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 [A] - Ovation du public : La dose létale

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Lun 28 Oct 2019, 22:08



Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Latone retourne dans le passé de Linos et en apprend bien plus sur le vécu de Lolaha Kirzor.

~~~

Les verres en cristal, exposés derrière le comptoir de l'établissement, accompagnèrent les notes du flûtiste, éperdu dans son long répertoire personnel. D'une oreille distraite, Lolaha écoutait l'œuvre comme si c'était un élément de la nature, une brise normale du vent. Latone ne possédait pas cette sensibilité, elle lui échappait et le sentiment de la Kirzor la troublait. Ici, ce devait être un bar plutôt modeste, où la clientèle était rare et les badauds ne s'adonnaient qu'à la discussion intime. Ou la rétrospection, comme dans le cas de Lolaha. Encore un endroit que la Marche n'a pas foulé. Pourtant, le parc leur fut dévoilé assez rapidement, il devait en être de même pour cette taverne… La Conservatrice tenta de mémoriser le moindre détail de ce bistrot, tant que son réceptacle demeurait statique, calme. Lolaha sirotait un alcool fort, guère dilué. Les saveurs s'avéraient nouvelles pour Latone, à moins qu'elle n'ait pas encore assez profité du don de Léto… Non, pour elle, ces effluves semblaient trop raffinés pour être aux mains des Marcheurs. Encore une nouvelle découverte sur Linos ? Sa descente, en tout cas, la raviva autant que l'étonna. Si la Kirzor faisait preuve de manière auprès de sa famille, il n'en était plus de même lorsqu'elle s'isolait de ses sœurs. Latone ne ressentait pas de mélancolie ou de trouble – si ce n'était un début d'ivresse – dans la tête de la Linèsienne ; en tout cas, rien qui ne justifiait cette consommation point modérée.

Le battant de l'entrée grinça, des pas trahissaient l'arrivée d'une nouvelle personne. Lolaha capta le regard plutôt intrigué du propriétaire, affairé à faire reluire ses fameux verres. Pourtant, elle ne tourna pas la tête, comme si elle déléguait la tâche à son ouïe de deviner. Un scintillement métallique lui parvint progressivement, de plus en plus proche. Cela ne pouvait être qu'un soldat, puisque les personnes armées en Linos étaient rares. Je viens d'entendre toute sa réflexion. S'étonna Latone, habituée à être simplement spectatrice à travers les yeux de la chanteuse. Quoi qu'il en soit, cette conclusion fut confirmée avec brio lorsque l'inconnu s'accouda au comptoir, plutôt près d'elle. Présenté avec une armure sommaire, aux couleurs discrètes, celui qui commanda un breuvage au nom barbant possédait ce regard des guerriers. Lolaha admira son faciès, ses traits durs encadrés par une longue et lisse chevelure brune. Lorsque leurs regards se croisèrent, Latone pensa qu'ils s'étaient donné rendez-vous ici-même. Et pourtant, la conversation qui s'ensuivit lui prouva tout le contraire.


" On patrouille jusqu'ici ? Je devrais peut-être changer de bar. Ponctua-t-elle d'un sourire en coin, avec une nouvelle gorgée de sa boisson. Latone n'échappa pas à un sourire non plus : ce serait typiquement sa réaction.
- À moins que vous ayez quelque chose à vous reprocher – ce qui nous contrarierait tous – vous n'avez pas à changer de place. L'homme s'accouda davantage, comme si la journée l'avait épuisé. Il devait simplement prendre ses aises, sans daigner s’asseoir malgré les tabourets rembourrés à sa disposition. C'était un homme grand, plutôt fin pour un soldat, et ardemment intéressé par la jeune femme, ouverte à l'échange.
- Vous seriez contrarié ? Répéta-t-elle, touchée par son commentaire. Le serveur termina tout juste d'offrir la boisson au gaillard, avant qu'il ne répondît.
- Vous êtes Vertigo, la nouvelle coqueluche. Elle lui rit à la face, un ton moqueur. D'ailleurs, que penseront vos admirateurs en apprenant que vous épanchez vos soirées dans l'alcool ? Elle lui fit un geste dédaigneux de la main, droite et fière.
- Je me f— gausse de leur avis. Ils n'ont pas à connaître ma vie, je leur demande simplement de m'écouter, rien de plus. " L'air narquois du soldat ne lui échappa pas.

Mutuellement silencieux, ils s'enfermèrent chacun de leur côté dans leur sobriété lancinante. Au fil de ses voyages en Zyurm, Latone commençait à mieux appréhender le caractère de Lolaha Kirzor, qui ne devrait pas l'étonner ; après tout, si elle était ses yeux… Cette Linèsienne se démenait toutefois dans une situation assez contraignante, avec les affres de sa nouvelle carrière et les conséquences qui s'ensuivront. Cette hargne à vouloir se bloquer, s'enfermer dans une description toute faite. Latone peinait à comprendre pourquoi Lolaha ne cherchait pas à se surpasser. Enfin, vivre parmi les Marcheurs et vivre parmi les Linèsiens, tout semblait pointer du doigt une différence notable… Cependant, l'Esprit aimait à croire que ce type d'établissement présentait le cadre idéal pour faire tomber les masques et se découvrir mutuellement. Peut-être bien que ce souvenir serait le point-clé d'un véritable levé de rideau sur la cité de Linos.


" Je vous comprends. Finit par émettre le brun au bout de quelques minutes, Lolaha ayant déjà profité de ce laps de temps pour s'offrir une nouvelle tournée. Elle ne lui accorda une attention visuelle que lorsqu'il prit la peine de s’asseoir à ses côtés. Vous avez raison d'être aussi détachée. Les deux femmes saisissaient un message sous-jacent mais il devrait être mal avisé de le réclamer, puisque Lolaha n'en fit rien.
- Cela ne m'empêche pas d'être curieuse, vous savez… Allez-y, dites ce que vous voyez. Elle le laissa l'observer, tandis qu'elle goûtait ce nouveau nectar ; encore un goût étranger pour l'Hozro, mais par les Ætheri que c'était bon ! Une note fruitée, légèrement pétillante, loin d'être désagréable.
- Je vois une coqueluche qui cherche simplement à profiter de sa véritable vie. Lolaha faillit recracher tant l'analyse la prit au dépourvu. Elle le pointa du doigt avec une mine ravie sur le visage.
- Fortiche !
- Fastoche.
Ils sourirent ensemble et cédèrent à l'envie de trinquer.
- Quant à vous… Tenta-t-elle à son tour, plissant les yeux. Je vois un homme qui a envie de prendre des vacances. Il chassa une mèche rebelle et émit un léger bruit plaintif.
- Vous êtes presque dans le vrai. Il sembla construire mentalement son propos, comme s'il se sentait obligé de se justifier auprès de cette diva à en devenir. Lolaha sut dès lors qu'il devait avoir à peu près son âge, peut-être un peu plus vieux. Son regard reflétait une lassitude constante, sans pour autant un aveu de défaite. Et sa voix, elle… Latone ne comprit pas les pensées qui traversèrent l'esprit de son réceptacle, telle une enfant qu'on n'invitait pas aux débats à l'assemblée familiale. Il est vrai que nous passons très rarement par-delà la Themempho, il existe des reliques en Linos que notre Prima souhaite préserver à tout prix.
- On m'a toujours dit que "les sifflements s'arrêtent là où l'eau passe".
Cette expression lui arracha une esquisse de sourire.
- Vos parents ?
- Ma mère. Précisa-t-elle.
- Dans le lot, vous connaissez bien l'Opéra Mehlio. Et les Cantateurs préfèrent nous savoir près d'eux plutôt que trop loin. Cela peut paraître égoïste, mais étant donné notre emplacement stratégique… Sans parler de l'Aulos. Latone eut un flash, l'image subliminale d'un palais grandiose, à l'évocation du dernier nom. Était-ce une pensée directe de Lolaha ou un message ayant traversé la ligne du Temps ? Toute cette sorcellerie de Conservatrice continuait de lui en faire voir de toutes les couleurs. Étrangement, nous passons le plus clair de notre temps statiques plutôt qu'à garder un œil sur le moindre recoin de notre charmante cité. La chanteuse s'accouda sur le comptoir, sa main soutenant sa tête, le bout des doigts enfouis entre les racines de sa coloration atypique.
- En même temps, vous n'avez pas besoin de bouger le moindre muscle, vous. Quand j'étais petite, je vous prenais même pour des statues. Je me suis retrouvée les fesses par terre la première fois que l'un d'entre vous a voulu me saluer. L'anecdote amusait le soldat. Elles le sentaient. Je m'étonne d'ailleurs que vous sachiez parler. Vous devriez éviter de gâcher votre salive, même en dehors du travail !
- Par Senere, n'entretenez pas ces rumeurs de bas-étage. Vous valez mieux que ça…
Elle plissa les yeux, piquée à vif.
- Vous avez épluché un dossier sur moi avant de venir m'aborder ? Il se tut un instant. Lolaha captait un certain malaise mais il reprit bien vite le flambeau de la conversation.
- Vous pensez que je suis venu exprès pour vous ?
- Je ne le pense pas : j'en suis sûre.
Un éclair de défi se dessina entre les deux protagonistes. L'espace d'un instant, Latone fut charmée par la combativité de la Linèsienne. Se sentant soudainement un peu plus proche. Il vida un peu plus son verre, tel un aveu de défaite.
- Je croule sous les affaires, si vous souhaitez tout savoir, tout en restant purement professionnel avec vous. Elle se redressa, intriguée. Mais la plus éreintante, ainsi que la plus croustillante pour vous, porte le nom de Navyu. Durant un court moment, Latone crut être retournée à Zyurm, déconnectée. Qu'est-ce que… C'était un cri ? Le nom cité provoquait un trouble dans sa magie – en elle, également – et l'empêcha presque de retourner dans les souvenirs de la Kirzor. L'Hozro parvint toutefois à interpréter la réaction de son réceptacle.
- Le tueur. Airs graves, l'ambiance semblait plus morose depuis que ce sujet prit le dessus. Latone pensait même que toute la musicalité propre à Linos s'était estompée, mais elle revenait peu à peu à la charge, à mesure qu'elle ressentait de nouveau la vie couler dans les veines de la Linèsienne.
- Le Kyri. Précisa le guerrier aux longs cheveux, sans pour autant s'attarder sur le terme qui s'avéra familier pour Lolaha. J'imagine que la nouvelle s'est déjà suffisamment répandue. Linos ne doit avoir que ça à la bouche : "Le tueur ! Le Kyri ! Navyu !". Il secoua la tête, autant alarmiste vis-à-vis de ses mots que sa propre ivresse. Ce n'est jamais de bons augures de parler de cette… anomalie. Savez-vous pourquoi nous nous sommes abaissés à mettre un nom sur eux ? J'ai du mal à croire qu'on leur ait accordé une vibration. Le visage de son interlocutrice fut crispé en un timide sourire.
- Il faut une corde pour toutes choses, qu'elles alimentent le Bien ou le Mal. Elle pointa son index vers le haut. Sinon, comment ferions-nous la différence ? Il saisit le verre de la jeune femme, vide.
- Je vous avance la prochaine.
- Avec plaisir, monseigneur. "
Lola' est tendue. Qu'est-ce qu'elle cache ?


1800 mots ~



By Jil ♪
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Latone
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Latone
Sam 16 Nov 2019, 21:19



Ils rirent, une euphorie commune à l'instar de deux adolescents empêtrés dans leurs bêtises. Ils sentirent les regards inquisiteurs peser sur eux, mais ils s'en contrefichaient royalement. Lolaha possédait un certain pouvoir d'attraction, il ne serait pas le premier homme à l'aborder ainsi, encore moins le dernier. Il en était de même pour les femmes, par ailleurs. La fameuse coqueluche, l'étoile filante et montante. Latone ressentait toute la fierté de cette Linèsienne, comme si elle-même ressortait vainqueur d'un glorieux massacre. L'Hozro peinait encore à croire qu'elles partageaient une destinée, un nom… À la fois trop différentes et si similaires. L'Esprit se concentra à nouveau sur son emprise de ce pan du passé, afin de ne pas rompre le voile et de tisser la suite de cette scène, apparemment, marquante dans l'histoire de Linos.

" Je peux encore en tenir une ! … Deux ! Affirmer que la Kirzor était pompette ne serait qu'euphémisme, avec l'addition qui commençât à être salée. Pourtant, la chanteuse puisait dans un prodigieux sang froid pour garder un air plutôt noble, une mine impérieuse. Quant au soldat, il ne semblait pas avoir pris une seule teinte tendant vers le rouge.
- Vous rendez vous compte que je suis en train de salir votre réputation ? Il pointa du doigt les lèvres démaquillées de la jeune femme, le noir de ceux-ci quasiment estompée par les assauts répétés l'alcool. Vertigo, une célébrité déjà versée dans le vice.
- Tss tss.
Elle fit balancer son index sous son nez. Je m'en porte très bien, ces habitués que vous voyez autour de nous connaissent cette facette de ma vie. Oh, et notre cher artiste des liqueurs nous offre les prochains verres, merci ! Le fameux barman lui rendit le geste d'une sommaire salutation. Vous ne pouvez pas me traiter de pochtronne, soldat, je n'ai pas dénudé un bout d'épaule pour vous. Elle sourit, il se renfrogna. Toutefois, il ne put quitter des yeux les oreilles pointues qui commençaient à être dévoilé, à travers le miasme capillaire de sa camarade de beuverie.
- Serait-ce… un… trait commun chez les "vôtres" ? Tenta-t-il, pas du tout assuré. Pour une fois, Lolaha se sentit prise au dépourvue, elle faillit en faire tomber son verre.
- Les Alfars ?
- Ils sont rares à Linos.
Elle ne pouvait guère le contredire sur le point. D'ailleurs, elle était convaincue que les Kirzor en étaient les seuls représentants, pour n'y avoir côtoyer aucun autre congénère depuis sa naissance.
- On se fiche des origines, seule la Voix compte. " Et cette fois, c'était lui qui concédait la vérité.

Les Linèsiens vivaient par eux-mêmes et entretenaient leur destin. Latone l'entendait… comme si Lola le lui soufflait à l'oreille. À plusieurs reprises, cette mention de la "Voix" la piquait à vif. Il était indéniable qu'elle portait une importance capitale pour le peuple de Linos ; les clés des Portes sous la forme de chants, la puissance démentielle du Bleu Roi avec ses chœurs magiques, le talent de Lolaha Kirzor… La Voix devait porter un tout autre sens pour l'Hozro, elle lui évoquait une vérité enfouie qu'elle comptait bien déterrer pour comprendre le passé de la cité souterraine et de ses habitants particulièrement intrigants. Ensemble, les deux protagonistes levèrent à nouveau leur poison de la soirée.


" Plus je discute avec vous, plus l'envie de vous appeler "Vertigo" me passe. Ils trinquèrent, le cristal laissa échapper un singulier écho à travers la salle, entraîné par les affriolantes notes du saxophone.
- C'est que vous commencez à bien me connaître ! Sûrement beaucoup plus que l'image que vous deviez avoir de moi. Elle but avec lui et reposa son verre assez vite, prête à s'éterniser à nouveau dans leur parade. Je ne suis pas devenue Vertigo pour m'effacer, bien au contraire. Vertigo est mon œuvre, elle mène directement à moi lorsqu'ils scandent son nom.
- Voyez par vous-même, vous faîtes venir un Siffleur à vous, alors qu'il n'a jamais eu l'occasion de vous entendre chanter.
Elle pensa la tête sur le côté, provocatrice.
- Enfin à bas le masque ! Vous êtes là pour une place à l'Opéra ? Il secoua négativement la tête, toujours cet air aussi neutre, certes, mais Lolaha – de même pour Latone – captait ce léger grain d'amusement à travers ses iris. Cela aurait été trop facile… Elle s'accouda au comptoir, à nouveau pour soutenir sa tête lancinante. Vous n'êtes pas un vrai fan.
- Non.
Il baissa les yeux, fuyant. Mais votre famille m'intrigue… Ses yeux s'écarquillèrent davantage, elle ne s'attendait pas à cette soudaine révélation. Depuis votre remarquable ascension, on vous appelle les "Lèvres Noires", vous étiez au courant ? Ne pouvant retenir son rire, Lolaha se laissa aller.
- Où est passée la poésie… Pourquoi pas les "Lippes Ébènes" ?
- Ou les "Labres Funèbres" ?
La Linèsienne plissa des yeux, amusée.
- Vous appliquez votre métier à la perfection, Siffleur.
- Je m'en voudrais de ne pas vous affliger avant mon départ…
Dit-il en esquissant un début de sourire.
- Vous me quittez bientôt, alors que vous êtes à deux doigts d'en apprendre plus sur ces intrigantes Lèvres Noires ? Il haussa les épaules, d'autant plus intéressé.
- Vous semblez prête à chanter leurs louanges.
- Non non. Je ne chanterai pas pour vous, on m'a déjà répété plusieurs fois de ne pas essayer avec un verre à la main.
Quelques gorgées plus tard et la demoiselle aux cheveux bleus se redressa pour la présentation. Je suis Lolaha Kirzor, troisième aînée des sœurs Kirzor. Je vous épargnerai le récit sur mes parents, sachez simplement que ma mère, Ceraith Kirzor, est veuve peu de temps après son dernier accouchement. Mon père a beaucoup vécu, voyez-vous, et j'imagine que ma mère vivra tout aussi longtemps. Je vous déconseille fortement de croiser la route de ma mère, vous risquez de finir hébéter. Elle a tendance à manipuler son entourage sans aucune délicatesse. Ne croyez pas pour autant que je la déteste, je ne serai sûrement pas là sans l'éducation qu'elle me prodiguât. Néanmoins, vous le savez déjà, je suis aussi très proche de mes sœurs… Elle accompagna la fin de son discours avec ce singulier sourire. Les Lèvres Noires. Soudain, une belle idée germa dans sa tête ; Latone partagea son engouement. J'ai envie de vous tester ! Non, reposez ce verre, on ne va pas faire un concours – je gagnerai dans tous les cas – je veux simplement faire travailler votre mémoire. On parle des Lèvres Noires, par chez vous, mais saurez-vous remettre leurs noms ? Laissant échapper un petit rire, le guerrier croisa les bras sur le bord.
- Vous me prenez un peu au dépourvu, je ne suis pas forcément en état pour… D'accord, je relève votre défi, Lolaha.
- Parfait ! Commencez léger, ce serait dommage de vous griller trop tôt.
Le gaillard lui renvoya son air de défi.
- Cela n'arrivera pas. Eposi.
- Ma grande sœur, notre grande sœur à toutes, en fait. La toute première fille des Kirzor. Elle tient son rôle très à cœur, vous savez ? Elle est prête à endosser le rôle de la matriarche, de veiller sur nous jusqu'à son trépas. Par contre, je ne l'ai encore jamais vu avec un amoureux, elle n'est pas du genre pressée… Enfin, Eposi est l'aînée par excellence : froide mais juste, détachée mais vigilante. Elle ressemble beaucoup à notre mère, certaines de mes sœurs ne l'aiment pas spécialement, quelques-unes sont même jalouses de sa position et de ses privilèges. Mais pas moi. On ne s'accorde que très peu, mais je ne la hais pas pour autant. Mes sœurettes ne m'en parlent jamais, mais je sais pertinemment qu'elles se scindent en deux camps : "Lolaha" d'un côté, et un camp "Eposi" de l'autre. Futile, puisqu'elles en viennent toujours à balancer entre nous deux. Elles finiront bien par comprendre un jour qu'il faut prendre exemple sur nous, elles en ont besoin.
- Orevra.
Le visage de Lolaha s'éclaircit aussitôt.
- On ne fait pas dans l'ordre, alors ? Orevra est la huitième fille et très clairement ma sœur favorite. C'est une pépite, une tête brûlée, comme moi ! Drôle, débrouillarde, et des rêves pleins les yeux. Quand je la regarde, j'ai vraiment l'impression de me voir petite. Comme une jumelle née trop tardivement. Elle est encore jeune, toute la vie devant elle pour décider de son futur. Elle n'a jamais évoqué le sujet mais je la vois bien parmi vous. Puis, un peu de discipline lui fera le plus grand bien.
- Lasudri.
- La quatrième Kirzor, juste après moi. Elle a les cheveux de notre père, si clairs. Mais niveau caractère, elle est encore plus invivable qu'Eposi… Je parlais des jalouses plus tôt, et ben Lasudri ne peut pas voir Eposi en portrait. Et encore, avant, c'était bien pire. J'étais toujours entre les deux, à calmer la situation, surtout ma cadette. Mère pensait ne pouvoir rien en tirer d'elle, j'ai failli partager son opinion fut un temps, avant que Lasudri nous surprenne toutes en s'engageant dans la voie religieuse. Tout récemment, elle est devenue Cantatrice, des années après s'être donnée corps et âme à Senere. Je ne pense pas que son influence actuelle soit un pied de nez à notre adresse, mais elle ne pourra pas masquer sa fierté. Tant qu'elle respecte les Echos, grand bien lui en fasse.
- Nizanza.
- Sixième fille, et je suis persuadée que vous l'avez déjà croisé. Nizanza est… disons, prête à tout pour se faire un nom. Et la gloire, elle ira peut-être la chercher sous votre armure. Enfin, ne vous faites pas trop d'espoir, elle est toujours en quête du parfait parti. Elle voudra sûrement épouser le Linèsien le plus riche de tous ; quand elle a un but, elle s'y tient. J'attends le jour où elle se décidera à vouloir voler le cœur du Prima ! Enfin, c'est une fille charmante, belle, courtoise, elle saura se tailler une place de choix et je ne lui souhaite que franches réussites. Ne lui répétez pas que j'aimerais avoir son talent pour la gestuelle.
- Sumne.
Elle rit.
- Haha, alors Sumne… Notre mère la déteste, vraiment. On pourrait penser que c'est l'expérience ratée. Sumne est différente de nous toutes, elle n'est guère active et ne pense pas au long terme. Je ne sais pas si elle est juste une loque ou… un manque de confiance en soi, étant le pivot de notre troupe sororale. Quoi qu'il en soit, c'est quelqu'un de bon, mais qui a encore besoin de temps pour se construire. La faire sortir de chez nous, c'est un véritable calvaire, je vous le dis !
- Fimibre.
- Oh Fimibre, c'est la cadette, la toute dernière. Ce n'est encore qu'une petite adolescente, en plein apprentissage sur sa Voix. La plus mignonne de nous toutes, notre chouchou commun. Gare à ceux qui s'en prenne à elle, car ils s'attaqueront à toutes les Kirzor à la fois. C'est arrivé une fois, et ça a mal fini… pour l'autre.
- Cresrie.
- Hmm…
Lola fut pensive un instant, Latone captait quelques souvenirs fugaces avec cette fameuse sœurette. Cresrie est la septième d'entre nous, et j'aimerais vous en dire plus… Mais ce n'est pas une Lèvre Noire. À peine adulte, déjà hors de Linos. Elle n'est revenue qu'une fois nous revoir, j'ignore si cela se répétera. C'est une battante, Orevra a beaucoup appris d'elle, Cresrie a toujours fait part de son envie de sortir, de ne pas rester terrée ici-bas. Notre mère n'aura jamais réussi à la retenir, c'est ainsi. Nos interactions furent aussi nébuleuses que sa présence aujourd'hui. "

Sans comprendre pourquoi, l'homme n'enchaîna pas sur la suite, alors que Latone savait que Lolaha attendait. Cette dernière ne brisa pas le silence, habituée à ces quelques moments de flottements où ils pouvaient s'égarer, s'adonner à quelques lippées supplémentaires du venin. Cependant, l'attitude du soldat commença à la dérouter : " Déjà abattu, si près de la victoire ? Je vous rappelle qu'il y a une neuvième sœur ! La réplique de son interlocuteur, toute basse, bascula leur petit jeu vers le début du cauchemar.
- Je n'aurai pas dû… Je suis sincèrement désolé, Lolaha. Il se tourna entièrement vers elle, de sorte à lui faire face. La Kirzor respecta sa prise de parole, un léger pincement au cœur. Vous aviez raison : je vous cherchais. Je voulais m'assurer que… vous alliez bien. Il raccourcit la distance entre eux, de sorte à lui chuchoter le poids qui l'accablait. Votre sœur aînée, Ghydra Kirzor, a été retrouvée morte dans la soirée. Tous les premiers indices portent à croire que c'est l'œuvre du Kyri. À partir de ce moment, cet instant précis où le coupable fut cité, Latone se sentit totalement déconnectée de Lolaha, comme spectatrice de la scène. L'Hozro ne put ressentir ni sa détresse, ni sa colère. Officiellement, mademoiselle, je suis un agent de l'Aulos chargé de l'enquête. Il se leva, après avoir réglé toute l'addition. Je vous prierai de me suivre, afin de vous escorter jusqu'à votre domicile. J'aurai des questions à vous poser ; à vous et aux membres de votre famille. Il tendit sa main gantée, ferreuse. Appelez-moi Gandr, si vous avez besoin de mon écoute. "


2272 mots ~



By Jil ♪
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