Partagez
 

 Bacchanale | Isiode

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Ven 30 Aoû 2019, 10:32

Bacchanale | Isiode  1j1b
Bacchanale


« Il était une fois, une histoire improbable… »

La musique était entêtante, lente et enivrante. L’Ygdraë jurait légèrement, habillée d’une robe de soirée blanche et argentée. D’autres femmes en portaient également mais non aussi longues. Le regard de l’Elfe ne cessait de faire des aller et retour sur les convives, dans un mouvement qui aurait pu paraître inquiet si son visage n’était pas aussi serein. Elle se sentait bien et tout en elle l’indiquait, hormis ses petites mains qu’elle avait regroupé délicatement à la hauteur de son ventre. Son pouce et son index droits serraient son pouce gauche en un mouvement inconscient qui pouvait indiquer plusieurs choses : qu’elle réfléchissait, qu’elle était anxieuse ou qu’elle était embarrassée. Elle se déplaçait tranquillement, admirant les courbes de celles qui semblaient bien trop occupées pour se soucier d’elle. Les femmes, ici, faisaient de leurs jambes une arme redoutable. Leurs vêtements couvraient le strict minimum, les tissus s’arrêtant bien souvent juste en dessous du galbe des fesses et laissant apercevoir le nombril. Les décolletés étaient plongeants et les dos étaient nus, parcourus de fins lacets ou d’une unique bande de tissu. Circë n’avait aucune idée de ce qu’elle faisait ici et, bien que l’interrogation l’ait obsédée quelques instants plus tôt, celle-ci semblait se perdre dans les méandres de son esprit.

L’’Elfe se dirigea vers le comptoir. « Serait-il possible d’avoir de l’eau, s’il vous plaît ? » Elle n’était pas sur Awaku No Hi. Rien ici n’y ressemblait. Étrangement, elle n’avait pas peur. En temps normal, elle aurait certainement cherché à fuir cet endroit sorti de nulle part. Elle ne se rappelait même plus du chemin qu’elle avait emprunté pour y arriver. Le serveur, un homme torse nu et musclé, la regarda avec un sourire énigmatique. « Non, mademoiselle, mais je peux vous faire un cocktail qui vous rafraîchira. » « Je… Je n’ai pas pris de quoi payer. » « C’est offert par la maison ou, plutôt, compris dans le forfait de la soirée. » Elle se pinça les lèvres, se questionnant mentalement sur ce fameux forfait avant qu’il ne lui sorte totalement de l’esprit. « Dans ce cas, d’accord. » Quelques minutes plus tard, l’Ygdraë tenait un verre qui paraissait gigantesque tenu par ses toutes petites mains. Elle goûta le contenu et fut agréablement surprise par l’aspect sucré de la boisson ; sucré et trompeur. Elle n’avait, pour ainsi dire, jamais véritablement bu d’alcool et le goût n’en révélait pas la présence. Pourtant, il y en avait. Elle était simplement comblée par les saveurs, fruitées. Y avait-il de la fraise ? De la framboise ? Une pointe de citron, peut-être ? Elle n’aurait su le dire. C’était simplement délicieux.

Circë se déplaça un peu dans l’espace. Il lui semblait apercevoir des pièces adjacentes depuis l’embrasure des portes par lesquelles des couples ou des groupes disparaissaient, parfois. L’Elfe avait les cheveux détachés, les ondulations de ceux-ci caressant son dos. Sa robe le révélait jusqu’à moitié. Son décolleté était sage mais existant, ses bras nus. Le reste de son corps, cependant, était dissimulé sous le tissu blanc qui touchait sol. Sur sa poitrine, le drapé donnait une impression duveteuse, comme si des plumes d’Anges reposaient là, décorées de paillettes d’argent. Autour de son cou, elle portait son médaillon, celui qui lui avait valu le nom de Saphir, lorsqu’elle ne connaissait pas encore le sien. Si la pierre qui y était attachée semblait, en effet, être un saphir un peu clair, il n’en était rien. Il s’agissait d’une Omije, une Larme d’Ange.

Les yeux de l’Ygdraë se frayèrent de nouveau un chemin entre les convives. Les hommes n’étaient pas plus vêtus que les femmes. Certains, rares, portaient une chemise, mais celle-ci était bien souvent ouverte. Elle pouvait voir leur torse. Elle détourna le regard, sa pudeur demeurant intacte. Chez les Chamans, elle était beaucoup moins gênée puisque la nudité était une norme. Ici, elle semblait être née de l’interdit. Il lui restait encore quelques réflexes, quelques hésitations, le tout sombrant lentement mais surement dans les méandres de l’ambiance et de l’alcool. Ses joues lui semblaient chaudes. Dans son dos, apparurent des ailes d’un blanc immaculé, celles-ci lui valant quelques regards intéressés. Ce qui paraissait être une Ange dans un tel endroit pouvait émoustiller les sens et pervertir les idées ; plus qu’en temps normal. Pourtant, personne ne semblait vouloir venir l’aborder, comme si le Destin lui-même avait décidé que ce n’était pas dans le scénario. À vrai dire, Circë ne savait pas vraiment voler et les membranes dorsales s’imposaient d’elles-mêmes, parfois.

Devant elle, à quelques mètres, une femme dansait avec un homme, faisant onduler ses fesses contre le bassin de ce dernier. Les mains de celui-ci étaient on ne peut plus aventureuses, allant même jusqu’à se glisser en dessous du tissu de sa jupe. Il releva la tête, fixant l’Ygdraë d’une étrange manière, au point de la faire reculer. Son dos heurta celui de quelqu’un d’autre. Elle sentit la vibration dans ses ailes et sa colonne vertébrale. Ses yeux s’agrandirent sous l’effet de la surprise mais, curieusement, elle n’osa pas se retourner et resta stoïque, telle une statue miniature. Et si elle avait bousculé un couple dans la même situation que celui qu’elle avait précédemment devant elle ? Les danseurs s’étaient d’ailleurs dirigés vers une autre pièce.

865 mots
Revenir en haut Aller en bas
Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1068
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Sam 07 Sep 2019, 14:58




Bacchanale

~ La scène se passe tout juste après le RP de l’Etesia Muna ~




Ma première pensée fut de me demander ce que je faisais ici. Pourtant, je me trouvais encore en compagnie, il y a quelques minutes de cela, d’Edmund Rogue, mon frère d’armes, en train de chercher le commerce inexistant d’un vulgaire marabout pour mon frère et ses théories du complot. Après un moment, qui avait tout de même duré plusieurs heures, le Patrouilleur et moi-même avions perdu tout espoir de trouver ce commerce. Nous avions beau posé la question aux locaux, chercher par nous-mêmes une intersection qui nous indiquerait le nom de cette rue imaginaire, il n’y avait rien à faire. J’avais même usé de mes pouvoirs pour accélérer nos recherches, en vain, nous tombions sur le même résultat à chaque fois : personne ne semblait connaître ce Bitem et personne ne semblait connaître son commerce, voire même la rue dans laquelle il était supposé être situé. Par conséquent, Edmund et moi avions préféré nous diriger vers l’auberge, conscients que, s’il s’agissait bien là d’un traquenard posé par Pendrake, l’adresse qu’il nous avait fourni devait être factice. Cet homme se jouait de nous… Et dire que j’ai envoyé deux soldats à Caelum pour ça? Me rappelais-je avoir songé, mon pouce et mon index pinçant l’arête de mon nez. Cela étant dit, je me voyais mal ignorer une telle lettre, en raison du contenu.

Je me souviens alors du bruit que nos pas faisaient contre le sol en gravier des allées, alors que nous tentions de retrouver notre chemin dans le dédale vivant qu’était le Centre d’Avalon. Je me souviens encore du bourdonnement de la fête de l’Etesia Muna qui battait son plein, les troubadours et les saltimbanques jouant et animant la cité pour le retour tant attendu de leurs célèbres påfugls. Je me souviens du sourire des gens, des cris des commerçants et du rire des enfants qui, mis à l’honneur en ce jour de célébration, vagabondaient avec énergie à travers le réseau de la ville.

Je me souviens de tous ces événements, de toutes ces odeurs et de tous ces bruits, parce que je les vivais encore il y a à peine quelques secondes de cela. Et voilà qu’en un battement de cils, le décor s’était mis à vaciller, mon environnement à tanguer, comme si je m’étais soudainement retrouvé sur le pont d’un bateau et ce, jusqu’à ce que le tout se stabilise et que je vois, devant moi, cette salle où la chaleur des corps se mêlait à l’odeur enivrant du désir et de la passion, et où les femmes comme les hommes ne se privaient pas d’entrelacer leurs êtres intimement, à la recherche d’une caresse ou d’un baiser préliminaire avant de passer aux choses sérieuses. Si certains paraissaient sages dans leur gestuel, la malice et la gourmandise qui pétillaient au plus profond de leur regard en disaient long sur leurs véritables intentions. Encore étourdi par ce changement brusque de décor, je tentais de maintenir au mieux ma magie de suppression de sentiments afin de pouvoir me diriger le plus rapidement possible jusqu’à la porte de sortie. Je me glissais entre les corps enlacés, sous le regard envieux de quelques personnalités qui voulurent immédiatement m’attirer dans leurs jeux. Mes esprits, je les sentais m’échapper, alors que l’intérieur de ma tête se ramollissait à chaque seconde que je passais de trop dans cet environnement. Et comment, tout d’abord, m’étais-je retrouvé ici en premier lieu?

Lorsque je constatais qu’une main venait de m’attraper le bras, je me figeais instantanément, jetant un regard en biais à l’importun, la défiant, par un œil hostile, d’oser garder plus longtemps le contact entre nos peaux.

« Serais-tu perdu? Susurra-t-elle en approchant ses lèvres de mon visage, glissant quelques mielleuses paroles au creux de mon oreille : Viens avec nous. »

Du coin de l’œil, elle lorgna un groupe.

« Avoir un petit nouveau dans notre cercle ne nous fera que plus plaisir et toi, tu pourras te détendre un peu », fit-elle en riant, l’élégance de ses mimiques et même de son accent tranchant violemment à la suggestivité de ses paroles.

Je la sentais caresser mon bras, son toucher faisant remonter un frisson glacial jusqu’à ma colonne vertébrale.

« Non merci, sans façon », lui répondis-je pourtant avec mollesse et peu de conviction, n’ayant soudainement ni la force de la repousser, ni même la force de répliquer, alors que je tentais de soustraire mon bras à son emprise.

Qu’est-ce qu’il m’arrivait? Je me sentais détendu… Terriblement détendu… Et quelque part au fond de ma poitrine, une boule de nervosité venait d’écraser ma cage thoracique. Le jeu en lui-même ne me faisait pas peur, ayant déjà dû repousser et refroidir quelques initiatives de demoiselles entreprenantes qui avaient tenté leur chance. Non, ici, c’était ce contrôle que je n’avais guère qui me faisait autant craindre le pire. Il me semblait que mon corps entier se laissait tenter par l’ambiance et l’interdit et que mon esprit soit complètement devenu imperméable à toute résistance. Captant sans mal le trouble qui se jouait au fond de mon regard, la jeune femme en profita pour se rapprocher. Elle m’adressa un sourire charmant, caressant ma mâchoire du bout des doigts avant de coller sa poitrine contre mon torse. Son visage, dès lors, parut extrêmement proche.

« Madame, veuillez reculer, s’il-vous-plaît, lui ordonnais-je en la repoussant avec plus de force, l’obligeant à se décaler.

- Et ne pas pouvoir goûter à ces lèvres? Pas question. »

Et c’est à ce moment précis que je sentis une poussée dans mon dos, un choc, qui dirigea inconsciemment mon visage vers celui de la jeune femme. Nos lèvres se scellèrent instantanément, mais dans le même mouvement, dans la même seconde, je me dérobais immédiatement du baiser, sentant déjà une main se glisser contre mon visage pour le faire perdurer.

« Pourquoi y avoir mis fin? Soupira la jeune femme.

- Ne m’approchez pas », laissais-je tomber en échappant un grognement, tentant encore de résister aux effets qui émoussaient aussi bien mon esprit que ma volonté, tournant machinalement mon visage vers la petite personne qui avait été la source de tout ceci.

Et plus que son allure sage et noble qui contrastait aux tenues plus osées et découvertes des autres femmes, c’était ses ailes qui captèrent toute mon attention. Une… Ange?

« Oh! Par Uhaïna! Serait-ce donc votre type de femme? Le genre qui parait docile et raisonnable? Petite et frugale? Que vous pouvez prendre à pleine main, au point de la briser pendant que vous la pén– »

Cette fois, le reste de sa phrase mourut tandis que mon regard la fusillait. À cet instant précis, elle devait sentir un froid arctique au niveau de son buste, un froid qui remontait doucement le long de sa gorge…

« Une autre ineptie de ce genre et je m’assurerais de geler à tout jamais votre langue. »

Puis, la pression que j’avais exercé sur sa gorge grâce à ma maîtrise de la Glace s’effondra. La jeune femme se permit une respiration, l’intimidation ne l’ayant, il semblerait, pas le moins du monde refroidit. Mais lorsqu’elle releva la tête, je m’étais déjà éclipsé en compagnie de l’ailée, refermant brusquement la porte d’une pièce derrière moi.

« Qu’elle est cette folie? » M’exaspérais-je en reprenant mon souffle, ne sachant ce qui se tramait à l’intérieur de mon être.

J’avais chaud et froid en même temps, l’air ambiant se remplissait des cris et soupirs extatiques de couples qui s’amusaient dans les pièces adjacentes. Discrètement, je portais mon regard sur la jeune femme que j’avais traîné jusqu’à la pièce, l’observant un instant, notant la pointe de ses oreilles, avant de me reculer et de légèrement abaisser mon buste devant elle. Contrairement à cette femme, plus tôt, celle-ci semblait plus prude et vertueuse, il n’y avait qu’à regarder ses yeux et à décortiquer les sentiments qui pulsaient au fond de sa poitrine.

« Veuillez m’excuser pour… tout ceci. Et n’ayez crainte, je ne vous ferais aucun mal, croyez-moi, croassais-je avant de déployer mes ailes comme preuve et de me redresser, l’air fiévreux, conservant toujours une bonne distance entre elle et moi. Vous n’êtes pas très familière à ce genre d’endroits, ça paraît… Moi non plus… » Lui dis-je en balbutiant, portant l’une de mes mains à mon visage, cherchant frénétiquement un verre d’eau des yeux.

J’avais besoin de faire passer cet étrange malaise qui m’étranglait.

« Comment êtes-vous arrivée jusqu’ici? Et puis, où sommes-nous de toute façon? » Grommelais-je.

Sentant ma tête tourner, je finis par m’asseoir sur le lit de la pièce, examinant les environs, notant un peu tard qu’il y avait une salle de bain qui était reliée à la chambre. Aussitôt, je m’y dirigeais, aspergeant mon visage de l’eau qui se trouvait à l’intérieur d’un seau. Mais la fièvre était toujours bien présente, abolissant une par une chacune de mes défenses.


1 469 mots | Post I


It's a little price to pay for salvation
Thème I | Thème II | Thème III | Thème IV | Thème V

Bacchanale | Isiode  Signat20
Merci Mancy et Shanxi pour les cadeaux ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34283-isiode-isley-entre-
Invité
Invité

avatar
Sam 07 Sep 2019, 18:27

Bacchanale | Isiode  1j1b
Bacchanale


Circë se retourna finalement, avec prudence. Ses yeux gravirent la silhouette d’un homme qui, en tout état de cause, prenait du bon temps avec une femme. Elle ne souhaitait pas se retrouver mêlée à tout ça, n’est-ce pas ? Avec un peu de chance, ils ne l’avaient pas vu et elle pourrait s’éclipser discrètement. Les oreilles de l’Ygdraë remuèrent cependant légèrement avant qu’elle n’ait pu initier le moindre mouvement. Il ne semblait pas tout à fait consentant. Elle s’y intéressa un peu, lançant des petits coups d’œil en cachette ; du moins, le pensait-elle. L’homme finit par la voir, ce qui lui fit baisser quelques secondes les yeux. Son pouce et son index droits attrapèrent son auriculaire gauche. Elle venait de comprendre que sa présence n’était plus un secret. Les paroles de la femme la firent sursauter, si crues et si tranchées… Pourtant, elles lui firent un drôle d’effet. Elle imagina la totalité de ce qui était prononcé, les images s’arrêtant en même temps que la langue de l’inconnue. L’Elfe se sentit défaillir. La sensation était étrange, différente d’un simple malaise dû à une insulte ou un comportement déplacé. Heureusement – ou pas – elle n’eut pas le temps de se pencher sur la question, entraînée de force vers une pièce. En temps normal, la simple pression sur son corps l’aurait fait réagir. Elle aurait certainement cherché à se débattre, à enlever la prise en tirant de toutes ses maigres forces dans la direction opposée ou bien à frapper son ravisseur en criant. Ce ne fut pas le cas. Elle était conciliante, bien que toujours légèrement apeurée. Ses barrières s’abaissaient les unes après les autres. Elle le suivit donc, comme si elle n’avait pas le choix. En réalité, elle ne l’aurait certainement pas eu, même en se débattant. Il avait une carrure bien supérieure à la sienne et elle partait avec un net désavantage physique. Avec de la magie, sans doute aurait-elle pu reprendre le dessus. Encore aurait-il fallu qu’elle y pense, paniquée comme elle devenait dès qu’un homme la contraignait.

Lorsqu’ils arrivèrent dans la pièce, Circë se sentit déconcertée. Que lui voulait-il ? « Folie ? » répéta-t-elle d’une voix un peu perdue. Il venait de l’attirer ici et demandait quelle était cette folie ? Peut-être que… Peut-être que lui non plus n’était pas ici de son plein gré. Elle se mordit la lèvre inférieure. Elle ne se rappelait pas. Peut-être que… Peut-être qu’elle était venue d’elle-même dans cet endroit ? Elle se frotta doucement la tempe de la main gauche, ses doigts sur sa peau créant chez elle un frisson inhabituel. Dans les autres pièces, le plaisir résonnait, allant de longs soupirs langoureux à des cris plus prononcés et gutturaux. Le bas de son ventre lui envoyait un signal diffus. Elle se sentait transportée. Elle avait chaud. Aussi, le regard de l’Elfe détailla un peu son interlocuteur obligé, ne notant pas de particularités physiques qui auraient pu lui donner des indices sur son peuple. Il avait simplement de magnifiques yeux bleus. Il était bien plus grand qu’elle mais ceci lui était familier. Rares étaient ceux qui égalaient sa taille. Généralement, elle devait lever le menton pour communiquer, sinon on ne l’entendait pas. Le fait qu’il s’excuse l’étonna. Elle pinça ses lèvres et passa ses doigts dans ses cheveux pour remettre une mèche rebelle derrière son oreille. Il n’avait pas l’air d’aller bien. Elle non plus. Elle s’inquiétait un peu pour lui. Elle ressentait un besoin de contact qui ne l’interrogea pas vraiment. « Oh. » murmura-t-elle en voyant ses ailes. Non, il ne lui ferait pas de mal. Un Ange n’en faisait jamais. Elle se sentit un peu plus apaisée, un peu plus proche de lui. « Non c’est vrai. » finit-elle par concéder. À cette échelle du moins. Quand elle était plus jeune, l’orphelinat où elle avait été placée jouxtait un bordel. La Démone, qui tenait les deux, attendait simplement que les enfants grandissent pour les donner en pâture à ses clients. Seulement, ici, tout semblait bien différent. Les femmes et les hommes désiraient s’adonner aux plaisirs de la chair et ne semblaient pas s’imposer de limitation concernant leur nombre de partenaires.

Circë observa un peu la pièce et le lit qui reposait là, les draps aux couleurs chatoyantes semblant n’attendre que la présence de corps nus. Elle imagina brièvement des amants s’enlacer dessus, profitant de la douceur du satin et du contact chaud de l’autre. Elle expira d’une façon plus profonde, reportant son attention sur l’inconnu qui semblait instable. Elle l’était tout autant. Elle avait envie de caresser, n’importe quoi. « Je… Je ne sais pas. » murmura-t-elle en s’asseyant à son côté. Ses doigts effleurèrent le lit avec délicatesse. Ses yeux remontèrent sur le visage livide de l’Ange. Il ne lui avait pas dit son nom, si ? Elle se sentait fébrile, se rappelant les paroles de Devaraj concernant sa faiblesse. Elle remarqua qu’elle était pieds nus. Le droit caressait le gauche, comme si elle cherchait à tout prix un contact, inconsciemment. L’Ygdraë regarda l’Ange partir vers la salle de bain et asperger son visage. Elle déglutit et se retourna. Elle prit une serviette et appuya sa main sur son épaule avec tendresse avant de la lui tendre. « Tenez. » dit-elle. Elle sentait son corps céder. Était-ce sa présence qui provoquait ça chez elle ? L’avait-il piégée ? Ses doigts étaient comme engourdis mais elle sentait vibrer son être dans son ensemble. Sa respiration était presque douloureuse. Elle entrouvrit la bouche, prise de court. Elle attarda son regard sur le visage de l’inconnu, paralysée par une douce sensation. Après quelques longues secondes à le contempler, elle eut comme un sursaut, un instinct de survie qui la poussa à reculer doucement jusqu’à ce qui faisait office de douche. Elle devait se rafraîchir. Elle chercha à activer la magie afin de faire couler l’eau, trifouillant les boutons avec une maladresse due à son manque de concentration. Il accaparait l’ensemble de ses pensées. Enfin, elle sentit le contact mouillé du liquide. Elle leva la tête vers le plafond et ferma les yeux, laissant l’eau rafraîchir son visage et imbiber ses vêtements et ses ailes. Elle chercha le mur pour s’appuyer. Elle se sentait grisée, prise par une ivresse soudaine et des désirs inavouables et langoureux. « Vous devriez… » commença-t-elle, oubliant entre temps ce qu’elle voulait demander, ses oreilles attirées par les gémissements qui retentissaient toujours depuis les autres pièces malgré le bruit de l’eau sur le sol. L'eau se réchauffait, à présent, la chaleur créant une vapeur enivrante.

1058 mots

Revenir en haut Aller en bas
Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1068
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Sam 07 Sep 2019, 22:39

Il fallait que je me calme, que je ne cède pas à la panique, mais la fièvre qui fourmillait dans mon corps me troublait et m’agitait. Je perdais le contrôle, je le sentais glisser entre mes doigts, sans être capable de le rattraper, et, tout de suite, je sus que ça allait mal se terminer. Sur cette dernière pensée, je finis par replonger mes mains dans l’eau froide, m’aspergeant de nouveau la face, comme si cela suffirait à me laver de toute cette agitation intérieure qui m’assujettissait, de ce besoin inexplicable qui m’étranglait et me faisait ressentir un manque qui ne semblait vouloir s’oublier par la simple force de ma volonté. Ma volonté… Elle se fracturait, s’égrainait, mon esprit plongeant plus profondément encore dans cet état de demi-conscience alors que je sentis un touché impromptu sur mon épaule. À ce contact, je frissonnais, me retournant en direction de la jeune femme qui me tendait une serviette.

« Merci », soufflais-je doucement à l’attention de l’Elfe, gardant, par malheur, mon regard dans le sien un instant.

Elle avait un joli visage, taillée dans la délicatesse et la finesse, dont la fragilité semblait être rehaussée par sa chevelure d’argent qui encadrait son faciès. Ses yeux était d’un bleu profond et hypnotisant, et je ne saurais dire par quelle force d’esprit j’étais parvenu à me soustraire à la transe, mais je coupais rapidement le contact visuel, me tirant brusquement de ma propre contemplation. Dans le même mouvement, je lui tournais le dos appuyant mes mains contre ma face. Qu’est-ce qui m’arrivait? Mais qu’est-ce qui m’arrivait? Je cachais mon visage à l’intérieur de la serviette, frottant bien fort chaque centimètre carré de ma peau. Il fallait que je me réveille, que je me ressaisisse, que je sorte d’ici. Oui, cet endroit était toxique, un véritable antre de Déchus dépravés. Je ne pouvais pas rester ici plus longtemps. Cependant, c’est à cet instant que j’entendis de l’eau couler non loin de ma position, mon regard s’attardant sur la jeune femme, qui voulait certainement reprendre ses propres esprits. Elle aussi semblait complètement perdue, je le sentais par le biais de mes pouvoirs, mais ces derniers me paraissaient tellement confus, tellement forts et confus, que je ne pouvais affirmer avec certitude si mes perceptions actuelles de ses ressentis étaient les bonnes ou non. Veuillez me pardonner, Ava, priais-je mentalement à l’oreille de la Déesse, m’approchant de la sylvestre avant de glisser l’une de mes mains vers son visage, l’incitant à se tourner dans ma direction, dos au mur. Je ne savais pas ce qui me prenait, comme si mon corps ne m’appartenait plus, comme si je n’en étais plus le maître, des sensations et un enivrement sans pareil prenant le contrôle de mon être. Sur la commissure de mes lèvres, un maigre sourire flottait sur mon visage, alors que je la contemplais, une boule de nervosité au ventre. Elle paraissait si innocente et si fragile, alors je ne comprenais pas le moins du monde ce qui m’arrivait, ce pourquoi je ressentais une telle chose à ce moment précis à son égard. Et pourtant, je ne pouvais me détacher de cette impression, de cette chaleur qui me grisait. Lentement, je me penchais au-dessus d’elle.

« Que devrais-je faire selon vous? » Lui posais-je alors en la prenant délicatement par la taille, soulevant sa frêle silhouette du sol pour la glisser contre le mur de la douche.

Je la maintenais contre moi tout en coinçant ses hanches entre mes doigts. Je braquais mes yeux dans les siens tandis que mes mains frissonnaient contre les tissus de sa robe, des tremblements que je ne saurais définir entre ceux de l’anxiété ou de la transe extatique qui me montait à la tête. Puis, je rapprochais mon visage du sien, frôlant le nez de la sylvestre.

« Ceci? » Murmurais-je dans un souffle avant de coller mes lèvres aux siennes.

Le baiser fut tendre et sage, mais bref également, l’ivresse qui m’embrouillait l’esprit et la chaleur de l’eau de la douche m’étouffant. En détachant mon visage du sien, je finis par la contempler de nouveau, sans trop savoir ce qui me prenait. Mais c’était comme si mon corps avait sa propre volonté, mon esprit n’ayant plus aucun contrôle sur ce dernier.

« Ou ceci, peut-être? Continuais-je en glissant mes lèvres contre son cou, perdant le peu de raison et de force - s'il m'en avait simplement resté depuis le début - dans cette unique action, laissant mon visage, lentement, remonter jusqu’au sien, pour venir de nouveau y cueillir ses lèvres. Je ne sais pas ce qui me prend... Désolé... »


768 mots | Post II


It's a little price to pay for salvation
Thème I | Thème II | Thème III | Thème IV | Thème V

Bacchanale | Isiode  Signat20
Merci Mancy et Shanxi pour les cadeaux ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34283-isiode-isley-entre-
Invité
Invité

avatar
Dim 08 Sep 2019, 01:38

Bacchanale | Isiode  1j1b
Bacchanale


Circë tourna la tête lorsqu’elle prit conscience de la peau de l’Ange contre la sienne. Une tension naquit dans l’ensemble de son corps à cause de cette main sur son visage. Ce n’était pas une peur panique qu’elle éprouvait mais une forme de douce anxiété. C’était comme si elle s’apprêtait à sauter dans le vide, qu’il ne lui restait plus que quelques secondes avant de sentir sa silhouette se dérober. L’adrénaline pulsait à l’intérieur de ses veines, elle la sentait envahir son cœur et son esprit. Elle ne tomberait pas seule et, lui, savait se servir de ses ailes. Il la guiderait et la sauverait. Ce fut comme une sorte de certitude, quelque chose qui l’empêcha de fuir. Elle se trouvait trop engourdie pour ça, de toute façon. Cette sensation dans sa poitrine rendait sa respiration de plus en plus difficile. Peut-être oubliait-elle simplement de respirer, trop absorbée par la contemplation de ses yeux ? Elle lui rendit son sourire, incertaine quant à ce qu’elle éprouvait. Ses mains cherchèrent délicatement le mur. Elle le frôla d’abord, s’y appuya ensuite. Sa perception des événements lui soufflait que, bientôt, il lui serait impossible de reculer. Si elle voulait se soustraire, elle devait le faire maintenant. Ensuite, il serait trop tard. Pourtant, elle ne fit pas le moindre geste reflétant un désir de fuite.

Bientôt, l’eau qui tombait du plafond vint humidifier davantage les cheveux de l’inconnu. L’Ygdraë contempla les mouvements de ces derniers sous l’influence du liquide jusqu’à ce qu’il se penche un peu vers elle. Là, elle admira ses lèvres avant de rejoindre ses yeux de nouveau. Elle sentit son corps être soulevé, le mur dans son dos et, surtout, lui. La proximité qui les liait à présent la fascinait. Il était doux et délicat. Presque comme une évidence, ses jambes enlacèrent sa taille amoureusement. Elle ne savait plus réellement ce qu’elle faisait mais son corps jouait à un jeu délicieux. Ses mains vinrent se lier derrière la tête de l’homme. Elle n’essayait pas de lui interdire un quelconque accès à sa personne, au contraire. Elle l’acceptait pleinement. Elle l’accueillait avec une tendresse manifeste, sa poitrine toujours douloureuse. L’angoisse était pourtant minime, mélangée à quelque chose de bien plus fort et prédominant. Il ne l’effrayait pas. Elle n’aurait su expliquer pourquoi. Aussi, elle le laissa approcher, n’ayant plus qu’une envie. Celle-ci se réalisa, brièvement. C’était comme une mise en bouche, un premier pas vers un plaisir bien plus grand. En goûtant ses lèvres, elle découvrit une sensation qu’elle n’avait encore jamais éprouvée. Son corps ne résistait plus, s’abandonnant totalement aux caresses. Elle émit un long gémissement lorsqu’il glissa dans son cou, ses lèvres s’entre-ouvrant pour murmurer sa capitulation.

Elle avait fermé les yeux. Elle ne les rouvrit que lorsqu’elle entendit ses excuses. Circë le regarda alors, sa bouche semblant inéluctablement rechercher la sienne. Elle se sentait réaliser des mouvements imperceptibles qu’elle avait bien du mal à canaliser. Ils étaient si proches. Sa main droite vint caresser la joue de l’Ange délicatement, comme si elle avait peur de lui faire du mal. Elle le contemplait toujours, son envie ne faisant que s’accentuer au fur et à mesure que les secondes s’égrainaient. « Non… » finit-elle par murmurer d’une voix douce mais éprouvée par le désir. Son autre main effleura sa nuque pour rejoindre sa joue gauche. Ses paumes sur sa peau, elle le trouva beau. « … » Elle aurait voulu lui dire qu’elle ne souhaitait pas qu’il soit désolé, que c’était elle qui l’était. Elle aurait voulu lui susurrer qu’elle espérait qu’il continue. Pourtant, aucun son ne sortit d’entre ses lèvres. Au lieu de cela, elle déplaça ses doigts dans ses cheveux, l’embrassant à son tour d’un geste concis et doux, qu’elle répéta, encore et encore, de façon de plus en plus prolongée. Chaque fois qu’elle se forçait à reculer, quelque chose sur ses traits l’attirait de nouveau irrémédiablement, sa respiration se perdant dans la condensation, ses faibles gémissements absorbés par le bruit de l’eau. Ses ongles descendirent jusqu’à ses épaules et sa bouche partit à la conquête de sa peau, effleurant ses joues et frôlant sa mâchoire pour s’égarer dans son cou et remonter vers son oreille. Son odeur l’enivrait. Elle ne pensait plus à rien. La pièce avait en partie disparu du fait de la buée. Sa raison s’était évaporée. Seuls ses sens demeuraient intacts, des sens qui semblaient ivres et décuplés. Ses doigts sur ses hanches, sa taille contre son bassin, son torse contre sa poitrine et les caresses qu’ils échangeaient la rendaient fiévreuse. Elle n’arrivait pas à s’arrêter. Elle ne le voulait pas. Comment était-elle arrivée là ? Que faisait-elle exactement ? Ses peurs ? Les conséquences ? Tout ceci lui semblait appartenir à un autre univers, bien lointain. « Vous devriez… » répéta-t-elle dans un souffle. Est-ce qu’elle cherchait à l’aider, consciente, au fond, de ce qu’il risquait, ou bien n’était-ce que l’illustration de son souhait de l’entendre de nouveau la questionner ? Elle n’y pensait pas. Tout lui semblait facile ; lui, elle.

Elle se recula légèrement et appuya pleinement son dos contre le mur afin de lui donner un peu d’espace. Ses joues avaient rougi sous le coup de l’excitation et de la chaleur. Elle se pinça les lèvres, sa poitrine continuant de se soulever dans un rythme anormalement profond. Ses doigts glissèrent sur le cou de l’homme et se coincèrent dans le col de son vêtement. Elle lui sourit. Sa tête tournait un peu mais ça ne la dérangeait pas. Elle se sentait étrange, comme s’il lui manquait et qu’elle souhaitait de nouveau sentir sa peau contre sa bouche. « J’ai vraiment chaud… » finit-elle par avouer doucement.

939 mots

Revenir en haut Aller en bas
Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1068
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Dim 08 Sep 2019, 07:02

Au contact de sa main contre ma joue, un frisson couru jusqu’à ma nuque, me figeant sur place alors que nos regards se croisaient de nouveau entre les gouttes d’eau et la condensation de la douche. Je tentais de récupérer un semblant de souffle dans cet air accablant, mais le simple fait de sentir son corps contre le mien m’empêchait de réfléchir efficacement. J’avais la tête qui tournait, la raison qui s’envolait, l’esprit en miettes, fracturée quelque part au plus profond de ma tête, mon corps n’étant plus que l’unique esclave de son regard bleu et profond, des légers mouvements que son bassin effectuait contre ma taille. C’était étrange, hypnotisant, et incroyablement terrifiant à la fois, une peur suraiguë et indéfinissable qui provoquait, pourtant, une drôle de sensation au fond de ma poitrine. Lentement, je glissais l’une de mes mains le long de sa cuisse, écoutant distraitement sa voix aérienne et douce, dont le désir certain m’envahit plus que je ne le crus possible, ma Magie percevant dans un brouillon éperdu l’intégralité des ressentis de la sylvestre, me renvoyant le choc de ses émotions à une puissance exponentielle. Ce fut comme une chute, une descente, tandis que sa deuxième main vint encadrer mon faciès. C’était comme ce moment où l’on voyait nos pieds se dérober du sol pour se propulser dans le vide, c’était comme l’un de ces moments où nous nous sentions emporter à grande vitesse vers le bas, prévoyant un fracas douloureux qui, pourtant, ne se réalisait pas. Et à cet instant précis, je tombais dans cette dérive, incapable de respirer, de voir la terre se profiler en contrebas, attendant, peut-être, finalement, de me fracasser au sol.

Et pourtant, sans même lui montrer la moindre résistance, je la laissais transporter mon visage jusqu’à elle, contemplant une dernière fois l’éclat de ses yeux, comme pour l’imprimer dans ma rétine, avant de clore mes paupières, scellant une fois de plus nos lèvres. Et comme si cette simple action venait de me débarrasser de l’entrave qui m’enchaînait, je me permis de réduire la distance entre nos êtres, plaquant plus solidement la jeune femme contre le mur, cherchant ses lèvres à travers l’eau de la douche et la buée qui nous enveloppait, comme pour nous couper du monde, comme pour nous enfermer dans notre propre univers. Mes mains exploraient sagement ses hanches, caressant les courbes fines de celles-ci avant de remonter jusqu’à sa taille et de faire le chemin inverse, frôlant légèrement ses cuisses au-dessus des tissus qui la recouvraient. Je pouvais sentir ses lèvres explorer le reste de ma peau, marquant cette dernière d’une brûlure, d’un contact, qui me faisait trembler, ma tête s’enfiévrant plus encore, mes lèvres, avides, cherchant à l’embrasser, à marquer sa peau. Sans que je ne sache véritablement pourquoi, je voulais la sentir contre moi, la toucher aussi et quelque part, chacun des baisers que nous nous échangions semblaient affaiblir et endormir encore plus ma vigilance. Ses gémissements m’incitaient à étendre mon emprise autour de son corps, mes bras l’entourant dans une légère étreinte. Je devrais…? Encore cette phrase.

Mais à cet instant, un déclic se fit dans mon esprit, comme un semblant de lucidité qui reprenait du terrain. Autant ce fut sa voix qui m’avait plongé dans cette transe extatique, autant, à présent, elle venait de m’en sortir, la léthargie brièvement dissipée me faisant alors prendre conscience de la situation. À ce constat, une frayeur atroce m’agrippa le ventre, mes mains se raidissaient autour de sa taille tandis que je tentais de récupérer mon souffle, les yeux légèrement écarquillés. C’est à cet instant précis que l’Elfe se détacha, m’adressant un regard qui me glaça.

« Moi… aussi… » Parvins-je à lui répondre entre deux expirations troubles, sentant ses doigts chatouiller ma nuque alors que je perçus son sourire du coin de l’œil.

Il avait beau me paraître magnifique, comme embelli par la chaleur qui rougissait son visage, marquant celui-ci du plaisir qu’elle éprouvait, je ne pu le lui retourner sentant la panique, de plus en plus profonde et viscérale, s’accrocher à ma gorge. Discrètement, je baissais mon visage, échappant à son regard, avant de cacher mes yeux dans l’une de mes mains, plaquant ma seconde paume contre le mur de la douche.

« Mademoiselle… Je… »

Je reculais mon visage du sien, ne sachant plus où me mettre. Les palpitations agitaient encore ma poitrine tandis que l’adrénaline et la chaleur me montaient à la tête. Cependant, une alarme venait de retentir entre mes deux oreilles, une sonnerie d’alerte qui augmenta, à une vitesse exponentielle, une frayeur lancinante et poignante dans le creux de mon esprit. Je ne pouvais pas continuer, réalisais-je soudainement, l’étourdissement de la fièvre du moment ou de l’atmosphère général de cet endroit me ramollissant les neurones. J’avais l’impression d’être soûl sans avoir bu, d’avoir été drogué sans avoir consommé. Et malgré la mélasse que devait représenter mon cerveau à l’heure actuelle, je parvenais enfin à m’extirper de cette viscosité collante, ma force et ma magie aidant à reprendre, petit à petit, la volonté de mon corps. Je relevais mon regard, captant ses prunelles, sentant ma mâchoire se contracter furieusement.

« Je ne peux pas continuer. J-Je ne peux pas me permettre de vous faire cela », poursuivis-je, la voix tremblante, visiblement effrayé.

Reprend le contrôle. Reprend le contrôle. Reprend le contrôle, ne cessais-je de me répéter intérieurement, usant de Magie et de manipulation pour calmer mes pulsions et reprendre ma respiration. Reprendre le contrôle, reprendre le contrôle. Je ne pouvais pas me permettre de ressentir quoi que ce soit. Je ne pouvais pas me permettre d’oublier les enseignements de Père, d’oublier ce que les sentiments engendraient et laissaient comme marque et fléau dans le cœur sensible. Je ne pouvais pas oublier cette souffrance qui s’attachait continuellement à toute affection. Je ne pouvais pas oublier tout cela et finir comme Père avant moi, comme Isley avant moi. Perdre la tête, perdre la Foi, perdre tout ce que j’avais. C’est pourquoi, à défaut de perdre quoi que ce soit, mieux valait ne rien posséder à la base. Et c’est pourquoi je ne pouvais pas me permettre de continuer, malgré ce que ses yeux me murmuraient, ce que ses lèvres esquissaient, ce que son âme me demandait certainement.

J’inspirais profondément et expirais. Réitérant le manège une seconde fois, puis une troisième. Ne penser guère à soi, oublier ses propres envies, ses propres désirs, ses propres ressentis, pour embrasser un seul et unique objectif : sa mission. Ne risquer la vie de personne si ce n’était la nôtre. S’éviter des douleurs inutiles, s’éviter des inquiétudes inutiles, le poids d’un peuple, le bien-être d’une nation étant suffisamment de choses à s’inquiéter et à porter sur ses épaules. Reprend le contrôle. Les mots sonnaient à présent comme une comptine dans mon esprit, les paroles que nous avaient inculqués Père, tout au long de notre enfance, résonnant avec de plus en plus de force dans mon esprit. Et, progressivement, mes traits se détendirent et mon expression se recomposa alors que j’ouvrais finalement mes yeux pour les reposer sur le visage de la jeune femme. Soudainement vides mais sereins; soudainement vides mais ô combien tranquilles. Imperceptiblement, un sourire s’étira sur la commissure de mes lèvres, un maigre et diffus sourire.

« Je suis désolée, mademoiselle, lui dis-je enfin, la décollant du mur. Je ne peux pas continuer », répétais-je.

Glissant mon regard jusqu’à ses jambes qui entouraient toujours mes hanches, je finis par la prendre dans mes bras, nous extirpant de la douche pour, ensuite, la poser sur le bord du lit.

« Je vous apporte une serviette. »

Rapidement, j’allais lui en chercher une, lui recouvrant les épaules de celle-ci avant de m’arrêter, quelques secondes, sur son visage. Une fois de plus, je la gratifiais d’un sourire, désolé.

« Ne vous méprenez pas… Seulement, ni vous, ni moi sommes dans nos états normaux », lui avouais-je avant d’exhaler un soupir, employant toutes mes forces et ma Magie pour m’éviter de tomber, de nouveau, dans le piège de cet établissement, dans cette descente.

Cette ambiance nous rendait ivres et avides, gourmands et grisés. Ce n’était pas notre état normal, cela ne pouvait pas être notre état normal.

« Il faut nous ressaisir, décrétais-je en me redressant, tentant de repousser le vertige qui me reprenait, posant l’une des paumes de mes mains sur mon visage. Il faut nous ressaisir et quitter cet endroit. »

Je fixais l’Elfe du coin de l’œil. Un silence s’était abattu et dans un murmure, je finis par me tourner complètement vers elle.

« Je suis sincèrement désolé. Je… Je ne désirais pas vous faire de fausses idées. Ou vous blessez. Je n’étais pas moi-même… Je… »

Je me tus, fixant la jeune femme, attendant une réaction, un mot, un regard. Je ne savais pas, je ne savais vraiment plus à quoi m’attendre maintenant.


1 477 mots | Post III


It's a little price to pay for salvation
Thème I | Thème II | Thème III | Thème IV | Thème V

Bacchanale | Isiode  Signat20
Merci Mancy et Shanxi pour les cadeaux ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34283-isiode-isley-entre-
Invité
Invité

avatar
Dim 08 Sep 2019, 15:11

Bacchanale | Isiode  1j1b
Bacchanale


Circë sentit une faille. La brisure ne venait pas d’elle. Son regard s’affola légèrement alors qu’elle cherchait à comprendre. Les mains de l’homme sur elle s’étaient raffermies. Il lui suffisait d’observer son faciès pour se rendre compte qu’il était profondément troublé. Elle fixa un instant la main qu’il venait de poser contre le mur de la douche, son cœur manquant très certainement un battement, puis reporta son attention sur les traits de son visage. Ses yeux étaient cachés par ses doigts et il semblait en proie à un mal certain. Elle sentit sa propre respiration trembloter en s’échappant de ses lèvres. Le doute s’était insufflé dans l’esprit de l’Ange. Ce n’était pas son cas, elle n’avait jamais été aussi sûre, mais sa réaction lui faisait peur. Son corps tout entier le réclamait. Elle ne voulait pas qu’il cesse. Perdue, elle envisagea pour la première fois depuis leur rencontre qu’il puisse la laisser s’écraser au sol. Elle ne savait pas voler. Elle n’était pas assez forte pour ça. Il ne pouvait pas faire ça… Il ne pouvait pas éveiller ces choses en elle et la laisser là. Son menton trembla doucement lorsqu’elle entendit les mots qu’elle redoutait. Elle aurait souhaité le convaincre de continuer, que, si, il pouvait « lui faire » cela, mais le malaise de l’inconnu eut raison de ses propres sentiments. Ses tourments lui arrachèrent un sourire bouleversé. Elle ne souhaitait pas qu’il se sente mal. Elle ne désirait pas le forcer.

Le chaos à l’intérieur de son être ne cessait de s’intensifier, entre envie et désespoir, entre besoin et peur. Elle ne voulait pas qu’il parte. Par pitié, qu’il reste avec elle ! Elle voulait encore goûter ses lèvres et apprendre à le découvrir. Elle voulait encore sentir ses mains la caresser. Alors pourquoi ? Elle ferma les yeux un instant alors qu’il luttait. Elle aurait dû continuer de l’effleurer, chercher de nouveau sa bouche. Peut-être aurait-il de nouveau changé d’avis ? Les vapeurs qui envahissaient la salle rendaient la scène floue, à l’image de ce qu’il se passait à l’intérieur de son esprit. Plus rien n’était clair, tout semblait contradictoire. Elle désirait qu’il ne cessât jamais de la toucher mais elle s’inquiétait aussi de son état. Elle avait peur pour elle, mais surtout pour lui. Lorsqu’il se déplaça, elle l’entoura de ses bras, cachant son visage contre son cou. Elle ne voulait pas le quitter. « Non… » murmura-t-elle si faiblement qu’il ne dut pas l’entendre. Elle essaya de se raccrocher à quelques choses mais il ne lui laissait aucune prise. Elle avait vu son expression se métamorphoser pour adopter un calme presque glaçant qu’il ne possédait pas, plus tôt. Pourtant, elle l’avait observé. Elle l’avait ressenti. Alors pourquoi ? La question envahissait son cœur douloureusement.

Bientôt, elle sentit la douceur des draps sous elle. Ses vêtements étaient trempés et des gouttes s’échappaient de ses cheveux pour rouler sur sa peau ou tomber sur le lit dans un petit bruit étouffé. Le fait qu’il s’éloigne un temps la plongea dans un vide étrange. Aussi, elle resta immobile, jusqu’à sentir le tissu de la serviette sur ses épaules. Elle le regarda, l’impression de manquer d’air réapparaissant. Ses doigts se resserrèrent délicatement sur le satin, désireux de retrouver sa peau et de parcourir ses cheveux. « Oui… » susurra-t-elle pour toute réponse. Son visage, cependant, trahissait son égarement. Les paroles de l’Ange lui semblaient fausses et elle n’était pas dotée des mêmes dons que lui. Elle ne pouvait se cacher derrière un masque d’insensibilité. Elle pensa brièvement à lui prendre la main et à laisser glisser son dos lentement sur les draps tout en l’invitant à la rejoindre. Elle aurait pu rester de longues minutes avec lui, à gémir tendrement sous la douceur de ses caresses, à lui en procurer, aussi. Elle était certaine du bien-être qui l’envelopperait, s’il embrassait sa peau et l’enlaçait de nouveau. Elle n’aurait qu’à se laisser couler par ses sens et s’abandonner aux seules volontés de son corps étourdi.

Les mots répétés de l’Aile Blanche la tirèrent de ses pensées. Il finit par s’excuser, une nouvelle fois. Elle se pinça les lèvres, essayant de réfléchir à la meilleure réaction possible. Entre ce qu’elle désirait, elle, et ce qu’il désirait, lui, il fallait trouver un compromis. Elle se mordit l’intérieur des joues et se releva. Son regard glissa sur sa gorge, les traits de celle-ci. Elle les trouvait étonnement marqués, sans doute à cause du jeu de la lumière. Les reliefs semblaient demander à ses doigts de les parcourir tout en finesse et à son souffle de les frôler chaudement. Elle expira profondément, de nouveau grisée. Elle désirait un contact, n’importe lequel. Elle était convaincue que si elle le touchait, elle serait plus à-même de réfléchir. Le besoin était trop fort pour qu’elle puisse songer au moyen de sortir d’ici. Ce n’était pas ce qu’elle voulait. Elle l’envisageait uniquement pour lui, parce qu’il en avait envie.

Elle s’avança un peu et tendit sa main pour attraper la sienne. Le contact créa un délicieux frisson et elle dut inspirer et expirer plusieurs fois, les yeux fermés, pour retrouver un semblant de volonté. L’humidité de ses vêtements avait commencé à refroidir son corps lentement mais surement et, quelques secondes plus tard, elle se mit à greloter, état qui diminua quelque peu son avidité, sans pour autant la faire disparaître. « Vous devriez… » répéta-t-elle. Elle se rappela soudain de ce qu’elle avait souhaité lui dire la première fois. Dans la salle de bain, juste à côté du seau d’eau, il y avait une fiole brisée. Elle avait eu peur qu’il se blesse mais son esprit s’était perdu dans sa contemplation, entre temps. La même gisait dans un coin de la chambre, le liquide qu’elle contenait reposant tranquillement sur le sol. Était-ce ça qui perturbait ses sens ? « … vous sécher. » termina-t-elle tout en se reculant un peu vers le lit. Elle grimpa dessus, sans lâcher sa main, au début. Puis, elle rompit le contact, attrapa la serviette qui était sur ses épaules et la passa dans les cheveux de l’homme. Elle voulait le toucher. Elle restait sage, elle essayait. « Je… Je suis désolée… J’ai vraiment envie de maintenir le contact… Je réfléchis à comment sortir d’ici mais, s’il vous plaît, ne bougez pas… » Comprenait-il ? Elle tenta d’expliquer. Peut-être que si elle se montrait honnête, il ne chercherait pas à fuir ? Peut-être que si elle laissait son raisonnement se développer jusqu’au bout, alors ressentirait-elle moins ce désir ?

Lentement, elle se mit à caresser ses cheveux avec le tissu. Ses mouvements étaient fragiles et tendres, affectueux. « Je suis désolée. » répéta-t-elle. « Je ne sais pas ce qu’il me prend non plus. En temps normal, j’aurais paniqué mais vous êtes si différent de… » Elle s’interrompit, une image déplaisante du Diable labourant violemment son corps passant dans son esprit. Une once de peur passa dans son regard avant que celui-ci ne s’apaise de nouveau. Elle luttait comme elle le pouvait, la serviette entre eux faisant office de bouclier. Elle n’avait pas peur de sombrer encore, curieusement. « Vous étiez si doux. Je ne pensais pas ça possible… Je ne pensais à rien, en réalité. » Elle se recula chastement. Et si ? Elle amena son pouce et son index jusqu’à son nez, appuyant délicatement sur ses narines. Ce fut presque immédiat. Quelques secondes plus tard, sa fièvre était descendue d’un cran. C’était différent, la réalité s'imposant plus fortement. Les conséquences lui apparurent enfin. Elle n’était pourtant pas très sûre d’être tout à fait revenue dans son état normal. Elle le fixa d’un air un peu perdu, sans doute légèrement ridicule. Elle ne sut pas vraiment pourquoi mais le regarder la fit paniquer. Elle rougit et recula sur le lit comme si elle cherchait à fuir. L’un de ses pieds rencontra le vide et elle tomba par terre dans un cri. Finalement, elle s’était bien écrasée au sol.

Là, elle se recroquevilla sur elle-même, en position fœtale, son seul réflexe restant de maintenir la pression sur son nez. Elle ferma les yeux fortement, comme si ce simple geste pourrait suffire à la faire sortir de là. Cet homme continuait de la troubler et quand elle pensait à ce qu’il s’était passé, elle… elle ne savait pas. Elle ne voulait pas savoir. Elle gémit d’impuissance. Elle désirait simplement que Devaraj vienne la chercher et lui explique calmement ce qu'il en était. Tout était mélangé.

1369 mots

Revenir en haut Aller en bas
Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1068
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Dim 08 Sep 2019, 23:23

Du coin de l’œil, je l’aperçus glisser sa main dans la mienne. Peut-être aurais-je dû la retirer, peut-être aurais-je dû me reculer, mais en même temps, je me voyais mal lui faire subir plus que ce que j’avais déjà causé. Ce n’était pas de sa faute ce qui était survenu. Ce n’était pas de sa faute si nous en étions venus à cette situation. J’en étais la cause, mais à la fois, je doutais moi-même de l’étendue de ma véritable implication dans cette histoire, même si je ne pouvais nier l’énorme part de responsabilités que je devais endosser. Cependant, cet air était nuisible, enivrant à bien des égards, et prendre conscience que j’y avais succombé, en reprenant tout de même mes esprits à la dernière seconde avant une chute plus brutale et désespérée, me perturbais tout en m’angoissant diablement. Comment avais-je pu me laisser tenter de la sorte? Comment avais-je pu perdre ainsi le contrôle de ce corps et de cet esprit? L’appréhension valsait avec ces questions qui tourmentaient mon âme, tel un carrousel inarrêtable, accompagnées par leur inséparable amie. Il s’agissait du trouble effrayé d’un homme qui se croyait, à ce jour, inatteignable, insaisissable, mais qui prenait peu à peu conscience qu’il y avait encore bien des failles en lui. Cela faisait des années, voire des siècles, que je n’avais plus ressenti de telles choses en mon for intérieur, tentant pourtant de les rejeter le plus loin possible de mon esprit pour ne pas m’en intoxiquer de nouveau et aujourd’hui, aujourd’hui, j’avais beau y mettre toute mon énergie et ma force, je ne pouvais oublier les sensations qui s’étaient éveillées au creux de mon être sous les baisers et caresses de la jeune femme. Et c’est ce qui m’effrayait le plus dans tout cela, sentir que je n’étais pas complètement infaillible. À cette pensée, mon regard se voila.

Je ne pipais mot lorsque la jeune femme se redressa sur le lit, abandonnant ma main. Puis, sans bouger le moindre muscle, je la laissais essuyer mes cheveux, l’esprit préoccupé, les yeux fermés, écoutant d’une oreille distraite les paroles de l’Elfe.

« Cessez de vous excusez, voulez-vous? Je suis celui en faute. Je suis celui qui vous a embrassé en premier. Sans cela, il n’aurait rien eu, laissais-je tomber d’une voix basse, ne comprenant toujours pas dans quelle descente j’avais pu me laisser entraîner et dans laquelle, inconsciemment, je l’avais également plongé. Je ne bougerai pas… » Lui promis-je.

Le silence se fit un instant, alors que je sentais ses doigts secouer ma tignasse à l’aide de la serviette. Je pouvais entendre ses ressentis à l’intérieur de ma tête, comme si elle me parlait avec des mots, son désespoir mêlé à cet envie coupable de poursuivre ce qui avait été commencé, actionnant la contraction de ma mâchoire. Même si je ne la regardais pas droit dans les yeux, je finis par détourner légèrement ma tête sur le côté. Cependant, en entendant de nouveau la sylvestre s’excuser, je ne pus m’empêcher d’esquisser un rictus, ramenant mon visage dans sa direction.

« Pourquoi vous sentir désolée pour quelque chose dont vous n’êtes pas l’instigatrice? Vous n’avez rien à vous faire pardonner », lui assurais-je.

Toutefois, le reste de ses propos décomposèrent brièvement ma mimique, tandis que mes yeux, dans un plissement, devinrent des fentes. De la peur venait de s’insinuer sur ses traits, une frayeur passagère mais bien présente que je vis et sentis. Pour autant, je me tus plusieurs minutes, la laissant parler sans émettre le moindre son, mais à un instant, elle finit simplement par reculer sur le lit, les émotions que je percevais à l’intérieur de son cœur changeant drastiquement. De l’incompréhension à l’affection, ces dernières s’altérèrent pour n’être que panique et soudaine agitation. Intrigué, je relevais mon visage vers l’Elfe.

« Vous allez bien? »

Mais à l’instant où je finis par saisir son regard, il me sembla que son angoisse décupla brusquement. Elle se mit à s’agiter, ses pieds se rapprochant dangereusement du bord du lit.

« Attention! »

Trop tard. Je la vis basculer dans le vide, un hoquet de surprise la suivant dans sa chute. N’ayant su être assez rapide pour la rattraper, je ne vis que son corps s'écraser avec fracas contre le sol de la pièce et dans un bond, je la rejoignis.

« Eh! Tout va bien? Êtes-vous blessée?  »

Prestement, je m’agenouillais à ses côtés, hésitant une seconde avant de l’attraper par les épaules pour l’aider à se redresser doucement.

« Mademoiselle?  »

Au cas où, j’étendis la Magie Blanche autour de sa silhouette, observant vaguement son visage, ses doigts cachant une partie de celui-ci. Que lui était-il arrivé? Un malaise? Une soudaine lueur de lucidité? Retrouvait-elle, peu à peu, comme moi plus tôt, ses esprits? À cette réflexion, je ne pus refréner un soupir de soulagement intérieur, mais en même temps, son état me troublait. C'est pourquoi, je l’examinais, à la recherche d’une quelconque blessure externe. Cela étant dit, le fait qu’elle garde obstinément ses doigts contre son faciès m’incita à lui demander de retirer ses mains.

« Vous me permettez? »

Lentement, je défis entrelacement que formaient ses mains entre elles, apercevant alors les traits de son visage derrière l’ombre de ses doigts, traits d’où il m’était possible de distinguer quelques lignes salées. Mes yeux s’écarquillèrent. De l’humidité voilait son regard azur.

« Mademoiselle… »

Je l’observais longuement, ne sachant que faire.

« Me trouvez-vous cruel? »

Et j’avais parfaitement conscience du fait que je puisse l’être. Cette situation et bien d’autres avant celle-ci me revinrent momentanément à l’esprit. Un mince sourire sur la commissure de mes lèvres, je poursuivais :

« Suis-je toujours aussi différent de cet autre qui vous a fait souffrir par le passé?  »

Je l’avais deviné, la recrudescence émotionnelle qui avait suivi son allégation ayant été brève, mais non le moins puissante. Et même si je ne savais de quelle nature et quel impact cet autre avait pu avoir dans sa vie, je me disais qu’il avait dû la briser autant que je l'avais déçu en cette journée. Je soupirais, détournant les yeux quelques secondes.

« S’il-vous-plaît, ne pleurez pas. Fâchez-vous ou frappez-moi, mais ne pleurez pas, lui dis-je avant de reporter mon visage dans sa direction. Plusieurs ont rêvé et rêvent de le faire, croyez-moi, alors ne vous gênez pas. »

Je baissais les yeux sur elle, m’attardant alors quelques instants sur le collier qu’elle portait à son cou. Je reconnus immédiatement le matériel, mais je conservais mon interrogation pour moi-même, reposant mes yeux dans ceux de l’Elfe.

« Séchez ces larmes… »

Tout ce qui venait de se produire aujourd’hui était une recrudescence bien trop importante et grande pour que je ne m’en trouble pas. Et pourtant, je conservais une expression neutre sur mon visage, la Magie aidant, un regret poignant m’étranglant pourtant au fond de la poitrine. Je regrettais de l’avoir croisé, je regrettais de l’avoir transporté jusqu’ici, je regrettais de l’avoir embrassé… Mais ce que je regrettais le plus, c’était de l’avoir entraîné, malgré elle, dans ma perte de moyens. Elle n'avait rien à se reprocher. J'étais le seul en faute.


1 195 mots | Post IV


It's a little price to pay for salvation
Thème I | Thème II | Thème III | Thème IV | Thème V

Bacchanale | Isiode  Signat20
Merci Mancy et Shanxi pour les cadeaux ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34283-isiode-isley-entre-
Invité
Invité

avatar
Lun 09 Sep 2019, 02:33

Bacchanale | Isiode  1j1b
Bacchanale


Devaraj ne vint pas. Il ne la sauva pas.

Elle garda les yeux fermés quelques secondes, sentant l’Ange l’aider à se redresser. Elle avait froid mais, surtout, son esprit connaissait une torture nouvelle. Elle était incapable de mettre des mots sur ce qu’elle ressentait. Elle se pinça les lèvres juste avant de le regarder de nouveau. Ses yeux bleus se faisaient inquisiteurs. Elle baissa les siens. Elle tremblait légèrement, sa bouche réalisant de minuscules mouvements irréguliers. Elle l’entendait sans l’écouter, ne faisant que le contempler tout en maintenant ses mains sur son nez. Elle devait ressembler à un chevreuil égaré, les cheveux décoiffés et humides.

Elle résista doucement lorsqu’elle sentit qu’il déliait ses doigts mais capitula. Était-elle donc condamnée à ne pouvoir le combattre ? Elle l’affronta, pourtant, sans bouger, admirant ses traits figés. Elle ne comprenait pas ce changement d’attitude. Elle repensa à ses lèvres sur elle et à ses caresses, si douces, si chaudes. Il était tendre. Il n’était pas insensible. Aussi, ses bras se contractèrent doucement contre ses côtes à cause de l’anxiété qu’elle ressentait du fait de ce constat.

Il y eut un silence, avant qu’il ne lui pose une question qui la surprit. Puis une autre. « Comment… ? » le questionna-t-elle dans un murmure inaudible. Comment savait-il qu’il y avait eu « un autre » ? Comment pouvait-il se comparer à celui-là ? Elle sentit un trop plein émotionnel, ses sourcils s’effondrant faiblement alors que les larmes dans ses yeux s’intensifiaient discrètement. Et plus il lui répétait de ne pas pleurer, plus elle sentait qu’elle s’enfonçait. Plus il détournait les yeux, embarrassé, plus elle sentait sa tristesse s’agrandir. Plus elle essayait de se persuader que tout irait bien, plus elle perdait pied.

Elle finit par tendre la main vers lui. Ses doigts ne firent qu’effleurer son torse dans un premier temps, avant que la pression exercée ne se renforce. Sa paume sur lui, elle se redressa doucement afin de lui faire face. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait. La tension devint plus importante, ses phalanges se contractant encore et encore jusqu’à ce que le tissu humide de son vêtement ne devienne prisonnier de sa poigne. Elle se rapprocha un peu, se rappelant de ses paroles comme si elle pouvait y trouver un quelconque salut. Elle cherchait sans doute la foi. Elle cherchait sans doute l’espérance. Elle cherchait sans doute la force. Elle laissa échapper un petit bruit étranglé lorsqu’elle le regarda de nouveau et les courbent de ses lèvres se brisèrent sous le joug de ses émotions. Son autre main s’abattit sur lui sans crier gare, ses doigts recroquevillés frappant son torse avec une brutalité quasi-inexistante une première fois. Elle ne pouvait pas lui faire mal, quand bien même elle l’aurait souhaité. « Je vous l’interdis… » réussit-elle à articuler. Sa main droite restait accrochée à son haut. Sa main gauche le heurta une deuxième fois. « Je vous interdis de vous comparer au Diable ! » compléta-t-elle avec plus de vigueur, tout en l’affligeant une troisième fois. « Vous n’êtes pas cruel ! » Elle l’ébranla une dernière fois avant que son propre corps ne cède, son visage rejoignant ses mains, contre lui, dans un mouvement qui les fit basculer sur le sol. Elle ne le remarqua pas.

Elle se mit à pleurer pour de bon, cette fois, enfouissant son nez dans les vêtements de l’Ange. Elle était triste. Elle lui en voulait mais ce n’était pas pour ce qu’il croyait. Elle lui en voulait d’être trop attentionné, ou faussement attentionné. Elle lui en voulait de se trouver cruel. Elle lui en voulait de penser que tout était sa faute. Elle lui en voulait de se comparer à l’incomparable. Elle lui en voulait de détourner le regard. Tout ceci mis bout à bout la blessait profondément parce qu’elle comprenait qu’il regrettait ce qu’il s’était passé. Elle ne regrettait pas, elle. Elle avait apprécié. Peut-être était-ce parce que ses doigts ne se trouvaient plus sur son nez mais, en y repensant, il n’y avait rien qu’elle puisse déplorer. Ses caresses avaient été sages et tendres, ses lèvres avaient été sensuelles et délicieuses. Il s’était montré respectueux. Il n’avait rien fait contre sa volonté. Et, à présent, alors qu’elle l’avait désiré, et qu’elle le désirait encore, il était convaincu d’avoir failli, fauté, de l’avoir trompée. Elle n’arrivait pas à faire face, parce que la situation la dépassait complètement. Peu de temps auparavant, elle était encore sur les terres d’Awaku No Hi, à apprendre auprès des Chamans, à apprivoiser l’étrange personnalité de leur Roi. Elle s’était convaincue que ça irait et ça allait. Mais, à présent, parce qu’elle s’était retrouvée ici et qu’elle l’avait rencontré, plus rien n’allait. Alors elle pleurait parce qu’elle ne savait pas quoi faire d’autre devant son discours et ses actes. Elle en avait besoin et, quand bien même une partie d’elle lui criait qu’il n’avait pas à endurer ça, cette partie là était reléguée quelque part, très loin, en compagnie de sa raison et de sa sagesse. Elle aurait souhaité être comme Ezechyel, réfléchie et forte en toute circonstance, mais elle n’était rien de tout ça. L’Elfe était petite et insignifiante, fragile et délicate.

Petit à petit, ses doigts se détendirent doucement. Ses sanglots s’espacèrent de plus en plus et les tremblements qui demeurèrent n’étaient plus que la résultante du froid qu’elle sentait lui glacer le dos. Elle se sentit honteuse, de son comportement déjà, mais aussi du fait d’être encore sous l’emprise de cet endroit. L’odeur de l’homme l’attirait autant qu’elle l’apaisait. L'Ygdraë, qui regardait dans le vide depuis un petit moment déjà, le côté droit de sa tête contre lui, bougea discrètement. Ses yeux cherchèrent les siens, comme pour sonder la situation. Elle voulait observer son faciès afin de s’adapter au mieux. Elle ignorait ce qu’elle allait trouver. Était-il en colère ? Était-il exaspéré ? Avait-il conservé sa neutralité ? Allait-il esquisser un maigre sourire depuis la commissure de ses lèvres ? Elle déglutit, prêtre à s’excuser ou à murmurer ce qu’il voudrait entendre. Oui, ils devaient sortir d’ici. Oui, ils avaient été trop loin. Non, ils ne recommenceraient plus. Elle ne connaissait toujours pas son nom.

1011 mots

Revenir en haut Aller en bas
Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1068
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Mar 10 Sep 2019, 17:36

J’abaissais mon regard sur ses jointures à l’instant où je sentis ses doigts s’accrocher à mon vêtement. Je n’esquissais aucun mot, croisant momentanément ses grandes prunelles bleues. L’émotion que je percevais était vive et puissante, douloureuse et lancinante, et, emporté par cette recrudescence, un premier coup de poing rencontra mon torse, un premier qui s’enchaîna rapidement sur une suite de heurts, tous aussi faibles les uns que les autres, et sur des paroles auxquelles je ne pus répliquer, seulement écarquiller les yeux de stupeur.

« Le Diable?! »

Ma voix s’était étranglée, mais la surprise n’eut pas le loisir d’être digérée que je sentis nos corps être renversés vers l’arrière. Par instinct, je plaquais l’une de mes mains au sol, soutenant nos deux silhouettes en suspension, mais c’est à cet instant précis que l’Elfe éclata. Je pouvais sentir ses mains s’agripper à moi, sa force puisant dans son désespoir et sa peine, alors que ses larmes, intarissables, se mêlaient confusément à l’humidité de mes vêtements. Je ne réagis pas sur le coup, fixant simplement le dessus de son crâne d’où sa longue chevelure d’argent s’éparpillait en mèches piteuses contre ses épaules qui, elles, sursautaient au rythme de ses sanglots. À chacun de ses hoquets de chagrin et d’affliction, je me l’imaginais aux prises dans les bras du Démon, versant cette même souffrance, cette même douleur, entrecoupé d’appels et de hurlements. À un moment, j’écrasais ma seconde main contre mon visage, un spasme naissant qui couru tout le long de mon bras tandis que l’Elfe pleurait, pleurait et pleurait tout son soûl. Je m’imaginais les mains de cet homme contre sa frêle silhouette, et ma Colère n’en était que plus grande. Je m’imaginais les lèvres de cet homme caresser le lait de sa peau, et ma Colère n’en était que plus puissante. Je m’imaginais les hanches de cet homme la déchirer, et ma Colère n’en était que plus insupportable. Et comme si ce n’était pas suffisant, il fallait que l’atmosphère de cet établissement vienne, en plus, titiller mes sens. Difficile de ne pas s’illustrer ce que le Monarque Démoniaque avait bien put lui faire subir, et il m’était encore plus difficile de rester indifférent à la détresse de la sylvestre. Je tentais de reprendre ma respiration, de retenir les tremblements que je sentais subitement agiter mon être. Mon sang bouillait non plus par un irrésistible désir, mais par une Colère noire et profonde. Ce n’était pas la première fois que je ressentais cela, que je la ressentais poindre au plus profond de moi, prête à exploser et à se déchaîner, les histoires d’Anges prisonniers, abusés et maltraités, faisant étrangement – et malheureusement – parties de notre quotidien depuis notre défaite au Rimkalàri. Cependant, à tous les coups, j’étais parvenu à repousser ce sentiment afin de préserver une expression de distance et d’empathie, de me détacher de cette Colère afin de conserver un semblant de rationalité et de bon sens. Des larmes de cette sorte, de cette espèce, nées de la douleur et des abus, de la souffrance et de la honte, étaient l’une des choses les plus difficiles à soutenir et pourtant, j’étais toujours parvenu à garder une certaine composition, un certain calme devant la situation, quand bien même une répulsion vive m’enserrait la gorge. Cependant, cette fois-ci, c’était comme si je n’arrivais pas à filtrer toutes ces émotions. Je savais qu’il me fallait garder mon calme, mais au plus profond de ma poitrine, je n’avais aucune difficulté à le sentir, ce brasier incandescent et bestial qui ne désirait brûler qu’à une seule fin : détruire ces engeances du Mal, peu importe leur race, leur histoire, leur puissance. À cet instant précis, l’Elfe dans mes bras, tout ce à quoi j’aspirais, c’était la Destruction.

Cependant, je pouvais sentir les sanglots de l’Elfe s’apaiser, s’éteindre doucement à travers les bruits environnants de soupirs lascifs et de cris. C’est pourquoi, de même, je tentais de reprendre mon calme, ma tranquillité d’apparence, renforçant mes pouvoirs pour calmer mes pulsions soudainement meurtrières. Ainsi, à l’instant où je perçus un mouvement de la part de la jeune femme contre mon torse, j’abaissais mon visage dans sa direction, lui adressant un sourire en coin. Toute Colère et sauvagerie s’étaient évanouies de mes traits faciaux. Ces dernières reposaient, à présent, quelque part au fond de ma poitrine, irradiant de milles flammes, tandis que ma main, dans un geste mécanique, sans véritable chaleur, vint essuyer les traits humides qui défiguraient son délicat faciès. J’étais sincèrement persuadé que ces larmes avaient été versées en raison de ce souvenir écœurant et outrageusement infâme et haïssable, ne renvoyant, au final, que ce que j’avais retenu de ces dernières paroles. Parce que je me savais cruel à bien des égards, mais de cela, je n’en avais cure, puisque je croyais faire la bonne chose – la meilleure chose – en me soustrayant à toute sentimentalité.

« Ça va mieux? » M’enquérais-je en me redressant, conservant mon léger sourire.

J’attendis sa réponse en la scrutant.

« Vous deviez vous sentir si vulnérable, abandonnée et perdue… » Ne pus-je m’empêcher de murmurer à son endroit, mes doigts s’accrochant à ses épaules.

Le brasier brûlait, hurlait, mais je parvenais à le contenir, du mieux que je le pouvais, les seuls indices de mon instabilité se révélant dans la contraction de mes doigts contre sa peau. Mon sourire ne se décomposa pas, mais cette fois-ci, il prenait des traits terribles, instinctivement violents. Ce Diable allait payer. Lentement, je détournais mon visage de celui de l’Elfe, me relevant, l’incitant à faire de même tout en détachant mes mains d’elle.

« Sortons de cet endroit, lui dis-je d’une voix faible, reprenant la serviette pour la lui étendre sur les épaules, frottant quelques secondes la serviette contre ses bras. Vous êtes frigorifiée et votre robe est bien plus révélatrice qu’accoutumée, lui avouais-je, l’eau de la douche et l’humidité qui s’y accrochait collant la robe de la sylvestre à sa silhouette, laissant entrevoir les courbes de son corps à qui s’y attardait véritablement. Essayez de vous réchauffer un peu. Je survivrai, alors ne vous en faîtes pas. »

De même, je lui fis signe de me suivre. Il était temps de sortir de cet établissement des plaisirs et de la perversion. Plus vite nous en sortions, mieux nous nous en porterons. L’après, par contre… Discrètement, je jetais une œillade en direction de la sylvestre. Impuissant, j’exhalais un soupir, tournant la poignée. Il était temps de partir.


1 071 mots | Post V


It's a little price to pay for salvation
Thème I | Thème II | Thème III | Thème IV | Thème V

Bacchanale | Isiode  Signat20
Merci Mancy et Shanxi pour les cadeaux ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34283-isiode-isley-entre-
Invité
Invité

avatar
Mar 10 Sep 2019, 20:59

Bacchanale | Isiode  1j1b
Bacchanale


Circë se pinça les lèvres. Celles-ci lui semblaient légèrement gonflées. Ses joues devaient être rouges. Ses yeux étaient brillants. Elle déglutit devant l’expression de l’Ange. Que pouvait-elle faire ? Lui murmurer qu’elle savait qu’il jouait la comédie ? Elle n’en était pas certaine. Ce n’était là qu’une intuition. Peut-être désirait-elle des choses qu’il n’était pas apte à lui offrir et que cette impression venait simplement de sa déception ? Peut-être cherchait-elle une raison à cette expression, soudainement trop impersonnelle à son goût ? Elle baissa un instant le regard. Elle ne savait pas ce qu’elle attendait de lui. Elle ne le connaissait pas. Ils s’étaient égarés, plus tôt. C’était tout. Il n’y avait pas d’autres explications. Il le lui avait si gentiment dit : ils n’étaient pas dans leur état normal.

« Oui. » mentit-elle. « Je vais mieux » Elle n’en était pas sûre. Elle esquissa un léger sourire désolé, désolé pour la situation, désolé pour sa tromperie. La vérité, il venait pourtant de la lui murmurer. Comment pouvait-il être si aveugle ? Il n’était pas question du passé. Oui, cela avait été douloureux, malgré la naissance de ses enfants. Oui, elle avait eu du mal à s’en remettre physiquement. Oui, le mal demeurait toujours, psychologiquement. Pourtant, ce qu’elle éprouvait, actuellement, était de son seul fait. Elle se sentait vulnérable, abandonnée et perdue. Le désir, qu’elle ressentait toujours, se mêlait à la conviction latente qu’il la trompait. Ses doigts sur ses épaules la serraient et il lui semblait que ce sourire si particulier, si vide de sens, était sur le point de se briser. Elle aurait préféré l’ébranler. Elle aurait préféré qu’il se confie. Elle n’avait pas peur de ce qu’il aurait pu en résulter. Elle avait peur de ces traits là, si… imperturbables. Et pourtant. Pourtant, plus elle l’observait, plus elle voyait. Elle en était sûre à présent. Il refoulait chacun de ses sentiments. Pourquoi faisait-il cela ? De quoi avait-il si peur ? L’Ygdraë sentit une pression dans sa poitrine, un poids, quelque chose de douloureux. La jugeait-il incapable de se montrer compréhensive ? La jugeait-il incapable de le soutenir ? L’effrayait-elle ? Elle venait pourtant d’éclater en sanglots contre lui. Elle voulait y rester, contre lui. Était-elle en train de mal agir ?

Il fuyait, encore. Délicatement, elle se mordit la lèvre inférieure. Elle souhaitait caresser son cou de ses lèvres, effleurer son oreille et respirer son odeur, une nouvelle fois. Silencieuse, elle contemplait son regard glissant, son visage tourné vers elle ne savait quoi. Elle avait envie de lui caresser la joue et d’appuyer sur celle-ci pour le forcer à l’affronter. Elle voulait passer des heures à ses côtés pour percer ses mystères. Et faire l’amour. Ce fut elle, cette fois, qui détourna les yeux. Ils n’étaient pas dans leur état normal, se répéta-t-elle mentalement. Il avait raison. Dans son état normal, elle ne l’aurait jamais laissé entourer ses épaules de cette serviette. Dans son état normal, il n’aurait pas pu la toucher ainsi.

« Oh ? » interrogea-t-elle, étonnée. Elle baissa les yeux. Le tissu mouillé collait sa peau de manière suggestive, le blanc révélant ses formes gelées. Elle le regarda de nouveau. « Non attendez ! » dit-elle en le tirant un peu. « Je… Je ne peux pas sortir comme ça… » Elle ne pouvait pas. Aussi, l’Elfe se ravisa, ses yeux balayant la pièce pour se poser sur le lit. « Je… » Elle n’ajouta rien, se dirigeant vers le meuble. Elle tira sur les draps pour les défaire. « Re… Retournez-vous. » Il était celui qui fuyait. Il était un Ange. Il obéirait.

Dos à lui, elle entreprit d’enlever sa robe. Elle peina un peu, à cause de l’humidité, ne pouvant s’empêcher de pousser un petit râle qui ressembla plus à un gémissement qu’autre chose. Lorsqu’elle était en colère – ce qui ne lui arrivait que très rarement – elle ne semblait pas l’être. Sa voix pouvait devenir un peu plus forte mais rien en elle n’était vraiment impressionnant ou cassant. Elle se radoucissait vite, en plus de cela, particulièrement sensible à la détresse d’autrui. Elle ne voulait pas être une cause de souffrance. Elle ne souhaitait pas provoquer la peine.

Elle inspira et continua à livrer bataille contre la moiteur, ôtant la totalité de ses affaires. Comme si elle avait peur d’encombrer l’endroit, elle ne laissa pas ses vêtements choir au sol mais les posa sur le lit avant de se sécher avec la serviette. Puis, elle entoura son petit corps du drap de satin. Le tissu étant légèrement glissant, elle eut du mal à l’attacher correctement mais y parvint tout de même après quelques essais, usant d’une once de magie pour être sûre que le tout ne tomberait pas sous le coup d’un mouvement un peu brusque. Là, en face du lit, elle s’immobilisa quelques secondes. Sa peau goûtait au délice de cette douceur qui l’enveloppait et elle rêva un instant de sentir l’Ange se glisser dans son dos pour embrasser sa nuque et son cou. Elle frissonna et porta ses doigts sur sa gorge quelques secondes, comme si elle espérait calmer cette fausse impression. Son bas-ventre se remplissait d’une chaleur qu’elle avait déjà ressenti plus tôt. Elle ferma les yeux. Elle devait lutter. Elle n’était pas dans son état normal.

Après un temps, ses mains se faufilèrent derrière sa nuque et elle détacha son pendentif. Elle en avait envie. Elle ne l’avait jamais quitté, pourtant. L’Elfe se retourna lentement et avança discrètement jusqu’à l’Ange. « Ne regardez pas… » murmura-t-elle. « Ne bougez pas. » Elle colla son front délicatement à son dos et resta silencieuse quelques secondes avant de lui susurrer quelques mots. « J’ai compris, vous savez, que vous n’étiez pas tout à fait honnête avec vos sentiments. Je… Je n’ai pas la prétention de savoir pourquoi et je ne vous jugerai pas. J’espère juste que vous allez bien. Je n’aurais pas dû vous dire ça, c’était égoïste peut-être mais vous aviez l’air de… » Elle marqua une pause. « Ce que je veux vous dire c’est que vous n’êtes pas le seul fautif. Vous n’avez pas à porter cet écart sur vos seules épaules et à vous sentir cruel. Ce n'est pas ça, la cruauté. Je voulais vraiment… et je me fiche que ce soit fictif. Je voulais vraiment de vous, lorsque nous étions sous la douche. » Elle le voulait encore. Elle ne se trouvait pas claire. « Vos lèvres sur les miennes… Je… Vous êtes l’une des plus belles choses qui me soit arrivée, dernièrement. Je sais que tout ceci est faux mais j’ai aimé vous avoir près de moi. » Elle se pinça les joues. L’adrénaline qui courait partout dans son corps lui signalait aisément qu’elle était anxieuse de prononcer ces mots. « Je ne vous demande rien, vraiment. Je voulais juste vous le dire et… hum… vous offrir quelque chose. Mais, s’il vous plaît, ne regardez pas, pas maintenant. » Elle lui glissa son pendentif dans la poche furtivement. Elle n’avait pas peur de sa réaction à lui. Elle était effrayée par son propre comportement. Le toucher ravivait ses désirs et elle voulait respecter cet homme. Elle n’était pas dans son état normal. Pourtant, affronter la porte et, plus tard, l’extérieur, la terrorisait. « Allez-y, je vous suis. » Dans son esprit, les choses étaient claires : une fois que l’un de ses pieds nus toucherait le sol d'une rue, elle s’enfuirait.

Elle ne savait pas dans quelle ville ils se trouvaient. Son cœur battait la chamade.

1221 mots

Revenir en haut Aller en bas
Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1068
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Jeu 12 Sep 2019, 00:52

Je venais à peine de tourner la poignée, qu’une exclamation de la part de la jeune femme m’interrompit dans mon mouvement. Je suspendis mon geste, la dévisageant d’une œillade que je lui adressais par-dessus mon épaule.

« Qu’y-a-t-il? » Lui demandais-je alors que je remarquais son visage aller et venir dans la pièce, à la recherche, certainement, d’un morceau de tissu ou d’un habit plus convenable à porter pour la suite des choses.

Elle finit par jeter son dévolu sur les draps du lit et, à son ordre, je ne fis qu’hocher de la tête.

« Bien », acquiesçais-je sans poser de questions, me tournant face à la porte, attendant qu’elle se change.

La chambre se plongea alors dans un drôle de silence, régulièrement entrecoupé de ses légères plaintes alors qu’elle bataillait pour s’extirper de son vêtement. Inconsciemment, mon pouce et mon index vinrent rejoindre l’arête de mon nez, le pinçant. Les effets pervers de cet endroit continuaient de me réchauffer le cerveau, l’amollissant sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, mais maintenant que j’avais repris les rênes, j’avais l’impression que leur influence était beaucoup moindre, ma défense s’étant renforcée et mes pouvoirs œuvrant à mille tours par seconde pour s’assurer de la solidité du rempart. Mais par les Sept, quelques fois, je sentais ces mêmes murs s'effriter.

« Avez-vous terminé? » L’interrogeais lorsque je ne perçus aucun bruit dans mon dos, mais la sylvestre répliqua presque instantanément de ne pas me retourner.

Ce que je fis sans broncher, sondant son cœur là où il n’y avait que sentiments confus. Réflexe de militaire, direz-vous, mais à ce moment, je me demandais sincèrement ce qui lui arrivait. Nous devions partir d’ici pour nous soustraire à cette atmosphère de suffocation. Cependant, c’est à cet instant que je la sentis s’appuyer dans mon dos, sans crier gare, et je fus tenté de regarder par-dessus mon épaule afin de savoir ce qu’il se passait. Refaisait-elle un malaise? Ou… ne faisait-elle que profiter de la proximité? Cela étant dit, rien ne se produisit pendant plusieurs secondes, si ce n’était que le silence qui répondit à mon interrogation intérieure. Cependant, à l’instant où j’allais réitérer ma question quant à savoir si nous pouvions y aller, l’Elfe me devança, sa voix s’élevant faiblement tout près de moi. Je l’écoutais attentivement, sans mot dire, suivant néanmoins ses ordres lorsqu’elle me demanda, par exemple, de ne pas regarder le contenu qu’elle avait glissé dans ma poche. L’objet ne devait pas être si lourd que cela, le poids de ce dernier n’ayant affecté en rien mon équilibre. Qu’avait-elle pu m’offrir en présent? Elle n’avait rien sur elle – ne me demandez pas comment je le savais… – et je ne pensais pas qu’elle m’ait offert quoi que ce soit qui aurait pu se trouver initialement dans cette pièce. Peu importe. Je m’en assurerais plus tard, lorsque nous serions dehors. Cela étant dit, ses paroles me troublèrent quelque peu. Un instant, je me permis, finalement, de me tourner dans sa direction afin de la détailler des pieds à la tête. Puis, un soupir s’extirpa d’entre mes lèvres.

« Vous êtes si naïve… Lui adressais-je avant de tirer à demi le battant de la porte, l’ambiance de l’établissement vibrant soudainement avec plus de force dans nos oreilles. Ressentir cela pour quelqu’un que vous ne connaissez même pas, que vous croyez connaître, que vous n’avez vu que sous un état qui n’était même pas le sien… Laissez-moi vous dire ceci, à mon tour : c’est dangereux. Très dangereux. »

J’appuyais mes dires par un regard acéré, m’avançant dans l’encadrement de la porte pour examiner les environs avant de sortir de la pièce.

« Et pourtant, même en sachant que tout ceci est factice, vous seriez prête à l’accepter comme tel… Laissais-je tomber, l’inflexion de ma voix se faisant particulièrement basse. C’est incompréhensible, finis-je par murmurer, et en même temps, si cela fait votre bonheur, je suppose que peu importe, à ce stade, l’illusion de la réalité. »

Je marquais une pause, la contemplant.

« Vous êtes réellement étrange. »

J’étirais un sourire, vague, en secouant la tête, avant de me tourner vers la salle, droit devant nous. Comme à notre « arrivée », l’ambiance était à la fête, les hommes et les femmes s’entrelaçant dans des postures et des danses suggestives. Aucune restriction entre ces murs, aucune limite dans ces excès : il n’y avait que le plaisir de la chair que l’on pouvait admirer et goûter selon ses envies et ses fantaisies; il n'y avait que la chaleur des respirations, qui s’exhalait en gémissements ou en grognements sourds et profonds, et cette étincelle de luxure et de gourmandise au fond des pupilles, qui comptaient véritablement. Momentanément, je me sentis presque défaillir, la corruption de l’établissement me foudroyant sur place, beaucoup plus forte que dans la chambre, beaucoup plus enivrante aussi. Cependant, ce n’était pas le moment de baisser sa garde. Qu’importe la chaleur que je sentais au bas de mon ventre, enflammer ma poitrine, il fallait que nous sortions de cette fournaise. Je me tournais quelques secondes dans mon dos, m’assurant que la jeune femme suivait toujours, et dans un geste, je lui attrapais le bras.

« Restez près de moi », lui dis-je tout en nous faufilant à travers les corps éperdus de ces hères en plein ébat.

Ils semblaient se perdre dans leur univers, les langues jouant avec la peau de leurs compagnons, les mains baladeuses frôlant et malaxant leurs courbes. C’était une véritable dépravation bacchanale et à travers toutes ces silhouettes en mouvement, une paire d’yeux capta alors nos déplacements, un sourire en coin se dessinant sur le bord de ses lèvres d’hyène.

« Je vous raccompagnerai chez vous, est-ce que cela vous convient? Je pense que je me sentirais plus tranquille ainsi, admis-je à la jeune Elfe en la guidant vers la sortie, tournant brièvement mon regard sur son visage.


991 mots | Post VI


It's a little price to pay for salvation
Thème I | Thème II | Thème III | Thème IV | Thème V

Bacchanale | Isiode  Signat20
Merci Mancy et Shanxi pour les cadeaux ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34283-isiode-isley-entre-
Invité
Invité

avatar
Jeu 12 Sep 2019, 19:48

Bacchanale | Isiode  1j1b
Bacchanale


Circë fut légèrement étonnée lorsqu’il mentionna sa naïveté. Ce n’était pas la première fois qu’on le lui disait, pourtant. Naïve, trop gentille, trop attentionnée. Était-elle réellement naïve ? Elle n’en savait rien. Peut-être avait-il raison. Elle se sentait un peu idiote mais elle ne contrôlait pas ses émotions. Elle ne le voulait pas car cela reviendrait à n’être qu’un pantin désarticulé, survivant sans réellement vivre. Certes, il lui arrivait de souffrir, et c’était toujours douloureux, mais sa joie n’en était que plus intense lorsqu’elle la ressentait. « Je ne vois pas ce qui est dangereux… » murmura-t-elle en douceur. Elle aurait eu envie d’en discuter mais la situation s’y prêtait difficilement. Lorsqu'il la regarda profondément, elle frissonna. Elle essayait de le comprendre mais elle éprouvait de la difficulté. Plus que quiconque, elle savait que le danger pouvait surgir de nulle part. Il suffisait, un beau jour, de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle ne voyait pas en quoi ses sentiments pouvaient être néfastes. Pour qui ? Pour elle ? Pour lui ? Sans doute pour lui. Elle n’était pas soumise aux mêmes restrictions. Elle ne risquait pas sa pureté à le désirer. Croyait-il vraiment être différent de celui qu’elle avait vu sous la douche ? Peut-être mais elle n’en était pas sûre. Les effets de cet endroit lui étaient montés à la tête, à elle aussi. Pourtant, elle n’avait pas succombé sous les caresses de n’importe qui. L’aurait-elle fait si elle était restée au beau milieu de la salle, seule ? L’aurait-elle fait s’il ne l’avait pas entraînée avec lui dans cette chambre ? Elle n’était pas assez tordue pour vérifier la théorie une fois au milieu des corps entrelacés. L’Ygdraë repensa néanmoins aux paroles de Devaraj. Elle devait vaincre ses peurs, selon lui. Ici, sa réflexion semblait endormie, son corps était détendu. Comme si le fait de penser aux conseils du Suprême de l'Au-Delà n’était pas suffisant, leur retour au milieu de l'orgie raviva la flamme de son désir. Peut-être que l’Ange avait raison. Peut-être qu’elle aurait pu se laisser toucher par cet homme, là-bas, ou cette femme. « Non. » susurra-t-elle, pour elle-même. Son regard se perdait sur les corps nus, sur les courbes contrariées par la poigne d’un amant un peu trop passionné.

Quand il la tira à lui, elle émit un petit gémissement. Pourquoi la touchait-il encore ? Elle se mordit la lèvre. Il aimait sans doute la torturer. Était-il seulement un Ange ? Peut-être était-il un Déchu déguisé ? Peut-être que tout ceci était une vaste farce ? Peut-être qu’il lui faisait miroiter son corps dans l’unique objectif de la frustrer et de lui faire payer ses services ? C’était une technique courante dans les maisons de plaisirs, permettre au client de goûter avant de lui indiquer le prix à payer. Elle aussi possédait des ailes d’un blanc immaculé. Elle n’était pourtant pas angélique. Elle le trouvait étonnement résistant, à présent. Pourquoi n’avait-il pas été imperturbable avant ? Son esprit se grisait de nouveau, petit à petit. Elle ne pensait même plus à lutter, son corps se réchauffant inéluctablement. L’Ygdraë se rapprocha, sa poitrine venant frôler la main de l’Ange qui maintenait son bras. Le satin était fin, assez pour qu’il prenne connaissance facilement de ses courbes. Elle désirait qu’il perde encore la tête. Elle s’enfonçait dans ses fantasmes. Pourquoi avaient-ils quitté cette chambre, déjà ? Elle voulait qu’il l’étende sur ce lit et qu’il la touche.

Lorsqu’il la regarda de nouveau, elle n’était plus que désirs. Elle n’avait aucune envie de retourner chez elle. Elle finit par se placer entre lui et la sortie. « Non… » souffla-t-elle, la respiration courte. Elle ferma les yeux, ses paumes venant se coller à la porte. Ses doigts se crispèrent légèrement. Elle devait lutter. Pourtant, ça paraissait si vrai. Peut-être que, quelque part, elle fuyait sa situation. Être l’Élue d’une Déesse, devoir se montrer à la hauteur, alors que durant toute sa vie, personne ne lui avait jamais confié la moindre responsabilité… Tout ceci lui faisait peur. Il était bien plus facile de rester là, à s’imaginer soupirer entre ses bras. « J’ai vraiment envie de sentir vos doigts sur moi… »  

Alors qu’elle allait continuer à détailler ce dont elle avait envie, son imagination soudainement particulièrement fertile, un homme fit son apparition. Son sourire n’avait rien de rassurant. Il regarda l’Ange. « Vous êtes Isiode Yüerell n’est-ce pas ? » Oh, sans doute ne l’aurait-il pas su s’il n’officiait pas dans ce genre d’endroit. Depuis Lux In Caelum, certains de ses clients se prêtaient à de drôles de jeux lors des soirées costumées. Il n’était pas rare qu’une Bûche Sauvage s’adonne aux plaisirs de la chair en compagnie de la Belle et du Prince de Caelum. C’était son petit surnom. D'autres ajoutaient même son jumeau, Isley. Quoi qu'il en soit, beaucoup avaient apprécié apercevoir la Reine, accompagnée de cet homme, au balcon. La beauté de l’instant, le lampion, qu’ils avaient relâché d’un même geste, vers les cieux, avait fait rêver beaucoup de jeunes filles et de jeunes hommes. « Le Prince de Caelum. » précisa-t-il. Circë ne savait pas de quoi il parlait. Elle était ignorante sur beaucoup de points. Le plus troublant avait été cette absence de discours. Les deux individus s’étaient volatilisés et, depuis, les versions les plus folles couraient sur leur compte. On leur prêtait une liaison ou un amour interdit, secret. Forcément, les rêveries adolescentes prenaient une toute autre tournure une fois à Avalon et dans les bordels de manière générale. Les fantasmes les plus tordus étaient nés de l’Idylle hypothétique. « Et… Vous êtes ? » L’Ygdraë prit peur lorsqu’elle vit le regard de l’homme se poser sur elle. Elle se décala un peu pour se rapprocher de l’Ange. Elle paniqua et sortit un petit mensonge qui deviendrait, malheureusement, une habitude à chaque fois qu’elle se retrouverait dans ce genre de situation. « Je suis Circë Fëanturi Vairë, la femme du Suprême de l’Au-Delà, Roi cannibale de l’Île Maudite. » Il ne sembla pas le moins du monde impressionné – ou ne le montra pas – et désigna l’endroit d’une main. « Vous devriez rester un peu. Je vous offre une boisson. Avoir le Prince de Caelum en personne ici, ainsi qu’une Reine, est un véritable honneur. » Il sourit de nouveau, mielleux à souhait. « J’ai un présent pour vous. » Il fit apparaître un flacon de parfum de nulle part et vaporisa le contenu sur le visage de l’Ange. « Vous serez aux anges, vous verrez. » dit-il en s’éloignant, ricanant légèrement. La mixture était particulière, troublant la vision, pour remplacer n’importe quel partenaire par l’être désiré. Beaucoup de Déchus l’utilisaient pour réaliser leurs fantasmes. Ils avaient envie d’embrasser les lèvres de la Dame des Abysses ? Elle apparaissait à la place de leur conquête. Ils voulaient toucher les formes de leur sœur ? La même chose se produisait.

« Est-ce que vous allez bien ? » demanda l’Elfe, un peu perturbée par ce qu’il venait de se passer. Était-il ce Isiode Yüerell ? Prince de Caelum ? Elle se demandait ce que cela signifiait. Était-ce lui l’époux de l’Impératrice Blanche ? Elle n’avait pas imaginé, jusqu’ici, qu’il puisse appartenir à une autre. Elle paniqua légèrement. Était-elle mauvaise ? Venait-elle de… briser son couple ? « Je… Je… pardon je ne savais pas. » balbutia-t-elle, en essayant de se sortir ses idées perverses de la tête.

1213 mots


Revenir en haut Aller en bas
Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1068
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Sam 14 Sep 2019, 17:26

Je croyais qu’elle aurait pu résister à la tentation, je croyais qu’elle avait suffisamment reprise ses esprits pour pouvoir traverser cette maison des plaisirs sans trop de difficulté, mais force était de constater que j’avais eu tort. De la main que je lui avais tendue, attrapant son bras afin qu’elle ne se perde pas dans ces jeux malsains ou qu’un indésirable n’ait envie d’assouvir ses pulsions sexuelles avec elle en l’entraînant je-ne-sais-où à l’intérieur de l’établissement, je sentis une douce et moelleuse chaleur s’inviter sur ma peau. D’abord surpris, je tournais mon visage dans sa direction, ratant un battement.

« Que faîtes…  » Commençais-je avant de me taire, croisant l’éclat de ses iris, qui brillaient d’un désir profond, d’une appétence avide, alors qu’elle me devança de quelques pas pour se poster devant moi.

Entre la porte et moi. Pendant quelques secondes, je la contemplais, sa silhouette enveloppée dans ce tissu de satin, m’arrêtant alors sur son visage délicat qui rougissait sous la chaleur de l’atmosphère. Rapidement, je détournais les yeux, ma mâchoire se contractant. Contrôle, pensais-je aussitôt, récupérant mon souffle, respirant à intervalle régulier. Je devais renforcer ma défense. Je ne pouvais pas me permettre de baisser ma garde sous prétexte que nous étions bientôt sur la fin de notre trajet. Il fallait d’abord et avant tout quitter ce bâtiment, quitter ce lupanar, s’extirper de ces effluves, de cette influence et de ces scènes uniquement présentes pour tenter les imprudents. Comme cette Elfe, dont le corps vibrait sous une envie et une passion dévorante qui n’étaient pas les siennes, qui n’étaient, toutes les deux, que le résultat pourri de cette ambiance pernicieuse. Ne voyait-elle pas qu’il ne s’agissait guère de ses sentiments? C’était cet endroit, c’était cette aura qui englobait ce bordel qui altérait ainsi ses sens et sa raison. Autrement – et j’en étais persuadé – jamais elle ne se serait laissée ainsi toucher, jamais elle n’aurait eu un tel comportement avec un étranger, jamais elle n’aurait ressenti cela pour quelqu’un qu’elle ne connaissait même pas. Naïve? Bien sûr qu’elle l’était. Était-elle si crédule pour véritablement croire qu’un mensonge, qu’une manipulation comme celle-ci, pouvait la rendre heureuse? Parce qu’elle croyait véritablement que tous ses ressentis actuels étaient le fruit de ses propres choix, de ses propres désirs?

« Reprenez-vous, bon sang… » Lançais-je en serrant les dents, braquant un regard froid dans celui de la jeune femme, étendant ma Magie jusqu'à elle pour contrôler ses émotions et baisser sa frénésie malsaine.

Ma volonté faisait beaucoup, mes pouvoirs aidaient aussi à me tenir convenablement, dans mon cas, mais je ne savais pas le moins du monde si je parviendrais à tenir plus longtemps dans cette situation. Il fallait que nous sortions. Rapidement.

« Vous n’êtes pas dans votre état normal! » Lui répétais-je, tandis que j’entendais sa voix murmurer ce qu’elle souhaitait de moi, renforçant l'emprise de ma Magie sur elle.

Ce n’était pas ses sentiments. La réalité était autre, j’étais moi-même autre, cette maison des plaisirs modifiant et accentuant ses fantasmes, changeant sa propre personne, ma propre personne pour nous rendre plus amollit. Parce que je n’étais pas plus dans mon état normal qu’elle l’était. Une boule coinçait ma gorge, mais au moins, je parvenais à contrôler ces étranges pulsions qui m’avaient précédemment prises et desquelles je m'étais laissé succomber un instant. Quoi qu’il en soit, elle ne pouvait pas se bercer d’illusions de la sorte et croire, ainsi, vivre la parfaite nuit d'amour. Je ne comprenais pas comment elle pouvait vivre simplement en se disant que tout ce qu’elle aimait n’était que chimères.

« Venez, avant que cette folie nous perde », lui intimidais-je en esquissant un premier geste pour me diriger vers la sortie, mais au même instant, une voix, dans mon dos, s’immisça.

Vivement, je fis volte-face, captant sans difficulté le rictus sournois de ce nouvel interlocuteur. Je sentais son regard sur mes épaules et mes sourcils se froncèrent instinctivement à la mention de mon nom. Comment pouvait-il savoir qui j’étais? Et comment m’avait-il surnommé? Le Prince de Caelum? Et lorsque son regard quitta mon visage pour s’intéresser à la jeune femme à mes côtés, je levais machinalement un bras pour lui interdire le passage.

« Laissez-nous tranquilles… » Sifflais-je entre mes dents, même si son intérêt n’était plus porté que sur la sylvestre.

Pourtant, même craintive, l'Elfe répondit à l’interrogation de l’homme presque instantanément et je lui jetais une œillade en coin. Une Reine? Elle? Du Roi cannibale de l’Île Maudite? Elle n’en avait pas du tout la prestance, ni même l’apparence.

« Non, merci », décrétais-je finalement à l’étranger quant à sa proposition de rester plus longtemps dans l’établissement.

Pivotant vers la prénommée Circë, je l’incitais à traverser cette porte a à peine quelques mètres de notre position. Cependant, sous une intention malicieuse et vile, énoncée d’une voix basse et taquine, l’inconnu m’aspergea d’un parfum à l’effluve puissante. Je reculais d’un pas, surpris, toussant violemment à l’assaut du concentré. Qu’est-ce que…! M’insurgeais-je tout en redressant la tête, l’œil orageux et sombre, fusillant l’individu du regard alors qu’une Lame Fantôme apparaissait à la hauteur de mes yeux. J’aurais pu le transpercer à cet instant précis, mais l’apparition de la jeune femme dans mon champ de vision fit retomber, d’un coup, mon impatience de plus en plus grandissante. Cependant, quelque chose clochait chez l’Elfe. Son corps semblait flotter, se décomposer, comme pour former un nouvel être. Croyant d’abord qu’il s’agissait là de gouttelettes de parfum qui se seraient retrouvées à l’intérieur de mes pupilles, flouant ma vision du même fait, je portais l’une de mes mains vers mon visage, frottant délicatement mes yeux.

« Sortons… Sortons de cet enfer… » Murmurais-je comme toute réponse en faisant battre mes paupières, en vain, incapable de stabiliser l’image de l’Elfe qui s’agitait étrangement sous mon regard.

Secouant la tête, je dépassais, à grandes enjambées, la Reine de l’Île Maudite, lui attrapant de nouveau le bras pour qu’elle me suive, sans faire d’histoire cette fois-ci. Nous devions retrouver notre réalité. Le plus tôt serait le mieux.

« Vous ne saviez pas quoi? Que j'étais un Prince? Figurez-vous que je n'en avais aucune idée également » Grommelais-je en atteignant, enfin, la porte de sortie, poussant le battant sans attendre, traversant le seuil, l'haleine courte.

Je pressentais sa panique, son désarroi, de plus en plus grand, ainsi que sa culpabilité.

« Et vous? Êtes-vous sincèrement une Rei– »

Le reste de ma phrase s’évanouit dans ma gorge. Je venais de me retourner vers la jeune femme. Pourtant, il y avait à peine quelques secondes, j’étais en train de tenir le bras de l’Elfe dans ma paume. Enfin, je sentais bel et bien une peau sous le toucher de mes doigts, mais… Discrètement, de manière presque imperceptible, mes yeux se plissèrent et doucement, je relâchais ma prise. Qu’est-ce qu'il se passait?


1 160 mots | Post VII


It's a little price to pay for salvation
Thème I | Thème II | Thème III | Thème IV | Thème V

Bacchanale | Isiode  Signat20
Merci Mancy et Shanxi pour les cadeaux ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34283-isiode-isley-entre-
Invité
Invité

avatar
Dim 15 Sep 2019, 02:08

Bacchanale | Isiode  1j1b
Bacchanale


Circë se laissa guider à l’extérieur, son bras serré par la main de l’Ange. L’air frais s’infiltra en elle avec une douce violence. C’était semblable à respirer par temps de neige, lorsqu’il faisait particulièrement froid. L’Ygdraë se sentit soudainement apaisée. Son corps portait toujours les traces de son désir et de ses plaisirs passés mais la brûlure au creux de son bas-ventre disparut. Curieusement, elle ne paniqua pas. Retrouver la rue, dans laquelle une végétation clairsemée était présente, la soulageait. Elle pinça ses lèvres délicatement et amena sa main droite sur sa main gauche une fois qu’elle fut libre de ses mouvements. « Cela vous va bien, pourtant, d’être un Prince. » articula-t-elle en le regardant. La jeune femme n’avait plus envie qu’il pose ses mains sur elle. Elle ne désirait plus qu’il l’étale sur un lit ou la plaque contre un mur. Pourtant, elle ne ressentait aucune répulsion à son endroit, même après ce qu’il s’était passé entre eux. Au lieu de soupirer en imaginant ce qu’il pourrait lui faire et ce qu’elle voulait qu’il fasse, elle le contemplait, simplement. Elle ne doutait pas de son statut de combattant. Elle rit légèrement, un peu moqueuse, peut-être. Il avait grommelé et ça le rendait attendrissant. Qui grognait ainsi en découvrant être affublé d’un surnom semblable ? « Le Prince de Caelum… » susurra-t-elle. « C’est bien plus joli que l’appellation que mon peuple me donne. La Fugitive… » ajouta-t-elle. Circë ne comprenait pas ce qu’il lui prenait. Elle se montrait agréable et ouverte. Elle avait été convaincue de sa volonté de fuir mais, à présent, elle était en train de discuter comme si de rien était. Était-elle dans le déni ? Peut-être.

Elle aurait sans doute continué ainsi s’il ne lui avait pas paru soudainement troublé. « Qu’y a-t-il ? » demanda-t-elle. La magie des premiers instants s’effrita dans son esprit. « Je… » continua-t-elle, sans saisir les véritables raisons de sa réaction. Il ne l’avait pas vraiment regardée depuis qu’ils étaient sortis de l’établissement. La voyait-il différemment ? Moins attirante qu’il ne l’avait pensé sous l’effet nocif de l’endroit ? Elle baissa un peu les yeux, se demandant ce qu’elle-même ressentait. Avait-elle peur de le décevoir ? Elle inspira, puis expira. En essayant d’être honnête, et dans un premier temps, elle devait avouer le trouver attirant. Pourtant, il ne lui sembla pas éprouver quelque chose de particulier à son égard, rien de négatif, en tout cas. Elle laissa ensuite quelques secondes s’écouler, durant lesquelles elle se remémora leur moment d’intimité. Elle se sentit rougir. C’était la première fois qu’elle touchait un homme de façon consentie et, si elle voulait être franche, vraiment franche, il lui apparaissait clairement, maintenant, qu’elle ne ressentait pas « rien » à son égard. Le consentement laissait à désirer mais elle n’avait pas vraiment été forcée. Elle l’avait embrassé, lui, parce qu’il lui plaisait. Elle ne l’aurait pas fait, en dehors de cet endroit, mais le fait est que parmi tous les hommes présents, c’était lui qu’elle avait fini par désirer ; plus que les autres.

Comme elle sentait une pointe de panique émerger de nouveau dans sa poitrine et que son visage devait à présent être cramoisi, elle se força à penser à une figure apaisante : Ezechyel. Qu’aurait-il fait, dans une telle situation ? Sans doute aurait-il commencé par sourire pour se montrer bienveillant. Il n’aurait d’ailleurs probablement pas laissé filtrer son trouble, malgré la situation, puisqu’il aurait rapidement compris que les événements étaient et resteraient irréversibles. Peut-être aurait-il été franc, dans une certaine limite, en omettant ce qui risquait de compliquer les choses de façon vaine ? Elle devait se comporter dignement. Le Suprême de l’Au-Delà voulait qu’elle s’affirme et qu’elle évolue. Si elle continuait d’être terrorisée, elle ne pourrait jamais se réaliser.

« Écoutez… » commença-t-elle en attrapant sa main. Elle ne pensait pas que la réaction de l’homme puisse être due au parfum. Elle était convaincue qu’il vivait une sorte de choc. Sans doute y passerait-elle aussi. Pourtant, il l’avait soutenue lorsqu’ils étaient à l’intérieur et elle devait faire pareil, à présent. Elle songerait à son mal-être plus tard, à cette impression d’avoir été trompée et manipulée par une source inconnue. Elle devait ignorer le zeste de colère qu’elle sentait poindre dans sa poitrine. Elle devait être présente pour lui. Elle sourit. « Je hum… Je sais que cela peut paraître étrange mais je pense que, vu les circonstances, il serait préférable que tout ceci reste derrière nous. Ce moment, que nous avons échangé, n’était que le fruit d’une magie perverse et aucun de nous n’a à se sentir honteux. » Elle faisait de gros efforts pour ne pas parler de son propre ressenti et de ce qu’elle pensait de tout ceci. « Vous vous êtes montré fort alors que je n’ai été que faiblesse. Je suis sincèrement navrée de ne pas avoir été d’une grande aide. » L’Elfe vivait un déni étrange. Elle essayait de voir les événements comme un rêve, de se placer en dehors de ces derniers, tout en affirmant qu’ils avaient bel et bien existé dans sa tentative visant à désamorcer la situation. Sa pensée était contradictoire, décousue et illogique. C’était comme si, après des années, deux amis se rencontraient pour rire d’une mésaventure passée. Elle n'avait pas été agréable à vivre, sur le moment, mais, finalement, après un grand laps de temps, c'en était devenu amusant. Voilà. Bien vite, elle eut l’impression d’être hermétique, comme si tout ceci n’avait été qu’une blague et qu’elle allait se réveiller et constater que Devaraj avait voulu la tester. Oui, ça devait être ça, en réalité.

Circë valsait dans l’antre de l’instabilité et ses émotions hurlaient dans sa poitrine sans qu’elle n’écoute quoi que ce soit, passant d’un état où elle assumait parfaitement le tout à un état où il lui semblait plus commode de partir du postulat selon lequel tout était faux. Elle était sage, elle était grande, elle pouvait imiter Ezechyel. Elle ne se sentait absolument pas flouée. Non. Pas du tout. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, et cet homme n’avait clairement pas pu lui embrasser le cou en lui agrippant les cuisses. Elle ne ressentait rien pour lui, même pas une once d’attachement. Ils allaient en rire et se dire au revoir après quelques paroles de réconfort. C'était sûr. Elle ne le reverrait sans doute jamais, de toute façon.

Son sourire demeura tout du long et elle finit par répondre à la question qu’il n’avait pas achevé, ayant deviné celle-ci sans difficulté. « Pour être sincère, non, je ne suis pas Reine. Devaraj n’aimerait pas savoir que je mens sur notre relation, en plus de ça. Cela dit, je vis vraiment avec lui, sur l'Île Maudite. Et hum... vraiment, je pense que c’est bien trop loin pour que vous puissiez m’y raccompagner. Sans doute serait-il préférable que je fasse le voyage seule. Je... Je peux m'en sortir. Ce n'est pas la peine de vous embêter avec moi. » Si le Maître des Esprits la testait, peut-être qu’une telle décision mettrait fin à l’illusion ? « Vous hum… Pourquoi vous surnomme-t-on le Prince de Caelum si vous n’êtes pas un prince ? » demanda-t-elle, en attendant le moment fatidique où le décor se déliterait et où elle se retrouverait sur Awaku No Hi comme par enchantement. Elle était si loin du compte…

1150 mots
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Bacchanale | Isiode

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

 Sujets similaires

-
» [Q] - Découvrir | Isiode
» [A] - Le prélude | Isiode
» [Q.] L'Homme de ses Rêves [Pv Isiode]
» | Isiode & Isley Yüerell |
» [Q] - Tsurugi | Isley & Isiode
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Côtes de Maübee :: Avalon-