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 Des insanités | PV Devaraj

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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Latone
Sam 09 Juin 2018, 18:03

L'algide bassin accueillit ses membres un à un, à mesure que Souw s'immergea dans la source lumineuse. Les calmes flots s'entrelacèrent au sein de ses entrailles sans pouvoir les chatouiller. Comme pour mimer la relaxation d'un bon bain, elle se fit léviter à la surface, son dos épousant celle-ci et son regard adressa un contact aux rares étoiles spectatrices de cette secrète entrevue. La nuit laissa place à ce personnage éthéré, l'air plus vivace comparé à ses congénères spectraux. Les environs semblaient calmes, mais l'air était constamment chargée d'une pression dont les Chamans peinaient à se débarrasser. Même dans ce coin reculé de l'Île Maudite, les Esprits étaient bien agités, lorsqu'ils daignaient se manifester. Léto commençait à bien comprendre pourquoi Devaraj lui avait donné rendez-vous ici, à la clairière aux Esprits ; là où seules les âmes curieuses pourront les écouter de tout leur soûl, tandis qu'eux – les bien Vivants – les jugeront d'un simple coup d'œil. Bien qu'en cet instant, la Chamane délaissa son rôle de Souw pour n'être plus que la femme aux sombres exploits que beaucoup, pas foncièrement à tort, pensaient disparue. Après tout, celle-ci passait le plus clair de son temps à réclamer son corps à la tumultueuse Hozro plutôt qu'à le revêtir pour garnir les chroniques de son vécu.

Son reflet se manifesta enfin sur la ténébreuse toile des cieux, en un coquin sourire dont Léto comprenait toute la portée ; cependant, il fut bien trop tard pour réagir à temps. Ainsi penchée au-dessus du bassin, l'enveloppe charnelle de la Souriante vacilla en avant lors de l'échange de l'hôte ; l'eau fut troublée en un instant. Latone ria aux éclats à la suite du plongeon, ne laissant guère le temps à Léto de reprendre comme il faut le contrôle de son corps pour saupoudrer sa farce d'une bonne lutinerie :
" Ton corps puait, il avait besoin d'un bon bain ! La titanide s'extirpa de la source, peau et vêtements trempés ; les lignes orangées et rouges tracées sur la moindre parcelle visible de son épiderme furent brisées. Elle ressentait la fatigue d'une course effrénée pour rejoindre le point de rendez-vous dans les temps. Ne me remercie pas. " Asséna l'Esprit bleutée comme coup de grâce lorsqu'enfin Léto se tenait debout, un sourire amer sur les lèvres.

Les événements du Masque remontèrent à plusieurs semaines à présent, et le réveil de leur Hǫfðingi à peine quelques jours. Les pensées de Souw étaient forcément tournées en direction de l'avenir, avec ce facteur-clé à prendre en compte. Si cet artefact avait poussé Latone à entreprendre la fusion pour l'épargner et plongé le roi dans un sommeil bien trop long, ce fameux futur ne serait pas radieux. Au fil des bouches à oreilles, les rumeurs se multipliaient et Léto se devait de rester impartiale avant de se sentir capable – légitime – de prendre une décision. Cette discussion avec Devaraj se montrait alors bien nécessaire.

Mais pas seulement, selon la fulminante Hozro :
" Depuis le temps, je m'attendais à ce qu'on se regroupe joyeusement autour d'un feu dans une clairière plus chatoyante. Le cadre ne déplaisait pas à la défunte Alfar, bien au contraire, mais c'était la relation qu'entretenait son homologue avec le roi qui la faisait parler ainsi.
- Nous ne sommes, à priori, pas là pour fêter nos retrouvailles. Encore ruisselante, Léto avait déjà abandonné l'idée de sécher au mieux sa tenue et ses cheveux avant son arrivée. Cependant, le caractère glacial de ces contrées leur plaisait à toutes les deux : l'une charmée par le climat chantonnant de Ciel-Ouvert et l'autre née en ses chaînes montagneuses. C'était, pour ainsi dire, comme à la maison.
- Ne vous lancez pas dans l'une de ces discussions mondaines ou je fais un carnage. Si Léto était surprise quant aux réclamations de sa partenaire, ce n'était pas parce que celle-ci devrait avoir l'habitude en traînant son propre corps, mais plutôt de sa vision de leur relation à elle et Devaraj.
- Nous n'avons jamais été mondains !
- Si, et pas qu'une fois ! Pas besoin de prendre vos grands airs juste parce qu'on vous regarde parler. À quand la courbette d'ailleurs, à une certaine hauteur bien précise ?
La Chamane sembla rester de marbre derrière son apparent amusement, pourtant elle commençait à cerner où Latone voulait en venir. La meilleure manière de muer ses soupçons en faits était de la laisser s'exprimer davantage, un piège dans lequel l'insouciante s'empêtrait systématiquement. Moi, avec lui, je ne mâche pas mes mots. Ni avec personne d'autre, tu me diras. Mais au moins, il en a l'habitude. Léto rit doucement en passant une main sur sa joue mouillée pour chasser les gouttes intrusives.
- Tu penses que je ne suis pas naturelle ?
- Oui, c'est ça !
- Tu préférerais…
Elle leva le poing face à elle, bien serré, un sourire complice trônant sur son visage. Que je me batte avec lui ? Des paillettes apparurent dans l'iris de la furie ambulante.
- Oooh oui ! Confirma-t-elle telle une enfant que l'on gâtait, ses pensées maintenant toutes tournées vers des pronostics. Si Léto avait indéniablement grandi et mûri depuis ce tout ce temps, ce n'était pas le cas de Latone qui, elle, avait simplement gagné en expérience combative.
- Mes poings ne sont pas destinés à ceux qui sortent tout juste de leur convalescence. Comme tu mens. Souw pivota gracieusement vers l'individu qui se présenta enfin à elles. N'est-ce pas, Fumeur Macabre ? "


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Ven 22 Juin 2018, 21:15

Des insanités
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"Et mes poings ne sont pas destinés à mes fidèles Draugr, Soa'Lêtó'Ha." A cheval contre le rebord de pierre polie par les âges, l'Orphelin de la Mort se dissimulait dans des ombres chimériques se mouvant en corbeaux monstrueux qui s’agglutinaient dans la fumée sulfureuse. Le Chaman était assis nu, trempant ses pieds dans l'eau glacée du bassin, fumant sa meilleure herbe. "Sauf si faiblesse et erreur il y a de leur part." Il rit presque trop naturellement et son timbre n'avait rien d'enjouant. L'intransigeance prenait chez lui des dimensions horrifiques et les serres de ses griffes avaient déjà fait leurs preuves. Il ne faisait aucun doute que l'absence de patience du Hǫfðingi se transformait lentement en terreur pour le peuple, pour le plus grand plaisir du concerné. Le silence pesant reprit possession du lieu maudit. Certains de ses rêves alors qu'il était dans les griffes de l'Aether de la Folie, lui avaient fait goûter au plaisir du contrôle absolu et maintenant il ne pouvait s'empêcher d'y repenser avec une envie déraisonnable. "Cela reviendra." souffla le Fumeur Macabre, tirant une longue bouffée de sa pipe pour modeler la forme du Masque avec la fumée âpre. Léto avait fait de son mieux, ainsi se devait-il au moins de la prévenir du futur incertain qui attendait les habitants de l'Île. "Tant que Sa Volonté n'aura pas été satisfaite." Au fond de lui, il connaissait parfaitement ce que voulait Nidalu car ce dernier le lui avait soufflé au creux de l'oreille à de nombreuses reprises. Son esprit. Et probablement sa Vie. Seulement cette connaissance restait endormie au fond de lui, reniée.

Lentement, le Chaman tendit la pipe à son homologue. Dans la demi obscurité, seules les pigments les plus brillants de ses peintures ressortaient, lui donnant ainsi un air de spectre incandescent. Il fixa Latone, haussa un sourcil. "Tant d'emprise et pourtant tu ne fais pas parti d'eux. Je ne comprend toujours pas." Il avait cru pendant un temps que l'Hozro de Léto était un parasite. En réalité ce n'était pas le cas et l'étrange magie qui liait ces deux esprits en particulier l'intriguait toujours. "Dîtes moi, sincèrement. Que pensez-vous de l'Emprise ?" Sa question n'était pas précise intentionnellement. La tâche qu'il voulait lui confier ne changera pas mais il voulait savoir si l'une ou l'autre pouvait comprendre son obsession pour ce pouvoir si mystérieux. Jun Taiji n'était pas l'homme le plus communicatif et adapté aux confidences et son unique visite ne promettait pas qu'il le revoie un jour. Cela restreignait le cercle de personnes auxquelles il pouvait parler à sa femme, la Souveraine des Trépassés, son Oracle Kaori, le maître des espions Taom ainsi que Léto. Autant dire que le chaman se gardait bien d'en parler à Lilith ou à la Reine des Esprits, voyant l'incompréhension poindre le bout de son nez. Quant aux Draugr, sa paranoïa reprenait si facilement le dessus qu'il se retenait souvent de dire plus que nécessaire. Léto avait certes une fois tourné le dos aux Chamans, mais elle avait prouvé avec sang et larmes sa valeur et les Aetheri l'avait approuvée. Elle était chamane depuis plus longtemps que lui et la vieillesse de leur relation n'y était pas pour rien dans la vague -et très fragile- forme d'empathie qu'il ressentait envers elle.

Le Chaman s'immergea complétement dans l'eau, se laissant porter verticalement à la surface, fixant la nuit noire et menaçante. Il n'y avait pas d'étoiles dans son monde. "Tchézaré souhaite connaître le nombre approximatif d'esprits concernés par le syndrome de l'Emprise." Comme ceux qui hantaient cet endroit précis et laissaient entendre rires et chuchotements mortels. Il trouvait cela amusant de comploter contre eux en plein milieu de leur territoire. "Quant à moi... Je m'intéresse plus particulièrement à leur... naissance. Engendrer la Folie -car ils le sont tous, déments- mène-t-il toujours au même résultat ? Est-ce la Folie puis la Mort ou l'inverse ? Comment meurent-ils ? Je veux que tu vérifies les endroits les plus... prometteurs en terme de souffrances et tortures et que tu observes la Mort délier les esprits. C'est une première piste, il en existe sûrement d'autres qui m'échappent." Le Chaman referma ses paupières. Une certaine fatigue le tiraillait, preuve qu'il n'avait toujours pas récupéré de son long sommeil. "Certains pensent que pour trouver une solution, il faut commencer par expérimenter le problème." souffla-t-il. "C'est un sombre jeu où gagnera seulement celui qui trouve avant de finir brisé. Beaucoup perdent avant même de toucher le remède du bout du doigt." Une partie de lui espérait peut-être retrouver la paix de sa jeunesse et oublier les affres de l'Emprise. Quant à l'autre partie de son esprit, gangrénée par la Folie... Il en avait suffisamment exploré les tréfonds pendant son coma pour ne plus avoir envie d'y songer.

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Latone
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Latone
Sam 04 Aoû 2018, 23:46

" Faiblesse et erreur. Que sont-ce ces mots ? " Brocarda celle qui imposait par sa prestance malgré son statut d'outre-mort. Officiellement, Léto se serait soumise aux codes du respect en présence de son souverain. Mais les œillades provenaient d'une engeance qu'ils devaient effrayé par leur macabre complicité, plutôt que par leurs simples titres de mortels. Ses énigmatiques pupilles disparates fixèrent le Masque de fumée modelé par Devaraj, attentive à la moindre de ses dires à son sujet. Le sourire de la bien-nommée fut intransigeant, mais sa posture sur la défensive démontrait son indécision face au futur de l'Île. Était-ce finalement bien l'œuvre d'un Æther ? Les paroles du Fumeur Macabre semblaient étayer cette hypothèse. Il suffisait d'un nom, d'une notion, pour que l'idée prenne forme dans leur simple esprit de mortel.

Silencieuse, Léto concentra ses réflexions dans le souffle de la pipe offerte par son compagnon. Seule Latone demeurait tournée vers le Chaman, une fois de plus piquée par sa maladive curiosité à son sujet. Contrairement à ce qu'elle aurait pu imaginer, ce n'était pas si désagréable que Devaraj tente de la sonder, de la comprendre. Puisque c'était un exercice qui l'animait depuis sa naissance. Bien des Hommes s'étaient confrontés à cette chimère du Cycle – Léto, son maître, les tribus et les Esprits – sans le moindre succès. C'était amusant. Palpitant.
" Le jour où tu me comprendras, tache de ne pas être trop déçu. " C'était palpitant. Amusant. Latone n'était définitivement pas un parasite, pas sous la forme qu'on escomptait rencontrer.

" L'Emprise est une anomalie au sein du Cycle que nous nous efforçons de préserver. Léto plissa des yeux, se remémorant l'existence des Dies Irae, des monstruosités tout aussi accablantes. De justesse, elle survécut au contact avec l'un d'entre eux. Parasites et Ombres destructrices détruisaient ce qu'eux, les acteurs du Cycle, peinaient à maintenir. En l'état, elle affaiblit l'équilibre. Les détenteurs de ce don ne serviront jamais nos intérêts. L'obsession de Devaraj était palpable pour l'empathique, et à bien des égards Léto convoitait aussi plus de force. Peut-être bien qu'à son tour, elle souhaitera goûter à cette source ; lorsque la Folie daignera l'attirer une fois de plus. Bien des Esprits parasitent nos pensées sans avoir recours à cet art. Affirma-t-elle avec un sourire au coin à l'adresse de Latone.
- C'est un don confié à des perdants qui n'ont pas su braver la Mort. Rétorqua la visée, beaucoup plus radicale au sujet de ces entités qu'à ces deux grands fous. À moins que tu ne parviennes enfin à faire honneur à ce pouvoir, cela restera une magie créée par des faibles. " La consternation des complotistes de l'ombre était de plus en plus pressante. Une fois de plus, Latone brillait par la clarté de son essence, au grand dam des spectres qui rôdaient autour d'eux. De près ou de loin.

Son avis, bien que plus conciliant que celui de son Hozro, n'avait aucune once d'importance dans les desseins de son roi. Léto serait ses yeux : Devaraj incarnait la volonté des Ætheri. Elle n'était plus juvénile au point de confronter ses idéaux à ceux des divins. Souw s'allongea près du rebord, sa longue chevelure se faufilant dans les flots. Les deux mortels fixèrent les mêmes cieux, l'unique défunte fit le tour du bassin, passive durant ce simili de réunion officieuse.
" As-tu déjà expérimenté la Folie, Saälm ? Étrangement posée, le timbre de sa voix masquait le trouble s'emparant de ses doigts, resserrés sur le calumet. Elle prend bien des formes selon les individus. À quoi peut bien ressembler la tienne ? Il serait inapproprié de se confier à lui, mais elle avait peur : peur de voir leurs démences respectives se jumeler. Fatalement, elles mèneront à leur propre destruction. La Folie n'avait d'autre alliée qu'elle-même. Tu n'as jamais connu l'époque où Latone n'était qu'un nom. Cette période de ma vie est maudite par les Ætheri. L'Esprit en question croisa les bras, une moue désapprobatrice sur son faciès, tant elle répugnait qu'on évoque ce pan de son existence. J'ignore encore comment elle a pu être capable de me contrôler. Comment elle est née. Ses cheveux plongèrent davantage dans l'eau, afin que son regard puisse darder l'enveloppe charnelle du Chaman. Mais elle m'a sauvée. Cette "emprise" m'a amenée jusqu'ici. Si tu es prêt à braver la Folie, la Souffrance et la Torture, alors je pourrai te laisser observer par toi-même : cet instant où elle entrevit ce monde à travers les miens. Tandis que je succombais. À l'emprise d'Ezechyel, à l'étreinte de Nidalu, ou au baiser de Sarina, tout lui semblait si insaisissable lorsque Latone était apparue. Peut-être bien que cette piste serait un premier pas vers la concrétisation de ses projets. Léto coopérerait, mais Latone, elle, serait fidèle à elle-même. La Chamane laissa tomber le macabre instrument sur le côté et se laissa glisser dans le bassin. Elle nagea jusqu'à Devaraj avant de remonter, les prunelles animées par ce souffle qu'Edel lui accordait encore. S'emparer de l'Emprise semble compromis. Reproduire l'Emprise, en revanche… " La Magie n'avait pas de limite. Ils étaient leurs seules frontières. Les Parasites se caractérisaient par leur puissance ; en ce sens, leur voie était toute tracée.


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Dim 11 Nov 2018, 17:38

Des insanités
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Un vague sourire se dessina sur ses traits. Il appréciait cette dernière réponse, c'était certain. "Eh bien... Je veux simplement savoir combien de haine et de souffrance sont nécessaires pour l'apparition de ce phénomène. Il se trouve que mes réserves personnelles commencent à déborder." Le chaman se tourna brusquement vers Gideon, colérique. Il darda un regard orageux sur le Parasite qui avait rejoint la scène, probablement inquiet de voir ses congénères se rapprocher du chaman. "J'ai toujours entendu dire que les assassins finiront assassinés, pas toi ?" Sur le ton d'une blague apparemment hilarante, le roi venait de déclarer sa guerre. Son triste Destin et l’appât qu'il faisait lui avait permis d'observer la façon dont les parasites se dévoraient entre eux afin d’accéder seul à leur proie, il n'était pas dupe. Il ne restait qu'une ombre de Slanguen qui s'était brisé les os contre le pouvoir démentiel de Gideon et ce n'était pas le seul esprit parasite que l'ancien Ange avait écarté de son chemin. "C'est amusant, tu fais une bonne protection... Seulement j'ai toujours préféré surveiller mes arrières par moi-même." Parasiter un parasite, c'était Nidalu qui lui avait soufflé la graine de ces idées... L'esprit de Devaraj était un terrain fertile.

Une goutte de sueur coula sur son front. Sa provocation n'avait pas été apprécié. A vrai dire, il n'était pas encore assez fort pour faire peur à Gideon. Malheureusement, il était assez imprudent pour le mettre dans une rage noire. Les pupilles du chaman devinrent vertes et un violent spasme parcourut son corps. En quelques secondes, c'était tout le bassin qui brillait de la couleur macabre que prenait la magie du chaman. Résister à la fusion devenait de plus en plus douloureux avec le temps... malgré cela, il souriait comme un enfant. Comme il lui était impossible de réduire sa souffrance, il avait appris à l’embrasser et à s'y habituer. Il avait aussi appris que la Folie était son plus beau refuge et qu'un jour, un jour il finira par écraser cette force qui anéantissait actuellement son esprit.

"Pardon. Nous nous disputons souvent comme ça..." Le souffle avait brisé le rebord du bassin et le bruit de l'eau qui se déversait lentement dans la terre retentissait étrangement. "Enfin, comme ça tu saisis l'idée générale de mon problème." Ses doigts vinrent caresser l'une des mèches blondes qui encadrait le visage de Léto. "Vois-tu, étant le pion du Fou sur l’échiquier divin, j'ai de plus en plus de mal à croire qu'une anomalie, comme tu l'as dit, puisse être présente dans le Cycle. Ce n'est ni une erreur, ni un hasard. C'est une porte qu'on a laissé là pour que les idiots comme moi la traverse." La raison précise ne l'intéressait pas. Il laissait à Jun le soin des grandes réflexions et préférait largement s'accaparer le côté risqué et pratique de l'entreprise. Or les chamans de la tribu Tchézaré n'avançaient pas dans leurs recherches, car aucun n'était assez fou pour oser ausculter de plus près leurs dangereux cobayes.

"Je ne connais pas grand chose de ton passé, c'est vrai."
Il plissa les yeux, un instant. "Tu ne connaissais pas cet Alfar auquel j'ai vendu l'un de mes anciens bourreaux ?" Le doux souvenir de cette vengeance le fit sourire à nouveau. La tête penché, il observa les prunelles de la Souriante. "Au cas où tu te soucierais de ta propre santé mentale, je peux simplement te conseiller de te débarrasser de cette peur et de me montrer ce que tu souhaites. Cela dit, je ne suis pas certain que le Prince de la Folie fasse un excellent médecin." Il attrapa une couverture qu'il avait laissé sur la pierre, l'air toxique étant devenu glacial. "Ma folie n'a pas de forme ni de limite autre que ma propre temporalité." Il recouvra leurs deux têtes de l'épaisse fourrure, laissant descendre les côtés le long de leurs corps. "Je suis la Folie. Tu ne crois pas que c'est inhérent au statut de Suprême de l'Au-Delà... ?" murmura-t-il, les yeux brillants dans l'obscurité. Le chaman fixait son interlocutrice d'un air malsain. Ce qui l'attirait chez cette femme était bien plus qu'une envie passagère et aussi une attraction très différente de celle qu'il avait pour Lilith. Il se demandait ce qu'il en était dans la tête de sa congénère. "Je ne t'ai jamais remercié en personne pour ta peinture de Jun, non ?"


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Latone
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Latone
Dim 23 Déc 2018, 21:59

Les jumelles du Cycle dardèrent avec fascination la Fusion s'entreprendre entre le Chaman le plus puissant de leur génération et le Parasite qu'il avait élu comme Hozro. Rien que par cet exemple, Léto tenait en haute estime son roi, et pour Latone plus particulièrement du respect à l'égard du fou des Dieux. Elles idolâtraient la fusion comme la naissance de leur propre progéniture, et assister à la coalescence de Devaraj et Gideon était à la fois un honneur et une aubaine. Le corps de Léto fut parcouru d'une brève tension, une crispation similaire lorsqu'elle fait face à un Homme dont elle ne souhaitait qu'une seule chose : le dominer. Hélas, comme affirmé plus tôt, ses poings n'étaient pas réservés à cette personne. " Ah bah bravo, le bassin est fichu. " Léto étira ce sourire complice à l'égard de sa comparse, sans pour autant quitter des yeux l'être transcendant le voile entre Edel et Ezechyel. Écouter et apprécier ses gestes à son attention, chacune de leur discussion lui apportait un nouveau souffle de vie… Et ce, depuis leurs échanges épistolaires ; à l'époque où ils auraient très bien pu finir par s'entretuer. Cela faisait fort longtemps que la Chamane appréciait la tournure que prenait les événements où elle était impliquée : elle en ressortait toujours plus forte, et toujours plus épaulée.

" Hmm, je vois que tu as déjà soulevé un pan dangereux de mon passé. Évoquer Aëran, c'était un peu comme couper son vin : le goût n'était pas indigeste, mais il n'était point agréable non plus. Son Esprit, pourtant apaisé, est continuellement meurtri depuis cette longue période de son existence. Telle une chaîne dont on ne pouvait se défaire. Ironique, n'était-ce pas ? Je n'ai que trop partagé cette démence, ce sentiment qui nous dévore de l'intérieur. La mienne fut vorace. Et si tu penses que Latone en est un reliquat… Je te laisse imaginer ce que j'ai pu explorer. Tout ceci confié, avec ce sourire amer. Ravissant, sans doute, mais pas moins déchirant. La vie n'était qu'une toile incomplète ; tout ce qui comptait, c'étaient les futurs coups de pinceaux. Des couleurs plus vives et plus malléables. Elle apposa sa main sur la joue du Suprême, afin de lui dégager quelques mèches rebelles suite à sa baignade. Tu n'as pas besoin d'être mon médecin, Devaraj. Simplement de surveiller mes arrières. Latone pouffa derrière, mais Léto n'en eut cure. Et crois-moi qu'en retour, si jamais tu finis par sombrer, je te tendrai la main et te rattraperai. " Ils savaient tous les deux que leur complicité les mènerait vers des contrées bien étranges, si telle était la volonté des Ætheri. Tous deux se questionnaient beaucoup sur les rouages du Cycle, sous un angle différent. Peut-être était-ce pour cela que leur association était sous la bonne grâce des Dieux. Conscients que le Destin leur sèmerait des obstacles de plus en plus imprévisibles.

" Si tu es la Folie, que suis-je aux yeux des Dieux ? Loin fut l'idée d'éluder l'ultime réplique de le Hǫfðingi, mais Nidalu cultivait les pensées et les échanges de plus en plus sur Awakatu No Hi. Difficile d'y réchapper.
- La Paria ! S'écria l'Hozro en retrait, bien amusée de pouvoir remuer le couteau dans la plaie. Les tribus ont été respectueuses suite à la décision des Ætheri. Certes, le cas de Léto demeura tabou chez certains membres de leur peuple, mais le temps avait fait suffisamment de ravage pour effacer toute la félonie en son être. Finalement, la seule personne qui s'en moquait, ce ne pouvait être que Latone, l'être qui brouillait les mécanismes de leur monde.
- Si je comprends bien tes desseins, tu souhaites que je m'engouffre dans l'une de ces portes… parce que je suis aussi idiote que toi ? Son air enfantin accompagna cette réplique. Il suffit que la poignée se dévoile à moi pour me pousser à la saisir. Ce serait bien évidemment une solution de facilité pour lui, mais ils savaient tous les deux que cela n'allait pas se passer ainsi. Léto agirait, d'une manière ou d'une autre, et Devaraj allait devoir s'en contenter, puisque telle était la force de la Souriante. Aëran Númendil le fit autrefois, et me voici. Nidalu nous fait valser un temps. Le plus douloureux, c'est quand la danse s'arrête… Sa main alla saisir la sienne et elle l'entraîna en dehors du bassin à présent vide, la proximité entre eux intacte, afin que la fourrure les couvrant continue de trôner sur leurs têtes. Fais-en sorte de me remercier avant que la tienne s'arrête. Cette fois, son sourire était plus radieux, plus propre à la dame qu'elle était devenue. À ce propos, je te prépare une autre peinture qui s'assortira parfaitement avec celle de Jun. Elle se retourna un bref instant vers lui. Prions pour qu'il y en ait d'autres, je n'en ai pas fini de te gâter. "

La veille de l'Hozro bleue les laissa filer, les Esprits Parasites ne cessant de se languir sur le potentiel de ces corps, si prometteurs, si puissants… Latone se moqua de tout ce cirque et se fondit dans le paysage enténébré, sans jamais lâcher prise sur les deux Chamans. Léto n'entraîna pas Devaraj en dehors de la clairière, mais bouger lui fit davantage de bien que de rester passive. Puis le contact de ses doigts entremêlés dans ceux du Fumeur Macabre lui était préférable qu'à la pression des Parasites. " Pour être franche, je ne pense pas que tu sois prêt à voir ce que donne notre Fusion. Son pas ralentit tandis que son corps pivota en sa direction. J'aime ça. J'aime beaucoup trop ça. Latone ne se manifesta pas, mais sa présence autour d'eux se faisait ressentir. On se sent toujours différent lorsque nous nous unissons avec un Esprit. Mais avec elle, c'est beaucoup plus. Elle s'arrêta. Sa poigne libéra enfin la sienne, alors qu'une mine amusée anima son visage. Et je te fais languir, alors que tu préfères expérimenter plutôt qu'écouter. L'ex-Orisha ne changerait jamais : elle aura beau mûrir et grandir, elle blatérera toujours autant. Mais avant… Ses doigts saisirent ses joues, tentant de mimer la tête qu'il avait faite tantôt. Comment comptes-tu me remercier en personne, Devaraj ? "


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Lun 14 Jan 2019, 18:30

Des insanités
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Les yeux du Chaman brillèrent un instant lorsque Latone énonça la traîtrise passée de la Draugr. Contre toute attente, Devaraj se contenta de fixer d'un air moqueur l'une puis l'autre. Sa paranoïa ne l'avait pas empêché de prendre un recul conséquent depuis qu'il portait la couronne, jusqu'à être capable de penser que le chemin tracé par le Destin ne méritait ni jugement, ni tentative de compréhension. Il était rare que les Dieux leur laissent un choix et jusqu'ici cela ne s'était jamais très bien terminé dans sa propre vie. "Tu as très bien compris. Et je suis très curieux à propos de ce nouveau tableau..." glissa-t-il rictus en bouche. Aucun des deux ne pouvait prévoir que le-dit portrait de Jun allait bientôt finir en charpie sous la colère du Suprême de l'Au-Delà, ni que le Fumeur Macabre allait lui-même devenir une sorte de Parasite afin de continuer à survivre... Quoiqu'il en soit, les recherches de Tchézaré seraient toujours d'actualité.

Devaraj se laissa mener, docile. Il finit par éclater de rire, ce qui contrasta grandement avec le décor qui les entourait. Sa voix résonna sur la roche, ricochant entre les Parasites mécontents et avides. "En fait, tu es une gamine." Une enfant... Tout comme lui, qui avait tout simplement loupé le coche menant à l'âge adulte et avait à la place prit une diligence vers la Folie. "Peut-être pour ça que nous nous entendons, si on peut appeler ça comme ça." marmonna-t-il, un moment perdu dans ses pensées. Ses doigts caressaient distraitement ceux de la blonde avant de resserrer brutalement leur pression. "Qu'est-ce-que tu vas faire si je te répond que je suis prêt à n'importe quoi et que c'est un ordre ?" Il prit un air vexé, celui qu'il avait souvent avant ses crises de démence ; comme quand on ne lui disait pas bonjour ou quand les couverts étaient mit de travers. Mais en réalité il ne cherchait qu'à titiller la notion de liberté et de servitude auxquelles son amie semblait sensible. Le Suprême de l'Au-Delà haussa les épaules, retrouvant un calme déconcertant. "Oh... Je préfère casser cette ambiance tout de suite. Je ne suis pas un original ni un romantique, tu ne le savais pas ?" Sa définition du romantisme était elle-même si spéciale qu'on pouvait se demander ce qu'il entendait par-là à part préciser qu'il souhaitait simplement tirer un coup. Mais sa Luxure à lui était tout aussi tordue que le reste de sa personnalité. Sa sexualité entière n'était définie que par un seul critère : la puissance, de préférence magique. Ou l'obsession paranoïaque pour l'exception que représentait sa femme. "Je n'y peux rien. Je ne suis attiré que par les autres Fous ; ou ceux qui seraient possiblement capables de m'écraser avec leur propre forces." A elle de définir dans quelle catégorie elle préférait rentrer... "Tu ferais mieux d'aller voir mon collègue en Enfer pour un bon coup, mais il parait qu'il y a une grosse queue." A sa propre blague -ou devant la nullité de cette dernière- il afficha un sourire qui le rajeuni de vingt ans et lui donna un air innocent ; si l'on oubliait de regarder ses pupilles anormalement translucides, voilées par l'Emprise. Le Chaman se l'avoua mentalement, il prenait plus de plaisir à la contempler contre lui et à exciter son désir plutôt que d'y céder immédiatement. Une de ses mains se lassa et préféra s'établir sur sa hanche puis le long de son échine. Silencieux pendant quelques minutes, il dégagea quelques mèches de son cou et se plut à y glisser ses lèvres avides tout en observant ses réactions avec curiosité. Elle ne correspondait pas à ces goûts physiques -tous définis selon la ressemblance à Lilith- mais elle était plus forte que lui et il pourrait mettre sa main à couper qu'elle avait eu -ou aura encore- ses heures de monstruosité. Comme lui. Elle pourrait sombrer, très bas, bien qu'elle soit sûrement encore loin du bord du gouffre dans lequel il avait sauté  sans réfléchir. Le Chaman esquissa une grimace carnassière. Oui, c'était son déséquilibre qui l'attirait ; et cette façon qu'elle avait de lui tenir tête en se présentant comme son égal dans la Folie. Personne d'autre sur cette foutue Île ne serait capable d'une telle déraison. "Ne me regarde pas comme ça, je risquerais de tomber amoureux." Il ricana comme s'il ne s'agissait que d'une mascarade, tout en sachant pertinemment qu'il n'en était rien. "Alors ? Fusionne ou va-t-en. Je ne t'en voudrai pas, c'est promis. Tu pourras toujours revenir demander des massages. Il paraît que je suis très doué pour ça." Sa phrase commençait gravement tout en finissant sur un trait léger. D'un geste, il se lassa cependant de la présence néfaste à leurs côtés et les téléporta aléatoirement sur un autre endroit de l'île.

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Latone
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Latone
Dim 27 Jan 2019, 15:31

" C'est l'enfant que je suis qui a survécu. Par réflexe, ses doigts accentuèrent leur pression lorsque la sienne s'accentua sur ses cheveux. Léto était bien une combattante qui ne se pliait que peu à la soumission, du moins son corps réagissait en conséquence. Une autre bonne raison pour Latone d'apprécier son hôte. Bien vite, la situation se désamorça selon le bon vouloir du Dément. Léto fut déjà bien acclimaté par le caractère fluctueux de son Roi, mais même-elle ne pouvait que concevoir que Nidalu l'avait imprégné. Jusqu'où cela ira-t-il, ça, c'était de l'ordre du caprice divin. Souw dévoila ses dents face au théâtral Suprême. Au fond, cela la changeait de fréquenter ce genre d'Homme. Je sais bien que Devaraj ne rime pas avec "romantisme", ni avec "original". Instinctivement, ses yeux se plissèrent avec parcimonie, une lueur de bon sens s'éteignit en eux. Tu rimes avec peu de choses, je crois… Je pense… " Ça y est, on l'a perdue. Irritée, Latone ne souhaitait guère plus s'immiscer entre ces deux loustics. À force, elle ne comprenait plus si ce n'était qu'un jeu ou si le sort de tout un peuple reposait totalement entre leurs mimines.

Sous l'emprise du Taiji, la Sùlfr s'emparait de chacune de ses répliques pour les déguster. Évoquer Azmog la fit doucement rire tant le Démon avait clairement évolué depuis leur dernière rencontre. Pourtant, depuis bien trop longtemps, Léto échappait à ses envies. Une seule lignée officielle, une seule princesse. Peu de commères se contentait de cette version et lui prêtait de nombreux amants et de quelques bâtards. Comment une telle femme de son acabit pouvait se contenter de si peu, après tout ? Ironique pour une Chamane, il était vrai. Malgré tout ça, ce qui était évident pour Souw, c'était que le Hǫfðingi lui semblait à portée de mains et inaccessible à la fois. Léto avait bien des raisons de craindre le Fou des Dieux, il aurait pu en faire tout autant envers elle, tant elle consumait tout ce qui la touchait de trop près. Devaraj se risquait à apposer son souffle sur elle, devrait-elle lâcher prise et céder ?
" Hahaha, "amoureux"… Murmura-t-elle en guise de frisson de plaisir. Son regard ne laissa pas échapper le Roi, peu encline à lui laisser le moindre répit. Très bien, Fumeur Macabre. Contemple, observe-moi t'écraser. Latone ? La concernée apparut à leurs côtés, son pouce apposé sur le front du Suprême de l'Au-delà. Dès cet instant, ils seront connectés par la magie de la Conservatrice.
- Ouvre grand les yeux. " Et le décor s'affaissa tout autour d'eux.

~~~

Ce n'est pas terminé. Tu cries victoire trop vite. Ton arrogance et ta cupidité te perdront. Tu n'es qu'une vermine que je vais écrabouiller. Tu as blessé ces Hommes qui m'ont ouvert leur cœur. Tu as brisé la fierté d'un grand guerrier. Tu as porté la main sur mon amie. Tu as osé Tu as osé me sous-estimer. Assiste à mes sanglots, ce seront les derniers qui couleront sur mes joues. Admire mon poing, ce sera le dernier que tu embrasseras. Ne me quitte pas des yeux, car je ne te laisserai jamais t'échapper. Et plus que tout " Ne touche pas À MA FILLE ! "

Le poids hivernal troqua sa place à un instant de quiétude, d'effroi et de stupéfaction. Le gel ne leur collait plus à la peau, tant la bourrasque provoquée par sa voix les pétrifiait. Celle-ci réchauffait le cœur de ses alliés et opprimait leurs ennemis. Elle était un miracle, aussi inattendue que bienvenue. Léto, ou ce qu'il en restait de ce bout de femme, se releva, chargea et réduisit à néant le fol prêt à tuer sa progéniture par pure loyauté. Victorieuse contre cette menace, son emprise sur cette bataille n'en était pourtant qu'à ses balbutiements.

" Vous êtes tellement morts, mais tellement ! " Le carnage se poursuivit : cette monstruosité avait beau encaisser les plus horribles afflictions, elle continuait de fondre sur ses proies. Une à une, elles chutèrent sur son passage, et ses alliés finirent par y puiser un second souffle et par se relever. Désemparé par la tournure des événements, l'instigateur de ce conflit se retrouva bien vite englouti par l'ombre titanesque

Avant que le souvenir injecté dans sa tête ne s'évapore, Devaraj put échanger une ultime œillade avec elle. Elle n'était qu'oppression, de son aura bleutée jusque dans son regard flamboyant. Le seul réconfort qu'il aurait pu y retrouver, c'était son sourire.


~~~

Les vallées immaculées de l'Edelweiss enneigée se teintèrent de vermeil à mesure que le Lac Rouge prit forme sous les yeux. L'endroit sur lequel leur cher Prince de la Démence avait jeté son dévolu. Alors que Devaraj s'extirpait de cette rémanence, elle était là, la fusion qu'il souhaitait apercevoir. Les bras croisés, expression grave, la coalescence de Léto et de Latone fixèrent leur majesté. Sa chevelure de nuit dansa au rythme de la brise, l'apex de ses mèches conservant le caractère cendré de l'hôte. " Ainsi je succombais. Elle laissa ses bras ballants le long de son corps, un calme apparent, mais ce mélange bouillonnait en son être. Comprends-tu jusqu'où je pousserai mes limites pour protéger ce que je chéris ? C'est ce que je suis devenue : une arme. Bien des mains s'emparèrent de moi, peu nombreux furent ceux à pouvoir me maîtriser, tant leur volonté n'égalait pas la mienne. Ceci est d'autant plus vrai aujourd'hui. Et je n'arrêterai pas de creuser cet écart demain. Le colosse se rapprocha, leur enveloppe charnelle s'épousant quasiment. Les Ætheri ont décidé de me confier à toi. Et voici ce que tu fais de moi, pauvre Fou. Elle lui attrapa le crâne, la paume de ses mains appuyant graduellement sur ses tempes. Je te plierai tant. " Alors qu'elle le broyait, ses lèvres allèrent bientôt se coller aux siennes, mais un Esprit en particulier décida de ne plus s'en mêler.

" Non, non, non, non, non. " Latone s'éloigna au loin, tout en chantonnant pour oublier ce qu'elle était sur le point de subir. La Souriante se perdit dans les prunelles livides du couronné, le baiser interrompu par un bref espace entre eux. Elle relâcha la pression sur lui, droite face à lui. Silencieuse, elle se contenta de dégainer son arme de prédilection – à savoir : son ravissant sourire – et de supposer ce que le Roi des Chamans dirait ou ferait. Anticiper ses actes serait vain, toutefois, maintenant, Devaraj savait que sa peur se muait en un torrent de violence.


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Sam 09 Fév 2019, 11:53

Des insanités
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"Tu vois, je commence à me dire que tu as la Folie nécessaire pour faire une très bonne reine. Dommage que tu te sois pourfendue au mauvais moment..." maugréa-t-il, une lueur d'amusement dans les yeux. Il regardait Latone partir dans sa malice en ne sachant pas vraiment s'il devait s'adresser à l'une ou à l'autre. Comme il lui était impossible de vraiment le savoir, aucune des deux fût son choix et le Chaman darda son regard sur une fougère qui plantait ses racines dans un mur avoisinant. Tout en continuant de s'adresser officiellement à la plante et officieusement à la Draugr, il rajouta en caressant les feuilles vertes du bout du doigt. "Me plier ? A voir si tu ne finiras pas d'abord sur l'autel du sacrifice." La plante mourut à son toucher et il se retourna tout sourire comme s'il venait de contempler une chose merveilleuse. "Ou dans les bras d'un Parasite." Son ton était anodin. Il avait bien vu ce qu'avait produit Latone, pourtant il semblait penser que cela ne suffirait pas à chasser certains Parasites. Un bref souvenir lui traversa l'esprit. "Oh ! Tu sais, c'est si amusant ! Ils se dévorent l'un l'autre eux aussi afin d'être les seuls à avoir la proie. C'est presque autant fascinant que l'Emprise en elle-même." Il se tut, ne cachant pas l'envie qui brillait dans ses yeux. Ce n'était pas la première fois qu'il pensait à lui même devenir un Parasite afin d'accéder à leurs pouvoirs. "Un homme normal te dirait de faire attention pendant tes recherches. M'enfin, nous savons tout deux que j'ai un grain. Je crois que je me réjouirais presque autant de te voir tomber dans le même gouffre que moi au lieu de réussir à m'aider pour que j'en sorte. Hum." Le silence retomba. Les prunelles de Devaraj étaient encore en train de refléter le précédent spectacle, si bien qu'il mit quelques minutes supplémentaires pour revenir à la réalité et accepter qu'une si belle vue se soit de nouveau dérobée à son regard. Il avait un problème depuis tout petit, c'était de confondre les mots dangereux et beau et d'être capable de faire une totale abstraction du risque. Pour sa défense, on ne lui avait jamais appris à rétablir la vérité dans sa propre tête, de toute façon il n'en voudrait pas. Le Chaman arracha la fougère morte et se retourna de nouveau, la main pleine de terre et de racines. "Bon et alors tu l'as mangé ton Alfar c'est ça ? Tu ferais la même chose avec moi dès que je fermerai les yeux ?" dit-il, appuyant volontairement là où il ne fallait pas. En même temps... ce n'était pas trop son truc, la résistance aux tentations. Il s'était encore adressé à la fougère qui en dépérit plus encore. Devaraj se mordit la lèvre et jeta négligemment la plante. Il n'était pas trop certain de ce qui allait se passer s'il reposait de nouveau son regard sur Léto, et puis, il adorait ce sentiment d'anticipation qui montait en lui, presque aussi gouteux qu'une drogue dure qui lui montait à la tête.

Encore sous le choc, le Suprême de l'Au-Delà avait envie de déclencher le cataclysme encore un fois, jusqu'à l'infini. Le premier n'avait pas duré assez longtemps à son goût. Il n'avait pas assez eu le temps d'avoir mal ou de sentir la magie le renverser. Cela finirait par les tuer mais ce fait restait sans importance et invisible à ses yeux. Ses paroles laissaient penser qu'il voudra opposer une résistance mais ce n'était pas vraiment le cas. Cela lui rappelait un peu son entrevue avec Jun. Résister à l'Aether était impensable mais contempler sa puissance était un délice, d'où découlait son désir de bien vouloir se laisser écraser pour peu qu'il en tire un plaisir malsain. Souw n'était pas aussi forte en comparaison mais  l'étrange Fusion qu'elle possédait avec cet esprit particulier la rendait désirante. Devaraj se laisserait bien plier, comme elle disait, écraser, pour peu qu'on le laisse contempler la violente Magie à l’œuvre. De toute façon tenter lui résister ne le mènerait pas forcement à une réussite, leurs forces et violences respectives étaient très différentes, trop peut-être, pour qu'il fasse le poids. Le Chaman se dandinait sur ses pieds tout en fixant une autre fougère d'un air contrarié et tout à fait absent. Il voulait aussi goûter à ses lèvres de nouveau. Il voulait céder à l'attirance et à son désir charnel mais il voulait aussi continuer d'attiser l'incendie, curieux de savoir jusqu'où il pourrait repousser sa limite. Avait-il au moins une limite ? Un doute était présent. "Maintenant je n'arrive plus à penser correctement. Tu peux être contente de toi pour m'avoir donné une nouvelle obsession et en être le sujet principal." Ce n'était pas une bonne nouvelle pour elle et pas une nouveauté pour lui. Une névrose de plus ou de moins, quelle importance ?

Ses prunelles brûlantes se posèrent à nouveau sur elle. Cette distance physique entre eux deux l'inssuporta aussitôt si bien qu'il la franchit d'un air fébrile et particulièrement instable. Son souffle était déjà disparate à cause des violences précédentes, à cause de l'ouragan dans sa tête qui lui faisait parfois oublier de respirer. Il mordit ses lèvres sans aucune douceur ni attention, ne voulant que s'inquiéter de son propre plaisir et du besoin vital de faire d'elle son territoire, sa poupée dont il explorait les moindres formes de ses mains avides. C'était presque de la provocation, pensa-t-il. Non, c'était bien de la provocation pour la pousser ouvertement à se fâcher. Elle n'aurait pas peur de lui faire du mal ni de le mettre à genoux et elle en était franchement capable, ce à quoi il ne pouvait absolument pas résister. L'occasion était trop belle. Devaraj ne visitait que rarement son harem. Il les trouvaient toutes fades et insipides à côté de Lilith. Et ses désirs n'avaient pas le temps de murir qu'ils étaient déjà exécutés, ce qui n'avait aucun intérêt à ses yeux. Sentant l'orage courir à grand pas vers lui et la tension monter dans les muscles de la Draugr, il étouffa un rire idiot en voyant que son message était bien passé. Lui aussi n'était d'un gamin, dans le fond. Plus calme, il s'appliqua cette fois-ci avec plus de suavité à retracer avec sa langue le contour de de ses peintures, à rendre leur étreinte un peu plus agréable, à flatter sa peau en laissant ses doigts la frôler à l'intérieur de ses cuisses pour remonter contre son intimité, à lui souffler par un gémissement rauque qu'il avait envie d'elle. Peut-être qu'il allait repartir avec un coquard, la queue entre les jambes, peut-être qu'elle se laisserait prendre et qu'il la laissera assouvir ses propres désirs sur lui. Peut-être. Il avait arrêter d'essayer de comprendre Léto en se rendant compte qu'elle était aussi compliquée que lui-même.

Le Chaman avisa un tipi présumé vide sur leur gauche, en souriant comme un enfant. Son sourire à lui était bien moins charmeur et éclatant que celui de Souw, il n'attirait que les fous. Il y avait en lui quelque chose de bien plus violent que ses envies charnelles, un besoin sur lequel il n'arrivait pas tout à fait à mettre un mot. Cela se résumait en un désir de possession extrême que le sexe  n'arrivait pas à soulager, un désir qui se rapprochait bien trop de l'Emprise. Le corps n'était qu'une enveloppe charnelle qui pouvait changer d'apparence et disparaître. Sa possessivité passait bien au-delà, comme si la seule solution n'était pas de marquer le corps comme sien mais plutôt d'engloutir l'esprit en entier. Mais pour le moment, il voulait rester sage et se contenter du corps, pensa-t-il avant d'oublier sa résolution une demie fraction de seconde plus tard. Non, il voulait voir toutes ses réactions, toucher ses limites, la découvrir en entier, qu'elle se dévoile entièrement à lui. Seulement à lui ? Il griffa sa peau sans le vouloir, déglutissant avec difficulté, conscient qu'une avalanche violente s'abattait sur lui.

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Dim 24 Fév 2019, 12:18

Son rire fut aussi éclatant que la mièvrerie de son sourire, celui de la Souriante. Les divagations de Devaraj l'émerveillaient autant que les idées absurdes d'un fou amoureux. " Heureusement pour vous tous que je me suis écartée, n'est-ce pas ? Léto ne serait pas une Reine, en tout cas, loin d'être exemplaire. Elle avait trop la guerre dans le sang : elle pensait avant tout à elle au front, avant de se préoccuper de ceux à l'arrière. Bien sûr, elle ferait sans aucun doute une dirigeante aimante, mais efficace ? Elle en doutait. Les Ætheri avaient beau laver ses marques brunies, Devaraj fut bien plus dévoué envers les siens. Non, clairement, ce serait… absurde. Alors qu'au fond, elle lisait dans les yeux du Suprême que ce ne serait pas si étonnant. Après tout, elle était dans les bonnes grâces d'un fol. Ses iris dissonantes fixèrent la dégradation entre ses doigts, son emprise sur une terre qui lui appartenait. Léto ne répondit point aux sarcasmes – imprégnés de vérité dans le fond – préférant se faire à l'idée qu'elle ne pourra sans doute pas le sauver, lui. La titanide faisait serment de protection, mais elle ne sera guère son ombre. Tout comme les autres, cela la peinera d'assister à sa chute ; mais elle tiendra le coup, comme toujours. C'était lui, la démence qui me dévorait. " Admit-elle face à sa curiosité maladive. À lui de deviner ce qu'elle en avait retiré, et plus important : le résultat.

L'adrénaline de la Fusion grignotait encore la moindre parcelle de sa raison. Ivre de ce débordement, Léto ne pouvait quasiment plus se contenir. Comptait-elle se livrer depuis le début ? Non, la blonde possédait un avis tranché sur la question depuis son entrée dans la tribu. Devaraj n'aurait guère l'occasion d'exploiter ce corps qui était bien trop souvent entre les mains de Latone. Finalement, c'était bien à Léto que revenait la décision ; un paradoxe qui la perturbait, tout compte fait. Son attention s'attarda sur ses propres bras : elle tremblait, et finissait par ressentir cette secousse lui parcourir son entièreté. Elle rit doucement, un peu, et lui adressa ce sourire pour lequel il craquait.
" Es-tu encore capable d'être lucide, Devaraj ? N'était-il plus le Fou des Dieux en sa présence ? Elle acquiesça, les yeux dans les yeux. Je suis contente, oui, contente de pouvoir tout aussi bien plier tes pensées. Elle avait sa part dominante. Elle ne pouvait plus résister. Elle l'accueillit à corps perdu lorsqu'il se rua sur elle. Il aurait été bien mensonger de sa part de ne pas apprécier la bestialité de Wom'Zaïkam'Yé, la guerrière fut initiée à ça très jeune. La dévoration faisait partie intégrante de sa sexualité, côtoyer les Chamans n'avait fait qu'amplifier cet élément, et surtout l'accepter pleinement. Pas de honte, aucun tabou, simplement du plaisir. Et à son plus grand bonheur, Devaraj s'y adonnait avec audace. De prime abord, Léto ne se débâtit pas : c'était un contrat tacite de laisser l'initiative à l'autre. Ensuite de quoi, alors qu'elle avait suffisamment exhalé son souffle empli de désir, alors que ses cuisses s'étaient assez repliées sur sa main offensive, sa tête bascula un brin en arrière. Ses pupilles s'illuminèrent de cette même férocité, aussi intense. Sa langue récolta insolemment le sang qu'il était allé quérir sur ses lèvres. Elle suivit son regard en direction du tipi et retourna sur lui lorsqu'il assaillit à nouveau sa peau. Hmpf. " C'était son tour.

[-18] - Ouh là là ♪:


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