La course vers les étoiles

Catégorie de quête : IX. Apprentissage
Partenaire : Solo
Intrigue : Alors qu'Ezechyel apprend un indice intéressant émanant de Luftë, Edelwyn, elle, essaye d'apprendre et surtout, de comprendre, ce que Kaahl et Jun lui ont transmis comme documentation (relatant notamment la vie de la faune et de la flore et composée de formules chimiques diverses et variées).

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Musique

Le ciel était étoilé, la lune à son zénith. Il courait sur l’Océan qui s’était comme figé pour le laisser passer. Il lui courait après, pour être exacte. L’eau lui donnait les impulsions nécessaires à une course effrénée. Elle était devant, dangereuse bien que fuyante. Le regard de celui qui la harcelait avait été, tout d’abord, noir de colère. Pourtant, à présent, quelque chose de plus inattendu pouvait s’y lire. C’était comme un jeu. Quelque part, il n’en avait jamais douté. Il en aurait ri si ce jeu n’était pas immensément cruel. Il savait que Luftë n’était qu’une partie d’elle. Il n’avait pas perdu sa partenaire favorite en un sens. Ça ne lui convenait cependant pas. Elle prit un appui plus grand, s’élevant dans le ciel sous la forme d’un phœnix majestueux. Il la suivit, l’imitant sans aucune difficulté, prenant, quant à lui, l’apparence d’un Dragon. Il sentait le vent s’engouffrer entre son pelage. Il n’avait pas d’ailes, juste une fourrure épaisse et douce. Elle se transforma de nouveau, devenant une étoile qui fila à une vitesse prodigieuse. Il la copia, leurs éclats respectifs ne tardant pas à se mêler. Il lui criait silencieusement de répondre à ses questions. Il comprenait sa colère, le sentiment d’abandon. Il avait vu. Il savait. Pourtant, c’était dans son intérêt à elle, également, de lui répondre. Elle ne risquait pas de mourir puisqu’elle était Æther mais avait-elle, réellement, l’intention de laisser l’Impératrice sombrer, alors même qu’elle-même en était une « enfant » ? Juste pour se venger de lui ? Du peu d’attention qu’il lui avait accordée ? « Tu sais que cette vengeance n’a aucun fondement ! » lui dit-il une fois qu’il l’eut rattrapé. Elle avait repris forme humaine et il l’avait rejoint. La vitesse qu’il y mit fit que le dos de la Déité heurta une montagne océanique qui commença à s’effriter. Ils s’en fichaient. Personne ou presque ne vivait ici. C’était trop éloigné, non encore découvert, si ce n’était pas des tribus locales qui disparaîtraient tôt ou tard. « Retourne à la ferme Dah Numen ! » lui ordonna-t-elle, comme pour lui signaler qu’il était bien plus doué pour retourner les champs et garder les Weltpüffs que pour parler aux femmes. « Non ! » fit-il. « Tu es une véritable garce. Ta vengeance n’a aucun fondement sinon tu me l’aurais déjà expliqué ! Tu n’es qu’une Déesse ratée en mal d’un amour que je t’ai toujours offert ! Tu n’es pas la victime de l’histoire ! Dis-moi où elle est ! ». « Sinon quoi ? Tu me menaceras à l’aide d’une de tes chèvres ? ». « Ferme-la. ». « Tu sais parfaitement que nous n’avons pas le droit de nous battre de façon aussi directe. ». Il sourit, sarcastique. « Je ne me bats pas, je danse avec toi. Si je me battais vraiment, crois-moi que je t’aurais déjà réduite en morceaux. ». « C’est ça. » s’amusa-t-elle, le laissant néanmoins l’entraîner vers les cieux dans une pirouette aérienne. « Je n’avais pas le choix, Luftë ! ». « Tu as pris ma place dans l’Au-Delà, Ezechyel ! ». « C’était pour te protéger ! ». « Mais je n’avais pas besoin de ta protection pour ça ! Tu m’avais promis de toujours être là ! Nous devions veiller l’un sur l’autre ! À cause de toi, à cause de ce que tu as fait, tu n’es plus jamais revenu ! ». « Ce n’est pas ce que je voulais ! ». Elle se mit à hurler. « Je devais devenir une Gardienne Immortelle de l’Au-Delà ! Pas toi ! Si tu m’avais laissée y aller, Aria ne t’aurais pas croisé et tu ne m’aurais jamais laissée pour de bon ! Tu ne m’aurais jamais oubliée ! ». « Mais ce n’est pas toi que j’ai oublié ! Tu n’es pas elle ! Tu n’es que sa rancœur ! Dis-moi où elle est ! ». « Non ! ». « Pourquoi ? ». « Parce que c’est ça, qu’elle voulait ! Elle a toujours veillé sur toi, même lorsque tu complotais contre elle. Elle t’a toujours aidé et toi… Toi, qu’as-tu fait, au juste ? Tu n’as fait que te plaindre, comme un amant égaré de ne pas se voir ouvert des bras tendres et affectueux. Crois-tu que le sexe soit le plus important ? À ton échelle, aujourd’hui, crois-tu réellement que les plaisirs de la chair soient à-même d’égaler ce que l’univers a à offrir ? ». « Tu n’es pas juste ! ». Elle sourit soudain. Non, elle n’était pas juste. Elle était la Vengeance. Ses arguments n’avaient pas besoin d’être des vérités. Elle n’avait aucune règle si ce n’était jouer sur les faiblesses et les sentiments refoulés. Elle savait qu’il n’attendait pas ce qu’elle disait, qu’il désirait autre chose. Pourtant, il était aveugle car ce qu’il souhaitait, il l’avait déjà. Les vagues s’étaient agitées tout au long de la conversation, grimpant vers les cieux, semblant jouer une mélodie à la fois tragique et rapide. Le calme revint néanmoins lorsqu’il lui attrapa la mâchoire et qu’il la fixa quelques secondes. « Donne-moi un indice, alors. » concéda-t-il. « Tu renonceras à essayer de me tuer, si je le fais ? ». « Peut-être. ». « Alors peut-être que si tu veux la trouver, tu devrais commencer par chercher les parties de ta propre Âme, celles qu’inconsciemment, tu as placé au côté des siennes. Peut-être. ». Il la fixait d’un air incrédule. « J’espère que tu ne mens pas. ». « Pourquoi le ferai-je ? ». « Parce que tu es ainsi faite, à aimer compliquer des choses qui, de prime abord, sont simples. ». Il y eut un silence. « Crois-moi, Luftë. Si je dois brûler le Monde et me faire bannir par les Esprits du Temple pour ça, pour la trouver, je le ferai. ». « Elle sait. ». « Bien, alors nous sommes d’accord. ».

Quelques longues minutes plus tard, il était assis en tailleur au milieu du ciel. Les étoiles avaient disparu. Il n’y avait plus aucune source de lumière. Il était dans un endroit du Monde inconnu des Mortels, un endroit où nulle forme de vie autre que Divine n’était possible. Se chercher lui-même. Ce n’était pas si évident. Tout dépendait de la puissance, tout dépendait de quelle partie du monde. Il n’avait jamais divisé son Âme de façon consciente, même s’il savait qu’il pouvait retrouver chaque passage, chaque étape. Sa vie avait été longue et il lui fallut bien quelques heures pour se la repasser, en accéléré. Sa main glissait de temps en temps sur les images qu’il faisait apparaître, cherchant la source de ces divisions puis leur devenir. Chacune d’elles devait protéger une partie de celle qu’il désirait déceler. Y en avait-il une près d’Edel, actuellement ? Finalement, se trouver lui signifiait forcément la trouver elle. La couleur des Âmes divisées était différente, dorée. Celles-ci appartenaient en majorité aux Eorgor. Il y avait d’autres causes possibles mais ces dernières ne l’intéressaient pas, actuellement. Edelwyn était dissimulée à sa vue et il n’avait aucun moyen de la trouver. Bien sûr, il aurait pu employer la technique consistant à révéler la présence des Maîtres du Temps, à savoir chercher les événements sans cause apparente. Cependant, c’était long, fastidieux, inutile, et rien ne lui disait que Luftë ne s’était pas arrangée pour, justement, faire en sorte que les événements produits par Edelwyn aient une cause illusoire. Il ferma les yeux, entrant en communion avec les parties de lui-même qu’il avait retrouvé. Il n’y avait jamais fait attention, auparavant, mais il était réellement multiple.

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Il marchait dans les couloirs de sa demeure d’Umbrae, à la recherche de celle qu’il avait laissé ici. Chaque Mortel pouvait pénétrer à l’intérieur du Royaume des Abîmes, y constater ce qu’il s’y déroulait, prendre connaissance du cycle. Seulement, en sortir signifiait forcément l’oubli. Il y veillait personnellement. Aucune magie, si ce n’était la sienne ou celle d’Edel, ne pouvait faire perdurer les souvenirs. Par chance, Edelwyn était un peu trop idiote pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce qu’il se passait ici. Elle était curieuse, bien sûr, mais particulièrement occupée. Il lui avait donné des devoirs. Kaahl lui avait donnée des devoirs également. Finalement, sans doute la jeune femme était-elle la victime de l’histoire. Elle fit la grimace lorsqu’il lui ramena de quoi s’occuper encore plusieurs lunes. « Je veux que tu lises ceci. ». Elle soupira avec une certaine élégance naturelle, avant d’enrouler quelques mèches de ses cheveux autour de ses doigts. « Y a-t-il un réel objectif ? Je suis désolée de vous dire ceci mais… Non seulement je ne comprends pas la moitié de ce que vous me donnez, mais en plus je ne vois pas à quoi tout ceci pourrait bien servir. ». « Tu finiras par comprendre si tu entraînes ton cerveau suffisamment. Il n’y a pas de magie. Tu lis, tu découvres, tu assimiles, et ton système cérébral fera des liens et regroupements. ». « Dites-moi seulement ce qu’il y a d’utile dans de la documentation sur l’équilibre des rivières… ». Elle chercha des parchemins, montrant des schémas complexes à l’homme. « Que suis-je censée comprendre là-dedans ? De la chimie… je n’ai même pas les bases. Toutes ces abréviations… ». « Je vais répéter : tu finiras par comprendre. ». Elle ne soupira pas une deuxième fois, essayant de garder contenance. Après un instant, elle le questionna sur les nouveaux travaux qui l’attendaient. « Qu’est-ce ? ». « Des portraits d’individus. Certains sont bien plus documentés que d’autres, en fonction de leur vie. ». Certaines de ses divisions étaient passées maîtres dans l’art de se dissimuler. D’autres étaient particulièrement puissantes. Celles-ci ne figuraient pas dans les documents. Quoi qu’il en soit, il avait rapidement compris que tout ce qui concernait les Eorgor était un joyeux chaos de regroupements et de croisements. Des morceaux de son Âme avaient copulé avec les morceaux d’Âme d’Edelwyn, avaient engendré une descendance plutôt viable, avant que cette même descendance ne recroise d’autres morceaux d’Âmes et se reproduisent également. Son arbre généalogique ressemblait au plus grand des dédales, si grand que personne ne l’avait encore construit. « Combien y en a-t-il ? ». « Treize, pour l’instant. Ce sont les plus intéressants, les plus… quelconques, en réalité, mais intéressants pour ce qui m’intéresse. ». « Intéressant pour ce qui vous intéresse… Vous devriez veiller à votre vocabulaire, les répétitions ne sont pas d’un meilleur effet. ». Elle baissa les yeux lorsqu’il la regarda avec un soupçon d’insistance. Elle était rebelle dans l’âme. Il veillait à ne pas paraître puissant auprès d’elle mais si elle ne sentait pas sa prestance l’écraser doucement, elle prenait rapidement ses aises et se permettait des réflexions aussi agaçantes que stupides. Elle pinça ses lèvres d’un air un peu outré, pour la forme, mais accepta sa requête. « Bien, je lirai. ». Elle n’avait pas le choix mais aimait le faire croire. Ni lui ni elle n’était dupe, cependant. « Parfait. Oh et… je t’enverrai une robe prochainement. Nous allons nous rendre au sein de l’Antre de la Dame afin de rencontrer une vieille amie. ». « Vous serez mon cavalier ? ». « Certainement. ».

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