Tout chez Claer semble être d’une pâleur maladive. Qu’il s’agisse de sa peau laiteuse, si sensible au froid et au soleil, qui se met soudainement à rougir dès que l’occasion se présente, ou de sa chevelure d’un blond clair qui parait presque, parfois, devenir blanche. Cette caractéristique inquiète souvent les adultes qui lui répètent à tout bout de champ qu’elle a l’air « pâlotte », sentiment renforcé chez ceux qui connaissent sa santé fragile. Effectivement, Claer tombe toujours malade : un coup de vent et elle attrapera un rhume, un coup de soleil et elle attrapera une insolation. Sa physionomie maigrichonne ne va pas pour arranger la chose et souvent les gens autour d’elle éprouvent une certaine envie de la protéger et de la dorloter. Il émane d’elle une aura calme et paisible, quelque chose de serein qui apaise son entourage et attire les inconnus. La lyrienne possède une chevelure bouclée, qu’elle aime laisser détachée et tomber sur ses épaules. Elle adore que l’on y glisse la main. Ses yeux sont d’un bleu saphir, qui ressort tout particulièrement avec sa pâleur. La fillette n’est pas spécialement coquette - son apparence est en réalité le dernier de ses soucis, et elle est souvent débringuée - mais elle aime porter tout un tas de breloques hétéroclites et parfois surprenantes. A son cou pendent différents talismans -mélange de pierres brutes ou d’herbes odorantes- ses poignets sont habillés de bracelets aux perles changeantes, et à ses oreilles sont toujours pendues une paire de boucles d’oreille -ses favorites sont à l’effigie des Weltpüff. Quant à son béret de Basphel, Claer l’a déjà décoré de nombreuses broches qu’elle change selon ses envies. Ses tenues, lorsqu’elle ne porte pas l’uniforme scolaire, sont souvent composées de robes ou de jupes. Elles sont tour à tour colorées ou sombres, selon son humeur.

Claer est toujours dans la lune. Il semblerait que cet enfant ait une imagination très fertile et bien souvent, elle préfère se perdre dans son monde intérieur plutôt que de s’intéresser au monde réel, au plus grand damne de ses enseignants qui ne cessent de la rappeler à l’ordre. Créative, elle possède une attirance pour le dessin et la musique. Elle n’excelle dans aucun de ces domaines, pour l’instant, mais passe des heures à se cacher dans la salle de musique à écouter les artistes de l’école, où à observer les peintures des salles d’arts. En écoutant ou observant, elle se perd dans les méandres de son imagination, croyant chasser un troll ou assister à une mission ultra-secrète. Sa véritable passion reste néanmoins les animaux : elle collectionne les gazettes animalières et rêve de devenir Zoomage. Parfois, certains la trouvent bizarre, à toujours avoir l’air dans son petit nuage. Aimant rire et braver l’aventure, elle a une fâcheuse attirance pour tout ce qui concerne les infractions aux règlements -sans toutefois oser braver l’autorité trop fortement. Sociable, elle aime discuter avec tout le monde, bien qu'elle se montre parfois plus intéressée par les animaux que par les humains. La Lyrienne possède une certaine facilité pour se lier d’amitié avec tous, grâce à son tempérement serein, n’éprouvant aucune difficulté pour s’adapter aux comportements des autres. Néanmoins, elle est très vite contrariée lorsqu’elle sait que quelqu’un ne l’apprécie pas et n’aime pas laisser les choses ainsi. Franche, elle va au-devant des choses et aime les gens qui parlent directement, sans tergiverser. D’une nature plutôt calme, elle ne s’énerve que très rarement mais lorsque cela arrive, les effets peuvent être dévastateurs.

Claer sauta du haut de la falaise, aussi loin qu’elle le put. Pendant une seconde, elle eut la délicieuse impression de flotter, comme si elle ne pesait pas plus lourd qu’une plume. Elle sentit l’air soulever ses boucles, gonfler sa jupe et siffler à ses oreilles. Elle retomba sur l’herbe et se redressa aussitôt. « En garde, espèce de troll puant ! » Avec dextérité, elle asséna à la créature plusieurs coups d’épée bien placés. « Grouaaaaah ! » « Aha ! Je t’ai eu, vile créature ! Plus jamais tu ne – » « Mademoiselle Risva, voyons ! Ce ne sont pas des manières ! » Aussitôt, le charme fut rompu. Le troll se révélait n’être que le vieil arbre du jardin, son épée un bout de bois, la falaise : le petit muret qui séparait la terrace du jardin. L’air boudeur, la fillette se retourna vers sa gouvernante. « Et regardez-moi dans quel état vous êtes ! Vos vêtements sont tâchés d’herbe et de boue ! » La femme s’approcha de le blonde, un air pincé sur le visage. « C’est encore moi qui vais devoir nettoyer tout cela ! » Soupire. « Bien. Venez avec moi, je vais vous faire prendre un bain ! Il est hors de question que vous vous présentiez devant le petit comte Vaughan dans cet état ! » A l’évocation du garçon, la mine de l’enfant s’assombrit plus encore. « Et si moi je m’en moque, du compte Vaughan ? » « Balivernes ! Qui se moquerait de son futur époux ? » Claer souleva les yeux au ciel. Dans les contes qu’elle lisait, le mariage était toujours synonyme d’amour, pourtant, on ne lui laissait pas le choix. Depuis des années déjà, son destin avait été scellé, choisi contre son gré. Elle aimait aussi peu ce comte que de ses chaussettes trouées. Elle n’ajouta rien, cependant, et suivit la gouvernant jusque dans sa chambre. Avec mélancolie, elle aperçut les valises entreposées dans un coin. Demain, ce serait son départ pour Basphel. Un étrange sentiment d’appréhension et d’excitation la tiraillait lorsqu’elle pensait à son départ. Ce serait la première fois qu’elle quitterait la demeure familiale. La première fois qu’elle quitterait les terres magiciennes, tout simplement. La dernière chose dont elle avait envie, c’était de gâcher sa dernière journée en compagnie de ce comte. « Mademoiselle, on arrête d’être dans la lune. » Claer soupira. Elle n’avait pas vraiment le choix.

Marie-Jane n'est pas très grande, certains diraient même qu'elle est petite. Toute menue et frêle, elle ne prend pas beaucoup de place. Peut-être est-ce pour cela qu'elle passe autant inaperçue ? Car il est vrai que la lyrienne ne se fait pas souvent remarquer, ce qui lui convient très bien : elle déteste attirer l'attention sur elle et elle préfère rester à l'écart des foules, se cachant dans des coins ou longeant les murs. Pourtant, ceux qui s'attardent suffisamment sur elle pour la remarquer disent souvent qu'il se dégage d'elle une aura lumineuse, quelque chose de doux et de chaleureux qu'ils ne sauraient expliquer. Bien que discrète, la fillette possède pourtant des traits bien distincts, qui sortent de l'ordinaire. Sa caractéristique la plus atypique est sans aucun doute la couleur de sa douce chevelure, d'un rose vif et brillant. Ondulée, elle lui tombe dans le milieu du dos en cascade, et la petite fille aime y passer distraitement la main ou se caresser le visage avec le bout d'une mèche. Son teint clair possède également une teinte rosée, bien que naturelle et moins agressive. Son visage rond aux traits doux laisse très souvent passer ses émotions, sans qu'aucun filtre ne vienne les cacher. Ses yeux violacés sont particulièrement vifs et expressifs. Dans son dos peuvent également apparaître deux paires d'ailes translucides, de couleur mauve-rosée, ressemblant beaucoup à celles des Fae. Suite à la plaisanterie d'une amie, Marie-Jane a d'ailleurs cru dur comme fer, et pendant plusieurs mois, faire partie de cette race.

Il serait difficile de faire plus doux et attentionné que Marie-Jane. Véritable petite boule de candeur, la fillette possède une âme pure et un tempérament calme, souvent craintif. La lyrienne semble dénuée de toute pensée négative envers autrui, et jamais l'on ne l'entend critiquer les autres personnes. Comme si elle était incapable de voir le mal en autrui, transformant les défauts en qualités insoupçonnés, elle s'efforce de sublimer les bons côtés de tous ceux qui l'entourent, n'hésitant pas à se mettre en retrait ou à jouer dans l'ombre pour que ses camarades n'en ressortent plus brillants. Personne attentionnée et gentille par nature, Marie-Jane aime se sentir utile et se rendre utile. Elle manque néanmoins de pragmatisme et d'organisation et se perd parfois dans ses tâches, à force de trop vouloir en faire, ce qui peut la rendre peu fiable malgré toutes ses bonnes attentions. Sa naïveté poussée à l'extrême la rend crédule et fait d'elle une personne très facile à manipuler, une cible facile pour les prédateurs avides de victimes. Difficile cependant de comprendre qui voudrait lui vouloir du mal ! Quoi que, sa douceur et sa gentillesse sont parfois pris pour de l'hypocrisie, ce qui n'est pourtant pas la vérité. Pacifiste et optimiste, la lyrienne déteste les conflits et les combats et préfère s'écraser face aux fortes personnalités, bien qu'elle puisse parfois témoigner d'une certaine détermination lorsqu'elle juge une situation injuste et malhonnête. Timide et peureuse, elle déteste attirer l'attention et n'arrive pas à s'exprimer en public, certainement pas face à des inconnus. Elle semble souvent peu bavarde à cause de cette raison, mais après s'être faite à ses nouveaux camarades, la demoiselle se révèle être un véritable moulin à parole.

« J'ai peur... » Marie-Jane serra un peu plus fort le bras de Nymphadora contre-elle, s'y accrochant comme un enfant se serait aggripé à une peluche. « T'en fais pas, ça va bien se passer. Et puis de toute façon, on sera toujours ensemble, même si nous ne sommes pas réparties dans les même départements. » Cette réponse ne sembla pas rassurer la fillette qui commença à jouer nerveusement avec ses cheveux. Un à un, ses camarades s'approchèrent de la vasque remplie d'eau pour se faire répartir dans les différents groupes de l'école. Finalement, son tour arriva. Avec appréhension, la petite Fae monta sur l'estrade et s'approcha à son tour du contenant. Lentement, comme si elle craignait que le liquide ne l'aspire, elle y plongea la main. Pendant quelques secondes, rien ne se passa. Puis, sous ses yeux ébahis, l'eau s'agita jusqu'à changer d'apparence, se muant peu à peu en une bruine. La gorge nouée, la Lyrienne reporta son attention sur la femme devant elle, attendant le verdict. « Bienvenue au département de la craie. » dit-elle d'une voix douce tout en lui donnant son insigne. La main tremblante, la fillette s'en empara farouchement avant de quitter l'estrade, rejoignant ses camarades qui avaient eux-mêmes été sélectionnés par cet élément. Plusieurs élèves passèrent avant que sa meilleure amie ne soit appelée à son tour. La brave s'avança à son tour, tous les regards braqués vers elle. Marie-Jane sentit son cœur battre à tout rompre, le suspense ne faisant qu'aggraver son mal-être. Fébrile, elle entendit l'enseignante annoncer sa répartition : « Les membres de l'acier sont ravis de vous compter parmi eux. » La petite Fae sentit sa gorge se nouer, ses joues s'enflammer et ses yeux se remplir de larmes tandis que son ventre se serrait. Nymphadora ne serait pas avec elle, finalement. Malgré ses promesses et ce qu'elle lui avait dit, une part d'elle ne pouvait s'empêcher d'appréhender cette séparation, aussi minime fut-elle. Elle fit de son mieux pour retenir ses larmes, et exécuta un faible signe de main pour répondre au sourire éblouissant de son amie, qui rejoignait leurs camarades.