Drosera

C’est au cœur de la Forêt des Murmures, protégée et isolée du monde extérieur que Drosera, dite La Majestueuse, se dresse comme une véritable forteresse, sombre, immense, impénétrable. Au fil des siècles, elle n’a cessé de nourrir l’imaginaire collectif, se décorant de légendes et de spéculations : s’il ne s’agit que d’une ville fictive pour certains, d’autres pensent que si les Alfars et leur cité venaient à s’éteindre, la forêt qui les abrite disparaîtrait tout entière avec eux. Après tout, il paraît impensable qu’une telle ville ait pu trouver sa place au beau milieu d’une forêt aussi lugubre. Drosera tire également sa particularité de sa forme. En effet, la capitale des Alfars a été construite autour d’une montagne sur lequel est implanté un arbre aux dimensions titanesques, Tawaradan. Le tout est d’autant plus surprenant que l’on ne la voit jamais de très loin, les arbres de la Forêt des Murmures la dissimulant entièrement. Drosera est constituée de sept plateaux circulaires et concentriques, à l’image même de leur dogme méritocratique, s’élevant jusqu’au point culminant : Rîgardh, le Haut Plateau. La ville est traversée de toutes parts par des cascades et des rivières, qui se déversent de plateau en plateau avant de continuer leur chemin dans la forêt.

L’architecture de la ville est particulièrement travaillée et soignée. Les drosériens ont laissé la végétation épouser la pierre des bâtiments, l’ardoise et les tuiles des toitures. Les écoles, les monuments et les grands lieux publics ont été conçus pour rappeler l’excellence et la prestance de la race, tout en laissant à la nature ses pleins droits. La végétation se fait de plus en plus grandiose et luxuriante au fur et à mesure que l’on grimpe dans les plateaux.

Le Dernier Plateau | Dannagardh  - Dannagardh est le lieu de vie des Nägs, et certainement l’endroit dont on ne vous recommandera pas la visite pour plusieurs raisons : il n’est pas facile d’accès, est rempli de vermine, et on a tendance à en oublier l’existence. En effet, ce plateau n’est pas entièrement habité : il est maintenu désert près des principales entrées de la ville afin de n’embarrasser personne, et est en partie caché et encombré par les larges racines de l’arbre millénaire. Contrairement aux autres plateaux, celui-ci est sale et très peu entretenu : la plupart des rues sont en terre battue et les rares que l’on peut retrouver pavées – un luxe – semblent abandonnées. Les maisons, souvent de plein pied, ressemblent plutôt à des baraquements où les Nägs vivent lorsqu’ils ne travaillent pas, entassés les uns sur les autres. Les conditions de vie du Dernier Plateau sont les plus insalubres de toutes, et il n’est pas rare d’y tomber malade, surtout lorsqu’on est nouveau. L’endroit est très contrôlé et des patrouilles ont lieu plusieurs fois par jour pour prévenir toutes tentatives d’évasion, de rébellion ou de suicide – la chose ayant été courante à une époque, et maintenant formellement interdite par la loi, bien qu’évidemment, aucune punition ne puisse être appliquée au fautif étant parvenu à ses fins.

Le Premier Plateau | Mornhîngardh - Mornhîngardh est habité par les Alfars n’ayant pas de titre nobiliaire ainsi que les Drielshas. C’est le plateau de base, celui dont la surface est la plus grande après le Dernier Plateau, mais également là où la densité de population est la plus importante. Ici, les drosériens doivent faire leurs preuves pour pouvoir s’élever vers les plus hautes sphères. Si la vie est loin d’y être désagréable, elle reste assez sobre et ne promet rien d’ambitieux à celui qui ne s’en donne pas la peine. Seuls les Drielshas ont l’autorisation d’accéder aux plateaux supérieurs grâce à des laisser-passer temporaires qu’ils achètent à des prix relativement élevés. Généralement, ces Alfars n’y montent que pour profiter des échoppes travaillant des matières nobles, ou de restaurations plus onéreuses à l’occasion d’événements marquants. S’ils sont tolérés, il n’est cependant pas rare que les habitants des plateaux supérieurs fassent preuve de mépris à leur égard, à cause de leur accoutrement jugé désuet, leur comportement incommodant, ou simplement leur illégitimité à se trouver ici. A Mornhîngardh, les habitations sont nombreuses et s’étendent dans la verticalité, offrant ainsi une surface habitable non négligeable à tout le monde à des prix abordables. Cependant, les jardins individuels se font rares et font grimper les prix à une vitesse exponentielle. De ce fait, on privilégie les lieux communs comme les parcs ou les jardins partagés, qui sont monnaie courante, donnant à la vie quotidienne un côté convivial et agréable. Les marchés populaires sont également très réputés pour leur taille et la grande diversité des produits proposés.

Le Deuxième Plateau | Tinnugardh – Tinnugardh est habité par les Evsars. Il est assez semblable au Premier Plateau, si ce n’est que les maisons y sont souvent plus décorées et que l’on peut se permettre l’acquisition d’un petit jardin personnel. Il s’agit souvent de maisons secondaires, la principale se trouvant sur les terres léguées avec le titre nobiliaire. La convivialité que l’on retrouvait à Mornhîngardh se perd dès ce plateau, où ses habitants tentent généralement de se démarquer de leurs voisins, à faire bonne impression pour pouvoir accéder au titre supérieur.

Le Troisième Plateau | Enedhgardh -  Enedhgardh est habité par les Kahanas. Il est le plateau central de Drosera. Bien moins peuplé que les plateaux précédents, les maisons y sont plus larges et imposantes, destinées à accueillir des réceptions toutes plus belles les unes que les autres. On privilégie et on montre de plus en plus l’individualisme, l’excentricité, tout en faisant bonne impression auprès de ses voisins. Les premières cascades s’écoulent ici, à travers les roches boisées, et inspirent les poètes. Ce plateau est très envié, car il indique le début des preuves de l’Alfar de par ses capacités, et non pas par sa richesse. Ici, chacun peut commencer à se vanter d’avoir apporté sa pierre à l’édifice et contribué à la renommée de la capitale. Les Alfars de ce plateau ont pour habitude de travailler beaucoup et ne vivent que pour exceller, notamment en faisant parler d’eux, par tous les moyens. Avoir une image exemplaire est essentielle pour envisager de continuer son ascension. Rien n’est encore tout à fait acquis, et sans rigueur ni précautions, la redescente ne se fait pas attendre. Il s’agit en effet d’un échelon bâtard, où les places se font de plus en plus chères : on se rapproche des hautes sphères, sans pour autant y être tout à fait.

Le Quatrième Plateau | Istgardh - Istgardh est habité par les Delias. Il est très envié pour les domaines qui y sont proposés, à l’architecture toujours plus travaillée, et sa festivité. En effet, les fêtes, les expositions et les réceptions y sont quasi-quotidiennes, et il n’est pas rare de croiser des Alfars passer d’une demeure à l’autre pour assister à un maximum d’entre elles. Ici, tout est fait pour donner envie : les bâtiments, comme les rues et les lieux publics, sont particulièrement soignés. La vie est chère, mais d’une qualité exceptionnelle. De plus, ce plateau donne une vue imprenable sur la ville. Il est en quelque sorte un palier entre les plateaux du dessous et ceux du dessus : il est le symbole de la réussite, et ça se voit. Seulement, ce que les istgardhiens ne découvrent que tardivement, c’est que si gagner sa place leur a demandé beaucoup d’efforts et de travail, la maintenir est d’autant moins aisé. En effet, nombre d’Alfars plus habiles se sont amusés à détruire la réputation de leurs victimes, souvent de nouveaux porteurs du titre de Delia, leur promettant une chute douloureuse qui leur fera passer l’idée de remettre les pieds ici.

Le Cinquième Plateau | Innasgardh - Innasgardh est habité par les Nyëvas. Ce plateau abrite les plus grands artistes, politiciens, religieux et érudits de la capitale et sont généralement connus au-delà des frontières de la race. Là-haut, les habitants n’ont plus grand-chose à envier à ceux que l’on retrouve au Haut Plateau, et pour tout dire, ces deux derniers sont assez similaires. Ils sont réputés pour leur calme, envié par beaucoup d’Alfars des premiers plateaux, qui vivent dans le tumulte constant et bruyant de la compétition. Attention, toutefois, car cela ne veut pas dire que le danger n’est pas omniprésent. La chute peut-être bien plus rapide que l’ascension ne l’a jamais été. Aucune taverne n’est installée ici, et les principaux bâtiments sont des administrations ou des résidences. Le plateau accueille également la plus grande bibliothèque de Drosera, au palais de Nómin, regroupant l’ensemble des savoirs du peuple, qu’ils soient d’ordre religieux, historique, artistique ou scientifique, et les plus importants ouvrages du monde extérieur. On y retrouve également le plus grand tribunal de la ville, où sont jugés les affaires les plus importantes, et où l’on dit que les sentences font frissonner les juges eux-mêmes.

Le Haut Plateau | Rîgardh - Rîngardh est le point culminant de Drosera et l’aboutissement de toute carrière alfar. Il est habité par les Nyëvas, les Dhelanas et les Raëyas. Il abrite aussi le Girara, le palais de l’Amarante et ses proches, qui possèdent des demeures somptueuses et de grands jardins que l’on dit être les plus beaux du monde. Toutes les cascades prennent leur source ici, et l’on raconte que l’eau y est si pure qu’elle serait capable de toutes sortes de miracles. Certains pensent même que la source en question est magique et a été créée par le Girara lui-même – mais bien entendu, ce ne sont que des spéculations. Il n’est pas rare, à Drarohi ou à Llarum, que Rîgardh ne soit pas visible des plateaux inférieurs, celui-ci se retrouvant régulièrement avalé par les nuages ou la brume. Lorsque le temps est clément cependant, Rîgardh offre une vue époustouflante sur la capitale et une grande partie de la Forêt des Murmures. C’est ici que toutes les décisions importantes sont prises et que les plus grandes histoires politiques se jouent. Si le plateau se veut d’apparence parfaite, c’est aussi ici que les trahisons sont les plus nombreuses et les plus fatales. On ne fait généralement pas long feu à Rîgardh et il faut être prêt à toutes les éventualités : un ami peut devenir un pire ennemi, une simple invitation à un repas peut signer la fin de toute une vie.

Informations

Qui peut fouler le territoire ? : Toutes les races des Terres du Yin et du Yang peuvent aller à Drosera. Ceci-dit, les étrangers seront surveillés de très près, que ce soit par les forces publiques ou par les civils eux-mêmes. De ce fait, ils se font assez rares.

Niveaux de dangerosité :
■■■■□□□□□□ : Si Drosera semble offrir à ses habitants un certain confort de vie couplé à la garantie d’une sécurité, cette dernière n’est au final pas aussi évidente qu’elle ne le laisse paraître. Dans cette société à l’élitisme pur et dur, les complots sont chose courante, allant d’un simple assassinat à une mise en scène subtile et vicieuse. Tous les coups sont bons pour se hisser au sommet. Alfar ou non, il est vivement conseillé de surveiller ses arrières.
■■■■■■■■□□ : Il ne fait pas bon d’être un Näg à Drosera, car ils sont contraints d’y vivre, soumis aux ordres du reste du monde, qui leur est supérieur, et sont pourtant dans l’un des endroits le plus dangereux qu’ils pourront trouver. En effet, les conditions de vie déplorables qui leur sont offertes les exposent à toutes sortes de maladies, et les soins qui leurs sont proposés sont rudimentaires. A cela, on peut ajouter les incidents en tout genre et les bavures des autorités dont personne ne parle, mais qui existent bel et bien. Quant à ceux qui ont « l’honneur » de travailler dans les plateaux supérieurs, tout dépend de leur maître : il peut être relativement clément, comme cruel et exigeant, et ce dernier comportement est moins rare que ce que l’on pourrait imaginer. Après tout, personne ne se soucie de la mort d’un Näg.
■■■■■■□□□□ : Les étrangers sont tolérés par les habitants de Drosera, mais ils ne sont pas pour autant très bien accueillis. Les Alfars sont un peuple fier et qui ne tient pas à se mélanger aux autres races des terres du Yin et du Yang. Aussi, les étrangers attirent vite l’attention, et ça dérange. Si l’un d’entre eux tente de se faire une place dans cette société, alors il est fort probable que les complots se multiplient contre lui, les rivaux n’hésitant pas à s’allier pour l’occasion.

Saisons :
- Drarohi : Assimilée au printemps, bien qu’un Alfar se défendrait de cette appellation. Les parterres de fleurs colorés et denses se retrouveront rarement, ici. Drarohi est une saison courte, caractérisée par une augmentation du nombre de champignons et autres moisissures due à l’humidité gagnée durant Llarum. Les matinées sont caractérisées par une brume épaisse, qui est cependant atténuée par l’animation de la journée.
- Llodien : Assimilée à l’été. La température y est clémente, le soleil apparaît plus fréquemment et l’air devient plus sec.
- Vethres : Assimilée à l’automne. Cette saison est particulièrement courte, et sert la transition entre Llodien et Llarum. L’humidité reprend ses droits.
- Llarum : Assimilée à l’hiver. Il ne neige pratiquement jamais, en ces lieux. On reconnaît donc l’arrivée de Llarum par des pluies conséquentes, pouvant durer plus d’un jour. Les risques d’inondation augmentent fortement, surtout au Premier et au Dernier Plateau.

Langues : La langue des Alfars, le Llandreri, est parlée. Cela étant, le langage commun est appris et compris par la majorité des habitants.

Économie : Les Alfars élèvent des scorpions, serpents et araignées endémiques. Leurs papiers et parchemins sont aussi produits à partir d’arbres uniques à la région, et les broderies et les enluminures drosériennes sont connues à travers le monde entier.

Monnaies : La principale monnaie ici est la Nasis. Les pièces de bronze, d’or et d’argent sont acceptées, mais puisque les ventes se font entre Alfars la majorité du temps, leur circulation est rare.

Religions : Sur les terres des Alfars, Dothasi est la plus priée. D’autres cultes ont cours, notamment celui de Méli, mais ils n’empiéteront jamais sur le respect que les Alfars portent à leur Déesse Protectrice.