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 Balet tribal | Dhavala

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Dim 08 Déc 2019, 09:21




Un air tribal mélangé à quelques notes de flute traversière flottait jusque dans la petite cuisine dont la grande fenêtre laissait voir le tumulte de la rue en contre-bas.

Alors, c'est ça, des Ombres ?

La petite fille avait du mal à en revenir. Elle ne voyait là que des hommes et des femmes tout à fait banals, avec un style vestimentaire un peu différent et sans aucune peinture sur le corps. Pour des êtres censés incarner la terrible Mort, elle s'était imaginée quelque chose de plus terrifiant et maléfique. On lui avait toujours dit que leurs alliés naturels étaient tous d'un ennui fatidique, qu'ils ne pensaient à rien d'autre qu'au maintient du Cycle de la Vie et de la Mort,  que les plus faibles d'entre eux étaient victimes de dépressions aussi noires que dangereuses et qu'ils adoraient faire peur aux gens en prenant l'apparence de monstres. Les Ombres étaient capables de provoquer le suicide chez les êtres vivants afin de provoquer la naissance de nouvelles Ombres et d'entretenir leur peuple... Pouvait-elle devenir une victime si elle s'approchait trop de l'une de ces créatures ? En tout cas, cet homme-là qui se fendait la poire au comptoir de l'auberge après avoir raconté une blague salace au gérant, ne semblait pas être déprimé.

Ce n'est pas leur véritable forme ombragée. Cette île est très spéciale, la magie qui règne ici leur permet de vivre librement, d'enfanter et de ressentir à nouveau toute une myriade de sensations. Celles qui choisissent de vivre ici ne sont plus obligées de servir le Cycle.

Et elles font quoi alors ? C'est bizarre, d'abandonner le but et le rôle de sa propre nation.

La petite fit une moue. Sa mère adoptive sourit. Elle n'avait pas la réponse à cette question, personne ne l'avait. De nombreuses rumeurs courraient sur ce soudain éloignement des Ombres de leur mission pour le Cycle. Les Chamans étaient apparemment devenus de véritables commères sur ce sujet précis et de nombreux racontars se baladaient entre la Terre d'Edel et l'Île Maudite.

Cette terre est encore neuve, laisse-leur donc le temps de la modeler pour en faire quelque chose d'utile. Nos deux peuples vont se mêler mais nous sommes bien incapable de prédire ce que cela pourrait donner, tu comprends ?

La petite acquiesça, pensive. Ses mains potelés croisées autour d'un thé sucré, elle regardait avec curiosité tout ce qui l'entourait. Il s'agissait de leur premier voyage en dehors de Awaku No Hi, et des centaines de questions voyaient le jour dans son esprit au fur et à mesure qu'elle découvrait le peuple des Ombres. Dehors, les travaux de construction battaient leur plein au sein de la future capitale inter-raciale. Chamans et Ombres s’affairaient ci et là, partageant leur savoir sur les différents corps de métiers impliqués. Quelques quartiers étaient déjà terminés et habitables, tout comme certains bâtiments importants comme le Temple d'Edel, la capitainerie du port, les docks et les entrepôts.

Va chercher ton frère, je veux que vous m'aidiez à faire les décorations pour l'inauguration de la Pyramide, lui dit sa mère, insistant par là que leur conversation était terminée.

Cela consistait à construire de multiples boules multicolores reliées entre elles par des guirlandes lumineuses, qui viendront envahir toute la cité pendant quelques jours pour fêter l'avancée des travaux monstrueux de la Grande Pyramide, qui trônait sur la ville. Comme les adultes étaient en majorité occupé aux travaux de construction, cette tâche avait été réservée aux plus jeunes qui étaient désœuvrés ainsi qu'aux mentors désignés pour garder les enfants. La jeune femme vit une moue s'installer sur le visage de l'enfant et cela lui arracha un sourire. Zeli'Am'Ya détestait s'occuper de son turbulent et imprudent jumeau et pour cause, ce dernier l'avait déjà entraîné dans des aventures aussi troublantes que dangereuses.

Il est parti dans le jardin. S'il-te-plais, Za ? Il ne doit pas être loin.

Hmph... La brunette sortit donc par la porte de derrière en prenant son mal en patience. Le jardin consistait en une quantité indéfinissable de champs verdoyants, de champs de blé et d'orge, de vergers et, plus loin, de bois et clairières inexplorés. Sur les collines, l'on distinguait le début du Domaine des Digitales. Za savait que son jumeau brûlait d'y aller, mais plusieurs dizaines de kilomètres séparait le domaine agricole de la cité. Il n'avait pas pu aller aussi loin. Elle supposa donc que le chenapan pouvait être en train de faire une bêtise non loin du ruisseau qui coulait en bas de leur maison.

Vous n'auriez pas vu mon frère ? demandait-elle à chaque Esprit qu'elle croisait.

Personne ne pouvait mourir sur cette île, ce qui permettait aux Chamans d'alléger la surveillance des enfants, car ils courraient ici un danger tout à fait inférieur à celui de l'Île Maudite. Au pire, ils pouvaient se perdre ou se faire mal, mais rien de bien traumatisant. Depuis leur arrivée ici, les deux jumeaux goutait à une liberté inattendue. La petite releva sa robe pour sauter de l'autre côté du ruisseau, après avoir grogné son mécontentement. Elle n'avait pas envie de salir la couleur blanche, ni d'effacer les peintures bleu turquoise qui parcouraient ses jambes, ses bras et son visage en une série harmonieuse de cercles, carrés et lignes droites.

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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

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Typhon Gargantua
Lun 09 Déc 2019, 21:08



Une nouvelle téléportation se suivait d’un nouvel environnement et tout portait à croire que cette terre n’avait rien à voir avec le Rocher au Clair de Lune. C’était un terrain trop plat et son l’environnement était à la fois très humide et chaud. La terre natale de Dhavala n’avait pas l’habitude d’offrir ses deux propriétés à la fois, ce qui mettait l’Eversha mal à l’aise dans ce nouvel environnement.

Incommodé par cette terre inconnue, Dhavala se concentra d’abord sur l’observation des alentours. Il pouvait apercevoir des structures de pierres, mais la plus près de l’Eversha se trouvait à un ou deux kilomètres de lui. Les structures les plus imposantes étaient encore plus loin. Il y avait beaucoup de verdure autour du chasseur, mais l’organisation végétale était trop ordonnée pour être naturelle. Le chasseur pouvait conclure qu’il se trouvait en terre habitée, bien qu’il ne vît personne à proximité de lui pour le guider.

Les vêtements primitifs de l’Eversha eurent tôt fait de s’imbiber de sueur, au grand déplaisir de ce dernier. Le jeune homme portait une très grande attention à son hygiène et à son apparence. Il ne pouvait considérer rencontrer la population locale dans un tel état. La priorité fut donc donnée à trouver un cours d’eau assez important pour permettre à Dhavala de faire sa toilette et de bien nettoyer ses vêtements.

Ensuite, le jeune homme allait devoir ajuster ses vêtements pour qu’il puisse mieux supporter l’humidité et la chaleur ambiante. Ce n’était pas bien différent de la saison chaude du Rocher au Clair de Lune. Dhavala allait simplement ranger ses survêtements de fourrure dans son sac. Ses vêtements normaux, en coton, allaient suffire le temps que l’Eversha passerait dans ce nouveau territoire.

***

Dhavala eut tôt fait de trouver un ruisseau avec un débit assez conséquent pour permettre la baignade et le nettoyage des vêtements. L’Eversha suivit ce petit cours d’eau un moment, afin de s’éloigner des bâtiments et de la végétation ordonnée. Le jeune homme espérait ainsi éviter de faire sa première rencontre avant de s’être assuré d’être présentable.

Une baignade plus tard, l’Eversha nu était entouré de ses nombreux morceaux de vêtement trempé par leur récent nettoyage. Il fallait maintenant attendre que le tout soit sec et ranger le superflu dans le sac de voyage. S’allongeant à l’ombre pour reprendre son souffle, le jeune homme s’assoupit pendant un moment. Il se réveilla quelques minutes plus tard, le corps à nouveau ruisselant de sueur. L’effort du nettoyage, la fraicheur de son corps après la baignade et l’humidité de la région avaient complètement renversé les effets de la précédente toilette. Par chance, toutefois, la force du soleil était suffisante pour contrer l’humidité et assécher les vêtements mouillés.

Décourager, Dhavala résista à la tentation de retourner se baigner. Il avait besoin de laisser son corps s’adapter à cet environnement humide. Il fut donc contraint de rester à l’ombre, nu, et d’attendre. C’était ce que l’Eversha détestait le plus de la téléportation. Il n’y avait aucune période d’adaptation possible. Le corps se retrouvait soumis à un épuisant choc et il fallait vivre avec.

N’ayant rien de mieux à faire, l’Eversha s’assoupit à nouveau. Il fallait du temps aux vêtements pour sécher et si la connaissance des cultures étrangères n’était pas la force du chasseur, il supposait que la nudité n’était pas le trait désiré d’un étranger de passage.

***

Avec tout ce temps libre, Dhavala fut forcé d’admettre qu’il n’avait aucun contrôle de son pouvoir de téléportation. Ce n’était pas son pouvoir à proprement parler. Le jeune homme n’avait jamais appris les rouages de la magie de téléportation. C’était plutôt un don, un cadeau, de sa mésaventure au royaume des portes.

Forcément, quand l’Eversha invoquait ce halo de lumière, il était téléporté au royaume des portes. Il en choisissait une et atterrissait dans un nouvel environnement inconnu. Aussi bien dire que ce pouvoir avait une volonté qui lui était propre. Sans le contrôle d’une téléportation plus méthodique, tout ce que pouvait faire le chasseur, c’était de prendre une porte après l’autre, jusqu’à ce qu’il débarque à porter de marche du Rocher au Clair de Lune.

Logiquement, il n’y avait rien qui empêchait Dhavala de se téléporter à répétition dès qu’il confirmait que son dernier déplacement l’avait mené ailleurs que chez lui. Toutefois, ce serait bien mal avisé. Le royaume des portes comportait d’innombrables portes avec des indications qui échappaient à la compréhension de l’Eversha. Il était donc préférable d’emprunter une porte, voir ce qu’il en était, découvrir l’endroit et, à défaut d’un itinéraire jusqu’au Rocher au Clair de Lune, invoquer à nouveau le halo pour prendre une autre porte.

L’alternative, passer par le plus de portes possibles, aussi rapidement que possible, pouvait ne jamais mener le chasseur directement chez lui et lui faire perdre de précieuses opportunités. Qui plus est, la connaissance limitée de la nature exacte de ce pouvoir échappait toujours à Dhavala. Y avait-il une limite aux nombres de téléportations ? Si tel était le cas, le jeune homme ne voulait en gaspiller aucune. En bref, il n’y avait pas d’échappatoire. L’Eversha jugea donc que l’approche lente et méthodique comportait le plus d’avantages, alors c’était celle qu’il allait suivre.

Le gargouillement de ventre qui suivit mena Dhavala à la prochaine question en suspens : la nourriture. Le chasseur n’avait plus de provision et son dernier véritable repas datait de quelques jours déjà. Depuis, l’Eversha s’était nourri comme il le put, rationnant ce qui lui restait de nourriture et profitant des quelques opportunités qui se présentèrent.

Ce mode de vie n’était pas soutenable. Soit Dhavala trouvait moyen pour acquérir la nourriture qu’il avait besoin pacifiquement, soit il la prenait de force. Une chose était certaine, l’Eversha n’allait pas se laisser mourir de faim. Il n’avait pas pour objectif de se faire des ennemis, mais il se connaissait. S’il devait tuer pour se nourrir, alors il n’éprouverait aucun remords à le faire.

Puisque le soleil avait changé de position dans le ciel, le corps exposé du jeune homme n’était plus totalement sous le couvert des ombres. Il se leva pour aller vérifier l’état de ses vêtements. L’humidité de la région ralentissait le séchage, alors Dhavala se trouva un nouveau coin d’ombre en massant son ventre dans une vaine tentative de calmer son appétit.

Puisque le jeune homme disposait encore de presque tous ses moyens, il se dit qu’il essaierait de trouver une façon de marchander ses capacités physiques pour de la nourriture. D’après la position du soleil, il était présentement le début de l’après-midi. Dhavala se donna donc une journée pour calmer son estomac. À défaut de quoi, il tuerait la première source de viande qu’il croiserait pour se repaitre.

Devant toute la verdure qui s’étendait non loin, l’Eversha se demanda ce que ça pouvait être d’avoir un Totem herbivore. Il aurait été bien plus facile de se nourrir si sa forme animale avait été capable d’assimiler cette verdure. Le Totem du tigre ne le pouvait pas. Non seulement il était massif, et doté d’un appétit conséquent, mais aussi, toute source de viande lui était accessible s’il avait assez faim. Fort heureusement, Dhavala avait ses préférences et manger de l’humain ou de la charogne était loin dans sa liste de priorité. Malheureusement, toutefois, ces deux sources de viandes restaient au menu à défaut d’alternatives viables.

***

L’Eversha se leva d’un bon lorsqu’un bruit le tira de son sommeil. Il n’était pas seul. Quelqu’un, ou quelque chose l’observait et ses sens indiquaient une proximité dangereuse. Déshabillé, Dhavala n’était pas armé. Ses armes, ayant elles aussi été nettoyées, étaient plus loin, avec ses autres possessions.

Le chasseur prit donc une position accroupie, presqu’à quatre pattes, un air menaçant au visage. Ce n’était pas le regard d’un homme qui semblait indisposé par son présent état. À l’inverse, c’était ainsi, le corps exposé, que Dhavala était le plus dangereux. Au moindre signe de danger, il prendrait la forme d’un imposant tigre affamé. Au fait de sa faim, ledit tigre ne ferait pas de prisonnier.

Il s’en fallait de peu pour que Dhavala s’abandonne à la bête en lui, mais la raison eut temporairement le dessus. Il avait décidé qu’il attendrait au lendemain avant d’utiliser des moyens plus radicaux. Il laissait donc à la présence le luxe de se présenter ou de fuir. Puisqu’il n’était pas l’instigateur de la rencontre, Dhavala choisit de garder le silence. Selon la tradition Himsaru, si le chasseur prenait la parole maintenant, ce serait pour annoncer son hostilité et défier ses assaillants.

L’Eversha n’en était que déçu de ne pas avoir eu la chance de se mettre présentable. Ses longs cheveux bruns n’étaient pas attachés et lui couvraient une bonne partie de son visage. Son corps à la fois bien en chair et d’un gabarit assez costaud était couvert de sueur à moitié séchée.


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Mer 11 Déc 2019, 22:31




Il n'y avait qu'à choisir de descendre ou de remonter le long du ruisseau pour voir si son frère ne se trouvait pas en train d'y construire un de ses fameux "barrages incroyables". Elle se l'imaginait déjà recouvert de boue de la tête au pied, pleins de cailloux et de branches mortes dans les bras, son sourire idiot collé sur sa face. Bien loin de son esprit l'idée que le coupable était en fait perché sur un des arbres qui jonchaient la berge, en train de l'observer en se cachant délibérément...

Zeli'Am'Yl était un garçon pour le moins turbulent. Pas plus que ses homologues en réalité, mais son imprudence et sa curiosité le poussaient à faire encore plus de stupidités que les autres. Par ailleurs, il était très mauvais élève et n'en faisait qu'à sa tête. De quoi donner du fil à retordre à sa sœur ! Il aurait bien ricané de la voir chercher en vain le long du ruisseau, mais un événement inattendu attira son attention. De haut de son perchoir, il pouvait apercevoir un homme qui se baignait dans l'eau, puis qui se mit à... dormir ? Rien d'inhabituel, mais le garnement aimait bien faire des farces aux adultes quand il le pouvait. Il se déplaça un peu plus sur sa branche pour élargir son champs de vue dans le but de préparer une bêtise, mais son manque d'agilité le gêna et un craquement peu distrait s'échappa de l'arbre. Le garçon se mordit la lèvre, contrarié.

Pendant ce temps, la petite fille s'était approché de l'endroit où dormait l'inconnu, sans même le savoir. Elle sursauta presque en le voyant, puis se reprit bien vite pour le saluer comme on lui avait apprit, après avoir affiché un sourire bienveillant sur son visage. Elle parla en langage commun avec un lourd accent guttural, car les Ombres ne connaissaient pas l'Oddelegy et elle n'était pas certaine de la race de cet individu.

— Bonjour, Monsieur. Que faîtes-vous aussi loin de la cité ? Vous vous êtes perdu ?

Un homme nu, voilà qui était pour le moins banal aux yeux d'un Chaman, bas-âge ou adulte, qui ne risquait pas de finir choqué ou offusqué par cette vue tout à fait naturelle du corps que la Vie leur donnait. Sa position, elle, sortait déjà un peu plus de l'ordinaire. L'individu semblait sur le qui-vive, prêt à attaquer. Etait-ce un guerrier de la tribu Zawa'Kar ? On racontait toutes sortes d'horreurs à leur sujet et leur général était un géant de deux-mètres, dont la mention était utilisée par toutes les mères chamanes pour faire peur à leurs enfants. Pourtant l'homme avait des cheveux, alors que les membres de l'armée avaient tous le crâne rasé pour y inscrire leurs tatouages. Elle avait bien apprit par coeur pendant ses leçons sur la constitution de la société chamanique. Ce n'était donc pas un Zawa'Kar. Peut-être était-ce un autre Chaman alors, d'une tribu qu'elle ne connaissait pas encore ? Il y en avait de toutes sortes après tout, et la normalité rimait avec la démence chez beaucoup d'entre eux. Le hic, c'est qu'il n'y avait pas de peintures sur son corps et ça, c'est finalement ce que la jeune fille trouva le plus bizarre, inquiétant et curieux.

— Il ne voit pas les Esprits !

La voix de son frère la fit sursauter pour de bon. Cet idiot venait d'apparaître juste derrière elle, juché sur une branche basse, comme un singe, en pointant du doigt l'inconnu.

— On ne pointe pas du doigt les gens ! Je vais le dire à maman ! Et puis, comment peux-tu en être sûr ? Tu racontes tout le temps des bêtises ! lui répondit directement sa sœur en utilisant leur langue natale.

Le concerné fit une moue et pencha la tête sur le côté. Ce soudain déséquilibre manqua de le faire tomber de son perchoir. Il écarta nonchalamment une mèche rebelle qui lui cachait la vue. Sa chevelure brune était aussi bordélique que sa tenue : un pantalon en toile, à l'origine, blanche et des mocassins brodés.

— Tout à l'heure, j'ai demandé à l'Esprit là-bas d'aller lui faire un pied de nez et de lui dire une insulte, pour faire une blague et le réveiller pendant sa sieste, et bin, il a même pas réagi ! Je te dis que j'ai raison, il ne voit et n'entend pas les Esprits !

La jumelle fit une moue à son tour, si bien qu'ils formèrent un tableau à la symétrie aussi étrange que parfaite. Si c'était vrai, cela voulait dire que l'homme n'était ni une Ombre, ni un Chaman, et donc un étranger. Ils n'avaient pas le droit de parler l'Oddelegy devant des étrangers ! Elle blêmit instantanément à l'idée d'avoir brisé un des préceptes sacrés.

— Vous êtes qui !
demanda-t-elle soudainement, sous le coup du stress, une peu sèche dans son ton. Quant on va chez les autres, on se présente d'abord ! Vous êtes mal élevé !

Son frère, comme touché par les émotions angoissantes qui venaient de naître chez la jumelle, décida de descendre de l'arbre, puis il se rapprocha de son homologue pour poser sa main sur son épaule dans un geste qu'il voulait rassurant. Il fronça lui aussi les sourcils pour se donner un air protecteur alors qu'ils attendaient avec impatience une quelconque réponse. L'absence d'adultes dans les environs leur semblait soudainement regrettable, même s'ils savaient très bien qu'ils ne pourraient pas mourir sur cette terre et que les Esprits pourraient les aider, ou aller chercher du secours.

995 mots
Les deux jumeaux parlent Oddelegy entre eux et langue commune lorsqu'ils s'adressent à toi.

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Typhon Gargantua
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Typhon Gargantua
Jeu 12 Déc 2019, 17:51



Ils étaient deux à s’être approchés de Dhavala à son insu. Un dans un arbre, une autre au sol. Si ces inconnus semblaient jeunes, l’Eversha n’y portait aucune considération. Ils étaient assez grands pour tenir une arme, donc ils étaient en âge de tuer et d’être tué. En dépit de ce raisonnement, le chasseur laissa aux nouveaux venus la possibilité de manifester leurs intentions.

L’Eversha moyen était considéré comme apte à combattre dès l’éveil de son Totem, mais la tradition Himsaru voulait que seuls les adultes aient droit à la gloire du combat. Avant cet âge mûr, les jeunes portaient assistance à leurs ainés et achevaient les mourants. Après tout, si ces jeunes perdaient la vie avant d’avoir pu procréer, alors la pérennité du clan en serait menacée.

La fille, la plus en évidence des deux, s’adressa en premier à Dhavala. Il n’y eut ni présentation ni déclaration d’intention. Ces paroles n’étaient que des questions impertinentes. Il n’y avait donc rien pour rassurer l’Eversha en infériorité numérique. Pire, ces jeunes s’adressèrent entre eux en une langue inconnue. Le jeune homme abaissa sa posture un peu plus, prêt à s’élancer si la situation ne s’améliorait pas.

Ce mouvement était à peine perceptible, mais son implication était grande. En abaissant ainsi son centre de gravité et en préparant les muscles de ses jambes, Dhavala allait pouvoir réagir bien plus rapidement que ces jeunes en posture redressée et tendue. Ce n’était pas, encore, un mouvement d’agression, mais l’Eversha annonçait ainsi qu’il n’était pas à prendre à la légère.

Au cours de leur discussion privée, les deux jeunes d’apparence étrangement similaire se rassemblèrent et la fille haussa le ton, exigeant de connaitre l’identité du chasseur, avant de l’insulter. De toute évidence, les avertissements non verbaux de Dhavala étaient soit ignorés, soit imperceptibles pour ces jeunes, ce qui plaçait l’Eversha dans une position délicate.

Dhavala vivait selon les anciennes traditions, tel que lui avait été enseigné par son clan. Ils n’étaient plus nombreux à vivre ainsi, à l’image de leurs ancêtres, après que ces traditions aient été bafouées et remplacées par la venue d’une Dynastie. S’il devait lui aussi abandonner les anciennes voies, alors Dhavala perdrait une grande partie de son identité.

Dans le cas présent, les jeunes tentaient d’imposer la soumission de l’Eversha. C’était leur droit, ils étaient les instigateurs de la rencontre. De même, Dhavala avait le droit de se soumettre ou de résister. N’ayant aucune intention de se soumettre, il avait choisi de résister, d’où sa posture agressive. Si le chasseur avait été chez lui, au Rocher au Clair de Lune, le combat aurait déjà été entamé. Toutefois, si ce genre de rencontre était courante en terre Eversha, Dhavala n’était visiblement pas dans un tel lieu.

***

L’hésitation de Dhavala arriva à son terme lorsqu’il conclut que ni lui ni les jeunes n’allaient reculer sur leurs principes. Quelques secondes seulement s’étaient écoulées depuis que la fille eut pris la parole pour la dernière fois. L’Eversha s’élança en direction des deux jeunes tout en prenant la forme de son Totem, un immense tigre. Alors que son poids se multiplia au passage de cette forme animale, le chasseur puisa dans sa source de magie pour décupler sa vitesse. Les trois-cents kilos du tigre se heurtèrent alors contre les jeunes à une vitesse prodigieuse.

C’était un avertissement. Il n’y eut pas de griffure ou de morsure, simplement l’impact du grand prédateur contre les deux inconnus, dont le poids combiné ne devait même pas faire le tiers de celui du tigre. Cette attaque n’allait pas tuer ces jeunes, mais ils ne s’en sortiraient pas indemnes non plus. Enfin il y avait quand même l’épaisse couche de fourrure qui allait amortir l’impact, alors si blessure il y avait, ce serait surtout parce que les deux jeunes allaient être projetés vers l’arrière.

Jugeant que cette démonstration de force était suffisante pour le moment, Dhavala reprit sa forme humaine. Maintenant que les hostilités avaient été déclarées, il pouvait enfin se présenter pour défier ses adversaires. Il reprit alors une nouvelle position semi-accroupie, afin de démontrer qu’il n’hésiterait pas à reprendre l’assaut si la discussion ne prenait pas un meilleur tournant.

« Je suis Dhavala Himsaru, Eversha du Rocher au Clair de Lune. Je ne me soumets qu’à ceux qui sont plus forts que moi ! Présente-toi et manifeste tes intentions quand tu abordes un étranger. À la prochaine provocation, je m’abreuverai de ton sang… »

La langue commune qu’employait Dhavala était elle aussi caractérisée par un accent, mais beaucoup moins prononcée que celui de la jeune fille. L’Eversha avait visiblement beaucoup pratiqué cette langue dans les dernières semaines et sa prononciation ne s’en était qu’amélioré.

Il en revenait donc aux jeunes de choisir leurs prochaines paroles avec soin. La gentillesse de l’Eversha était très limitée. Il n’y aurait donc pas un deuxième avertissement aussi considéré. Il avait déjà été assez difficile de donner ce simple avertissement. S’il devait y en avoir besoin d’un autre, Dhavala allait chercher à tuer, abandonnant ainsi le projet d’une rencontre amicale afin de travailler pour de la nourriture.

***

Réfléchissant à comment tirer quelques informations supplémentaires de la situation, Dhavala s’essaya de faire parler ces jeunes. L’Eversha n’avait que peu d’intérêt à faire plus d’efforts que nécessaire pour ne pas faire de lui un ennemi de ces lieux inconnus. Toutefois, s’il pouvait savoir où il était avant de possiblement dévorer ces enfants, aussi bien en profiter pendant qu’ils respiraient encore. La tradition Himsaru condamnait la torture, alors leur mort devait être aussi rapide que possible.

« Pour répondre à une autre de tes questions, oui, je suis perdu. Avant qu’on recommence à s’entretuer, c’est possible de savoir où j’ai atterri ? »

Dhavala avait un minimum d’espoir que la conversation prenne une tournure plus amicale, mais il n’allait pas faire plus pour y parvenir. Si ces jeunes ne cherchaient pas à rectifier la situation, ou à s’enfuir, le combat reprendrait et l’Eversha n’en éprouverait aucun remords.


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Sam 21 Déc 2019, 23:12




Les deux enfants furent repoussés avec violence sous le choc de l'animal. Le jumeau perdit instantanément connaissance après que sa tête ait heurté un rocher au sol et que son corps ait basculé sur le côté. Il avait amorti en quelque sorte le choc de sa sœur, qui resta sonnée de longues minutes mais finit par réagir à la vue de son frère allongé par terre. Elle avait plusieurs ecchymoses et égratignures, notamment sur les jambes et les genoux, ainsi que sur ses bras qui étaient à découvert. Sa cheville lui faisait mal mais elle réussi à se relever pour fixer celui qui les avait attaqué d'un air horrifié.

— Je ne sais pas ce qui vous a fait croire que nous voulions vous attaquer.


Elle ne se souvenait pas d'avoir fait de gestes agressifs. Son frère était certes turbulent, mais du haut de leurs huit ans et avec leurs traits enfantins, gauches et effrayés, personne n'aurait pu confondre ça avec une menace. Il fallait être sacrement violent pour attaquer quelqu'un pour la simple raison d'avoir été traité de malpoli ! Violent et imprudent, dans un territoire sauvage d'une nation tellement éloignée de toute forme de diplomatie. Elle ne comprenait pas. Avait-elle fait une erreur ? Certainement, mais où ? D'autres larmes lui montèrent aux yeux. Devaraj avait raison, les étrangers étaient infréquentables. Le Roi allait être déçu de les voir mourir dans une situation aussi stupide. Il allait entrer en colère aussi, et la petite fille détestait le voir dans cet état. Elle trembla et manqua de retomber par terre.

— Tiens-moi la main.

 La jumelle releva les yeux vers la voix douce et chaleureuse qui venait de parler. Anejka avait suffisamment de charisme dans sa stature et son ton pour convaincre la Chamane de glisser secrètement ses doigts dans le creux de la main de l'Esprit. Ils n'étaient pas sur le même plan matériel mais il suffisait de voir leurs doigts se superposer pour ressentir la chaleur qu'aurait normalement diffusées leurs deux peaux collées l'une à l'autre. L'ancienne soldate angélique se tenait droite et grave. Elle et sa compagne Ọrun étaient les deux gardiennes des jumeaux, dans le silence de la Mort. Elle réalisait que la situation allait déraper d'une seconde à l'autre et qu'elle aurait des conséquences effrayantes. Personne n'aurait pu prévoir qu'une attaque aurait lieu sur la Terre d'Edel. Il n'y avait pas de monstres et ils étaient les seuls habitants de cette île. Ce manque d'attention allait se payer par une sécurisation complète de l'île. L'homme avait décliné son identité, ce qui leur facilitera la vie pour le retrouver et le tuer, ci-besoin. Devaraj n'acceptera jamais un tel acte envers les enfants de la Déesse, si cela arrivait dans ses oreilles. Mais pour le moment, le roi n'était pas au courant.

— Répète après moi. dit doucement Anejka.

La petite fille avait trop peur pour dire quoique ce soit par elle-même, pétrifiée. Il ne lui venait même pas à l'esprit de fuir. L'Esprit allait donc essayer d'expliquer la situation à cet homme à travers la voix de la Chamane.

— Je suis Zeli'Am'Ya, une des princesses du peuple sur le territoire duquel vous empiétez, et voici mon frère Zeli'Am'Yl. L'atteinte à notre personne est un sacrilège puni par la mort ou la torture. Je vois bien qu'il s'agit d'un quiproquo, mais quand on pénètre sur les terres d'un autre peuple, on évite de tuer les enfants ou de se montrer comme une menace. Toutes les races respectent ce bon sens logique. Si cela remonte jusqu'au roi, il y aura des complications diplomatiques avec votre gouvernement. C'est une guerre entre nos deux peuples que vous essayez de provoquer ?

Sa voix était d'abord hésitante et maladroite, mais elle reprit un peu plus d'assurance au fur et à mesure, malgré le tremblement constant de son timbre. La Chamane répétait sagement ce que l'Esprit lui disait, mais elle ne put s'empêcher d'exploser à un moment donné. La vue de son frère inconscient au sol provoquait chez elle un stress jusqu'ici inconnu, difficile à contrôler.

— Tu es un hérétique. Je n'ai pas le droit de te dire quoique ce soit au sujet de mon peuple. La seule chose à laquelle les hérétiques ont droit, c'est la mort !


— Calme-toi, je t'en prie. La jeune femme ferma les yeux.

Elle bouillonnait de voir la situation lui échapper. Si elle avait eu sa forme tangible, elle aurait pu défendre ceux qui lui avait été confié. Elle n'avait pas d'autre solution que de s'en remettre au Destin et au bon vouloir de Raanu, qui surveillait de près l'évolution de ses enfants.

— Tuez-moi si cela vous chante. Une guerre, nous sommes prêts à mener.


Elles avaient gagné suffisamment de temps pour que les autres Esprits donnent l'alarme à l'orée des faubourgs en constructions. N'importe quel Chaman était apte à se battre pour défendre ses croyances et bientôt un tambour menaçant entrecoupé de hurlements retentis dans l'air.  

Mots : 884
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Balet tribal | Dhavala

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