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 Les souvenirs d'une étoile

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Ven 10 Juil 2015, 20:36





Partie 1 : L'enfance

Chapitre 1 : Un père mystérieux


Assisses sur une grosse couverture de laine, Callidora et Téméris profitaient d'une douce nuit d'été pour se prélasser près de leur maison. Elles avaient toujours adoré ces longues nuits où les étoiles rivalisaient de lumière pour se faire une place dans l'obscurité. Souvent, les deux soeurs aimaient chanter à ces astres pleins de promesses leurs espoirs et leurs rêves, mais ce soir elles n'avaient pas le coeur à leur offrir une mélodie. Une fois de plus, elles avaient tenté d'amener la conversation sur leur père, et une fois de plus, leur mère avait évité le sujet en prétextant un mal de crâne. Elles avaient donc fini de manger en silence, puis avaient décidé de s'allonger sous la voûte étoilée.

Un bruit de pas les avait tirés de leur contemplation et elles avaient levé la tête vers leur mère dans un même geste. Leur complicité était indubitable. Il suffisait que l'une agisse d'une certaine manière pour que l'autre l'imite aussitôt, et bien souvent elles faisaient les mêmes choses au même moment. Elles étaient si proches que lorsque Téméris pleurait, Callidora l'entendait où qu'elle se trouve. Un jour, elle était partie cueillir des plantes avec sa mère sans Téméris qui avait une peur bleue de la forêt qui "mangeait le ciel" et elle avait su que sa jumelle allait mal à l'instant où la première larme avait coulé sur sa joue. Elles étaient revenues aussitôt et avaient vu Téméris, lat tête enfouie entre ses bras, sa peluche décousue à côté d'elle.

"Mes chéries, appela doucement la mère des jumelles. Je sais que vous mourrez d'envie que je vous parle de lui, mais c'est quelque chose que je n'arrive pas à faire. Chaque fois que je pense à lui, mon coeur se serre et la tristesse m'envahit. Il me manque énormément, même si jamais je ne le montre. Peut-être qu'il faudrait que je vous parle de notre rencontre."

Callidora remarqua avec étonnement que les yeux bleu océan de sa mère étaient clos.   Cela n'était jamais arrivé devant elle, mais elle savait que Rhéa était en plein rêve. Par d'étranges circonstances, il se trouvait justement qu'elle parlait à ses filles dans son délire. Un sourire fleurit sur ses lèvres d'enfant : c'était une occasion unique. Elle fit signe à Téméris de ne pas prononcer le moindre mot.

"C'était il y a bien longtemps, et cette époque bénie me manque énormément. J'étais en visite à Lua Eyael en compagnie d'une amie de ma mère censée me chaperonner. Ma mère se méfiait des hommes qui croisaient mon chemin et depuis sa mort, sa vieille amie refusait de me laisser seule. Un jour pourtant, j'ai réussi à la semer et j'ai erré de longues heures dans les rues de la ville. C'était un endroit d'une beauté frappante et délicate qui ne cessait de m'émerveiller. Je me serais installée là-bas sans hésiter si je n'avais pas croisé la route de votre père. Lorsque j'ai échappé à la surveillance de cette dragonne qui m'empêchait d'approcher qui que ce soit, il m'avait vue depuis quelque temps. Il m'a emmenée sur les hauteurs de la ville et m'a fait découvrir un paysage magnifique. Mais le plus beau, c'est lorsque que nous avons visité sa villa. Je l'ai tout de suite adorée et il m'a proposé de s'installer avec lui. J'ai accepté avec un enthousiasme que je n'avais jamais ressenti et nous avons commencé à nous aimer. C'était un homme au charme indéniable : il avait les cheveux noir corbeau et une peau aussi blanche que les rayons de la Lune. Il était apprécié de tous ceux qui croisaient son chemin, et la femme qui me chaperonnait finit par reconnaître qu'elle ne voyait aucun inconvénient à notre union. Nous avions organisé une fête royale pour nos fiançailles et tout s'annonçait sous les meilleurs auspices. Dans la nuit, je me suis réveillée et j'ai vu qu'il n'était plus dans le lit et que les draps étaient d'un froid glacial. Il était debout dans le jardin, au milieu des orchidées et s'appuyait contre la fontaine de marbre, les yeux tournés vers la Lune d'un blanc éclatant, les lèvres entrouvertes. Il s'appelait Reyall et il murmurait à l'oreille des étoiles."

Callidora et Téméris attendaient la suite de l'histoire, fascinée par le récit de leur mère qui venait de se taire et de porter une main à son front comme si ces souvenirs étaient trop douloureux pour remonter à la surface. Allaient-elles enfin en savoir plus sur leur père et son histoire ? Mais la mère des jumelles secoua la tête avant de tourner les talons et de s'éloigner vers la maison. Seul le silence du ciel répondit à leur question muette.





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Jeu 23 Juil 2015, 01:31




Partie 1 : L'enfance

Chapitre 2 : Le premier rêve



Ce soir, les étoiles rivalisaient de lumière dans le ciel drapé de noir. Songeuse et un livre à la main, Callidora se reposait, allongée dans l'herbe. Elle regardait la voûte céleste avec admiration. Aucune mélodie ne franchissait ses lèvres malgré l'ardente fascination qu'elle éprouvait pour les astres nocturnes. Pour une raison obscure, la nostalgie envahissait son coeur et elle ignorait totalement ce qui provoquait un tel effet. Elle se sentait incroyablement lasse, comme si elle avait perdu quelque chose dont elle n'arrivait pas à se rappeler et poussa un profond soupir. Elle ne savait pas ce qu'elle espérait, à rester ainsi couchée dans l'herbe fraîche, ses yeux dorés posant mille questions. Une réponse. Elle attendait une réponse. Sans connaître la question. Elle cherchait désespérément un signe, une indication, un scintillement, n'importe quoi qui puisse la rassurer. Malgré la belle vie qu'elle menait, elle ressentait depuis toujours une peur viscérale qui l'empêchait de profiter pleinement des moments de bonheur. La pensée insidieuse que tout ne soit qu'une illusion prête à se rompre.

Sans s'en apercevoir, Callidora venait de quitter le monde réel pour un univers tout à fait différent. Elle se leva lentement, inexplicablement attirée par quelque chose qui se cachait dans la forêt avoisinante. Elle savait que cet endroit était dangereuse pour une fille de son âge, mais le sens même du mot danger était effacé à ses yeux. Elle ne se sentirait heureuse que lorsqu'elle aurait atteint le couvert des arbres. Les animaux ne l'approcheraient pas, elle en avait la certitude. Elle prit garde à ne pas faire de bruit, il ne fallait surtout pas qu'elle réveille sa mère ou sa soeur. Elles ne devaient rien découvrir. Elles ne comprendraient pas, elles ne pouvaient pas comprendre. Callidora devait se rendre seule au coeur des arbres géants. La vérité l'attendait quelque part sous les frondaisons.

Elle s'enfonça davantage dans le sous-bois, soulagée de pénétrer dans le royaume des plantes. Elle marcha longtemps sans savoir où elle se rendait. Elle ignorait ce qu'était sa destination, mais elle savait que le moment venu, elle la reconnaîtrait au premier regard. Des lucioles voletaient dans l'air pour éclairer son chemin d'une douce lumière et elle les remercia en silence. Son regard se portait quelquefois sur une toile d'araignée où la petite bête se reposait fièrement, exhibant à tous son œuvre splendide. Elle songea que les fils révélaient toute leur beauté lorsque la rosée les couvrait d'une caresse amicale. Elle sursauta lorsqu'un oiseau aux plumes éclatantes prit son envol, l'ayant à peine aperçu. Alors qu'elle se frayait un passage parmi des buissons couverts d'épines, elle avisa une fleur d'un rouge éclatant et un sourire sincère vint étirer ses lèvres roses lorsqu'elle l'aperçut. Elle l'avait finalement trouvée.

Elle s'approcha de la fleur écarlate le coeur léger, glissant sur l'herbe verdoyante comme une apparition. Personne n'avait autant de grâce qu'elle en cet instant. C'était le moment qu'elle avait espéré toute sa vie. Lorsqu'elle fut à quelques centimètres de la magnifique plante, elle se rendit brusquement compte qu'elle était couverte de sang. Elle s'arrêta immédiatement et un terrible pressentiment la saisit. Paralysée par l'effroi, elle ne parvint pas à hurler. Il fallait qu'elle s'en aille, qu'elle retrouve la sécurité dans les bras de Téméris, et par-dessus tout qu'elle oublie ce monstrueux présage. Callidora leva la tête. Les arbres avaient tous disparu. Elle n'était plus dans la forêt, elle était au beau milieu d'une plaine herbeuse. Les astres l'observaient avec des yeux moqueurs en s'extirpant de leur toile ténébreuse. Qu'avait-elle fait ? Elle tendit la main vers la fleur et toucha le sang du bout des doigts. Son sang.

Quelque chose allait arriver. Et ensuite, les étoiles la dévoreraient.





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Jeu 13 Aoû 2015, 01:08




Souvenirs obscurs

La capture

Par cette belle après-midi d'été, le soleil dorait l'herbe verdoyante de ses rayons chaleureux. Les chênes de la forêt se dressaient majestueusement, emplissant l'horizon de leurs feuilles spiralées. Le coeur léger, Syveth se promenait paisiblement en compagnie de sa jeune soeur. Tous deux avaient quitté le domicile familial quelques heures plus tôt. Après avoir vendu les fruits du jardin au marché et remis précieusement l'argent à leurs parents, ils s'étaient enfuis vers les étendues herbeuses qui bordaient le village pour se retrouver seuls. Ils aimaient plus que tout passer du temps ensemble, et ils n'avaient besoin de personne pour s'amuser. La présence des autres tendait même à atténuer la joie qu'ils ressentaient pendant leur temps libre. Aujourd'hui, ils disposaient de la moitié de la journée pour aller où bon leur semblait. En ce moment, ils suivaient le vol d'un magnifique oiseau qui planait au-dessus de leurs têtes, fascinés par la puissance qui se dégageait de l'animal.

Lorsque l'aigle disparut de leur champ de vision, appelé vers de nouveaux cieux, ils décidèrent d'un commun accord de se rendre dans la forêt où ils se baladaient régulièrement malgré les avertissements de leurs parents. Aucun animal sauvage ne les avait jamais attaqué, et ce temple de la nature apparaissait pour eux comme le plus merveilleux des sanctuaires. Ils s'installèrent au pied d'un chêne au tronc imposant et commencèrent à bavarder gaiement. Syveth sortit une gourde de son sac, récipient qui fit bientôt rejoint par un sachet de framboises. "Miranda, je vais chercher de l'eau, reste ici. J'en ai pour quelques minutes." Elle lui avait lancé un sourire radieux en lui disant de ne pas s'inquiéter et de se dépêcher, sous menace de dévorer l'intégralité des baies rouges. Il s'éloigna donc en direction de la rivière, ravi de disposer librement de son après-midi. Ses dix ans approchaient, et il lui faudrait bientôt rejoindre les entraînements réservés aux hommes pour devenir un guerrier. Alors il serait séparé de sa soeur qui se tournerait vers des activités plus féminines malgré son caractère fougueux. Arrivée à la source d'eau, il remplit rapidement la gourde et s'empressa de retourner là où ils s'étaient arrêtés. Il ne supportait pas l'idée d'être séparé de Miranda.

Quand il arriva, il sentit tout de suite que quelque chose clochait. Sa soeur ne se trouvait plus aux pieds de l'arbre et les framboises avaient été écrasées sur la nappe qu'elle avait probablement sortie en l'attendant. Ils venaient souvent goûter ici mais jamais auparavant elle n'était partie seule. Il se précipita vers son sac, cherchant un couteau dans l'une des poches. Peut-être un ours l'avait-il attaquée. Peut-être se cachait-elle en attendant qu'il la retrouve. Ou peut-être qu'elle lui faisait simplement une blague. Il tentait de se rassurer, mais son inquiétude grandissait. Alors que des dizaines d'hypothèses voyaient le jour dans son esprit et qu'il refermait le poing sur son arme, quelqu'un lui asséna un violent coup derrière la nuque. "Syveth !" Il eut tout juste le temps d'entendre le cri désespéré de Miranda avant que les ténèbres ne se referment sur lui.








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Jeu 20 Aoû 2015, 20:19




Souvenirs obscurs

Un réveil sombre

Lorsque Syveth ouvrit enfin les yeux, il ne trouva que l'obscurité. Pas le moindre bruit n'émanait de l'endroit où il se trouvait. Il n'entendait rien, rien qu'un étrange cliquetis, comme un cadenas avec lequel on s'amuse. Il ne savait absolument pas ce qui venait d'arriver. Une après-midi comme les autres avec sa sœur adorée, et voilà qu'il se retrouvait dans le noir total, une violente douleur lui martelant le front. Il voulut passer une main dans ses cheveux pour tenter de reprendre ses esprits. Main qui n'atteignit jamais son but, arrêtée en plein milieu de son élan par une immonde chaîne. Il tenta de tirer sur celle-ci pour la faire céder, en vain. Une vive panique s'infiltrait dans les moindres recoins de son esprit. Il ne comprenait pas ce qu'il faisait ici, ni ce qui s'était produit dans la forêt où ils aimaient se prélasser.

La pensée de sa sœur le tira brutalement de ses pensées. Où était-elle ? Avait-elle subi le même sort ? Enchaînée à son tour dans une pièce sombre, sans savoir ce qui se passait ? Il imaginait sans peine la peur terrible qu'elle devait ressentir, se trouvant dans le même état. Ou peut-être se trouvait-elle avec lui, mais l'absence de lumière l'empêchait de distinguer quoi que ce soit. « Miranda ? » Aucune réponse ne lui parvint. Un frisson d'horreur coula le long de son dos. Elle représentait ce qu'il avait de plus cher au monde, et si quelque chose lui arrivait, il savait qu'il ne s'en remettrait jamais. Elle faisait briller ses journées comme un rayon de soleil, et il refusait d'imaginer qu'elle ne puisse plus jamais le faire. Alors qu'il inventait des scénarios catastrophiques, une faible lueur illumina l'endroit. D'abord ébloui, il finit par s'habituer à la lumière crue qui éclairait faiblement la pièce.

Il resta ébahi devant le spectacle qui s'offrait à lui. De lourdes chaînes d'un gris crasseux se lamentaient un peu partout sur le sol. Le sang peignait les murs dont la couleur originelle semblait avoir disparu. Il ne l'avait pas remarqué jusqu'alors, mais une lourde odeur de transpiration flottait dans l'air. Il se sentit pris de nausée mais se retint de vomir en apercevant quelqu'un dans le rayon lumineux. Une personne qui en portait une autre. Alors qu'ils entraient tous les deux dans l'antre nauséabonde, Syveth reconnut avec horreur le corps de sa sœur. Aucun son ne s'échappa de ses lèvres muettes d'effroi. D'habitude radieuse, Miranda semblait dormir. Une curieuse entaille maculait son bras droit qui pendait lamentablement, comme si elle n'avait plus la force de le faire tenir. Ses cheveux noir corbeau avaient été coupés, et une odieuse trace de sang maculait sa bouche. Elle semblait incapable de réagir. Le jeune homme tira brutalement sur ses chaînes pour se libérer. « Lâchez-la tout de suite ! » Il ne s'attendait pas à être obéi. Le corps de sa sœur chuta sans ménagement sur le sol, soulevant un nuage de poussière. Alors qu'il se démenait comme un beau diable, l'homme qui la tenait auparavant dans ses bras lui mit les fers aux pieds. « Bien. Sujet 44 ramené dans sa cellule. » Il tourna les talons aussitôt, un sourire satisfait sur le visage et referma la porte sans l'ombre d'une hésitation.

Dans quel monstrueux cauchemar venait-il de se réveiller ?




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Jeu 20 Aoû 2015, 21:20




Souvenirs obscurs

Triste sourire

Il ne parvenait pas à l'atteindre. Malgré tous ses efforts pour briser les chaînes, il n'arrivait qu'à se faire mal. La chair fragile de ses poignets avait viré au rouge, profondément irritée par les mouvements qu'il faisait. Quant à ses jambes, mieux valait ne pas y penser : les liens étaient si étroitement serrés qu'il risquait de se fracturer une cheville. Il ne connaissait rien de cet endroit, mais une chose demeurait certaine : personne ne viendrait l'aider. « Miranda, je t'en prie… Dis quelque chose. » Il répétait sa supplication pour la énième fois, réellement inquiet de ce qui venait d'arriver à sa sœur. Que lui avait-on fait pour la mettre dans un tel état ? Il avait beau se retourner les méninges, rien de positif n'effleurait son esprit.

Alors qu'il commençait à perdre espoir, une minuscule boule de feu apparut dans l'air. Depuis son plus jeune âge, Miranda savait maîtriser cet élément indomptable. Ses cils se mirent à battre faiblement. Elle leva des yeux fiévreux vers lui. « Syveth… On est où ? » Elle avait toujours le don pour poser la question qu'il ne fallait pas poser. Même s'il mourrait d'envie de lui répondre, il ne savait absolument pas quoi dire. Aussi se contenta-t-il de lui adresser un triste sourire. « Je ne sais pas, petite soeur. » Elle remarqua alors les chaînes qui les entravaient tous les deux et promena son regard d'enfant sur les murs de la pièce. « Mais qu'est-ce qui se passe ? C'est quoi cet endroit ? » Elle paniquait complètement, et il se sentait terriblement impuissant. « Mira, essaie de venir vers moi. » Elle le regarda d'un air apeuré avant de hocher la tête. Elle commença à ramper vers lui misérablement. Les chaînes moins serrées lui permettaient de se mouvoir avec plus d'aisance.

Le bras entaillé ne réagissait visiblement plus. Il le comprenait à mesure qu'elle avançait pour le rejoindre. Elle s'appuyait davantage sur son autre membre et se servait surtout de ses jambes. Nul doute que quelque chose de douloureux était arrivé. L'entaille semblait avoir été faite au couteau, comme lorsqu'un chasseur tente de dépecer sa proie. Sauf que Miranda n'avait rien d'une proie : c'était une petite fille au regard plein de joie et au coeur généreux. Il frissona en voyant l'ecchymose violacée qui s'étendait tout autour de la blessure à vif. Profonde de quelques cimetières, aucun sang ne s'en échappait. Il constata avec effroi qu'une inquiétante substance grisâtre s'y trouvait. Ne voulant pas inquiéter sa sœur, il ne dit pas un mot. Il redoutait cependant que quelqu'un lui ait administré un poison quelconque. Qui pouvait commettre un tel acte ? Il sentit une vague de colère monter en lui. Personne n'avait le droit de s'en prendre à son innocente petite sœur. Elle progressait difficilement, mais ses yeux brillaient d'une lueur de détermination. Elle savait qu'au bout du chemin, toucher la main de Syveth serait la plus réconfortante des récompenses. Son bras droit était curieusement engourdi. Elle ne s'en souciait nullement. Un sourire de pur bonheur illumina ses traits alors qu'elle attrapait les doigts de son frère. « Je suis là. » Il retint un hoquet d'horreur.

La peau de Miranda avait la chaleur du feu qu'elle maintenait en place pour leur offrir la lumière de l'espoir.





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Ven 21 Aoû 2015, 17:18




Souvenirs obscurs

Dose mortelle

Les heures passaient, inexorablement longues. La sphère de feu de Miranda avait disparu depuis longtemps, mais il ne s'en souciait guère. Sa première préoccupation demeurait l'état douloureux dans lequel était plongé sa sœur. Elle parlait à peine, et les mots qui sortaient de sa bouche de temps à autre crissaient comme du papier de verre. La situation lui échappait. Elle aurait dû hurler, se tordre dans tous les sens pour essayer d'atténuer la souffrance, verser des larmes pour tenter de calmer le poison qui la rongeait de l'intérieur. Mais elle restait silencieuse, allongée sur les pierres humides. Elle se contentait de tenir les doigts de Syveth avec fermeté et d'imaginer qu'ils se trouvaient à nouveau dans leur chère forêt.

Quant à lui, le jeune homme allait finir par devenir fou. Il lui avait fallu peu de temps pour réaliser que quelqu'un avait volontairement administré une dose de poison à sa sœur, en usant d'une méthode peu recommandable. Il n'apercevait plus la plaie, maintenant qu'aucune lumière ne les éclairait, mais il doutait que la blessure guérisse, d'autant que dans un environnement aussi insalubre, elle risquait d'attraper une infection. Il aurait préféré de loin se perdre dans la forêt. Même s'ils ne retrouvaient jamais le chemin de leur maison, il aurait sut quelles plantes manger et lesquelles pouvaient soigner. Enfermé ici, il se trouvait totalement impuissant. Le seul pouvoir dont il disposait était de murmurer des paroles réconfortantes, paroles en lesquelles il avait lui-même du mal à croire. Il espérait sincèrement qu'il faisait un cauchemar.

Il ignorait depuis combien de temps ils patientaient dans la moiteur de la pièce, mais il commençait sérieusement à perdre patience. Sa théorie la moins démentielle était que quelqu'un de maléfique les avait capturés pour tenter d'étranges expériences, voire les torturer pour découvrir jusqu'où allait leur résistance. Dans les deux cas, il refusait que Miranda se retrouve mêlée à une pareille horreur. Elle méritait de vivre comme toutes les petites filles de son âge, cajolée par ses parents et appréciée par ses camarades. Dès qu'il pensait qu'elle se trouvait dans un endroit aussi monstrueux que la cellule où ils croupissaient, il se sentait capable d'arracher le coeur de ceux qui lui faisaient subir un pareil traitement. Ils ne méritaient que la mort. « Syveth, j'ai froid. » Miranda venait de prononcer ses premiers mots depuis ce qu'il lui semblait une éternité, et il s'autorisa un soupir de soulagement. Son organisme luttait contre la terrible substance qui parcourait ses veines. « Ne t'en fais pas, Mira. Ce n'est qu'une illusion, je t'assure qu'il fait chaud. » La température de la pièce devait en effet avoisiner celle d'un beau jour de printemps. Cette chaleur d'habitude si agréable pesait cependant sur lui comme un lourd fardeau.

Soudain, la porte de la cellule s'ouvrit, laissant passer l'homme qui avait ramené sa sœur tout à l'heure. Syveth leva un regard embrasé de colère vers lui. « Ce n'est qu'une enfant, laissez-la tranquille ! » Il n'ajouta pas de menace à sa réplique, mais il sentait une rage profonde remonter en lui. « Sujet 43 cherche à protéger Sujet 44. Pauvre petit, la fraternité n'est qu'une illusion. » Il adressa un sourire carnasser à Syveth. « Ne t'en fais pas, Sujet 43, ton tour viendra aussi. Tu es encore trop agité pour que je te soumette aux tests. Elle, en revanche… » Il se rapprocha rapidement de Miranda qui fixait des yeux plein d'horreur sur l'homme. « Je vous en prie, Monsieur... » Elle tremblait de tous ses membres, cédant doucement à la panique qui l'envahissait. Il ne prit pas sa prière en compte et se pencha vers son bras. La peau autour de l'entaille commençait à se boursoufler, et le violet tirait désormais sur le noir. Il hocha la tête en observant la blessure et récupéra la substance grisâtre qui restait à l'aide d'une sorte de chiffon, se souciant peu des cris de douleur de sa patiente. Syveth tirait de toutes ses forces sur ses chaînes, suppliant l'homme d'arrêter ce qu'il faisait. Celui-ci finit par l'observer d'un air songeur. « Dose mortelle prélevée. Le Sujet 43 refuse de coopérer… » Miranda observait l'homme en silence, n'esquissant pas le moindre geste. Syveth aurait voulu lui hurler de l'étrangler ou de le frapper tant qu'elle en avait l'occasion, mais il doutait de l'efficacité d'une telle action. Mieux valait attendre la suite des événements. « Et bien, je suis certain que la faim viendra à bout de ton sale caractère. » Il s'éloigna en sautillant, comme satisfait de ce qui se passait et ferma la porte brutalement. Ils se retrouvèrent une fois de plus dans l'obscurité. Seuls les sanglots de Miranda perçaient le silence.





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Dim 23 Aoû 2015, 18:35




Souvenirs obscurs

La faim


La faim lui brûlait les entrailles. Il sentait le feu rouler dans chacune de ses veines. Il ne parvenait plus à réfléchir : il avait beau se concentrer, la seule chose dont il était encore conscient restait la présence de Miranda. Elle ne souffrait pas de la même manière que lui, mais son corps se couvrait de marques violacées. Le poison se répandait avec une lenteur douloureuse dans chacun de ses organes. Il ignorait de quelle manière, mais elle parvenait à lutter contre l'ignoble substance. Il savait que l'homme qui les avait enfermé lui donnait à manger lorsqu'il l'emmenait avec lui. Il aurait presque senti une pointe de jalousie lui percer le coeur s'il n'avait vu l'état dans lequel elle se trouvait. Elle était incapable de se lever, même si ses chaînes le lui permettaient. Parfois, elle était saisie de terribles spasmes qui la secouaient comme s'il s'agissait d'une poupée désarticulée. Elle continuait pourtant à lui murmurer des paroles rassurantes, prenant un rôle maternel. Jamais il ne l'entendait hurler, et pourtant il voyait aux cernes qui creusaient ses yeux et à son regard fiévreux qu'elle souffrait autant que lui.

Quant à lui, il restait allongé sur le sol, les membres crispés, incapable d'ouvrir les lèvres pour répondre aux mots doux de Miranda. L'eau représentait son seul espoir, la lueur de vie qui le sauvait de la mort. Il estimait qu'on lui en apportait deux fois par jour mais n'en était pas certain. À vrai dire, il ne savait plus grand-chose. La douleur était intolérable, elle meurtrissait chacun de ses muscles et s'insinuait dans les moindres recoins de son esprit. Pour tenter de calmer le gouffre qui l'engloutissait inexorablement, il se rappelait les délicieux souvenirs des repas en compagnie de ses parents. Il se souvenait parfaitement de la saveur juteuse de la viande qu'il dégustait avec plaisir. Mais chacune de ces réminiscences lui arrachait une grimace de douleur dès qu'il revenait à la réalité. Les illusions d'un passé joyeux finissaient toujours par se fracasser contre l'abominable monde réel. La faim qui tenaillait son ventre embrouillait de plus en plus ses pensées. Il avait la curieuse impression que sa vie entière tenait dans ces quelques jours qu'il passait ici et que ce qu'il se remémorait appartenait à un rêve merveilleux.

Alors qu'il tentait de fermer les yeux pour oublier la douleur qui le déchirait, il vit la porte s'ouvrir une nouvelle fois. « Le Sujet 43 est prêt. » L'homme s'approcha de lui avec un sourire torve.






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