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 Le Domaine des Digitales | Solo

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Lun 02 Sep 2019, 19:57



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Intrigue/Objectif : Suite à la bénédiction des terres par le Suprême de l'Au-Delà, création du domaine, constructions et plantations.


Précédement...

La brise matinale faisait frémir les roseaux de la berge et glissait gracieusement sur l'eau claire, qui filait entre les pierres rosées dans un bruissement reposant. Quelques oiseaux chantaient, perchés dans les branches pliées des saules pleureurs. Des les herbes hautes, des reptiles cherchaient de quoi manger, provoquant de brefs glissements. Rien ne venait contredire et déranger ce que la nature avait instauré en ce lieu si éloigné de toute civilisa- «Ah ! Vous êtes là ! Je vous trouve enfin !» Mamie Vadou porta ses poings contre ses hanches et contempla l'homme couché dans l'herbe grasse, ne lui laissant pas le temps de réagir. Elle s'écria de nouveau de sa voix aigrelette et désagréable. «Vous êtes un exploitant esclavagiste qui roupille au frais pendant que les hommes se cassent le dos en plein soleil ou bien vous êtes l'apprenti que j'ai autrefois formé avec honneur et qui est devenu un grand herboriste mondial ! Debout chenapan ! Misérable ! » Sa canne se leva et atterri brutalement sur le crâne du concerné, dans un craquement redoutable. Toutefois l'effort lui coûta une toux effrayante, dont elle se plaignit en gémissant. «Phoebe est témoin, ce n'est plus de mon âge de vous surveiller comme si vous aviez quatre ans ! » La vielle femme reparti aussi vite qu'elle était arrivée. Elle se déplaçait avec une vivacité qui dépassait toute logique pour quelqu'un de son âge, malgré ses tremblements et ses crises de toux. L'homme, qui était encore en train de se masser le crâne, soupira. Il passa ses doigts le long du masque en argent qui reposait à ses côtés. La beauté et la tranquillité du lieu lui arrachait toujours des râles nostalgiques qui le plongeaient dans une mélancolie infinie. Il n'arrivait jamais au Domaine par la route principale et préférait emprunter un chemin à chaque fois nouveau, par les champs et les bois.

«Et toi, que penses-tu de lui ?» Le jeune homme s'arrêta momentanément de trier les brins de lavande, pour relever la tête et fixer son ami. «Je ne sais pas, je ne l'ai jamais vu de près. Il fait beaucoup parler de lui en tout cas, et tourner des têtes sur son passage...» Il se rassit sur son tabouret en bois en prenant une position qui lui serait plus confortable le temps de finir la cagette qui se trouvait sous leur nez. Autant dire qu'ils en avaient pour jusqu'à la fin de l'après-midi. Alors ils s'occupaient à bavarder de tout et rien, et surtout des événements récents qui perturbait la tranquillité du Domaine, comme la bénédiction du Suprême de l'Au-Delà, ou bien la visite de l'Apothicaire. Il lorgna à quelques mètres d'eux, vers un autre groupe de travailleurs, en écoutant d'une oreille vague la voix de son ami qui répondait. «Une fois, il est venu à côté de moi, il s'est assit pour éplucher les zestes de trois caisses d'oranges. Et il n'a pas prononcé un seul mot pendant quatre heures ! J'étais dans le mal, je te raconte pas... Tu m'écoutes ?!» Non, le concerné écoutait plutôt la jeune femme aux boucles blondes et à la poitrine généreuse, qui avait exactement la même discussion avec ses collègues. «Il parait que pendant la guerre, il a perdu les plantations de sa famille. Et que sa fiancée serait morte dans ses bras en lui faisant promettre de les rendre prospère à nouveau !» Des exclamations surprises fusèrent. «Nooon ? Moi j'ai entendu qu'il avait passé quatre années enfermé et torturé dans une prison sorcière, après les combats.» Autant de légendes que de bouches bavardes courraient sur le maître du Domaine, un personnage anonyme et dont les apparitions étaient discrètes malgré son charisme inégalé. «C'est un ermite qui veut s'exiler du monde.» La blonde secoua la tête. «Moi je le trouve mignon. Mystérieux.» Son amie s'étouffa. «Mignon ? Mathilde, mais on ne voit pas un seul morceau de son visage !» Elle fronça les sourcils, contrarié, et changea de sujet. «C'est l'esprit qui compte ! Et que penses-tu du Suprême de l'Au-Delà ?» «Oh ! Il est mignon, lui ! Mais un peu... effrayant. Il a l'air de faire un bon propriétaire, en tout cas.» Tout le monde se tût brutalement lorsque le claquement typique d'une cane retentit dans les couloirs, jusque sur la terrasse sur laquelle ils étaient installés. «Dîtes donc ! C'est pas un poulailler ici ! Le tri ne va pas se faire tout seul mes pipelettes amourachées ! » Mamie Vadou les gratifia d'un regard terrifiant. «Le Suprême de l'Au-Delà attends des résultats.» Elle tourna les talons aussitôt dit, aussitôt fait, cachant un sourire malsain aux yeux de ses naïfs employés.

Beaucoup plus loin, dans les exploitations, un Chaman et une Ombre arrosaient et désherbaient les plants d'amandiers encore tout jeunes. «La bénédiction était magnifique. J'en ai eu des frissons tout le long !» La jeune femme arracha une série de mauvaises herbes. «Vous les Chamans, êtes facilement émotifs, j'ai l'impression.» Le concerné sembla cependant se vexer. «Tu me dis que la bénédiction n'était pas belle ? Tu as un problème avec notre roi ?!» Elle grimaça, esquissant un sourire. «Non je- Je suis sûre que les Aetheri cités sauront reconnaître l'hommage et la prière à sa juste valeur. Ne t'inquiètes pas...» Elle soupira. Pas encore très habituée à ressentir de nouveau des sensations et sentiments, elle n'avait pas pu profiter de la cérémonie comme elle aurait dû. Et cet idiot prenait mal toutes les critiques qu'elle pouvait faire à son encontre... «Bref. Nous avons encore les oliviers à arroser, sur les trois planches. Tu ferais mieux de te taire et d'avancer.» La jeune femme rabattit son chapeau sur sa tête et continua de travailler dans un silence stoïque, choisissant d'ignorer les prochaines questions du Chaman.

L'Apothicaire rejoignit Mamie Vadou en haut du promontoire qui permettait de voir l'étendue du premier plateau. «Vos graines poussent anormalement vite.» L'homme étouffa un rire derrière son masque. «Je n'y suis pour rien. Cela ne me semble pas choquant que la Terre d'Edel soit anormalement fertile.» Il se tût, absorbé par l'harmonie des couleurs qui formaient le paysage comme s'il s'agissait d'un tableau de maître ouvrant sur une fenêtre du paradis. «Nous devrions étudier le climat et les possibles saisons...» Il hocha la tête, silencieux, pendant que son acolyte continuait d’énumérer les prochaines tâches à venir pour la finalisation du Domaine. «Je vais rapatrier ce que vous avez laissé, hum- avant la guerre. Ce que nous construisons ici sera solide, vous verrez. Nous ne couleront jamais.» Mamie Vadou ne ressemblait plus à la jeune femme qu'elle avait été. Son caractère s'était empiré et ses fantasmes étaient devenus démesurés. Il semblerait que chaque personne qui le côtoie pendant une durée trop longue soit voué à devenir fou, pensa-t-il avec amertume. A travers son masque neutre, il voyait les étendues verdoyantes, roses, violettes, rouges, oranges, jaunes. Les collines et valons qui cachaient chemins de terres ou de pierres et maisons blanches. «Laissez-moi seul.» Tout ceci... C'était à lui. Ou plus exactement, c'était à eux, c'était un hymne au passé révolu, aux souvenirs anéantis et aux rêves déchirés.



Un hommage et une promesse à l'homme qu'il avait été, un jour. L'homme qui était mort, torturé, balloté comme une vulgaire feuille d'automne. Il s'était asséché lui aussi et puis, il avait disparut dans le Néant. Avec lui, avaient disparus beaucoup d'ambitieux projets, de fantasmes exagérés. Le maître des lieux étira ses lèvres invisibles. Que faisait-il, au juste ? Était-il devenu complétement fou ? Était-ce bien de l'espoir qui étouffait sa poitrine ? Devait-il désormais se scinder en plusieurs personnalités pour pouvoir savourer différentes envies et émotions et prier différents cultes ? Qu'avait-il, à goûter à pleine bouche à ce fruit défendu qui s'étendaient sous ses pieds, sur plusieurs kilomètres de terres paradisiaques ? Voilà qu'enlever un premier masque pour en revêtir un autre lui donnait l'illusion stupide de pouvoir échapper à ses responsabilités. Les couleurs se mélangèrent dans ses yeux pâles et perçants. Son ombre disparût, évaporée par l'instabilité de son corps matériel. Des cloches retentirent brusquement au loin. Autant d'appels que de coups sonnés, qui provoquèrent l'explosion du Lien Divin sur lequel il n'avait aucun contrôle. Elle avait peut-être raison. Pour parvenir de l'autre côté de l’échiquier, il devait prendre des risques. Ironiquement, il avait toujours su depuis qu'il avait découvert cette terre, qu'elle représentait une tentation dangereuse et chaotique : celle de la liberté et de l'émancipation totale, celle de se construire des idées folles et d'y croire volontairement. Il voulait que la réalisation de ce rêve d'enfant soit parfaitement accomplie, du début à la fin, mais il commençait aussi à percevoir que cette stupide promesse déboucherait peut-être sur des projets plus grands. Qu'avait-il à y perdre ? Tout, absolument tout. Son problème était qu'il allait tenter quand même. Elle était folle. Par sa faute, il venait de se souvenir d'une sensation très chère à ses yeux : celle du danger. La luminosité se brouilla autour de lui alors qu'un vent lui apportait une sombre mélopée qui le prit aux tripes. Il frissonna, rassemblant ses forces pour ne pas tomber à genoux, et ferma les yeux, l'esprit happé par cette soudaine musique. Il ne s'était jamais senti aussi vivant. Emmêlé dans une vision divine dont lui seul était spectateur, l'homme étouffa un hoquet de surprise et disparût brutalement. Dans son sillage, il laissa la place à un chêne entremêlé d'un rosier aux fleurs blanches. L'arbre surplombait les terres du domaine et ses contours étaient visibles de loin. Sa silhouette étrange attirait l’œil et l'empêchait de s'en détacher, comme si chaque spectateur était voué à en admirer les formes biscornues et pourtant harmonieuses. Alors, si une quelconque paresse parcourait les membres du spectateur, qu'il était mou dans son travail et que ses ambitions étaient dérisoires, son regard restait à jamais accroché à la silhouette du chêne, jusqu'à ce qu'il en tombe de fatigue et s'évanouisse. Les cloches retentissaient toujours plusieurs fois par jour, invisibles et pourtant proches et tonitruantes, quel que soit l'emplacement de l'auditeur, qui, s'il ne se dépêchait pas de prier, tombait au sol, assistant à la réalisation d'un de ses pires cauchemars. L'Apothicaire ne réapparut qu'une seule fois, pour distribuer des gaies bleus à tous ses employés et participer à la récolte fastidieuse des baies de genévriers.

Mots : 1830
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