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 [Événement] - La Terre d'Edel III

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

✞ Æther de la Mort ✞
◈ Parchemins usagés : 5277
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2012
Jun Taiji
Jeu 22 Aoû 2019, 19:23

La Terre d'Edel III




Edel parcourait tranquillement la Terre qu’elle avait offerte aux Ombres. Les naissances seraient, petit à petit, plus nombreuses. Elle pensait réellement bien faire, malgré les protestations de l’Esprit de la Mort. Ezechyel ne se plaignait pas, silencieux à ce sujet. Il l’avait mise en garde au début mais il avait dû se rendre compte que ce n’était pas une mauvaise idée. Elle sourit. Il finirait par l’accepter, même si les choses ne se déroulaient pas réellement comme elle les avait imaginées. Elle ne ressentait pas l’harmonie qu’on lui avait promis lorsqu’elle avait accepté de tout quitter pour prendre la place vacante. Elle le voulait à ses côtés, le sentir près d’elle. Seulement, il n’y en avait que pour cette autre qui, elle, avait trahi le Créateur. Elle finirait par le guérir du mal qui l’habitait. À force de patience, à force de résistance, il se rendrait à l’évidence : elle était la seule qui méritait de ne former qu’un avec lui, dans un Cycle parfait. Elle ne devait pas se laisser effrayer. Elle savait que la peur qu’il lui inspirait était les résultantes de sa vie de Mortelle. À présent, s’il pouvait toujours se plaindre et la menacer, il ne pouvait cependant plus rien contre elle. C’était ce qu’on lui avait dit avant son élévation. Il ne pouvait pas directement l’attaquer. Il ne pouvait pas faire déchoir la Vie. Elle était bien trop importante. Pourtant, elle devait l’avouer, elle avait failli se rendre près de Luftë pour la convaincre après ce qu’il lui avait craché au visage. Elle avait failli s’allier à lui dans sa folie. Elle soupira. Il était hors de question qu’elle l’aide à retrouver cette femme. Cette dernière ne lui apporterait rien de bon. Elle était la seule à pouvoir prendre soin de lui. Ce n’était pas évident mais elle continuerait d’essayer, de prendre différents visages pour lui plaire. Elle le défierait si la chose était nécessaire. Elle se rendrait inaccessible et impétueuse. C’était ce qu’elle avait fait en lui interdisant l’accès à sa Terre. Elle aussi, pouvait avoir mille visages et être faite de la même matière que les rêves. Il lui suffirait de s’entraîner et de s’en persuader. Elle était une Æther, à présent. Le champ des possibles n’avait jamais été aussi grand. Il était têtu mais elle l’était tout autant. Il la rendait faible, voilà le seul problème. Elle devait remédier à la question.


Alors qu’elle contemplait son monde, quelque chose attira son attention. Haut dans les airs, au-dessus de sa tête, se tenait une silhouette immobile. Elle plissa les yeux alors que l’homme lui faisait signe de le rejoindre en un point précis. Elle comprenait qu’il souhaitait la rencontrer à la frontière. Elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Enfin ! Elle avait résisté à ses paroles et avait, sans doute, réussi à lui prouver qu’elle était digne. Elle se déplaça rapidement jusqu’à atteindre la limite de l’île. Il était devant elle, un sourire radieux sur le visage. Elle l’avait chassé de l’endroit mais peut-être qu’elle pourrait… Oui, peut-être qu’elle pourrait revenir sur sa décision, s’il trouvait les mots et s’il s’excusait. « J’ai fini par comprendre, tu sais. » dit-il doucement. En réalité, il avait effectué un petit voyage dans le temps récemment, lorsqu’il s’était aperçu qu’elle ne lui avait pas obéi et, curieusement, alors qu’il n’avait jamais rien trouvé, la vérité lui avait été révélée. « À force d’avoir les yeux rivés sur mes affaires, je n’avais pas remarqué que tu me soutenais, depuis tous ces siècles. Comment ai-je pu être aussi aveugle ? » Elle frissonna. Elle ne lui avait parlé que très rarement durant sa vie de Mortelle. Pourtant, elle avait toujours veillé sur lui. Elle l’avait suivi, quelle que soit sa forme. Elle le trouvait parfait. Elle avait toujours tout accepté, même ses plus sombres côtés, lorsqu’il avait brûlé des orphelins, lorsqu’il avait fait détruire des cités entières, ravageant les Ygdraë, ravageant les Lyrienns, ravageant tous ceux qui se mettaient sur son chemin. Pourtant, le plus amusant dans cette histoire n’était autre que l’identité de celui qui avait guidé ses pas vers l’élévation. « Je savais que tu finirais par t’en apercevoir et par entendre raison… » souffla-t-elle alors. Au début, elle avait tâché d’oublier, de s’effacer, comme elle l’avait toujours fait. Pourtant, à présent qu’elle était son égale, elle ne voulait plus cacher ce qu’elle ressentait. Ils pourraient être heureux.

Il pencha doucement la tête. « Je ne veux plus te cacher la vérité, faire comme si nous ne nous connaissions pas. » ajouta-t-elle. « J’ai essayé de me convaincre moi-même qu’il était préférable de ne pas tenir compte de ma vie de Mortelle jusqu’ici mais… Ezechyel, nous sommes faits pour être ensemble. » « Je suis désolé. » murmura-t-il doucement. « Tu n’as pas à l’être. J’aurais dû être franche depuis le début. » « Non, Chahra, je suis désolé pour toi. » « Qu… ? » « Tu n’es qu’une sombre idiote. » souffla-t-il avec un amusement certain. « Sais-tu pourquoi je ne t’avais pas remarqué durant mon existence de Mortel ? Parce que tu n’es qu’une ratée, sans aucune compétence, sans aucun pouvoir. Tu l’as toujours été et celui que t’as fait devenir Æther l’a fait parce que… Oh c’est drôle, tiens-toi bien… Parce que Luftë le lui a demandé. Tu n’es pas à la hauteur. Regarde-moi. J’ai été Roi, deux fois. Et toi ? Toi, eh bien, aveuglée par des sentiments stupides, sans fondement et non réciproques, tu es restée dans l’ombre, à collectionner les journaux parlant de mes exploits, à me servir à boire, à essayer de m’approcher davantage mais sans jamais oser. Oh oui, tu aurais pu avoir des opportunités mais tes obsessions t’en ont privé. Et au lieu d’aller voir Luftë comme je te l'avais demandé, de continuer sur cette même veine d’éternelle servitude, tu as décidé de te rebeller. Pourquoi ? Parce que tu voulais être comme elle. Pourtant, laisse-moi t’avouer un petit secret : Edelwyn n’a jamais fait tourner son univers autour de moi. Elle est une partie de moi et je suis né pour la protéger. C’est mon monde qui dépend du sien. Pas l’inverse. Crois-moi, Chahra, je n’ai que faire d’une énième pouffiasse qui me suit comme un chien en essayant de paraître ce qu’elle n’est pas pour m’impressionner. Tu es lamentable. » « Mais… » « Ferme-la. » recommanda-t-il. « Tu as décidé de me défier, tu as voulu jouer, maintenant nous allons nous amuser. Je t’avais prévenu sur ta fin. Tu n’as rien à faire à cette place, tu n’es qu’une figurante, une remplaçante conçue uniquement pour m’agacer et me narguer. Tu aimes ces Terres, n’est-ce pas ? » questionna-t-il. Il voyait la rage dans ses yeux. Il l’avait blessée mais cela ne l’étonnait pas. Depuis le début il sentait qu’elle n’était pas digne, qu’elle n’avait pas les épaules, qu’elle ne connaissait pas les règles du jeu. Elle avait voulu se montrer à la hauteur mais rien n’y faisait. Elle inspira et expira profondément. Elle avait encore des réflexes de Mortel. C’était pitoyable. « Tu ne leur feras rien ! Je t’ai banni d’ici ! » cracha-t-elle, furieuse. La réponse de la Mort fut un sourire d’autant plus amusé. « Oui, ne t’inquiètes pas, j’ai compris le bannissement. Je ne comptais pas pénétrer sur ton territoire. » Elle s’avança, prête à en découdre, à effacer l’insolence de ses traits. Seulement, elle fut retenue par une puissante magie. C’était comme un mur. « Qu’est-ce que tu as fait ? » Il ricana doucement. « J’ai bâti un monde autour du tien et je t’en ai banni. Merci pour cette idée. » Son regard se fit parfaitement détestable, hautain et cruel. « Maintenant, sois gentille, reste sagement ici pendant que je te détruirai. Profite des Ombres qui croient en ta grâce et en ton pouvoir car, bientôt, l’ensemble des Terres du Yin et du Yang cessera de te prier. » « C’est impossible ! » « Allons, Chahra, tu as suivi mes prouesses de nombreux siècles. Tu sais parfaitement que je ne suis pas de ceux qui menacent sans avoir les moyens de leur prétention. » « Et puis quoi ? Je disparaîtrais et après ? Tu n’empêcheras pas un Mortel de s’élever de nouveau pour remplacer Edel ! » articula-t-elle d’un ton qu’elle voulait assuré, essayant de reprendre contenance malgré la situation, de lui montrer qu’il avait tort et qu’elle n’était pas l’ennemie. Elle lui faisait pitié. Il sentait cette corde sensible en elle. Il sentait que s’il s’excusait, que s’il se montrait tendre, elle pourrait encore lui pardonner. Elle était faible et tourmentée, atteinte d’un amour sans limite. Ce qui se révélait intéressant et exaltant lorsqu’il jouait avec Edelwyn avait une apparence pathétique ici. « La suite n’est plus de ton ressort. » dit-il simplement, la regardant toujours comme si elle était répugnante. « Adieu. » dit-il dans un sourire carnassier. Il n’allait en faire qu’une bouchée.

1473 mots

Explications


Bonjour =)

Bon, ça se corse  [Événement] - La Terre d'Edel III 1628 On va passer à l'intrigue principale après ça 8D

En gros, Ezechyel a attendu qu'Edel aille sur sa terre pour l'enfermer dedans en l'entourant d'un monde à lui. C'est un monde vraiment très fin qui s'appuie sur la surface de celui d'Edel. Il l'en a bannie, ce qui fait qu'elle ne peut pas sortir de son monde à elle et est donc piégée. #Grosbâtard.

En ce qui concerne les races autres que les Ombres > Il n'y a pas de souci, vous pouvez toujours rentrer et sortir comme vous voulez.

En ce qui concerne les Ombres > Vous pouvez entrer comme vous voulez mais pour sortir... ha ha ha, pour sortir il faut passer par la zone d'Ezechyel qui n'est pas très content. Donc faut s'attendre à une bonne dose de souffrance avant de pouvoir partir vraiment.

De manière générale, le duel entre Ezechyel et Edel est passé inaperçu donc la vie suit son cours tranquillement, sauf si une Ombre essaye de sortir, là elle va douiller sévèrement. Les Ombres sur la Terre d'Edel sont de plus en plus nombreuses et donc les constructions s'accélèrent. Il y a des Chamans aussi donc vous pouvez faire un peu ce que vous voulez, mélanger les cultures, tout ça tout ça. Je vous laisse lire le post de Dev qui parle de ce qu'il se fait actuellement sur la Terre d'Edel côté Chaman > ICI. Si votre personnage est une Ombre, vous n'êtes pas obligé de la jouer sur la Terre d'Edel. Le Cycle est de plus en plus en péril et les Ombres qui restent auprès de l'Esprit de la Mort sont en difficultés et ont une charge de travail réellement impressionnante. Certaines préfèrent abandonner et venir se réfugier sur la Terre d'Edel, d'ailleurs. Votre personnage peut prendre position par rapport à ça, être tenté ou, au contraire, être rebuté par la chose vu les conséquences néfastes que ça peut avoir. Si votre personnage est sur la Terre d'Edel, il peut ne pas avoir conscience des difficultés, ou si, ce qui le pousserait à vouloir partir ou, au contraire, à vouloir rester. Il peut très bien se dire que les deux Dieux pourraient prendre le relai ou accélérer les suicides et que ça ne le concerne pas.

Ce lieu est un lieu pour les Ombres, niveau II minimum, et les Chamans. Vous avez jusqu'au 23 octobre 2019, 23h59, pour poster. J'accepte éventuellement des gens qui se seraient perdus là mais seulement si le message a une utilité (genre si votre personnage reste ici ou aide quelques lunes à la construction).

Gains


Vous devez faire 900 mots au minimum, dans un message unique ;
- Pour 900 mots => 1 point de spécialité au choix ou 6 points de rp ou un compagnon Ombre [Un individu qui se sera suicidée ailleurs donc] ou Chaman [Qui aide aux constructions].
- Pour 450 mots de plus, soit 1350 mots => Un deuxième point de spécialité au choix.

N'oubliez pas de déclarer vos gains, maximum un mois après la fin du rp.

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http://yinandyangpower.forumactif.com/t34795-jun-taiji#679068
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Dim 25 Aoû 2019, 12:15

[Événement] - La Terre d'Edel III Martin10


«Comment ça, il y a un problème avec les statues d'Ezechyel et Edel marmonna Devaraj d'un ton sinistre. Il fixait la Reine des Esprits, incrédule. Il ne pouvait plus se rendre dans l'Au-Delà à cause de sa maladie. Ce lieu se trouvait trop éloigné de l'Île Maudite pour que son corps, qui partageait à présent l'essence magique de l'île- ne s'en retrouve pas violemment affecté. En conséquence, il se reposait sur Khaal pour la gestion de ce territoire. «La statue d'Ezechyel a disparu et celle d'Edel a été décapitée. On a retrouvé le morceau manquant par terre... On tu sais, la tête de cette femme c'est-» «Oui je sais. Ce n'est pas la bonne, blahblahblah. Mon père va sûrement détruire le monde pour y remédier. Il ne sait que détruire, tu n'as jamais remarqué depuis tout ce temps ?» ironisa-t-il. «Il ne pourra pas semer le chaos ici.» Devaraj haussa les épaules. «Tant qu'Edel est encore en vie, c'est sûr. Pour ce qu'il se passera ensuite, je n'en sais rien. Je ne lui en veux plus pour ses horreurs mais mon estime pour lui se trouve toujours dans les basfonds de l'univers... Mère a certainement plus de délicatesse que lui pour ce qui est de prévenir et préparer des événements chaotiques... Sans être forcément moins mauvaise que son cher compagnon.» Il songea un instant en silence. Malgré les efforts qu'il avait développé pour contenir ses sentiments à un niveau acceptable, il ne pouvait tout à fait rester calme. Certes, il n'avait plus envie de brûler toutes les représentations d'Ezechyel qu'il voyait, il ne ressentait plus le besoin de blasphémer le Dieu de la Mort matin, midi et soir. Il arrivait même, en faisant abstraction de Jun, à prier un peu cet Aether de temps en temps lorsque le culte était nécessaire. C'était déjà un long chemin parcourut. Mais il aurait préféré perdre le souvenir de la vision de son père en train de violer sa sœur et de lui raconter des mensonges à son sujet. Il ne savait qu'en penser. S'il n'avait pas eu cette vision, il n'aurait jamais perdu le contrôle de sa magie. Beaucoup de choses ne seraient pas arrivées. Aurait-il moins souffert en vivant dans le mensonge et l'ignorance ? Jun n'était pas le seul responsable des maux qui balayait son existence, il y avait d'autres Aetheri dont le comportement laissait à désirer. Seulement en voyant son idole éternelle se comporter ainsi, il avait fait l’ascenseur émotionnel entre amour, admiration et rage, plusieurs fois, sans jamais trouver un point stable. La trahison qu'il avait ressenti laissait encore sa marque sur sa chair, bien qu'il se soit appliqué à cicatriser correctement. Il ne savait plus vraiment s'il en voulait à Jun pour ses actes ou s'il en voulait à lui-même pour sa profonde stupidité, pour avoir cru, fantasmé et complétement idéalisé un homme qui n'avait rien d'un père et rien de la personne glorieuse et intègre qu'il s'imaginait dans son insupportable ignorance des vrais faits. S'il commençait à y penser pendant trop longtemps et à se remémorer les événements, comme maintenant, il redevenait quelque peu instable. «Ma mère ? J'espère qu'il ne la retrouvera jamais, qu'elle a disparut, qu'elle est dans le néant. J'aimerai qu'il se sente fautif et que son égoïsme et ses mensonges se retournent contre lui pour le détruire. J'aimerai qu'il souffre autant que moi et Lilith avons souffert, multiplié par cent pour la peine ! » Khaal l'observa, stoïque et indifférente. «Je croyais que tu ne lui en voulais plus. Tu viens de le dire il y a de cela trente secondes.» Le Chaman soupira et ferma les yeux, tentant de calmer son pouls. Il inspira et expira lentement plusieurs fois en dirigeant son esprit sur quelque chose d'agréable, comme le pelage soyeux de Petit Caleb, ou bien les seins de Satinka, ou bien le corps nu et musclé de Delawam. Son esprit se concentra sur la sensation de désir charnel, qu'il ne poussa pas au bout, seulement le temps de ressentir à nouveau une certaine paix. «Pardon. J'essaye... Je ne devrais pas tant me focaliser sur le passé et sur moi-même. Pour revenir au plus important : j'espère simplement que dans ses projets grandioses d'anéantissement de l'univers, Ezechyel n'oubliera pas de protéger le peuple qui le porte en étendard.» Khaal rit brusquement. «Permets-moi d'avoir un doute.» «Merci. Ton soutien a toujours été remarquable.» Un sourire complice se dessina sur leurs lèvres, ce qui les mit mal à l'aise tous les deux. Cela faisait plusieurs dizaines d'années qu'ils n'avaient pas partagé un tel moment.

Le Chaman coupa le bref silence en changeant complétement de sujet. «Bon. Je vais aller voir si Aylimr ne se prend pas pour la reine du pays avec ses constructions.» Il regarda en bas de la colline sur laquelle ils se trouvaient. Les travaux avançaient bien. Après l'initiative imprévue du groupe de commerçants ambitieux de conquérir d'autres territoires, d'autres Chamans les avaient rejoints avec la permission de leurs chefs de tribu : des sages-femmes et hommes notamment, des médecins, quelques agriculteurs, tous prêtés par Delawam. Devaraj distingua les villages des paysans au Sud de l'île. Ces derniers vivaient dans des maisons avec un seul étage, construites en pierres et peintes de diverses couleurs bariolées. Des étoffes tout autant multicolores servaient de rideaux, portes et fenêtres. Les paysans étaient venus ici pour pouvoir cultiver des plantes qui ne poussaient pas sur l'Île Maudite. Ainsi grâce au commerce effectué par Aylimr, ils avaient pu planter du blé, des vergers de divers fruits dont des orangeraies, et encore d'autres sortes de plantations qui étaient encore au stade de test. Des artistes musiciens danseurs et peintres avaient aussi accourut, attiré par la possibilité de mélanger des cultures et d'avoir un nouveau port d'attache pour la tribu Raya, en plus de participer à la constructions des décorations et œuvres d'art. Le port en question, avait été aménagé par Aylimr qui avait besoin d'acheminer divers matériaux et main d’œuvre jusqu'à la Terre d'Edel. Une rade protégée des vents marins et des vagues avait été choisie pour ces installations encore maigres autour desquels étaient parsemées des cabanes de pêcheurs. Les chasseurs trappeurs de Mior étaient aussi présents, très discrets et indépendants. Il se contentait de faire un inventaire de la faune et de la flore ainsi qu'une cartographie des lieux, en plus de protéger les habitants d'éventuels monstres si besoin. Cela dit comme personne ne pouvait mourir en ce lieu, la protection était quelque peu factice.

Parmi les villages construits ou en constructions par les Ombres et les Chamans, se trouvait un immense chantier, en face de la rade, sur une colline. Devaraj soupira. La Draugr était folle, de vouloir construire une pyramide à partir de rien. Que voudrait-elle en faire ? Un Palais ? Un Temple ? Il allait exiger que ce soit un Temple pour Edel, c'est ce qui faisait le plus de sens vu le contexte. Il allait aussi lui rappeler de ne pas s'imposer trop vite. Le Chaman aurait bien aimé que les Ombres élisent un chef ou un supérieur de leur côté, car il s'agissait de leur territoire, après tout. Il redoutait à juste titre l'ambition de Aylimr. Qu'importe. Elle allait bientôt mourir pour sa trahison presque prouvée dans une affaire qui ne regardait ni ce lieu, ni ses habitants. Elle sera alors remplacée par quelqu'un d'autre, de plus sage et efficace qu'elle. Autour des bases de la pyramide étaient tracées des rues, d'autres fondations pour des maisons et des jardins, des ponts pour enjamber ruisseaux et rivière. A chacun le droit de se réserver une ou plusieurs parcelles. Il y avait tellement de place que les disputes étaient rares... Un frisson lui parcourut l'échine. Il aurait bien aimé être encore jeune et déchargé de responsabilité, vivre cette époque sans être roi.  Il avait toujours été curieux de leurs collaborations et alliance avec les Ombres. Même si ces dernières étaient des traîtres à la couronne de Jezekael, cela ne rendait pas les événements moins intéressants. Si son père ne choisissait pas de détruire cette île dans sa colère, elle donnera peut-être naissance à un nouveau type de Chaman et un nouveau type d'Ombre. Devaraj était un peu naïf quand il s'agissait de songer le futur, parfois, il retrouvait son imagination très fertile de son enfance ainsi que quelques graines d'espoirs pour des horizons nouveaux. Nouveaux, et bénéfiques.

[Événement] - La Terre d'Edel III Astero11


«C'est ici ? » Le serviteur hocha la tête en désignant la parcelle. Elle se trouvait éloignée des autres villages et des grosses constructions qu'on apercevait quelques kilomètres plus loin. Un domaine de mille hectares avaient été réservé, encore vierge de plantations. Lui aussi avait quelques problèmes d'ambition démesurée, puisqu'il avait prévu de transformer cette endroit en véritable herboristerie. Le climat était parfait et donnait accès à une grande variété de son choix. Cela faisait trop longtemps qu'il avait mit ce projet sur le côté. Maintenant qu'un semblant de paix le traversait, il ne pouvait pas laisser passer l'occasion d'exercer son métier à juste titre. Le Suprême de l'Au-Delà salua les personnes présentes et se dirigea vers l'autel qui avait été préparé. Il s'était vêtu d'une tunique blanche et de peinture tout aussi pâles. Puisqu'ils n'étaient plus sur l'Île Maudite, les rituels étaient un peu bouleversé avec l'absence de l'Aether de la Mort. Impossible donc, de sacrifier qui que ce soit. Devaraj avait opté pour une série de prières suivi d'un lâcher de colombes sous ses bénédictions gutturales. Il écarta les mains vers le ciel et prononça après un silence solennel. «o Wom'Zaïkam'Yé'Hǫfðingi  y'rësoli wa Azetheri» En tant que Suprême de l'Au-Delà, messager des Aetheri.«Raoni wa h'mtali kalamisahn'Helma erët.» Que la Vie bénisse cette terre sacrée. «Babelsba wa h'mtali kalamisahn'Helma erët.» continua-t-il en égrainant la longue liste des Aetheri invités, commençant par Edel bien sûr, mais aussi l'Aether des Alliances, de la Sagesse, de l’Émancipation, de l'Amour, des Arts, de la Nature, de l'Espoir, et bien d'autres jugés nécessaires à cette entreprise. Il fallait aussi recommencer l'incantation en langue commune. Cette bénédiction donnait l'aval du roi et officialisait la participation des Chamans à la colonisation de la Terre d'Edel. Le rituel se répéta une seconde fois devant une foule sur le parvis en chantier de la pyramide, puis dans d'autres lieux que les Chamans ou les Ombres avaient souhaités bénir. On garda des plumes prises aux colombes en guise de totem personnel pour les habitations, puis les membres la tribu Raya offrirent de graver les symboles des divers Aetheri sur des portes ou des objets.

1853 mots | Merci  nastae

Plusieurs choses :
- j'ai décris les constructions côté chaman avec les différentes occupations selon les tribus. Les maisons ressemblent à ça.. En gros quelques villages, un port et puis la grande ville.
- j'ai décris les plantations en cours avec quelques essences mais c'est très loin d'être exhaustif donc allez-y de votre côté si vous le souhaitez 8D
- Devaraj a réservé une parcelle pour faire son herboristerie. Du coup si vous voulez participer au projet vous pouvez 8D
- Devaraj officialise du côté Chaman (parce-que de base Aylimr lui avait pas demandé sa permission donc c'était un peu tendu xD). Il fait plusieurs bénédictions générales auxquelles vous pouvez assister.
- Devaraj cherche aussi une Ombre qui serait motivée pour se porter responsable des siens, parce-qu'il veut pas que les Chamans prennent trop de place et préfèrerait que ce soit un vrai accord entre les deux peuples. ^^ Aussi Aylimr est un peu ambitieuse (en mode "poussez vous je suis la") et pas forcement aimable donc vous pouvez trashtalk sur elle. xD mais de toute façon elle va mourir, pas d’inquiétude 8D Autrement les autres chamans sont assez respectueux et amicaux. ^^


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Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

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Sól
Dim 13 Oct 2019, 12:10



La terre d'Edel III


« La vie ne vaut pas la peine d'être vécue... » « La vie... La vie est injuste ! Si c'est pour souffrir autant, à quoi bon vivre ? » « Autant abandonner... » « J'abandonne ! J'en ait assez ! » « Le cadeau d'Edel est empoisonné. » « Edel et son cadeau... C'est ce que vous me répétiez sans cesse, mais vous mentiez ! Ce n'est pas un présent des dieux ! C'est une véritable malédiction ! » « C'en est assez. » « C'est fini ! Je ne le supporte plus ! » « Adieu... » « A jamais ! » La jeune femme, les joues recouvertes des larmes de désespoir, monta sur la bordure de la barrière. « Marlène, non ! » implora son amie, à quelques pas de celle qui s’apprêtait à commettre le pécher suprême. Un sourire s'esquissa sur le visage de la jeune femme. C'était étrange. Elle qui avait toujours craint la mort, qui s'était acharnée, accrochée désespérément à cette funeste mascarade qui lui servait de vie, voilà qu'elle se sentait soudainement libre. Bien plus libre que toutes les fois où elle avait repoussé l'étreinte d'Ezechyel. Mais maintenant qu'elle l'acceptait, qu'elle lui tendait les bras sans appréhension, voilà qu'une sérénité l'envahissait. Elle faisait le bon choix, elle en était certaine. La Mort serait une délivrance. Un échappatoire aux fardeaux qui l'avaient enchaînés durant toute sa misérable vie. Marlène étendit les bras puis, sans une once d'hésitation, se laissa avaler par le vide, le cœur dénué de toute crainte, comme si elle s'en allait rejoindre une vieille amie. « Non ! » hurla sa compagne tout en courant vers l'endroit où se trouvait, une seconde plus tôt, sa camarade. Les yeux écarquillés, elle observa la chute, qui sembla s'étirer jusqu'à l'infini. Le corps fut engloutit par les flots, en contrebas. La silhouette avait été dévoré, aspiré. Elle était là, puis avait soudainement disparue. Ca semblait irréaliste. La vivante resta immobile un instant, le temps que son esprit réalise. Qu'il accepte la réalité, aussi dure fut-elle. La femme se mit à pleurer, à hurler d'indignation, de désespoir.

Davina observait la scène, immobile. Sans doute aurait-elle dû ressentir la satisfaction du devoir accompli. Cette sensation gratifiante lorsque l'on est témoin du résultat de son dur labeur. Mais non. L'Ombre ne ressentait... rien. Que le vide étouffant, le silence assourdissant de la solitude et de la mort. C'était voulu. C'était recherché. La jeune femme avait cessé d'espérer. Elle avait stoppé d'aspirer à une vie normale, arrêté de courir après des chimères. Son départ de la terre d'Edel lui avait fait comprendre quelque chose : ce monde appartenait aux Vivants. Il n'y avait pas de place pour elle. Ou tout du moins, pas de place pour elle en tant que mortelle. Elle avait dû renoncer à cet espoir, renoncer à ses illusions. Ca avait été douloureux. A nouveau, elle avait ressentit la souffrance, le désespoir, l'amertume. C'était comme de se réveiller d'un rêve merveilleux et de réaliser qu'il ne s'agissait que de cela, rien de plus qu'un simple songe, et que la réalité nous aurait injustement rattrapé, arraché à cette lueur chaleureuse pour nous replonger dans l'obscurité. Passé les premières lunes, l'ancienne Orine avait fini par s’accommoder à ce mélange toxique. Elle l'avait apprivoisé, avait valsé dangereusement avec, avant d'user de son illusion d'Edel non pas pour retrouver un corps tangible, mais pour s'hypnotiser. Pour oublier tout ce qu'elle pouvait ressentir. Pour s’anesthésier complètement, jusqu'à ne plus rien éprouver, sinon le sens du devoir. La connaissance de ses tâches et la motivation suffisante pour les accomplir. Commença alors une longue succession de journées se ressemblant. L'Appel de la Mort.

La bénédiction d'Edel, la Terre créée pour soulager ses enfants, n'avait pas fait qu’apaiser les tourments de ses serviteurs. Non, elle avait également provoqué une défaillance dans le cycle. Séduites par cette promesse de bonheur, par cette illusion de vie meilleure, les Ombres avaient cessé d'exercer leurs fonctions. Elles avaient déserté leurs postes, délaissé leurs devoirs, abandonné leur tâches sacrées. Les morts ne le restaient plus longtemps, les Faucheurs trop débordés pour assurer la collecte des âmes. Les naissances n'avaient plus lieux, ou plutôt elles ne débouchaient que sur des morts-nés qui n'avaient en fait jamais été vivants. De façon générales, les naissances étaient simplement plus rares, hormis sur la Terre sacrée où elles se faisaient anormalement élevées. Une bénédiction supplémentaire pourtant considérée comme une véritable ignominie pour certains. Les rares servantes qui étaient restées au service de l'Esprit de la Mort étaient plus débordées que jamais : les suicides s’enchaînaient pour essayer de pallier cette désertion, ce manque de main d'oeuvre. Bien sûr, aussitôt délivrées de leurs prisons invisibles, de leurs chaînes, les nouvelles Ombres ne tardaient pas à entendre parler de cette terre des merveilles, et vouloir rejoindre les rangs des traîtres... Davina en avait fait partie. Elle avait tenté de s'acclimater à cette nouvelle vie, d'accepter ce présent, avant de se résoudre à regagner sa véritable tâche... Elle avait fini par comprendre : cette vie n'était pas faite pour elle. Ce que le Destin attendait d'elle, c'était qu'elle poussa d’innocentes âmes à rejoindre leur rang, comme d'autres l'avaient poussé à son tour à passer du côté des immortels...

L'Ombre sentit son corps se faire aspirer par les ténèbres. Elle ne résista pas et se laissa happer par le néant. Sous sa forme brumeuse, intangible, elle traversa les continents jusqu'à réapparaître, flottant au dessus des flots. Devant elle, la terre d'Edel. Souvent, elle revenait ici, observer de loin ce à quoi elle avait renoncé. Ce qu'elle avait perdu en laissant cette opportunité derrière elle. Parfois, lorsque sa magie vacillait, elle se sentait tenter d'y retourner. Ce serait si facile d'abandonner ses convictions, qui n'étaient sans doute même pas vraiment les siennes à la base... Ce serait bien moins difficile d'accepter le bonheur qu'on lui offrait sur un plateau d'argent. Mais non. La brune résistait. Elle acceptait son fardeau et se contentait de flâner à la limite du territoire empoisonné. Elle s'hypnotisait de nouveau jusqu'à ne ressentir qu'une indifférence détachée à l'égard de ce qu'elle voyait de l'autre côté. Elle avait entendu dire que les villages s'étaient de plus en plus développés. Que les gens apprenaient vites. Qu'ils s'amusaient. Était-ce le cas de Henri ? Avait-il lui aussi réussi à bâtir la maison de ses rêves ? A redémarrer une civilisation en laquelle il croyait vraiment ? A fonder une famille ? Ou bien son départ l'avait-il trop chamboulé ? Était-il triste de l'avoir vu quitter l'île à jamais ? Avait-il pleuré ? Une part enfouie de la faucheuse l'espérait, peut-être secrètement. Mais la réponse importait peu, encore une fois. Sa décision était prise et elle ne reviendrait plus dessus. Elle avait décidé de servir son véritable Maître, de se plier aux exigences d'Ezechyel et de ne pas écouter les caprices de la Vie. Lorsque le visage de Henri lui revenait en mémoire, elle se forçait à repenser à autre chose. Elle étouffait cette image par d'autres : le dernier sourire d'une inconnue avant qu'elle ne saute d'un pont, les larmes d'un désespéré qui s'enfonçait une larme en plein cœur, le champ de Campanule de Maëlith... Des bribes décousues de souvenirs pour essayer de noyer ceux trop douloureux, ceux qui auraient pu signifier être heureuse.

« Vous n'entrez pas ? » demanda une voix. Davina se retourna, imperturbable, pour faire face à  l'homme qui l'avait dérangé dans sa contemplation. Lui aussi flottait dans le vide. L'un de ses collègues, à n'en point douter : elle ne voyait pas sa Clepsydra. « Non. » « Pourquoi pas ? » « J'en suis déjà ressortit. » « Et vous ne comptez pas y retourner. » « Non. » « Jamais ? » « Jamais. » « Pourquoi cela ? » « Il ne sert à rien de se bercer d'illusion. Ezechyel n'est pas aussi clément que nous le pensions lorsque nous avons rejoins son domaine. » Puis, sans rien ajouter, la femme s'en alla, sentant à nouveau l'Appel de la Mort sonner quelque part.
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Lun 21 Oct 2019, 18:46

Des effluves d'acacia lui parvint, ainsi affalée sur cette chaise en bois. Sa langue continuait de lécher les interstices de ses dents, encore envahies par les résidus du dessert spécialement préparé par sa Mäma. Active malgré le silence pesant dans la demeure, Gwyden Sùlfr continuait de faire chauffer les fourneaux pour une nouvelle tournée de tapioca au lait de coco. La cuisine Orisha ne lui manqua pas tant que ça, la Chamane en avait presque perdu le goût, au profit des plats typiques de son peuple. Malgré tout, elle ne se lassait jamais de l'atmosphère toute particulière de Megido, la capitale. Au fil des ères, le tout se métamorphosa sous ses yeux de jeune fille, avant d'arriver à ce résultat : l'éveil d'un peuple nouveau et fier. Ses passages se raréfièrent, effectivement, car la Chamane y perdit petit à petit toutes ses attaches. Son ouverture au plan spectral, l'appel de Ciel-Ouvert, l'abandon de sa foi envers Sympan, le trépas de ses proches… Tout semblait bien trop calme entre ces murs de la demeure de Léto Sùlfr, alors qu'y logeaient sa mère et sa garde rapprochée, de remarquables loyalistes ayant prêté serment à la Souriante ; il y a de cela tellement longtemps. Finalement, plus rien ne retenait vraiment Léto, ici, si ce n'était sa maternelle.

Le teint livide, quasi vampirique ou cadavérique, Gwyden déposa ses dernières œuvres sur la table centrale du salon, où grouillait des jouets en bois ayant appartenu à Prune, sa petite-fille. L'Orisha les laissa comme un pan de décoration, afin d'égayer les lieux et ne pas faire croire à ses voisins qu'elle croupissait dans son futur tombeau. Léto la fixa, se servant une boisson apparemment brûlante. Gwyden ne lui en proposa pas, connaissant les préférences de sa fille comme sa poche. Ces deux femmes traversèrent les âges et les épreuves, chacune sur une route bien différente. Ironique dans le sens où le véritable nœud de leurs parcours se défit ici-même, à Megido. L'écart ne fit que se creuser avec la mort – ou la libération – d'Hagiel, le père de Léto. Enfin, l'assassinat de Derflam, le frère, par les Gandr ne fit que concrétiser la fin de cette branche. La Chamane n'était plus que la seule à engendrer une descendance, bien qu'elle ne suivît pas les pas de leurs prédécesseurs. Pour le meilleur ou pour le pire.

Il n'y eut cette fois là point de mots. Étonnant peut-être, pour la grande bavarde et expressive qu'elle était, mais il en était ainsi chez les derniers Sùlfr de cette maison. Volontairement déchue de sa noblesse, Gwyden rendra son dernier souffle ici, en tant que quidam sans prétention, pour mieux pouvoir rejoindre son mari et son malheureux fils dans l'Au-Delà. Quant à Léto…


~~~

D'un geste minutieux, la scie sépara les deux planches en une symétrie parfaitement calculée. L'Ombre paraissait moins à l'aise avec ces autres outils – plutôt que sa hache de bûcheronne – mais elle s'en tirait bien, avec les précieux conseils du vieillard d'outre-mort. Cela faisait bien longtemps que le suicidé ne prît d'apprentis sous son aile, bien qu'il ne trouvât pas que cette femme à la chevelure, tirant vers les épis de blé, ne fut qu'une simple novice. Elle lui avait raconté beaucoup de choses sur sa vie d'antan, avant le passage au nœud coulant. Avant de réaliser l'affront de contourner le berceau d'Ezechyel, la jeune femme était une fermière, d'un continent dont le vieil homme n'entendit que peu parler. Le Matin Calme. Jadis, ces terres abritaient des jardins aux savoirs ancestraux, une modeste bourgade commerciale, et un port. Les Sùlfr travaillaient pour l'une des compagnies portuaires, spécialisées dans la construction, la vente et la réparation de navires. Le deal : récolter du bois, le couper et l'acheminer vers l'entrepôt. Simple, ainsi dit, cependant toute la particularité de cette histoire résidait dans le comportement tyrannique de leur employeur. Il en fallait plus, toujours plus, au point que l'argent devint une véritable source de problème pour la pauvre famille. La santé du père se tarit, l'assistance de son fils ne suffit pas, l'acharnement de sa fille à se crever à la tâche non plus. Bref, l'irréparable lui parvint jusqu'au cou, inévitablement.

" Vous étiez si jeune, c'est un gâchis. Pour elle, ce n'était clairement pas le cas : il n'y avait pas d'âge pour affronter la Mort, puisque par un calcul très simple : notre existence sera, dans tous les cas, davantage régie par le règne d'Ezechyel que celui d'Edel. Des milliards de résidents de Zterbiuh'Oshi pourront en témoigner.
- J'ai eu des enfants, qui ne suivront pas le même chemin que moi. Cela me suffit. Cette déclaration sembla prendre de court la vieille Ombre, sans pour autant ajouter quoi que ce soit. Le plus important, c'étaient ces quelques coups de marteau plus tard qui consolideront la charpente. Il s'essuya alors le front, profitant encore une fois à pleins poumons des affres de l'effort, une sensation plus que bienvenue.
- Le gros est fait… C'est l'étape suivante qui nous… Il se tourna vers Léto. Qui m'attend, au temps pour moi. Vous aviez dit ne pas vouloir vous aventurer sur ces terrains-là, pourtant vous apprenez vite ! La Chamane sous le manteau de l'Ombre lui rendit son sourire, passant une main dans ses cheveux un chouïa en pagaille.
- J'ai apprécié ce moment avec vous, il est bon de retrouver ces automatismes et de s'appliquer à la tâche. Quelque part, j'ai l'impression que mon père veille toujours sur moi. Mais je ne dois pas rester sur cette Terre. Ce serait… de l'hérésie. Le mot, fort, lui fit un choc de sa part. L'Ombre a toujours été plutôt mystérieuse, imprévisible par moment, toutefois il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit aussi radicale. Je m'en vais et ne reviendrai jamais.
- Pourquoi ? Edel nous fait grâce d'une immense faveur, vous ne vous en rendez pas compte ?! Léto secoua la tête, ferme. Vos enfants pourraient venir vous voir, ce serait une occasion inouïe, vous ne trouvez pas ? Elle baissa légèrement les yeux, souriante. Ses fils et filles ne souhaiteraient aucunement la voir dans cet état, non. Et ceci était bien réciproque. Vous n'y arriverez pas, de toute façon. Ses yeux vairons le dardèrent une nouvelle fois. Nous reviendrons toujours, c'est la nouvelle loi du Cycle. Pas plus tard que ce matin, beaucoup ont tenté de quitter la Terre d'Edel en vain, même temporairement. Savez-vous pourquoi, Sùlfr ? Il s'approcha, l'expression fataliste. Car nous sommes les nouveaux esclaves d'Edel, à présent. Nous re-goûtons enfin à la Vie et nous le lui rendrons bien. Ils se souviennent de nos maux, de notre malédiction. Le vieillard se tapota la tempe du bout de l'index. On ne peut pas oublier, ni nier. Ce n'était pas le but de la Draugr de jouer avec les nerfs de son "faux" peuple, mais la couronne lui servait à merveille ses intérêts. En soi, cet homme touchait du bout des doigts la vérité : il était temps de passer à l'étape suivante.
- Profitez bien de votre futur chez-vous, vous semblez prêt à l'accepter comme votre éternelle demeure. Une révérence plus tard et elle prit congé. Adieu. "

À la différence des terres intérieures, là où l'herbe demeurait encore plus verte, les projets d'Aylimr hissaient les couleurs chamaniques sur la côte, d'une façon qu'on pouvait dignement qualifier d'indécente. De plus en plus d'Ombres parcouraient la même route que les Chamans, alors que les constructions battaient leur plein. D'autres tribus rejoignirent la Terre d'Edel, mais Souw ne se prêtera pas à l'exercice : les Esprits, ici, ne cherchent pas justice, mais la paix. C'était bien pour cela que Léto pouvait se permettre d'exercer les pouvoirs de la couronne de la mort, sans avoir à se soucier des fameux regards. Elle fixa les limites de l'emprise d'Edel, l'horizon par-delà les flots salés. " Je mets fin à mon règne. " L'artefact prit forme au creux de ses mains, tandis qu'elle recouvrit son enveloppe naturelle. Légère. Enfin… Si proche…


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Mancinia Leenhardt
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Mancinia Leenhardt
Mar 22 Oct 2019, 17:15

J'avais mis une main contre mon visage avec l'impression qu'un mal de crâne m'avait saisi, à moins que ce ne soient des nausées et une irrépressible envie de vomir qui m'animait le corps. Je ne m'en souvenais plus très bien. Tout était confus dans mon esprit. Je n'avais plus vraiment conscience de rien. Que s'était-il produit ? Avais-je bien vécu une naissance ? Cela semblait si irréel. Ils étaient tous morts, n'est-ce pas ? Comment une Ombre pouvait-elle enfanter ? Edel avait une puissance redoutable, elle était celle qui animait la vie en toutes créatures, cela relevait de l'évidence que ces miracles successifs étaient de son fait. C'était réellement leur rendre la Vie dans la Mort. Quel concept déroutant, loin de toutes les choses que j'avais pu apprendre depuis mon trépas volontaire. Des doutes, des craintes, peut-même de la terreur. Tous ces sentiments négatifs ne cessaient de m'assaillir. Ezechyel n'était pas un Aether clément. Je l'avais appris. Une douloureuse leçon, des décennies de servitude au Cycle. Une certaine routine, une certaine acceptation. Je ne savais pas. C'était simplement ainsi, mais en y repensant, ne serions-nous pas maudits ? Ne serions-nous pas encore plus punis de notre Acte par la suite ? Est-ce que rester ici était une bonne idée ? Je l'ignorais et je ne souhaitais pas m'interroger pour l'instant. C'était une autre question qui me rendait malade et que j'essayais de mettre dans un coin de mon esprit. Oublier, voilà qui était le mieux, probablement. Pourtant, la Vie grouillant aux alentours ne me le permettait pas.

Ce n'était pas tant oublier ou ignorer l'éventuelle colère de l'Aether qui me faisait frissonner. Je n'en revenais tout simplement pas, comme si j'étais en état de choc. Cet état qui frappait en général les grands guerriers après une escarmouche particulièrement sanglante, un incendie dévastateur ou la perte d'un être cher, surtout lorsque ce dernier s'était suicidé devant vous. Non. Je n'en revenais pas. J'avais assistée à une naissance. Une Ombre venait de donner la vie et, avec mon expérience d'une autre vie semblable à un vieux songe, j'avais réussi à apporter mon aide au cours de cet événement délicat et impressionnant. Beaucoup d'Ombres avaient été déroutées, nous n'étions pas prêtes à vivre cela. Revivre, comme avant, c'était...Trop, probablement. Tout ce bonheur qui arrivait d'un coup était tout aussi effrayant. Les Aetheri étaient effrayants. Je n'en avais jamais doutée, mais le vivre, voire le ressentir, c'était encore plus terrible. Finalement n'était-ce pas là l'horrible malédiction ? Un test des Aetheri ? J'en tremblais. J'avais assisté à cela contre mon gré. Je n'y croyais pas un instant, mais la peur avait saisi presque tout le monde. Difficile de retrouver les bons gestes et les réactions adéquates quand tout cela vous avait été retiré depuis longtemps. Ces événements me renvoyaient à mes propres accouchements et ce, avec des sentiments nouveaux. La fierté, l'amour, la douleur éprouvée presque innommable. Le bonheur d'autrefois. Avant que tout cela ne s'arrête brutalement et que la noirceur s'installe en moi.

Le terme était délicat et les souvenirs trop douloureux. J'aurai sans doute pu m'en remettre si ce bébé n'avait pas choisi de vivre en moi, détournant mon époux, me faisant haïr mon propre corps et m'obligeant à ne plus regarder mes deux fils. J'avais choisi de mettre un terme à tout cela en sautant du haut d'une falaise, près de l'océan. Cet endroit que j'avais tant aimé et qui était devenu ma redoutable prison. En devenant une Ombre, en me condamnant à cette existence emplie de souffrances, je m'en étais peut-être épargnée une bien pire encore. Je ne le saurai jamais. Seulement, il y avait une interrogation dans mon esprit, un point affreusement sombre. Est-ce que ce bébé était encore en moi ? Est-ce que ce dernier viendrait au monde dans quelques mois, dans cet endroit ? Est-ce que je devrais l'élever, comme si cette malédiction me poursuivait, même dans la Mort ? Non, ce n'était pas possible. Je le refusais. Je préférais mourir une seconde fois. Ma haine envers les Démons était innommable tant elle était grande. Un trait familial, sans doute. En y repensant, ce devait être dans la nature des Humains de les détester. Une entende n'était pas faisable après tous leurs massacres. Leur nature mauvaise et viciée. Ces gestes, cette douleur. Tout cela me revenait en mémoire avec une force délirante. Je devais sortir de cet endroit qui me servait de dortoir, prendre l'air. Peut-être rencontrer un médecin et m'assurer que tout était au mieux et que je ne craignais pas de voir cette salissure immonde revenir.

Je me promenais près de ce qui s'apparentait à un port, l'air était doux dans mes cheveux et sentir le sel dans mes narines me fit éternuer. Cela faisait combien de temps depuis la dernière fois ? Ces architectures étaient incroyables et avait maîtrise dans la construction que je ne connaissais pas. Il faut dire que j'avais vécu entre les routes et les cabanes en bois. Tout ceci me paraissait être du luxe. Les Ombres étaient désormais nombreuses, tout semblait aller au plus vite. Des maisons étaient nées du néant, il y avait quelques lieux d'agriculture et de nouveaux visages étaient apparus. Des Chamans. J'étais surprise de les voir pour la première fois. J'avais entendus parler de ces alliées qui nous assistaient, mais en croiser ne m'intéressait guère. Avant. Il y avait seulement Aylimr qui m'insupportait. On aurait dit un enfant capricieux et l'idée de le pousser au suicide était séduisante pour bien des nôtres. Cet endroit me plaisait, mais en même temps, mon devoir s'était éteint. Le Cycle. J'ai abandonné le Cycle pour une éventuelle nouvelle vie, mais je me rends bien compte que rien ne me rendrait l'ancienne. Pas même la Douce Edel. Alors, il fallait que je prenne une décision. Rester ou partir.

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