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 Souvenirs d'une vie lumineuse

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Sam 28 Sep 2019, 18:25

Chapitre 1 : Le Jardinier et la Botaniste

Partie I : Le Jardinier
Partie II : La Botaniste
Partie III : Esclandre - Elrode
Partie IV : Esclandre - Lucrècia
Partie V : Et la lumière fût



Chapitre 2 : L'enlèvement

Partie I : Le Passé d'Hyppolite
Partie II : La fois de trop
Partie III : Vengeance
Partie IV : Vaines recherches
Partie V : Deuil & Culpabilité


Chapitre 3 : Transit umbra, sed lux permanet

Partie I : Invisible mais néfaste
Partie II : La crise d'adolescence
Partie III : La lumière indique le chemin
Partie IV : Milo



Chapitre 4 : Tombé du nid

Partie I : Une petite chose fragile
Partie II : Apprentie vétérinaire
Partie III : Le Lien



Chapitre 5 : Les Hortensias

Partie I : Premiers souvenirs
Partie II : Le départ
Partie III : ???



Chapitre 6 : Une nouvelle rencontre

Partie I : ???
Partie II : ???
Partie III : ???
Partie IV : ???



Chapitre 7 : ???

Partie I : ???
Partie II : ???
Partie III : ???
Partie IV : ???
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Dim 29 Sep 2019, 19:06


Chapitre 1 : Le Jardinier et la Botaniste



        Partie I : Le Jardinier

Fin de la Saison de l’Empereur, Comté de Worth

C'était une matinée particulièrement chaude et ensoleillée. Elrode, en bon jardinier qu'il était, savait sentir les changements de saisons approchées. Les orages feraient bientôt leurs apparitions et les températures grimperaient.

Vêtu d'un simple pantalon de toile beige, d'un haut au manche très ample, dévoilant en partie son torse, ainsi que d'un chapeau pour protéger sa peau claire et ses cheveux blonds des rayons du soleil, il était debout, à la fenêtre de sa chambre. Il observait, ou plutôt admirer, la fierté gonflant sa poitrine, la vue qu'il avait des Galeries du jardin. Les Hortensias, cette année, avait bien proliféré et la floraison était à son apogée. Les allées ombragées regorgeaient d'odeurs fleuries et de couleurs magnifiques…

Il était temps. Temps pour la Comtesse d'accueillir sur ses terres, tous les visiteurs et voyageurs qui voudraient venir admirer le travail des jardiniers. Certains d'entre eux étaient d'ailleurs déjà en train d'installer les lourdes tables de bois, suivis de leur banc, à l'extérieur, pour la grande fête qui inaugurerait les festivités.

Bientôt, le domaine serait noir de monde, discutant, admirant les Hortensias. Certains seront uniquement là pour la balade, passer un agréable moment, seul, en famille ou encore pour faire des rencontres. Mais d'autres, se déplaçaient spécifiquement pour ces jours. Ce qui les intéressaient : le Marché aux Fleurs.

Les plus grands botanistes, jardiniers et admirateurs de fleurs seraient au rendez-vous. C'était l'occasion idéal de découvrir ou de pouvoir trouver des graines ou des fleurs de variétés d'Hortensias parfois extrêmement rare. Les plus recherchés étaient les plus onéreuses, alors que les plus basiques pouvaient parfois simplement être échangés contre d'autres plants, qui viendraient embellir les jardins l'année suivante.

Elrode, tout juste sorti de ses études universitaires, avait dû reprendre en main le domaine, il y avait de cela moins d'un an. Cela avait été la dernière volonté de son défunt père, qui occupait le rôle juste avant lui et personne dans la famille n'y avait vu d'objection. Le jeune homme avait tout pour cette place de jardinier en chef, malgré son jeune âge. Il maîtrisait l'élément de la Nature aussi bien que n'importe lequel d'entre eux, il avait vécu parmi eux, grandit parmi eux et appris parmi eux. Sans compter cette aura, héritage de son paternel également et cette douceur d'âme, qui faisait du jeune homme quelqu'un en qui on pouvait avoir confiance et qu'on pouvait suivre les yeux fermés.

C'était donc sa première floraison, en tant que chef. Sa première floraison, celle où il allait devoir tout gérer, de l'accueil des invités à la vente et au troc du marché. C'était également lui qui avait dû se charger du programme des activités et il avait vu grand…

457 mots
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Lun 30 Sep 2019, 13:26


Chapitre 1 : Le Jardinier et la Botaniste



             Partie II : La Botaniste

Les Terres du Lac Bleu, au grand galop

Le vent fouettait son visage et lançait ses longs cheveux acajous loin derrière elle. En position verticale sur sa monture, qui courait à cette vitesse depuis le début de la journée, Lucrècia était pressée. Pressée et en retard sur ce qu'elle avait prévu… Mais quand était la dernière fois qu'elle avait fait une chose en temps et en heure ? Elle ne se rappelait pas vraiment et cela l'agaça, sa mâchoire se serra, rendant les traits de son visage encore plus tendus qu'il ne l'était déjà. Elle appuya un peu plus ses talons dans les côtes du cheval, qui accéléra malgré la fatigue qui commençait à peiner ses muscles.

Mais ce n'était pas le moment de flancher. Lucrècia était loin dans les Terres d'Émeraude, à la recherche de plantes bien spécifiques à ajouter à son livre en cours, quand elle s'était rappelée des festivités de l'Hortensia, au Comté de Worth. Il y avait là-bas des végétaux qui pourraient fortement l'intéresser, lui avait-on dit. Elle avait noté, mentalement, l'information et évidemment, l'avait oublié dans les méandres de sa mémoire. C'était toujours la même chose et sa mère, lorsqu'elle vivait encore ensemble, lui rappelait sans cesse d'arrêter d'être dans la lune. Ce n'était pourtant pas volontaire, dès que la Magicienne, Botaniste de métier, était entouré d'espèces dont on n'avait pas recensé les effets potentiels, tout le monde autour disparaissait. Elle était passionnée, totalement par ce qu'elle faisait et rien, ô rien ne pourrait l'en détourner.

La jeune femme avait quitté son foyer sans dire au revoir à personne, laissant derrière elle sa famille et ses obligations nobiliaires. Elle avait simplement disparu, du jour au lendemain, pour réaliser son rêve et partir à l'aventure. Son esprit libre et sa désinvolture lui avait toujours valu des remontrances de la part de ses proches, mais sa seule réaction était de lever les yeux au ciel - ce qui lui valait des nombreuses punitions, par ailleurs. Mais cette vie là, enfermée dans une demeure trop luxueuse à son goût, dans des coutumes et moeurs dépassé, selon elle, était révolue. Elle n'était plus que Lucrècia, partout chez elle, tant qu'il y avait un coin de verdure à proximité. Nouveau nom, nouvelle vie. Elle ne ferait plus marche arrière, à présent.

Tout son temps n'était plus consacré qu'à l'exploration des Terres, parfois dangereuses et à l'écriture de son livre, qu'elle espérait étoffer le plus possible pour en faire la référence dans le domaine de l'herboristerie. Sa pharmacopée serait la plus renommée au monde… Du moins, c'était ce dont elle rêvait, ce dont elle se persuadait quand parfois, la solitude la rattrapait. Et même lorsque cela arrivait, elle n'arrivait pourtant toujours pas à regretter ces décisions. C'était pour ça qu'elle était faite, pour ça qu'elle avait enduré toutes ces années sont réellement se rebeller.

La jeune femme à la peau matte et aux yeux d'ambres ralentit enfin le rythme de son cheval. En haut d'une colline, elle s'arrêta complètement pour admirer la vue. Elle y était, enfin : Le Manoir Worth et ces fameux jardins étaient juste en face d'elle. Elle descendit alors de sa monture et décida de terminer à pied, pour soulager un peu ses jambes et laisser du repos à son compagnon. Ses vêtements de voyages étaient simples, basiques, dans les tons qui rappelaient sa chevelure. Elle avait également quelque part dans ses bagages, entre les carnets de croquis et de notes, une cape brune qui la protégeait du froid et de la pluie, quand c'était nécessaire.

Pour l'heure, elle profitait plutôt du soleil et de la belle saison. En approchant, elle voyait déjà le monde se presser à l'entrée du domaine des Worth et se dit intérieurement, que cela lui ferait du bien d'être parmi d'autres êtres humanoïdes pour une fois.

635 mots
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Mar 01 Oct 2019, 14:46


Chapitre 1 : Le jardinier et la Botaniste

                    Partie III : Esclandre

Festivités des Hortensias, Marché aux Fleurs, point de vue d’Elrode.

Elrode soupira. Jusqu'ici tout ce qui avait été prévu s'était parfaitement déroulé. En dehors de quelques querelles de voisinages sur le Marché, quasiment inévitables tous les ans, la plupart des activités avaient plu. Notamment celle dédiait aux enfants, dont on avait entendu les rires d'un bout à l'autre du domaine, alors qu'il gambadait en groupe pour trouver le Trésor caché dans les jardins. Évidemment, tous avaient été récompensés de friandises, que certains parents s'étaient empressés de récupérer pour éviter les crises de foie.

Le Jardinier s'était mis énormément de pression sur les épaules. Cette journée était déterminante pour lui. Il devait faire ses preuves, pour ses pairs, pour son père et aussi pour son employeur, la Comtesse. Sa famille avait cru en lui depuis le début, mais Elrode lui avait eu beaucoup plus de doutes. Il était maintenant rassuré. Il pouvait être un digne héritier des Hydrangea et les mener durant de nombreuses années, sereinement. Cela avait été du travail, plus qu'il ne s'était imaginé. Mais tout cela, au final, en valait la peine, pour l'honneur des siens et la satisfaction personnelle d'avoir réussi ce que l'on attend de vous, ce que l'on attend de soi.

La fin d'après-midi était déjà là et le bal se préparait lentement. Les buffets s'emplissaient de mets à l'odeur alléchante, invitant toutes et tous à se diriger vers la partie prévue à cet effet. Le groupe de musicien choisi pour l'occasion, commença à jouer un air assez neutre, créant un fond sonore au repas. Les danses suivraient ensuite et dureraient sans doute une partie de la nuit…

Alors que la foule quittait petit à petit les cours et les galeries d'Hortensias pour se réunir autour de la nourriture, des hurlements de rages brisèrent l'harmonie du moment. Quelques-uns des participants se tournèrent vers la source du bruit et Elrode eut un frisson. Quoi ? Qui venait gâchait son jour parfait ? Il ne le tolérerait pas… S'empressant de trouver l'origine du problème, il avança à grands pas vers une jeune femme, entouré de deux serviteurs qui la retenait par les bras, tandis qu'elle se débattait comme une lionne.

- Qu'est-ce que tout ce grabuge signifie ?
- Je ne sais pas, Madame la Comtesse, je viens juste d'arriver et…
- Elrode, vous étiez censé gérer ces Festivités. Je ne voudrais pas que des rumeurs entache la réputation du domaine. Cela pourrait tout à fait vous porter préjudices.
- Je me charge tout de suite d'éliminer le problème, Madame…
- Vous avez plutôt intérêt.

La Comtesse Worth était toujours aussi intransigeante. Elle avait laissé le champ libre aux Hydrangea, avec tout de même une limite de budget assez basse qu'ils avaient du palier avec beaucoup d'imagination et de débrouillardise, mais tout de même. Il ne faudrait pas la décevoir…

Il fallait agir vite et discrètement. Commencer par la faire taire… Elle hurlait à qui voulait bien l'entendre, que le Marchand avec qui elle avait voulu faire affaire était un voleur, un escroc et toute sorte de noms d'oiseaux dans le même genre. Le commerçant en question était l'un des vieux oncles d'Elrode, un Hydrangea trop vieux pour faire les mêmes tâches que les plus jeunes, mais qui adorait le contact humain lors de ses fêtes. Il tenait un stand, avec les fameuses graines et plants prêt à planter des Hortensias, parfois rarissimes, présent dans les Galeries. Le vieil homme, fier comme un pape, restait là, face à elle, les bras croisés, campé sur ses positions. C'est vrai qu'il pouvait se montrer borner…

- Messieurs, s'il-vous-plait, veuillez l'amener dans l'atelier, que nous réglions cela entre personnes civilisées…

Les deux serviteurs hochèrent la tête. C'était dans leur intérêt également que la Comtesse ne soit pas de mauvaise humeur, après tout… Mais la principale concernée n'était pas décidée à se laisser faire. Il n'avait pas été de trop à trois paires de bras pour la contenir dans ces élans, continuant à crier au scandale. Heureusement, cela ne dura pas longtemps et une fois arrivée à bon port, les serviteurs laissèrent le jardinier s'occupait du cas de la demoiselle. Il ferma la porte à clé, certains que d'ici, personnes n'entendraient ces hurlements incessants.

En effet, l'atelier se trouvait dans la résidence de la Famille Hydrangea. Situait à l'autre bout du domaine et surtout, tout au fond de la grande bâtisse, parfaitement isolée, il y avait peu de chance que quiconque viennent les interrompre ici. Il s'installa, tranquillement, parfaitement calme, sur un fauteuil de toiles vertes, croisa les jambes et les bras. Il attendait, patiemment, que sa “prisonnière” redescende un peu en pression. Elle faisait les 100 pas dans la pièce, sans même se rendre compte d'où elle était, en marmonnant tout bas, sa danse parfois agrémentée de gestes brusques.

Durant ce laps de temps, Elrode en profita pour l'observer. Son caractère était en total contradiction avec sa taille et ce fait le fit sourire en coin. Elle était petite, menue, et pourtant, elle avait comme une rage en elle, une rage de vivre, de profiter, de ne pas se laisser marcher sur les pieds. Une vraie boule d'énergie. Malgré tout, son corps de femme était très harmonieux, avec des formes, mises en valeur par ses vêtements de voyages qui suivaient ses courbes gracieuses…

Le Jardinier se surprit en train de regarder son corps d'une manière peut-être un peu déplacé et détourna le regard un instant, les joues roses. Ce n'était pas son genre, d'ordinaire, de regarder les femmes de cette façon. Avec cette sorte de désir dans les yeux… Curieux quand même, son regard retourna se poser sur la jeune femme, mais cette fois, il se permit de décrire son visage. Il paraissait si doux, malgré ses traits serrés par la colère… Sa carnation lui rappelait le soleil des beaux jours, ses chevelures une teinte de fleurs exotiques et ses yeux… Ses yeux ressemblaient à de l'ambre, de l'ambre liquéfié par ses émotions fortes. Son regard le transperçait quand parfois, il rencontrait le sien…

Totalement plongé dans l'admiration de la femme qu'il avait en face de lui, Elrode en oublia totalement le reste. La fête, les cris, ce qu'ils faisaient ici. Mais qui était-elle… ?
1029 mots

La Comtesse : #ff0099
Elrode : #00cc00
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Jeu 03 Oct 2019, 17:52


Chapitre 1 : Le jardinier et la Botaniste

                    Partie IV : Esclandre

Festivités des Hortensias, Marché aux Fleurs, point de vue de Lucrècia.

Dès l'entrée du domaine, un écuyer avait proposé à Lucrècia de s'occuper de sa monture. Le regard déjà la recherche des précieuses fleurs dont on lui avait parlé et dont la réputation précédait sa visite, elle avait distraitement tendu les rennes de son cheval au serviteur. Au premier plan, le Manoir était imposant. On ne pouvait pas le rater, c'était tout de même le bâtiment principal… Et un peu plus loin, vers l'ouest, un grand panneau indiquait le début des Galeries du jardin. C'est par ce côté que la majorité des personnes se dirigeaient.

La Botaniste se faufila à travers la foule, pour s'y faire une place. Ce n'était pas évident de faire la promenade à cette heure de l'après-midi, il y avait tellement de monde… Les enfants couraient dans tous les sens, chaque banc et chaque coin qui profitait un tant soit peu de l'ombre, regorgeaient de malheureux qui tentaient de se rafraîchir comme il le pouvait, les uns avec leur couvre-chef, les autres avec des éventails tous plus beaux et extravagants que le précédents.

Mais ce n'était pas la populace qui avait amené Lucrècia ici. Les Hortensias… Ses arbustes colorés et dont la multitude d'espèces faisait le renom de cet endroit, était partout. Devant chacun d'entre eux, un petit panneau de bois gravé expliqué comment la Comtesse avait réussi à l'amener jusqu'ici. Souvent, il s'agissait d'échanges commerciaux avec tels ou tels personnages importants. Encore une fois, rien d'intéressant pour la jeune femme.

Non, ce qui attirait son attention, la fascinait, c'était la manière dont les fleurs se formaient. En bouquet généralement, de couleur bleue ou rose la plupart du temps, mais aussi, moins fréquemment, violette et blanche, chacune des fleurs à quatre sépales qui s'offraient à la vue des visiteurs, comportaient sur sa branche, un peu en dessous, une seconde fleur, à cinq sépales cette fois ça. La première étant uniquement une fleur décorative, développait grâce à l'évolution pour attirer les insectes pollinisateurs, la seconde servait à la reproduction du végétale.

Il était impressionnant pour Lucrècia de voir les différentes formes que pouvaient prendre les fleurs en fonction de l'endroit d'où elle provenait, les couleurs uniques dont elle se parait grâce à une terre plus ou moins riches en nutriments et ses odeurs, particulières et caractéristiques de chaque arbuste… Elle était aux anges. C'était le paradis, pour elle ! Elle passa, au sein de ses galeries, une bonne partie de l'après-midi. Lorsqu'elle eut enfin fait le tour, s'arrêtant à chaque nouvelle espèce qu'elle découvrait pour rendre des notes et faire un petit croquis rapide, elle put enfin aller profiter du Marché, qui était sur le point de se clôturer. Au moins cette fois, elle aurait la place de passer et de respirer, puisque la foule avait l'air attiré vers autre chose. Lucrècia haussa les épaules : une fois encore, la seule raison de sa présence était les fleurs et non les activités secondaires de ces festivités.

Elle en profita pour acheter quelques provisions pour ses voyages à venir, des restes de pains, un peu de fromage et un sac de clémentines. Elle en éplucha une en faisant le tour des petites étales et la dégusta tranquillement.

Ce qu'elle s'était réservée en dernier était le clou du spectacle : le stand des Hortensia. Un vieux monsieur était assis derrière sur un tabouret et surveillait les quelques passants qu'il restait d'un air méfiant. Ce n'est pas ses yeux de crapauds qui dissuaderait Lucrècia de s'approcher… Elle commença par un rapide tour de ce qu'il proposait, ainsi que les prix. La plupart des espèces rares étaient largement au-dessus des moyens actuels de la Magicienne, qui ne gagnait sa vie que par quelques petits travaux quand sa vie et son estomac en dépendait…

Par contre, elle pouvait observer les plants, jeunes de tout juste quelques semaines. Elle s'approcha très près d'un des plus rarissimes et commença à le dessiner. Le Marchand, peu agréable et sur un ton très sec qui déplut à la jeune femme assez à la jeune et la piqua au vif, s'adressa à elle.

-  Qu’est-ce tu fais donc là, à mes plants, toi ?
- Je les regarde. Serait-ce un crime ?

Lucrècia défiait clairement cet homme qu’elle trouvait malpoli. Les bras croisés contre sa poitrine, elle tentait de se grandir, comme elle le pouvait. Mais rien à faire, elle n’était pas du genre impressionnante…

- Si tu veux voir, tu payes.

Il plaça ses bras devant sa marchandise, empêchant la jeune femme de les voir correctement. C’est là que les choses commencèrent à déraper… Outrée par ce genre de comportements, elle s’était alors mise à l’insulter, le ton montant en même temps que sa colère. Elle avait faillit envoyer son poing dans la figure de ce vieux pot, mais les serviteurs étaient intervenus juste avant qu’elle ne se jette sur lui.

Voilà maintenant qu'on la maintenait prisonnière, seul Sympan savait où. Elle n'avait pas pris le temps de regarder autour d'elle non plus, il fallait le préciser. Encore bouillonnante de rage, elle tournait en rond, donnant des coups dans des cailloux imaginaires, continuant seule, à maudire le commerçant.

- Payer pour regarder, on aura tout vu ! Il faudrait payer pour respirer le même air que lui, pendant qu'on y est ?

Elle s'arrêta alors, remarquant des yeux posait sur elle. Pour la première fois, elle détailla l'homme qui l'avait fait emmener ici. Le bougre s'était installé tranquillement. Comme s'il était l'heure de prendre le thé, abruti… Et en plus, il se permettait de la dévisageait !

- Quoi ?
921 mots

Hyppolite : #993333
Lucrècia : #9900ff


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Jeu 03 Oct 2019, 20:05


Chapitre 1 : Le jardinier et la Botaniste


              Partie V : Et la lumière fût


Résidence Hydrangea, Atelier Botanique

- Quoi ?
- Comment ça, quoi ? Ce n'est pas moi qui m'époumonnait sur la place du Marché. Vous, qu'avez-vous ?

Le calme dont faisait preuve Elrode, dérangeait fortement Lucrècia. Comment pouvait-il être… Si passif ? Son pied se balançait à un rythme lent et il avait posé sa joue sur son poing. Il était chez lui et il ne se gênait pas pour le faire comprendre… Et dans un autre sens, il n'avait pas tort. L'humeur de la jeune femme avait été en partie apaisée. En fait, sa colère avait laissé place à une sorte d'agacement. Il était trop détendu, c'était ça qui l'énervait à présent.

- C'est ce Marchand de malheur. Il a refusé que j'observe son étale ! Je ne faisais rien d'autre que regarder pourtant, je vous assure…

C'était de pire en pire. Sous les yeux de cet inconnu, qui l'invitait à se confier, elle se sentait comme une enfant qui racontait sa dernière bêtise. Elle se sentait même presque coupable, alors qu'au fond, elle n'avait rien fait de mal… Rien qui lui paraisse être une faute, en tout cas. Lorsqu'elle critiquait quelqu'un, c'était toujours justifié.

Un sourire franc s'étala sur le visage d'Elrode. Est-ce qu'elle cherchait à démontrer son innocence ? Il ne l'avait pourtant accusé de rien pour l'instant. Ses réactions, un peu démesurées à son avis, en devenaient presque adorable. Il la laissa réfléchir un peu, pour qu'elle puisse expliquer tout le fond de sa pensée.

- J'écris un livre et la seule chose qui m'intéressait, c'était de pouvoir dessiner l'Hortensia Scandes. C'est un plant tellement rare et je n'ai jamais eu l'occasion d'en voir en vrai !
- Dessiner ? Est-ce que je peux voir votre travail, dans ce cas ?
- Pour qui me prenez-vous, pour une menteuse ?!
- Non, je suis simplement curieux de l'artiste que j'ai en face de moi.

Lucrècia resta pendant plusieurs secondes, la bouche à demi-ouverte. Elle avait déjà préparé une réponse cinglante, agressive. Mais on lui avait coupé l'herbe sous le pied… C'était rare de croiser un homme si compréhensif et à l'écoute. Dans le monde de la Magicienne, il fallait prouver qui l'on était à chaque instant, se défendre comme si sa vie en dépendait. C'était… Trop facile. Vraiment, ça l'irritait. Elle soupira pour se défaire de toute cette tension accumulée dans ses muscles et tendit à l'inconnu son carnet à dessins. La reliure ne tenait presque plus à force de voyages et le cuir était complètement passé.

Elrode l'ouvrit à la dernière page en date et observa longuement, pages par pages, chacun des croquis que Lucrècia avait réalisé des Hortensias. Son visage restait impassible et une fois de plus, la jeune femme se tendit. Ce qu'il pouvait être… Agaçant ! Ne pouvait-il pas exprimer, quelque chose, quoi que ce soit, même si c'était négatif ? Frustrée, elle se balançait d'un pied à l'autre.

Le Jardinier, qui remarqua son comportement, prit un malin plaisir à prendre son temps. Lorsqu'il eut terminait à feuilleter le carnet, il le ferma, aussi lentement que possible. Il soupira et releva les yeux vers elle.

- Alors, quoi ?
- Pourquoi être autant sur la défensive ?
- Parce que vous avez entre les mains, le travail de toute une vie.
- Dans ce cas, votre vie a été productive. C'est excellent et vos commentaire sous certaines pages, pertinent. Il est vrai que le Scandes contient d'infime trace de Cannabidol et peut, à haute concentration, être fumé. C'est un hallucinogène assez peu puissant, mais l'accoutumance y est très forte.
- Je, euh…

Pas qu'elle n'avait rien compris, au contraire. Ce dont il lui parlait était la nature même de son métier, de ce qu'elle voulait inscrire entre les pages de son livre à venir. C'était la première fois, qu'elle rencontrait quelqu'un aussi caler sur le sujet… Elle en était impressionnée. Ses joues avaient même commencé à chauffer et à se teindre d'une couleur légèrement plus foncé que sa carnation…

Mettre Lucrècia en colère était d'une simplicité enfantine. Mais la faire taire, presque impossible. Qui était-cet homme, face à elle ?

- Quel est votre nom ?
- Je… Je suis Lucrècia Willow.
- Enchanté. Elrode Hydrangea.
- Hydrangea comme…
- Comme les Hortensia, oui. Je suis le Jardinier en Chef des Galeries de la Comtesse de Worth. Tout ceci lui appartient, moi je ne fais qu'en sorte de les faire fleurir chaque année plus belles que la précédente.
- Les jardins étaient magnifiques.
- Oui, j'ai cru comprendre que vous les aviez aimés, en contemplant vos dessins.

Un silence s'installa entre les deux Magiciens, un long silence durant lequel chacun prit soin d'éviter le regard de l'autre. Quelquefois, malgré tout, ils entraient en contact et créer comme une sorte d'électricité dans l'air. C'était peut-être les orages qui approchaient… ? Qui pouvait le savoir…

Un bruit d'explosion coupa ce moment étrange. Elrode et Lucrècia se tournèrent vers la source du bruit, vers l'extérieur.

- Tiens, c'est déjà l'heure des feux d'artifices… ? J'ai dû rater le début du bal… Suivez-moi.


Lucrècia hésita à lui faire confiance une seconde. Mais elle se sentit bête. Que pouvez-t-il lui arriver ? D'autant qu'Elrode, lui avait déjà prouvé par ses paroles qu'il était un homme bon. Elle lui emboîta alors le pas, alors qu'il ouvrait une porte menant vers une autre pièce de la maisonnée.

Ils arrivèrent dans un endroit plein de fleurs, un endroit où un Jardinier et une Herboriste ne pouvez se sentir que bien. Un petit banc de fer forgé noir trônait au milieu de la pièce et le ciel nocturne se dévoilait à travers les grandes baies vitrées. Elrode s'assit en premier, le regard tournait vers le haut. Lucrècia elle, prit le temps d'apprécier ce qu'elle pouvait voir, à la seule lueur de la lune. Mais une autre explosion, qui inonda la pièce de lumière colorée, la força à lever la tête elle aussi. Un feu d'artifice…

- Venez. Asseyez-vous.

Il tapota la place juste à côté de lui et la jeune femme n'hésita pas, cette fois-ci. Elle s'assit à côté et un peu contre lui, à cause de la taille restreinte de l'assise du banc. Elle n'était pas vraiment gênée par ce contact, au contraire. La pièce était plus fraîche et une douce chaleur réconfortante émanait d'Elrode. Si elle avait été totalement à l'aise, elle aurait presque pu poser sa tête contre son épaule… Sous les étoiles, ils purent apprécier le spectacle depuis leur endroit privilégié.

- Je suis désolée de la réaction de mon oncle. Il est un peu grognon, ça n'a rien de personnel.
- Cette vieille peau…
- Je m'en excuse, au nom de toute notre famille. Et j'ai une proposition à vous faire, pour nous racheter auprès de vous.

La rancoeur de Lucrècia se changea en curiosité. Que pouvait-il bien lui offrir qui pourrait l'intéresser ? Elle souleva un sourcil et l'observa. Son regard, tournait vers le haut, s'abaissa pour rencontrer l'ambre de la jeune femme.

- Si vous voulez étudier les Hortensias ici, vous êtes la bienvenue. Durant toute la saison de plantation et de floraison si cela vous intéresse. Nous menons aussi des expériences dans l'Atelier que nous venons de quitter…
- Je… Je vous avoue que je suis surprise. Je ne sais pas quoi dire. Je suis une femme libre, j'aime voyager et…
- Je ne vous forcerai pas la main. Faites comme bon vous semble. Mais sachez que… Les portes du domaine et de la Résidence, vous seront toujours ouvertes.

Émue, les yeux brillants, Lucrècia ne répondit plus rien. Elle hocha la tête et ramena ses genoux contre elle. Le clou du spectacle s'annonçait. Les feux d'artifices étaient de plus en plus bruyants, nombreux et immense dans le ciel.

~ FIN ~ 



1253 mots

Elrode : #00cc00
Lucrècia : #9900ff

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Jeu 31 Oct 2019, 14:55


Chapitre 2 : L’enlèvement


                      Partie I : Le Passé d’Hyppolite


Personne n’est parfait. Et Hyppolite n’était pas le dernier à avoir des défauts, des défauts dont il ne parlait jamais, qu’il gardait caché. Si cet homme était devenu si dur envers les siens vis-à-vis de leurs erreurs, ce n’était pas parce qu’il n’en avait jamais commise. Bien au contraire… Il avait fait les pires.


Dans un bar sinistre, quelques part sur les Terres du Lac Bleu. Il y a environ 40 ans...


Tout au fond de l’établissement, sombre, poussiéreux et malfamé, se trouvait une table, une grande table ronde, éclairée de bougies. Alors que la matinée commençait à peine, six hommes y étaient attablés, depuis la nuit dernière. Il n’avait toujours pas bougés. Entre leurs mains se trouvaient des cartes, ou un verre de whiskey. Les jeux qu’ils pratiquaient, n’était pas forcément bien vu par la communauté Magicienne, mais après tout, ce qui se passait ici, restait ici. La seule chose qui sortait de ce bar, c’était des clients saouls, les poches pleines de billets, ou au contraire, totalement dépossédé. Sur la table se trouvait de grands tas de petits jetons en bons colorés, chacun ayant une valeur plus ou moins élevé. Dans le plus grand des silences, parfois entrecoupés de simple mots liés au jeu, les hommes se regardaient, se concentraient et surtout : il voulait gagner.

Parmi ceux-là se trouvait Hyppolite. Tout juste trentenaire, mariée depuis de nombreuses années déjà et papa de quatre enfants, l’homme grand et d’une carrure imposante, avait trouvé ici un moyen de fuir le train-train quotidien de sa vie. Souvent, il prévenait sa famille qu’il partait quelques jours et ne revenait qu’une fois avoir ingurgité l’équivalent de 6 litres de boissons, et bien sûr, les gains qu’il avait fait. Lui, comme les autres joueurs, ne dévoilait à ses adversaires que son prénom. Cet anonymat était entretenu dans un unique but : éviter les représailles des mauvais perdants. Il était déjà arrivé d’ailleurs que Hyppolite soit pris dans des bagarres. Bon joueur, il en avait dépouillé plus d’un… Et leur avait filé une raclée par la suite. Hyppolite savait se battre. Il était fort, un gaillard d’au moins 1m85, les épaules larges… Seul les plus déterminés osaient l’affronter dans un combat pour récupérer leur bourses. Les autres s’en allait, la queue entre les jambes…

Il fallait dire qu’Hyppolite avait de quoi impressioné. En plus de son gabarit, ses yeux étaient d’un bleu-gris glacial, rappelant l’acier, tout aussi froid qu’une lame. Ses traits étaient souvent durs, sa bouche pincée et sa mâchoire carrée serrée au maximum. Même ses cheveux, d’un blonds polaires, lui donnait un air encore plus strict.

Aujourd’hui encore, Hyppolite était en train de tout rafler. Il sirotait tranquille le contenu d’un enième verre quand l’un des participants l’apostropha.

- Hey, Hyppolite. Tu t’endors sur tes cartes ou quoi ? C’est à toi de jouer, bordel !
- Un problème, Thadeus ? lui répondit-il aussi calmement qu’il prenait son temps pour jouer.
- Ouais, mon problème c’est ta tronche. Tu joue ou je t’enfonce mon poing en plein milieu ?

Thadeus. Hyppolite ignorait si c’était son vrai prénom mais une chose était sûr le concernant : le mettre en rogne était d’une simplicité enfantine. Et cela amusait beaucoup Hyppolite, surtout lorqu’il s’apprêtait à dévoiler un jeu imbattable pour lui voler tout ce qu’il avait jouer.

Pour seule réponse, Thadeus eut droit à un sourire de la part de son rival. Un sourire grand, qui s’étendait sur tout le visage d’Hyppolite, satisfait, victorieux. Les cartes qu’il avait posé était les plus fortes. Tous les participants soupirèrent et laissèrent tomber leur propre jeu, pendant qu’Hyppolite, hilare, s’emparait de tous les jetons qui avait été mis en jeu. Mais Thadeus, comme d’habitude, n’avait pas envie de se laisser détrousser.

- Ah ça te fait rire, espèce de gros tricheur ? Je vais t’apprendre, moi, à jouer !

La tension montait entre les deux hommes. C’était assez fréquent, il fallait dire. Le gérant du bar arriva assez vite cette fois-ci, pour séparer Hyppolite et Thadeus, en train de se défier du regard.

- Messieurs ! Pas de casse dans mon établissement, je vous prie. Réglez vos affaires ailleurs.

Hyppolite ne s’attarda pas plus. Il prit les jetons, les échangea contre de la monnaie, dont il remplit sa bourse rapidement. Il s’était encore enrichi. Avant de partir rejoindre sa famille, il jeta un dernier regard à Thadeus. Il en profita même pour lui faire un doigt, et puis sorti à l’air libre et frais du matin.

741 mots

Hyppolite : #993333
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Ven 01 Nov 2019, 19:49


Chapitre 2 : L'enlèvement


                       Partie II : La fois de trop


Derrière ce même bar sinistre, en pleine nuit, il y a une quinzaine d’années…


Hyppolite repensa à la première fois qu’il avait trouvé ce lieu. C’était il y a tellement longtemps… Son but premier avait été de multiplier l’argent qu’il avait gagné dernièrement et qu’il destiné à un cadeau pour sa femme. Oui, c’était pour leur anniversaire de mariage. L’homme à la carrure immense avait eut de bonnes intentions en y entrant. Il voulait que sa femme ait le meilleur, qu’elle ait le plus beau des cadeaux, celui qu’elle méritait amplement ! Alors, pourquoi était-il revenu dans ce lieux de malheur ? Il n’en savait rien. Ou plutôt, il le savait, mais il se mentait à lui-même, depuis toutes ces années…

Hyppolite avait parfois pris la décision d’arrêter de venir. Après tout, sa famille était en sécurité, il n’avait absolument pas un besoin vital et urgent de gagner de l’argent. Il revenait encore et encore, persuadé que, cette fois était la dernière fois, juste pour jouer encore, juste pour boire encore. Il n’en avait pas conscience, mais il s’était enfermé dans un cercle vicieux, qui le forçait à jouer de plus en plus, à miser de plus en plus gros. D’ailleurs, l’homme, au fur et à mesure qu’il vieillissait, perdait de plus en plus d’argent… Et consommer toujours plus de bourbon. Cela commençait à se faire ressentir dans sa famille, qui ne savait toujours pas pourquoi il partait fréquemment pendant plusieurs longs jours, ni ce qu’il faisait durant ce laps de temps. Et Hyppolite, en plus d’être appauvri, coincé dans une addiction sur laquelle il n’avait aucun contrôle, se sentait de plus en plus honteux par rapport aux siens. Il continua, toujours selon ses mêmes habitudes, à aller dans cette taverne pour échanger le continue de sa bourse contre des jetons. Parfois il revenait sans rien, quelque fois, plus rarement, avec des dettes. Heureusement, il lui arrivait toujours de gagner…

Ce jour-là, en arrivant, il s’était promis une fois de plus qu’il arrêterait après ce week-end de jeu. Il ne se doutait pas que ce serait la vérité. Mais pas de la façon dont il s’y attendait…

Hyppolite gagnait. Il gagnait vraiment beaucoup, et n’avait pas arrêter de gagner de la soirée. Il bluffait si bien qu’il arriva à remporter la mise avec un jeu médiocre, deux fois d’affilés. Évidemment, les joueurs commençaient à s’agacer de cette ritournelle qui n’était pas à leur faveur… Deux d’entre eux, ruinés, quittèrent la partie avant la fin de la nuit. Les autres continuèrent de surenchérir, parfois même ce qu’il n’était pas capable de payer. À cette table, ce soir, se trouvait Thadeus. Le sorcier avait le sang qui bouillonnait. Hyppolite lui sortait par les yeux, et il avait bien envie de lui faire comprendre la haine profonde qu’il lui inspirait.

L’homme chargeait de superviser les jeux lança alors ce qui devait être la dernière partie pour cette journée. Il distribuait les cartes, calmement, devant chaque joueurs impatient de découvrir son jeu. Et c’est là, que ce fût la fois de trop. Hyppolite se mit à sourire, comme s’il avait toutes les bonnes cartes, comme si la chance lui souriait une fois de plus, lui qui avait déjà eu si souvent le cul bordé de nouilles durant la soirée, au détriment des autres.

On dirait que c’est ma soirée !” dit-il en gonflant le torse avant d’éclater de rire.

Thadeus se mit à grogner et lui sauta au cou, renversant par la même occasion la table et tout ce qui s’y trouvait. Les jetons se mélangèrent sur le sol, dans une flaque d’alcool poisseuse qui collait aux carrelages irréguliers de l’échoppe. Les cartes volèrent un moment avant de retomber, tandis que le sorcier et le magicien se roulaient l’un sur l’autre, poussant des cris de guerriers enragés.

Il fallut deux hommes pour chacun d’entre eux pour arriver à la séparer. Déjà bien amochés l’un comme l’autre, ils ne cessaient de se lancer des regards mauvais. Thadeus cracha sur le sol et releva le menton. Il était conscient que c’était lui qui avait déclenché la dispute, néanmoins, il connaissait la loi stricte du gérant quand aux bagarres. Toutes les parties jouées seraient annulées et Hyppolite ne verrait jamais l’or qu’il avait gagné. Un point pour Thadeus…

Dehors, tous les deux ! Et ne revenait pas de si-tôt !

Sans autre forme de jugements, les deux rivaux furent jeté comme des malpropres à la rue. Hyppolite faillit s’étouffer avec la poussière, lorsque Thadeus se roulait de rire.

Tu l’as bien cherché celle-là ! Tu n’auras rien ! Ahah !

Le sorcier était décidément très fier de son coup. Il n’avait pas gagné grand chose ce soir de toute façon et l’argent qu’il avait perdu ne valait pas grand chose face à la mine décrépit de l’autre idiot de Hyppolite. Vexé, blessé en plein milieu de son égo aussi grand que lui, ce dernier se releva et serra les poings de toute ses forces. Il se dégageait de lui une aura sombre, comme si la colère s’exprimait à travers son corps.

Quoi ? T’en as pas eu assez ? Tu veux encore en découdre ?” demanda le sorcier, toujours bien amusé par la situation qu’il avait provoqué.

Hyppolite ne répondit même pas. Il s’avança vers lui à grandes enjambées et l’attrapa par le col. Il le cloua contre le mur le plus proche et le souleva du sol, pour que leurs yeux soient bien face à face. Thadeus en eut le souffle coupé, et toute trace d’amusement quittèrent ces yeux, remplacés par une certaine anxiété. Tout les joueurs étaient au courant de la force brut de Hyppolite, et à quel point il fallait la craindre…

Tu t’es bien marré, ça y est ? Tu n’es qu’un rat Thadeus. Je ne sais rien sur toi, mais tu es un raté, un dégonflé. Même pas capable de maîtriser ses caprices aux jeux, pire qu’un gosse. Tu sais quoi ? Je pense que ses terres se porteraient bien mieux si un type comme toi venait à disparaître.

Sur ces mots, les grandes mains du Magicien glissèrent doucement sur le cou de Thadeus pour le saisir avec force et détermination. Rapidement, les jambes du sorciers, dans le vide, se mirent à se débattre. Ses mains se posèrent sur celles qui lui enlevaient doucement la vie, pour essayer de lui faire lâcher prise. Les yeux du sorcier était emplit de désespoir cette fois, alors que ceux de Hyppolite semblait s’être assombri, sûr de ce qu’il faisait et de vouloir en finir.

Mais… Hyppolite pensa à sa famille. La vision de sa femme, de ses enfants, de son frère lui vinrent en tête. Pouvait-il réellement le faire ça ? Il leur cacher déjà une part de vérité depuis longtemps, dilapidant une partie de leurs biens dans des jeux qui n’apportait rien à personne, bien au contraire. Il enlevait durant des jours un père à leurs enfants, un bon jardinier au Comté de Worth. Hyppolite se rendit compte de l’immense erreur qu’il avait commise en continuant de venir. Il se rendit compte du problème qu’il avait, de cette envie, incontrôlable de revenir alors qu’il n’avait pas la nécessité de le faire. Il ne pouvait définitivement pas leur laisser porter le poids de sa culpabilité. Le poids d’un crime qui le mènerait très certainement, vers des chemins plus obscures.

Hyppolite lâcha alors Thadeus qui tomba à genoux, les mains sur son cou, cherchant son souffle. Le sorcier regarda le magicien, ce dernier étant en proie à sa propre conscience, qui n’était pas du tout sereine. Sous ses yeux se déroulaient tout ces années où il était venu ici au lieu de rester auprès des siens. Il avait fait un écart, mais cette fois c’était terminer, il ne se consacrerait plus qu’à ça. Leur bien-être, leur sécurité.

Thadeus, de son côté, voyait sa haine se renforcer. Hyppolite avait tenté de le tuer. Il ne savait pas comment, il ne savait pas quand, mais un jour il le retrouverait pour se venger. Sans demander son reste et de peur que le grand ne change d’avis et ne termine le travail commencé, il fila.

Hyppolite rentra chez lui, le coeur lourd, la honte pesant lourd sur lui. Dès qu’il posa un pied dans la maison de ces ancêtres, il attrapa sa femme et la serra de toutes ses forces, contre son coeur.


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Sam 02 Nov 2019, 15:27


Chapitre 2 : L'enlèvement

                                   
                              Partie III : Vengeance

Jardin du Comté de Worth, il y a 10 ans…


Il lui avait fallut bien plus d’années qu’escomptées pour arriver à ses fins. Thadeus avait non seulement failli mourir de la main d’Hyppolite, mais une partie de lui s’était sentie anéantie. Son honneur sans doute ? Si les sorciers en étaient seulement dotés… Aucun des mots prononcés par le magiciens ce fameux jour n’avait quitté son esprit. Rabaissé, traité qu’un un moins que rien… Cette fois, c’est Hyppolite qui serait amené au plus bas. Il s’en était fait le serment. Et il y était arrivé, Thadeus l’avait enfin retrouvé. Hyppolite n’était jamais réapparu dans le bar, et jamais plus le gérant ne l’avait vu participé aux jeux. Les recherches n’avaient pas été facile, avec pour seul indice un prénom, mais le sorcier n’avait rien lâché. Son seul et unique but était de retrouver Hyppolite et de détruire ce qu’il avait de plus précieux. Sur ce point, ça n’avait pas été très difficile… Thadeus n’avait eu qu’à se faufiler dans la foule lors d’une fête donné par le Manoir et espionnait les habitudes son ancien ennemi. Il avait pu observer Hyppolite, grossi, les cheveux gris, le nez toujours collé à une bouteille. Certaine chose ne changeait pas... Rapidement, il avait remarqué son plus gros points faibles. Le vieil homme était entouré d’enfants, très fréquemment. Il les prenait sur ses genoux, leurs chuchotaient des choses à l’oreille et parfois les grondait. C’était évident. Thadeus n’avait qu’à infliger un seul coup et Hyppolite serait fini. Détruit. Terminé. Comme lui l’avait été.

Thadeus avait encore attendu quelques mois avant de passer à l’action. Il lui fallait tout de même un semblant de plan, être certain de ses gestes et de ce qu’il ferait. Comment entrer, comment aller jusqu’à lui, comment l’atteindre, lui faire le plus de mal possible, sur le long terme. Faire en sorte de fuir et de ne plus pouvoir être retrouvé. Il avait dû réunir de l’argent, joué, joué encore pour avoir ce dont il avait besoin. Il s’était assuré d’avoir une porte de sortie, un endroit où se réfugiait. Il avait concocté des potions, s’était entraîné. Rien n’était laissé au hasard. Chaque soir, en allant se coucher, le sorcier ne pouvait s’empêcher d’avoir ce sourire mauvais, carnassier. Il imaginait déjà la tête de ce vieil Hyppolite. La douleur qui transperçerait son coeur. Son incapacité à agir, à faire quoi que ce soit. Sa culpabilité. L’imaginer souffrir bercer Thadeus la nuit venue, et lui permettait d’avoir un sommeil réparateur, comme il n’en avait pas eu depuis une éternité.


Souvenirs d'une vie lumineuse Signa11


- Syrianne, sois sage ! Et obéis à Tante Rosalie !
- Ouiii ! Promis !

La petite fille courait déjà à travers les jardins pour rejoindre l’adulte qui devait la surveiller ainsi qu’une de ses petites cousines. Vadéline et Syrianne n’étaient nées qu’à un an d’intervalle. Naturellement, elles s’étaient rapprochées l’une de l’autre, agissant parfois comme de véritables soeurs. Elles ne se quittaient presque jamais, passaient le plus clair de leur temps ensemble et ne cessaient de bavarder, une fois réunie. Il leur arrivait même de s’endormir toutes les deux au même endroit, impossible à séparer pour la nuit…

Aujourd’hui, Rosalie, la mère de Vadéline, avait proposé aux deux enfants de l’aider à entretenir le petit potager des Hydrangea. La terre avait été retournée et traitée au préalable par les hommes de la maisonnée et à présent, tout était prêt pour planter de nouveaux légumes. Des carottes, des potirons, des panais, des pieds de tomates, toutes sortes de haricots et de pois. C’était une activité calme et parfaite pour des fillettes de 8 ans, débordant d’énergie et qu’il fallait surveiller pour éviter qu’elle ne fasse des bêtises. Elles avaient même chacune des bottes de cuir vert, trop grandes pour leur pieds encore tous petits, des arrosoirs, presque plus larges qu’elles ainsi qu’un chapeau de paille qui leur tombait souvent sur les yeux. Excitées comme des puces, les petites papotaient et riaient aux éclats.

- Vadéline, prends le sachet de graines là-bas. Nous allons commencer par les salades. Elles poussent très vite et nous en aurons pour toute la saison de l’Empereur !
- Miam, c’est trop bon la salade ! dit Syrianne en se frottant le ventre.
- Moi, je préfère quand ça croque ! ajouta Vadéline en apportant ce que sa mère lui avait demandé.
- Crounch, crounch ! fini Syrianne, avant d’éclater de rire, en même temps que sa cousine.

Il était impossible de les calmer. Elles s’amusaient de rien, trouvaient toujours une invitation aux rires. C’était difficile d’avancer dans le jardinage, mais au moins, elles faisaient quelque chose de constructif pour une fois. Elles n’étaient pas en train de courir après les poules des cuisines ou d’effrayer le chien du Comté. Ce que cela pouvait être épuisant parfois, les enfants !

Le soleil était encore haut dans le ciel quand un ombre assombrit la vision des deux petites jardinières improvisées et de leur professeur du jour. L’homme se tenait à contre jour et alors que Rosalie se retournait pour savoir de qui il s’agissait et ce qu’il voulait, une main sur le front pour limiter la luminosité qui l’aveuglait, son regard se figea. Syrianne avait toujours le nez dans le petit trou qu’elle avait fait dans la terre pour planter sa mini-salade et ne faisait pas vraiment attention à ce qu’il se passait autour, trop concentrée sur sa tâche, sa langue dépassant de ses lèvres. Pourtant, Rosalie lui toucha le bras. Elle la pressa et la poussa un peu dans la position opposé au nouvel arrivant. Syrianne ne pouvait pas voir son visage, mais la magicienne s’était décomposée.

- Syrianne… Tu vas chercher Grand-Papy. Tout de suite.

Le ton employé ne semblait pas vouloir être contredit. La fillette se leva en soupirant, s’épousseta les genoux, sorti de ses bottes trop grandes et encombrantes pour se déplacer et se mit à courir vers la maison, sans avoir seulement conscience de ce qui arrivait. De son côté, Rosalie s’était relevée, les mains en avant. Elle regardait Thadeus, qui tenait fermement Vadéline contre lui, un poignard posé contre sa gorge.

- Qu’est-ce… Qu’est-ce que vous voulez ? Lâchez là… Vadéline, ma chérie, ne bouge pas, ça va aller…
- Laissez-moi partir avec elle et je ne ferais rien d’irréparable. dit le sorcier, tout sourire.
- Je ne peux pas vous laissez emmener ma fille !
- Ah vraiment ? Il appuya un peu la lame contre la peau de l’enfant, laissant simplement une goutte carmin s’écoulait sur sa gorge. Rosalie retint un cri d’effroi et Vadéline eut un frisson.
- Maman… sanglotait-elle.
- Vadéline… lui répondit-elle les larmes aux yeux.
- Si vous bougez d’un centimètre, je l’égorge.

Doucement, Thadeus reculait. Il n’avait pas réellement de plaisir à séparer une mère de sa fille, il s’en fichait. Simplement, s’il n’était pas encore parti, c’était pour une seule raison. Il savait qui était ce “Grand-Papy” qu’était parti cherché l’autre enfant. Il se fichait de laquelle il avait prise, du moment qu’il avait un moyen de pression. Il voulait le voir. Hyppolite, voir son visage, une toute dernière fois avant d’emporter l’une de ses petites-filles et lui voler ce bonheur familiale qui semblait tant le combler.

Il était là. Il était là, face à Thadeus, qui tenait la chair de sa chair, menaçant de prendre sa vie. Le temps de lui sourire et Thadeus se mit à courir, l’enfant sur son épaule. Elle n’était pas lourde, et il avait eut tout juste le temps d’utiliser le chiffon dans sa poche, imbibée d’une potion qu’il endormit Vadéline instantannément. Thadeus avait fuit, utilisant son pouvoir de Super Vitesse. En quelques minutes, il avait déjà quitté le domaine Worth, et le temps que les Hydrangea organise une course poursuite à cheval, le sorcier était à l’autre bout du Lac Bleu.

Rosalie, tomba à genou, la tête entre les mains, incapable de retenir plus longtemps ses larmes. On venait de lui enlever son enfant sous ses yeux, sans qu’elle ne comprenne ni pourquoi, ni comment.

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Thadeus : #ff000000
Lucrècia : 9900ff
Rosalie : #ff99ff
Vadéline : #ffcc99
Syrianne : #ff9900
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Lun 04 Nov 2019, 18:27


Chapitre 2 : L'enlèvement

                          Partie IV : Vaines Recherches

Résidence Hydrangea, en plein milieu de la nuit

- C’est bon, j’ai prévenu les autorités. Ils vont nous contacter s’ils trouvent la moindre trace d’elle…

Elrode venait de rentrer dans la grande salle du rez-de-chaussée. Une partie des tables avaient été ramené sur le côté droit, près de la cheminée qui séparait la pièce de la cuisine. La majorité de la famille se trouvait là, réunie, parfois serraient les uns aux autres. Il manquait surtout les hommes à cette assemblée d’urgence, qui avait pris les chevaux et étaient partis en catastrophe à la recherche d’un vieux sorcier et surtout, de Vadéline. La petite fille s’était faite enlever un peu plus tôt dans la journée par un homme mystérieux que personne ne semblaient connaître. Ce n’était évidemment pas tout à fait vrai, mais Hyppolite s’était bien gardé de parler de son passé avec cet homme. D’ailleurs, il noyait sa honte et son chagrin dans un grand verre de whisky. Ses yeux, vides, et son corps tout entier semblait vouloir se noyer dans le liquide ambré. Il repensait à ses erreurs, en boucle et ne cessait de revoir la scène de Thadeus, tenant fermement Vadéline contre lui en menaçant de la tuer. Et ce sourire… Ce sourire mesquin qu’il avait eu avant de fuir à une vitesse tellement haute que personne n’avait pu ne serait-ce que lancé un dernier regard à la petite qui avait disparu.

- Merci, Elrode…

Rosalie paraissait totalement morte, intérieurement. Elle n’était plus qu’une coquille vide… Après avoir pleuré une bonne partie de l’après-midi à même le sol dans le potager, la mère dévastée avait erré dans le jardin, les bras croisés. Personne n’osait vraiment l’approcher… Son mari était parti avec l’expédition à cheval, totalement remonté, outré et en colère. Il avait hurlé à sa monture de se mettre en route et avait fait claquer les rênes avec tellement de force que l’animal avait cabré avant de partir au triple galop. Il faisait nuit à présent mais aucun d’entre eux n’étaient encore revenus. C’était mauvais signe… Plus le temps passé et moins leur chance de retrouver Vadéline saine et sauve étaient grande. Rosalie le ressentait jusqu’au plus profond de son coeur… De chaque côté d’elle, assise, presque repliée sur sa chaise et dans son châle de laine, ses deux aînés l’encadrait. Hyppolite et Lucinie n’étaient que des adolescents, étudiant à Basphel. On les avait fait ramener de l’école pour leur annoncer la triste nouvelle et surtout pour soutenir la pauvre femme… Elle avait perdue une enfant, aujourd’hui. Elle avait besoin de tout l’amour du monde, et même avec, elle ne s’en remettrait probablement jamais…

Dans sa tête, en ce moment, chacun des moments avec sa petite dernière repassait sous ses yeux. Elle se rappelait de son accouchement, difficile, qui avait mit un terme à l’agrandissement de la famille. Les grossesses étaient devenus trop dangereuses pour la Magicienne et le médecin lui avait déconseillé d’avoir d’autres enfants. De ce fait, la petite Vadéline, seule petite tête blonde parmi son frère et sa soeur roux, avait été choyée. Rosalie l’avait regardé dormir durant de nombreuses nuits, simplement apaisée par le petit mouvement de sa poitrine, au rythme de ses lentes respirations… Plus tard, lorsqu’elle avait commencé à gambader à quatres pattes et qu’elle avait appris à marcher, tout le monde avait été autour d’elle. Pendant plus d’un an, Vadéline avait été la petite dernière de toute la famille, les autres étant tous plus proche de la fin de l’adolescence que de l’enfance… Puis était venue Syrianne. L’intérêt que lui avait portée Vadéline avait été absolument adorable. Elle imaginait que c’était sa poupée, au tout début ! Elle aimait suivre Lucrècia partout avec le bébé, demandait à la porter alors qu’elle tenait à peine sur ses jambes, réclamait des biberons pour faire comme le bébé… Cette période avait été l’une des plus heureuses de la famille. Les naissances, en général, étaient toutes très agréables et entouraient le groupe dans sa globalité dans une bulle d’amour et d’affection.

Par la suite, les deux petites ne s’étaient plus quitté. Si elle n’avait pas eu temps de différences physiques, on aurait pu croire qu’elles étaient jumelles… Tout le temps fourrés ensemble, à faire des cachotteries la plupart du temps. Les messes basses étaient monnaie courante entre elle, on ne savait pas qu’elles étaient leur secret de petites filles mais en tout cas, elles parlaient tant au long d’un jour qu’elles les finissaient toujours totalement épuisées. Rosalie releva les yeux pour les poser sur la petite Syrianne. Elle était contre sa mère, incapable de la lâcher. Évidemment, la fillette était trop jeune pour comprendre ce qui s’était passée. Malgré tout, elle ressentait tout de même toute cette tension, toute cette angoisse qui planait autour d’elle. Spécialement chez sa mère, qui la serrait si fort contre son coeur qu’on aurait pu croire qu’elle essayait de fusionner. Lucrècia se sentait… Coupable et en même temps, grandement soulagée. Ça aurait pu être Syrianne. Ça aurait pu être son bébé… C’est ce qu’elle se disait. Et elle avait raison… Il aurait suffit que les petites échangent de place. Thadeus avait simplement pris celle qui avait été à portée de mains. Cette réalité alourdissait beaucoup le coeur de Lucrècia. Son bébé était là. Mais Rosalie n’avait plus cette chance…

La nuit passa, dans un silence qui pesait sur les épaules de tout le monde. Rosalie était la plus touchée par les évènements mais les Hydrangea, famille unie et solidaire, partageait tous sa peine. L’un des leurs avait été emmené, menacé, kidnappé. Aucun d’entre eux n’étaient prêt à l’accepter…

Soudain, un bruit brisa la glace. Les hommes revenaient de leur exploration et en tête, Hyppolite. Le petit-fils de Grand-Papy, du même nom, et le fils d’un autre Hyppolite, qui lui aussi, avait nommé son premier fils ainsi - oui c’est chiant ils s’appellent tous pareil - . Le père de Vadéline. Les cheveux mit en vrac par le vent, les yeux rougit par la vitesse et sans doute par des larmes qu’il avait tenu secrète, il entra, la mine déconfite. Rosalie se remit à pleurer silencieusement, comprenant qu’ils n’avaient pas réussi. Vadéline était toujours portée disparue… Son père eut tout à coup une crise de nerf. La rage qui coulait dans ses veines et qu’il contenait depuis la nouvelle de l’enlèvement de sa fille se mit à se déverser contre tout ce qu’il pouvait. Chaise, vaisselle et autres objets sur lesquels ils tombaient. Personne ne décida d’intervenir. Il avait besoin d’exprimer sa peine, à sa manière… Les uns le regardaient avec pitié et compassion, incapable d’imaginer le ressenti d’un père au coeur brisé. Syrianne, de son côté, se cacha un peu plus dans le cou de sa mère. Elle ne comprenait toujours pas ce qu’il se passait, et cet accès de violence ne la rassurait pas…

Finalement, Hyppolite se calma, à genoux. Des larmes chaudes coulaient en nombre le long de ses joues. Ses bras restaient ballants le long de son corps, sa tête était en arrière. Il se laissait aller, totalement. Sa femme se leva et le rejoint pour l’entourait de ses bras… Suivie, quelques secondes plus tard par les deux enfants restants du couple. Une étreinte nécessaire bien qu’extrêmement douloureuse… Cette fin de journée laissait un goût amer à la famille, dépossédée d’un de ses membres.
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Elrode : #00cc00
Rosalie : #ff99ff
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Mar 05 Nov 2019, 17:48


Chapitre 2 : L'enlèvement


                       Partie V : Deuil & Culpabilité


Les recherches avaient presque duré une année entière et s’étaient déroulées sur plusieurs continents, à travers les forêts, les plaines, les désert, les mers et océans des Terres du Yin et du Yang. Personne n’avait jamais rien trouvé. Pas même un seul indice sur la position de Thadeus, sur son identité, ses intentions… Il n’avait pas envoyé de lettre non plus, pas de demande de rançon et aucun signe de vie de Vadéline. C’est simplement comme si cet homme c’était évanoui dans la nature, en emportant la petite blonde avec lui. Des dizaines et des dizaines de questions restaient dans les esprits, en suspens, sans qu’on puisse leur apporter ne serait-ce qu’un fragment de réponses.

Évidemment, la plus récurrente d’entre elle… Pourquoi ? Pourquoi eux, pourquoi Vadéline, qu’avait-elle fait pour mériter cela ? Pourquoi les Æther ne l’avait pas protéger ? Les Hydrangea avaient toujours priés assidûment chacune des déités qu’ils appréciaient… Quelle était cette épreuve insurmontable qu’on mettait en travers de leur vie ? Et que devait subir la petite fille, actuellement ? Était-elle seulement en vie ? Maltraitée ? Utilsée comme esclave, pour faire les tâches ingrates ? Vendue ? Une chose était sûre, elle ne devait pas être heureuse. Elle était loin de sa famille, loin de sa mère.

Cela avait été très éprouvant, pour chacun d’entre eux. La tristesse avait envahie la demeure et même les Hortensias et les festivités autour des fleurs ne ramenait pas la joie de vivre parmi eux. Rien qui ne puisse tirer un sourire durable sur des lèvres ou répandre un rire communicatif. Plus le temps passait, plus l’espoir s’amoindrissait. Ils commençaient à se faire à l’idée qu’elle ne reviendrait pas, que c’était terminé. Elle devait être morte, quelques part, et son corps resterait toujours au loin. C’était injuste, insupportable. Pourtant, il n’y avait plus rien à faire…


Souvenirs d'une vie lumineuse Signa12


Malgré ce sentiment profond de peine qui entourait tout le monde chez les Hydrangea, la vie poursuivait tout de même son cours. Hyppolite, le frère de Vadéline, avait deux fillettes à élever à présent. Lucinie avait repris ses études et était partie durant quelques temps à l’étranger. Ne restait plus, au final, que Rosalie pour se souvenir. Toute la journée, toute la nuit, le visage flou de sa fille ne la quittait pas. Ses traits s'effaçait peu à peu de ses souvenirs comme pour lui rappeler sa disparition, inéluctable. La femme n’était plus capable de jardiner, de cuisiner, de s’occuper de ses propres petits enfants. Amayelle et Anaëlle ressemblait tant à Vadéline, lorsqu’elle était enfant… Chaque chose lui rappelait l’horreur qu’elle avait vécu, tout ce qu’elle voyait ne la ramenait qu’à ça et à son désespoir, toujours plus grand malgré le temps qui passait. Lucrècia lui donnait des tisanes pour mieux dormir, pour ne plus faire de cauchemars, de plus en plus forte, jusqu’à l’assommer pour la nuit. Rosalie dormait. Rosalie se réveillait. Rosalie pleurait… Il était difficile de la faire manger et son mari devait se battre contre sa propre tristesse et celle, envahissante, de sa femme. Leur couple commençait à se dissoudre, peu à peu… L’un travaillait pour ne plus penser, l’autre se renfermait dans sa tristesse, jusqu’à s’y noyer.

Hyppolite, le plus âgé d’entre eux ou celui qu’on surnommait Grand Papy, n’en pouvait plus. Il portait sur ses épaules le poids d’un trop lourd secret et d’une culpabilité contre laquelle il ne pouvait rien. Tout ceci était de sa faute, sa famille entière se désagréger sous ses yeux parce qu’il avait commis l’erreur de provoquer la mauvaise personne. Lui seul le savait et ce fait commencer peu à peu à l’étouffer. Encore plus lorsqu’il voyait son fils et sa femme. Leur état lui brisait le coeur. Un matin, alors que Rosalie était venue prendre un simple café, l’une de seules choses qu’elle était encore capable d’avaler, les yeux rougis par les sanglots silencieux de la nuit, Grand Papy craqua. Il avait besoin d’avouer…

- Hum… Rosalie ? Le vieil homme, vieillit précipitamment par l’année et les inquiétudes qui en avait découlé, était assis sur un banc dans la cuisine. Rosalie lui tournait le dos, en train de se servir un peu de la boisson brûlante. Elle se retourna finalement en en prenant une gorgée.

- Oui ? Sa voix était presque éteinte. On aurait dit qu’elle avait trop criait, qu’elle avait cherché à recracher tout les sentiments sombres qui encombraient sa poitrine.

- Assieds-toi, s’il-te-plaît. Il me semble que nous devons avoir une certaine discussion… intriguée, la Magicienne se posa sur le bac d’en face, les coudes posées sur la tables. Elle réchauffait ses mains froides et livides contre la surface du bol chaud.  

- Je t’écoute… C’est ce qu’elle disait, mais on sentait dans son regard qu’une partie d’elle-même n’était pas là, dans le présent. La Rosalie d’avant était resté coincé à ce fameux jour où tout avait basculé…

- Avant toute chose… Je tiens à m’excuser. Ces quelques mots n’auront sans doute aucune valeur à tes yeux quand je t’aurais tout dit, mais je le suis sincèrement. Si tu savais comme je me sens coupable, comme j’y repense à chaque instant… Rosalie, tout ce qui est arrivé, tout, tout est ma faute. Hyppolite commençait à avoir les yeux qui brillaient, par l’émotion. Il prit une grande inspiration avant de commencer son récit. Que ma chère Amaranthe, de là où elle est, reste en paix… Elle n’était pas au courant, elle non plus. Je ne pensais pas que mes actes auraient de telles conséquences.

- Mais de quoi tu parles, au juste… ? Petit à petit, Rosalie ressentait une sorte de… Méfiance. Est-ce qu’il parlait de l’enlèvement ? Avait-il joué un rôle dans ce dernier ? Elle ne comprenait pas, et elle avait peur de le faire.

- Il y a fort longtemps, alors que j’étais encore jeune et qu’Hyppolite n’était qu’un enfant, je me suis rendu dans une taverne. Un établissement peu recommandable où j’avais décidé de m’essayer aux jeux. Aux jeux d’argent précisément. J’avais alors en tête de doubler ou tripler la somme que j’avais et que je destinais à un cadeau pour Amaranthe. C’était notre anniversaire de mariage… Le regard dans le vide, un sourire nostalgique s’empara de lui. Le problème est arrivé après, quand j’y suis retourné. Pour le plaisir, au début, pour changer de ma vie quotidienne dont les jours se ressemblaient trop à mon goût. J’étais idiot de ne pas apprécier le bonheur d’être en famille à sa juste valeur… J’ai continué d’y aller. Année après année, je n’ai jamais vraiment arrêter. En réalité, je pense que je ne pouvais pas. Je n’y arrivais pas… J’y avais pris goût et chaque fois que je me persuadais de ne plus y retourner, je finissais par le faire tout de même. Je m’étais enlisé trop profondément dans une sorte d’addiction à l’adrénaline, la peur de tout perdre, à l’alcool qui me faisait prendre des risques inconsidérés. Personne n’a jamais rien remarqué, uniquement parce que j’ai toujours eu la chance de gagner assez pour que ça ne se voit pas.

- J’entends bien ton histoire, Hyppolite, mais je ne comprends pas vraiment le rapport. intervint Rosalie, qui commençait à s’impatienter. Où voulait-il en venir ?

- J’y viens, justement… Il y avait cet homme là-bas, Thadeus. Il ne me supportait pas et c’était réciproque. C’était un être impatient, violent, colérique et médiocre aux cartes. Il me haïssait. Un jour, il y a peut-être cinq ou six ans, il a fait en sorte de me faire jeter dehors, perdant tous les gains que j’avais fait. Un véritable pactole, je dois dire… Je me suis laissé emporté. Cet imbécile avait passé bien trop de temps à me chercher. Il venait de me trouver. Je l’ai attrapé par le col pour lui dire ses quatres vérités et… J’ai été pris d’une pulsion. Une pulsion meurtrière… J’ai tenté de l’étrangler. Mais alors que je serrais son cou dans mes mains… Honteux, Hyppolite regardait ses deux grandes mains, vieillies, rocailleuses. Je me suis souvenue de ma famille, justement. À ce que vous auriez ressenti, si la famille voyait un criminelle dans ses rangs. Si j’étais jeté en prison, le déshonneur qui aurait pesé sur vos épaules… Alors je l’ai lâché et il est parti. Je… Comment j’aurais pu savoir qu’il me retrouverait ? Nous jouions tous de manière anonyme… Lorsque je l’ai reconnu, il était trop tard. Il était parti, parti avec notre chère Vadéline… C’est moi qu’il visait à travers. Je ne sais pas ce qu’il lui a fait mais… Je… L’émotion le prenait aux tripes et les larmes, les sanglots, étaient à présent impossible à retenir. Je suis à peu près sûr qu’il s’en ait… Débarrasser. Encore une fois, Rosalie, je suis profondément et sincèrement désolé...  

La Magicienne n’arrivait pas à réagir. Elle le regardait les yeux si grands ouverts qu’on se demandait si elle n’était pas en train de faire une attaque. Elle aurait pu sous le chocs de ses révélations.

- Est-ce que… Tu es en train de dire… Que tu savais qui était cet homme ? Depuis le début ?! L’incompréhension se muait en colère. Le ton de Rosalie montait un peu plus à chaque question. Tu avais des indices, tout ce temps, et tu n’as rien dit, à qui que ce soit ? On aurait pu la chercher ! On aurait pu transmettre son nom, le retrouver ! La Magicienne s’était levée et faisait les cent pas le long de la table de la cuisine. De temps à autre, elle se prenait la tête entre les mains, incapable de croire en ce qu’elle venait d’entendre. Elle posa alors ses mains à plat sur la table et plongea son regard brûlant, à vif, dans les prunelles tristes et désolées d’Hyppolite. Effectivement, c’est de votre faute. Elle repassait au vouvoiement. Mauvais signe pour le vieil homme… Vous avez condamnez vous-même votre petite-fille et vous vous en êtes bien gardé de le dire. Vous êtes un lâche et un égoïste. J’espère que vous avez une piètre estime de vous, à présent. C’est vous, qui êtes médiocre.

Et Rosalie s’en alla, laissant Hyppolite seul avec le poids de ses erreurs.


Souvenirs d'une vie lumineuse Signa12



Le soleil était radieux ce matin là. La journée ne serait pourtant pas l’une des plus belles, du moins, pas pour les Hydrangea. Ils étaient tous réunis, même ceux qui ne vivaient plus là. Il y avait à peu près une trentaine d’entre eux dans le petit jardin derrière la maison qui leur appartenait. À cet endroit reposaient déjà plusieurs défunts membres de la famille et aujourd’hui, l’un d’entre eux les rejoindraient. Enfin, pas réellement… Ce n’était qu’une petite boîte vide, qui serait enterrée. Au fil des semaines, après l’aveu d’Hyppolite à Rosalie, qui n’avait parlé de cette discussion avec personne d’autre mais qui gardait un fort sentiment de rancoeur à son encontre, la Magicienne avait décidé qu’il était temps pour eux de faire leur deuil. Vadéline était perdue. La famille devait continuer à vivre malgré tout…

Syrianne, au deuxième rang de l’assemblée, tenant la main de sa mère, regardait les adultes. Certains pleuraient. Tous étaient vêtus de noir, comme elle. Elle avait huit ans à présent et avait eu le temps de comprendre ce qui s’était produit dans le jardin, sous ses yeux. Sa cousine préférée avait été enlevé par un vilain monsieur. Mais alors pourquoi cette cérémonie avait lieu ? Elle ne comprenait pas le but d’inhumer un corps qui n’était même pas présent. C’était… Inutile ? Le temps des discours et du recueillement, elle préféra ne pas intervenir et ne rien dire. Elle attendit d’être seule avec Lucrècia pour lui poser ses questions.

- Maman… Pourquoi on a fait ça aujourd’hui ? On sait même pas où est Vadéline… Il est pas morte en plus, si ça se trouve ! Syrianne se mit à pleurer, silencieusement. Ce n’était pas juste. La petite blonde lui manquait cruellement et ce qui s’était passé aujourd’hui n’avait fait que raviver sa douleur.

- Ow Syrianne… La mère s’approcha et se mit à genoux. Elle entoura le visage de son enfant de ses deux mains, douces et affectueuses. En fait, si on a fait ça aujourd’hui, c’est justement parce qu’il est temps de lui dire adieu. On ne l’a pas retrouvée et tu as raison, on ne sait pas ce qu’elle est devenue. Mais parfois, il faut savoir faire table rase du passé et continuer à avancer. Tu dois grandir ma chérie, tu dois apprendre. Tu dois devenir adulte, sans Vadéline… Elle restera toujours une partie de toi, dans ton coeur. Mais elle est partie, à présent. Elle ne reviendra pas…La fillette fondit alors en larmes, dans les bras de sa mère.

Syrianne fit donc ce qu’on attendait d’elle. Elle continua à vivre, comme Rosalie, comme Hyppolite, comme chacun d’entre eux. Le traumatisme laissa tout de même des cicatrices béantes dans la famille… Syrianne eut du mal à faire confiance aux étrangers et peu à peu, à tout le monde. Elle ne se livrait plus aussi facilement qu’avant et se faisait moins d’amis. Mais avec le temps… Avec le temps, Syrianne pensa de moins en moins à sa cousine disparue. La famille recommença à passer de bons moments. Les rires revinrent, les sourires aussi. La joie et le bonheur chassèrent finalement la tristesse alors que, loin, très loin d’eux, Vadéline vivait toujours.

Elle, en revanche, restait malheureuse, seule et malheureuse.

~ FIN ~



2200 mots

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Syrianne : #ff9900
Lucrècia #9900ff
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Sam 09 Nov 2019, 20:46


Chapitre 3 : Transit umbra, sed lux permanet


                            Partie I : Invisible mais néfaste


Jardin arrière des Hydrangea, près de la tombe de Vadéline, il y a une dizaine d’années...



Rosalie était agenouillée, face à la petite stèle gravée. “À Vadéline, notre fille bien-aimée.
Étrangement et contrairement aux autres pierres funéraires, aucune date n’y avait été inscrite. Personne ne savait rien. L’hommage à la fillette disparue était bien là, mais la tombe, elle, était vide. Aucun corps n’avait été retrouvé et c’était encore bien pire de survivre à sa perte sans avoir quelque chose auquel se raccrocher. La vie avait repris son cours, un an après le tragique et inattendu kidnapping de la petite blonde, mais le deuil n’avait pas encore été fait. Encore moins pour la mère qui avait perdue un bout d’elle-même en même temps que son enfant. La visage de la Magicienne avait presque pris plus de rides durant ces trois-cent-soixante-cinq derniers jours que Grand-Papy en soixante années de vie. C’est dire… La plupart marquées ses yeux, asséchés par le trop grand nombre de larmes qui en avaient coulé. Cela ne faisait que quelques mois qu’elle avait arrêté de pleurer. Elle avait repris peu à peu ces activités et avait commencé à s’intéresser à l’éducation de ses premières petites filles, Annaëlle et Amayelle. Leur ressemblance avec Vadéline aidait peut-être à soulager sa peine, elle y voyait sans doute un fantôme de la blonde à travers les petites à la chevelure tout aussi dorée que leur tante égarée.

Rosalie venait se recueillir ici chaque matin, après le lever du soleil. Avant même d’aller prendre son café, elle descendait jusqu’au jardin en robe de chambre et s’installait toujours de la même manière. D’une main un peu tremblante, elle créait pour sa fille, où qu’elle soit, un minuscule bouquet d’Hortensia blanche. Cette fleur, fortement liée à la famille de part leur nom et à travers leur travail, était aussi représentative dans cette couleur pur, d’amour, d’harmonie et de paix. Une sorte de message pour Vadéline quoi qu’il lui soit arrivée… Sa mère l’espérait en paix. Et son amour pour elle, ne cesserait de vivre à travers elle. La femme restait une bonne demie-heure à regarder la pierre froide qui lui rappelait l’atroce vide qui emplissait sa poitrine ainsi que son oeuvre, création élémentaire de la Nature, pour essayer de mettre un peu de baume sur ce trou béant qui ne cicatriserait jamais vraiment.

Ce qu’elle ignorait était qu’elle n’était pas la seule à avoir ce petit rituel de visite. Syrianne, elle aussi, avait prit l’habitude de venir voir sa cousine. La petite fille attendait toujours de sa chambre, de laquelle elle avait vu sur la jardin arrière, que sa tante ait terminé pour prendre sa place. Incapable de contrôler sa magie pour le moment et encore moins de créer de merveilleuses fleurs comme la plupart des membres de sa famille, Syrianne venait s’exprimer ici autrement. Elle avait perdu une cousine, certes, mais également sa meilleure amie et sa confidente. Son côté bavarde s’était évanouie dans la nature en même temps que Vadéline… Les seuls moments où elle se livrait était donc ceux-ci, face à la stèle qui représentait l’absence de la blonde.

Salut Valé… Ça fait dix jours maintenant qu’ils ont mit la boîte sous la terre. Il n’y a rien dedans, tu n’y es pas. Je le sais, Valé. Tu étais trop forte pour jouer à cache-cache, c’était toi la meilleure. Mais la partie a assez duré maintenant, tu ne crois pas ? Il serait temps de revenir… Je sais bien que c’était pas ta faute et c’est pas ce que je dis. C’est l’homme qui est venu te chercher le responsable. Est-ce que toi, tu sais pourquoi il a fait ça ? On ne méritait pas ça. Surtout, toi, tu aurais dû rester avec nous. Je suis sûre que tu aurais préféré rester ici. Tu nous manques, à tous. Je m’ennuie sans toi. Du coup, je parle avec un gros caillou où les adultes ont écrit ton nom en pensant que ça nous aiderait. Mais c’est pas le cas tu sais ? Je sais pas si c’est pire maintenant, mais ça a changé. C’est comme si tout le monde voulait passer à autre chose. Ils ne parlent plus de toi, ou du moins, pas devant Tante Rosalie. Et Tante Rosalie ne parle pas de toi non plus. Une fois, elle a appelé une des jumelles par ton prénom et il y a eu un de ses silences ! Personne ne savait plus quoi dire. C’est vrai qu’elles te ressemblent les petites… C’est nul que tu les connaisse pas. Elles auraient eu la meilleure tante du monde ! On aurait pu leur apprendre tellement, toutes les deux, tu imagines ? Elles ont pas de chance, elles t’ont même pas connu elles. Moi j’ai mes souvenirs avec moi, au moins. Même si parfois, ils me rendent tristes. Maman dit que c’est normal d’être triste et que je peux l’exprimer. Elle essaie de me faire parler et je vois bien qu’elle est inquiète pour moi. Mais j’ai plus envie. À qui je raconterais tout ce qui me passe par la tête, maintenant que t’es partie, hein ? J’ai plus envie. Personne comprendra comme toi. Du coup, elle m’apprends à lire. C’est pas aussi bien que nos aventures et nos jeux, mais bon, ça évite de trop s’ennuyer. Et puis, j’ai appris plein de trucs. Par exemple, tu savais toi que les coccinelles aidait à sauver les plantes ? Elles mangent les pucerons, des petits insectes tout transparent qui eux, mangent nos fleurs. Tu te souviens, on avait essayé d’en garder une dans une boîte pour avoir des animaux de compagnie… Et… Et elles sont mortes, parce que les coccinelles, ça doit pas vivre enfermée dans une boîte. J’aime pas le fait que les adultes aient enfermés ton souvenir dans cette boîte et qu’il l’ait enterré tout au fond d’un trou…

Une fois n’était pas coutume, Syrianne éclata en sanglot. Elle avait encore du mal avec cet enterrement qu’elle trouvait toujours insensé. Vadéline était en vie ! Elle en était sûre… Tout le monde lui répétait que c’était son imagination d’enfant et qu’il fallait que maintenant, elle se fasse à l’idée de la disparition funeste de sa cousine adorée. La tristesse qu’elle gardait au fond de son coeur et qui s’écoulait tranquillement la majorité du temps, en arrière-plan dans son esprit lorsqu’elle faisait autre chose que penser à Vadéline, se mit à jaillir comme un raz-de-marée. Syrianne se sentait comme si son corps entier était submergé par ce sentiment insupportable et incontrôlable. Ses larmes ne cessait de couler en symétrie avec ce qui se passait à l’intérieur d’elle-même. À sa détresse et son manque s’ajouta ensuite une espèce de colère, un sentiment d’injustice qui s'amplifiait. Pourquoi Vadéline, pourquoi leur famille, pourquoi avaient-ils perdus espoir ? Pourquoi Syrianne était-elle seule à présent ? Pourquoi… ?

La Magicienne a la peau tannée préféra s’en aller. Si sa mère la trouvait encore à pleurer, cela ne ferait qu’agrandir son angoisse à son sujet… Alors que Syrianne s’enfuyait vers sa chambre pour éviter de croiser qui que ce soit, le temps de calmer sa crise de nerfs, elle ne remarqua pas que, derrière elle, le petit bouquet d’Hortensia blanche créaiet par Rosalie était, lentement, en train de périr. Les fleurs fanaient, les tiges devenaient brûnatres et les quelques feuilles perdaient de leur vert éclatant. Le lendemain, Rosalie retrouverait son oeuvre, en miettes. Elle retirerait les fleurs et le remplacerait par un autre. Ce fut ainsi tous les matins… La femme ne savait pas pourquoi ses bouquets ne tenaient même pas une nuit. Syrianne ne savait pas que c’était elle qui les faisait périr, prématurément.

La fillette de huit ans ne le découvrirait que bien plus tard mais elle possédait un don magique dont elle ce serait bien passé. Sous l’impulsion de sentiments trop forts, cette capacité se déclenchait sans qu’elle n’y puisse rien changer. Syrianne se mettait à absorber l’énergie, annihilant le souffle de vie des êtres les plus proches et les plus faibles ; la plupart du temps, les fleurs au pied de la tombe de Vadéline.

1347 mots

Syrianne : #ff9900
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