Apprendre auprès des siens
[Laegel & Elionna]

Le bois crépitait sous l’influence du feu. Des braises dorées voltigeaient dans l’enceinte de la cheminée. Hypnotisé et la bouche ouverte, le brun observait le spectacle flamboyant. « Laegel ?! » Il clignait plusieurs fois des paupières. Se libérant de l’emprise chaleureuse du feu, l’Ygdraë observait sa mère qui venait de se réveiller. Ses cheveux étaient en bataille et son teint était pâle. La veille, elle avait attrapé un rhume qui l’avait cloué au lit. Cependant, son actuelle mine affolée ne respirait pas la maladie mais l’inquiétude. « Laegel ? Tu n’es pas encore parti ?! Le soleil s’est levé depuis longtemps ! Tu vas être affreusement en retard ! Et, as-tu nourri les poules ? Par Raanu, ne me dis pas que tu es resté planté devant le feu de cheminée depuis que tu es debout ? Quand ton père rentrera, je lui en toucherais deux mots ! Je lui avais pourtant dis de t’accompagner. Oh là là ! As-tu mangé, au moins ? Fais-moi le plaisir de mettre un vêtement plus chaud. Nous sommes en Eliël, pour le savoir de Raanu ! » À mesure que la mère impatiente parlait, sa voix se faisait de plus en plus étouffée. Pour cause, elle exprimait son monologue en se déplaçant dans la petite maisonnette avant de disparaître dans la cuisine. Laegel battait rapidement des paupières avant de tourner la tête de nouveau vers le feu. Le spectacle était… « LAEGEL ! UNE LAINE ! TOUT DE SUITE !! » hurla sa mère. Le brun se leva rapidement pour se rendre dans sa minuscule chambre. « Une laine. Une laine. Une laine. » se répétait-il dans un murmure constant et monotone. Il savait qu’il lui arrivait souvent d’oublier ce qu’il voulait faire, en rentrant dans une autre pièce. Aussi, ses parents lui avaient appris cette technique afin de limiter les étourderies. S’ils aimaient leur fils de toute la puissance de leur cœur, ses capacités neuronales les effrayaient grandement. Si leur peuple était connu pour sa sagesse et son intelligence, Laegel, lui, était incapable de se concentrer sur tout ce qui avait trait à sa scolarité. Ce fait déconcertaient ses parents. S’ils avaient espéré que sa situation allait s’arranger en grandissant, les dix-sept ans du brun n’avaient pas confirmé leur espoir et attente.

« LAEGELLLLL ! Quand auras-tu fin-… » L’Ygdraë venait d’apparaître dans la petite cuisine. Une épaisse laine lui recouvrait le corps. Ses cheveux bruns, plus courts que ceux de ses camarades de classe, étaient mal peignés. Ses yeux aussi verts que le grenat souriait à sa tendre mère. Elle rouspéta une nouvelle fois en levant les yeux. « Tu as intérêt à courir si tu veux espérer arriver à l’heure. » Elle enroula un déjeuner dans une immense feuille. « Voilà. A consommer quand tu auras faim. » Avec toute la tendresse d’une mère, elle plaça le repas dans l’énorme besace en lin que l’Ygdraë portait en bandoulière. « Et voilà, pour combler ta soif. » Elle gesticula dans la minuscule pièce pour saisir une gourde remplie d’eau et la donner à l'Ygdraë. « Maintenant, déguerpi ! » Laegel lui sourit avant de partir aussi rapidement que possible.

De son côté, Elionna attendait sagement à une table, dans un coin de la salle commune. Si elle s’était réfugiée là-bas, ce n’était vraiment pas par timidité. Simplement, on l’avait emmenée et déposée ici. Depuis, elle n’avait toujours pas compris qu’il était temps pour elle de sociabiliser. Elle attendait simplement que les choses passent et qu’il arrive. Elle détaillait les visages, les fixant plus qu’elle ne le devrait. Elle cherchait sans trouver. C’était étrange mais elle pouvait regarder le même visage plusieurs fois comme si elle ne l’avait jamais vu. Elle n’était pas physionomiste. Elle était même loin de l’être. Il lui arrivait souvent de confondre tel Boräk avec un autre. Et, même à présent, elle n’avait toujours pas remarqué que dans la salle se tenait un membre de sa famille. De toute manière, sa famille était bien trop grande pour qu’elle se souvienne de tous ses parents. C’était à peine si elle arrivait à se souvenir du prénom de son oncle alors…

Impatiente, ses doigts se mirent à tambouriner sur la surface plate de la table. Les uns après les autres, ses ongles émettaient un son successif et répétitif. Laegel aurait déjà dû être arrivé ! S’il ne s’était pas réveillé, elle se promettait de lui en faire voir de toutes les couleurs le lendemain. Après tout, elle avait fait exprès de choisir des vêtements moulants à défaut d’être couvrants et chaleureux. Elle fit une énorme moue boudeuse et dérangeante. Son nez se plissa et ses lèvres se crispèrent vers l’avant. Sans vraiment sans rendre compte, elle fixa un Ygdraë étrange tout en gardant son expression effrayante.

Laegel, lui, venait juste de pénétrer dans la salle. Comme Elionna était plus petite que ses comparasses, elle ne l’avait pas vu. Le brun, pourtant, ne passait pas inaperçu. Ses vêtements en laine étaient trempés et témoignaient de nombreuses chutes dans la neige. En effet, durant le trajet qui l’avait conduit ici et la tête dans la lune, il avait de nombreuses fois trébuché ou, même, s’était écrasé contre la façade d’un bâtiment enneigé. Il s’était même perdu mais, avec sa chance insolente, son égarement s’était en réalité soldé par une réussite. Qui aurait pu prédire qu’il avait emprunté par mégarde un raccourci ?

Post I - 875 mots

Résumé:

Les regards étranges qu'il recevait ne lui échappait pas. Il savait en faire abstraction, à un certain niveau, bien que sa nervosité grandissante le fit commencer à trembler des mains et des jambes. Mais le ponpon fût cette femme, qui ne cessa pas, pendant un moment qui lui sembla durer une éternité, de le fixer avec une grimace horrible et effrayante. Il en était presque outré. N'était-ce pas malpoli de fixer les inconnus ainsi ?! Si, si, très certainement. Cette femme n'avait aucune éducation ! Lui non plus, d'ailleurs. C'est pourquoi il finit par sortir de sa carapace pour lui répondre avec un air méchant, odieux et méprisant. Il avait regardé Devaraj faire ceci plusieurs fois et s'était entraîné à refaire parfaitement la même mimique et... ma foi, il y arrivait plutôt très bien. Sans un mot, le clone se leva et remit soigneusement ses différentes couches de vêtements en place pour qu'aucune partie de sa peau ne soit exposée à l'air frais. Ensuite, il analysa la salle pour déterminer le chemin le plus sûr et optimal jusqu'à la table où se trouvaient toutes les tasses de chocolat chaud : c'est à dire, le plus loin possible de la femme méchante dont il fit le détour d'une façon évidente, et le plus court jusqu'au point d'arrivée.

L'homme s'empara vivement de sa tasse pour la porter à ses lèvres d'un air hagard, tout en regardant rapidement autour de lui pour vérifier un, qu'on ne l'avait pas suivi, deux qu'on ne faisait pas attention à lui. Qu'est-ce-que c'était que ce liquide ? C'était sucré et savoureux, réconfortant, en quelque sorte, mais pas assez pour lui faire oublier sa très gênante situation. Il ne reconnaissait aucun visage et ne savait même pas quel était vraiment le programme de la journée. Autant qu'il sache, personne ne lui avait dit que ce ne serait pas incroyablement long et chiant. Un bref soupir passa ses lèvres. Nîl préféra s'éloigner de la table où les jeunes gens étaient en train de discuter. Ils avaient très occupés dans leur conversation, remplie de mots dont il ne comprenait pas le sens. Le clone avait remarqué un escalier de l'autre côté de la pièce qui menait dieu seul savait où. Peut-être qu'ils n'étaient pas autorisés à s'y rendre mais l'important était qu'il pouvait y monter pour s'asseoir tranquillement sur les marches les plus hautes et dominer la scène. Il adorait grimper en hauteur, c'était plus fort que lui, c'était vital et nécessaire. Combien de fois s'était-il fait gronder en grimpant aux arbres du jardin de Devaraj, parce-qu'il n'arrivait ensuite plus à en descendre ? Maintenant, il ne reverra sans doute plus jamais les arbres du jardin de Devaraj. Certes, il habitait maintenant au milieu d'une forêt géante, mais cela ne remplaçait pas ses premiers souvenirs d'enfance, pourrait-on dire. Une moue malheureuse passa sur son visage à cette idée.

L'elfe allait se diriger vers sa cible lorsqu'il aperçut un jeune homme tout trempé entrer dans la salle. Il fronça les sourcils, fit un pas en avant, hésita, puis dévia sa trajectoire jusqu'à l'imprudent avant de se planter droit comme un i devant lui pour déclarer tout d'une traite. "Monsieur vous ne devriez pas rester mouillé, c'est dangereux pour la santé et en plus, c'est sale." commenta le blond tout en défaisant une de ses écharpes-châles pour la donner au malheureux. Il avait au moins trois écharpes autour du coup, une de plus, une de moins... Il valait mieux que cet homme ne tombe pas malade et évite ainsi de contaminer toute la pièce avec ses affreux microbes. Rien que de l'imaginer, il en avait des frissons d'horreur partout dans le corps. "Tenez. D'ailleurs évitez de vous approcher de la demoiselle là-bas, elle est incroyablement malpolie et méchante..." dit-il en pointant du doigt la folle qui lui avait fait une grimace. Œil pour œil, dent pour dent, comme le lui avait gentiment appris son papa. Il serait tellement fier de voir qu'il avait apprit à se venger ! Hum.

Post II - 720mots | je relance ^^