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 [Evénement] - L'Etesia muna

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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 4718
◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Ven 05 Juil 2019, 21:52


L'Etesia muna



Cela faisait pas moins d'une heure déjà que les enfants se livraient une bataille sans merci sur la place du Rift, les passants esquivant avec plus ou moins d'agilité les nombreux assauts confus qui y avait lieu. Kees se protégeai des éclaboussures d'eaux et des jets de poudres que ses camarades lui envoyaient en se cachant derrière ses ailes d'encres qui prenaient petit à petit une couleur chatoyante au fur et à mesure qu'il s'en servait comme bouclier contre les armes de ses amis. Puis, après une énième riposte infructueuse de sa part, il finit par lâcher son propre bol de poudre qui se déversai dans les rigoles en une fine bruine orangée pour se jeter sur l'un d'eux, les deux enfants tombant alors lourdement sur la Mer de verre sous les cris amusés de leurs amis. Et, tandis que les deux Déchus au sol essayaient chacun de prendre le dessus sur l'autre, les autres hurlèrent à l'unisson « A l'attaque ! », commençant alors, sous le visage surpris des deux jeunes Corvus, à les asperger de milles et une couleurs, les transformant petit à petit en deux grands oiseaux de couleurs taille humaine. Soudain, quand l'assaut final allait être donné sous le commandement du plus âgé, tous levèrent le nez au ciel dans un même mouvement en entendant le chant de multiples oiseaux qui semblaient s'approcher de la ville. La main en visière, Kees scrutait le ciel en silence jusqu'à ce qu'un cri retentit. « Là ! », fit l'un de ses camarades en indiquant du doigt où se trouvaient les påfugls. Ils étaient une dizaine à passer juste à côté d'Avalon. Tel un signal, tous les enfants se dispersèrent suite au passage des oiseaux après un dernier regard, le sourire aux lèvres.

« M'man! M'man ! », appelai Kees en dévalant à la course la Grande Rue, manquant au passage de chuter à plusieurs reprises, s'arrêtant devant quelques saltimbanques qui se donnaient en spectacle par quelques numéros dont eux seuls avaient le secret, avant de se diriger vers les Halles. Il zigzaguai à toute allure entre les étales, un grand sourire figé sur son visage, bousculant à plusieurs reprises les promeneurs sans pour autant s'en soucier le moins du monde malgré les protestations de ces derniers. Dans sa précipitation, il renversai une caisse pleine d'oranges fraîches, pour finir sur les fesses dans un ronchonnement mécontent après avoir glissé sur l'une d'elle. « Hé ! Fais attention quand tu cours p'tit. », lâchai alors le primeur qui venait de perdre une partie de sa marchandise. « J'faisais attention ! C'est la caisse qu'était sur mon chemin ! », rétorquai l'enfant, continuant à ronchonner. « Sale gosse, je t'apprendrais les manières moi ! ». Kees répliquai en tirant la langue au marchand avant de déployer ses ailes pour décamper rapidement de l'endroit en riant. L'homme ne chercha pas plus loin, se contentant de le regarder filer un rictus aux lèvres, les poings sur les hanches. Aujourd'hui l'ambiance n'était pas à la querelle et les enfants avaient le pouvoir de bénir même le plus miséreux des habitants de la cité. Y compris les plus arrogants d'entre eux. Le garçon reprit finalement sa course effrénée quelques mètres plus loin, continuant d'appeler sa mère jusqu'à enfin arriver chez lui.

« M'man ! », fit-il une dernière fois en poussant violemment la porte en bois de la petite échoppe. La Déchue se tenait face à son fils, comme si elle l'attendait. C'était le cas. « Qu'est-ce qu'il se passe ? On t'entends venir depuis le bout de la rue. Et regarde l'état dans lequel tu es... ». Le garçon prit à peine considération de la remarque de sa mère. « J'en ai vu ! Des påfugls ! Y en avait pleins ! Il sont passés juste au dessus de ma tête ! » - « Ah oui ? », fit-elle avec un sourire amusé connaissant le sens de l'exagération de son fils. « Je te jure ! », insista-t-il pourtant avec conviction. « Ils sont beaux n'est-ce pas ? ». Le petit approuva d'un haussement d'épaule après une seconde d'hésitation, étirant un peu plus le sourire de sa mère en même temps qu'elle prenait la direction de la cuisine, suivi de près par le Corvus. Alors que l'enfant s'installait à table, sa mère y déposa plusieurs petits récipients de peinture aux côtés d'un épais linge. Il observa un instant le tout, s'attardant sur le morceau de tissu. « Il est tout petit... », fit-il avec une moue déçue, se saisissant de l'œuf délicatement installé sur le tissu. « Alors tu devras faire très attention. », répliqua-t-elle simplement. Kees sourit, trempant ses doigts dans les pots pour s'appliquer les colorants sur le visage tel des peintures de guerre avant d'entamer son œuvre. Puis il marquai une pause. Un rictus au coin de la lèvre, il reprit son ornementation de plus belle.

L'enfant sortait de la chaumière sous le soleil couchant. Pourtant les musiciens s'adonnaient toujours à leurs mélodies rythmées, encourageant à la danse au milieu de la petite rue piétonne. Danse à laquelle Kees aurait bien prit part, plus pour embêter ceux qui s'étaient laissés envoûter par le son des guitares et des tambourins qu'autre chose. Surtout ces jeunes adultes qui en profitaient pour se rapprocher plus que de raison. Mais il avait une mission à remplir. Après quelques esquives maladroites il réussi à s'extirper du groupe et, discrètement, rejoint un lieu sur lequel il s'était retrouvé plus tôt. Du moins essaya-t-il d'être discret. « Te revoilà toi ? », fit une voix derrière lui. Dans un sursaut, il se retourna face à l'homme qui le dévisageait de son regard dur avant de s'échapper une nouvelle fois. Le primeur le fixa un instant s'enfuir avant de tourner le regard vers son étale. Un œuf y était installé dans un délicat équilibre au milieu de ses oranges. Dessus, on pouvait y lire sous des traits peu assurés ''attention'' en Anatæma. « J'vous jure... Je me demande à qui ce message était adressé. ».

Mots 1038


Explications

Hello everybody o/ ! Voilà enfin l'event qu'était sensé sortir y a... longtemps (parce que vous croyez vraiment que j'allais être dans les délais 8D ? /sbaff )
Bref, ceci est donc un événement à message unique qui se déroule à Avalon.

En gros, vous vous retrouvez au milieu d'un grand festival,  l'Etesia muna, qui marque le début de la saison de la moisson. De grands oiseaux, les påfugls (ça), qui migrent vers les Terres d'Emeraudes à la saison froide, reviennent pour la nidification sur toutes les Côtes de Maübee au début de la nouvelle saison. Une fête est alors organisée, la ville est décorée et les fontaines et points d'eaux sont également colorés avec des colorants de pleins de couleurs (comme l'oiseau <3) qui ne disparaîtrons qu'aux premières pluies.  La tradition invite les enfants à décorer un œuf qu'ils pourront offrir à la personne de leur choix directement en main propre ou en le déposant chez lui/son lieu de travail (là ça dépend par contre... Allez poser un œuf dans la Banque Harpagon ou la propriété de Ninille. Là je peux rien pour vous, vous êtes les seuls à savoir si c'est bon ou non). S'il éclot c'est sensé être synonyme de fortune, s'il ne se passe rien mais qu'il reste intact toute l'année c'est synonyme de chance. Et s'il se brise... Bah, je vous laisse deviner 8D.

D'une manière générale, tout le monde peut participer tant que ça reste logique et que vous faites pas de bêtises (je rappelle que, même si officiellement non, le roi est mort hein).

Vous avez jusqu'au 5 septembre, 23h59 pour participer ^^. Amusez-vous !


Gains


Pour 900 mots : 1 point de spécialité ou l'oeuf de l'Etesia muna : vous avez été béni par un enfant qui vous a offert un œuf richement décoré, porteur de bonnes nouvelles pur l'année à venir. A moins qu'il ne s'agisse d'une malédiction et que votre futur ne présage rien de bon.
Pour 400 mots supplémentaires : 1 point de spécialité

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Jeu 25 Juil 2019, 18:08



L'Etesia Muna


« Ce n’est rien. » fis-je dans un sourire charmant en admirant la mère de la petite Ygdraë. Elles se ressemblaient. « Je ne sais pas comment elle a pu se retrouver là. Je suis d’ailleurs étonné de croiser des membres de votre peuple, ici, à Avalon. Heureusement qu’elle a une bonne mémoire. » Une mémoire que j’avais dû légèrement trafiquer avant de la ramener chez elle. C’était mieux pour tout le monde. D’abord pour elle. Le Sorcier que j’avais tué l’avait amenée dans un endroit lugubre avant de la déshabiller et de l’empêcher de bouger. Pour finir, il s’était avancé vers elle à quatre pattes, couvert d’un masque de porc. J’avais dû me débarrasser des bêtes, aussi. Elles n’y étaient pour rien, c’est vrai. Elles se faisaient simplement contrôler par un Mage Noir particulièrement répugnant. Je m’étais simplement laissé porter par une haine froide, imaginant Délilah aux mains d’un tordu pareil. Il valait mieux effacer toutes les traces. Ensuite, c’était mieux pour moi. Je ne pouvais pas me permettre d’être connu comme le sauveur des Elfes sous les traits d’Elias, ni même celui des enfants de manière générale. J’avais donc revêtu mon identité magicienne pour ramener cette enfant chez elle après quelques jours passés au Sanctuaire Noir.

Ce que j’avais vu à Amestris était devenu ma priorité absolue. L’endroit n’avait d’ailleurs jamais été aussi peuplé. Bien entendu, le fait que seuls les Sorciers les plus puissants y aient accès limitait l’effet mais les quelques fois où je m’y étais rendu auparavant, le silence régnait en maître. Là, c’était totalement différent. Il semblait que les vieux Mages Noirs avaient perdu leur calme depuis l’apparition de l’être ailé. Je les comprenais facilement. Il fallait se rendre à l’évidence : rien ne parlait de créatures semblables. La connaissance, dont notre peuple était pourtant un fin détenteur, nous échappait en ce qui concernait ce sujet. La question ne quittait pas mon esprit et, des nuits durant, il m’avait été impossible de dormir plus de deux heures d’affilées. Je me réveillais au beau milieu de la nuit après des rêves tortueux à propos de ces ailés, me questionnant ensuite sans pouvoir trouver de nouveau le sommeil. J’avais pris une mauvaise habitude, celle de réveiller Sylbille pendant mes insomnies. Les potions me laissaient un temps considérable à ses côtés et j’avais commencé à ressentir un plaisir réel à nos petites affaires. Ce plaisir était néanmoins toujours aussi pervers, malsain et guidé par un goût sucré qui était celui que je ressentais à toucher cet Ange indirectement. Sa femme criait sous mes doigts et peu importe les sentiments qu’il avait, ou non, à son égard, c’était pleinement satisfaisant dans son ensemble. J’avais essayé plusieurs choses, prenant quelques libertés quant aux positions. J’essayais toujours de la prévenir pour qu’elle s’extirpe de son lit si elle le souhaitait. Parfois, elle ne bougeait pas et je me plaisais à imaginer qu’elle serrait les dents pour ne pas réveiller son cher époux. Je me questionnais sur le point de savoir si elle gémissait au rythme de ses ronflements et si elle trouvait l’exercice excitant. De temps en temps, je me montrais un peu plus rude. C’était le meilleur moyen de savoir ce qu’elle aimait et jusqu’où je pouvais aller avant que le Conte du Sapin ne me rappelle à l’ordre en cessant de lui transmettre mes mouvements. Elle était assez coquine et je me demandais pourquoi, au juste, elle s’était mariée avec un Ange, incapable de lui donner ce qu’elle désirait. J’étais de plus en plus curieux à son égard, au fur et à mesure que je m’infiltrais en elle. Je m’interrogeais sur les traces que j’étais en mesure de laisser. Si je la mordais trop fort, est-ce qu’elle garderait l’empreinte de mes dents ?

Après quelques jours au Sanctuaire Noir et quelques nuits à caresser la peau de l’Orisha, les cernes sous mes yeux étaient devenues effrayantes. Je ressemblais à un mort-vivant, tout juste sorti de sa tombe. J’avais confié l’enfant à Réta et ma grand-mère, aussi fourbe et stupide soit-elle, avait relativement apprécié d'avoir quelqu’un d’attentif et d’assez gentil pour supporter de l’entendre parler de ses foutus chats durant des jours. L’Ygdraë ne se lassait pas, la vieille Sorcière non plus. Elle avait d’ailleurs tôt fait d’oublier le caractère bénéfique de son invitée. Lorsque je lui avais demandé de me confier de nouveau la petite, j’avais dû me montrer ferme. Elle l’aurait bien gardée. Une fois exaucé, j’étais parti avec Idril en direction d’Avalon.

« Nous… Disons que la royauté a exigé la réunion des Ygdraë à Melohorë mais nous n’avons pas obtempéré. Nous avons décidé de nous établir ici. » La femme était plus bavarde que le mari. Ils étaient tous les deux reconnaissants, cela ne faisait aucun doute. J’étais connu, même ici, ce qui m’avait étonné. « Je vois. J’espère qu’elle ne se reperdra pas. Ça ne doit pas être facile de vivre parmi les Déchus. Vous avez fait votre choix et je le comprends. Votre enfant est vraiment adorable. Peut-être que vous devriez… » Je me tus. « Non, ce n’est pas à moi de vous dire ça. Nous nous connaissons à peine. » « Non dîtes, je vous en prie. » « Écoutez, le monde est effrayant. Idril a eu de la chance de tomber sur moi mais que ce serait-il passé si ça avait été des Sorciers ou des Démons ? » J’avais baissé la voix. « Enfant ou non, ils ne font pas la différence. J’ai entendu dire que la cité de votre peuple était réellement protégée. Peut-être que vous devriez vous y rendre, juste pour voir si le cadre vous convient. Ce serait peut-être bien pour elle d’évoluer dans un environnement propice à son développement. »

La conversation avait continué quelques heures et les deux Ygdraë avaient fini par m’inviter à passer quelques jours chez eux. Une fête aurait bientôt lieu et ils tenaient réellement à me remercier. J’avais accepté après avoir refusé une première fois. J’avais besoin de repos et ce n’était pas le climat d’Amestris et encore moins celui de Valera Morguis qui m’apporteraient du réconfort. Pourquoi vivions-nous dans des endroits aussi déprimants ? Le soleil était-il proscrit pour les enfants du chaos ? Les bénéfiques étaient-ils les seuls à avoir droit à une nature féconde et à une faune inoffensive ?

Quelques jours plus tard, l’Etesia Muna débuta. Je n’avais pas grande estime des Déchus avant de me rendre à Avalon, pour être franc. Ceux de Basphel étaient les plus évolués d’après moi et j’imaginais les autres comme des sortes de bêtes compulsives, incapables de se contenir. Pourtant, la cité me fit grande impression. Elle était belle, toute en hauteur, et l’architecture me laissa rêveur. Bien entendu, certains individus m’étonnèrent par leur comportement déplacé mais, dans l’ensemble, pour des êtres soumis aux péchés, je les trouvai plutôt civilisés. Les parents d’Idril me laissèrent seul avec elle plus d’une fois, me portant une confiance absolue. Ils n’avaient pas tort. Je ne voulais aucun mal à leur fille et s’ils savaient les horreurs que je lui avais évitées, sans doute seraient-ils d’autant plus reconnaissants. « Regarde ! » dis-je à l’enfant en lui montrant l’eau colorée d’une fontaine. « Tu veux essayer ? » J’étais devenu une figure de référence pour elle, fiable et bienveillante. J’excellais dans ce rôle. « Oui ! » C’était un oui plein de joie et d’entrain qui se termina en un rire franc. L’innocence des enfants avait un côté terrible. Nous nous joignîmes donc à un groupe afin de contribuer à toutes les couleurs. Plus tard, une ombre furtive passa sur nous. Je me redressai, portant ma main en visière devant mes yeux pour regarder le ciel. Un oiseau venait de fendre le ciel, en direction des zones plus sauvages des Côtes de Maübee. « Un påfugl ! » s’écria Idril en sautillant sur place. Ses longues petites oreilles m’amusaient un peu. Elles frétillaient en même temps qu’elle. « Regarde Kaahl ! Un påfugl ! » répéta-t-elle, avec force et volonté. Elle voulait que je le voie. Je n’aurais pu le rater. Je fus même touché par la majesté de l’oiseau, bientôt suivi d’autres. Nous n’avions pas ce genre de volatiles à Valera Morguis et je commençais à sentir en moi un étrange sentiment poindre. J’avais envie de beauté, de terres magnifiques et fertiles. Les Magiciens vivaient sur des terres merveilleuses, à l’instar des Déchus et d’autres peuples. Ils ne devaient pas se contenter de bouts de terres, dont l’un avait été anciennement ravagé par ma belle-mère et où laisser un enfant sans surveillance dehors signifiait presque signer son arrêt de mort. Il y avait les dérives perverses des Mages Noirs, oui, mais également le danger que représentait l’environnement. « Oui ! Je vois ! T’as vu comme ils sont grands et beaux ? Ils sont des mêmes couleurs que la fontaine ! Ce serait bien de pouvoir monter dessus, t’imagines ? » Ses yeux pétillaient, preuve qu’elle s’y voyait déjà.

Plus tard, nous nous installâmes chez ses parents afin de peindre des œufs. Normalement, l’activité était réservée aux enfants mais je me laissai convaincre de participer, m’appliquant sur les motifs. J’essayai de dessiner un påfugls d’après les souvenirs qui me restaient en mémoire, colorant l’oiseau de bleu, de vert, de jaune, d’orange et de rouge. Les extrémités de sa queue rappelaient les plumes des paons et je me questionnai sur sa possible parenté avec ces derniers. J’en fis un deuxième. Une fois finis et secs, j’offris le premier à Idril et gardai le second pour ma fille. J’étais certain qu’elle aimerait. Enfin, j’aidai l’Ygdraë à cacher le sien dans le petit jardin de ses parents, m’appliquant à donner à notre acte des allures de mission secrète et d’aventure.

Dans la soirée, je commençai à réunir mes affaires. Je quitterai Avalon demain.

1628 mots
Merci Kyakyo
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Jeu 25 Juil 2019, 21:55


« Hé ! Faites un peu attention, espèce d’ours ! » Mes yeux tombèrent sur la frimousse enragée d’une jeune femme aux boucles blondes. Elle me détaillait avec rage, un éclat meurtrier au fond de ses prunelles claires et perçantes. Elle paraissait furieuse, comme si j’avais insulté ses parents ou tué son chat. Je n’avais cependant pas le souvenir d’avoir commis le moindre meurtre au sein de la gent féline, ces derniers jours. Je ne touchais pas les minous en plus. Jamais. Pas les minous. Enfin … Mise à part …  « Gros rustre ! » hurla-t-elle presque en s’agitant dans tous les sens, me coupant dans mes réflexions hautement philosophiques. Elle semblait attendre un geste ou un mot de ma part. Mais quoi donc ? Des excuses sans doute. Toutefois, je n’avais aucune idée de la raison de sa fureur et je me contentais de l’observer, le regard un peu vague. Elle était vraiment minuscule, cette fille. Mais étrangement, nous étions à la même hauteur. Je méditais vaguement sur cette bizarrerie, sans vraiment me soucier des vociférations orageuses de la petite teigne à couettes. « Je vais le dire à mon fiancé ! Il vous fera payer cet affront ! » Elle pointa un doigt hargneux dans ma direction et l’agita frénétiquement sous mon nez. « Vous n’êtes qu’une brute ! Malpoli en plus ! Malotru ! » Elle n’arrêtait pas de piailler et commençait sérieusement à me filer la migraine. Je me mis à envisager la possibilité de la noyer dans la fontaine la plus proche. La mégère, toujours aussi déchaînée et passablement agacée par mon mutisme prolongé, me dévisageait comme si elle voulait m’arracher les yeux. Pourquoi mes yeux ? Mes pauvres yeux ! Ils n’avaient rien fait. Si je devais prendre en grippe une partie de mon anatomie, il s’agirait plutôt de mes pieds. Ces traîtres avaient leur propre volonté, ces derniers temps. Ils auraient bien mérité une punition. Enfin, je finis par remarquer que la harpie se tenait la cheville et qu’elle était anormalement gonflée. Quant à moi, j’étais au beau milieu d’un chemin, par terre, sur les fesses. Un mystère de résolu ! Mais qu’est-ce que je fichais par terre ? « Hé ! » s’impatienta le monstre à froufrous. « Vous êtes … Un Magicien, non ? » pesta-t-elle. Oh oh … Je faisais vraiment une belle réputation à ce peuple avec mes frasques. Ils devaient m’adorer dans le Gouvernement. J’étais un comte en plus ! Un véritable modèle pour toute la jeunesse aristocratique de cette race. Merci Edwina hein. « Non. » répondis-je. Ma voix était étrange. J’avais l’impression de devenir de plus en plus ivre, simplement en respirant mon haleine chargée d’alcool. Un cercle vicieux. « Je suis le Sin Luxinreïs, Souverain d’un Peuple de Voyants et de Sages qui contemplent le monde et visualisent les secrets du Temps. » Elle eut un hoquet mauvais. « C’est cela oui ! » Zut. Elle ne me croyait pas. A quoi bon garder le secret : personne ne me prend au sérieux quand je dis la vérité. Même s’il devait être compliqué de donner du crédit à un ivrogne affalé sur la voie publique en fin de matinée et qui bégayait tous les deux mots. Mais quand même ! « Soignez moi ! » exigea-t-elle en pointant ses pieds. « Elle va se calmer la petite chèvre qui parle ! » Elle me renvoya un regard offusqué. « Comment osez-vous ! Vous savez qui je suis ? » Je haussai les épaules. « Non. Enfin … Si, en réalité. Mais je m’en fou. » Elle tapait du pied - celui qui allait bien mais plus pour longtemps vu son acharnement - comme une dératée. « Je vais le dire à mon père ! » - « Le papa … le copain … Dis donc, Machine, en plus de pas avoir inventé la poudre à couper l’eau chaude, on peut pas dire que tu t’étouffes de courage. » Elle ouvrit la bouche, médusée par le terme que j’avais employé à la place de son prénom. « Je vais appeler les Gardes ! » s’écria-t-elle en posant les poings sur les hanches. Elle voulait avoir l’air impressionnante. Mais on aurait dit une dinde à perruque. « Je t’en prie, petite pintade rôtie. Je suis certain qu’ils adorent être dérangé pour une simple bousculade. » C’était sûrement ce qu’il s’était passé, non ? Je ne devais pas regarder où je marchais et les orteils délicats de cette pimbêche se sont retrouvés sous mes semelles. J’en convenais néanmoins : ça devait faire mal. Je ne chaussais pas du trente-six. « Vous ... » Elle voulait me la mettre à l’envers, la bourgeoise. C’était évident. Je la coupais : « Oh oh oh ! Tout doux, bretzel ! C’est pas au vieux mage qu’on apprend à faire sa blondasse ! Peut-être qu’on te donne le bon Sympan sans prétention dans ta famille, mais les autres ne te croiront pas sage comme un chiffrage ! » Elle me scruta longuement, avant de lâcher un « Hein ? » entre ses dents serrées. Je me relevai avec toutes les peines du monde. Je me mis à tituber jusqu’à un banc, sous les élucubrations délirantes de la petite qui ne voulait pas me laisser filer mais qui s’interrogeait manifestement sur mes capacités mentales. Elle n’était pas sûre que ça soit une idée lumineuse de me suivre.

« Vous allez bien, monsieur ? » s’enquit une petite voix de crécelle. Encore un monstre à couettes ! Mais celui là avait l’air sympathique. Trempé, avec des couleurs partout sur la tronche, mais sympathique. « Humpf. » marmonnais-je simplement. En réalité, j’avais dis “oui, merci beaucoup” mais mon grognement d’ours mal léché ne ressemblait pas à grand chose. « Vous êtes ivre. » Ce n’était pas une question. Une gamine de huit ans me renvoyait dans la face que j’étais bourré comme une autruche avant dix heures du matin. Ça fait un peu mal à l'orgueil, quand même. Pas à la fierté, ma chaussette gauche devait en avoir davantage que moi. Et cette chaussette était trouée ! Je le savais. Je le sentais. Sale bête ! J’enlevais mes chaussures en six temps quinze mouvements, avant de m’emparer de la criminelle et la réduire en charpie, sous le regard mi-intrigué mi-sceptique d’une enfant qui ne me connaissait ni de Jun ni de Vanille. La petite fille finit par détaler à vive allure avant de revenir avec un œuf, qu’elle glissa doucement dans mes mains tremblantes. « C’est pour toi. Tu en as besoin. Le casse pas ! » Tiens, on passe au tutoiement ? Je l’aimais bien, cette gosse. « Moh ! Un vrai petit trognon de pomme. J’ai envie de t’adopter. Tu as des parents ? Hum … Oui … Bon … Tu les aimes tes parents ou ça ne te dérange pas trop que je les épluche et les hache en fine julienne ? » Elle gloussa, un grand sourire aux lèvres. Ça la faisait rire ? Tant mieux. J’étais sérieux, moi. « Tu viens jouer avec moi ? » me demanda-t-elle en me tendant sa petite main potelée. « Une autre fois. Un jour où je tiendrai sur mes pieds. » Outch … Pauvre enfant. Elle n’allait pas me revoir si ci-tôt si je restais sur cette condition. « Croix de bois, croix de fer ? » Elle me présenta son petit doigt et je glissai le mien. « Si je mens, je coule les affaires. » - « T’es marrant toi. » - « Bon … Et tes pa ... » - « Non. » Tiens ? Je connaissais ce timbre mélodieux qui venait de me couper avec autorité et fermeté ! Je me retournai pour contempler le délicat visage de mon épouse, qui me considérait avec bienveillance et un poil de gravité. « Je crois que je vais passer un sale quatre-quart. » - « Elle est magnifique ! » s’émerveilla la petite. « Oui, et c’est ma femme ! » J’aurai bien ajouté qu’elle aurait pu l’avoir pour maman, mais je ne pensais pas que ce trait d’humour allait faire mouche. Elle était là pour ça. Ils avaient dû paniquer, à Lua Eyael, en voyant que j’envisageais de réduire en tartare de parfaits étrangers, simplement pour adopter leur fille. « Viens, Caleb. » souffla-t-elle en me prenant le bras. « J’en connais un qui va se faire tirer les oreilles ! » se moqua la petite Déchue, tandis que je m’éloignais. Je lui répondis, haut et fort : « Pas que ça, j’espère ! » Autant dire que le taquet que je me pris à l'arrière de la tête était amplement mérité.

Mes doigts s’acharnaient à masser mes tempes. C’était une première … La première fois que j’avais bu au point d’oublier presque quarante-huit heures de mon existence. Je me forçais au calme et à la détente, et surtout à ne pas trop regarder du côté de mes visions. J’avais jeté un petit coup d’oeil dans ce passé honteux, et je n’étais pas certain de vouloir connaître tous les détails de mes excentricités alcoolisées. « Caleb ... » - « Oui, je sais. Pardon. » J’étais un mauvais mari. Un mauvais père. De manière générale … Une mauvaise personne. C’était de pire en pire. Je me laissai tomber contre le petit corps frêle de mon épouse, qui referma doucement ses bras autour de moi tandis que je cachais mon visage dans son cou. J’étais pitoyable. « Non. » murmura-t-elle. Elle n’avait pas besoin de savoir lire dans les pensées pour connaître les miennes.

C’était peut-être vrai. J’étais simplement malheureux.

1 500 mots - Merci :)
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Lun 02 Sep 2019, 15:08


Claire n’avait pas réellement compris comment elle avait atterri ici. Elle n’avait même plus envie de se lever de son lit, tellement sa vie n’avait plus aucun sens.

Évidemment, elle avait fait un peu de progrès. Après tout, elle était arrivée à Avalon. Elle devrait sûrement trouver son maître ici. Du moins, c’était ce qu’elle espérait. Mais les journées étaient longues. Elle avait l’impression de vivre avec une constante déception et un sentiment d’échec qui ne lui faisaient plus voir les choses très clairement. Elle aurait aimé que cela soit plus facile. Elle en était même venue à se dire que son énigme – celle qu’elle réservait à son Maître – n’était peut-être pas assez bien, qu’elle pourrait trouver mieux … Et en même temps, rien ne venait. Elle en était à penser qu’il serait peut-être mieux de donner une énigme au premier venu qu’elle croiserait afin d’appartenir enfin à un Maître. La vie sans Maître était vraiment trop difficile à vivre !

Claire était rongée de l’intérieur par ses propres démons et en oubliait presque de rechercher activement son Maître. Le premier jour de son arrivée, elle avait fait des recherches dans quelques tavernes. Mais, au fur et à mesure de son enquête, elle avait rapidement renoncé à poser des questions. On lui avait alors parlé des påfugls et de leur traversée d’Avalon. Cela ne lui avait fait ni chaud, ni froid. Pourtant, elle aurait dû, rien qu’à leur évocation, être surexcitée ! Elle avait déjà lu sur ces animaux dans ses livres à Maëlith. Elle s’était imaginée leurs plumes colorées et chatoyantes ! Jamais, elle n’avait cru alors, pouvoir avoir potentiellement la chance d’en apercevoir un ! Mais ces derniers jours, elle n’avait plus goût à rien. Même la pensée d’entrevoir un de ces précieux volatils ne l’émouvait plus. Claire avait la perpétuelle impression de voguer dans des eaux troubles. Elle était perdue. Comme si elle passait à côté de sa vie, sans pouvoir en prendre réellement part. Elle n’était que témoin des actions de son corps – se lever, marcher, manger, dormir – sans que celui-ci n’y prenne le moindre plaisir. Claire, se rendait pourtant compte que son être était en train de s’éteindre. Mais que pouvait-elle y faire ? Seul son Maître pouvait remédier à ses maux ! Et pour l’instant, elle ne savait pas où il se trouvait. Elle était seule. Et cela la tuait à petits feux.

Quelqu’un lui avait demandé d’aider quelques enfants du voisinage pour la décoration de leurs œufs. Elle avait failli refuser, puis s’était résolue. Il fallait qu’elle sorte dehors. Sinon comment retrouver son Maître ? Alors, elle s’était retrouvée là. Assise à une table entourée d’enfants. Dans des jours meilleurs, elle aurait pu aisément trouver cette situation plus qu’enviable. Mais aujourd’hui, elle n’attendait qu’une chose : que les enfants aient fini le plus rapidement possible leur décoration pour qu’elle retourne dans sa petite chambre à broyer du noir.

« Regardes ! C’est beau hein ? » demanda un petit garçon, la mine joyeuse, tirant ainsi Claire de ses sombres réflexions. Elle ne répondit que par un haussement d’épaules, ce qui fit perdre toute jovialité du visage du garçonnet. Claire sentit une pointe de remord percer son cœur. Pour se faire pardonner, elle décida de prendre l’œuf que lui présentait l’enfant afin de le détailler sous toute les coutures. Puis après quelques secondes, elle leva les yeux vers le garçon et étira ses lèvres. « Oui, tu as raison, c’est joli ! Mais je crois que tu as oublié ce petit morceau-là, regardes. » Alors, elle lui montra une partie encore incolore. Les joues du petit rosirent et il s’empressa de reprendre son œuf afin d’y ajouter les dernières touches de couleurs. « Je mets du bleu ? Ou du jaune ? Oh et regardes cette couleur là ? Tu as vu ? Je mélange celle-là et celle-là et … voilà ! Je vais mettre celle-là ! Hein ? C’est bien, non ? » Claire hocha la tête. Elle aurait aimé être aussi gaie que son compagnon, mais elle n’arrivait pas à forcer son sourire plus de quelques secondes. « Pourquoi tu es triste, hein ? » Elle sursauta à sa question. Elle ne s’attendait pas à ce qu’un jeune enfant voit aussi clairement en elle. « Je ne suis pas vraiment triste … Enfin peut-être que je le suis un peu. » lui répondit-elle mélancolique. « En fait, c’est comme si j’avais perdu quelque chose, mais que je n’arrivais pas à le retrouver. Et cela m’embête beaucoup ! » Le garçonnet hocha la tête énergiquement. « Oui ! Moi aussi, ça me le fait quand je perds un de mes jouets préférés ! Des fois, je pleure pendant longtemps ! Je suis très triste parce que je ne jouerais plus avec lui … et parce qu’en plus c’est de ma faute, parce que c’est moi qui l’ai perdu ! Si tu veux je pourrais t’aider à retrouver ce que tu as perdu, si tu veux ! » L’orine sentit alors des larmes lui venir aux yeux, qu’elle s’empressa d’essuyer d’un revers de la main. « Ne t’inquiètes pas. Ça va aller. Je dois juste retrouver quelqu’un de très important pour moi. J’y arriverai. J’espère. » Le petit garçon se leva et entoura Claire de ses bras. Le câlin dura quelques secondes avant que le petit ne se sépare de l’orine. « Je suis sûr que tu y arriveras ! Tiens, je t’offre mon œuf ! J’espère qu’il te portera chance ! » Claire attrapa l’œuf décoré qu’il lui tendait et le remercia dans un souffle. Elle aussi l’espérait. Même si elle doutait qu’un simple œuf puisse lui permettre de trouver la trace de son Maître. Il aurait été plus facile qu’elle pose son énigme à un inconnu. Ainsi, elle serait liée à quelqu’un et pourrait enfin vivre pleinement sa vie.  Jour après jour, elle avait de plus en plus de doutes. Peut-être qu’elle n’y arriverait jamais !

Elle posa l’œuf sur la table et avec un air de défi elle demanda : « Quel est ton prénom ? » « Julien, mademoiselle ! » Il lui fit un grand sourire, qu’elle s’empressa de reproduire, espérant que le sien soit aussi éclatant que celui de l’enfant. « Est-ce que tu aimes les devinettes Julien ? » « Oh, oui ! J’adore ça ! » lui répondit-il en riant. « Alors, j’en ai une pour toi ! Et si tu réponds correctement, je pense que cela m’aidera à être moins triste ! Tu veux bien m’aider ? » « Bien sûr ! … Mais, et si je me trompe ? Tu resteras triste alors ? » « Ne t’inquiètes pas, je ne serais pas vraiment triste ! En plus, j’ai ton œuf maintenant ! » « D’accord ! Je suis prêt ! » « Très bien, écoutes bien. » L’enfant hocha du bonnet avant de mettre sa tête entre ses mains d’un air concentré. Claire sourit « Mon premier est bavard. » « D’accord. » « Mon deuxième est oiseau. » « Mmh mmh ! »« Mon troisième est chocolat.  Et mon tout est une pâtisserie ! » « C’est une charade facile ? » « Je ne sais pas, mais essaie de me donner une réponse. » « Alors … Bavard ? … Une pie ? … Mais ça va aussi avec oiseau ! Mais chocolat ? … Et c’est une pâtisserie. Est-ce que c’est une pâtisserie que je connais ? En plus, j’adore le chocolat ! Bon, attends, je réfléchis ! Piplette – Pie – … Je ne sais pas … Un gâteau qui commence par pie … Une pièce montée ? Mmh … C’est ça ? Ca se trouve il y a un oiseau qui s’appelle èce ou èce-mon… Après, c’est dur de trouver un synonyme de chocolat ! Thé ? » Claire écoutait ses paroles d’un air amusée. Le fait d’avoir formulé son énigme à haute voix, l’avait galvanisée un peu. Lui rendant un peu d’espoir. Si jamais le petit devinait la bonne réponse, elle aurait enfin trouvé son but. « Bon allez, je ne sais pas … je dirais pièce montée ! Je ne vois pas d’autres réponses ! C’est ça hein ? » « Je suis désolée Julien, mais ce n’est pas la bonne réponse ! » Le petit éclata alors en sanglot. « Mais pourquoi pleures-tu ? » « C’est trop injuste !!! Maintenant, tu vas rester triste ! A cause de moi ! »

1311 mots.
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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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Kitoe
Mar 03 Sep 2019, 20:49

Weena1408 mots
L'Etesia Muna
Weena appréciait les fêtes pour deux raisons. La première, c’était qu’elle aimait faire la fête et s’amuser. La deuxième, c’était que durant ces périodes, les gens devenaient généralement plus enjoués et généreux, et qu’elle pouvait donc s’approprier un certain nombre de choses sans que cela ne pose trop de problème. Mieux, on donnait, et ce simple mot lui donnait des papillons dans le ventre. L’Etesia Muna, elle, avait l’avantage d’avoir quelque chose en plus qui la rendait particulièrement appréciable : des œufs porteurs de chance ou de fortune. C’était pourquoi Weena était très excitée aujourd’hui. Également un peu nerveuse, elle s’était permise d’aller boire un coup ou deux chez un ami avant de partir assister à l’évènement. Ce n’était pas beaucoup, juste de quoi raviver sa motivation. Vu de l’extérieur, la Déchue paraissait encore sobre. Il fallait qu’elle le soit pour remplir son objectif : obtenir l’un de ces fameux œufs directement auprès de ceux qui les décoraient : les enfants. Elle déambulait donc dans les rues d’Avalon, et ses yeux se posaient sur toutes les personnes qui se trouvaient être plus petites qu’elle.

-Hé ! Toi !

A vrai dire, elle en croisait régulièrement, mais elle peinait à les intercepter. Souvent, ils étaient déjà pris dans leur course et la considéraient à peine, noyée dans une masse d’adultes qui ne les intéressaient pas. Weena, elle, se demandait plutôt si elle n’avait pas trop bu, car si on ne voulait pas lui parler, c’était qu’elle devait faire peur. Pourtant, elle faisait tout pour avoir l’air gentille. Elle marchait droit et calmement, était correctement coiffée et habillée, et souriait de manière abusive.

-Hé ! Toi ! Hé, petit garçon.

Elle l’attrapa par l’épaule. Elle commençait à en avoir marre de ne pas obtenir ne serait-ce qu’une courte réponse de leur part. Un sourire en retour, un « bonjour » ou un « désolé » aurait suffi à entretenir sa patience. Pourquoi étaient-ils tous si malpolis alors qu’on était un jour spécial ? Sa théorie était-elle si bancale que ça ? Weena soupira. Ça ne faisait rien. Ce gosse-là n’avait pas cherché à se défaire de son emprise, alors elle pouvait faire avec lui. Doucement, elle s’accroupit pour être à son niveau. Ses lèvres s’étirèrent de plus belle et dévoilèrent ses dents.

-Heyyy, c’est un joli œuf que t’as là. C’est toi qui l’as décoré ?

-Ouais, répondit l’enfant qui tenait soigneusement son œuf entre ses deux mains, comme une poule protectrice.

-Oooh mais c’est super ! Tu peux me le passer pour que je vois ?

-Non.

Il referma ses paumes pour le cacher entièrement et le colla contre son ventre. C’était comme s’il était prêt à se jeter à terre pour le protéger. Weena se demanda s’il aurait réagi de la même manière si un dragon s’était pointé en ville dans le but de tout cramer. En tous les cas, elle commençait déjà à avoir un problème avec lui. En fait, elle venait de se souvenir qu’elle avait un problème avec les enfants en général. Elle eut un petit rire nerveux.

-Oooh, hm… et pourquoi ?

-Parce que vous avez dit que je suis un petit garçon. Mais moi, je suis un grand !

Weena le considéra de la tête aux pieds. Selon elle, il s’agissait bien d’un petit garçon – en plus, il était plus petit qu’elle, ce qui faisait officiellement de lui un nain. Si elle ne fit aucune remarque, on lisait cependant clairement son incompréhension. Qui avait dit que la vérité sortait de la bouche des enfants ?

-J’ai huit ans ! Rajouta-t-il, un peu vexé. Décidément, ces adultes le prenaient tous de haut.

-Hmmmoui, c’est bien ce que je me disais. Mais c’est bien comme âge, huit ans, hein. C’est bien. Bon. Tu me montres ton œuf ? Non, passe-le-moi, je vois pas bien sinon. C’est terrible les yeux quand on vieillit, hein. Tu devrais faire attention. Surtout, ne fixe jamais le soleil. Ça rend aveugle. Enfin, fais ce que tu veux. Bref. Tu me le passes ?

-Non.

-Mais pourquoi ? Je te dis, c’est bien huit ans. Oui, t’es un grand si tu veux. Disons que tu es plus grand qu’un enfant de sept ans. Mais tu seras encore plus grand si tu me passes cet œuf.

-Non. Vous voulez me le voler.

-Quoi ? Ehm, je veux dire : QUOI ? Non ! Non non non, je ferais jamais ça, voyons. Tu me prends pour quoi, toi, une Déchue de l’Avarice peut-être ? Hahaha…

-Bah oui, exactement.

-Ha ! Bah super… Et après tu veux que j’avoue que t’es grand ? Elle soupira. Ça ne servait à rien, elle allait s’énerver et il ne lui donnerait jamais cet œuf. Bon, c’est pas grave, garde-le ton œuf. Mais il est beau, tu sais, vraiment. Du coup, faut que tu le donnes à un chouette type. Tu sais à qui tu comptes le donner ? Il s’apprêtait à acquiescer, mais elle le coupa. Non ? Oh, comme c’est dommage. Je connais quelqu’un qui mériterait bien ce magnifique œuf et la fortune qu’il lui apportera. Donc je t’indique où c’est : tu continues tout droit et tu tournes à droite dans la rue, là-bas. Ensuite c’est à gauche, et au bout, c’est la maison du coin de rue à droite. Tu verras, c’est facile. C’est un type très sympa, tu peux me croire. Parole de personne honnête.

Il y eut un court silence. Le garçon semblait réfléchir, sceptique.

-C’est votre maison ?

-Hein ? Noooonn, pas du tout ! Non, c’est la maison d’un Déchu de… de la flemme, comment on dit déjà… euh… de la Paresse ! Voilà. Il s’appelle… Aaaa… Harold, et il dort tout le temps, il sort pas beaucoup, tu vois. N’essaies pas de frapper à la porte, comme la plupart du temps il dort… il n’ouvre pas.

-Comment vous le connaissez alors ?

-Hein ?

-Bah s’il sort jamais, vous pouvez pas le connaitre.

-Eh, oh, j’ai dit qu’il sortait pas beaucoup, pas pas du tout. Et puis, moi je l’aide. Je fais ses courses pour lui, et tous les autres trucs qu’il a la flemme de faire. C’est pour ça que je suis souvent chez lui. T’façon, il peut pas faire grand-chose parce que… parce qu’il est gros. Il peut pas trop bouger, tu vois.

-Mais du coup, en quoi il est gentil ?

-Bah… Parce que. C’est pas parce qu’il est gros et flemmard qu’il est pas sympa, c’est quoi cet amalgame à la noix ? C’est qui qui t’as appris ça ? Il est sympa, c’est tout. Eh, tu poses beaucoup de questions, je trouve, hein ? C’est chiant, tu sais, haha…

-Il faut bien que je connaisse celui à qui je dois donner mon œuf.

-Ouais, bah en attendant, joue pas au plus malin avec moi. Allez, vas-y, ça lui fera plaisir.

-Mais pourquoi ça vous tient autant à cœur ? Vous avez qu’à le faire, vous.

-Mais parce que je suis une adulte, moi, je peins pas des œufs. Et j’y tiens parce que je tiens à ce type, parce que je suis gentille et soucieuse du bonheur des autres.

L’enfant la dévisagea comme si elle venait de sortir la pire ânerie possible. Il rit. La mine de la jeune femme se décomposa. Elle avait des crottes dans les yeux ou quoi ?

-Qu’est-ce qui te fait rire ?

-Vous mentez vraiment mal. Et vraiment beaucoup ! T’façon, vous l’aurez pas mon œuf parce qu’il est réservé pour la maîtresse de mon pa-paaa ! Lalalaaa !

Le gamin se dégagea, lui tira la langue et reprit sa route. Toujours accroupie, Weena resta bouche bée une seconde. Elle pivota sur elle-même et s’élança à sa poursuite. Elle voulait le rattraper et continuer de négocier. C’était peine perdue, mais elle s’en foutait. Elle était trop têtue, et elle voulait avoir le dernier mot avec lui. Quant à cette histoire d’œuf, elle en obtiendrait un, quoiqu’il arrive. La jeune femme appela le garçon. Elle ne connaissait pas son nom, alors ses appels n’étaient composés que d’une succession de « hééé ! ». Lorsqu’il remarqua qu’elle le suivait, le garçon rit encore et se mit à courir à une vitesse dont seuls les enfants ont le secret. La blonde voulut le poursuivre, mais il avait déjà tourné au coin de la rue avant de se volatiliser dans la foule. Déjà essoufflée, Weena scruta la masse grouillante de Déchus. Merde.



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Mer 04 Sep 2019, 21:48

June
L'Etesia Muna
C’était qu’ils allaient finir par la réveiller à faire du bruit comme ça, les gens ! June gémit. C’était malin, ça. Ces gens n’avaient aucun respect pour le repos d’autrui.

-C’est bon ? Tu reviens sur terre ?

-Hhhmmmmmmguoi ?

Debout près de la fenêtre qu’il venait d’ouvrir, Cole regardait la Déchue émerger de sous son épaisse couette. La scène le partageait entre l’ennui – car c’était presque tous les jours comme ça – et l’amusement – car il fallait admettre qu’il la trouvait mignonne, malgré son hygiène de vie déplorable. Lui était toujours impeccable. C’était ce qui les opposait le plus.

-Je sors, tu dors, et quand je rentre, t’as pas bougé. J’ai pas compté, mais je pense que tu es couchée depuis un peu trop longtemps. Et puis il faut que tu aères, je t’ai dit, ou ça va sentir la vieille laine de Wëltpuff dans toute la pièce. Tu sais quoi ? J’envisage de plus en plus de t’acheter un chien. Comme ça, tu serais contrainte d’aller le promener et de t’en occuper.

-Le chien dormirait avec moi dans ce lit. Cole fit une grimace. Et j’ai déjà aéré tout à l’heure, quand t’étais pas là. Je te jure, je me suis levée et j’ai ouvert la fenêtre. J’ai attendu deux minutes, et après j’ai refermé pour pouvoir retourner dormir et pas être embêtée par le bruit des passants. Et toi, toi tu entres dans ma chambre tel un intru, puisque c’est ce que tu es, un intru, et pouf, tu fais tout ce qu’il faut pas faire ! Tu entends tout ce bruit, dehors ? Ça braille de partout ! Rholalaa… Et d’ailleurs, tu me croiras jamais, mais y’avait des oiseaux multicolores dans le ciel ! C’était beau, au début je croyais que c’était un rêve, mais en fait non. Je me suis pincée trois fois pour être sûre. Je te dis, t’as manqué quelque chose.

Cole afficha un sourire amusé que sa colocataire ne remarqua pas. Cette dernière était trop occupée à sortir de sa torpeur. Quant à lui, il décida de jouer le jeu. Evidemment qu’il les avait vu. A moins de rester cloîtré chez soi, il avait été impossible de les louper. Il était d’ailleurs étonné que June les ait aperçus. Elle avait eu de la chance.

-Ah bon ? Et qu’est-ce que c’était à ton avis ?

-Tu sais, en me couchant, j’ai eu l’occasion de réfléchir un peu. Des oiseaux comme ça, ça se trouve pas n’importe où. Je veux dire, ils étaient vraiment beaux, j’ai jamais vu un truc pareil. Donc, je pense que c’était une intervention divine.

Cole se retînt de rire. A vrai dire, il n’avait pas pensé qu’elle puisse partir aussi loin. Son imagination l’étonnait toujours. Il fallait croire qu’il ne parvenait pas à se défaire de ce préjugé qui disait que les Paresseux étaient particulièrement lents d’esprit. A vrai dire, au moins dans le cas de June, c’était l’inverse : elle redoublait d’imagination, surtout lorsqu’il s’agissait de s’économiser.

-Une intervention de qui ? Et pourquoi ?

-J’en sais rien, comment veux-tu ? Je suis pas prêtresse.

June avait enfin trouvé le courage de s’assoir. Cole croisa les bras, appuyé contre le mur. Dommage. En attendant, sa réponse lui montrait bien qu’elle était complètement à côté de la plaque. Il se demandait si elle s’en rendait compte. La réponse était probablement non, et il ne savait pas si c’était triste ou si c’était mieux comme ça.

-Tu ne te sens pas seule, parfois ?

-Si, ça m’arrive. C’est un peu triste, mais dans ces moments-là je dors et après ça va mieux.

Il ne put se retenir plus longtemps et éclata de rire. C’était autant drôle que nerveux. La rousse le dévisagea sans comprendre. Il était un peu bizarre des fois.

-Tu n’es vraiment pas au courant ?

-De quoi ?

-C’est l’Etesia Muna aujourd’hui.

-Le quoi ?

-Tu ne connais p-…

-Hé oh, calmos, je te rappelle que je suis nouvelle ici, je connais rien à Avalon.

-Déjà, ça fait quelques mois que tu es ici, et on doit bien le fêter au-delà des murs de la ville, non ?

Pour toute réponse, June haussa les épaules. Cole plissa les yeux.

-Mais d’où est-ce que tu sors, June ?

Elle haussa de nouveau les épaules et se leva. Ce dernier geste surprit le brun de par son dynamisme, lui faisant oublier la question qu’il s’était apprêté à lui poser : que faisait-elle avant qu’il ne l’héberge ? Ils n’en avaient jamais parlé, et plus ça allait, plus ça intriguait l’homme. C’était comme si elle était apparue au beau milieu de la capitale, un jour, juste comme ça et sans aucune autre explication.

-Bon, il est l’heure du petit-déjeuner. Et dis-moi, c’est quoi cette histoire d’Etesia truc ?

-D’une, on est en début d’après-midi, et de deux, si tu sortais un peu plus, tu pourrais être au courant de ce genre de choses, en plus d’éviter de t’endormir à cause de ta solitude.

-Rhoooo ça vaaa, les normes, les normes, les normes… Elle leva ses mains devant elle pour former un carré, censé symboliser lesdites normes. Si on n’a même pas le droit de manger quand on veut, autant repartir se coucher tout de suite. Et puis arrête de critiquer mon péché, toi t’arrête pas de cuisiner, t’es pas souvent là parce que tu travailles dans un restaurant, et je suis pas en train de te faire la remarque à tout bout de champ.

-La cuisine c’est mon métier, et il me semble que t’en profite bien. Alors que moi, qu’est-ce que j’y gagne, quand tu dors ?

-La paix. Et qu’est-ce que ça peut te faire, je dérange personne. C’est toi qui viens inventer des problèmes qui n’existent pas en essayant de me sortir de ma zone de confort. C’est facile, ça, toi t’es parfaitement dans ta zone de confort avec ton travail. Et moi, j’ai pas le droit, c’est ça ?

-Parce qu’on vit sous le même toit, et que cela exige un minimum de participation à la vie commune de ta part. Notamment, payer une partie du loyer. T’as trouvé un boulot, d’ailleurs ?

-… Du coup c’est quoi l’Etesia machin ?

-C’est bien ce qu’il me semblait. L’Etesia Muna, c’est le début de la saison des moissons. C’est aussi la période de migration des påfugls, les oiseaux multicolores que tu as vus ce matin…

Il expliqua les autres caractéristiques de l’évènement. Pendant ce temps, June avalait son repas. Cole se demandait si elle écoutait vraiment, mais choisit de faire comme si c’était le cas. Tant pis pour elle, il ne répèterait pas.

-… Tu n’aimerais pas sortir pour l’occasion ?

June soupira. Elle sentait dans le regard insistant de son ami qu’elle n’avait pas le choix. Elle soupira une seconde fois, plus bruyamment, et reposa lourdement son bol sur la table.


-Bon, d’accord. Finit-elle par lâcher sur un ton exaspéré.

Satisfait, Cole n’attendit pas une seconde de plus pour l’entraîner à l’extérieur. Comme à chaque fois, June se sentit transportée dans un tout autre monde : grand, aéré et changeant. Contrairement à ce qu’elle pouvait laisser penser, elle ne le détestait pas. En réalité, les deux seuls soucis qu’elle lui trouvait étaient qu’il n’y avait pas de lit, et qu’il y avait parfois trop de monde, ce qui avait tendance à la rendre mal à l’aise et à la fatiguer. En l’occurrence, c’était ce qu’elle craignait le plus actuellement. Les rues étaient en effet très animées, et elle comprenait mieux pourquoi le bruit extérieur l’avait réveillée. Cole tenait la jeune femme par le bras. Il l’entraina encore avec lui. La ville était bien plus colorée que d’habitude. Il y avait aussi ces enfants qui couraient dans tous les sens et qui étaient recouverts de poudres chatoyantes. On jouait de la musique et les marchands criaient parfois pour attirer la galerie. Certains faisaient des offres exceptionnelles pour l’occasion, ce qui émoustillait tout le monde et formait des attroupements çà et là. June, elle, ne faisait qu’observer, les yeux grands-ouverts dans leur mi-clositude permanente. C’était joli, c’était cool, mais c’était trop stimulant. Ses jambes, peu habituées à l’exercice étaient déjà molles, et ses paupières lourdes.

~1367 mots~

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Jeu 05 Sep 2019, 22:19




L’Etesia Muna

# À la recherche de la vérité



« Donc, j’irais chercher avec Edmund le lieu de séance de ce « Sérieux et Grand Chaman » Bitem tandis qu’Hiddleston et toi irez voir du côté de la salle de réception? »

Isley confirma d’un signe de la tête, se tournant vers nos deux camarades, entraînés par infortune dans cette pseudo-enquête que désirait mener mon frère. Après, il semblerait que je lui crache dessus, mais je devais accorder du crédit à son raisonnement. Je m’étais endormi la soirée où il m’avait détaillé le fil logique de sa réflexion, mais plus tard, dans la même journée, nous nous étions rassemblés tous les quatre dans la chambre d’auberge de Bouton d’Or que je partageais momentanément avec Isley pour le temps du séjour. Là-bas, il nous avait expliqué ses craintes, ses suppositions, alors que les soldats Rogue et Locke entendaient, pour la première fois, l’histoire rocambolesque de notre passé commun avec ce renard de Pendrake Hrafninn.

« Il se terre et attend l’heure propice pour frapper. C’est un homme aussi sournois qu’intelligent… et exaspérant. »

L’irritation pouvait se lire dans les yeux et sur le visage de mon jumeau. Ce qu’il ne comprenait pas, surtout, c’est pourquoi Pendrake décidait de se montrer maintenant? Non loin de notre position, alors que nous traversions les Halles des Titans tout en grignotant des biscuits secs de nos réserves, l’élévation d’une voix attira soudainement notre attention, de l’autre côté de la rue.

« Hé! Fais attention quand tu cours, p’tit! »

Un homme avait rapidement contourné son stand pour s’approcher d’un enfant qui, dans une précipitation toute juvénile, avait renversé intégralement l’une de ses caisses de marchandise. Bourru, l’homme avait déjà commencé à tendre sa main pour attraper le petit qui, insolent, lui tira la langue avant de filer à grande vitesse dans les airs, déployant sa paire d’ailes noires pour quitter rapidement les lieux de son crime. À ce constat, le marchand poussa un soupir d’exaspération, sans pour autant décomposer le sourire qui flottait légèrement sur le coin de ses lèvres. En levant les yeux au ciel, son sourire nous parut, par ailleurs, s’agrandir.

« Pas surprenant qu’elle ait été aussi excitée, la demi-portion! S’exclama-t-il avant de se pencher pour ramasser ses oranges, qui s’étaient éparpillées un peu partout sur l’allée.

- Besoin d’un coup de main? »

Le primeur releva la tête, s’attardant quelques secondes sur le sourire que je lui adressais.

« Merci! Les gamins sont intenables à ce moment-ci de l’année.

- Je vois ça… Et ces créatures en sont sûrement la cause », dis-je en levant les yeux vers le firmament.

D’un bleu clair parsemé de quelques nuages, il était possible de distinguer, dans le ciel, les grandes silhouettes élancées d’oiseaux aussi impressionnants que colorés. Des couleurs chaudes caractérisaient en majorité leur plumage, nous donnant l’impression qu’une traînée de feu perçait l’air à toute vitesse. Je les contemplais quelques secondes fendre les cieux de leurs ailes, les énormes plumes d’un bleu violacé, qui coiffaient leur queue, se laissant doucement porter par la brise du vent.

« Comment s’appelle ces oiseaux déjà? Des paya... Non, des payu…

- Des påfugls, ce sont des påfugls. »

Mon frère, qui venait de nous rejoindre, hocha vigoureusement de la tête à la réponse du commerçant.

« C’est ça! Des påfugls! »

Edmund et Hiddleston étaient à ses côtés. Tous trois portaient une petite pile d’oranges dans leurs bras, rendant au propriétaire sa marchandise. Ce dernier nous remercia chaudement de l’aide que nous lui avions apportée, nous proposant même de partir avec une orange, pour chacun d’entre nous. Nous réfléchissions quelques secondes avant d’accepter l’offre du commerçant, saluant ce dernier par un vague hochement de la tête. Puis, en esquissant de longues enjambées, nous reprîmes notre chemin au cœur des rues d’Avalon. Nous venions à peine de quitter le champ de vision du primeur que je me permis d’exhaler un soupir entre mes lèvres.

« Dépêchons-nous de régler rapidement cette histoire, d’accord? »

Je n’eus aucune opposition de la part de mes frères d’armes, ces derniers devant se sentir aussi à l’aise que moi dans la ville de tous les Péchés, où la modération n’était connue que des étrangers – et encore, si l’on désirait venir à Avalon, ce n’était certainement pas pour se restreindre dans ses activités. Terminant en quelques bouchées nos portions, nous finîmes par nous arrêter sur le bord de l’allée afin de coordonner nos prochains mouvements.

« Rejoignons-nous à l’entrée de notre auberge au crépuscule, proposa le soldat Locke en posant un regard vers le firmament afin de jauger la position du Soleil.

Nous hochâmes de la tête avant de nous séparer, mon frère et son binôme se dirigeant vers les Quartiers du Centre, dans son secteur sud jusqu’à l’ouest, tandis qu’Edmund et moi concentrerons nos recherches sur toute la zone nord et est du Centre. Après discussion, nous en étions venus à réduire nos recherches à ces secteurs de la cité pour la journée à venir, songeant à rediriger notre enquête vers les Quartiers des Sommets si cela s’avérait nécessaire.

« Isley semble plutôt déterminé à trouver le fin mot de cette histoire… »

Je jetais un coup d’œil en direction de mon binôme, ne pipant mot les premières secondes avant de soupirer et de frotter ma nuque.

« C’est parce que tu ne connais pas cet Hrafninn. Ce que je ne saisis pas, pour ma part, c’est pourquoi Isley ne laisse pas tout simplement tomber? C’est ce que Pendrake veut, après tout, que nous nous engageons dans son jeu.

- Et pourquoi en n’as-tu pas dissuader ton frère?

- Parce qu’il est arrêté sur son idée : il veut retrouver Pendrake et n’en démordra pas, quand bien même ce Réprouvé n’est plus notre problème… Alors autant vérifier et lui donner ce qu’il cherche. Peut-être que ça le calmera. »

Une fois de plus, je soupirais, levant les yeux au ciel.


972 mots


It's a little price to pay for salvation
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[Evénement] - L'Etesia muna Signat20
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Mitsu
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Mitsu
Jeu 05 Sep 2019, 23:40

« Aaaahh… » Le bras d’Héléna courrait le long de son corps. Entre ses doigts, elle tenait un œuf. On le lui avait offert le jour même et elle s’amusait avec. Elle l’avait fait rouler sur ses formes en imaginant les mains raiches de Raeden Liddell sur elle. Il n’y avait pas que l’objet qui lui donnait du plaisir. Elle savait y faire avec ses propres mains. La jeune femme avait beaucoup d’imagination et chaque geste qu’elle pratiquait sur sa plastique était l’occasion pour elle de visualiser ses fantasmes. Il suffisait qu’elle ferme les yeux et sa propre main était remplacée par celle d’un autre. Elle adaptait les mouvements à l’idée qu’elle se faisait de chacun de ses amants factices. Le Monarque Démoniaque avait sa préférence en termes de choses sales et dégradantes. Isiode Yüerell la comblait de son regard froid et de ses mouvements fermes et brusques. La Bûche Sauvage s’occupait d’elle à la perfection, entourant son corps du sien dans un balai de mouvements saccadés et protecteurs. Elle n’avait aucun mal à imaginer la chaleur qu’il dégageait. L’homme était telle une prison merveilleuse et ses deux bras musclés l’empêchaient de partir sans se montrer trop brusques. Kaahl lui attachait les bras pour mieux abuser d’elle pleinement, violent et conquérant. Avec un peu d’effort, elle pouvait sentir une respiration haletante dans son cou. Non… Il y avait réellement quelque chose qui respirait bruyamment à côté d’elle. Héléna se redressa soudain, l’œuf s’éclatant sur les draps du lit après s’être retrouvé entre le matelas et ses fesses. « Non ! » cria-t-elle, contrariée et déçue. Elle y était presque ! Elle allait jouir et… Ce chien, décidemment ! « Priam ! Je t’ai déjà dit de pas monter sur le lit ! » La brune amena ses jambes sur le rebord. Le berger appuya sa tête contre sa cuisse, son souffle venant lui caresser la peau. « Bon… » Il avait vraiment des yeux à croquer. « C’est qui le beau chien ? C’est qui ? C’est qui ? C’est Priam ! C’est Priam le gentil toutou qui va faire les yeux doux à un monsieur pour le ramener dans le lit de sa maman ? Oui ! » Il ne fallait jamais sous-estimer la force d’attraction d’un animal. Le problème, avec Héléna, c’est qu’elle n’était excitée que par quelques hommes en particulier. Elle était donc obligée de faire un effort d’imagination lorsqu’un mâle venait chez elle. S’il acceptait, elle recouvrait son visage d’un sac en tissu. C’était plus facile. Souvent, elle interdisait le moindre bruit, sauf si l’heureux élu avait une voix à peu près similaire à celle de ses fantasmes. Priam remuait la queue, sachant pertinemment que l’heure de la balade avait sonné. La Déchue se rhabilla, sa tenue légère mettant en valeur son décolleté. Ses formes étaient généreuses, ce qui plaisait, généralement. Le tout était facile à empoigner, confortable et appétissant. Elle fixa le chien un moment. « Tu sais, Priam, si jamais tu es un Eversha, ne tarde pas trop à me le dire… » Elle avait toujours rêvé d’avoir un Eversha de compagnie. Elle le traiterait bien… très bien même. Ou un Isiode de compagnie… « Hum. » Elle le voulait à quatre pattes. Elle lui attraperait les cheveux et lui montrerait là où il devait fourrer son nez. Sur ces pensées particulièrement envoûtantes, elle prit la laisse de Priam, l’attacha et sortit dans la rue. Ses yeux bleus-gris se posèrent sur les enfants qui jouaient dans la rue. Elle devait se trouver d’autres œufs. Peut-être serait-il plus opportun d’en prendre en verre, cette fois, avant son grand voyage ? Héléna avait décidé de ça quelques jours auparavant. Elle allait se rendre aux Jardins. Après tout, la plupart des hommes de ses rêves se trouvaient là-bas. Elle avait hâte de frotter son corps contre le leur, pour de vrai, cette fois.

________________________

Jonathan fixait Anya. Anya fixait Jonathan. Cela faisait plusieurs heures qu’ils se regardaient sans qu’aucun des deux ne bouge. Au début, il avait vraisemblablement voulu lui imposer sa présence, l’impressionner. Ce travail ne l’intéressait pas vraiment. Elle n’était pas de son Péché et ça l’avait ennuyé à l’instant même où on lui avait demandé d’être son mentor. Pourquoi pas Lisa, hein ? C’était elle la Gourmande. Les mains dans les poches, il était arrivé avec la nonchalance d’une méduse échouée sur une plage et s’était arrêté devant elle d’un air sceptique. Elle était en train de peindre un œuf. Il n’avait jamais vu une gamine s’y prendre avec autant d’aisance. Ses traits étaient fins et, surtout, le dessin en lui-même avait de quoi faire frissonner les peintres de renom. Sur la coquille, le Monarque Démoniaque était crucifié, mort, recouvert de sang, supporté par des crânes. À côté de lui, un corbeau semblait rire. Le grand Déchu était resté interdit. Comment pouvait-elle peindre un corbeau qui riait à onze ans ? Il s’était assis et avait commencé à la fixer, dans l’espoir qu’elle lui confie son secret ou qu’elle parte en courant. Ils en étaient là. Il s’était dit qu’en bonne Gourmande, elle finirait par craquer. Il pouvait ne pas dormir plusieurs jours d’affilé ; c’était sa grande force. Et elle, à quoi pensait-elle ?

Anya était en train de lire dans les pensées des individus qui marchaient dans la rue, autour d’elle. Elle apprenait plein de choses. Un Ange, venu à Avalon pour affaires, était en train de songer au duel qui avait opposé les jumeaux Yüerell. Elle les connaissait, au moins l’un d’eux. Isiode avait été vu près de l’Impératrice Blanche lors de Lux in Caelum. Il avait gagné la Galette. Cela dit, pour avoir déjà admiré des croquis des jumeaux, il lui semblait qu’ils avaient un fort potentiel guerrier. Une autre tête songeait aux créatures qui avaient été aperçues, des êtres ailés, semblables à des Démons mais aux ailes à la blancheur immaculée. C’était curieux. Ça l’excitait. Elle avait beaucoup cherché, lu et relu les ouvrages de Basphel sans rien y dégoter. Elle souhaitait en savoir plus et ces histoires étaient bien plus intéressantes que la Coupe des Nations qui se déroulaient actuellement et depuis plusieurs lunes déjà. L’économie s’en trouvait renforcée et la politique était on ne peut plus active. C’était une occasion en or de faire se rencontrer différents peuples et de voyager. Certains pensaient à la disparition des Souverains, d’autres se répétaient la liste de leurs courses comme s’ils avaient peur d’oublier des ingrédients. Quelques pensées perverses s’invitaient au bal du flux des idées, entre autres choses sans intérêt véritable. L’esprit d’Anya partait très loin de rien. Les êtres ne se protégeaient pas vraiment des intrusions. En quelques heures, elle avait brossé un tableau étonnant de tout ce qu’il se passait dans le Monde ou presque. Avalon était une ville particulièrement vaste où beaucoup de peuples se croisaient. Elle n’avait pas besoin de voyager pour savoir. C’était comme un jeu. Chaque individu était relié à d’autres par des fils invisibles et il lui suffisait de les suivre pour trouver ce qu’elle désirait. Elle voulait savoir, était avide de connaissances. La mémoire de ceux qui n’avaient aucune idée de qui elle était semblait rengorger de détails exaltants. Tout n’était que patience. Bientôt, elle sut tout de la vie des Vincidi, de leurs habitudes. Il suffisait de glaner les informations dans l’esprit des bonnes personnes. C’était amusant. Elle avait l’impression d’être vivante et puissante. Elle n’avait pas oublié son idée, celle de rendre les races qui rendaient le monde affreux inopérantes. Elle allait changer les choses. Quant à cet homme, assis en face d’elle…

« Je vous sers quelque chose à boire ? » demanda une serveuse, poliment. Personne n’avait osé les déranger, avant elle. Plusieurs fois, elle avait souhaité leur poser la question mais le patron – et tous les Déchus présents – connaissaient l’homme qui était assis là. Un Vincide ne passait jamais inaperçu. « Oui, j’aimerais beaucoup une limonade. » demanda Anya comme si de rien n’était. Jonathan en tomba presque de sa chaise. Est-ce que, depuis tout ce temps, elle ne s’était pas aperçue de la situation ? Cette fillette était maléfique. « Bon. Je m’appelle Jonathan Logan. » fit-il, après avoir commandé. « D’accord. » dit-elle en haussant les épaules. Ses yeux se levèrent soudain vers le ciel, alors qu’un Påfugl passait.

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