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 [Q] Le sort en est jeté | Kaahl

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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◈ Parchemins usagés : 4051
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
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Kaahl Paiberym
Lun 20 Jan 2020, 21:58



Le sort en est jeté



Un sourire en coin apparut sur mon visage lorsque Laëth parla de la vie chez les Réprouvés. Elle avait raison. Cela se voyait qu’elle ne venait pas d’une société coincée. Les Magiciens vivaient selon des étiquettes que la noblesse inculquait mais ce qui ne pouvait se passer officiellement se retrouvait de façon officieuse. S’il était inconvenant d’adopter certains comportements en public, ceux-ci finissaient tout de même par ressortir, d’une façon ou d’une autre. Même s’ils étaient bénéfiques, le fait qu’ils se prêtent facilement au jeu des rumeurs n’était pas si sain. Ça pouvait blesser. Ça pouvait détruire. Sans le vouloir, même. Ils ne le voulaient pas, c’était certain, mais la finalité restait la même. « Il paraît que les Réprouvés sont tous très musclés ! » avança Gustine. Lorsqu’elle était jeune, et même encore maintenant, avec ses amies, il lui arrivait de parler de ces guerriers qui, elle devait bien l’avouer, lui avaient donné plus d’une fois envie. Le côté interdit et sauvage avait de quoi retourner les cœurs des jeunes Magiciennes qui côtoyaient le plus souvent des étudiants et des hommes plus intellectuels que sportifs. Bien sûr, avec le temps, c’était devenu une plaisanterie. Et puis elle n’avait plus vraiment l’âge, en plus d’aimer profondément son mari.

Je finis par laisser les deux femmes discuter, reportant mon attention sur le bébé tout en écoutant d’une oreille distraite. Je présageais que Gustine allait continuer à raconter des anecdotes compromettantes et j’attendais le moment où nous devrions partir pour l’orphelinat, ce qui sauverait le reste de ma réputation, si tant est qu’il existe encore. La vieille Magicienne se mit à rire gentiment. « C’est vrai que ce n’est pas courant mais, vous savez, ce genre de choses étranges arrivent plus souvent que vous ne le pensez. Tenez, par exemple, il y a quelques jours, j’ai cru qu’il y avait deux Barons ! Kaahl est farceur parfois ! » En réalité, ce n’était pas une farce. « Je suis entrée dans la cuisine et il était là, à manger des tartines de chèvre avec de la confiture de groseilles. » Elle s’arrêta pour préciser : « Il adore ça. » et reprit. « Il est sorti sans même m’adresser la parole dès qu’il m’a vue. Et cinq minutes plus tard, le voila à la porte de la cuisine à me dire qu’il me cherchait partout ! » Elle rit. « Sur le moment, je vous assure que je ne riais pas. Je me suis demandé s’il n’était pas somnambule ou n’avait pas des absences… Ça fait tellement longtemps que je travaille ici… Et puis, malgré son apparence, il n’est plus tout jeune ! » Je préférai ne pas commenter. C’était Ârès qu’elle avait vu dans la cuisine. Depuis cet incident fâcheux, je l’avais enfermé dans la cave où il devait rester. Ce n’était pas évident. Si je voulais qu’il me remplace de temps en temps, il devait apprendre à se discipliner davantage. Il me semblait que, contrairement à moi, il avait du mal à inhiber les ténèbres en lui. Il nourrissait à mon égard une certaine haine que j’allais devoir dompter. Ensemble, nous serions plus forts que seuls. Si je devenais Empereur Noir, c’était un trône à deux que nous posséderions s’il faisait ses preuves. Il devait, pour ça, être capable de jouer les Magiciens. Bientôt, il me serait difficile d’être sur les deux fronts. J’avais besoin de lui pour combler mes absences. D’ailleurs, en admettant que je réussisse à épouser Laëth, je n’écartais pas la possibilité qu’il se marie à ma place. Tout dépendrait du type d’union. Il pouvait parfaitement être fidèle là où j’échouerais lamentablement. Un mariage Magicien n’impliquait rien de particulier. Un mariage Angélique était une vraie plaie.

Mes yeux se posèrent de nouveau sur l’Ange. Je lui souris. « Gustine connaît tout de moi mais elle préfère m’embarrasser, c’est plus amusant, n’est-ce pas ? » Je ris, ce qui provoqua un petit sourire mutin chez la vieille femme. « Il faut bien que quelqu’un le fasse. Tout le monde vous couvre d’éloges tout le temps ! » Elle s’approcha un peu de Laëth et parla tout bas de façon à ce que je n’entende pas. « En réalité, le Baron se passerait bien de tout ça. Il est humble et n’aime pas attirer l’attention. Ces derniers temps ont été difficiles pour lui, même s’il s’inquiétait bien plus pour vous que pour lui-même. » « Gustine… Qu’est-ce que vous lui dîtes encore ? » « Rien de particulier, je raconte ce qu’il s’est passé avec le chat d’Andreas. » Elle reporta son attention sur l’Ange. « Il vous aime beaucoup, il a même frappé l’un de ses frères qui refusait qu’il récupère la bague de sa mère pour vous l’offrir ! » Elle disait ça comme si c’était extraordinaire. « Je ne l’ai jamais vu s’énerver autant que récemment. » Un grain de malice apparut dans son regard. « Même pour les beaux yeux de l’Ultimage. Alors que, la dernière fois, au marché, il a lancé une tomate sur un homme qui parlait mal de vous. Je ne savais plus où me mettre. » « Gustine, si vous pouviez arrêter de lui parler de ce genre d’anecdotes sur les chats, je vous en serais très reconnaissant. » « Oui oui. » dit la Magicienne avant de chuchoter de nouveau. « Et il a annulé une audience très importante pour son évolution hiérarchique pour se rendre sur la terre d’Iyora. » Elle haussa le ton. « Et c’est comme ça que nous avons retrouvé le Baron coincé entre une botte de foin et un chat qui, visiblement, l’avait pris en affection. » « Oui, allez, Laëth en a assez entendu. » dis-je en bougonnant pour mettre fin à la conversation. Je lisais sur les lèvres. Je savais donc précisément ce qu’elle avait dit. « Nous allons être en retard. Nous ferions mieux d’y aller. » « Il est gêné. » commenta Gustine avec un sourire bienveillant, en donnant un petit coup de coude à Laëth. Je soupirai pour lui donner le change. En réalité, j’avais l’air à la fois amusé et embarrassé, comme si la Magicienne m’attendrissait quand même, malgré ce qu’elle disait.

-

« Kaahl ! » « Baron Paiberym. » corrigea la tutrice. « Ce n’est pas grave. » précisai-je. Je disais toujours ça. Les enfants ne s’encombraient pas des mêmes préoccupations que les adultes et ça me plaisait assez. Face à la dame, blonde aux yeux marrons, plutôt imposante, je tendis la main. « Voici Laëth. Elle va nous aider aujourd’hui. Gustine nous rejoindra un peu plus tard. » La femme, d’une quarantaine d’année, la gratifia d’un sourire chaleureux. Elle avait du tact, aussi, elle ne lui confia pas qu’elle avait beaucoup entendu parler d’elle. « Bonjour, enchantée. Il y a toujours besoin de monde, surtout pour un jour comme celui-ci. Je suis sûre que nous allons bien nous amuser. Je m’appelle Nectorine. » Son sourire s’agrandit. « Je vous en prie, faites comme chez vous. Il y a beaucoup de choses à faire. Vous pouvez faire des coloriages, de la pâtisserie ou participer à la pièce de théâtre. » Elle parla un peu plus bas. « Nous avons préparé les costumes et les rôles. Ce sera plus de l’improvisation parce que les enfants ne peuvent pas retenir des textes en si peu de temps mais, si ça ne vous dérange pas, je pense que ce sera vraiment intéressant que vous y participiez ! Les enfants seront contents. Vous n'êtes obligée à rien bien sûr. » Je regardai l’Ange. « Vous avez une préférence ? » L’orphelinat était déjà aux couleurs de Boraür. « Si je ne me trompe pas, chez les Réprouvés, il y a une coutume semblable, non ? » Je lui souris. « J’ai fait quelques recherches depuis que je vous connais. » « Madame Laëth ? Tu veux que je lise ton avenir dans les lignes de ta main ? » « Allons, Othaline, on ne tutoie pas les gens qu’on ne connait pas ! » « Ah oui pardon. Vous voulez bien que je lise les lignes de ta main ? » La tutrice ne put empêcher un petit sourire de naître sur ses lèvres. Au moins, elle avait essayé, même si ce n’était pas franchement une réussite. « Vous devriez accepter. Elle m’a prédit que je serais Roi, que j’aurais vingt-quatre enfants, dont elle, et que j’allais élever des gentils dragons comme dans les contes pour aller délivrer une princesse. Elle m’a même fait un dessin. Tu vas le chercher ? » L’enfant acquiesça, partit fouiller dans ses affaires et revint. Sur le papier, il y avait la scène du bisou. La fille représentée était blonde. « Vous pensez vous teindre les cheveux à l’avenir ? Que je sache si je commence un élevage ou non. » demandai-je pour plaisanter.

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Bientôt ce sera Laëth qui marchera nue dans les rues avec des shame shame shame. Fais attention  [Q] Le sort en est jeté | Kaahl - Page 2 2289842337
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Priam et Laëth
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◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Jeu 23 Jan 2020, 20:44



Laëth sourit. D’après ce qu’elle comprenait, Kaahl n’était pas en reste quand il s’agissait de taquiner la vieille femme, qui profitait de sa présence pour bien le lui rendre. Elle n’imaginait pas une seule seconde que cette anecdote était en fait la trace d’une erreur de la part du Sorcier. Une méprise qui aurait pu le compromettre. Une méprise qui aurait pu la sauver. Cependant, chaque minute passée, chaque regard échangé, chaque sourire accordé contribuait à solidifier la cage dans laquelle l’oiseau perdrait ses ailes. Les barreaux s’épaississaient. Bientôt, l’opacité triompherait. Elle serait aveugle aux indices, sourde aux doutes, insensible aux instincts. Toutes les hésitations seraient avortées par le déni. Elle résistait à la pente sur laquelle elle glissait, parce qu’elle se posait beaucoup de questions, parce qu’elle voulait des réponses, parce qu’elle restait naturellement méfiante. Parce qu’elle avait peur d’elle-même et de la menace d’un amour qui la consumerait, quand elle aurait dû le craindre, lui. Le menteur, le manipulateur, le destructeur. Le Chasseur qui se cachait derrière l’honneur. Elle ne le voyait même pas. L’Ange se pencha vers Gustine pour qu’elle pût parler près de son oreille. Ses yeux pétillaient ; aux paroles de la gouvernante, là où l’étincelle brûlait, la lueur floue du trouble apparut. Son cœur battit plus fort, ses pupilles se dilatèrent et une vague de chaleur aussi délicieuse qu’étouffante parcourut tout son corps. C’était à son tour de ne pas savoir où se mettre. Elle ne regardait pas Gustine. Elle n’osait pas non plus croiser les iris de Kaahl, qu’elle dévisageait simplement à la dérobée. Elle n’aurait pas cru qu’il pût se comporter ainsi. Doucement, elle prenait conscience de la valeur qu’elle revêtait à ses yeux. Il lui en avait parlé, pourtant. Mais ça lui avait paru si improbable, si impensable. Pourquoi s’intéresser à elle, une fille de Lumnaar’Yuvon, sans rien de plus précieux que deux ailes blanches ? Laëth cligna des yeux et sourit, plus pour la forme que par spontanéité. Elle aussi était gênée.

***

L’Aile Blanche restait près du Baron. Entourée d’yeux curieux, le goût de la terreur qui l’avait saisie dans les rues imprégnait encore sa langue. C’était diffus, c’était supportable et surtout contrôlable, mais c’était là, tapi entre ses gencives. Elle jeta un coup d’œil au Magicien, qui paraissait serein et ravi d’être dans cet orphelinat, puis observa la petite assemblée. Son regard fonctionnait en miroir avec celui que les enfants posaient sur elle : la curiosité y triomphait, édulcorant les autres émotions. « Enchantée. » répéta-t-elle en levant les iris vers la dame blonde qui les accueillait. Nectorine... ça lui faisait penser à nectarine, quoi que la ressemblance physique n’eût pas lieu d’être établie. Certains Magiciens avaient vraiment des noms à coucher dehors. « Eh bien, hum... » Elle réfléchit rapidement. A Lumnaar’Yuvon, l’art n’avait rien à voir avec celui des Mages Blancs. Les enfants préféraient jouer dehors plutôt que colorier – la peinture se limitait sûrement juste aux parures de guerre –, la cuisine ne s’embarrassait pas de fioritures et la vie et ses combats prévalaient sur toutes les épopées fantastiques que le théâtre pourrait chercher à mettre en scène. La culture reposait plus sur la transmission orale des légendes que sur un enseignement par des textes, quels qu’ils soient – des retranscriptions pouvaient sommeiller dans les bibliothèques de Stenfek, mais Stenfek était un monde à part. Aux Jardins de Jhēn, ces activités s’avéraient bien plus développées, cependant, la fille de Bipolaires ne s’y était jamais véritablement intéressée. Trop concentrée sur sa carrière militaire. Elle avait déjà assisté à quelques scénettes de rue, jeté une œillade aux tableaux raffinés d’artistes animés d’inspiration, regardé brièvement les gâteaux qui se prélassaient derrière les devantures des boulangeries – mais elle préférait de loin les manger. Elle adressa un regard en coin à Kaahl puis répondit en faisant face à Nectorine : « Je suppose que si c’est ce qui fait le plus plaisir aux enfants, ce sera le théâtre. » Comme leur hôte s’éloignait après avoir acquiescé, elle s’inclina un peu vers le Baron et lui dit plus bas, dans un sourire amusé : « Je vous épargne le dessin et le coloriage, j’ai cru comprendre que ce n’était pas votre fort. » Ce n’était probablement pas le sien non plus, ceci dit. Surprise de l’entendre dire qu’il s’était renseigné sur les Réprouvés, elle haussa les sourcils. « Oui, c’est ça. Lus Santa Clau- » Laëth, interrompue par une petite fille, baissa les yeux sur elle. Les orphelins s’étaient approchés des deux visiteurs.  « Je... » Une vérité la frappa. Depuis son départ de Lumnaar’Yuvon, elle n’avait pas côtoyé d’enfants. Juste deux fois. La première, à Omi’Ake. Sól et Mani, avant qu’ils ne courussent jusqu’à la porte rouge qui devait les sauver. La deuxième, juste Sól, dans cet entre-deux étrange, à mi-chemin entre le réel et l’onirique. Néanmoins, la petite blonde disposait d’un statut particulier – et malgré tout, son jumeau aussi. Elle était comme une sœur, celle qu’elle n’avait jamais eue. Ce n’était pas qu’une simple gamine. Parmi les Anges, la fille de Réprouvés n’avait pas eu l’occasion – ou pris le temps – de partager des moments avec de jeunes esprits. Il n’y en avait pas beaucoup. C’était surtout la progéniture de Magiciens... Les Ailes Blanches rencontraient quelques difficultés de procréation. Avait-elle oublié comment se comporter avec les petits ? Ses paupières papillonnèrent. C’était pourtant facile. Il suffisait de retrouver ce fragment d’âme enfantine qui dormait en soi. De lâcher-prise. C’était facile, oui. Facile comme ce rire qu’elle ne put retenir. « Tout ça ? Vous n’allez pas vous ennuyer. » L’Ange attrapa le dessin que lui tendait la fillette. C’était mignon. Kaahl – que l’on reconnaissait à ses cheveux noirs et à son costume presque aussi bien tiré à quatre épingles que dans la réalité – embrassait la princesse, qui portait une longue robe violette – les robes à crinoline, ces choses affreuses dans lesquelles les Magiciennes adoraient s’engoncer. Deux dragons, un rose et bleu et un vert et orange, volaient au-dessus d’eux. Un château aux tons gris et bleus se dressait sur le côté, un peu serré, comme s’il ne pouvait prendre la place nécessaire à sa taille au sein de cette composition. « Hum... vous ne pensez pas plutôt que c’est Nectorine, qui est dessinée ? » Elle lança un sourire mutin au Magicien. « Vous devriez lui demander de vous épouser. En plus, elle s’occupe déjà d’un orphelinat, alors ce ne sont pas les enfants qui manquent. Vingt-quatre, c’est presque dérisoire. Et c’est une Magicienne, ça fera sans doute moins jaser... » Son sourire ne la quittait pas. Une petite brune aux yeux verts se planta devant l’Ange, une moue pleine de désapprobation sur les traits. « Pourquoi tu dis ça ? T’es toujours fâchée à cause de sa bêtise ? » demanda-t-elle. « Elle était pas assez belle, notre lettre ? » Laëth arqua les sourcils, surprise. Puis, elle secoua la tête et lui sourit doucement. « Si si, elle était très bien. C’est toi qui as aidé Kaahl ? » Elle opina. « Alors t’es plus fâchée ? » - « Non, je ne suis plus fâchée. » La gamine sourit et se tourna vers l’homme : « Tu vois ! Je te l’avais dit ! Ça marche à tous les coups ! » - « Faut que tu te teignes les cheveux comme le baron a dit, alors ! » Un sourire malicieux fleurit sur les lèvres de l’Ailée. Avec les enfants, tout était plus léger. Les jeux restaient des jeux. Il n’y avait pas d’implication réelle. Il n’y avait que le présent, qu’ils saisissaient de leurs petites mains pour créer les souvenirs qu’ils chériraient une fois adultes. Peu à peu, ses cheveux perdirent leur éclat sombre au profit de reflets ambrés. « Comme ça ? » Des « ooooooh » étonnés et des approbations lui répondirent. Elle rit, puis pivota vers Kaahl. « Bon, mais, vingt-quatre, ça fait vraiment beaucoup… Je pense que vous pouvez commencer votre élevage tout seul. » Par le même processus magique, ses boucles retrouvèrent leur teinte initiale. Elle passa ses doigts dedans, comme pour chasser toute poussière dorée. « Dis… je peux lire ta main, du coup ? » redemanda la fillette au dessin, Othaline. « Oui pardon, bien sûr. » Un large sourire fendit les traits de la gamine. « Assieds-toi s’il te plaît ! » Elle désigna une petite chaise, adaptée à la taille des orphelins. L’Ange y prit place et tendit le bras vers elle. Tandis que l’enfant étudiait les lignes de sa paume, un pli concentré barrant son front, Laëth releva la tête et interrogea le brun : « A Iyora... Qu’est-ce que vous avez apporté, comme preuve ? » Elle se demandait ce qui avait pu convaincre ses responsables, quand tous ses serments n’avaient pas suffi.

Message IX - 1418 mots
Je vois pas pourquoi, elle a pas l'intention de coucher avec son frère [Q] Le sort en est jeté | Kaahl - Page 2 2497878348
J'ai pas fait la prophétie de la gamine parce que ça aurait été encore plus looong
+ je savais pas si tu avais une idée en tête, mais si c'est pas le cas je la ferai au prochain message.
Tu peux avancer comme tu veux de ton côté, je me dépatouillerai !




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Kaahl Paiberym
Dim 02 Fév 2020, 21:54


J’observai l’Ange avec un petit sourire. C’était amusant de la voir, entourée d’enfants. Je n’avais aucune idée, avant, de comment elle se débrouillerait au sein de l’orphelinat. La réponse m’apparaissait à présent évidente : plutôt bien. En réalité, ce que j’avais déjà repéré chez elle, plus tôt, ressortait. Je n’avais toujours aucune certitude concernant sa capacité à s’occuper d’enfants mais, ce que je savais par contre, c’est qu’elle était comme eux à bien des égards. Je m’approchai, admirant le dessin par-dessus son épaule. Je l’avais déjà regardé lorsque Othaline l’avait réalisé. « C’est vrai… Nous formerions un couple charmant. » lui répondis-je sur le même ton qu’elle avait employé. Je penchai doucement la tête sur le côté pour étudier ses traits. Son sourire était joueur. Il reflétait parfaitement le mien. Pourtant, mon regard lui envoyait un tout autre message. C’était elle que je voulais. Je détournai les yeux à l’intervention d’une autre fillette. Les enfants étaient si directs. Ils ne s’embêtaient pas de la forme. Ça faisait partie de ce que j’aimais chez eux, une capacité à parler sans tabous, sans freins. Un adulte n’aurait jamais osé s’adresser en ces termes à l’Ange. Peut-être était-ce le cas chez les Réprouvés mais la plupart des peuples entouraient leurs mots de bienséance et de tact. Je me demandai comment elle allait s’en sortir, me faisant observateur silencieux de cette femme que j’avais de plus en plus envie d’embrasser. L’envie ne manquait pas. Les occasions non plus. Pourtant, je cherchais une situation propice à bien plus qu'un simple baiser. Je voulais l'englober, l'acculer délicatement pour ne lui laisser d'autre choix que l'abandon dans mes bras. Ce serait si facile d’en faire ma femme, de vivre auprès d’elle. Ce n’était pas ce qui m’effrayait. Je savais qu’elle était aimable et désirable. C’était ce qu’il fallait pour que l’illusion soit parfaite : quelque chose de si proche de l’amour que ça en aurait l’air, quelque chose de dangereux pour moi. « Oui tu as raison, c’était une très bonne idée. » dis-je en souriant à l’enfant.

Laëth avait du succès. Autour d’elles se regroupaient plusieurs garçons et filles qui semblaient avides d’en savoir plus ou simplement de lui parler. Je ris lorsqu’elle se teinta les cheveux mais ne pus m’empêcher de classer l’information dans un coin de ma tête. Elle pouvait changer d’apparence, ce qui signifiait qu’elle pourrait chercher à me tromper à l’avenir. Je me doutais qu’elle n’avait pas oublié ses questions concernant Jun ou Réta. Elle ne me semblait pas être le genre de personnes à abandonner si facilement. Heureusement, je possédais la capacité de vérifier les identités de mes interlocuteurs. La jeune femme ne devait pas en être capable, sinon le lien avec Jun lui serait apparu bien plus clairement. Je lui souris. J’avais envie de la toucher et elle ne pouvait pas savoir combien il était difficile de rester éloigné d’elle. « C’est ce que j’ai commencé à faire. Je me suis dit que ça vous épargnerait quelques grossesses. Je devrais être élu meilleur futur mari de cet Ère. » Je ris et me déplaçai en même temps que Laëth. J’avais hâte de savoir ce que l’enfant allait bien pouvoir lire dans sa main. Je regardai celle-ci, les doigts de la jeune femme et les lignes qui parcouraient sa paume. Je désirais la prendre dans la mienne et unir nos doigts. Je relevai pourtant les yeux vers elle lorsqu’elle me posa la question à propos de la preuve que j’avais donné pour la laver de tout soupçon. Heureusement, Othaline commença son incroyable interprétation du futur de Laëth à ce moment précis. « Alors… » L’enfant tourna les yeux vers moi et se mit à rire. « J’ai vu un truc mais je préfère pas le dire sinon Kaahl sera tout rouge après ! » « Ben voyons. » lâchai-je. Elle s’approcha davantage et commença à toucher un peu l’intérieur de sa main. « Oh ! Mais toi aussi tu vas être une guerrière ! Tu vas combattre les monstres et faire des grandes découvertes. Ça se trouve vous combattrez ensemble… Ce serait trop romantique. » dit-elle, soudain excitée comme une puce. « Et tu auras le pouvoir d’éclairer l’obscurité, comme le feu ! » Elle posa un doigt sur son menton, semblant réfléchir un peu. « Je crois que… » Elle s’interrompit, soudainement plus sérieuse. « … Ah ben non, je ne vois plus rien. » déclara-t-elle. « Ah si ! » « Quel suspens ! » Je fus distrait sur la suite. Ma jambe me tirait et, pour oublier, je contemplais les cheveux de l’Ailée. J’avais envie de les décaler doucement et de poser mes lèvres sur sa nuque. Plus j’y songeais, plus j’arrivais à faire de la douleur une donnée secondaire. Je fermai les yeux un moment, laissant le bruit ambiant de l’endroit derrière moi. Il me fallait être patient là où je n’avais aucune envie de l’être.

Lorsque Othaline eut finit son récit, elle nous quitta pour aller dessiner le futur de Laëth. J’ouvris les yeux et décroisai mes bras de sur mon torse. Je m’accroupis pour être à la hauteur de l’Ange, tout en grimaçant légèrement à cause de la douleur. J’apprenais petit à petit à apprivoiser mon esprit et à le convaincre de l’inexistence de mon état physique. Ce n’était pourtant pas une solution viable sur le long terme. Mes doigts passèrent dans ses cheveux et je m’approchai de son oreille pour répondre à la question qu’elle m’avait posé plus tôt. « Je dois simplement être plus convaincant que vous. » lui dis-je, légèrement narquois. J’avais songé brièvement à mon état. Je n’avais pas envie de lui en parler. Je ne voulais pas susciter de la pitié chez elle. Puisqu’elle savait que j’adorais les enfants, si je lui avouais être stérile, elle ne saurait probablement pas comment réagir. Pire, si je lui révélais être mourant, alors même que je n’en avais pas l’air, je n’étais pas certain du résultat. Je préférais donc me montrer souriant et la laisser dans l’ignorance en restant flou sur ce qui avait convaincu Ramiel Vaughan de ma sincérité. Alors que j’allais caresser la peau de son cou, un garçon vint se planter devant nous. « Ouh les amoureux ! » lança-t-il, bientôt rejoint par une petite fille. « Un bisou ! Un bisou ! » « Berk, les bisous c’est dégoûtant ! » Je me relevai en riant. « J'aurais bien voulu mais Laëth ne veut pas me faire de bisou. » dis-je pour la taquiner. « Pourquoiiiii ? » demanda la gamine. « Parce que c’est dégoûtant ! » dit le garçon. « C’est toi qui est dégoûtant ! Moi, quand je serai grande, je me marierai avec Kaahl si tu lui fais pas de bisous ! » Je souris et regardai Laëth. « Faites attention, vous avez une concurrente sérieuse. » Nectorine semblait avoir abandonné l’espoir que les enfants m’appellent un jour par mon titre suivi de mon nom de famille. Je me tournai vers les deux gamins. « Je vous confie Laëth, surveillez la bien, qu'elle ne s'enfuie pas. » Je fixai de nouveau mon invitée, tout en essayant de reprendre mon sérieux. La lueur taquine dans mes yeux devait tout de même persister. « Je vais aller voir Nectorine pour la fameuse pièce de théâtre. » Je regardai le garçon qui essayait visiblement d’impressionner l’Ange en faisant les gros bras. « Et toi, monsieur bisou dégoûtant, je t’ai à l’œil. » Je ris et m’éloignai.

« Vous avez besoin d’aide ? » demandai-je à la Magicienne qui était en train de préparer une scène improvisée. « Oui, je veux bien. Il faudrait faire quelques décors. » « Je m’en occupe. » Il me sembla qu’elle souhaitât me demander quelque chose. « Oui ? » « C’est que… Je suis étonnée de voir cette femme ici. Je pensais qu’elle était partie dans les explorations angéliques. » « Un procédé magique l’a envoyée chez moi contre sa volonté. » « C’est curieux. » « Assez mais… peu m'importe, je suis heureux du résultat. Elle me manquait » Je lui souris. Elle me rendit mon sourire. « Elle a l’air gentille. » me dit-elle. « Oh ne vous fiez pas aux apparences. Lorsqu’elle est en colère, elle devient réellement effrayante. » Je me mis à rire et tournai la tête vers l’Ange. Je lui fis un clin d’œil avant de reporter mon attention sur ma tâche. La Valse Créatrice s’activa et, en quelques minutes, ce qui était des cartons, des feuilles, du bois, du tissu, des rubans et autres matériaux de récupération se métamorphosa pour donner un décor qui ressemblait fort au dessin d’Othaline. Il y avait un château, des dragons suspendus dans les airs, des armures et des épées pour les comédiens ainsi que des costumes. « Plus qu’à répartir les rôles. » Nectorine s’avança vers l’Ange. « Je serais ravie que vous donniez à chacun son rôle. Au Baron aussi. » Elle chuchota, tout bas. « Il ferait un excellent buisson. »

1409 mots
T'as vu, je suis sage pour ton CPP  [Q] Le sort en est jeté | Kaahl - Page 2 2289842337

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Priam et Laëth
Mer 05 Fév 2020, 13:59



Comme l’enfant débutait sa séance de voyance, la réponse de Kaahl ne vint pas. A regret, l’Ange se détourna de lui et se concentra sur Othaline. « Ah oui ? » fit-elle dans un sourire un peu crispé. Elle aurait peut-être dû : les rôles auraient été renversés. C’était actuellement l’Ailée qui se sentait rougir à chaque fois que les dernières paroles du Magicien venaient chuchoter leurs intonations dans un recoin de sa mémoire. Meilleur futur mari de cet Ère… Pourquoi avait-il fallu que Jun la déposât ici ? Elle avait envie de disparaître. Et de rester cent ans de plus. Cette indécision intrinsèque la rendait folle et énervait tous ses sens. Que se passerait-il lorsqu’elle rentrerait à Iyora ? Comment expliquer son absence ? Comment éviter le mensonge sans tirer le drap de l’opprobre sur elle ? Elle se savait coincée à Cael, et n’ignorait donc pas l’inutilité présente de ses réflexions, cependant, elle ne parvenait pas à s’y soustraire. Elle aimait le risque ; pourtant son pouls se débattait dès qu’il se concrétisait. Ses yeux revinrent se poser sur le visage rieur de la fillette, et un sourire fébrile chatouilla l’orée de ses lèvres. Elle était attendrissante. Leur interaction lui rappelait les longues heures qu’elle avait pu passer avec Sól, allongées dans l’herbe dorée, à imaginer leurs vies dans quelques décennies. Elle n’avait jamais envisagé la possibilité de se retrouver dans un orphelinat magicien pour se faire conter son destin. Il paraissait que certains individus pouvaient connaître une partie du futur. Etait-ce le cas de la jeune Mage ? Avec quel degré d’exactitude ? Cette perspective la perturbait, et la troubla d’autant plus lorsque l’enfant, après s’être assurée que Kaahl n’écoutait pas, se pencha vers son oreille et chuchota : « Le truc que je pouvais pas dire, c’est que tu vas tomber amoureuse, et que tu vas l’épouser ! » Laëth se figea. Tout le sang qui courait dans ses veines sembla affluer jusqu’à ses joues : elle dut fournir un effort considérable pour ne pas devenir cramoisie et n’entendre que les battements désordonnés de son cœur. Contrôler les émotions, contrôler les émotions. Sa contenance lui tendit la main : elle la saisit. « Vraiment ? Tu crois ? » - « Je suis sûre ! » sourit Othaline, qui tenait toujours sa paume. Son regard se braqua à nouveau sur les lignes qui s’y entrelaçaient. Si elle connaissait véritablement sa destinée, pourquoi lutter ? Une affreuse angoisse due à l’impression de n’avoir ni choix ni liberté monta dans sa gorge. « T’auras pas de dragons, je crois, mais des trucs volants aussi… Je ne sais pas quoi, par contre. » - « De grosses mouches ? Des abeilles géantes ? » demanda l’Aile Blanche sur le ton de l’humour, pour ne pas s’attarder sur l’émotion qui dérangeait son estomac. La gamine rit. « Non ! Je vais te faire un dessin, attends. » Elle s’éclipsa pour coucher ses visions sur papier. La jeune femme la suivit des yeux, avant de reporter son regard sur Kaahl, désormais accroupi devant elle. Elle perçut la grimace qui déforma son visage et fronça les sourcils. Il souffrait. Elle aurait voulu lui dire quelque chose, mais ses doigts dans ses cheveux et son souffle contre son oreille lui firent oublier de penser. Seules les impressions dansaient entre ses neurones – pour un temps. Plus convaincant, hum ? Laëth pinça les lèvres et s’écarta pour le scruter avec défiance. Toutes les frustrations qu’il avait sciemment engendrées lui revinrent. Pourquoi ne pas lui dire la vérité ? Jun, Réta, sa jambe, les rumeurs… Elle sentait qu’il lui cachait des choses. Elle n’aimait pas cela et voulait comprendre quel pouvait être le but de tous ces secrets. S’il entourait le vrai de mystères, pouvait-elle lui faire confiance ? Une part d’elle-même voulait s’abandonner à tous ses mots ; l’autre militait pour demeurer méfiante et ne rien lui accorder. La sensation qu’il la prenait pour une idiote s’invita, et ne la quitta pas. Une pointe de colère fouaillait son cœur. Ces pensées froissaient désagréablement le moment qu’ils vivaient, et elle lui en voulut un peu, pour ça. La vérité était-elle si pénible à formuler ? Posait-elle trop de questions ? Mais n’avait-elle pas le droit de se renseigner ? Et d’espérer qu’il ne lui mentît pas ? Comme elle se mordait l’intérieur des joues, elle se promit de l’interroger dès qu’elle en aurait l’occasion.

La pression qu’elle exerçait s’accentua aux paroles moqueuses d’un petit garçon. Prise au dépourvue, la fille de Réprouvés cligna plusieurs fois des paupières, la bouche entrouverte. Revenant à elle, elle tenta de se défendre de l’accusation du Magicien : « Non, je- je n’ai jamais- c’est pas- Rah ! » Elle secoua la tête et croisa les bras, consciente d’avoir plongé tête baissée pour une simple taquinerie. Il fallait qu’elle arrêtât de se laisser surprendre ainsi. Elle en perdait ses moyens. C’était ridicule. « Je n’oserais pas faire de l’ombre à mademoiselle. » répondit-elle dans un bref sourire avant que le Baron ne s’éloignât vers Nectorine. S’enfuir, elle ? Son malaise et ses envies de disparition resurgir soudainement et ravivèrent son irritation. Elle rit un peu trop nerveusement. Le besoin de se lever pour marcher et évacuer la tension qui gainait son corps se fit sentir, néanmoins, le regard des deux enfants la maintint sur place. Elle triturait ses mains en se mordillant la lèvre inférieure. « Alors, pourquoi tu veux pas lui faire de bisou ? » La petite fille revenait à la charge. « Parce que c’est beurk, je t’ai dit ! Pas vrai que c’est beurk, surtout pour les Anges ? » demanda-t-il en se tournant vers la concernée. « Eh bien… dans une certaine mesure. » Elle souffla. « Il faut être amoureux pour que ça ne le soit pas. » - « Pourquoi t’es pas amoureuse, alors ? Il est intelligent, gentil et beau, Kaahl ! » La brune haussa les sourcils. « Je- Oui sans doute, mais ça ne fonctionne pas comme ça. Ça ne se décide pas. » - « Mouais. Je suis pas d’accord. Moi j’ai demandé à Henry s’il voulait bien être mon amoureux, il a dit oui, et depuis on est amoureux ! » Raisonnement imparable. Le petit garçon leva les yeux au ciel. « Nan mais Henry, il est bête ! » La fillette lui jeta un regard assassin. « C’est toi qui es bête ! » - « Eh ! » - « Ne vous disputez pas. » intervint-elle calmement. « Personne ici n’est bête. » Elle s’imagina que l’orphelin était jaloux de celui qui avait les faveurs de la gamine et eut un petit sourire. C’était mignon, à cet âge-là. « Oui. Bon. Il t’a demandé si tu voulais être son amoureuse, Kaahl ? » - « Euh… non. » Laëth tourna la tête vers le sujet de leur discussion, qui arrangeait un décor. Croisant son regard, il lui accorda un clin d’œil. Elle lui sourit timidement. « Ben voilà aussi, il sait pas faire ! Pfff. » La petite fille décampa vers le Magicien sans que l’Ailée n’eût le temps de la retenir. Elle plaqua la main sur sa bouche et détourna ses iris, paupières largement ouvertes, de la scène terriblement gênante qui se profilait. « Ah ouais… tu veux vraiment pas lui faire de bisou, hein ! » Elle lança un regard en coin au petit garçon et ne dit rien. Il valait mieux qu’elle se tût. Au moins, elle n’encourait pas le risque de s’enfoncer encore plus.

L’Ange inspira profondément et chercha à canaliser ses ressentis, si bien que lorsqu’elle releva la tête vers Nectorine, elle fut capable d’afficher un sourire détendu. Il s’élargit même en réponse à la pointe d’humour de la Magicienne. « Vous croyez ? » Jetant un regard à la dérobée au Baron, elle vit la fillette tirer sur sa manche pour qu’il se penchât vers elle. « Un buisson drôlement bien taillé, alors, il n’y a rien qui dépasse. » fit-elle en référence à la tenue toujours impeccable de l’homme. « Un pot de fleurs, peut-être, si vous voulez rester dans les végétaux ? Je crois qu’il y en avait sur le dessin d’Othaline. » Elle avait reconnu la scène. « Est-ce que vous avez une feuille avec les différents rôles ? » demanda-t-elle plus sérieusement. Comme on lui en tendait une, elle la parcourut rapidement. En face, la petite fille, les mains en creux autour de l’oreille de Kaahl, chuchota : « Laëth a dit que tu lui avais pas demandé si elle voulait être ton amoureuse ! Et elle te trouve intelligent, gentil et beau, alors faut que tu lui demandes, comme ça, elle te fera des bisous ! » L’Ailée, concentrée sur le morceau de papier, lut à voix haute :

Rôles :
- Le Prince
- La Princesse
- Le vilain Sorcier
- Les deux dragons du Prince
- Le Bossu et le Religieux, alliés du Sorcier
- Des Faes, amies de la Princesse
- Des gargouilles, bénéfiques mais taquines


Début de l’intrigue : La Princesse, faite prisonnière par son beau-père, le vilain Sorcier, attend l’arrivée de celui qui la sauvera. C’est sa tante, exilée dans une contrée lointaine, qui a promis une récompense à celui qui lui porterait secours.



« Hum… » Ses doigts fins coururent sur sa mâchoire, dans une gestuelle pensive. Puis, elle se redressa et posa à Nectorine la question qui la chagrinait : « Pourquoi est-ce que la Princesse « attend » ? Elle ne peut pas se débrouiller un peu toute seule ? » Au fil de ses lectures, elle avait déjà rencontré des contes de royauté. L’histoire se répétait inlassablement : soit la princesse devait être sauvée, soit le royaume avait besoin d’aide et les régents offraient la jeune femme en mariage au héros – quand elle ne se proposait pas d’elle-même, comme si elle avait si peu d’estime de soi et de jugeote que se vendre pour récompenser un inconnu lui paraissait normal. « Elle est cul-de-jatte, peut-être ? » En fait, cette façon de présenter les choses l’énervait. C’était si différent des légendes réprouvées ! Les guerrières n’avaient pas besoin des hommes pour fracasser les méchants. Cela dit, ce n’était pas une raison pour se montrer si sarcastique. Elle se ressaisit : « Pardon. Simplement, ça ne me paraît pas très réaliste. Imaginez si l’Ultimage était dans cette situation. Je doute qu’elle attende les bras croisés qu’on vienne la chercher. » - « Mais la Princesse est enfermée, elle peut rien faire. » dit le petit garçon, qui s’était placée derrière elle et regardait par-dessus son épaule. L’Ange fit la moue. « Je n’en suis pas sûre. Par exemple, elle pourrait aider le Prince en lançant une rébellion au sein du château. » - « Ah ouais ! Moi je veux bien faire ça. Tu seras ma cheffe des armées ! » s’exclama une petite blonde en la pointant du doigt. « Moi je veux être… un dragon, s’il te plaît ! Graouuuuuuuuu ! » Laëth sourit, amusée, puis entreprit de noter les rôles désormais indisponibles. « D’accord, d’accord. Je fais la cheffe des Faes, donc ? » - « Ouais ! » - « Très bien. » - « Ah ben non, normalement la Princesse, c’est toi, et puis le Baron il fait le Prince. » - « Si t’as pas envie de faire la Princesse, il peut la faire, sinon ! Puis toi tu fais le Prince ! » Un éclat de rire général se propagea. « Vous ne pensez pas qu’il serait mieux en gargouille ? » - « Ah oui ! Et puis toi tu fais une Fae, tu lui fais un bisou et hop, c’est plus une grenouille ! Enfin euh… une gargouille ! » La jeune femme rit à nouveau. La tension qui avait excité son agacement se dissipait à mesure que son cœur s’allégeait, vidé par les soubresauts du rire. « Vous préférez être une gargouille, une princesse ou un prince ? On m’a aussi proposé de vous désigner pour faire figure de buisson, sinon. » s’enquit-elle auprès de Kaahl. Ses prunelles charriaient une lueur espiègle. Finalement, elle se permit de quitter la chaise qu’on lui avait prêtée et s’approcha du Magicien. Elle parla plus bas. « D’ailleurs, avant de faire des galipettes sur scène… » Elle baissa les yeux sur sa jambe avant de les ramener vers ses iris noisettes. « Je suis loin d’être experte en magie… mais je pourrais peut-être faire quelque chose pour votre jambe, non ? » Il avait sûrement les moyens de consulter bien des médecins. Peut-être faisait-il partie de ces gens qui attendaient de souffrir le martyr pour mettre un pied dans un hospice ? Son regard glissa sur une silhouette qui se tenait à quelques mètres derrière le Mage Blanc : elle croisa les pupilles rieuses d’Othaline. « Hum. » Impulsivement, elle demanda : « Othaline… elle lit vraiment l’avenir ou bien elle s’amuse ? »

Message X - 2172 mots
Ouais ! J'ai rhabillé Laëth pour l'occasion [Q] Le sort en est jeté | Kaahl - Page 2 1628
J'espère que tu aimes autant les tartines que ton personnage XDD




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 12 Fév 2020, 14:34


Je pris un air déçu. « Le méchant Sorcier n’est plus disponible ? Mince… » Alors que je la regardais s’avancer, un fin sourire vint agrémenter ma réplique. Pour une fois que j’aurais pu incarner ce que j’étais vraiment.

J’avais entendu ses propos précédents à propos du buisson. Peu de choses pouvaient m’échapper lorsque je me trouvais dans la même pièce qu’autrui. Sa gêne, ses hésitations, ses mots, j’avais suivi le tout distraitement, comme un bruit de fond. Pourtant, parfois, lorsqu’elle en était venue à parler de moi, mon intérêt s’était fait plus grand. Je n’arrivais d’ailleurs pas à croire que cette femme puisse me parler de galipettes en toute innocence, surtout après avoir précisé à Nectorine que j’étais drôlement bien taillé. La Magicienne avait essayé de retenir un sourire amusé depuis lors mais il avait suffi que je croise son regard pour que celui-ci ressurgisse. La légère pression qu’elle avait exercé sur ses joues pour tenter de lui échapper prouvait clairement qu’elle avait commencé à se questionner sur les dires de l’Ange. Étais-je bien taillé ou non ? Ce n’était pas sa réponse qui m’intéressait. « Je ne sais pas… Vu son état, il vaudrait peut-être mieux la tailler. » Je lui souris, taquin, et écoutai sa question suivante sans y répondre pour le moment. « Venez. » lui dis-je en me dirigeant vers le couloir qui reliait la pièce principale, où nous nous trouvions, aux chambres des enfants et aux bains. « Ils vont oùùù ? » demanda l’un des garçons. « Laisse-les ! Ils vont se faire des bisous en privé maintenant qu’ils sont amoureux ! » répondit la fillette qui m’avait murmuré de faire ma demande à Laëth, plus tôt. Elle pensait sans doute que je venais de la faire et s’imaginait déjà une romance ultra stéréotypée, comme c’était souvent le cas dans l’esprit des enfants de son âge.

J’entrai dans une chambre. Les lits étaient assez grands pour que je puisse m’allonger dessus. J’attendis que Laëth me suive et traçai un pentacle sur la porte de façon à en bloquer l’accès à quiconque essaierait de l’ouvrir. Je n’avais pas envie qu’un quiproquo apparaisse à cause de ce que je m’apprêtais à faire. « Je me pose la même question concernant Othaline. » lui dis-je en commençant à déboutonner ma chemise. Je m’approchai d’une chaise, enlevai le tissu et le pliai grâce à un contrôle sur ce dernier. « Elle est encore petite mais ce qu’elle mentionne a souvent tendance à se produire. Soit elle est plutôt précoce dans sa compréhension de l’environnement… » Je m’arrêtai quelques secondes puis repris, pour préciser : « J’ai déjà vu des enfants comme ça. Leur abandon et les traumatismes liés les font grandir plus vite et ils développent des habiletés d’observation plus grandes que leurs semblables du même âge. C’est une sorte d’instinct de survie décuplé qui est toujours en alerte, même dans un milieu sécurisant. » Mes doigts s’activèrent pour retirer mon pantalon. Je continuai mes explications d’un même temps. « Soit elle manifeste une magie particulière qui lui permet de lire l’avenir avec plus ou moins de précisions. » Je lui souris. « Les pouvoirs à cet âge sont assez capricieux. Prévoir les événements futurs n’est pas une chose facile à maîtriser. Même si elle pouvait voir quelques éléments, je pense que la plupart de ce qu’elle dit est inventé. » Peut-être pas. « Je n’embrasserai jamais une blonde. » ajoutai-je de façon plus légère en m’asseyant sur le lit.

Après quelques secondes à la regarder, je plaçai les coussins de façon à pouvoir m’appuyer un peu dessus et, après avoir enlevé mes chaussures, je m’allongeai. « Approchez. » lui dis-je en posant la main à côté de moi, avant de continuer à discuter à propos d’Othaline. « Pourquoi ? Ce qu’elle vous a dit vous fait peur ? » J’attendis la réponse et enchaînai avec ce qui me préoccupait. J’avais hésité mais je percevais sa méfiance. Elle ne lâcherait pas l’affaire et m’entêter à ne rien vouloir lui dire risquait de rendre la situation épineuse. Si Gustine pensait que je m’étais blessé en m’entraînant et que les choses ne se soignaient pas à cause de mon entêtement à vouloir persister à m’exercer et de mon incapacité à laisser quelqu’un d’autre que moi-même s’occuper de mon corps, Laëth finirait par se douter qu’il y avait quelque chose d’autre. « Je n’aime pas trop en discuter et je n’en ai pas parlé à Gustine alors je vous serais reconnaissant de ne rien lui dire. » lui dis-je, bien plus sérieux. « Comme je vous l’ai laissé entendre tout à l’heure, je sers l’Ultimage pour des missions dont je ne peux pas vous parler. » L’avantage des hiérarchies Noire et Blanche était ce rapprochement dans les noms. L’Ultimage pouvait désigner à la fois l’Empereur Noir ou l’Impératrice Blanche. Je devais m’entraîner à ne pas lui mentir. Même si je n’avais pas vu la bague de ma mère sur elle, elle la porterait sans doute plus tard et si elle finissait par se rendre compte du fait que ma langue était bien plus vile que vertueuse, les conséquences ne me plairaient pas et seraient délicates à résorber. « Ça ferait de moi un traître et ça vous mettrait en danger. » précisai-je. « Bref. Il y a longtemps maintenant, c’était avant de vous connaître, j’ai été confronté à une situation périlleuse que je n’ai pas su éviter par manque de… » Je soupirai. « … considération. » Ce n’était pas autre chose. « Je n’ai pas été assez prudent et j’ai failli mourir. La Magie des Pentacles m’a sauvé mais j’en ai gardé des séquelles et j’ai dû recevoir des soins sur une longue période pour retrouver un physique potable. Beaucoup de magies bénéfiques ont été mises en œuvre mais la magie qui m’a touchée est puissante et pernicieuse et des effets secondaires persistent encore aujourd’hui, sans que les soins prodigués ne produisent le moindre effet, si ce n’est celui de retarder un peu les choses. La puissance de ce qui m’a touché est supérieure à la mienne ou à celle de l’Ultimage, ce qui rend le soin complet impossible. » Je me tus un instant avant de reprendre. « Pendant un temps, je ne ressentais plus rien. Je savais que mon métabolisme ne pouvait pas éliminer le mal mais ça allait. Plus récemment, les effets secondaires ont commencé à se déclencher de nouveau. C’est pour ça que je boite. Même si j’arrive à limiter mon ressenti grâce à ma magie, je peux difficilement tenir sur le long terme. Gustine pense que je me tue à l’entraînement et je préfère la laisser en dehors de tout ça, quitte à passer pour quelqu’un de têtu et d’irrécupérable. » Je souris. « Ce que je suis sans doute. » ajoutai-je en riant. Je préférais éviter de lui parler des effets secondaires plus graves. Je lui pris la main et la posai sur moi, sur ma hanche. « Vous ne pourrez pas faire grand-chose mais peut-être que ça me soulagera un peu. » Mon pouce caressa doucement le dessus de sa main. « Ne vous inquiétez pas trop. Je vais trouver une solution. » Une lueur amusée s’invita soudainement dans mes yeux. « Enfin si, inquiétez-vous parce que quand je serai guéri, je vous demanderai vraiment si vous voulez bien être mon amoureuse. Une messagère m’a dit que vous me trouviez beau, intelligent et gentil. » Je hochai la tête. « Oui, tout ça. Je suis flatté. » et continuai. « En me précisant que j’aurais des bisous ensuite en plus. Alors je ne dis pas, je préférerais une tarte aux fraises mais je me contenterais de ce que vous pourrez m’offrir. » Je ris. J’aimais bien trop la taquiner. C’était comme allumer un feu sans savoir s’il servirait à réchauffer des villageois ou à les cramer.

-

Gustine venait d’arriver. « Gustine ! » « Gustine ! » « Gustine ! Tu vas bien ? » « Vous… » la reprit Nectorine. Elle pensa fortement à laisser définitivement tomber pour la journée. La vieille Magicienne salua tout le monde et regarda un peu les alentours. « Le Baron et Laëth ne sont pas là ? » « Si mais ils se font des bisous en privé ! » Deux enfants placèrent leur main sur leur bouche et les collèrent ensemble. Paume contre paume, ils entreprirent une imitation mielleuse d’un bisou romantique sous le regard dégoûté du petit garçon qui n’aimait pas les bisous. « C’est pas comme ça qu’on fait ! Vous faites n’importe quoi ! Moi je peux faire de vrais bisous sur la bouche avec Henry, même que, parce que c’est mon amoureux ! » « Tu as bien raison. » « En plus Kaahl il avait même pas demandé à Laëth d’être son amoureuse ! S’il lui demande pas, comment tu veux qu’après elle lui fasse des bisous ? Les garçons c’est vraiment pas très malins quand même ! Faut faire les choses dans l’ordre sinon personne ne comprend plus rien ! Pis si on attend après eux aussi… Heureusement que j’ai pris les choses en mains avec Henry sinon j’aurais attendu pendant cinq ères et j’aurais été vieille, comme toi ! » Gustine fut un peu surprise mais se mit à rire. Les enfants étaient si directs que, parfois, c’en était déroutant. « J’espère bien que Laëth prendra les choses en mains oui. » dit la vieille Magicienne avec une certaine espièglerie qui échappa totalement aux enfants mais qui fut perçue par Nectorine qui sourit. « Où sont-ils ? » réitéra la Magicienne. « Ils se sont isolés un moment. » confirma la gérante. « Je pensais les punir en faisant de Laëth le Prince et de Kaahl la Princesse. Qu’en pensez-vous ? » « Ça me paraît parfait. » s’amusa Gustine.

1641 mots
Pour mieux la déshabiller ensuite ? [Q] Le sort en est jeté | Kaahl - Page 2 2289842337
Je t'en fais aussi pour me venger  nastae

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Mer 19 Fév 2020, 12:28



La magie bleue du pentacle s’imprima sur le bois de la porte, puis se fondit dedans, comme si elle n’avait jamais été apposée à cet endroit. L’Ange avait suivi le Magicien sans poser de questions, juste en souriant aux propos enjoués de la petite fille. Elle ne savait pas ce qu’il avait en tête, mais ce n’était pas ce qu’il se passerait. Il allait sûrement lui répondre pour Otha… Le fil de ses pensées s’interrompit tandis qu’elle se retournait. Il était en train de se déshabiller. Que croyait-il faire, au juste ? Elle fronça doucement les sourcils, puis détourna le regard. S’il croyait qu’il allait se passer quelque chose parce que les orphelins étaient persuadés que ce serait le cas, il se fourrait le doigt dans l’œil. Elle n’était pas comme ça. Non. Ça devait juste être pour sa jambe. Même s’il n’avait pas besoin d’enlever sa chemise pour ça… Puisqu’elle s’approchait de la fenêtre, elle observa l’extérieur, les mains posées sur le rebord, les épaules légèrement crispées. La vue s’ouvrait sur un petit parc fleuri. Des enfants y jouaient ; leurs rires clairs montaient jusqu’à elle. Néanmoins, elle écoutait d’une oreille attentive ce que disait Kaahl. Elle entendait le froissement des vêtements mais n’osait pas l’interrompre pour lui demander à quoi il s’attendait. Ses pensées oscillaient entre les réflexions que provoquaient ses paroles et le tambourinement étourdissant de son cœur, à mi-chemin entre l’appréhension et ce sentiment qui l’étreignait de plus en plus. Elle pivota légèrement, de sorte à se retrouver de trois-quarts par rapport à lui. Assis sur le lit, il était presque nu, ce qui la troubla. Elle fit un effort pour ne pas – trop – le laisser paraître. Les sourcils haussés et un discret sourire aux lèvres, elle demanda : « On ne vous a jamais dit de ne jamais dire jamais ? » Laëth s’approcha, attrapant sa chemise au passage. « Vous n’aviez pas besoin de vous déshabiller complètement, vous savez. Vous allez finir par attraper froid, à vous promener toujours dévêtu. » Une lueur moqueuse pétilla dans sa rétine, tandis qu’elle lui lançait le vêtement pour qu’il se rhabillât. En s’asseyant près de lui, elle regarda la hanche qui lui causait tant de douleur. Sa question lui fit relever la tête un peu trop vivement, et elle fut elle-même surprise, tandis qu’elle se perdait dans ses yeux, de parvenir à lâcher un « non » si franc. Peut-être un peu trop précipité pour être vrai. Si, bien sûr que ça lui faisait peur. Ça faisait trembler son cœur. Ça lui donnait envie d’arrêter de le regarder et de partir loin, très loin. Ça soulevait plein de questions auxquelles elle ne pouvait pas répondre. « Non non, c’est juste… je m’interrogeais. Elle avait l’air sûre d’elle. » spécifia-t-elle. Elle baissa les yeux sur ses mains et joua avec ses pouces.

Lorsqu’il recommença à parler, elle inclina délicatement la tête vers lui, attentive. Avec douceur, elle acquiesça. Trahir une parole lui coûtait toujours, que ce fût en faillant à une promesse ou en délivrant un secret. Elle l’exécrait chez les autres ; elle ne le supportait pas chez elle. Elle ne dirait rien, pas même à son frère. Elle écoutait le Mage Blanc sans l’interrompre. A mesure qu’il narrait son récit, la surprise, la peine et le souci se mêlaient sur sa figure et dans ses iris verts. Il ne pouvait pas percevoir le tumulte qu’ils créaient au sein de son être, cependant, il était si facile de le deviner, simplement en l’observant. Elle se mordit l’intérieur des joues. Et à terme, qu’arriverait-il ? Les effets secondaires empireraient-ils ? Jusqu’où ? Son palpitant se contractait sous l’effet de l’inquiétude provoquée par son annonce. Un pli séparait ses deux sourcils à l’expression anxieuse et un trait soucieux dessinait sa bouche. Elle le laissa prendre sa main et la poser sur sa hanche, sans rien dire. Elle ne savait pas trop quoi répondre. Les réactions ne manquaient pas, et toute son attitude en attestait, mais les formuler lui était difficile. L’idée qu’elle pût se mettre à pleurer la traversa, et elle préféra ne rien ajouter. Cela pouvait paraître absurde ou extrême ; l’Ange savait que ses émotions ne connaissaient pas de limites. Insolentes et tyranniques, elles exerçaient leur libre-arbitre sans prendre la peine de demander son accord. « Ça ne coûte rien d’essayer. » se contenta-t-elle de dire tout bas. Elle s’apprêtait à activer sa magie lorsque la caresse sur le dos de sa main l’arrêta dans son élan. Relevant son visage vers lui, elle scruta ses prunelles. La lueur amusée qui y perça lui fit arquer un sourcil, puis lui arracha un sourire un peu gêné. Ses joues rosirent ; elle essayait de se contrôler. « Ha ha ha. » Les enfants. De vrais petits diablotins. « Les gamins ont vraiment beaucoup d’imagination. » Elle baissa la tête et la secoua doucement. « Je n’ai jamais dit tout ça. » C’était vrai. Elle avait juste oublié de démentir. Une mèche glissa devant ses yeux, qu’elle ramena en arrière. « Et je n’aurais jamais promis de bisous. Je sais que vous préférez les tartes. » ironisa-t-elle, en référence à la gifle qu’il avait reçue la dernière fois qu’il l’avait embrassée. « Mais si ça vous fait plaisir d’y croire, promis, je ne briserai pas l’illusion. Et vous aurez toutes les tartes que vous voudrez. » Elle lui sourit puis se concentra à nouveau. Une chaleur naquit dans sa paume, puis remonta jusqu’au bout de ses doigts. Sous sa main, un halo blanc gagna en intensité. La Magie de la Lumière opérait, apaisante et enchanteresse. Bien consciente qu’elle ne le guérirait pas, elle espérait cependant que son acte le soulagerait.

Ses pensées vagabondaient, entre ce qu’il lui avait révélé et ce qu’il lui cachait encore. Elle lui jeta un regard en biais. Il s’auréolait de tant de mystères qu’elle éprouvait parfois des difficultés à savoir comment se comporter. D’autres fois, les non-dits étaient balayés par son naturel, et tout lui semblait beaucoup plus simple – facile, même. L’Ange inspira profondément, avant de se lancer : « Et Jun Taiji ? » Elle avait bien pris garde à donner son nom, cette fois. Le sort sous sa paume avait pris fin : elle pourrait recommencer s’il le souhaitait, mais pour le moment, elle craignait trop de se laisser déborder par ce qu’il pourrait avouer. « Je sens que vous me cachez quelque chose à son sujet… » souffla-t-elle en se redressant pour plonger ses pupilles dans les siennes. « Je… C’est lui qui est venu me chercher pour m’amener ici. Il m’a regardée droit dans les yeux, et il m’a dit quelque chose comme : « c’est amusant que vous n’ayez toujours pas fait le lien ». » Elle scrutait Kaahl, à l’affût de la moindre réaction. « Je ne crois pas qu’il mente. Vous vous ressemblez. Et dans le labyrinthe… » Pour un temps bref, elle suspendit sa phrase. « J’ai eu la très nette impression que vous vous connaissiez. C’est vraiment votre père ? » Lorsqu’il le lui avait dit, il lui avait semblé qu’il tournait en dérision ses questions et son ire. Qu’il la provoquait juste pour lui faire prendre conscience de la démesure de sa réaction. Qu’il n’était pas sérieux et réagissait simplement à ses attaques déplacées. Pourtant, peut-être que c’était vrai. Elle ne parvenait pas à se sortir ce doute de l’esprit. Ça la rongeait. « Si vous me mentez… comment est-ce que je peux vous faire confiance ? Qu’est-ce qui me dit que vous ne me mentez pas ou ne me mentirez pas sur autre chose ? Comment est-ce que vous vous pouvez espérer quoi que ce soit de moi ? » Ses yeux sondaient les siens, à la recherche d’une réponse, d’un fragment de vérité. « J’ai bien compris que vous ne pouvez ou ne voulez pas tout me dire, et je respecte ça. Mais vous ne pouvez pas me regarder droit dans les yeux et me mentir. Ça me… » Le temps d’une seconde, son regard se voila. Elle ne termina pas son propos, mais reprit ainsi : « Qu’est-ce qui vous fait peur ? Que je m’en aille en claquant la porte ? » Elle s’arrêta pour dénéguer de la tête. « Vous l’avez dit vous-même. Je sais déjà que votre famille est composée de Sorciers. Si c’était là-dessus que je vous jugeais, je ne serais probablement pas ici aujourd’hui… » Ils ne se seraient sans doute jamais revus. Néanmoins, et quoi qu’elle aimât la sienne, elle comprenait le poids d’une famille sur une vie. Pour être une Ange, elle devait redoubler d’efforts, parce que son sang n’aurait pas dû lui accorder cette essence. Il vivait sans doute une situation similaire. « Certes, Jun a une histoire… particulière avec les Réprouvés, surtout ceux de Lumnaar’Yuvon. » En fait, s’il admettait être lié par le sang au Taiji, elle ferait mieux de le rejeter et de ne plus jamais le croiser. A mesure que le temps avait passé, elle s’était faite à l’idée qu’elle ne reverrait sûrement plus jamais ses parents. Toutefois, les récentes rumeurs à son sujet lui avaient enseigné que tout pouvait se savoir, même les mensonges. Elle n’osait pas imaginer leurs réactions s’ils apprenaient que… Et Priam. Ces doutes ou la vérité possiblement fâcheuse faisaient partie des secrets qu’elle ne pourrait pas lui divulguer. Une famille de Sorciers, ce serait déjà trop. Peut-être qu’il le savait déjà. Ils n’avaient pas reparlé. « Mais au moins, je saurais qu’il y a des chances que vous brûliez ma maison si je vous mets vraiment en colère. » tenta-t-elle de conclure avec humour. L’ironie du sort s’amusait bien.

Message XI - 1615 mots
Non, elle est pudique. Ou alors en mars [Q] Le sort en est jeté | Kaahl - Page 2 2289842337
C'est pas grave, j'aime bien <3




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 19 Fév 2020, 19:46


« Dommage. » dis-je lorsqu’elle avoua n’avoir jamais prononcé les mots rapportés par l’enfant. Je souriais pourtant, encore amusé par sa réaction précédente, par son rire gêné et par la couleur de ses joues. Mes yeux gagnèrent cependant le plafond lorsque l’une de ses mèches glissa devant ses yeux, comme si je m’étais mis en tête d’éviter de la regarder à partir de maintenant. Mon sourire s’agrandit à l’évocation des tartes. « Vous êtes insolente, mademoiselle. » lui soufflai-je d’une voix légèrement autoritaire mais joueuse, sans quitter ma contemplation de la peinture blanche au-dessus de moi. J’essayais de me concentrer sur autre chose. Je n’aimais pas laisser quelqu’un agir sur mon corps et je devais faire un effort pour rester détendu. C’était aussi une histoire de magies. La Magie des Ténèbres n’appréciait pas la Magie de la Lumière. J’avais réussi à maîtriser les deux mais c’était un combat aussi complexe que celui de faire co-exister la Valse Créatrice et la Valse Destructrice.

Lorsqu’elle évoqua de nouveau Jun, je quittai le plafond des yeux et tournai le visage vers elle. Elle était déterminée à savoir, chose qui ne m’étonnait plus. Je savais qu’elle ne lâcherait pas l’affaire tant qu’elle n’aurait pas obtenu une réponse satisfaisante. Le fait est que je n’en avais pas à lui fournir. Je pouvais lui mentir, c’était évident, mais je n’avais pas l’intention d’emprunter ce chemin là. Omettre ou encore détourner son attention me semblait être une manœuvre dangereuse. Elle était loin d’être écervelée, elle finirait par s’en apercevoir. Je restai pourtant silencieux et ne laissai rien paraître sur mes traits, même pas la plus infime émotion. Les siennes étaient visibles. Je finis par poser mon avant-bras sur mes yeux et par soupirer. Je réagis tout de même à sa dernière remarque avec un sourire un peu fade. J’attendis quelques secondes avant de décaler mon bras. « Merci. » dis-je à voix basse. « Pour le soin. » précisai-je. Le lien n’était plus si évident après son discours. « Ne croyez pas que je change de sujet pour une obscure raison. Je souhaite simplement me rhabiller. Vous l’avez dit vous-même, je risque d’attraper froid à force de me promener nu. » Pourtant, au lieu de me redresser pour remettre ma chemise, je l’écartai de moi. Lorsqu’elle me l’avait jetée, je l’avais posée simplement sur mon torse. Je pris soin de la déplacer délicatement pour qu’elle ne se froisse pas avant de regarder de nouveau l’Ange. « Je ne me suis pas déshabillé pour le seul plaisir de vous mettre mal à l’aise. » lui dis-je, tranquillement. « Je voulais vous montrer les séquelles. » Pourtant, alors que je semblais prêt à lui illustrer le fait que ma peau n’était plus aussi lisse qu’elle en avait l’air, mon expression devint plus sombre, comme si une idée venait de me traverser l'esprit et de me heurter, comme si je venais de comprendre quelque chose. Je restai une bonne dizaine de secondes sans rien dire avant de me raviser. « Mais, tout compte fait, je doute que ce soit une très bonne idée. »

Je me redressai vivement et me remis debout en saisissant ma chemise pour l’enfiler rapidement. Je me dirigeai vers la chaise, pris mon pantalon et le remis. Je me tournai de nouveau vers Laëth tout en finissant de l’attacher pour lui faire face. Mes iris bougèrent de gauche à droite quelques fois, signe que je réfléchissais prestement, avant de se figer sur elle. « Vous me… » Je m’arrêtai. « Je ne… » Mon regard remonta pour fixer un vide où elle ne se trouvait pas et je finis par soupirer. « Je ne sais pas, Laëth. » lâchai-je en baissant de nouveaux les yeux vers elle. Je m’approchai lentement, en prenant garde de ne pas trop appuyé sur ma jambe. « Vous apparaissez comme ça dans ma vie… » Je fronçai les sourcils, comme si les choses devenaient de plus en plus claires. « Et toutes ces questions que vous n’arrêtez pas de poser sans cesse… » Je déglutis. C'était comme si j'étais en train de me demander comment j'avais fait pour être aussi con. « Sans parler du fait que vous êtes censée être en explorations. Vous dîtes que Jun Taiji vous a conduite dans mon salon ? Pourquoi ? Pourquoi avec un chat, qui plus est ? » Je collai mes deux mains sur ses épaules, ferme, et plissai les yeux. « Je dois vous prouver ma bonne foi à chacune de nos rencontres. Vous insistez, encore et toujours, pour que je parle mais vous exigez que je ne vous mente pas en retour. Vous avancez être en mesure de comprendre que je ne puisse pas tout vous dire mais vous n’arrêtez jamais de vouloir en apprendre davantage. » Je la fixai d’un air sévère et soupçonneux. « Et c’est vrai… Je trouve étrange qu’une Ange comme vous souhaite rester en ma compagnie. Je trouve étrange que je sois plus enclin à vous confier des choses à vous qu’à n’importe qui d’autre, même à des gens qui me connaissent depuis des années. » L’une de mes mains attrapa sa gorge violemment et d’une pression, je la fis basculer sur le lit. Je grimpai sur elle, ne desserrant pas mon étreinte. « Je trouve étrange que ce que je vous révèle ne sois jamais assez. Je vous parle de ma blessure et vous enchaînez directement sur Jun Taiji. Pourquoi ? Pour qui est-ce que vous travaillez ? Dois-je informer l’Ultimage ? » J’étais en colère, une colère bien plus froide que brûlante. « Je ne vous ferais pas l’offense de vous traiter de Sorcière. Je sais que vous êtes une Ange mais ce n’est pas la première fois que les Extrémistes essayent d’atteindre l’Impératrice Blanche à travers moi. Qu’est-ce que vous cherchez à la fin ? » lui lançai-je durement. Je déglutis de nouveau, la colère semblant céder petit à petit le pas à une tristesse difficilement maîtrisable. « Dîtes-moi que vous n’êtes pas là pour m’utiliser… » Ma main sur son cou était moite, trahissant l’état de doute et d’anxiété dans lequel j’étais censé me trouver. Mes doigts tremblèrent un peu. « Je ne… » Une grimace d’incompréhension et d’appréhension déforma brièvement mes traits. « Ce serait tellement injuste et cruel d’être prête à en arriver là pour obtenir des informations. » Mes craintes se lisaient clairement sur mon visage. « De me tromper, de me faire avoir des sentiments pour vous juste pour… » Je desserrai un peu ma poigne. « Dîtes-moi que vous ne feriez pas ça… » Je laissai tomber mon front sur l’oreiller, juste à côté de sa tête.

L’on frappa à la porte. « Kaahl ? Laëth ? Vous êtes là ? La pièce va bientôt commencer ! Les enfants n’attendent plus que vous ! » C’était la voix de Gustine. Je me redressai et lâchai l’Ange. Je déglutis de nouveau, visiblement tourmenté. « Je… » Je fermai les yeux une ou deux secondes et me mis à murmurer. « S’il vous plaît, si vous êtes ici juste pour… Je n’ai pas envie d’avoir à vous dénoncer… Je vous aime et… » Je m'arrêtai, me concentrai et continuai d’une voix que je voulais ferme mais qui trahissait une certaine émotion. « Si votre seul objectif c’est d’obtenir des informations, trouvez une excuse et partez sans faire de vagues. Les enfants n'ont pas besoin de ça. Je ne dirai rien mais, s’il vous plaît, partez. » Mon regard se fit fuyant et je me relevai totalement, comme pour me détacher d'elle pour de bon.

1196 mots
Bon courage  [Q] Le sort en est jeté | Kaahl - Page 2 1628

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Jeu 20 Fév 2020, 11:56



La langue lourde. La mâchoire crispée. Et ce poids dans la poitrine, ce poids qui tirait sur ses poumons, son cœur, sa trachée, ses côtes, tout. Ce poids lancinant et tyrannique, ce monstre dont les petites mains remontaient jusqu’à sa gorge et l’étreignaient jusqu’à l’étouffement. Elle serra les dents. Parce qu’à la seconde où elle avait terminé son discours, l’atmosphère avait changé. La bonne humeur qui régnait depuis leur arrivée à l’orphelinat s’était flétrie et, peu à peu, les griffes de sentiments négatifs avaient achevé de la déchirer. Sa sensibilité ne la trompait pas. Déjà, elle regrettait presque d’avoir posé ces questions. La froideur de ses intonations la fit tressaillir et elle s’écarta instinctivement. Son corps était gainé d’une tension virulente. Assise face à la porte, ses doigts crispés autour du matelas et ses pieds fermement appuyés sur le sol, elle le suivit du regard dans un silence insupportable. Elle ne parlait pas, comme si les ressentis qui flottaient la muselaient. Elle ne bougeait pas, comme si les émotions qui planaient l’enchaînaient. Ses yeux verts s’étaient assombris. Ils pesaient sur Kaahl comme un ciel d’orage. Sa respiration était profonde et hachée, ce qui donnait l’impression qu’elle était trop à l’étroit dans cette enveloppe, coincée dans cette chambre. Laëth avait envie de partir. Plus les secondes s’égrenaient, plus tout l’oppressait. Son regard, son ton, sa poigne autour de ses épaules, ses mots. Tout. Elle ne se détournait pas. Elle concentrait tous ses efforts dans une tâche unique : soutenir ses deux yeux brun clair. Puis, elle sursauta presque ; la surprise souleva brutalement le poids qui compressait tout son être. A peine une seconde, avant que tout ne se rabattît dans un fracas haïssable. Elle ne savait pas. Les abysses d’ignorance qui l’entouraient l’angoissaient. Elle avait besoin de réponses, là où le Mage Blanc ne fournissait que des accusations. Peu à peu, elle saisissait les contours du schéma qui se dessinait dans son esprit ; et l’horreur glissait sur elle comme un serpent assassin. Il sifflait ses démons. « Arrêtez. » parvint-elle à souffler d’une voix faible et tremblante. Mais il n’arrêta pas. C’était vain, elle le savait. Il s’imaginait des complots là où elle n’avait exprimé qu’un besoin d’être rassurée. La paume qu’il plaqua sur sa gorge éveilla un instinct brutal et elle essaya de résister. Elle déploya ses ailes pour s’aider ; toutefois, elle ne fut ni assez rapide ni assez puissante. Sa force la cloua au lit. Elle attrapa son avant-bras de ses deux mains et serra, tandis que son corps pris en étau sous le sien se tordait pour tenter de lui échapper. Ses iris baignaient dans la terreur et la colère qu’il provoquait. La pression de ses doigts autour de son cou ne l’empêchait pas de respirer, cependant, elle sentait son cœur battre plus fort – il se débattait violemment dans sa poitrine – et une forme de compression tendait la peau de son visage, à mesure que le sang peinait à y parvenir. « Lâche-moi. » Sa voix se voulait forte et déterminée, pourtant, elle tremblait de tous ses membres. Les larmes bordaient sa cornée. Elle détestait se sentir vulnérable ; elle n’aurait pas pu se sentir plus faible. Elle était à sa merci. S’il avait décidé de l’étrangler, il aurait pu. Et elle aurait sans aucun doute été incapable d’échapper à l’étreinte d’Ezechyel. A côté de l’impuissance qui tétanisait son esprit, un sentiment de culpabilité enflait dans ses entrailles, purulent et véhément. Il assiégeait la déception qu’elle ressentait à son égard. Ses questionnements lui laissaient un goût amer en bouche. Les émotions de Kaahl l’écrasaient et la tenaient prisonnière tandis que les siennes la déchiquetaient de l’intérieur. L’Ange ne savait plus ni bouger, ni parler, ni même penser, peut-être. Elle subissait, et elle se détestait pour ça. Ses sens en pagaille, sa magie lui échappait. Ses doigts toujours tenus autour de son poignet, elle le fixait. Non, elle n’était pas là pour l’utiliser. Elle n’était ni injuste ni cruelle, pas à ce point. Elle ne voulait pas le tromper, elle n’avait même pas voulu qu’il l’aimât. Non, elle ne ferait pas ça. Jamais. Elle n’était pas ainsi. Elle aurait pu lui dire tout ceci, lui hurler, même. Pourtant, elle persévéra dans son mutisme. A la seconde où il s’effondra près d’elle, elle le lâcha. Elle se couvrit un œil d’une main, et passa son bras libre autour de son propre corps. Ses doigts serrés sur ses côtes, ses ongles pinçaient sa chair à travers le tissu de son vêtement. Elle voulait qu’il partît. « Pousse-toi. » murmura-t-elle de façon presque inaudible, de sorte que la voix de Gustine couvrît sa demande. Les yeux fermés, elle le sentit qui libérait sa gorge et se redressait. Elle n’avait plus du tout envie de soutenir son regard. Elle n’avait pas besoin de cela pour que les émotions étrangères à sa propre personne ricochassent en elle et bringuebalassent tout ce qu’elle avait de raison, de confiance et de paix. Elle n’avait qu’un seul souhait : qu’il se tût. Qu’il arrêtât de distiller ce poison dans ses veines. Qu’il cessât de remuer ce qu’elle aurait voulu immuable. Le silence, le vide, la paix. Pas ces mots qui blessent et qui torturent. Tais-toi.

Lorsqu’il se détacha tout à fait d’elle, la jeune femme retira sa main de son visage et rouvrit les paupières. Une perle salée ruissela jusqu’à l’extrémité de son œil droit, puis coula sur sa tempe et se perdit dans l’océan de ses boucles brunes étalées sur les draps. D’autres larmes glissèrent sur ses joues, muettes mais incontrôlables. Roulant sur la tranche, elle attrapa l’oreiller et, comme elle ramenait ses jambes contre elle, le pressa contre ses genoux et son menton. Elle resta prostrée, silencieuse, blessée. Bouillonnante. Les émotions bataillaient. Une guerre enragée. Il n’y aurait pas de vainqueur. Même celles qui triompheraient auraient perdu. Le tumulte la vidait d’énergie comme de sens. Elle renifla. Elle tremblait toujours, comme une bombe sur le point d’exploser. De longs frissons attaquaient son échine. Finalement, elle se redressa vivement et balança le coussin vers la tête de lit. D’une impulsion, elle se leva et traversa la pièce, sans même un regard pour Kaahl. Sur le chemin, elle sécha ses larmes d’un revers de manche. Elle ouvrit la porte à la volée. Gustine patientait toujours derrière. Prendre sur soi. Etait-ce vraiment utile, quand on avait les yeux rougis et qu’on se trouvait incapable de défroncer les sourcils ? Peu importait, car sa nature refusait de la laisser dans l’inquiétude d’un silence. « On arrive. » dit-elle, sèchement malgré elle. Du moins, il arrivait. Face à l’expression de la vieille femme, elle précisa : « Rien de grave. » Ce mensonge était probablement préférable à la vérité. Elle avait envie de crier ce qu’il venait de lui faire subir, mais à quoi bon ? La gouvernante n’était coupable de rien. D’une voix plus douce, elle se sentit obligée de reprendre : « Ne vous inquiétez pas. On se dépêche. Promis. » Elle essaya de sourire – le rendu devait plutôt ressembler à une grimace douloureuse. Puis, elle referma la porte. Dos à celle-ci, elle s’appuya dessus, la tête basse. Sa chevelure tombait devant ses épaules et ne laissait voir qu’une partie de sa figure. Dans son dos, ses ailes blanches étaient toujours apparentes. Ses tremblements n’avaient pas cessé. Elle se sentait fébrile. L’adrénaline était sans doute la dernière chose à pouvoir la faire tenir debout. « Bon… » lâcha-t-elle dans un murmure. Elle ferma les yeux un instant, pour s’aider à clarifier le chaos qu’il avait semé. Elle n’y arrivait pas. Toutes ses tentatives pour se contenir ajoutaient aux saccades qui martelaient son corps. Les paroles blessantes et l’attitude exécrable du Magicien lui rejaillirent au visage. Elle passa une main dans son cou et renifla encore. Elle ne savait plus véritablement ce qu’elle ressentait. Entre ses sentiments, les siens, et le tout qui se mêlait, elle était perdue. Des larmes revinrent à l’assaut – un sanglot faillit même la secouer, qu’elle ravala avec rage. Ses doigts tenaient toujours sa gorge. Il aurait pu la tuer. « Ne… ne m’attrapez plus jamais comme ça. » Sa voix vibrait de crainte et de ressentiment. Laëth avait envie de le frapper, de lui faire payer son affront pour qu’il ne le réitérât jamais, et pour se sentir mieux. Mais c’eût été stupide et inutile ; surtout, c’eût été se rendre à la Colère, accepter la Vengeance et bafouer la Justice. Elle haïssait qu’il l’eût mise dans cette position. Comme elle relevait prestement la tête, elle planta un regard meurtrier dans le sien. « Jamais. » Elle n’avait qu’à espérer qu’il la respectait encore assez pour cela. « Je ne suis pas une espionne. » La croirait-il seulement ? « J’en ai rien à foutre, de l’Ultimage, de vos putains de missions et de tous vos secrets de Magiciens. J’en ai. rien. à. foutre. » Elle s’avança d’un pas. « Je me fous des secrets d’Etat et de tout ce que vous ne pouvez pas dire là-dessus. Ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir qui vous êtes, vous, d’où vous venez, où vous allez, ce que vous aimez, ce que vous détestez, comment vous vous sentez, tout ça. Le reste, je m’en tape, nutaar. » Lumnaar’Yuvon revenait, avec ses mots crus, ses accents durs, et surtout, sa force et sa solidité. L’Ange avait continué de marcher vers lui, en pointant un index chargé de trop d’émotions vers sa poitrine, puis s’était arrêtée à environ deux mètres. Elle le dévisageait encore, ses yeux criblés d’étincelles. De la peine, de l’ire, du regret, qui gonflaient dans les crevasses des blessures qu’il avait creusées. « Est-ce que j’y peux quelque chose si nos rencontres ont l’air d’être orchestrées par Oni ? Non. Si j’avais voulu venir de moi-même, j’aurais utilisé la clé que vous m’avez donnée. Je ne pouvais pas parce que justement j’étais en explorations, à des centaines de kilomètres d’ici. J’étais même en plein entraînement quand Jun a débarqué pour me téléporter chez vous. Je ne sais pas pourquoi il est venu me chercher, je ne sais pas pourquoi il m’a coincée dans ce paquet plutôt que de me déposer normalement devant votre porte, et je ne sais pas pourquoi il y avait un chat dans cette boîte. Je. ne. sais. pas. » Un pli acerbe tordit ses lèvres. « Je suis navrée, je n’ai malheureusement pas eu le temps de lui demander ce qu’il lui passait par la tête avant qu’il ne me balance dans votre paquet cadeau. Vous ne trouvez pas ça bizarre, vous, que cet homme-là vous envoie des cadeaux ? Qu’il vous envoie moi ? Je suis un être humain, je ne crois pas être supposée me faire trimballer d’un continent à l’autre, enfermée dans une boîte, pour satisfaire les caprices de je ne sais quel taré ! » Elle soupira, agacée, tandis qu’elle aurait plutôt voulu hurler. Elle se détourna pour exécuter quelques pas. Lorsqu’elle pivota à nouveau vers lui, elle paraissait légèrement plus calme. Une détermination brillait dans ses prunelles, qui faisait s’incliner le reste. « Je voulais juste savoir. Pour comprendre, pour être rassurée. Je me suis dit que vous étiez peut-être plus enclin à parler franchement il y a cinq minutes. Je me suis trompée. » L’amertume remplissait ses mots de fiel. « Je vous pose des questions parce que je veux apprendre à vous connaître. Tu m’étonnes que ça n’ait jamais marché avec l’Impératrice Blanche, si en plus de ne rien oser faire vous l’agressiez au moindre doute quant à ses intentions. » gronda-t-elle. Cette fois, elle s’avança jusqu’à se planter devant lui, à quelques centimètres à peine. « Vous voulez qu’on reste des étrangers ? Vous prétendez vouloir m’épouser mais vous ne voulez pas qu’on se connaisse ? Est-ce que vous vous rendez compte à quel point c’est irrationnel ? Je savais que les Magiciens avaient des coutumes à la con, mais de là à en arriver à ça… » Elle serra les dents et les poings. « Vous avez raison. Ce n’est pas normal que j’accepte de rester en votre compagnie. » Il avait été abject. La jeune femme plongea ses yeux dans les siens. Un silence plana. Dans ses iris, elle revit ce début de journée, leur altercation dans la salle de bains, les rues de Cael, les taquineries de Gustine, les sourires des orphelins, les prophéties d’Othaline, la pièce de théâtre. Elle ne voulait pas y retourner. Même pour les enfants, elle n’avait pas la force de faire semblant. Sa fragilité lui retomba dessus avec la puissance d’un raz-de-marée. Elle recula d’un petit pas, chancelante. « Je… je n’ai rien décidé de tout ça, tout comme je n’ai pas demandé à ce que tu m’aimes. Je n’ai rien fait pour ça, rien. » Elle subissait la situation autant que lui. « Et mes sentiments… » Ses cordes vocales peinaient tant à produire un son qu’elle s’arrêta. Elle souffla, des larmes accrochées aux cils : « En fait, tu gâches tout. » Et ça lui faisait mal, d’une intensité qu’elle n’aurait pas soupçonnée. L’Ailée leva la main, serra le poing et, s’inclinant, le laissa tomber sans brutalité aucune sur le torse de Kaahl. Elle baissa la tête, le regard tourné vers le sol et pinça les lèvres. Ses ailes pendaient derrière elle, et les larmes coulaient à nouveau. Elle les chassa du dos de sa main libre. Elle devait partir, maintenant.

Message XII - 2244 mots
Ce fut éprouvant et laborieux, mais j'ai réussi 8D
Et en fait, on va faire un autre jeu. On va pas chercher à
réduire notre nombre de mots : on va voir jusqu'où on peut aller /sbaf




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Kaahl Paiberym
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Jeu 20 Fév 2020, 18:33


Parfait. Je n’avais pas bougé, me contentant de la regarder, de la suivre et de serrer les mâchoires, parfois. Je savais que mon comportement la plongerait dans un état comme celui-ci. Ce que je n’avais pas prévu, en revanche, était sa capacité à me toucher. Ces sentiments qui naissaient en moi ne faisaient que m’aider à parfaire mon rôle mais ils étaient problématiques. Je jouais à un jeu dangereux. J’en avais conscience et c’était même un choix que j’avais sciemment fait en décidant de l'épouser. Pourquoi ? Par défi ? Peut-être un peu mais je désirais que le monde y croie. La base ne pouvait être dénuée d’émotions. Les choses auraient été à la fois plus simples et plus fragiles. Même si j’avais été clair avec moi-même dès le début, il n’en restait pas moins que ce qu’elle provoquait chez moi me rendait soucieux. La relation qui se tissait entre nous était très différente de celle que j’entretenais avec Adam. Il savait ce que je faisais mais il n’était pas un Ange, contrairement à Laëth. Il n’avait pas les mêmes attentes vis-à-vis de moi. Il ne posait pas de questions. Il vivait les choses avec un certain calme que j’admirais chez lui. Sans doute n’en aurait-il pas été de même si mes projets m’avaient conduit à chercher à éliminer son peuple. Il aurait peut-être tenté de m’en dissuader. Pourtant, le fait qu’il partageât une partie de ma vie me détournait de ce genre de scénario. Il en allait de même avec la jeune femme qui venait d’abattre mollement son poing sur moi. C’était sa présence à mes côtés et mes intentions à son égard qui m’avaient décidé à me battre pour son peuple. C’était stratégique et mes choix m’apportaient, certes, mais j’aurais pu obtenir la même chose en empruntant un chemin différent. À présent qu’elle était devant moi, perdue et tremblante, je songeai brièvement que les choses étaient en train de tourner à mon avantage. Si elle ne m’aimait pas un minimum, elle ne l’aurait pas supporté. Elle était pourtant encore là. Peut-être ne s’en rendait-elle pas compte mais c’était comme signer sa propre défaite que de rester devant moi. Elle commençait à déposer les armes et plus le temps passerait, plus il lui serait délicat de m’attaquer sur quoi que ce soit. Rester là, c’était me permettre d’obtenir une emprise sur elle. Moins elle écoutait son instinct, plus celui-ci s’enterrerait profondément. Ses émotions et sa raison travailleraient à combattre toute tentative de fuite, en m’inventant des excuses, en me plaçant sur un piédestal duquel il serait bien complexe de me retirer. Mes mensonges n’en seraient pas. Mes comportements haïssables trouveraient toujours une justification. Le cerveau était tordu, habile pour déformer la réalité et se rassurer lui-même. Être abjecte puis se radoucir, comme si tout ceci n’avait jamais existé, comme si ce serait un cas isolé. J’espérais sincèrement que ça le serait. Je n’aimais pas lui faire ça. Je me haïssais pour avoir choisi cette option, pour l’avoir fait pleurer. C’était si paradoxal et ça m’atteignait plus que je ne l’aurais voulu. Au fond, peut-être qu’elle-même possédait une emprise sur moi. Ses émotions débordaient et faisaient vibrer mes entrailles. Si j’aimais voir souffrir ceux qui le méritaient à mon sens, je détestais être la cause de ses larmes. Néanmoins, c’était quelque chose que je ne pouvais pas éviter. J’avais trop à perdre, trop à cacher, pour laisser cette femme me placer dans une situation délicate. Pourtant, à présent que j’avais la certitude qu’elle m’aimait bien plus qu’elle n’aurait dû, j’allais pouvoir commencer à être réellement franc. Elle ajusterait les éléments comme elle le voudrait. Ce qu’elle souhaiterait irait forcément dans mon sens, parce qu’elle ne pourrait envisager les choses autrement. Ce serait trop horrible d’arriver au constat que j’étais le méchant de l’histoire, que, depuis le début, elle restait en la compagnie d’un Sorcier et nourrissait pour lui, pour moi, des sentiments qui lui faisaient perdre la tête. Et encore, pour le moment, nous n’avions fait qu’échanger des baisers, toujours volés et ratés. Elle n’avait presque rien à quoi s’accrocher, presque rien à regretter. Seulement, plus le temps passerait, plus il y aurait entre nous des éléments qui l’accrocheraient à moi. Si je réussissais, il y aurait notre mariage, notre foyer, nos amis et, pourquoi pas, plus tard, si la mort cessait de rôder autour de moi, nos enfants. Je ne voulais pourtant pas la réduire à rien, la manipuler au point de la rendre dépendante et faible. Je ne voulais pas la briser, ni créer chez elle des traumatismes dont elle ne se remettrait probablement jamais. C’était aussi la raison pour laquelle je voulais être honnête. C’était également la raison pour laquelle elle devait retourner en explorations, afin de se renforcer, de devenir forte et importante pour son peuple. Je voulais écarter le schéma destructeur que j’étais pourtant en capacité de mettre en place et, ce, dès maintenant. Ce que je ne voulais pas, je n’étais pourtant pas certain d’y réussir. Mon comportement devait s’adapter au sien. Tout dépendrait. Tant qu’elle ne serait pas un danger, je n’avais aucune raison d’en devenir un pour elle. C’était une relation que je voulais équilibrer, en sachant que plus je l’équilibrais, plus je prenais des risques, en sachant aussi que puisque j’étais celui qui manipulait, j’avais forcément davantage la main. La seule interrogation qui me tiraillait concernait ce que je ressentais pour elle.

« Pardon… » finis-je par murmurer d’une voix ébranlée. Je l’étais. Ses sentiments étaient communicatifs tant ils étaient bruts et sincères. C’était comme se retrouver en pleine tempête. Elle essayait de les contrôler mais elle n’y arrivait pas. De cet échec naissaient des répercussions. Si elle avait réussi à maîtriser la situation, à me tourner le dos et à partir, comme toutes ces personnes qui préféraient se parer de fierté et d’inaccessibilité, sans doute me serais-je alors contenté de hausser les épaules et de passer à autre chose. Ce n’était pas le cas. Sa fragilité me secouait et je sentais que la culpabilité me guettait, patiente et tenace. J’étais un bon manipulateur, puisque je m’exerçais depuis mon plus jeune âge, mais je n’avais jamais été insensible. Je ne manquais pas d’empathie, ce qui était à la fois dangereux pour les autres et pour moi. Je devrai me protéger d’elle mais pas tout de suite. Je fermai les yeux quelques temps. Je cherchais à effacer le voile humide qui floutait ma vue. Ce n’était pas viril de se laisser gagner par l’émotivité. Je savais que je pouvais la faire disparaître en une fraction de seconde. J’étais assez fort pour ça. J’aurais pu l’ignorer et fermer mon esprit. Seulement, en faisant ça, j’aurais perdu l’authenticité de mon jeu. Elle ne pouvait pas douter de ce qui était vrai, de ce que je ressentais vraiment. J’avais envie de l’enlacer pour la réconforter. « Je suis désolé. » répétai-je en déplaçant mes bras pour venir entourer ses épaules. L’une de mes mains se posa dans ses cheveux tandis que l’autre caressa lentement son dos. « Je suis juste… » À bout ? Stupide ? Elle avait le loisir de compléter mes silences comme elle le souhaitait. Je restai un instant sans rien dire. Si elle le désirait, elle pouvait s’échapper de mon étreinte facilement. Je ne serrais pas. J’étais doux, mille fois plus que lorsque je l’avais poussée sur le lit et que mes doigts s’étaient resserrés autour de son cou. Je finis par pencher ma tête sur elle et par poser mon front sur son épaule. Je calmai ma respiration avant de me redresser. Je m’écartai et amenai mes mains sur ma chemise pour terminer de l’attacher. « Attendez-moi là, je vais nous excuser. » lui murmurai-je, avant de préciser mon propos. « Je vais nous téléporter chez moi ensuite. Vous serez libre de faire ce que vous voulez une fois là-bas. Je veux juste… ne pas inquiéter Nectorine, Gustine et les enfants. » Elle m’avait fait peur lorsqu’elle était sortie rejoindre la vieille Magicienne. Finalement, j’avais compris qu’elle était incapable de lui dire quoi que ce soit. Laëth s’inquiétait trop pour les autres, elle n’aurait jamais voulu blesser Gustine. Je remis mes chaussures et sortis de la pièce. Je prétexterais que Laëth ne se sentait pas bien et l’excuse irait parfaitement. Gustine avait sans doute remarqué ses yeux rougis mais elle ne me poserait pas de questions. Elle savait se montrer discrète lorsqu’elle envisageait que cela pût être grave.

Lorsque je fus de retour, je pris simplement la main de l’Ange et tins parole. Nous apparûmes dans ma chambre. Rangée à côté de ma table de chevet, une maison de poupée se tenait là. Je n’étais pas un collectionneur de jouets pour enfants et, celui-ci, malgré les apparences, n’en était pas un. Adam en possédait une aussi. Je le rencontrais généralement à l’intérieur de l’une d’elles. Les magies intrusives s’arrêtaient aux portes de l’artefact. Ce qui se passait entre ses murs y restait. Les clefs étaient très difficiles à reproduire et toute intrusion était forcément remarquée. Je fis apparaître la clef entre mes doigts et, sans lâcher la main de Laëth, je m’accroupis pour l’enfoncer dans la serrure. Quelques secondes plus tard, nous étions dans un salon spacieux. De la neige tombait lentement à travers la grande baie vitrée. Je rompis le contact et soupirai. Un domestique apparut, toujours ravi de me trouver. « Quelque chose vous ferait-il plaisir ? » « Un verre de whisky pour moi. » Il regarda l’Ange pour prendre sa commande si jamais elle souhaitait boire ou manger, ou autre chose. Lorsqu’il eut disparu, mon attention se reporta sur elle. « Nous sommes dans l’un des rares endroits sécurisés de ce monde. Ce que nous pouvons être amenés à nous dire ici restera secret aussi longtemps que … » Je m’interrompis et repris, en la tutoyant. J’en avais marre de cette politesse qui creusait un fossé entre elle et moi. « ... tu ne le révéleras pas. » Je me déplaçai vers un fauteuil dans lequel je m’assis tout en l’enjoignant avec la main de faire de même. « Comme je te l’ai dit, tu es libre de partir. Je sais que… » Je détournai un instant les yeux avant de replonger mon regard dans le sien. « Je sais que j’ai été violent et dur avec toi plus tôt et je le regrette mais ce que j’ai à cacher est bien trop précieux pour que… » Je me raclai la gorge. « J’ai douté. Je ne peux le dire autrement. J’ai douté de toi et je n’aurais pas dû. C’était stupide. Seulement, je suis ainsi. J’ai été entraîné pour douter. Ça fait partie de mon travail. Je ne serais même pas étonné si tu ne pouvais pas le comprendre. » Le domestique réapparut, apportant la commande. Je pris mon verre, croisait les jambes et bus une gorgée. « Ce serait même normal. » Je restai un instant silencieux tout en caressant distraitement mes lèvres avec le bord du verre. Je semblais partagé. Je finis par m’accouder au fauteuil. « J’essaye vraiment de mettre de côté mes sentiments, actuellement, alors pardonne-moi le côté formel de ce que je vais te dire. » lui dis-je. « Je sais que tu essayes également de contrôler tes émotions, parfois, lorsque tu es avec moi. C’est ça, aussi, qui m’a fait douter. » Je bus une nouvelle gorgée. « Je suis désolé de te mettre face à un choix mais… je pense que c’est ce qu’il faut faire si on veut avancer. Si tu le veux, bien sûr. Tu peux toujours choisir de partir et ne plus chercher à me revoir à l’avenir. Je ne reviendrais pas sur ce que je t’ai promis : je t’hébergerai pour la nuit et aussi longtemps qu’il le faudra, le temps que tu retournes sur la Terre d’Iyora. » Je fermai les yeux avant de boire de nouveau, comme si je cherchais à fuir dans la boisson ou à oublier la situation qui se profilait. « Ce n’est pas ce que j’espère. J’espère que tu… » Je soupirai. « Si tu décides que tu veux continuer à me côtoyer, c’est là que le véritable choix va s’opérer. La première option est d’accepter de ne pas m’en vouloir pour mes silences et mes non-dits. Je ne peux pas te parler de Jun Taiji, par exemple, pas sans te mettre en danger. Je reste moi. J’aime les tartes aux fruits, j’aime les enfants et j’ai des sentiments pour toi. Je n’ai pas envie de te faire du mal mais il faut que tu saches que ce que je fais pour l’Ultimage est une priorité dans ma vie, une priorité que je ne peux pas ignorer. Je suis obligé de mentir pour ça, parfois. La vérité bouleverserait mes proches s’ils l’apprenaient et elle les mettrait en danger. C’est ce que tu dois comprendre si tu choisis la deuxième option. Dans ce cas de figure, je te dirai tout. Je te dirai ce que je fais, qui je suis et des choses qui ne te plairont pas. Seulement, je ne peux pas prendre de risques alors tu devras accepter que j’utilise ma magie sur toi pour t’empêcher de révéler ce que tu sauras sur moi, même sous la torture. Tu pourras toujours décider de ne plus me voir ensuite. » Je bus et ris nerveusement. « Je sais que tout ceci doit te paraître fou. Je suis déjà fou de te dire tout ça… » Mes yeux rejoignirent son visage et je serrai les dents, comme si j’essayais de garder un semblant de stabilité. « Je ne sais même pas pourquoi est-ce que je m’obstine. C'est irresponsable. Je devrais juste… épouser une femme que je n’aime pas pour faire bien et ne pas chercher à te courir après. C’est juste… la chose la plus stupide que j’ai entrepris depuis des décennies. »

2301 mots
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Non calmons-nous sinon je meurs

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Ven 21 Fév 2020, 14:01



Elle tressaillait. Sa peau la brûlait, enflammée par son cœur embrasé. Elle voulait partir, disparaître, s’évaporer avant de n’être plus qu’une poignée de cendres. Ne plus jamais le revoir. Ne pas se consumer dans ce brasier qui la dévorait. Elle voulait se défaire de son étreinte, le frapper, tourner les talons et claquer la porte. Le grand fracas de la fin. Le point d’exclamation à une histoire laissée en suspens. Pourtant, elle ne bougeait pas. Elle voulait rester, s’enraciner, s’attacher. Tout lui pardonner. Ne pas jeter l’huile de la fierté sur les flammes de sa peine. Elle voulait la chaleur de ses bras, le chant de son pouls et les chuchotements de son souffle. Elle avait envie de le serrer contre elle, de l’embrasser et de le suivre au bout du monde s’il le fallait. Alors, elle ne bougeait pas. Elle gardait la tête basse, sans le regarder, les yeux mi-clos. Elle acquiesça à peine et le laissa s’éloigner sans rien dire. Lorsque la porte se referma derrière lui, elle se redressa, et fixa la sortie. L’Ange savait ce qu’elle aurait dû faire. S’avancer jusqu’à la porte. Tourner la poignée. Tirer. Sortir. Longer le couloir. Prendre les escaliers. Quitter l’orphelinat. Partir. Marcher dans les rues. Trouver les pontons. Se téléporter.au Lac Bleu. Courir jusqu’aux Jardins de Jhēn. Sauter dans les bras de Priam. Expliquer. Demander à retourner sur Iyora. Se dévouer à sa carrière, comme elle l’avait prévu. Et puis c’est tout. Elle se vit le faire, plusieurs fois. Ses jambes demeuraient ancrées sur place. Ses pieds ne quittèrent pas un seul instant le carrelage brillant de la chambre. Son cœur la clouait au sol. Sa raison était trop faible pour parvenir à le soulever. Alors, quand il revint, elle était toujours là, et elle se laissa prendre la main. Échec et mat.

***

Laëth s’assit. Elle retira les chaussures qu’il lui avait données et les déposa à côté du fauteuil. Ce n’était sans doute pas très correct : elle n’en avait rien à faire. Avec souplesse, elle ramena ses genoux contre elle et les entoura de ses bras. Peut-être que la haute société magicienne serait choquée de cette tenue, mais là aussi, elle s’en fichait – de toute façon, c’étaient tous des péteux, comme le disaient les Réprouvés. L’altercation qu’ils venaient d’avoir lui donnait le sentiment que, en ce jour, plus rien ne pourrait l’atteindre. Face au domestique, elle avait hésité entre un verre d’eau et une bière, pour finalement opter pour le moins raisonnable. Elle en avait envie. Une dose ne serait pas pécher par Gourmandise. Avec de la chance, malgré la fatigue, elle tiendrait le coup. Sinon, tant pis. Elle rirait un peu trop, voilà tout. Elle en avait besoin, pour décrasser ce cœur encore encombré des débris de leur explosion. Le menton posé sur la cime de ses genoux, elle observait Kaahl sans rien dire. Le calme après la tempête. Elle se sentait vidée, presque persuadée que si elle avait dû pleurer une fois de plus, elle n’aurait pas pu. Elle souffla et ferma les yeux. Son pouce grattait doucement le centre de sa lèvre inférieure. L’Ange ne comprenait pas, non. Ou plutôt, elle comprenait le principe, la nécessité de tout remettre en question et de ne jamais baisser sa garde. La pratique lui échappait. Jamais on ne l’avait habituée à douter de tout. Plus que cela, il était dans son caractère de croire ce que les autres disaient. Même lorsqu’elle avait des soupçons, elle avait envie de leur faire confiance. C’était peut-être naïf ; c’était le signe de sa foi inébranlable en la vie, de son optimisme et de sa combativité. C’était la preuve qu’elle chérissait ses illusions. Ses multiples questions se justifiaient sans doute ainsi. Elle avait été mise face à des indices qui pointaient des horizons contraires ; déboussolée, elle avait voulu retrouver le Nord, la lumière du phare, comme un point d’ancrage dans la nuit. La jeune femme prit le verre que l’employé lui tendait. « Merci. » dit-elle avant de reporter ses iris sur Kaahl. Comme elle amenait la boisson à ses lèvres, elle en but une gorgée. Son pouvoir réconfortant l’enveloppa immédiatement. Elle pouvait presque sentir l’odeur les champs d’or et la chaleur de Koor sur sa peau, entendre le souffle lent et puissant des bicornes et les rires éclatants des habitants. Ses muscles se détendirent et elle poussa un discret soupir d’aise, avant de se concentrer à nouveau sur les propos du Magicien. Lorsqu’il aborda le sujet fâcheux, celui de ses émotions, elle détourna brièvement le regard. De toute façon, elle n’y arrivait pas. Il y avait toujours un moment où elle s’empêtrait dedans. Elle ne faisait que retarder l’échéance, comme un condamné qui marcherait vers la potence. Toutes ses tentatives échouaient ; dans des instants de désespoir, elle se demandait si, un jour, elle y parviendrait. Elle l’espérait.

La fille de Réprouvés but à nouveau. Elle l’écouta sans bouger, le cœur battant et les pensées en vrac. Tout prenait des dimensions qu’elle n’aurait pas imaginées. Elle ignorait quoi penser de ce qu’il exigeait, sinon que, sans l’excuser, son discours expliquait la réaction démesurée qu’il avait eue plus tôt. Sur son visage, les émotions se succédaient, comme indécises. Un petit sourire s’invita même à ses dernières phrases. L’Ange baissa les yeux sur sa bière et noya son sourire dedans, en vidant ce qu’il restait d’une traite. L’élégance ? Fioriture encombrante. Elle se contenta de lâcher : « D’accord. » pour signifier qu’elle avait bien saisi toutes les possibilités et clauses de cette espèce de contrat qu’il venait de dresser. L’ignorance mensongère ou la vérité brute. Les attitudes policées, les faux-semblants, les silences lourds d’interdits ; depuis qu’elle avait quitté Lumnaar’Yuvon, ils se multipliaient, détestables et parfois même perfides. Nuisibles, ils distillaient plus de gêne qu’ils n’apportaient de réconfort. Les comportements francs, le vrai brutal, les mots parfois trop durs ; tout ce qu’elle avait toujours connu, ce qui l’avait blessée, ce qui l’ébranlait encore par moments, mais ce qui créait un espace d’honnêteté si claire que la confiance pouvait s’y épanouir. Pendant un long moment, l’Aile Blanche ne dit rien. Pour une fois, elle prenait le temps de réfléchir, de peser les pour et les contre. Il lui laissait encore le choix de partir. Elle devinait que si elle restait, il n’y aurait pas de retour en arrière possible, quoiqu’elle choisît de faire ensuite et malgré ce qu’il prétendait. Elle s’enchaînerait parce qu’elle le voudrait – et lui n’y pourrait rien. Elle ne trahirait pas la liberté dont elle s’était éprise. Ce serait la liberté de laisser choir les barricades. La liberté d’aimer. Parce que même si elle se sentait glisser, elle avait encore la possibilité de s’échapper, et d’oublier tous les sentiments qu’il agitait dans sa poitrine.

Laëth pencha la tête et remonta ses mains dans ses cheveux, de sorte qu’il ne pouvait pas voir son visage. Elle demeura ainsi, pensive. Puis, elle déplia ses jambes et se leva. En passant, elle posa son verre sur la table basse. Elle marcha jusqu’à Kaahl, dont elle poussa un genou pour qu’il décroisât les cuisses. Délicatement, elle s’assit, face à lui, ses jambes pliées sur le fauteuil, entre les siennes et les accoudoirs. « Je crois que j’aime bien les obstinés et les irresponsables. Peut-être même les abrutis… » Pas de magie, juste elle et tous les ressentis qui l’assaillaient. La jeune femme glissa une main sous le col de sa chemise et l’empoigna fermement pour l’attirer à elle. Elle avait envie de l’embrasser, et elle allait faire. Même si ça lui foutait des crampes à l’estomac et semait le chaos dans son crâne. Même si ça lui faisait peur, de s’abandonner. Il fallait juste qu’elle arrêtât de le regarder dans les yeux et… Elle rabattit ses paupières. Et espérer qu’il ne la giflât pas – ce serait de bonne guerre, mais elle se vexerait quand même. Avec douceur, elle inclina son visage, puis s’approcha et scella ses lèvres aux siennes. Son cœur pulsait jusque dans son ventre. Elle remonta sa main libre jusqu’à ses cheveux et bougea de sorte à rapprocher leurs corps, en caressant sa langue de la sienne. Tout ce qu’elle avait retenu à son égard pouvait s’exprimer. La frustration fut balayée vers le lointain, avec tous ses doutes. Toutes les émotions et toutes les sensations qui voletaient en elle, partout, ne pouvaient pas la tromper. Elles étaient trop authentiques, à la fois trop douloureuses et trop exquises, pour être fausses. Elle ignorait à quel point elle l’aimait, mais elle tombait indéniablement amoureuse. Lorsqu’elle se détacha, elle tremblait un peu d’émotion ou de fatigue. Les deux, peut-être. Elle se décala pour le regarder, les mains sur ses épaules. « Moi, je ne peux pas construire quoi que ce soit avec quelqu’un si on se ment ou si on ne peut pas tout se dire. Ça crée des failles, et… en fait, c’est une question de confiance. » De ses prunelles, elle scruta ses yeux noisette. « Alors, je vais rester, et je veux savoir. Et je resterai même après. Promis. » Elle ne faillirait pas à cette promesse-ci. Pas d’abandon, pas une fois de plus…

Message XIII - 1527 mots
C'est bon, on est retournés dans le domaine du viable. Hahaha /sbam




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Kaahl Paiberym
Ven 28 Fév 2020, 18:45


Mon expression changea. J’inclinai lentement la tête, interrogatif. Je ne dis rien mais semblai l’interroger silencieusement sur son comportement. Que faisait-elle ? Je ne bougeai pas, surpris par notre soudaine proximité. Je souris tout de même à sa réplique. « Je n’aurais jamais cru. » murmurai-je, en la laissant approcher encore. Je me réjouissais intérieurement de la tournure que prenaient les événements. Elle n’était pas très prudente, assise sur mes cuisses ainsi. Il me serait si facile de déplacer mes mains jusqu’aux siennes. Au lieu de quoi, je me laissai embrasser, répondant à son baiser avec une pudeur presque étrange. J’étais le premier, en temps normal, à lui témoigner mon intérêt mais, maintenant qu’elle se soumettait à la tentation, je semblais plus réservé. Je frissonnai pourtant entre ses doigts tout en interdisant à mes mains de bouger des accoudoirs. Ce n’était pas l’envie qui me manquait cependant. Simplement, puisque je devais construire les bases d’une vérité alternative, je devais patienter. Une personne dans ma position n’aurait pas souhaité profiter de la situation, pas avant d’avoir entendu la décision finale et parlé.

Lorsqu’elle se décala, je soutins son regard tout en lui souriant. J’avais l’expression d’un homme à la fois heureux et anxieux. Ma main libre bougea enfin. Mon index et mon majeur se posèrent sur le haut de sa mâchoire et suivirent le chemin jusqu’à son menton. « Ne promets pas des choses que tu n’es pas sûre de pouvoir réaliser. » lui dis-je doucement, en approchant mes lèvres des siennes. Je m’arrêtai avant de les caresser de nouveau et m’adossai au fauteuil pour la regarder. Mes doigts descendirent sur sa gorge et s’arrêtèrent juste au-dessus de ses seins. « Ce que tu veux savoir n’est pas anodin et je doute qu’une seule discussion suffise. » Je fixai ses yeux quelques secondes avant de baisser les miens sur son haut. Le tissu se désintégra purement et simplement autour de la zone que je touchais. Mon verre n’était plus de ce monde non plus. Je souris malgré moi. La vue était assez satisfaisante, bien que sa poitrine fût toujours couverte pour moitié. Je relevai le regard. « C’est pour le sceau. » précisai-je avant qu’elle ne s’imagine autre chose. Je n’étais pas obligé de tracer mon pentacle là mais sa position s’y prêtait. « Ce ne sera pas douloureux, juste un peu long. Ne bouge pas. » Il était complexe et demandait une grande précision et une magie équivalente. Je pris une inspiration et me concentrai, mes doigts formant des arabesques sur sa peau, visible du fait de la lignée bleutée qui s’imprimait sur sa gorge. Le dessin, d’abord de taille moyenne, se réduisait progressivement pour se caler d’un côté ou de l’autre. Mon pouce descendit, longeant la ligne de son sein, sous le tissu éventré. Mon index souligna le galbe de celui-ci avant de remonter. Sa peau était encore chaude et, bien que mon visage n’illustre que mon absorption dans la réalisation de ma tâche, mon esprit, lui, avait d’autres idées. Il serait si facile d’écarter le reste de son haut pour avoir accès à bien plus que ce qui s’offrait à moi actuellement. Pas maintenant. Je devais me focaliser sur ma magie. Rater le pentacle n’était pas une option envisageable, surtout pour une aussi basse raison. Je m’appliquais pourtant autant à former le sceau qu’à la caresser. Je faisais attention et évitais d’effleurer une même zone trop longtemps, sous peine de rendre mon geste désagréable. Je voulais qu’elle aime et que ça lui fasse de l’effet, un effet interdit, qu’elle ne montrerait pas et garderait pour elle. La perspective de l’exciter l’air de rien me plaisait.

Après quelques minutes de contact prolongé, le pentacle fut terminé. Je le stabilisai et il disparut, comme s’il n’avait jamais existé. Ma main retomba doucement et se posa sur sa cuisse. Le silence s’installa succinctement et je finis par me reculer un peu pour mieux la regarder. « Allons-y. » dis-je, comme pour me donner du courage. Je passai ma langue sur mes lèvres, réfléchissant à comment aborder la question. « Avant de parler de moi, il faut que tu saches qu’il y a deux événements importants qui sont en train de se dérouler actuellement, secrets tous les deux pour l’instant. » Le serviteur réapparut. « Oui monsieur ? » « Ramenez-nous une bouteille d’alcool fort, s’il vous plaît. » « Bien. » Je souris et attendis qu’il s’exécute. Il fut rapide, servant deux verres qu’il posa sur une petite table d’appoint qui apparut à côté de l’accoudoir du fauteuil. Il se retira en laissant la bouteille. « Bon. Le premier de ces événements est le départ de l’Impératrice Blanche pour le Continent des Glaces, en compagnie de l’Élu des Cieux. La femme qui gouverne les Magiciens en ce moment-même est l’Archimage Eorane qui est chargée de l’espionnage et également le Reflet de la Reine. L’objectif de leur expédition est d’obtenir le pardon du Sympan afin de rendre la capacité aux Anges d’avoir des descendants Anges. » Je la fixais tout en essayant de mesurer l’impact des mes paroles sur elle. « Le deuxième est plus… meurtrier. L’Enfer est fermé en ce moment même et les Démons qui s’y trouvent sont en train de finir de se faire massacrer par des Momies. La nouvelle risque de prendre du temps à se répandre. » Je pensai rapidement à Devaraj avant d’essayer d’effacer son existence de ma mémoire, pour l’instant. « Je le sais parce que je suis un espion au service de l’Ultimage. Je ne fais pas qu’espionner, je suis mandaté pour une mission plus périlleuse qui consiste, entre autres, à m’approprier le trône. Les Démons sont entrés en ligne de compte que très récemment. » Je pris mon verre et lui tendis l’autre avant de continuer. « Le trône que je vise est celui des Sorciers, ce qui explique mes nombreuses absences. » Je me tus et déglutis. « Je préfère être franc : je suis obligé de faire des choses horribles pour atteindre mon but. Il n'y a pas de demi-mesures chez les Sorciers. » Je l'observai un moment et bus, comme si je cherchais à oublier, et me raclai la gorge. « Bientôt, la Terre Blanche sera prise aux Démons par les Sorciers, ce qui justifiera l’action des Magiciens en faveur d’une reprise de votre territoire. Une alliance sera sans doute formée. L’Ultimage souhaite que j’en fasse partie, d’où mon intégration dans l’armée. Nous allons la reprendre parce que j’aurai fait en sorte de préparer le terrain au préalable et de laisser des failles. Il faut simplement que ça ne paraisse pas trop facile. L’objectif reste que j’accède au pouvoir pour contrôler les Mages Noirs, ce qui demande des sacrifices. Tu comprends ? » lui demandai-je doucement. Il me semblait vain de continuer à parler pour l’instant. Il fallait déjà qu’elle réagisse à ce que je venais de lui confier. Sans doute allait-elle avoir quelques questions également. Mes doigts glissèrent lentement sur l'une de ses cuisses, plus par réflexe de l'avoir si proche de moi que par réelle intention.

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Dim 01 Mar 2020, 12:05



Si ses yeux étaient captivés par les tracés bleus qui éclairaient sa peau, son sens du toucher électrisait son épiderme. Pour essayer de garder contenance, Laëth serra les dents et inspira, peut-être trop lourdement pour que ce mouvement n’inspirât que contrôle et pudeur. Elle pinça les lèvres et ramena ses mains sur ses propres cuisses. Elle aurait pu anesthésier cette partie de son corps, comme elle le faisait parfois lors de ses entraînements, lorsque la douleur la ralentissait dans ses actions. Elle aurait pu le faire, pour ne plus sentir ces caresses qui l’excitaient malgré elle. Elle aurait pu, mais quitter le frisson délicieux qui courait dans ses entrailles la chagrinait – bien qu’elle ne se l’avouerait pas. Le baiser avait réveillé des envies qu’elle étouffait depuis longtemps, des envies à son égard précisément. Elles n’étaient plus les seules à l’animer et les sentiments qui s’étaient invités la préservaient de la Luxure dans sa forme la plus pure, toutefois... La situation ne s’y prêtait pas. Elle détourna le regard, fixant le pied du fauteuil. Penser à quelque chose de désagréable. Son esprit galopa. L’Ange se revit, recroquevillée sur le pont du bateau après ce rêve érotique qui l’avait secouée. Le dégoût, la honte et la peur cavalèrent de l’antre de sa mémoire au ressenti présent. Ils percèrent tout le désir qui enflait. Il retomba platement, et elle respira plus sereinement. Elle ne reporta son regard sur Kaahl que lorsqu’il prit la parole. Elle attendit que le domestique les eût servis puis écouta attentivement, le cœur battant. Ne promets pas des choses que tu n’es pas sûre de pouvoir réaliser. Sa phrase serpentait entre les interrogations qui surgissaient dans son esprit, sournoise et inquiétante. Ce qu’il lui avouerait lui donnerait-il envie de fuir le plus loin possible ? Voudrait-elle le rayer de son existence ? Regretterait-elle d’avoir abaissé ses barrières pour l’embrasser ? Le haïrait-elle pour ce qu’il lui avait fait vivre ? Les rumeurs, les émotions, les sentiments ? La peur l’attrapa à la gorge, et elle n’osa plus ni bouger ni se détourner de lui. L’idée, idiote et irrationnelle, qu’elle pût ne rien vouloir en savoir la frappa. Elle ne voulait pas d’autres mensonges. L’ignorance était un poison d’agonie, insidieux et lent.

L’Impératrice Blanche et l’Elu des Cieux. L’Archimage Eorane. Le Pardon du Sympan. Des descendants Anges. Les informations s’agençaient avec difficulté. Les faits se mêlaient à ses ressentis dans un tango endiablé ; aucun n’eut le temps de souffler, car déjà, de nouveaux éléments s’ajoutaient. Des Démons et des Momies, en guerre au cœur de l’Enfer. Un massacre, peut-être comme celui subit par les siens suite à leur défaite. Laëth avait les sourcils froncés, et ses yeux couraient de gauche à droite, signes de la réflexion qui se jouait alors. Elle reposa ses iris dans ceux du Magicien lorsqu’il évoqua son propre rôle. Machinalement, elle attrapa le verre qu’il lui tendait, mais ne but pas. Le trône des Sorciers. Un long frisson rongea son dos, tant motivé par le dégoût et la haine que cette race inspirait aux Réprouvés que par les souvenirs écœurants et terrifiants qu’elle avait d’Elias Salvatore. Sur sa jambe, son poing libre se referma, crispé, tandis que les phalanges de son autre main serraient le verre. La ligne de sa mâchoire forcit sous l’effet de sa contraction. Pas de demi-mesures. Elle l’avait compris à l’instant où elle avait vu une infime portion de ce dont ils étaient capables. Le fait qu’ils se préparassent à se saisir de la Terre Blanche la révoltait, bien qu’elle comprît la stratégie qui se dessinait en arrière-plan. C’était tordu. L’Ange sonda les iris du Mage Blanc, à la recherche des réponses qu’il n’avait pas données, à mesure que des questions se formaient dans son esprit. Le geste de sa main sur le dessus de sa cuisse la fit frémir ; et, étrangement, il sembla lui donner l’impulsion nécessaire à son propre mouvement. Elle s’écarta, jusqu’à pouvoir se lever.

Elle recula d’un pas. « Je… » Comprenait-elle ? Comprenait-elle qu’on sacrifiât sa vie, ses valeurs et son intégrité pour une cause qui dépasse ? Oui. Chaque jour, elle voyait des Extrémistes et sentait la haine qui bouillonnait dans leurs entrailles. Quand elle n’en était pas spectatrice, elle entendait parler de leurs actions ; elle écoutait leurs paroles sans tolérance et taillées dans la dureté. Elle en admirait quelques-uns, même. Ils avaient abandonné certaines lourdeurs morales pour venger, survivre, œuvrer. Elle comprenait la douleur, la peine et la rage. Mais quelle cause défendait-il, lui, et quels sentiments insufflaient de la force à sa quête ? La jeune femme continuait de le dévisager, silencieuse alors que le chaos frappait tout son être. « Je ne sais pas. » finit-elle par lâcher doucement, avec une honnêteté pourtant tranchante. Les informations qu’il lui avait divulguées tourbillonnaient. Il lui manquait des éléments. Elle  croisa les bras et marcha un peu, tentant de remettre de l’ordre dans ce qui avait été dit. Tout avait commencé avec l’Ultimage et l’Apakan. « Pourquoi n’avoir rien dit aux Anges ? Personne n’aurait cherché à les retenir, personne ne les aurait trahis. Je comprends bien que leur réussite n’a rien de certain mais… Enfin, tout le monde s’est interrogé, et Kahel… » Kahel n’était pas en état de gouverner. « Ça aurait redonné de l’Espoir aux gens. … Pour mieux le briser ensuite, peut-être… » souffla-t-elle avant de s’interrompre. Elle avait réfléchi à voix haute et, parvenue à la conclusion que la reine et le roi avaient dû faire, se demanda comment elle réagirait, elle, si jamais ils rentraient sans solution. Depuis les premières et rares naissances, elle s’était faite à l’idée qu’elle n’enfanterait probablement jamais d’Anges, mais maintenant qu’elle détenait ce secret… Elle grimaça, avant qu’une flamme brutale ne s’allumât dans ses pupilles. « Et Zane Azmog ? Pourquoi est-ce qu’on n’en entend plus parler ? Il est mort ? » C’était tout ce qu’elle pouvait lui souhaiter. Une mort pénible, de préférence. « Ces… ces Momies. Ce sont elles qui l’ont tué ? Et d’où viennent-elles ? Qui les a envoyées ? C’est toi ? Les Magiciens ou les Sorciers ? » Tout pouvait-il être à ce point calculé ? Était-il si doué pour tromper son monde ? Laëth soupira et plongea son visage dans ses mains. Un vertige tanguait au bord de son corps. Se laissant tomber dans le fauteuil qu’elle avait quitté plus tôt, elle inspira puissamment, longuement, puis releva la tête et regarda Kaahl. « Pourquoi viser le trône des Sorciers ? Qu’est-ce que ça apporte aux Magiciens ? Vous voulez les contrôler de l’intérieur ? » Elle s’arrêta, consciente qu’elle allait attaquer les pans les plus personnels de ses révélations et risquait alors de recevoir les réponses qui lui plairaient le moins. « Et comment peuvent-ils croire que tu es un Sorcier, si tu… si ta magie… » Elle l’avait vue à l’œuvre. C’était bien de la Magie Bleue, la preuve qu’il était un Magicien et non un Sorcier. Pourtant, il pourrait le devenir. C’était un risque dont il devait être conscient, et dont elle mesurait l’ampleur à mesure que la situation s’éclaircissait. « Qu’est-ce que ça t’apporte, à toi ? Pourquoi est-ce que tu as été désigné ? » Non, devenir Empereur Noir n’était pas sans danger. Il l’avait dit lui-même : il devait faire des sacrifices. Il devait commettre des ignominies, tant pour protéger sa couverture que pour s’élever dans la hiérarchie. « Comment ils t’appellent, là-bas ? » Elle craignait cette réponse, et toutes les autres. Comment pouvait-il dormir la nuit ? Comment pouvait-il contempler son reflet dans une glace sans voir l’ombre du monstre qui le guettait ? S’ils finissaient cette discussion, pourrait-elle encore le regarder droit dans les yeux ?

Message XIV - 1275 mots




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 01 Mar 2020, 20:43



« L’Impératrice Blanche avait prévu de partir seule. L’Apakan l’a suivie. Il enquêtait sur elle. » dis-je. Le Miroir était un artefact pratique qui me permettait de savoir bien des choses. « Elle n’avait pas prévu qu’il vienne et sans doute Erwan Galathiel s’y est-il pris à la dernière minute, intéressé par des désirs plus… bas que ceux concernant le pardon de Sympan. » Il n’y avait pas d’autres mots pour désigner les hommes qui avaient été maudits par Edwina. Heureusement, je n’en avais jamais fait partie. J’empêchai un sourire de naître sur mes lèvres. La constatation était d’une tristesse sans fin mais le monde était bien souvent régi par les sentiments des rois et des reines. Le pari stupide qui avait conduit à la libération d’un millier d’Anges en était une parfaite illustration. Longtemps, j’avais cru que l’Ultimage finirait du mauvais côté de la balance. Je n’avais aucune preuve que ce ne fût pas le cas. Personne ne pouvait savoir. Elle manipulait pour ce qu’elle pensait être le bien et la justice mais l’était-ce vraiment ? Les Anges Extrémistes commettaient des horreurs au nom du Bien. Je soupirai, ne souhaitant pas ouvrir de nouveau le débat avec moi-même. J’étais un Sorcier. Mes actes le démontraient suffisamment. Il n’y avait rien d’autre à comprendre. Pourtant, j’avais rencontré l’Oracle de Yaveäth le jour même où l’Oracle du Chaos m’avait rendu visite… Pourquoi ? « Beaucoup d’actions se passent en secret, je ne t’apprends rien en te le disant. Personne n’a remarqué le départ d’Edwina, contrairement à ton Roi. » Ce n’était pas une critique ouverte mais je trouvais l’action irréfléchie. Cet homme avait des responsabilités lors de son départ, des responsabilités qu’il avait préféré écarter pour se lancer au bout du monde dans une quête qui avait des allures d’impossible.

Je bus, tout en la suivant du regard. « Je ne sais pas. Il n’a pas été revu depuis la Coupe des Nations démoniaque. Il n’a pas défendu l’Enfer non plus. Les Démons semblaient aussi désorganisés durant un temps. Tout semble indiquer qu’il est mort, oui. » C’était le plus logique. Quel Souverain abandonnerait son peuple ? Un lâche sans doute. Malheureusement, l’étiquette était déjà portée par les Mages Noirs. S’il n’était pas mort, il devait croupir dans un endroit, enfermé par une puissance lui étant supérieure, ce qui serait inquiétant lorsque l’on connaissait le Monarque Démoniaque. C’était pourtant si vite arrivé, de baisser sa garde à tort. Il suffisait d’une fois. Je devais rester prudent. « Non. Les Momies ne sont qu’un concours de circonstances, elles n’ont rien à voir avec les Magiciens ou les Sorciers. Elles… » Devais-je le lui dire ? Devaraj avait évoqué leur nature, leur race avant de devenir ces choses cauchemardesques, mais ce n’était qu’une hypothèse. Elle me semblait probable. Quatorze millions de Momies ne pouvaient être fabriquées de rien et le nombre correspondait aux pertes angéliques. « Peu importe. Elles sont nées pour détruire les Démons, ce qu’elles ont fait, et la moitié d'entre elles m’a été destinée. » Je pris conscience du chaos de mon existence. Comment lui expliquer la situation sans qu’elle ne me prenne pour un fou ? Il valait mieux que j’élude certaines interrogations pour le moment. Si elle y tenait, je reviendrais dessus ensuite.

Je bus de nouveau et la fixai, assise en face de moi. J’aurais aimé retrouver notre proximité précédente. J’avais l’impression qu’elle ne viendrait plus jamais se lover sur mes genoux. « Oui c’est ça. Contrôler les Sorciers permettrait d’utiliser leurs ressources contre les races susceptibles de remettre en question la paix. Faire combattre les maléfiques contre les maléfiques, pour sauvegarder le bien. » J’envisageais réellement de soumettre les autres races maléfiques. Pas tout de suite. Je devais d’abord m’emparer du trône. Lord s’écarterait bientôt. Ce n’était qu’une question de mois. Il était vieux et j’étais son héritier. Cela dit, je trouvais aussi la paix plus profitable à mon peuple et aux autres. Je préférais voir en termes plus… extrêmes. Vivre ou mourir. Il valait mieux éliminer une race complètement, ça évitait le désir de vengeance des survivants. Les Anges n’avaient jamais été aussi déterminés que depuis le Génocide. Quelqu’un d’un tant soit peu minutieux les aurait terminés. J’étais minutieux, tout comme j’avais à cœur d’agir d’une façon détournée. Il valait mieux ne pas passer pour le bourreau. L'idéal restait de faire accuser les autres. Ça évitait les retours de bâton. La Terre Blanche allait être l’exception. J’avais besoin d’un acte significatif pour que les Mages Noirs voient en moi un Roi. C’était l'idée. Ensuite, je tirerais les ficelles dans l’ombre. « Tu sais que je suis né Sorcier. Je maîtrise les deux magies. Ce n’est pas toujours évident. La Magie de la Lumière et la Magie des Ténèbres sont capricieuses. Seuls les Réprouvés arrivent normalement à les concilier mais j’ai été entraîné pour ça. » Je me levai et marchai un peu, à travers la pièce, tout en essayant de ne pas m’appuyer sur ma jambe. « C’est surtout pour ça que j’ai été désigné. Ce n’est pas facile de former des espions, notamment à cause de la différence de magie et… c’est dur. Je pense que c’est bien plus évident pour un Sorcier de paraître gentil que l’inverse. L’inverse suppose de faire des choses affreuses, de tuer, de torturer et d’ordonner des actes qui, chez les Magiciens, sont passibles de prison à vie. » Je m’appuyai contre le mur et me mis à la regarder. « Ne crois pas que je ne me pose pas ces questions mais elles n’importent plus vraiment parce que je ne peux plus me désister à présent. Je crois simplement en ce que je fais, même si je ne dors pas la nuit à cause de ça. Je suis hanté par le poids de mes responsabilités et des choses que je sais du fait de ma position. Je ne souhaite celle-ci à personne d’autre et c’est également pour ça aussi que je continuerai. Lux in Tenebris est un fardeau qui rend fou. Heureusement, Umbra in Lucem compense et maintient un certain équilibre. » Heureusement que j’avais pris position pour Sympan lors de la Guerre des Dieux, surtout. Je n’aurais pu continuer à tromper personne sinon.

Je croisai les bras sur mon torse. « Je veux bien te le dire mais je ne crois pas que ce soit une bonne idée. La réputation de mon identité sorcière est terrible, même si la plupart de ce qu’on attribue à l’homme n’est que mensonges, inventés de toutes pièces. Ce que j’ai fait et ce que je fais encore reste affreux, je ne vais pas te dire le contraire, ce serait mentir. » Je repensai à la fois où j’avais dû faire découper quelques esclaves en bas âge, pour être certain de sauver les autres. Ma bouche se déforma en une grimace de dégoût. Je devais toujours trouver une solution pour que personne ne puisse retrouver la trace des enfants, les faire disparaître. Devaraj et les Chamans auraient pu être une solution si celui-ci n’avait pas… Non, peu importait mon envie de lui briser la nuque, il restait l’option la plus efficace. Il fallait que je le contacte, uniquement pour cette question. Il avait besoin d’enfants. J’avais besoin de me débarrasser de ceux que j'avais réuni pour leur éviter l’esclavage et la mort. Les Chamans vivaient en dehors du monde, seuls sur leur île. Personne n'irait cherché là-bas. C’était parfait, trop pour que je change d’idée.

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Priam et Laëth
Lun 02 Mar 2020, 01:03



« Hum. » Laëth porta le verre jusqu’à ses lèvres et but une grande gorgée. L’alcool râpa sa langue puis réchauffa sa poitrine. Elle ne s’en formalisa pas. A Lumnaar’Yuvon, elle avait déjà tangué sous l’effet de degrés plus virulents et, de façon générale, elle tenait assez bien la boisson. Dans le pire des cas, que lui arriverait-il ? Elle vomirait… Cette pensée l’agaça, parce qu’elle n’avait pas l’intention de se faire honte de cette façon. Elle serra les dents et souffla par le nez. Son index dessina le pourtour du verre. En fait, elle était énervée. Il l’énervait. Elle s’énervait. Tout l’énervait. Peu importe. Je veux bien te le dire mais je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Gnagnagna. Lui et ses grands airs… A quoi bon apposer sur elle un sceau destiné à lui faire garder le secret si c’était pour ne lui dévoiler que des parties de la vérité ? Pour la préserver, la protéger, l’épargner ? Elle n’était plus une enfant. Elle n’avait pas besoin d’être maternée ou paternée. Depuis l’adolescence, elle se battait pour qu’on la laissât tranquille, pour pouvoir voler de ses propres ailes et gagner son indépendance. Depuis cette époque, et même avant, il y avait toujours eu quelqu’un pour lui renvoyer sa présumée incapacité à la figure. Des Réprouvés de Lumnaar’Yuvon, ses parents, Priam. La petite dernière, la petite sœur, le bébé, la maladroite, l’incapable. Ne la laisse pas toute seule. Va l’aider. Surveille-la. Et son frère, venu aux Jardins tout spécialement parce qu’on avait cru qu’elle pourrait mourir sur le trajet qui y menait. Déception ! Elle était toujours en vie. Pis encore, en explorations sur une terre inconnue, peut-être peuplée de mille dangers. Incorporée dans l’armée, elle n’était le bras d’aucun fait d’armes éclatant, cependant, elle était loin d’être la moins débrouillarde ou la plus étourdie. Elle se donnait du mal et progressait vite. Laëth ne voulait pas considérer le fait que son inconscience permanente et l’hécatombe potentielle de ses émotions inquiétaient plus que de savoir si elle avait les moyens de ses prétentions. La mauvaise foi nourrissait la colère, et l’inverse pouvait se vérifier aussi. L’envie d’attraper la bouteille et de la jeter entre les deux yeux du Magicien la démangeait outrageusement. « Et pourquoi ça ne serait pas une bonne idée ? » lança-t-elle. Ses sourcils froncés coloraient ses yeux verts d’une ombre orageuse. Elle faisait ressortir les étincelles foudroyantes qui criblaient ses rétines. L’Ange but à nouveau, puis se leva. « Je ne suis plus une gamine, Kaahl. » Elle était surtout têtue. « Je ne peux pas tout supporter, non, c’est vrai et je le sais. Je ne promets pas de rester de marbre – de toute façon, je n’ai jamais su le faire – ou de pouvoir tout encaisser dans l’instant, mais avec du temps, je le ferai. » Elle s’effondrait souvent ; toutefois, des cendres de ses ressentis, elle renaissait toujours. La fille de Réprouvés avait été éduquée de sorte à ne jamais se laisser abattre. Perdue dans la pénombre, elle continuait à espérer apercevoir la lueur réconfortante d’un renouveau. Quand tout en elle voulait lâcher, une petite main se cramponnait d’une poigne de fer à l’Espérance qui habitait chaque atome dont elle se composait. « Je suis capable de faire des choix et d’en assumer les conséquences. Je n’ai pas besoin que tu me ménages. J’ai décidé que je voulais savoir, alors arrête avec les galip- » Résultante du semi lapsus, une grimace irritée déforma le pli de sa bouche. « Les pirouettes, et va droit au but. » Elle s’approcha, jusqu’à se trouver à moins d’un mètre de lui. « Franchement, à quoi ça sert de me contraindre à garder le secret et de me promettre la vérité si c’est pour continuer à me cacher des choses ? » Ses iris émeraude scrutaient les siens. Cette proximité retrouvée la troubla plus qu’elle ne l’aurait cru. Elle cligna des paupières avant de chercher à établir un contrôle sur ses ressentis. A cet instant, elle se rendit compte que l’alcool avait achevé de diluer les restes de capacités magiques que la fatigue n’avait pas emportés. La jeune femme serra les dents et tenta de se concentrer sur ce qu’ils se disaient. « Les Momies. » C’était cela. « Elles quoi ? Et qui les a créées ? » Pour ravager l’Enfer, il en fallait sans doute des milliers, peut-être même des millions. Elle aurait pu croire qu’elles y avaient toujours été et qu’elles s’étaient simplement éveillées, mais il s’était trahi en parlant de leur création. Quelqu’un, d’une puissance qu’elle n’envisageait pas autrement que colossale, les avait façonnées. Ce monde comptait bien des choses dont elle ignorait les mystères, comme, parfois, les évidences. La magie n’était pas son domaine de prédilection, mais à force de la côtoyer, elle avait acquis quelques rudiments théoriques en la matière. Ce qui lui fit réaliser… « Si tu maîtrises les deux magies, qu’est-ce qui fait de toi un Magicien ? Des actes ? Des pensées ? Mais si tu dois commettre des horreurs pour acquérir ce trône, comment être certain que tu ne redeviennes pas un Sorcier ? » Comment saurait-elle, elle ? Plus elle concevait la finesse du fil sur lequel il jouait au funambule, plus elle comprenait que demeurer à ses côtés signifiait jouer avec le feu. « Comment être sûr que cet équilibre entre Lux in Tenebris et Umbra in Lucem ne s’écroulera jamais ? Tu parles des Réprouvés qui manient les deux formes de magie, mais justement. L’équilibre n’est qu’un état temporaire. Ils finissent toujours par basculer. En général, ils en reviennent, mais toi… Un entraînement ne fait pas tout. Tu n’es pas infaillible… » Sur la dernière phrase, son ton s’était fait plus doux. Tout le monde se trompait. Personne n’était à l’abri d’une faute. Son intonation reprit des allures plus directes et tranchantes : « Si tu n’as pas l’intention de parler, ça ne sert à rien que je reste ici. Je perds mon temps. » Voilà. C’était aussi simple ça. Elle baissa les yeux sur ses lèvres. Elle se trouvait très près de lui. Si l’un ou l’autre avait fait un pas de plus, leurs corps auraient pu se toucher. Des braises s’agitèrent dans son bas-ventre. Non. Pas maintenant. Le regret de ne pas s’être économisée plus tôt la fouetta. Il était trop tard pour y songer. Aucun retour en arrière possible. L’Ange reprit une gorgée de sa boisson, comme si elle cherchait à noyer le feu naissant. C’était oublier que l’alcool avivait les flammes. Elle avait affreusement envie de… Elle releva le menton, une lueur inquiète soudainement accrochée à la cornée. Ses émotions tempêtaient ; la colère le disputait à la peur qui frappait à la porte du désir. « Et si tu es découvert ? » Ils le tueraient. Et elle penserait avec remords à ces instants que son cerveau volait à son cœur et son corps. Il ne lui avait même pas vraiment rendu son baiser. Frustrant. « Embrasse-moi. » lâcha-t-elle de but en blanc avant de reculer d’un pas, comme surprise par son propre éros.

Message XV - 1169 mots
Les défis auront ma peau. Mancy a choisi le chiffre 7, c'était cette musique-là... Voilà /sbam
Cela dit... je sais pas ce que je mérite pour cette opportunité en or d'éviter de répondre aux questions gênantes, mais je le mérite [Q] Le sort en est jeté | Kaahl - Page 2 1628




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Lun 02 Mar 2020, 14:32



Je restai sans bouger, les bras croisés, à la regarder avancer. J’aimais bien voir la colère poindre dans ses iris. Je retins un sourire, en pensant qu’elle devrait faire attention à la blancheur de ses ailes. Me côtoyer n’était peut-être pas une si bonne idée. C’en était une exécrable, même, en considérant ce que j’étais vraiment, et non pas seulement mon rôle de Magicien espion. Un sourire en coin marqua néanmoins mon visage lorsqu’elle fit un lapsus. Je vois, pensai-je alors. Je la laissai parler. Le silence régna de mon côté, religieux. J’avais envie de voir jusqu’où elle pourrait dérouler ses pensées. Ne t’approche pas trop, tu vas le regretter, me dis-je, plus par jeu que par réelle envie qu’elle restât loin de moi. Le mutisme, encore. J’aurais pu paraître muet à force de laisser ses questions en suspend et de la regarder avec un intérêt non feint. Elle se battait contre plusieurs considérations et la voir prise dans une toile invisible m’électrisait. Je plissai doucement les yeux lorsqu’elle envisagea de partir. Non, tu vas rester ici, songeai-je. Si tu veux partir, arrête de regarder mes lèvres comme ça. Je ne disais rien. Je penchai simplement légèrement la tête sur le côté lorsqu’elle évoqua la possibilité de me faire prendre. Elle connaissait la réponse. Nul besoin de l’expliquer. Si j’avais réellement été un espion Magicien chez les Sorciers, ils m’auraient torturé jusqu’à me faire parler. J’avais déjà eu l’occasion d’être témoin de ce cas  précis et un certain dégoût s’était emparé de moi lorsque j’avais été confronté à l’état du Mage Blanc. L’inverse, pourtant, n’était pas semblable. Être un espion Sorcier chez les Magiciens signifiait la prison à vie et de longs interrogatoires. La mort n’intervenait que lorsque les bénéfiques n’avaient pas le choix, souvent au cours d’un essai de fuite ou d’attaque du maléfique. Le risque était moindre. Le souci demeurait dans l’échange que pouvaient demander les Sorciers. Un espion Magicien contre un espion Sorcier, la mort pour ce dernier, forcément. L’échec n’était pas envisageable, d’où la nécessité d’accéder au trône. Je n’avais pas choisi d’être un espion. Ça n’avait pas été une vocation. Les choses s’étaient mises en place seules. À force d’aimer paraître gentil, à force d’adorer tromper les autres, j’avais été repéré et recruté, aussi parce que Viviane était l’une de mes « amies » à l’époque où j’étais étudiant à Basphel. Tout était une question d’opportunités.

« Laëth… » murmurai-je enfin, en réponse à son ordre. Ce n’était pas son éros qui parlait mais bien son thanatos. Me vouloir signifiait s’approcher de la mort et de la destruction. Me vouloir signifiait oublier son instinct de survie au profit d’une pulsion bien plus funeste. Qu’allais-je faire d’elle si, finalement, elle découvrait la vérité ? Rien qu’elle ne regretterait pas. Lorsqu’elle hurlerait sous les tortures que je lui ferais subir, se souviendrait-elle de ce jour précis, un jour où elle aurait pu tout simplement choisir de tourner les talons et de ne plus jamais me revoir ? Lui aurais-je seulement laissé le choix si elle avait désiré partir ? Je n’en étais pas sûr. Je la voulais et j’étais têtu. La situation était difficile pour moi, également. Souvent, les histoires racontent l’histoire du maléfique qui détourne le bénéfique du droit chemin, qui le tente et le corrompt. Seulement, l’inverse pouvait devenir vrai. Elle était dangereuse pour moi, parce que les Anges étaient des créatures du bien qui possédaient une magie capable d’écorcher le mal, de le ronger et de le faire disparaître, parfois. Lux in Tenebris voulait ma peau et peut-être que, justement, c’était mon éros, au sens de pulsion de vie, qui me faisait la désirer.

Je décroisai les bras. L’embrasser n’était pas une bonne idée. Kaahl ne l’aurait pas fait. Je connaissais mon identité magicienne puisque c’était la partie de moi que je jouais le plus souvent. Responsable, raisonnable, prompt à se laisser aller à la plaisanterie, parfois, mais certainement pas du style à profiter du trouble engendré chez son interlocuteur. Il n’aurait pas exploité la faille. Je n’étais pas dupe. Laëth était en pleine tourmente. Ses envies se bousculaient à l’intérieur de son corps et de son esprit. Elle devait avoir envie de me tuer, envie de me hurler dessus, envie de partir… envie d’enrouler ses jambes autour de mon bassin aussi. Elias l’aurait embrassée et l’aurait prise sans l’ombre d’une hésitation, violemment. Moi ? J’étais partagé. Si je répondais à sa demande, les choses risquaient de ne pas s’arrêter à un simple baiser et, puisque je ne lui avais pas tout dit, elle pourrait de me le reprocher, ensuite. Pourtant, me rapprocher d’elle, la caresser, l’emprisonnerait d’autant plus. Je finis par me pincer l’arête du nez tout en fermant les yeux, visiblement en proie à un dilemme. Tête baissée, ma paume finit sur mon front. « Laëth… » susurrai-je en remontant mon regard sur elle. Que pouvais-je lui dire ? Qu’elle ne mesurait pas l’étendue de ma situation ? Que j’étais le Prince Noir, que j’étais marié, que j’avais une fille ? Que les Momies étaient une création de mon père, Jun Taiji, et que ce lien de filiation était difficilement explicable ? Que j’avais attaqué l’Enfer avec mon frère, Devaraj, qui était aussi le Roi des Chamans, et que j’avais actuellement envie de l'éviscérer ? Que j’étais stérile et mourant ? Quant à Adam… Je n’avais aucune explication valable. Je ne comptais pas lui en parler.

J’usai soudainement de magie pour anéantir la distance qui nous séparait. Je me décalai et la plaquai contre le mur d’une pression sur ses vêtements. Je la coinçai entre la paroi et moi. J’aurais pu la laisser de dos mais je préférais lui faire face. Une délicieuse sensation vint envahir ma poitrine, celle de la chasse. L’adrénaline courrait dans mes veines. « Ce n’est pas toi que je protège mais moi. Je sais que tu es une grande fille. » L’une de mes mains se décala du mur à sa joue. « Je n’ai juste pas envie que tu partes alors j’essaye de retarder l’échéance. » Mes doigts descendirent dans son cou. Je la fixai. « Je devrais vraiment t’embrasser. Ça temporiserait et… j’en ai envie. » Je ne mentais pas. Ce n’était pas mon seul désir. Le mur offrait un support parfait pour plus qu’un simple baiser. Il ne suffirait de presque rien pour presser son corps nu contre le mien. Je pouvais la hisser au niveau de mon bassin et, sans parler de la porter, je pouvais simplement la retourner pour avoir un plein accès à tout ce que je voulais caresser tout en l'empêchant de se soustraire à mon emprise. « Seulement, je doute que tu en aurais toujours envie, toi, si tu savais. Alors réfléchis-y. » J’étais proche d’elle. « Soit je parle, soit je t’embrasse. Je ne peux pas faire les deux. » Un choix simple. « Dis-moi ce que tu préfères. » murmurai-je, tout en glissant lentement mais surement vers une implacable constatation : je n’allais pas lui laisser le choix, finalement. Nous étions trop proches et je n’avais pas envie de me contrôler. Je penchai la tête, ma bouche effleurant la sienne sans pour autant s’y arrêter plus d’une seconde. Au lieu de quoi, elle se décala sur le côté, embrassant la commissure de ses lèvres, puis sa mâchoire. J’enlevai ma main de son cou pour enfouir mon visage dans ce dernier, caressant sa peau avec une envie de plus en plus profonde. Mes baisers devenaient plus chauds, plus longs. Nos corps, déjà proches, le furent davantage. Au prix d’un effort, je remontai mes lèvres jusqu’à son oreille pour y murmurer quelques mots. « Dis-moi d’arrêter. » Parce que, sinon, je risquais de continuer et, même si c’était ce que je désirais, je savais parfaitement que ce n’était pas une bonne idée.

1253 mots
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