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 [Q] - Là où l'herbe est verte [Syrianne]

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Mer 02 Oct 2019, 00:11


Partenaire : Syrianne Hydrangea
Intrigue/Objectif : Malgré une rencontre qui aurait pu mal tourner, la Magicienne et la Fae trouvent un terrain d'entente dans leur attachement respectif pour la nature et tentent de s'entraider face à une magie que chacune a du mal à contrôler.

°   °   °

Bien, ce n’était pas le moment de paniquer. Pourtant, Aura s’était rarement senti à la fois aussi anxieuse et aussi impatiente. Cela faisait plusieurs jours désormais qu’ils étaient censés avoir pénétrés aux seins des contrées « magiciennes ». Le concept de race semblait assez évident, vu qu’elle-même appartenait à une certaine espèce, mais les « Magiciens » en eux-mêmes lui étaient proprement inconnus. Et même si Taan’tū soutenait de sa « longue » expérience que c’était la race la plus pacifique qui lui ait été donné de rencontrer, la Fae ne pouvait oublier les nombreuses autres rencontres désastreuses auxquelles elle avait dû faire face jusqu’ici. Certaines auraient pu la conduire à la mort. Alors rencontrer un peuple qui ne la chasserait la remplissait de hâte et en même temps de craintes quant à une possible désillusion. Une chose était néanmoins sûre : la nature qui l’entourait était bien loin de certains paysages morts qui lui avaient été donnés de croiser. Si elle avait passé les premiers temps de sa vie dans une forêt plus ou moins en bon état, les fuites constantes l’avaient menée à traverser des lieux bien moins louables. Les dangers qui y rôdaient l’y avaient bien moins peiné que l’état de la nature en ces lieux mais quand sa vie est constamment en jeu, on ne peut s’arrêter sur chaque détail.

En ces terres magiciennes, et depuis qu’elle avait rencontré Taan’tū, Aura avait semble-t-il l’impression de pouvoir s’attarder davantage à constater l’état de son environnement. Et aujourd’hui cela la saisissait à quel point la délicatesse des pétales des fleurs, l’écorce bien moussu de tronc vigoureux, témoignait de la force vitale de la présente nature. Nul doute qu’elle était tombée dans un lieu dont les peuples utilisaient notamment sa magie pour entretenir son environnement. L’amour n’était pas nécessaire pour que le respect existât, et ce peuple en faisait sûrement preuve. C’était le pressentiment naissant à l’intérieur des entrailles attentives et silencieuses d’Aura, tandis qu’elle progressait à travers la végétation clairsemée d’un bois dont ils atteignaient certainement bientôt la frontière.

Qui aurait-il ensuite ? Un ciel unique à perte de vue ? Plus l’orée se rapprochait, plus son angoisse accélérait les battements de son cœur qu’elle tentait pourtant de maintenir avec un maximum de sang-froid. Sa tension battait déjà son comble dans ses artères comme les arbres faisaient de plus en plus place à la lumière du soleil, et les plantes envahissantes du sol s’éparpillaient au profit d’une herbe de plus en plus foisonnante, apparaissant par tâche verdoyante discontinue.  Savoir que Taan’tū n’était pas très loin avait quelque chose de réconfortant, et de rassurant, même si en soit l’esprit ne pourrait pas faire grand-chose contre une violence trop vive, trop rapide. Mais la sensation de ne plus être complètement seule avait quelque chose de rassurant. En quelque sorte… Les leurs ne pourraient jamais être autrement que seules, en fin de compte. Ainsi était leur malédiction. Mais cet instant était une preuve de courage, pas d’apitoiement, alors Aura éclaircit ses pensées aussi promptement que sa détermination le lui ordonnait.

Ayant actuellement le contrôle de sa magie, Aura dodelinait dans les airs sous sa petite taille originelle, ses ailes se déplaçant agilement, toujours le plus près possible de quelques arbres. Ils lui offraient une certaine quiétude, sachant pertinemment qu’elle pouvait rapidement se dissimuler haut dans leurs branches. Et les moins observateurs pouvaient la confondre avec un horrible insecte, lui donnant assez de temps pour se cacher avant qu’ils ne cherchent à vérifier ce qu’ils avaient vu. Qu’on la confonde avec un oiseau ça non, ça n’était jamais arrivé. Mais bientôt il n’y aurait plus matière à discuter. Les pulsations de son cœur lourdes, Aura se percha sur l’une des branches basses d’un châtaignier à l’épais feuillage car, devant eux, il n’y avait plus que deux ou trois arbres qui ne dissimulaient d’ailleurs déjà plus l’étendue d’herbes foisonnantes qui s’étiraient ensuite – exactement comme Aura l’avait imaginé – à perte de vue. L’imaginer et le voir, le ressentir, était néanmoins deux choses différentes et la Fae en était entièrement subjuguée. Incapable de croire que le spectacle de cette herbe semblable à un immense lac vert existât vraiment sous son regard ébahi.

Quelque chose murmurait dans sa tête qu’il fallait qu’elle reconnecte, mais Aura était bien loin. Et ce n’est que dans un craquement sec qu’elle réalisa que sa magie venait de lui échapper et que la branche sur laquelle elle se tenait venait de rompre sous le poids brutal de son corps devenu adulte, la gravité l’entraînant inexorablement à percuter le sol dans un claquement sourd et immédiat.

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Mer 02 Oct 2019, 18:02

Là où l'herbe est verte
Estella, Æther des Saisons, n'était pas particulièrement représentée sur les Terres du Lac Bleu. Son culte, plus usité chez les Nains que chez les Magiciens, trouvait tout de même quelques adorateurs parmi les Mages Blancs. Un unique temple avait été érigé en son honneur et une jeune femme y passait, de temps à autres. Pas qu'il n'y ait pas d'autres visiteurs, simplement que c'est elle, aujourd'hui, qui nous intéresse. Il fallait à l'adolescente plusieurs heures de marches depuis sa résidence pour s'y rendre, mais cela ne la décourageait pas de faire l'aller et le retour sur une journée, quand elle avait la chance de pouvoir rentrer chez elle pour quelques jours. En dernière année à Basphel, l'école de magie des Îles Supsendues, Syrianne avait eu droit à un court congé afin d'assister comme tous les ans, à une fête qui avait lieu dans le Comté qu'elle occupait avec sa famille. Les festivités terminées, elle avait enfilé une besace, contenant le strict nécessaire et était partie d'un pas engagé vers sa destination, accompagné de son fidèle Milo, qui se posait sur son épaule ou virevoltait autour d'elle.

La Magicienne avait découvert l'existence de cet Æther quelques années plus tôt, lors de l'une de ses lectures. Elle s'était prise d'affection pour celle qui faisait passer les saisons et rythmer l'année par ces différentes météos. C'était aussi grâce à ce cycle que chaque année, les fleurs repoussaient dans leurs jardins, égaillant l'environnement de mille couleurs somptueuses. De plus, les légendes racontaient au sujet des déboires amoureux de la Déesse inspirait beaucoup la jeune fille, qui n'avait jamais encore, connu les papillons dans le ventre que peut vous faire ressentir un être aimé.
Après avoir prié entre les murs du Temps d'Estella durant un peu moins d'une heure, Syssy décida de rentrer tranquillement, à son rythme. Elle avait emporté quelques fruits et de quoi étancher sa soif sur le chemin et profita d'une pause bien méritée sur la route du retour. Habillée pour une fois de vêtements de travail emprunté à l'une de ses cousines, elle portait un pantacourt de toile ainsi qu'une tunique assortie, un ensemble assez léger et qui la laissait libre de tous mouvements.

Alors qu'elle marchait tranquillement, les bras écartés et ses pieds tentant de suivre une ligne imaginaire tracé dans l'herbe, Milo décida que cette balade était trop ennuyante à son goût. Il piailla, vola autour de Syrianne, tirant parfois sur une mèche de ses cheveux blonds pour attirer son attention. Elle se tourna vers lui, interloquée et son regard, d'abord curieux, se transforma rapidement en un regard de défi.

« Oh, je vois… Tu tiens vraiment à te faire humilier, une fois de plus mon petit Milo ? »

L'animal était capable d'entendre les pensées de sa maîtresse, mais elle trouvait toujours cela plus convivial de l'exprimer à haute voix. Le petit animal, mi-moineau, mi-rongeur, qui se maintenait en vol à hauteur du visage de sa compagne de route, la gratifia d'un gazouillis qui semblait vouloir signifier qu'il était bien d'accord pour s'amuser. Un jeu, entre les partenaires, se mit en place rapidement. Chacun se mit à sa place, prêt au départ… Et Syrianne se mit à courir, comme un lièvre en fuite, alors que Milo lui, avait choisi de passer par les arbres, se servant de ses pattes arrières, anatomiquement idéale pour sauter de branches en branches et gagner en vitesse.
La course folle entre les deux amis, ponctués de rires incontrôlables et de petits chants d'oiseau, de paroles de défis, était très serrée. Ils arriveraient bientôt à un endroit où il ne restait plus beaucoup d'arbres sur le côté de leur chemin. C'était là la limite qu'ils avaient au préalable désignée et le premier à la dépasser pourrait crier haut et fort qu'il était vainqueur.

C'est Syrianne qui l'atteignit en premier. Essoufflée et les bras en l'air, elle s'apprêtait à crier un grand « Youyou ! » quand elle remarqua que Milo n'était plus derrière elle. En effet, l'animal c'était arrêté un peu avant l'arrivée et volait autour d'un arbre qui avait attiré son attention. Sans doute un insecte à son goût… Ah, qu'on était faible devant l'appel de son estomac ! La Magicienne secoua la tête et courut à nouveau dans la direction opposée, lorsqu'elle entendit un bruit sourd.

Elle se figea alors. Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? Les Terres du Lac Bleu n'était pas réputée dangereuse, mais qui sait… Même Milo, inquiet voir un peu traumatisé, était partie se réfugier dans la besace de Syrianne. Elle, resta là, un moment, hésitante. Inquiète, un peu effrayée aussi il fallait l'avouer, elle s'imaginait toutes sortes de choses improbables. Et puis c'était la fin d'après-midi, le soleil se coucherait dans quelques heures, peut-être moins… Etait-il possible qu'il s'agisse de… Non, ce n'était qu'un conte pour enfant… Mais et si… S'il s'agissait bien là du Marchand de Charbon ? Qui emmenait les enfants, ne laissant derrière eux, en dédommagement à ses parents, que des petits morceaux noirâtre dans leur couchette… ? Un frisson s'empara de l'adolescente.
Néanmoins… Elle était curieuse. Il fallait qu'elle vérifie ! Au mieux, elle ferait une découverte et au pire… Au pire, elle ne préférait pas y penser.



Elle sortit de son sac un stylet, arme qu'elle emmenait toujours avec elle dans l'espoir de ne jamais avoir à s'en servir - c'était raté cette fois-ci. Et elle s'avança, entre les arbres, prudentes et dans une tentative de se faire discrète… Raté encore une fois. Des tas de branches et de feuilles bruissaient à chacun de ses pas… Cela ne l'empêcha pas de continuer à avancer, malgré tout. Courageuse et un peu téméraire sur les bords, elle tenait son stylet à l'horizontale, pointé droit en face d'elle.

À mesure que ses pas la menait un peu plus en profondeur de la forêt, une silhouette, grande et sombre, se profilait. À nouveau, un frisson traversa sa colonne et elle se stoppa net. Elle n'osait même plus respirer…

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Ven 11 Oct 2019, 16:20


Qu’est-ce qui aurait dû la percuter en premier ? La terre douloureusement sèche du terrain forestier ou la crainte que sa maladresse n’ait engendré un bruit bien trop conséquent ? La pensée fut plus rapide que la vitesse de sa chute. Les radiations d’effroi qui tordirent son cœur ne furent rien comparées au choc qui se répercuta dans son avant-bras et sa hanche qui amortirent en premier le sol. Un gémissement lui échappa comme ses petites orbites enfoncées analysèrent rapidement du mieux qu’elles pouvaient son environnement : sa vue ébranlée distingua les petites pierres éparpillées, les branches brisées parmi les nombreuses feuilles que perdaient les arbres et les multiples points lumineux de cette orée dégarnie qui venaient tordre sa vision. Entendait-elle du bruit ? Elle n’en était pas sûre. La panique se mêlait habilement à son sang-froid, analysant une chose à la fois. Taan’tū n’était pas en reste, à la fois se morigénant de n’avoir pas su mieux transmettre ses signaux d’alerte et en même temps sur le qui-vive de ce qui allait suivre.

On ne pouvait pas réellement dire que ses dons étaient les mieux développés mais cet animal fouineur lui avait immédiatement mis la puce à l’oreille. Une petite inspection supplémentaire lui avait permis de repérer la jeune fille non loin, malheureusement le temps qu’il ne tente quelques signaux d’alerte – qu’Aura n’aurait de toute manière pas reçu au vu de son état subjuguée – et il était trop tard. Mais ce n’était qu’une jeune fille – et on se trouvait sur les terres magiciennes désormais – quel mal pouvait-t-il y avoir à tenter de ne pas la craindre ? Taan’tū ne voyait absolument pas pourquoi ils ne tenteraient pas le coup, aussi se contenta-t-il de glisser son esprit dans un gros tas de fougères bien en évidence et de choisir l’immobilité. Au pire il lui suffirait de faire ainsi diversion.

Mais Aura n’était pas au fait de toutes ces conclusions. Et plus les secondes s’écoulaient, plus elle reprenait ses esprits et plus elle avait conscience que ce n’était plus son imagination : elle n’était pas toute seule. Se redressant doucement maladroitement – elle avait appris par la force des choses que des gens lents pouvaient retarder la crise de panique de ceux qui l’apercevaient – la créature se redressa, restant d’abord précautionneusement à quatre pattes le temps d’observer ce qui venait à sa rencontre. Hm ? Quelle ne fut pas sa surprise de constater la forme relativement menue d’une jeune fille, une magicienne probablement en toute logique. Cela ne se présentait pas très bien, Aura ne voulait pas l’effrayer. Dans de précautionneux gestes dont elle évita toute amplitude, elle se recula lentement vers l’arbre le plus proche. Utilisant l’imposant tronc d’arbre pour cacher aussi bien la masse de corps que ses membres non humanoïdes, Aura ne fit dépasser qu’un bout de sa tête, juste assez pour que ses billes dorées puissent apercevoir la jeune fille. Au vu de l’arme qu’elle portait, il y avait de quoi ne pas être rassuré.

En ne se fiant qu’aux apparences, elle douta que cette magicienne ait la capacité de lui faire du mal mais… il ne fallait pas se fier aux apparences. Actuellement, Aura ne voulait surtout pas que cette dernière puisse croire que la Fae lui voulait du mal. Prenant une inspiration destinée à moduler son timbre aussi doux que possible, elle finit par décider d’ouvrir la douche. « Je ne te veux pas de mal, ne crains rien… » Comme si cela aurait pu prouver sa bonne foi, Aura écarta lentement certaine de ses tentacules pour lui montrer qu’elle n’était pas armée. Evidemment, rien que les tentacules auraient eu de quoi lui faire peur. Aussi, crut-elle bon d’ajouter. « Je ne suis pas armée ni rien. Je ne compte rien te faire. » Devait-elle préciser qu’elle venait de tomber de cette branche d’où l’inquiet bruit qui en avait résulté ? Lui préciser qu’elle allait s’en aller sans faire de vague ? Aura aurait certainement dû oui, mais c’était la première fois que la Fae se retrouvait face à une figure avec qui il lui semblait avoir une chance de communiquer. Aussi se contenta-t-elle de rester dissimulée derrière l’abri que lui offrait ce tronc, observant avec timidité la magicienne afin de lui faire comprendre que, d’elles deux, c’était certainement Aura la plus terrifiée. Presque. La petite tête qui dépassait anxieusement d’une sacoche venait de subitement allumer une lumière de compréhension dans son esprit. « Je suis désolée d’avoir effrayé ton compagnon tout à l’heure. »

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Lun 14 Oct 2019, 23:44

Là où l'herbe est verte
Qu’est-ce que… Qu’est-ce que c’était que cette chose-là ? Syrianne était littéralement pétrifiée, même les tremblements légers de ses jambes s’était stoppé net. Cette… Créature, donnait l’impression d’être un malheureux mélange de plusieurs animaux. Rien d’humanoïde n’en ressortait, si ce n’est que la chose avait des yeux, visiblement des bras, des jambes et un buste. Mais les tentacules qui la recouvrait de toute part… Syssy n’était pas le genre de personne à juger quelqu’un sur son apparence, prônait les différences et la diversité comme un atout. Les valeurs que lui avaient enseigné ses parents lui disait de ne jamais exclure qui que ce soit, quelle qu’en soit la raison. Mais… Est-ce que c’était seulement quelqu’un ? Ou quelque chose ? La Magicienne ne pouvait s’empêchait de penser ce physique monstrueux, et à juste titre tout de même. Les appendices mouvantes et qui était censé être marine la dégoutait un peu. Cela devait se voir sur son visage… 



Le temps de l’observation passée, Syrianne ne savait tout de même pas comment elle devait agir. Fuir ? Ça aurait été la première pensée de n’importe qui de sain d’esprit, mais ce n’était clairement pas l’option qu’elle choisirait. Non, la fuite était une éventualité trop simple, et Syrianne n’aurait jamais le fin mot de l’histoire. C’était sans doute un comportement stupide, mais elle voulait savoir, elle crevait de comprendre la situation. Quitte à, qui sait, se faire tuer par un monstre difforme… Mais ce genre de penser ne traverser que très rarement l’esprit de l’adolescente. La mort, le danger… Elle ressentait la peur, certes, mais elle la repoussait. La curiosité était toujours la plus forte, et l’imprudence un de ses nombreux défauts.

Alors quoi ? Attaquer ? Cette idée était encore plus saugrenue que la précédente. Vu la taille de la créature, Syrianne n’aurait pas la moindre chance avec sa toute petite lame. D’autant qu’elle ne connaissait pas du tout les faiblesses de son « opposant ». La matière de son corps ressemblait à une sorte de lave tout juste sécher en pierre. Elle pourrait sans doute sectionner les tentacules horribles que ses yeux ne pouvait pas lâcher des yeux, mais de là à atteindre réellement la bête… Et puis là encore, sa curiosité maladive ne serait pas récompensé. Une fois l’un des deux adversaires mis hors d’état de nuire - ce serait sûrement elle, en plus de ça - elle n’aurait jamais les informations dont elle avait besoin. Option rejetée, une de plus.

En plein débat avec elle-même, Syssy fut interrompu par un fait qui l’intrigua au plus haut point. Elle se félicita intérieurement d’avoir été assez patiente pour pouvoir entendre la créature parler, comme chaque être humanoïde peuplant ces Terres. En réalité, elle avait simplement était très lente pour prendre une décision, mais passons ce détail. La bête parlait ! Dans un langage compréhensible en plus, et apparemment, ces appendices ne la gênait pas dans sa diction. Un autre frisson pris Syrianne, à force de ne voir que ses tentacules, elle finirait par en faire des cauchemars. Elle tenta alors de fixer son regard dans les prétendus yeux de la créature, dorés, brillants. Comme deux petites pierres encore en fusion… 



Doucement, Syrianne baissa son stylet en direction du sol. Elle ne lâcha pas non plus, et ne baissa pas sa garde, toujours attentive aux gestes de la bête en face d’elle, qui faisait d’ailleurs attention de ne pas se montrer trop brusque. Soit c’était sincère, soit c’était une ruse pour amadouer la Magicienne et l’attirait entre ses… Tentacules. Décidément, elle ne s’en remettrait pas. Dès qu’elle retrouva les sensations dans son corps et sa capacité à se mouvoir, la première chose qu’elle eu envie de faire, fut de poser une question. La première qui lui était venu en tête.

«  Qu’est-ce que tu es, au juste ? » 



Elle remarqua juste après le pauvre petit Milo, la tête dépassant à moitié de la besace. Il regardait sa maîtresse, une sorte d’appel au secours dans le regard. Syrianne lui caressa doucement les plus du haut de son crâne pour le rassurer. Le pauvre, venait de voir une petite chose qu’il trouvait fort appétissante en créature gigantesque et effrayante. Lui aussi, aurait du mal à se remettre de l’expérience, même si la bête se révélait complètement inoffensive. 



Et si c’était le cas ? S’il s’agissait d’un mauvais sort, d’un homme, ou plutôt une femme au son de sa voix, qui avait été changé en cette chose à cause d’une personne maléfique ? Syrianne se sentit coupable, et un pincement saisit son coeur. Elle tenterait d’être plus conciliante, et ouverte à ce que dirait la créature désormais. Tout ce qu’elle avait fait ou dit jusqu’ici ne montrait aucun signe de mauvaise intention. Alors, pourquoi ne pas faire confiance… ? Rien que pour en savoir plus, Syrianne le ferait sans doute.


2ème message
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Ven 18 Oct 2019, 00:53


Est-ce que cela n’allait pas mal se passer ? Durant ces longues secondes - malgré l’immobilité de la jeune fille - Aura n’avait pas réellement cru que cela pourrait aller. Cette créature semblait si frêle face à elle, si délicate. Ne pas simplement s’enfuir relevait d’un courage inattendu que la Fae n’était pas certaine de savoir comment interpréter. Elle-même n’avait que quelques pas à faire pour retourner s’enfoncer dans le bois et disparaitre parmi les ombres, en considérant qu’elle n’enverrait pas tous les villageois à proximité à ses trousses.  Si elle était restée, ce n’était pas pour choisir de s’enfuir maintenant. Cela n’avait pas de sens. Sa tension montait, tanguait et refluait, un peu comme un nénuphar dans un courant trop fort qui essaierait de se stabiliser. C’était son sang-froid qui maitrisait non sans difficulté mais avec détermination ces flux de son coeur.

C’est lorsque la jeune magicienne avait finalement choisi d’abaisser l’arme qu’elle tenait jusqu’ici braquée que la situation avait commencé à se désamorcer dans l’esprit d’Aura, désormais inquisitrice. Inquiète toujours, mais ne pouvant s’empêcher de se demander quelle allait être la réaction suivante de son interlocutrice. Sans pour autant se détendre, le sang sembla se remettre à circuler dans son corps qui avait jusqu’ici paru tétanisée. Cela continuait de creuser l’anxiété d’Aura mais voir les traits de sa face féminine finalement s’animer donnèrent d’autres raisons à son coeur d’accélérer : la découverte, un peu impatiente mais toujours inquiète. Dans sa fougère, non loin de la magicienne, Taan’tū observait la situation avec grand plaisir, se retenant ardemment de chatouiller discrètement la jeune fille pour la détendre davantage mais cela n’était probablement une parfaite bonne idée. La question la déstabilisa quelques secondes, n’étant pas certaine de ce qu’il convenait de dire. Généralement, ceux qu’elle avait croisés criaient davantage d’affirmations que ne posaient de véritables questions. Oh, cette question Aura l’avait déjà entendue en quelques versions, mais elle n’avait jamais vraiment été posée sur le ton de l’interrogation. Alors qu’à travers ce calme, même effrayé, dont tentait de faire preuve cette jeune fille, la Fae sentait clairement qu’une réponse était attendue. Etait-elle parvenue à la rassurer par ces mots ?

Maintenant qu’une personne lui posait enfin cette question, plutôt que de l’agresser sans davantage réfléchir, Aura réalisa à quel point il lui était difficile d’y répondre. Ce n’était pas tant que la réponse soit compliquée, mais faire croire quelque chose dont pratiquement personne n’était au courant lui paraissait relativement ardu. Respirant un bon coup, Aura se décala légèrement, brièvement, lentement, pour laisser un bout supplémentaire de son corps dépasser du tronc d’arbre. « Je suis ce que l’on nomme une Fae, c’est ainsi que nous naissons. » Dire les choses telles quelles étaient sûrement le plus simple. Dans le fond, aucune personne dans le monde ne devait certainement tout savoir. Si cette magicienne lui accordait le bénéfice du doute, elle continuerait peut-être dans cette lancée. « Mon apparence n’a rien de rassurant mais je n’y peux rien… » Lui parler plus en détail de la malédiction qui les affectait ne lui paraissait pas nécessaire. Dans l’immédiat, cela ne changeait rien concrètement à l’apparence qu’elle affichait. Et pourrait-elle la croire ?

Pleine de bonne volonté, Aura retint à nouveau une profonde respiration avant de rassembler aux mieux ses tentacules au plus proche de son corps. Au vue des yeux ambrés fuyants qui les avaient assez souvent suivies, la Fae se doutait qu’elles étaient certainement une des principales craintes de la magicienne. Puis, en maitrisant avec toujours autant de précisions ses mouvements, Aura dégagea l’intégralité de sa masse de l’arbre derrière lequel elle s’était cachée, afin que la jeune fille puisse entièrement la considérer. Elle n’en fit néanmoins pas davantage, ne voulant pas créer une nouvelle vague de panique, aussi choisit-elle de s’expliquer sur la première. « Ma taille d’origine ne fait que quelques centimètres mais lorsque j’en ai perdu le contrôle j’ai chuté de cet arbre. » Appuyant ses dires, Aura pointa les branches proches, cassées, qui jonchaient le sol entre elles. « C’est ce qui a effrayé ton compagnon, mais je n’avais aucune mauvaise intention. » Etre voyeuse ne lui paraissait pas être une mauvaise intention en soi. Cela n’en était même clairement pas une pour elle qui ne pouvait vivre qu’ainsi mais tout le monde ne devait pas avoir le même avis. « Je me cache dans les bois et les forêts pour survivre, comme mon espèce est naturellement liée à la nature. Mais j'essaye de découvrir plus, parfois. » Et cela mettait bien souvent sa vie en danger, comme cela aurait pu l'être cette fois également. « Et toi, qui es-tu ? » Amorça à nouveau Aura, tentant de donner davantage de confiance à cette intrigante jeune fille.

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Ven 18 Oct 2019, 13:34

Là où l'herbe est verte
Une Fae… C’était inimaginable. C’était loin de l’idée qu’on pouvait se faire du petit peuple de créatures ailées et féérique ! Mais après tout… La Magicienne s’avoua à elle-même qu’elle n’avait pas encore grandement étudié cette race. Elle nota dans un coin de sa tête qu’il faudrait remédier à ça et ne pas rester ignorante sur la question. D’ailleurs, selon les dire du monstre tentaculaire, Syrianne avait un représentant de cette fameuse race sous les yeux. C’était dur à croire, mais qui était-elle pour remettre sa parole en question ? Elle n’y connaissait rien, et peut-être qu’en effet, la première étape de la vie d’une Fae était de passer par un état monstrueux afin de « mériter » son apparence future et magique. Encore une fois, elle n’en savait rien, ce n’était que pure hypothèse et puisque la créature ne l’attaquer pas et ne semblait pas être prête à l’offensive, Syrianne ne pouvait que lui laisser le bénéfice du doute. Elle continua sagement l’écouter, jugeant de sa taille entière maintenant qu’elle était sorti de sa cachette de fortune. 



Lorsque la supposée Fae évoqua Milo, l’adolescente ne s’en fit pas plus que ça. Elle le connaissait depuis longtemps maintenant et elle savait que d’avoir vu une petite chose se changeant en énorme avait eu assez pour l’effrayer. C’était la loi de la Nature après tout, celui du plus fort, du prédateur et de la proie, la chaine alimentaire. Milo s’était approché avec l’idée de manger un appétissant petit insecte, pour finalement repartir la peur au ventre de se faire dévorer à la place. L’arroseur arrosé, en quelques sortes… Il s’en remettrait. Elle lui jeta tout de même un oeil, lui qui la regardait depuis la besace, un air de lui dire « tu t’enfuis quand loin, très loin de cette chose ? » Malheureusement pour toi, petit Milo, la curiosité de Syrianne était encore loin d’être satisfaite. 


Une chose, un mot précisément, fissura le coeur de la Magicienne. « Qui ». Et pas « quoi »… Jusqu’ici, Syrianne n’avait considéré la Fae que comme une « chose » et pas une « personne »… Pour cela, elle s’en voulait. Derrière l’apparence gigantesque et horrifique de la pauvre Fae se trouvait une âme, une âme sans doute toute aussi effrayé que Milo parce qu’elle vivait. Comme venait de prouvait son comportement à l’égard de la Fae, cette dernière avait du vivre bien des déboires à cause de cette forme cauchemardesque, qu’elle n’avait pas choisi. Elle subissait, et Syrianne avait pour ainsi dire, enfoncer le couteau dans la plaie… Elle se sentit pathétique et baissa la tête pour fixer ses chaussures. 



« Je… Je m’appelle Syrianne et je suis Magicienne. Je ne vis pas très loin… E-et toi, quel est ton nom ? » 


Mal à l’aise face à sa bêtise et son manque de jugement - ou plutôt l’inverse, puisqu’elle avait jugé sur la couverture du livre au lieu de son contenu - Syrianne ne savait plus trop comment réagir. Elle n’osait même plus regarder la Fae, de peur de s’arrêter une fois de plus sur ces appendices et de montrer des signes de dégoûts. C’était ce à quoi elle ressemblait pour le moment, et la pauvre Fae n’y pouvait absolument rien. Syrianne resta silencieuse un moment par la suite, passant d’un pieds à l’autre. Elle aurait voulu disparaître, s’enterrer six pieds sous terre plutôt que de rester face à celle qui avait été sa « victime ». Réellement, elle avait honte, et il faudrait qu’elle s’excuse… 



« Dis-moi… Si ce n’est pas trop indiscret bien-sûr… Pourquoi tu es… Enfin pourquoi vous naissez sous cette forme ? Je suis vraiment désolée de t’avoir uniquement juger sur cet aspect, au lieu de discuter en premier lieu. J’ai eu peur, d’accord, mais ça ne justifie pas tout… » 



Finalement, elle releva les yeux vers la Fae. Il fallait qu’elle affronte son regard, sinon ses excuses ne vaudraient rien. Elle détailla à nouveau le visage de la créature et la trouva moins laide, maintenant qu’elle savait. Même ses tentacules dont elle trouvait les mouvements si dérangeants, n’était plus si terrible que ça à regarder. Et pour finir, elle planta ses iris ambrés dans les petits trous braisés qui devait être ceux de la Fae. C’était sans doute son imagination, ou pas, mais la Magicienne avait l’impression d’un déceler quelque chose. Une étincelle de vie ? De la peur, face au monde entier qui devait la trouver difforme et la traiter ainsi ? Ou simplement un espoir, d’enfin trouver quelqu’un qui prenait le temps de parler avant d’attaquer.

3ème message
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Dim 20 Oct 2019, 02:13


Entendre l’hésitant son de la voix de la désormais dénommée Syrianne aurait pu arracher un discret sourire sur la bouche de la Fae, mais elle n’avait qu’une fente qui lui faisait office de lèvres. Alors cela ne devait pas ressembler à grand chose. Cependant, tous ses muscles commencèrent à se détendre, les pointes de ses tentacules remuant doucement, comme le bout de la queue d’un chat remuerait face au contentement. Quoique l’anxiété ne pouvait disparaître complètement immédiatement, cela témoignait de l’appréciation que la créature montrait à l’égard de la jeune fille qui avait accepté de lui parler. Ainsi donc elle était bien Magicienne. Aura et Taan’tū avaient présupposé que s’ils devaient rencontrer quelqu’un cela en serait probablement un mais, maintenant qu’elle en avait une en face d’elle, la Fae réalisait que cette race ne présentait pas de caractéristiques particulières. Ils ressemblaient à la plupart des êtres qu’elle avait déjà croisés dans la précédente forêt où elle n’avait cessé de se terrer.

Lorsqu’à la suite, la demoiselle lui demanda son prénom, la réponse ne se fit pas prier. Bien au contraire. Sage comme la diligente des fleurs disposée à présenter ses pétales. « Je m’appelle Aura. » A vrai dire, son prénom complet était Aurora, mais elle n’y pensait jamais. C’était bien trop long, et elle n’avait pu voir d’Aurore par dessous l’épaisseur des feuillages où elle se dissimulait, alors cela lui avait toujours semblé être une perte de temps. D’où lui venait simplement son prénom ? quelqu’un lui avait-il donné ? Il lui semblait l’avoir toujours connu, intuitivement, comme certaines autres choses… Mais elle n’avait jamais eu l’occasion de l’utiliser, ni même de le donner à quoique ce soit, alors, oui, Aura se montrait aussi douce que passive afin de se faire la meilleure hôte de... celle qui avait accepté de lui parler.

Cette dernière lui paraissait… mal à l’aise, mais la Fae n’en tint pas vraiment compte, lui laissant prendre le temps qu’il lui fallait pour reprendre ses esprits. Cela ne la gênait pas, bien au contraire. Elle avait pensé quelques minutes plus tôt que les Magiciens avaient un physique assez commun mais la Fae ne put s’empêcher de penser que cela n’était pas entièrement vraie pour la jeune fille qu’elle avait sous les yeux. Sa vue n’était pas excellente, habituée à la pénombre, mais la clarté de sa chevelure tranchait inhabituellement avec sa belle peau sombre. Elle ignorait si ce mélange était commun ou pas, mais il était vraiment détonant de vie. Ses iris ambrés auraient pu être semblables aux siennes, mais… Les iris d’Aura n’étaient que deux minuscules trous quand celles de Syrianne s’épanouissaient en ce qui semblaient deux belles petites flaques d’or liquide. La Fae aurait pu ajouter surprenante à son caractère quand la question finit par sortir. Une partie d’elle, profonde, se sentit surtout particulièrement touchée par ses excuses. Cela n’était pas courant, et à nouveau, elle aurait voulu sourire de grâce et de douceur pour lui montrer sa reconnaissance. Cependant, à cet instant, la curiosité de Syrianne avait remonté quelque chose en elle.

Pourquoi naissait-elle ainsi ? La vérité était que c’était une très bonne question. Les souvenirs qu’Aura conservait de ses premiers instants de vie étaient incroyablement fous. Leurs avait-on dit quelque chose au Jardin avant de les jeter dehors ? L’intérieur de son être sentait que non. Alors d’explications, il aurait été compliquées d’en fournir à la jeune fille, mais, cette fois encore, il y avait des choses que chaque Fae savait inconsciemment. Tel que le fait que leur état n’était pas une chose naturelle, ou encore le fait que les Fae se mourraient aujourd’hui et que très peu devaient exister. Ce dernier point, chaque Fae le découvrait simplement en réalisant ses propres chances de survie. Mais la question concernée de Syrianne avait remué une corde sensible en elle, aussi choisit-elle d’y répondre comme elle le pouvait. « Je l’ignore, nous ne pouvons rentrer chez nous tant que nous sommes ainsi. Je le sens, je le sais au fond de moi. Tout comme je sens… que cet aspect n’est pas naturel. » Finit-elle dans un murmure, alors que ses genoux s’étaient doucement pliés pour se poser au sol.

Avec douceur, les longs doigts squelettiques de la créatures effleurèrent les pétales de ce qui était une tulipe sauvage. Pensive, leur propriétaire se remémorait tous les chagrins qui la liaient à la nature. « Je le sais car ma magie ne fait que détruire ce qu’elle est censée protéger. » Les fleurs, les plantes… par extension toute la nature était chère aux Faes, même si la flore était la reine de leur royaume végétal. « Elle est incontrôlable… » Une brisure au fond d’elle qui ne se réparerait peut-être jamais. Un pauvre sourire aurait pu faire office de mascarade sur ses lèvres. Peut-être était-ce mieux ainsi qu’il ne puisse s’exprimer cette fois. « Et je crois que tu as eu la plus censée des réactions. » Reprit finalement Aura, la gentillesse ayant remplacé son vague à l’âme. Se montrer prudente face à l’inconnu n’était pas un crime, Syrianne devait le savoir. Elle ne lui en voulait pas le moins du monde. A cet instant, Aurora lui était reconnaissante.

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Mar 22 Oct 2019, 22:04

Là où l'herbe est verte
Petit à petit, à force d’observer la Fae plus précisément, Syrianne commençait à remarquer certains détails. Ce n’était plus du tout un monstre dangereux et prêt à lui sauter à la gorge qui se trouvait devant elle, mais un être sensible et malheureux, dans une situation qui était dangereuse pour elle et non l’inverse. Entendre la voix d’Aura l’avait grandement aidé. Elle avait tout de suite perçu dans son ton, quelque chose de bien plus « humain » que ce que son apparence laissé paraître. Et puis avec le temps, même ses tentacules, que Syrianne trouvait fortement dérangeante, n’était plus aussi terrible que cela à regarder. Le mouvement lent et serein des appendices attiraient toujours l’oeil sur eux, rien d’insurmontable pour autant. Dans un état plus global, le visage de la Fae de prime abord effrayant, révélait tout de même des émotions qui y passait. La Magicienne crut voir passé un sourire d’ailleurs, ce qui la poussa à sourire également, dans sa douceur et sa candeur habituelle. L’adolescente était encore plus une enfant qu’une adulte, et sa gentillesse restait prédominante dans son caractère. Une énorme envie, un besoin même, d’aider la pauvre Fae se faisait ressentir. 



Alors Syrianne décida de se laisser totalement aller, de faire confiance. Elle s’assit au sol, en tailleurs, son sac entre les jambes - il ne fallait pas écraser le pauvre moineau, toujours terrer à l’intérieur. Il percevait les pensées de sa maîtresse, mais ça ne lui disait rien de sortir pour le moment. Il était bien là où il était… Une fois installée, Syrianne trouva tout de suite que cela faisait plus conviviale. Elle était là, c’était confortable et elle se trouvait en présence du créature faerique. C’était une occasion qui ne se représenterait sans doute pas de si-tôt. Elle allait en apprendre beaucoup plus sur ce peuple, et notamment sur les prémices difficiles de leur vie. En y repensant et en se basant sur ce qu’elle avait appris à l’école sur la race, la Magicienne se dit qu’elle aurait sans doute un gros point commun : Leur lien avec la nature. La jeune femme se promit de faire quelques tours devant la Fae, ce qui la remettrait sans doute de bonne humeur, elle qui ne contrôlait plus sa magie… Milo aussi d’ailleurs, pouvait embellir son environnement de quelques fleurs colorées. Cette pauvre âme en peine n’aurait pas de joie en trop avec ces quelques gestes à son égard.

Puisque le pauvre oiseau était traumatisé pour une durée indéterminé, Syrianne tenta une chose qu’elle ne contrôlait que depuis très peu de temps. Elle ferma les yeux, quelques instants, et prit une très longue inspiration. Le moment était idéal pour s’entrainer, et par la même occasions, faire plaisir à une Fae à qui son Jardin devait grandement manquer… Doucement, une toute petite fleur jaune apparut. C’était une renoncule, l’une de ses fleurs que les enfants cueillent pour vérifier si son voisin aime le beurre… Une seconde montra son bouton, suivi d’une autre. Ainsi, cinq petites fleurs, les pétales ouvertes vers Aura sortirent de terre. Satisfaite et très heureuse de son geste envers la Fae, Syrianne rouvrit les yeux, un sourire éclatant dessiné sur ses lèvres. Un lien, dans le coeur de la Magicienne, était en train de se créer avec la Fae. Elle avait de la peine pour elle, elle s’inquiétait de la vie qu’elle avait pu avoir et de ce qu’elle pourrait rencontrer par la suite.

« Je suis enchantée, Aura. Et désolée, une fois encore. Je n’y peux rien cette fois mais… C’est horrible d’être jeté dans le monde extérieur sans aucune préparation. Tu es à l’opposé total de ce que ton âme te crie d’être… Ça doit être dur d’être enfermée dans une enveloppe telle que celle-ci. Pour toi, et surtout pour ta sécurité… Si j’ai réagis ainsi, je n’ose pas imaginer les adultes. Ils sont souvent bien trop fermés et méfiants à mon goût ! Je peux me permettre une seconde question ? J’avoue que je ne connais pas bien ton peuple, la preuve en est que je ne savais pas ce que tu étais avant que tu ne me le dise. Sais-tu comment briser ce mauvais sort ? J’aimerais… J’aimerais beaucoup t’aider, quelqu’en soit la manière… »

Les yeux baissés vers son oeuvre, dont la couleur jaune rappelait l’ambre de ses pupilles, Syrianne souriait toujours, un peu plus mal à l’aise. Ce n’était pas une fille qui s’ouvrait facilement, partout quelque chose en présence d’Aura faisait écho dans son âme. Sans doute ce rapport à la nature, qu’elle avait perçut comme très important pour la Fae. C’était aussi le cas pour elle, qui avait toujours vécu avec des gens qui lui avait enseigné les vertus et les bienfaits de la Nature, comment en prendre soin et la respecter.


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Sam 02 Nov 2019, 21:22


Quel qu’aurait pu être la suite des évènements, Aura ne s’était certainement pas attendu à ce que la jeune fille qui lui faisait face choisisse brusquement de s’asseoir sur le sol rugueux de leur bordure boisée. Non pas qu’elle soupçonna que ce fut inconfortable mais s’asseoir était une position qui ne laissait pas énormément place aux mouvements. Ni pour se défendre, ni pour s’enfuir. Au contraire, c’était ainsi que l’on se reposait, se détendait. La Magicienne pouvait-elle ainsi lui faire si instinctivement confiance ? Aura n’aurait pas cru cela possible jusqu’ici mais cette charmante demoiselle semblait vraiment sincère, dans ses réactions, dans ses paroles immédiates et instinctives. La Fae le ressentait, et cela la grisait. Devrait-elle faire la même chose ? se rapprocher et s’asseoir ? Cela faisait peut-être beaucoup d’un coup alors la créature se contenta de faire un ou deux pas en avant, prenant toujours soin de bouger ses multiples appendices avec le plus de douceur possible. Depuis le temps, elle s’y était déjà entrainé à de nombreuses reprises mais n’avait jamais vraiment eu l’occasion jusqu’ici d’être aussi réservée.

Bien… Tout ça prenait une tournure tout à fait excellente ! Taan’tū, toujours bien au chaud dans sa fougère à à peine quelques pieds de la désormais assise Magicienne, observait avec ravissement la scène. Il avait envie de s’agiter dans tous les sens pour manifester son contentement mais ce n’était pas le moment de faire quelques blagues ! Bien qu’il douta fort que cela effrayait la jeune fille, cela lui donnerait peut-être matière à sursauter un peu trop fort. Les bipèdes n’avaient jamais trouvé grâce à ses yeux, mais celle-ci ne semblait clairement pas être la plus mauvaise. Et les Magiciens montraient un certain respect pour la nature, autre bon point.

Grand bien lui en fit de s’être davantage rapprochée de Syrianne car, sous ses petites orbites émerveillées, la Magicienne pratiqua un tour que la Fae n’aurait pas cru voir. Elle-même possédait des dons semblables mais… sa condition rendait la tâche presque dangereuse. Ainsi, Aura suivit chaque petite pousse faire leur apparition, chaque déploiement de leur cinq petites pétales, avec attention. A cet instant, un sourire net aurait dû apparaître sur sa face si elle avait été humaine. Syrianne semblait ainsi maitriser une magie qui était proche de celle des Faes. C’était tout bonnement incroyable, et merveilleux aussi. Aimait-elle la nature ? Le caractère de la jeune fille semblait se fondre dans ce qu’elle était mais Aura aurait certainement eu tort de supposer trop de choses. La Fae lui rendit son sourire, enchantée, avant de l’écouter à nouveau. la Magicienne se montrait étonnamment compréhensive, c’était incroyablement gracieux de sa part. Aura ne saurait certainement lui faire comprendre à quel point. Tout comme elle ne saurait lui apporter toutes les réponses qu’elle désirait, car ce n’était pas ainsi que cela fonctionnait, mais le fait que Syrianne soit là - à souhaiter l’aider - résolvait déjà sa question.

Alors, la Fae lui répondit le plus naturellement possible. « Toi. » Ou plutôt. « Ce sont les gens comme toi qui peuvent briser notre état. » Lui en dire davantage en lui expliquant que c’était précisément un baiser qui mettrait définitivement fin à leur condition n’était pas réellement possible. Si elle le lui disait, l’acte en lui-même perdrait toute signification. Cela n’était pas ainsi que cela fonctionnait mais ce qu’Aura lui avait confié n’en était pas moins vrai. Si plus de gens comme Syrianne existait, alors les chances de survie des Faes seraient considérables augmentées et elles pourraient alors vivre jusqu’à ce que leur malédiction soit rompue. « En nous donnant une chance, même si cela n’est pas si simple. Merci… De ne pas t’être enfuie. Cela représente beaucoup pour moi. Même si cette apparence n’est pas naturelle, on devrait pouvoir vivre avec. » Finit dans un murmure Aurora, alors qu’elle se rapprochait à nouveau de la Magicienne. Doucement, et en s’abaissant - quoique un peu maladroitement - afin de la rejoindre assise sur le sol. Sa position était un peu inconfortable, toute sa masse ne présentait aucun confort de toute manière, et désormais les deux êtres n’étaient plus très loin l’une de l’autre.

Aura aurait également souhaité faire un cadeau à cette demoiselle, son regard s’attardant sur les boutons d’or tout juste éclos, mais… cela pourrait très mal tourné et ainsi faire du mal à ces belles petites choses, de même qu’effrayer Syrianne. Voir créer une fleur qui serait capable de s’en prendre à elle et lui causer alors du tort. Mais, on ne pouvait pas savoir avant d’essayer… Hmpf. Agitant avec douceur ses longs doigts crochus au-dessus de l’une des petites fleurs jaunes, Aura en appela à toutes les terminaisons nerveuses de son être pour faire jaillir non pas quelques grains de magie qui seraient incontrôlables, mais sa gratitude et la douceur que cette demoiselle engendrait à l’égard de son environnement. Et en toute surprise, quelques grains de magie se déployèrent finalement, faisant tinter la renoncule centrale, qui s’étira soudainement, désormais dotée d’une petite bouche imprécise au milieu de son pistil. « Merci bien de nous avoir donné la vie, jeune fille. » Articula un timbre aussi doux et clair qu’un tendre matin de printemps. Les Faes avaient l’aptitude de rendre la parole des fleurs accessibles aux autres races, Aura avait souhaité lui en faire profiter pour cet acte de bonté dont venait de faire preuve la Magicienne. Sur ce, la tige de la fleur sembla s’incliner imperceptiblement vers Syrianne, avant que, doucement, la magie ne cesse à nouveau d’opérer et que le silence ne lui soit rendu.

Bien… Aura n’aurait jamais cru en être capable. Un sourire définitif s’installa non pas seulement sur ses lèvres informes, mais aussi dans ses orbites scintillant de douceur. Ce n’est qu’à cet instant qu’elle réalisa que depuis tout ce temps elle retenait sa respiration, dans la crainte d’une catastrophe. « On dirait que tout s’est bien passé. » Le soulagement filtrait nettement à travers ses propos, même si Syrianne ne pourrait peut-être pas complètement en comprendre la portée. « Merci à toi. Je crois que tu n’aurais pas pu davantage m’aider. » Il n’y avait pas de plus belle aide que de l'avoir menée à se rapprocher de son âme, mais la Fae avait également conscience de l’implication de la jeune fille et ne souhaitait pas qu’elle endure de l'inquiétude. Ce fardeau demeurait le sien. Aussi choisirait-elle de tenter de lui changer les idées. « Tu as l’air d’être une jeune talentueuse Magicienne. Tu étudies la nature ? »

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Dim 03 Nov 2019, 17:16

Là où l'herbe est verte
« Moi… ? » répéta Syrianne, quelque peu surprise.

Elle avait tout juste relevait les yeux des petites fleurs jaunes qui venaient de pousser à ses pieds pour plonger son regard dans les orifices qui devaient servir à Aura pour voir. Elle essayait d’y sonder quelque chose, n’importe quoi qui lui donnerait un indice supplémentaire sur ce que la Fae venait de dire. On sentait qu’il y avait un mystère épais et sans doute des secrets autour de cette condition, que la vie lui imposait. Les paroles de la créature résonnèrent un long moment dans la tête de l’adolescente. Donner une chance… Ne pas fuir devant la différence ou l’inconnu. Il y avait derrière la malédiction subit par Aura, une véritable leçon de vie pour qui prenait le temps de l’écouter. En réalité, il n’y avait pas vraiment de problème. Son apparence n’était pas un choix, personne ne devrait s’arrêter à cela pour décider si la Fae était dangereuse, et encore moins de si elle devait vivre ou non. Il était vrai que si chaque personne qui rencontrait un Fae maudite comme l’était Aura, il suffisait de discuter quelques minutes pour se rendre compte de ce qu’il y avait derrière la carapace repoussante. Et c’était ça, au final, qui comptait, et pas le fait que ses tentacules soit trop nombreuses ou agitées. Au lieu de vouloir l’aider à « changer », la Magicienne arriva à se convaincre que la meilleure manière d’aider la Fae était de passer un peu de bon temps, tout simplement. Elle était encore plus fière de son « cadeau », maintenant qu’elle y repensait. Et d’un autre côté, c’était tout à  fait normal… Du moins, de son point de vue.

Syrianne regarda alors Aura s’approchait doucement pour s’installer, à son tour. On voyait bien que ses mouvements étaient maîtrisés au maximum, comme si elle n’avait pas le contrôle sur son corps beaucoup trop imposant pour une Fae. Effectivement, la taille originel des petites créatures ailées étaient bien plus petite… Ça devait être tout aussi encombrant que de porter une énorme costume. L’une en face de l’autre, la Magicienne et le Fae pouvait profiter d’une proximité certaine et apprécier un peu plus la présence de l’autre. C’était une rencontre, simple, agréable, entre deux êtres liées à la Nature, qui se retrouvaient dans leur élément. Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ? 



Alors que Syrianne profitait de la paix de l’instant, elle remarqua les mouvements d’Aura vers l’une des renoncules. Ses longs doigts allèrent chatouiller les pétales dorées de la petite plante qui, surprenant la Magicienne, l’émerveillant, se mit à frémir. C’était… Tout bonnement incroyable ! Jamais la jeune fille n’avait su que les plantes étaient doués de paroles, qu’une Fae pouvait leur donner cette faculté ! Les yeux pétillants, donnant l’impression de contenir de l’or en fusion, elle ne pouvait plus lâcher la petite fleur des yeux qui venait de s’exprimer. Cela n’avait durer que quelques secondes, mais cette voix… Elle ne pourrait jamais l’oublier, c’était certain ! Elle s’apprêtait à son tour de remercier Aura pour son inestimable présent lorsque l’environnement autour de la Magicienne commença à changer, très lentement, par petite zone. Elle ne le remarqua pas immédiatement, trop euphorique de la scène à laquelle elle avait pu assister, comme une privilégiée.

« Je l’étudie, et c’est à travers elle que j’ai grandit. » dit-elle en sans pouvoir lâcher des yeux la petite fleur qui s’était adressée à elle.

C’était la vérité évidemment, bien plus que ce que la Fae pouvait s’imaginer. Syrianne était née dans une famille de Jardinier, et sa mère avait exploré tous les endroits qu’elle avait pu dans l’unique but de découvrir la Nature, de la décrire et d’en faire profiter le monde entier. Durant toute son enfance, elle avait été bercé par les douces odeurs d’Hortensias, ses pas avaient été rythmé par leur floraison et chaque année, tous ensemble, ils fêtaient leur arrivée.  Rien dans son environnement n’était pas lié, de près ou de loin, indirectement ou pas, à la faune et à la flore. En chérissant la Nature, c’est la Vie toute entière que Syrianne avait appris à respecter. Naturellement, Phoebe et Natyrië était donc au centre de son quotidien et de ses prières. 



Pourtant… Syrianne se pensait parfois maudite. Sans même le toucher, la Magicienne détruisait tout ce qu’elle adorait. Et une fois de plus, en cet fin d’après-midi, à la lisière de cette forêt, la jeune femme n’avait pas su se contrôler. Ses émotions fortes débordaient et s’exprimaient à travers sa magie, encore trop puissante pour elle. L’adolescente ne se rendait pas toujours compte lorsque cela arrivait, incapable de détecter ce que son corps faisait contre son gré. Elle absorbait l’énergie tout autour d’elle, la plupart du temps des vies les plus faibles et les moins à même de se protéger… L’herbe à ses pieds se mit à flétrir, comme dessécher par une trop longue exposition au soleil durant tout un été. Jamais rassasié, cette capacité que possédait Syrianne et qu’elle trouvait aussi détestable qu’inutile, continuait à se nourrir de ce qui se trouvait autour d’elle. Jusqu’à s’attaquer à sa propre création… Les boutons d’or, qui avait éclos seulement quelques minutes auparavant, voyaient leur pétales tombaient, leur couleurs devenir terne et morne. Là où Syrianne passait, la Nature mourrait. 



Ce n’était pas faute d’avoir tout essayer pour apprendre à désamorcer ce pouvoir destructeur. Au tout début de son adolescence, ce phénomène avait lieu quotidiennement. Dès qu’elle était contrariée, frustrée, en colère, fatiguée, triste ou heureuse, passant par tout le spectre d’émotions et sentiments qu’une jeune fille peut ressentir lors de cet âge où tout change autour d’elle et en elle, Syrianne absorbait. Elle ne savait même pas quoi faire de cette énergie qu’elle récoltait… Petit à petit, c’est elle même qu’elle avait appris à restreindre, à travers le contrôle de la lumière. Chaque fois qu’elle sentait qu’elle se laissait emporter par un flot d’émotions fortes, la jeune femme se calmait avec la lumière qu’elle était capable de créait entre ses paumes. Cette fois, elle n’avait pas senti la vague arrivait. Et il était trop tard. Dans un rayon d’une vingtaine de centimètres autour d’elle, tout était mort, privé de l’étincelle de vie que Syrianne venait de leur voler, sans vraiment le faire exprès.

Dévastée par ce qu’elle venait encore de faire, Syrianne recula tout en restant sur le sol. Elle regardait son oeuvre, macabre. Elle se sentait comme une erreur de la Nature. Phoebe devait la détester. En tout cas, c'est ce que Syrianne faisait. Elle s'exécrait.


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Sam 09 Nov 2019, 21:38


Hmm… Cette jeune fille était de plus en plus charmante. Evidemment, Aura se doutait que certaines personnes parmi les autres races s’intéressaient à la nature mais c’était autre chose d’en rencontrer une direction. Elle éprouvait une émotion assez nouvelle à cet instant, quelque chose comme de la tendresse à l’égard de cette demoiselle dont les traits si jeunes lui donnaient un caractère auquel les Faes n’avaient pas accès. Ces dernières naissaient adulte et ne connaissait pas le stade de l’enfance. Il n’y avait pas de distinction pour elles, seulement un seul et même état du début à la fin de leur vie. Rencontrer quelqu’un qualifié de « jeune » alors qu’elle-même avait un temps de vie plus court que le sien était une expérience assez étrange, et en même temps enrichissant. « Ah, j’espère que tu pourras en apprendre encore davantage d’elle alors… » Sourit Aura avec douceur en lui répondant. C’était ce qu’elle avait de mieux à souhaiter pour la jeune Magicienne. Elle-même n’en souhaitait pas moins mais… c’était déjà différent. La Fae n’avait pas le droit d’attendre quoique ce soit de cette nature tant qu’elle n’avait pas réussi à dompter son être. D’une manière… ou d’une autre.

Et… l’impensable se produisit. Comme la nature tranquille présente son essence, les glas de la magie qui se répandirent soudainement se firent sentir. Aura ressentit immédiatement le déclin des petites pousses qui les entouraient, ses orbites fixées incapable de comprendre ce qu’il était en train de se passer, brusquement… et si vite. Etait-ce Syrianne qui faisait cela ? A n’en pas douter mais… cela ne correspondait pas. Et la Fae n’eut pas besoin de plus qu’un fragment de coup d’oeil à l’expression de la jeune fille pour comprendre que ce qui s’était passé n’aurait jamais dû survenir.

« Taan’tū… Est-ce que tu peux faire quelque chose ? » Susurra le timbre éteint d’Aura, à peine perceptible, craignant de creuser le fossé qui se lisait désormais sur les traits de la Magicienne. Bien en peine dans sa fougère, le Lesovik n’avait pas de raison de lui mentir et incrusta ses paroles dans l’esprit de la Fae. °Non, je ne peux que recréer des plantes à partir de celles qui existent déjà. Je pourrais tout au plus refaire jaillir les mêmes. Je ne peux ni ramener à la vie, ni soigner…° Le deuil que les deux créatures de la nature ressentait étaient davantage saisissant en raison des circonstance dans lequel il s’était produit. Aura n’avait rien vu venir, et… quoi de plus normal. Non, si la Fae n’avait rien vu venir, c’était car tout ce temps elle n’avait cessé d’être focalisée sur les dégâts que pouvaient provoquer sa magie incontrôlable. Elle n’avait jamais imaginé que cela pouvait arriver à quelqu’un d’autre. Et quelqu’un d’aussi bienveillant que cette jeune fille. Le choc que cela lui causait était évident et, à l’instant, privée de mots, Aurora ne savait comment réagir. °Tu devrais lui dire quelque chose… Elle a l’air vraiment bouleversée.° Souffla avec douceur Taan’tū dans son esprit. Peu importe à quel point les bipèdes pouvaient causer du tort à la nature, la souffrance n’était bonne pour personne. Et, ce qui était arrivé, était un simple accident. Quelque chose qui pouvait se produire chez tout le monde, y compris les Lesoviks. Il ne pouvait pas juger…

Jamais Aura ne s’était-elle retrouvé dans pareille situation auparavant, la laissant complètement désarmée. Et son coeur battait d’autant plus vite qu’elle savait que chaque seconde qu’elle laissait s’écouler montrait à quel point son impuissance devait sonner flagrant. Pourtant, des mots - des émotions - venaient à son esprit mais les formuler était presque douloureux, car c’était admettre raisonnablement certaines choses qu’elle avait laissé la faire souffrir aussi. A vrai dire, les choses étaient simplement ainsi faites… Cela allait, et venait. Si le cycle de la nature respectait des lois aussi tumultueuses que gravées dans le marbre, le cycle de la vie - lui - ne connaissait que les aléas. « Ce n’est rien, Syrianne… » Commença-t-elle par souffler, amenant avec douceur l’une de ses mains griffues vers l’un des genoux que la jeune fille avait commencé à reculer dans son effroi. « Aussi terrible que cela puisse paraître, ce sont des choses qui arrivent… » La Fae devinait sans mal que l’un de ses pouvoirs venaient de lui échapper, même si elle ne savait pas exactement lequel était à l’origine. « Une des choses sympathiques qu’il faut savoir à propos de la nature, contrairement aux Hommes, c’est que la mort n’est pas synonyme de fin. » Le printemps faisait place à l’hiver, les plantes naissaient à nouveau. Tant que les racines n’étaient pas touchées bien évidemment et, dans le cas présent, Aura ignorait si cela était le cas ou non. Mais la zone touchait était petite, donc le pouvoir relativement faible encore, il y avait bon espoir.

Non, décidément, Aura ne savait vraiment pas y faire, mais sa compassion à l’égard de cette délicate jeune fille ne cessait de croître et de l’empêtrer à vouloir l’aider. Quand bien même elle n’était pas douée, Aura voulait en venir avec une solution. Et ses pensée tournaient comme milles entre elles-mêmes pour y parvenir. °Je crois qu’elle a absorbé leur vie sans faire exprès.° Finit par lui souffler Taan’tū dont la proximité avec la nature était encore bien meilleure. Hmm… Alors ce genre de pouvoir existait ? Cela était impressionnant… et quelque peu effroyable aussi. Nul besoin de comprendre pourquoi Syrianne était dans un tel état. Cela ne devait pas être facile tous les jours de porter un tel pouvoir, sans pouvoir le contrôler. Elle en savait quelque chose. « Tu as le pouvoir d’absorber l’énergie des autres, c’est ça ? » Conclut-elle à haute voix, tentant de mettre au jour le problème afin d’éviter qu’il ne ronge l’intérieur de la jeune Magicienne. Parfois, parler était tout ce qui pouvait aider. « Cela ne doit pas être facile à porter… » Essayant quelques secondes de se mettre à la place de la nature, un faible sourire parcourut ses traits faciales presque inexistants. « Ne t’inquiète pas, la vie renaîtra à cet endroit… Même si cela prend du temps. Et la nature ne manque pas de patience. Je suis sûre qu’elle te pardonnera, car elle-même ne peut rien y faire quand un accident la concernant retire la vie d’un Homme… » C’était triste à dire, mais c’était également la vérité. Un arbre ne pouvait que ressentir sa tristesse lorsqu’une tempête le déracinait et le faisait s’effondrer sur quelques malheureux. Devait-il culpabiliser d’avoir un tronc épais et dur ? que la malchance de la tempête l’ait choisi lui ? C’était… des choses qui survenaient…

Cette réflexion n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd pour le Lesovik qui semblait peser lourdement ses mots. Lui-même s’était toujours senti concerné par la bêtise des bipèdes, et leur manque d’attention à l’égard de toutes les petites choses qu’ils tuaient sur leur passage, mais… Il y avait certainement plus à réfléchir là-dessus. Et à cet instant, il ressentait à quel point cette jeune Magicienne n’y était absolument pour rien. Aussi décida-t-il de faire un geste, car en tant qu’esprit de la forêt, n’était-ce pas aussi un peu son rôle ? °Elle a raison, demoiselle.° S’incrusta sa voix dans l’esprit de Syrianne, clair, et presque claironnante, car c’était ainsi qu’il était. Bienveillant, et joueur, là où il voyait du chagrin. °Il n’y a pas de coupables dans un accident. Vous avez certainement bien plus à offrir qu’à prendre !° Mais peut-être devrait-il un jour penser à lui dire qui s’adressait ainsi à elle, aussi reprit-il bien vite, s’éclaircissant la voix avec ce pouvoir qu’il maitrisait aussi encore depuis peu. °Je suis Taan’tū, un esprit de la forêt. C’est un plaisir !° Son timbre plus énergique que doux tentait clairement tirer vers le haut le moral de la jeune fille. Entre temps, le Lesovik s’était incrusté dans l’arbre qui était derrière lui, un châtaignier un peu massif qui bordait de façon visible leur lisière, et doucement, il abaissa l’une de ses branches pour que la pointe de l’une des plus basses viennent frôler comme une caresse la belle chevelure d’argent de la demoiselle. Lui faisant savoir où il était, qu’elle n’était pas seule dans cette nature, et que l’indulgence y avait bien plus court que la colère.

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Dim 10 Nov 2019, 22:45

Là où l'herbe est verte
Les choses s’était apaisées entre la Fae et la Magicienne, le moment était même devenue agréable, au milieu de la Nature mais évidemment, il fallait que Syrianne gâche tout. Elle se sentait tellement honteuse et coupable de sa bêtise ! Elle aurait aimé se terrer dans un petit trou et disparaître pendant longtemps, jusqu’à ce qu’elle oublie ce pourquoi elle était détestable. Finalement, l’aspect repoussant d’Aura n’était rien comparé à ce qui se cachait à l’intérieur de l’adolescente. Quelle potentielle destructeur gardait elle en elle pour que cela s’exprime sans son consentement dès qu’une vive émotion s’emparait de son esprit ? Parfois, Syrianne avait peur de devenir une sorcière. Il y avait comme quelque chose d’innée chez la Magicienne qui était sombre et lui rappelait les ténèbres dont était entouré tous les sorciers dont elle avait entendu parlé. Elle n’en avait jamais rencontré un en face, du moins pas qu’elle le sache, et elle l’éviterait aussi longtemps que possible. Et si sa vraie nature était à l’opposée de celle qu’elle arborait en ce moment ? C’est ce genre de remise en question qui opérait dans le cerveau de l’adolescente, recroquevillée, les genoux enserrées dans ses bras et la tête enfouie entre ses jambes et son torse.

Et Aura, que penserait-elle de tout cela ? Elle était une Fae, un être avec un lien très fort avec la Nature. Elle avait du percevoir la mort des petites pousses en même temps qu’elle avait vu le phénomène se déroulait sous ses yeux. Est-ce qu’elle lui en voudrait ? Est-ce qu’elle la chasserait ? Est-ce qu’elle allait l’attaquer ? Cette dernière option lui paraissait très peu probable. Les Fae restaient des êtres pacifiques dans l’esprit de Syrianne. Elle ne se doutait pas que certaines d’entre elles pouvaient être aussi vicieuses qu’agressives… Tout du moins, cela ne correspondait pas à l’image que renvoyait Aura, une fois qu’on prenait le temps de la connaître. Néanmoins, Syrianne n’avait pas la force, ni le courage, d’affronter son regard. Elle préféra rester tapi contre son propre corps, laissant couler une unique larme de rage le long de sa joue. Et cette colère qu’elle alimentait envers sa personne n’aidait jamais vraiment lorsqu’il s’agissait de contrôler la capacité qu’elle avait à absorber l’énergie aux alentours. Petit à petit, ce pouvoir se développer, grignoter un peu plus d’espace. Était-ce parce que Syrianne évoluait ou bien à cause du fait qu’elle se dévaloriser chaque fois plus à cause des conséquences et drames qu’elle provoquait ? 



Pendant qu’elle se fustigeait, Syrianne perçu la voix d’Aura. Elle avait parlé tout doucement, peut-être s’adressait-t-elle la parole toute seule. La Magicienne n’avait pas perçu ou comprit ce qu’elle avait dit de toute façon. Elle n’osa pas réagir et laissa le temps couler et ses pensées continuer de mettre du sel sur la blessure qu’elle portait. Elle était tellement préoccupé par son erreur qu’elle ne comprit même pas tout de suite lorsqu’Aura reprit la parole pour lui faire passer un message qui se voulait réconfortant. C’était… Difficile à croire. C’est vrai que ce n’était que quelques brins d’herbes, 3 petites renoncules jaunes, après tout. N’importe qui n’y verrait rien qui mérite que Syrianne se punisse de la sorte. Mais ces fleurs… La plupart des Hommes ne s’en rendaient pas compte et à vrai dire la jeune femme pas totalement non plus avant qu’Aura ne leur donne la parole, l’espace d’une seconde. Les petits pétales jaunes s’était épanoui, avait eu le temps de s’exprimer et avait péri dans le même quart d’heure. Et si seulement c’était une chose qui arrivait, rarement ! C’était tellement fréquent dans le quotidien de la Magicienne… Au moins, elle avait pu déterminé avec le temps d’où provenait le problème et comment tentait de le freiner. La solution n’était pas encore abouti et cela pesait de plus en plus sur les épaules et le coeur de Syrianne. Elle avait espérait faire pencher un peu plus la balance en faveur de la vie en apprenant la Création Élémentaire de la Nature mais son mal-être n’avait pas même diminuer…

En revanche, la dernière phrase de la Fae sur le cycle de la Nature fit écho en elle. Elle se rappelait les quelques semaines où le froid et la neige touché ses contrées, la mort des fleurs, l’hibernation des arbres, de certains animaux et la disparition de la plupart des insectes. Elle se sentait toujours tellement vide lorsque cela arrivait… Comme si sa vie n’avait aucun sens et qu’elle aussi, était dans une sorte de semi-sommeil. Lorsque les beaux jours revenaient enfin et que tout revenait à la vie, Syrianne ne pouvait pas être plus heureuse. Oui, ces fleurs repousserait, quelque part. Elle n’était pas totalement perdue… Cela n’effacerait pas pour autant le meurtre de ses quelques spécimens. L’adolescente renifla, sans relever la tête pour l’instant, en train de mettre de l’ordre dans ce qu’elle ressentait et ce qu’elle pensait de son geste inconscient.

Le pouvoir d’absorber l’énergie. À ces moments, elle sorti un tout petit peu de son cocon. Elle avait toujours le visage dirigé vers l’intérieur mais on pouvait à présent voir ses yeux quelque peu rougis. Comment… Comment Aura pouvait-elle savoir ? Elle avait ce lien avec la Nature donc certes, elle avait senti que le vie avait été aspiré et convergé vers la Magicienne. Qui plus est, elle compatissait… Tout doucement, touchée par la considération que lui portait la Fae, Syrianne accepta enfin de son montrer. Un faible sourire triste s’afficha sur son visage, toujours incapable de regarder Aura dans les yeux. Elle se sentait un peu mieux mais la culpabilité mettrait un long moment à ne plus assombrir son humeur. Un détail, peut-être, ferait passer son ressentiment en arrière-plan pour laisser place à sa curiosité immense et jamais rassasiée. Une voix lui apparut dans son esprit, comme si une personne c’était créer un chemin à travers son cerveau pour lui déposer un message. Cela sonnait si clair, si réel, qu’elle ne douta même pas de sa santé mentale. Il y avait quelque chose qui parlait dans sa tête. Elle se redressa directement, droite comme un « i », à la recherche de la créature qui s’adressait à elle. Il avait l’air bien au courant de ce qu’il se passait, il devait avoir été témoin de la scène depuis un bon moment déjà… Taan’tū, l’esprit de la forêt, qui venait de se présenter à elle de cette manière, mit enfin un visage sur son nom, ou plutôt devrait-on parler de branchages… Aussitôt, elle se tourna vers la Fae.

« Aura… Est-ce toi qui lui as donné le don de la parole ? Cet arbre n’a pas l’air d’avoir de visage comme la fleur que tu as éveillé… » Elle se positionna ensuite face à l’arbre et se leva. Elle fit une petite courbette face aux troncs massif du chêne avant de rouvrir la bouche. « Enchantée de faire votre connaissance, Taan’tū. Je suis Syrianne, mais peut-être le saviez-vous déjà… »



« Mais j’y pense… Rien à voir avec les évènements mais, ma famille est végétarienne et ça depuis bien avant ma naissance. C’est d’ailleurs souvent le cas parmi les magiciens. Pour moi, cela a toujours été une évidence même de ne pas tuer d’animaux pour que nous puissions vivre. Mais après ce que je viens de voir cet après-midi… Les plantes souffrent, elles aussi ? »

Inquiète, la Magicienne était en train d’imaginer un membre de sa famille arracher une carotte hurlante de la terre et la coupée en morceaux avant de la plonger dans l’eau bouillante. Dans sa tête, le légume hurlait à plein poumons de sa sortie de terre jusqu’à dans les bulles bouillantes de la casserole… Un effroyable film d’horreur, spécial végé. Frissons garantis…


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Mer 13 Nov 2019, 21:57


Lorsque la jeune Magicienne s’était redressé d’un bond, sans crier gare, Aura en avait eu léger hoquet de surprise à l’intérieur de son corps, mais seul un tendre sourire s’amorça sur sa bouche décharnée. Cette demoiselle était vraiment attendrissante. La Fae ne douta pas une seconde que ce qui avait dû la faire sauter de surprise soit l’intrusion inattendue que Taan’tū avait du faire dans son esprit. Elle ne connaissait le Lesovik que depuis peu encore mais derrière l’intérêt prioritaire qu’il mettait à protéger et soigner la nature, il se sentait concerné par ceux qu’il nommait les bipèdes. Probablement car cet esprit détestait la souffrance bien plus que tout autre chose… Elle ignorait ce qu’il pouvait lui raconter mais cela ne pourrait être qu’une nouvelle expérience enrichissante pour Syrianne qui semblait vouer un amour profond pour la nature. « Non, je n’y suis pour rien. » Lui répondit Aura, d’une douceur mêlée d’amusement face à la curiosité qui semblait avoir repris le dessus chez la jeune fille. En l’observant faire la révérence au châtaignier dans lequel Taan’tū avait certainement dû trouver refuge, la Fae ne put s’empêcher de penser que, oui, Syrianne vouait vraiment une affection et un respect particulièrement profond pour l’âme naturelle qui recouvrait leur terre. Quelles expériences qui avaient ponctué sa vie avaient pu mener à ce lien si sincère ? Aura se le demandait bien.

Toujours assise, et désormais confortablement, Aurora observa en silence l’échange qui eut lieu entre la Magicienne et le Lesovik qui ne devait pas pas en mener large dans son tronc épais. En effet, en dehors d’Aura qu’il accompagnait depuis quelques semaines, c’était la première fois que Taan’tū adressait la « parole » à un bipède. Ils les avaient rencontrés de nombreuses fois, leurs avaient souvent causés des farces, mais ce n’était que depuis sa rencontre avec la Fae qu’il avait développé le don de s’introduire dans leur esprit afin de pouvoir leur parler. Et cette Magicienne avait semblé le chercher et lui répondre avec une telle hâte qu’il n’avait pu s’empêcher de ressentir un vif plaisir à l’idée qu’une personne puisse être enthousiasmée à ce point par les esprits qu’ils étaient. °Oui, oui.° Renchérit-il, toute sa joie débordante. °J’accompagne Aura depuis un moment alors j’étais là depuis le début.° Expliqua-t-il entre deux paroles entrecoupées de la jeune fille dont il semblait bien s’accommoder du flux de paroles.

Cependant, la question presque immédiate qui vint à l’esprit de Syrianne le surprit plus qu’il ne pensa. Il ne s’était pas vraiment attendu à ce que ce soit l’une des premières choses qui lui vienne en tête après tout ça. Ecoutant tranquillement, Aura avait également été surprise par l’interrogation de sa nouvelle amie. Concernée, et touchée par la réflexion que la demoiselle leur demandait, la Fae échangea un regard inquisiteur vers le châtaignier. L’arbre n’avait pas de regard mais la vision de Taan’tū n’y avait pas de limites. Répondre a une telle question n’était pas aussi facile que cela semblait l’être pour eux. Bien qu'étant parmi les êtres les plus proches de mère nature, ils n’étaient pas non plus des plantes. Ils les ressentaient, communiquaient avec elles, les soignaient et souffraient lorsqu’on les détruisait. Alors… Oui, en soi, mais Taan’tū voyait relativement bien où la jeune fille voulait en venir. Quoiqu’il connaissait assez mal les bipèdes, l’exploitation de la nature à leurs fins personnelles était quelque chose auquel il avait déjà réfléchi - croyait avoir déjà réfléchi. Quand c’était cette demoiselle qui venait à poser ce problème à voix haute, on réalisait que plus rien n’était vraiment aussi simple. Prenant une petite respiration - inutile - le Lesovik finit par choisir ses mots. °Si la nature possède une âme dont il faut prendre soin, les plantes ne possèdent pas un esprit qui fonctionnent comme le vôtre, et même le nôtre.° Quoique l’état spirituel des Lesoviks soit probablement ce qui pouvait s’en rapprocher le plus. °La question n’est vraiment pas de savoir si elles souffrent, ou non, mais de ne pas le faire inutilement.° Cueillir des plantes pour se nourrir n’avait rien d’inutile. Les animaux le faisaient pour survivre chaque jour. Aura s’était principalement nourri de baies depuis son réveil. °C’est ainsi que va l’écosystème du monde. Chaque être dépend des autres. A compté que l’on prend soin de la nature, elle a également à coeur de prendre soin de nous. Alors tu n’as pas besoin de t’inquiéter si tu cueilles une plante pour un plat ou pour un remède.°

Afin de ne pas la laisser complètement ignorante, Taan’tū avait réussi à faire raisonner une partie de ses paroles dans la tête d’Aura qui avait majoritairement compris ce qu’il venait d’essayer de faire comprendre à la jeune fille. Néanmoins, elle n’était pas certaine que cela ne soit pas trop abstrait. « Quoiqu’il en soit, les fruits et les légumes dont tu te nourris sont en fait les produits de plantes. Lorsque tu les cueilles, ils sont déjà parties indépendantes de la plante. Si tu ne les prends pas, il est fort probable qu’ils tomberont tout seuls à un moment donné. Ils ne sont pas vivants au même titre que la plante qui les a fait naître, plus… une création de sa part. » Taan’tū sourit intérieurement à cette explication. °Oui, sois juste reconnaissante de ce que la plante en question t’aura donné.° Son air un peu plus moralisateur résonna soudainement. °Les récoltes pourraient aussi être très mauvaises. Généralement c’est le signe que mère nature a quelques griefs à exprimer.° Oui oui, il ne pouvait pas s’empêcher de placer une petite leçon quelque part. Après tout, c’était la première fois qu’une bipède lui demandait un conseil alors ne devait-il pas en profiter pour jouer son rôle de gardien de la nature ? Il n'en ferait jamais trop. Non, non.

Un vague sourire de tendresse passa dans les orbes rétrécies d’Aura qui contemplaient désormais avec attention la jeune Magicienne, sincèrement inquiète pour demoiselle aux réactions si ingénues. « Est-ce que tu te sens mieux ? »

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Jeu 14 Nov 2019, 19:03

Là où l'herbe est verte

Alors comme ça, Aura et Taan’tū étaient ensemble depuis le début. Syrianne comprenait qu’il ne se soit pas manifesté plus tôt, vu la réaction de méfiance qu’elle avait vu en découvrant l’apparence de la Fae… D’ailleurs, il n’avait peut-être tout simplement pas prévu d’intervenir du tout, à la base. Elle n’avait jamais entendu parler d’esprit de la forêt, il devait être rare et discret. L’imagination de Syrianne s’en donnait à coeur joie face à cette nouvelle découverte personnelle. Est-ce qu’il vivait dans les arbres ? Est-ce qu’il suivait Aura en se déplaçant sur des sortes de racines ? C’était tout à fait excitant de découvrir quelqu’un d’une race inconnue, encore plus lorsqu’il s’agissait d’un être très proche de la nature, tout comme Aura d’ailleurs. Cette journée était apparemment bien plus enrichissante que ce que Syrianne aurait pu pensé. 



La jeune femme avait posé une question délicate, inédite, mais c’était la première qui lui était venue à l’esprit. C’était difficilement concevable pour elle de faire preuve de cruauté pour se nourrir. Bien sûr, c’était dans l’ordre des choses encore une fois et elle ne jugeait pas ceux qui mangeaient de la viande. Mais dans son for intérieur, pour rester tranquille avec sa conscience et en accord avec ses valeurs, elle avait besoin de savoir que pour vivre, elle ne devait pas tuer d’autres êtres vivants. Avant d’entendre parler littéralement un arbre, elle n’avait jamais les choses sous cet angle. En plus, elle pouvait avoir une réponse à la source qui était à cent pour-cent sûre. Avant d’écouter ce que pourrait dire Taan’tū ou encore Aura, Syrianne s’installa à nouveau sur le sol.

Cependant, cette fois, elle ne tourna plus le dos au chêne. Il faisait parti de la conversation dorénavant et Syrianne avait conscience de sa présence. Elle ne pouvait plus faire comme si de rien était, ce serait lui manquait de respect ! Elle se mit un peu plus sur le côté, un peu plus proche physiquement de la Fae. En les comptant tous les trois, ils formaient un petit triangle où chacun pouvait garder son espace vitale. La Magicienne se tourna vers l’Esprit de la forêt lorsqu’il prit la parole à l’intérieur de son crâne, bien qu’elle ne savait pas trop où poser ses yeux. Sur le troncs ? Sur les branches ? Si ce n’était qu’un Esprit immatériel et qu’il n’avait pas de corps, où devait-elle regarder ? Ce fait la gênait un peu, mais elle fit l’effort de ne pas trop le faire paraître. Elle décida de copier sur Aura et suivre ses yeux pour voir comment elle faisait.

Syrianne n’avait pas pensé au point de vue que l’un comme l’autre avait mis en avant. D’un côté, Taan’tū voyait le fait de se nourrir de la nature comme un échange de bon procédé. Si on prenait bien soin de cette dernière, elle nous donnais de quoi survivre en retour. L’univers dans sa globalité ne fonctionnait que parce que chacun était un petit morceau de la toile, un rôle bien précis à remplir. Cela revenait à l’idée même de cycle. Un jour, lointain, elle l’espérait, son corps retournerait à la terre et nourrirait d’autres écosystèmes et ainsi de suite. Tout était logique, en fin de compte. De l’autre côté, Aura voyait plus les fruits et légumes comme un don, un don de la Nature à ceux qui en avait besoin, une chose externe qu’il produisait dans le but précis de pouvoir sustenter d’autres êtres vivants. En plus de ça, Syrianne pensa aux graines qu’ils contenaient et qui étaient réutilisées chaque année dans le but de créer de nouvelles plantes.

L’Esprit se permit de souligner un autre point, pour conclure. Celui de la reconnaissance, du respect que tous devaient à Mère Nature et à son oeuvre. Là-dessus, elle était bien d’accord. La plupart des hommes ne voyait pas au-delà des vertus de telles ou telles espèces de végétaux, qu’ils utilisaient, produisaient et récoltaient à des fins bien précises. Mais derrière tout ça, il y avait une plante qui mettait du temps à puiser dans les ressources de la terre afin de naître, grandir et avoir ces fameuses capacités recherchaient par celui qui la cultivait. Il y avait des organismes qui utilisaient le dioxyde de carbone et les rayons du soleil pour créer ses propres réserves énergétiques. Tout ces petits mécanismes insoupçonnés passionnaient réellement Syrianne. Elle avait appris à les connaître et les avait découvert auprès de sa famille et de sa mère, tous spécialisé dans des domaines particulier. Elle en savait par exemple beaucoup plus sur les Hortensia que sur d’autres fleurs. Elle prit le temps de bien réfléchir à tout, les paroles des deux êtres, de faire ses propres conclusions. Elle fut satisfaite de ce qui ressortait de cette discussion. C’est l’inquiétude d’Aura qui la sortit de ses trop nombreuses et encombrantes pensées. Elle avait cette faculté à se déconnecter totalement lorsqu’elle se mettait à réfléchir…

« Je… Oui, je pense que je me sens mieux. Et c’est grâce à vous, à vous deux. Il a fallu que je change d’angle de vue pour mettre les choses au clair avec moi-même mais… Ça va, maintenant. Je sais que… Ce qui s’est produit adviendra encore, et pas qu’une fois. J’espère simplement devenir assez forte pour pouvoir le contrôler entièrement. C’est très difficile, parce que je ne le sens pas toujours venir… Quand on pris par une émotion vive, on ne le prévois pas. Je ne peux pas tout prévoir, et ça m’angoisse… Je sais me calmer maintenant, surtout quand je suis en colère. Je fais… Je fais ça, quand je veux me changer les idées. »

Elle ouvrit la main, paume vers le ciel, avant de faire apparaître une petite boule de lumière pure.

« Ma mère me répète souvent que, lorsqu’on se croit perdu dans les ténèbres, il suffit de chercher de la lumière. Je peux en produire moi-même, depuis quelques années, parce que j’ai suivi son conseil au pied de la lettre. Je pense qu’elle essayait de me faire passer une autre message pour m’apaiser spirituellement. J’ai tout de même réussi à avoir le même résultat, à travers ça… »

Elle referma ses doigts et la lumière disparut.  
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Jeu 14 Nov 2019, 21:45


Un soulagement sincère imprégna la Fae lorsque Syrianne lui apprit qu’elle se sentait mieux, relâchant avec plus de tranquillité ses muscles, notamment ceux de ses bras, jusqu’aux fibres qui pénétraient le creux de sa paume, qui avaient été inconsciemment gardés en tension depuis lors. Bien que tout tort fait à la nature soit un fait relativement important à leurs yeux, cette rencontre avait déjà du être suffisamment choquante pour la Magicienne. Puisse-t-elle bien prendre le fait de rencontrer un esprit de la forêt, Aura savait que rencontrer une créature telle qu’elle-même restait en soi une épreuve. Peut-être était-ce même elle la fautive de cet accident dans le fond, en ayant déstabilisé Syrianne par leur rencontre. Il devait y avoir un peu de ça malgré tout aussi… D’autant plus lorsque la jeune fille lui expliqua que c’était lorsque des émotions fortes l’envahissaient, ou qu’elle maitrisait moins bien moins ce qu’elle ressentait, que cela se produisait. Quoi de plus normal dans le fond si elle possédait un tel pouvoir ? Le don d’absorber l’énergie d’autrui était finalement une capacité propre à se protéger soi-même et être envahi par une émotion forte était souvent synonyme d’une détresse. Peut-être qu’un jour, cela lui serait même salutaire... Lorsque sa vie est menacée, l’instinct bien plus que la raison résonne, alors… peut-être cela la sauvera-t-elle un jour.

Bien que son masque facial ne soit pas suffisamment élaboré pour transmettre toutes ces émotions, Aura réalisa bien vite que son esprit était en train de s’égarer un peu trop loin. A cet instant la Fae n’avait pas envie d’alourdir son esprit avec autant de penser négatives, seulement de profiter de ces moments incroyables agréables avec cette jeune Magicienne, l’écoutant avec attention. Apprendre à maitriser sa magie était une pratique particulièrement louable, surtout comme cela demandait autant un don de soi. Syrianne ne semblait pas au bout de sa détermination en tout cas : cette orbe de lumière était d’une incroyable beauté. Aura n’avait pas la moindre idée que des personnes puissent être capable de faire ce genre de choses. Taan’tū n’était pas non plus en reste, tout à fait émerveillé. Quoique créée de toute pièce par la jeune fille, la lumière restait une composante essentielle - primaire - à l’éveil de la vie. Mais, ce que lui avait appris sa mère n’aurait jamais traversé l’esprit de la Fae jusqu’ici - parce que bien trop de ténèbres l’avaient entourée - mais… elle comprenait la teneur de ces propos. L’espoir perdure toujours… L’obscurité n’existe que parce quelque part il y a un point de lumière qui fait contrepoids. Alors, s’il existe forcément, il suffit de le chercher. Mais…

Pour la première fois - de sa courte vie - peut-être, un simple éclat de rire s’échappa de la gorge d’Aura, léger et carillonnant. Même Taan’tū se tint coi à son entente, lui qui avait déjà réussi à faire sourire la créature n’en était jamais arrivée là non plus. « C’est tout à ton honneur d’avoir pensé ainsi. » Et c’était remarquable, de faire face à un problème et d’être capable de le contourner pour apporter sa solution. « Cela ne me serait jamais venu à l’esprit. Tu as l’air bien débrouillarde pour réussir à transformer un conseil en une idée tangible. C’est une façon merveilleuse de voir les choses. Réussir à s’adapter. » Et oui, en soi, Aura trouvait ça assez drôle que l’esprit d’un enfant ait ainsi transformé les paroles d’un adulte. Peut-être était-ce un tort que les Faes ne puissent pas passer par ce stade de vie. Peut-être… Aura était infiniment reconnaissante d’avoir pu faire la connaissance de cette jeune fille.

C’était une Magicienne… particulièrement débrouillarde, et capable à n’en pas douter. « Plus tu exerceras cette magie, plus tu percevras les moyens de la désamorcer… Et lorsqu’elle se déclenchera par inadvertance, tu parviendras à y mettre fin de plus en plus vite. » C’était ce qu’elle-même s’était répété de nombreuses fois pour sa propre magie… Quand les flots la submergeaient ou partaient dans des directions tout à fait opposées à ce qu’elle avait souhaité leur donner, Aura avait tenté de maitriser ce point qui revenait inlassablement et lui permettrait d’arranger les choses. Mais… cela ne fonctionnerait jamais vraiment pour elle, pas tant qu’elle ne parvenait pas à briser leur malédiction. C’était une autre affaire mais… C’était ainsi que cela était censé fonctionner. Peut-être en soi leur rencontre était une chance ? Car, brusquement, Aura réalisa que leurs deux magies seraient capables de se court-circuiter l’une l’autre. « Je crois que je peux te permettre de t’entraîner sans que tu ne fasses le moindre mal à ton environnement, est-ce que tu veux essayer ? » Lui proposa-t-elle finalement, en se redressant légèrement.

Avisant un arbrisseau pourvu de petites fleurs blanches qui devait probablement produire des baies lorsque la belle saison se présentait, la Fae s’agenouilla à nouveau lentement, prenant précautionneusement acte de ce qu’il y avait autour. « Mon pouvoir permet de rendre les fleurs plus fortes mais… ma magie n’étant pas en phase avec mon être, cela dérape très souvent. La tienne permet d’absorber l’énergie. Si tu exerces ton pouvoir en même temps que mien, tu contrebalanceras certainement sa faiblesse. Ensuite, tu n’auras qu’à t’arrêter. » Un sourire relaxant passa doucement dans les orbites de la Fae. « Ca ira, ne t’en fais pas. » Aura ne pouvait pas complètement ignoré éprouver une certaine tension à l’égard de son propre pouvoir et de sa propre incapacité à bien faire les choses mais… Si Syrianne était suffisamment courageuse pour le faire alors elle aussi, non ? « On y va ? Concentre toi sur ce que tu ressens à l’instant où tu parviens à arrêter ton pouvoir, et mémorise le précieusement. » Son murmure doux, et encourageant, se diffusa dans leur atmosphère comme une caresse, tandis que la Fae tendit avec délicatesse ses bras squelettes au-dessus de l’arbrisseau. Fermant ses yeux pour trouver une concentration apaisante, et rechercher en elle ce qu’il y avait de plus sain, la Fae tenta de se remémorer les tendres excuses de la Magicienne aux premiers instants de leur rencontre, son sourire et son effroi. Toutes des choses qui faisaient parties d’une même vie, et pour elle aussi. Il lui fallait… ne pas avoir peur. Les choses iraient…

De son côté, Taan’tū avait observé avec intérêt la proposition d’Aura envers la petite Magicienne. Pourquoi pas ? Ce n’était pas une idée complètement absurde. Même si le fait d’heurter la nature par mégarde était toujours présente, la réussite pouvait apporter bien plus que l’échec ne pourrait causer. En soi, les deux n’allaient créer qu’une circulation d’énergie. Aussi, s’introduisant avec précaution dans l’esprit de Syrianne afin de ne pas la brusquer dans ce moment, il la rassura un peu plus. °Ne t’en fais pas, cette plante ne risque rien comme je suis là !° Ce qui n’était pas faux mais il préférait avoir toute confiance en ces deux jeunes femmes.

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[Q] - Là où l'herbe est verte [Syrianne]

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