-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Les enfants, c'est comme les fourmis (Liv)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Jeu 17 Oct 2019, 13:06

« Les Ætheri te détestent Byzance ! Tu es tellement inférieur à Devaraj ! » L’Ombre marchait dans les couloirs de Basphel à la recherche de celui à qui il devait souffler des paroles cauchemardesques pour le pousser au suicide. Les enfants étaient des proies faciles mais rares étaient ceux qui mourraient de la sorte. Pourquoi ? Il n’en savait rien. Vêtu d’un pantalon à carreaux dans lesquelles se mêlaient de multiples couleurs, il portait une cape verte qui le suivait frénétiquement. Il faisait de grands pas, tel un seigneur que rien n’arrête. Ça aurait été le cas s’il ne cessait de devoir tourner et tourner encore pour éviter les bambins. Était-il tombé sur une période d’entre-deux cours ou était-il simplement maudit ? Il ronchonna d’une façon étrange. Il n’avait pas hâte de reprendre sa forme ombragée pour effectuer sa mission. Il savait où est-ce qu’il devait se rendre mais il espérait secrètement qu’un obstacle un peu plus conséquent se trouverait sur sa route. De toute façon, la mort n’était pas programmée pour tout de suite. Il devrait travailler l’élève avant que la main de la faucheuse ne s’abatte sur lui. Byzance se demandait si cet enfant voudrait le retrouver une fois mort. Avait-il cherché son assassin ? Pas vraiment. Il avait voulu mettre fin à ses jours de toute façon. Il ne supportait pas d’être ce putain de « DEVARAJ ! » cria-t-il tout haut, en colère contre la voix qui l’accusait sans cesse. Les élèves se tournèrent en sa direction et il sursauta, regardant autour de lui comme s’il cherchait le coupable de ce cri. « Un peu de respect tout de même ! Nous sommes dans une école ! » dit-il à l’adresse d’une petite fille de onze ans qui n’en faisait pas plus de sept. Il fronça les sourcils comme s’il s’apprêtait à lui donner le châtiment suprême mais au lieu d’effrayer la gamine, ça la fit rire. Byzance tourna la tête sur le côté, interloqué par cette folle qui ne comprenait décidément rien à la vie ; ou plutôt à la mort.

« Tu es lamentable mon pauvre ! Même les enfants n’ont pas peur de toi ! » « Mais dégages toi ! Fais comme les autres et fous moi la paix un peu ! Va faire chier Devaraj si tu l’aimes tant ! » Il avait l’air un peu dément. Comme s’il ressentait soudain l’envie de se justifier auprès des enfants qui le trouvaient de plus en plus étrange, il pointa son index sur son crâne et précisa. « C’est à cause d’elle. Elle ne fait que me tourmenter et me dire que je ne vaux rien. Ce n’est pas très gentil, ça, les enfants. Vous ne devriez jamais laisser quelqu’un vous dire ce que vous êtes ou non. Ce ne sont que des jaloux ! » Il prit un air suspicieux. « J’espère que personne ne fait ça ici. Si j’apprends que l’un de vous accuse les autres à tort, je vais le prendre, je vais lui tordre le cou et je vais le tuer ! Ha ha ha ! » Il sourit, puis rit, et redevint on ne peut plus sérieux. Risquait-il un châtiment divin à mentir ainsi ? En même temps, ce que c’était chiant d’être une Ombre. Lorsqu’il était sous sa forme éthérée, il passait son temps à déprimer et à se morfondre, sans parler des voix. Et lorsqu’il était sous sa forme matérielle, plus Humaine, avec de vrais sentiments, souvent, il perdait totalement le fil de ses pensées. Généralement, les voix se taisaient mais ce n’était pas toujours le cas. Il soupira. Mentir, c’était mal. À moins qu’il n’y ait des exceptions ? Il y en avait toujours. De toute façon, il ne comprenait pas vraiment le sens de sa vie. Un cadeau des Dieux pour avoir soutenu Sympan ? Ce n’était pas comme s’il allait se marier ou fonder une famille. Qui voudrait de lui ? De qui voudrait-il, lui ? « T’es bizarre, monsieur. » « Et toi dans cinq ans tu seras mort ! » dit-il en se fendant de nouveau la poire. Non, ce n’était pas vrai, c’était dans sept ans. « Bon allez, je n’ai pas que ça à faire de mon existence ! » Si, justement. Parce que, jusqu’ici, on ne pouvait pas dire qu’il avait eu la possibilité de réellement se poser cinq minutes, sauf sur la Terre d’Edel où Devaraj avait quand même cru bon d’aller. Ce n’était pas facile d’être un Taïjym. Il y avait toujours un clone pour lui rappeler qu’on n’échappe pas à son Destin. C’était navrant. Très enquiquinant. « Tu ne seras jamais… » « J’ai dit la ferme ! » Sous forme ombragée, il se laissait martyriser mais là, ce n’était pas le cas ! Mince alors ! « Les gros mots c’est vilain. » « Ton père a dû en dire un quand il a vu ta tronche à la naissance pourtant. » Où était la bonne direction déjà ? Ils étaient trop nombreux, ces mioches, comme des fourmis qui faisaient leurs trucs de fourmis. « Ta ta ta ta les fourmis ! » fit-il en faisant des mouvements rapides entre ses doigts, dans l’objectif de faire circuler plus vite ces têtes de toutes les couleurs. « Bon ! Qui sait où se trouve la bibliothèque ? Que je vois ce qu’on y dit sur les Chamans ! » Et qu’il trouve le petit Théodore. C’était lui, qui allait se suicider. Le pauvre.

917 mots
Revenir en haut Aller en bas
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3861
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mer 06 Nov 2019, 12:36


« Tu crois qu'on devrait prévenir Avril d'Ovipa ? Ou un professeur ? » Liv secoua la tête en pouffant. « Non, il a pas l'air méchant. » - « Il est complètement fou ! » souffla la fillette à l'oreille de sa camarade de classe, sans quitter des yeux l'énergumène qui hurlait au milieu du couloir. En plus, il était habillé n'importe comment. On aurait dit un troubadour, mais ce n'en était de toute évidence pas un. Elle n'était pas rassurée, et ne comprenait pas que la fille aux cheveux violets pût le regarder avec une curiosité dénuée de toute crainte. Il lui avait pourtant adressé la parole. Elle, Myrtille, aurait été mortifiée. Lili avait rigolé. Ri-go-lé. S'il avait voulu s'en prendre à elle - lui tordre le cou, par exemple, comme il se proposait de le faire à quiconque se comporterait mal envers les autres -, il n'aurait probablement fait qu'une bouchée de son corps chétif. Elle était si petite ! On ne lui donnait certainement pas onze ans. Et quand bien même, à onze ans, on ne tient pas tête à un adulte. Peut-être était-elle aussi folle que cet intrus ? « Il a juste l'air un peu perdu. » Ahurie, elle articula : « Un peu perdu ? Il entend des voix dans sa tête ! » Liv sourit en haussant les épaules. Tout ce dont elle était certaine, c'était que cette intervention inattendue était mille fois plus intéressante que le cours auquel elle venait d'assister. Elle qui avait hâte de retrouver les Walok'Krin voyait son envie coupée par cette distraction. Une véritable assemblée s'était formée, et chacun étudiait l'individu avec curiosité, méfiance ou malaise. « Dans cinq ans ? » blêmit le gamin. « Non mais il dit n'importe quoi... » grinça Myrtille aussi bas que possible, de crainte d'être entendue. Liv observait, silencieuse, ses livres entre ses bras - ils commençaient à être lourds. Lorsque l'adulte s'en prit à un enfant, elle haussa les sourcils. Ce n'était pas très gentil, ça, pour quelqu'un qui voulait étrangler ceux qui accusaient les autres à tort.

« Moi je sais où elle est. Je peux t'emmener là-bas, si tu veux. » dit l'enfant en s'avançant. Myrtille, derrière, se figea, les yeux écarquillés et la bouche ouverte. Elle l'aurait bien retenue, mais son action la stupéfiait tant qu'elle ne savait comment réagir. Comme l'étranger acceptait son offre, elle fendit la foule - qui s'écarta plus devant l'homme qu'à son propre passage. Peu à peu, le brouhaha s'estompa. La Lyrienne en profita pour engager la conversation : « Je m'appelle Liv. Et toi ? » Ses bras la faisaient souffrir. Elle s'arrêta et se débrouilla pour rehausser sa pile de livres. « Dis, tu voudrais bien m'aider, s'il te plaît ? Ils sont vraiment lourds, ça me fait mal. » Elle fit cette moue qui persuadait si bien les adultes ordinaires, et déposa son fardeau entre les mains de l'inconnu sans même attendre sa réponse - de toute façon, c'était ça ou les laisser tomber par terre. « Merci beaucoup ! » Un large sourire fendit son visage tandis qu'elle secouait ses bras pour les désengourdir. Elle se sentait nettement mieux. L'enfant reprit leur marche. « T'auras qu'à les poser à l'entrée de la bibliothèque. C'est bête, tu étais pas très loin, en plus. » Les portes de l'antre aux ouvrages se situaient au bout du couloir, à gauche, pour être exact. « C'était pas très gentil, ce que tu as dit à Jemmy, sur son papa qui aurait juré à sa naissance. D'où il vient, on se moque souvent de ses joues, en plus, alors il complexe... » Elle jeta un coup d’œil intrigué au roux. « Tu viens d'où, toi, au fait ? Et c'est quoi, les... les Chamans, d'ailleurs ? C'est ta famille ? » Elle savait qu'au sein de la bibliothèque, de nombreux livres évoquaient l'histoire de certaines grandes familles de ces terres. Par exemple, il y avait une quantité innombrable d’œuvres sur les Taiji. A chaque fois qu'elle passait dans le rayon qui les concernait, elle pâlissait. C'était tant de lecture ! Il fallait dire que c'était une très vieille dynastie. Mais quand même. Finalement, ils parvinrent à l'entrée de la salle. « Voilà, c'est ici. Je vais t'accompagner, parce que le remplaçant de la bibliothécaire est pas toujours très commode. C'est pas sûr qu'il veuille bien t'aider. » Liv poussa la porte et entra, puis la tint pour permettre à son invité de la suivre. « Bonjour, Monsieur Grincheux ! » Un grognement monta de derrière le bureau attribué à l'employé, puis des cheveux hirsutes émergèrent, ainsi qu'un nez crochu sur lequel trônait des lunettes au pourtour de ferraille, agrandissant deux billes noires. « Je vous présente Byzance ! Il doit faire des recherches sur... euh... » Elle avait déjà oublié le mot. Elle se tourna vers son acolyte, dans l'attente qu'il complétât son propos.

836 mots
Tu joues Monsieur Grincheux comme tu veux, évidemment nastae





Les enfants, c'est comme les fourmis (Liv) 1628 :


Les enfants, c'est comme les fourmis (Liv) 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i En ligne
Invité
Invité

avatar
Mar 14 Jan 2020, 19:06



Byzance leva les yeux au plafond un moment puis tourna la tête de droite à gauche, comme s’il cherchait quelqu’un. Son regard finit par se poser sur un petit bout de truc à qui appartenait sans aucun doute la voix qui venait de parler. À force, il doutait de la réalité d’une voix ou d’une autre. Ce n’était pas évident. Quand un commerçant le hélait dans la rue pour acheter sa marchandise, il se renfrognait et s’énervait tout seul. Quand une voix qu’il n’avait pas forcément l’habitude d’entendre lui parlait poliment, il répondait tout haut, se disant qu’il était impossible que ces horribles harpies qui étaient dans sa tête ne lui veuillent ne serait-ce qu’une once de bien. Il allait toutes les cramer de toute façon ! Avec un feu mental ! Et il deviendrait l’unique Roi de sa tête ! Il gouvernerait son Esprit comme on gouvernait un Royaume ! Il se mit à ricaner, semblant soudainement motivé. « D’accord Pauline ! Après toi ! » Elle ne s’appelait pas Pauline mais il n’en avait rien à faire. De toute façon, elle allait mourir… Ils allaient tous mourir, comme lui était mort. Ça le rendit triste une fraction de seconde puis il se reprit. Peu importe. « Liv. C’est pas très beau. C’est comme un livre incomplet. » dit-il d’un air pensif, comme si sa réflexion en valait vraiment la peine. « Liv… Tes parents ne devaient pas franchement t’aimer. » ajouta-t-il sans prendre le temps de regarder son Clepsydra. « Enfin bon, c’est toujours mieux que Devaraj. Tu connais Devaraj ? C’est moi, sans être moi. Il est blond. Moi je suis roux. C’est vraiment compliqué, n’est-ce pas ? Pourquoi je suis roux et lui blond alors que nous sommes censés nous ressembler ? Aucun sens. » Comme la voix allait reprendre, il la stoppa net. « TU ARRÊTES AVEC DEVARAJ ! » cria-t-il au beau milieu du couloir. Elle commençait à l’agacer. « Gna gna gna Devaraj est meilleur que toi ! Gna gna gna ses cheveux sont plus beaux que les tiens. Crotte d’Eversha à la fin ! » Il baissa les yeux vers l’enfant qui avait l’air de rapetisser sous la pile de livres qu’elle tenait. Était-ce possible de devenir encore plus petit qu’elle ? « Tu m’as pris pour qui ? Ton roux de compagnie ? Tu crois que je suis un esclave ? Tu es quoi ? Une Sorcière ? Ouais… » Il plissa les yeux. « Fais attention… » C’était une menace pas très menaçante. « Je t’aide pour cette fois mais si ça me déplait, je… je ! » Comme il ne savait pas quoi dire, il avait simplement misé sur l’exclamation pour faire passer le message. « Moi c’est Byby. Byzance mais c’est vraiment nul comme nom. C’est mieux que Néfertiti tu me diras. On croirait avoir à faire à un poussin hyperactif. » Il soupira un grand coup. « Bref ! C’est lourd tes trucs. » Il les avait pris dans ses bras.

« Qu’est-ce que j’en savais moi que Jérémy complexait sur ses joues ? Tu crois que je suis psy ? » C’était une bonne idée cela dit. Comme il se rappelait hyper bien de tous les prénoms, il fidéliserait sa clientèle. Disait-on seulement une clientèle ? Peut-être pas. Des patients. Ouais voilà. « Les Chamans ? Orf tu sais, c’est comme… C’est des… euh… » Le problème c’est que s’il parlait trop, ça allait invoquer Devaraj. « C’est des chats qui viennent de l’île de Mahne. Ils n’ont pas de poils et se trimballent avec de la peinture sur le dos en vénérant un chat plus gros qui s’appelle le Suprême Chat de l’Au-Delà… Haut de la… le Suprême Chat du haut de la colline ! Ils sont un peu sauvages et ils mangent les enfants. » Il soupira. « Ouais voilà. Allez. De toute façon ça ne regarde pas les petites filles hein. Apprends à l’école et te mêle pas des affaires des grands sinon Devaraj va venir te manger aussi ! » Devaraj avait bon dos.

Quand l’Ombre se retrouva en face de Monsieur Grincheux, un frisson d’effroi lui échappa. Qu’est ce qu’il était moche celui-là ! Il se mit à rire, gêné, avant de lui envoyer les livres qu’il tenait dessus. « Non non rien ! Ha ha ha ! On va se débrouiller, hein Pauline ? » Il prit la main de la gamine et l’entraina avec lui dans les rayons. Une fois que le nez crochu – et horrible ; qui avait un nez pareil en réalité dans la vraie vie ? – de l’homme eut disparu, il retrouva son calme. « Bon et toi ? Elle est où ta famille ? Tes parents t’ont abandonnée ici ? On dirait une prison. Tu connais un certain Théodore ? C’est lui que je suis venu voir en réalité. » Il s’arrêta et la regarda. Il avança sa main et la posa sur le sommet de son crâne. Il la déplaça jusqu’à son corps à lui. Vraiment petite cette mioche. « T’as des projets dans la vie ? Laisse-moi deviner : nain de jardin ? » Il ne l’avait pas dit méchamment. Ça le faisait rire, c’est tout. Elle était minuscule.

874 mots

Revenir en haut Aller en bas
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3861
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Lun 03 Fév 2020, 13:11



La main dans la sienne, Liv suivait l’étrange rouquin à travers les rayons de la bibliothèque. Elle gardait dans son cœur ses remarques mesquines. Un livre incomplet, des parents qui ne devaient pas franchement l’aimer. Quand il les avait prononcés, elle avait eu les larmes aux yeux et avait baissé la tête. Sa poitrine, habituellement si légère, lui avait pesé. C’était vrai, qu’elle se sentait incomplète. Il manquait quelque chose ou quelqu’un. Les deux, peut-être. Quant aux parents, elle n’en avait pas. Elle ne savait pas ce qu’était une mère qui lisait des histoires ou un père qui venait border avant de déposer un baiser sur le front. Elle ne savait même pas ce qu’était une réprimande parentale. Les professeurs tenaient ce rôle d’éducateurs. C’étaient eux qui la grondaient pour une bêtise ou la reprenaient pour des manières inappropriées. Sa famille se résumait aux autres Walok’Krin. Elle les aimait plus que tout, peut-être même plus qu’elle ne s’aimait elle-même. Pour eux, elle aurait fait des choses qu’elle se trouvait incapable de conceptualiser. Quand elle était parmi eux, elle n’éprouvait pas le besoin d’avoir des parents. Parfois, néanmoins, elle se demandait à quoi cela ressemblait, quel effet cela faisait, si on était plus heureux avec ou sans… Ce n’était pas tant de la tristesse qui s’emparait d’elle, mais plus une curiosité mélancolique, ce sentiment fragile de passer à côté de quelque chose. Elle l’oubliait dès qu’elle pensait aux enfants auxquels elle était liée. Ils étaient tout ce qui comptait, et aucune pique ne la priverait jamais du bonheur qu’ils lui procuraient. De toute façon, Byzance était fou. Fou, mais pas méchant – il avait pris ses livres. Il la surprenait, la prenait au dépourvu et la laissait les lèvres en o, mais ne l’effrayait pas.

Elle allait ouvrir la bouche pour répondre à ses nombreuses questions, cependant, la main qu’il posa sur sa tête pour la rapprocher de lui la fit taire. « Nain de jardin ? » Liv fronça les sourcils et esquissa une moue déçue. On lui disait souvent qu’elle était toute petite, minuscule, riquiqui. Elle s’en moquait : c’était utile pour pouvoir se faufiler n’importe où – seul son manque de souplesse la freinait dans cette entreprise. Elle ne percevait aucune mauvaise intention dans le ton du grand roux, toutefois, l’absence d’efforts pour paraître sympathique la désappointait. « Tu sais, moi je ne me vexe pas facilement, mais tu devrais faire attention, parce que tu ne dis pas toujours des choses très gentilles. » L’enfant se baissa pour échapper à l’emprise de sa paume et se recula. Elle replaça ses cheveux derrière ses oreilles. « Tes parents t’ont pas appris à être bienveillant ? » Il paraissait qu’ils servaient aussi à cela. Lorsqu’ils étaient bénéfiques, en tout cas. « Moi j’en ai pas. Mais j’ai une famille. C’est plein d’enfants comme moi, des Lyrienns qui vivent à Basphel. » Un large sourire éclaira ses traits. « Bapshel, c’est ici. Et c’est pas une prison, c’est une école. » précisa-t-elle, au cas où il ne serait pas au courant. « Une très bonne école, même ! Elle forme plein de dirigeants ou de haut-placés. » En feraient-ils partis, un jour ? Elle l’ignorait et ce n’était pas vraiment une question qui la torturait. « Mais je sais pas si c’est ce que je veux faire. Mon truc, c’est plutôt de prendre soin des autres. Je crois. Alors, peut-être médecin ? » Elle vivait tranquillement, au jour le jour, l’âme gaie et l’esprit comme un oiseau au printemps – libre, volage, aérien. « Tu fais quoi dans la vie, toi, à part chercher Théodore ? J’en connais plusieurs, d’ailleurs. Il ressemble à quoi, celui que tu cherches ? Et pourquoi tu veux le voir ? » Les gamins étaient souvent trop curieux. Ils posaient cent questions à la minute, et par la même chamboulaient sans vergogne les certitudes des adultes, dans la plus grande innocence. Reprenant leur marche, sa main toujours dans celle du visiteur, elle le dévisagea. « Il est de ta famille, Théodore ? Comme Devaraj ? C’est pour ça que tu lui ressembles, non ? » Quoiqu’elle n’eût pas encore étudié et retenu les faciès de tous les grands de ce monde, le prénom de Devaraj lui disait quelque chose. « Enfin… C’est un de ces drôles de chat, c’est ça ? Tu n’en es pas un… » Elle n’en avait jamais vu, mais elle ignorait tant de choses qu’elle ne pouvait que le croire. Peut-être restaient-ils tout le temps sur leur île ? Ou qu’ils vivaient en nombre réduit ? Mais Devaraj ne pouvait pas être un chat, si…? Elle commençait à s’empêtrer dans les explications qu’il lui avait données. Elle préféra poser directement la question : « Tu es quoi, toi ? Tu manges aussi les enfants ? » Un sourire un brin amusé courut sur sa bouche. Si cela avait été le cas, on ne l’aurait jamais laissé entrer à Basphel. L’école assurait la sécurité des étudiants à toute heure. « D’ailleurs, si tu as faim, on peut passer à la cantine. C’est peut-être pour ça que tu es tout grognon. » La fillette sortit de l’allée des romans d’aventure et bifurqua dans celle dont les ouvrages traitaient des animaux. « Voilà… ici il y a plein de livres sur les animaux. Tu devrais trouver quelque chose sur les chats de l’île de Mahne. »

Dans l’entrée, Monsieur Grincheux, que la pile de livres avait assommée, revenait lentement à lui, à grands renforts de bougonnements.

888 mots





Les enfants, c'est comme les fourmis (Liv) 1628 :


Les enfants, c'est comme les fourmis (Liv) 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i En ligne
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Les enfants, c'est comme les fourmis (Liv)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» 1. Un pantin comme « jeu d'enfants »
» Rentrée | ft. des enfants
» La peau blanche comme la neige, les joues rouges comme le sang, les cheveux aussi noirs que l'ébène [Pv Saül]
» | Les Enfants de Méduse |
» Jeux d'enfants
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Est :: Basphel-