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 [IX] - Akésarlha | La Magie des Chimères

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Jeu 14 Fév 2019 - 12:03





Catégorie de quête : IX : Apprentissage
Partenaire(s) : Solo
Intrigue/Objectif : Découvrir la Magie des Chimères


«Mava. Sais-tu ce qu'est la réalité ?»
Penché de travers sur son trône macabre, l'héritier de la Dynastie des Cauchemars s'adressait à un cristal ambré qui rayonnait dans sa main. «Oh. Pour les fous tout n'est qu'un rêve disparate.» conclut-il, brisant la pierre innocente entre ses doigts nerveux. La pièce était plongée dans une fumée verte dont les tentacules s'allongeaient du sol au plafond et s'échappaient par les ouvertures afin d'étrangler les passants. Devaraj posa son regard vide sur la caisse de cristaux à ses pieds. Il venait de briser Mava numéro sept-cent-cinquante-deux et avait mélangé la poudre à son breuvage. Un bien vague et inutile médicament pour le mal qui l'habitait, mais cela apaisait la douleur d'une façon bien plus puissante que l'herbe. Sans aucun doute le cadeau du Dieu était sans égal parmi les drogues du monde entier. Poussant un faible soupir, le Chaman attrapa une autre Demencia. «Mava. Sais-tu ce qu'est la réalité ?»

La drogue qui coulait dans son sang et la répétition sans fin de ses paroles dénuées de sens lui donnait la vive impression de sortir de lui-même et de se regarder n'être qu'un pantin sans expression, puissante marionnette entre les mains des Aetheri. On le craignait comme Élu de ces Dieux mais de ce titre ne découlait que malédiction et amertume. Sans importance. Spectateur de sa propre ignorance, il n'aspirait plus qu'à se débarrasser de toutes ses chaînes qu'étaient les sentiments humains, à devenir aussi vide et raide que les gardiens de marbre plantés à l'entrée de la capitale. Brusquement, il se leva, provoquant un grand trouble dans la fumée dans laquelle il se plongea corps et âme. Il avait en lui le pouvoir de la modeler à son envie et d'en tirer des monstres et des douceurs sans nom. Elle devenait l'expression de son âme, il s'en servait pour extirper de lui-même ce qui le dérangeait avant de le regarder s'évanouir dans l'air, réduit au néant. «Mava. La réalité n'est qu'un mirage lorsqu'un Aetheri peut changer notre monde si cher en levant son petit doigt. On la croit nôtre, on s’épanche dans nos passions et nos décisions. Mais un beau jour tout s'écroule et l'on réalise que rien ne nous appartient.» Il tira les rideaux de la fenêtre, contempla les pierres qui brillaient dehors en contrebas du jardin comme pour confirmer ce qu'il venait de dire, referma aussitôt avec brutalité. Sa position lui donnait au moins l'avantage de ne pas s'en soucier, de la réalité. Il ne faisait qu'incarner un être choisi pour guider ce peuple si croyant. Peut-être que sa place n'était pas si éloignée que celle de l'Esprit de la Mort au final, si ce n'était que les Ombres étaient officiellement esclaves et les Chamans officieusement emprisonnés. Il était le moins croyant de toute sa nation, une conséquence qu'il jugeait être un effet secondaire de sa trop grande proximité avec les Aetheri. Trop de désirs, de haines, de volontés diverses et variées, de douleurs, l'avaient empêchés de voir clair dans ce gigantesque tableau. Cette identité qu'il s'était forgée, celle d'un être rongé par une violente gangrène, cruel et irascible, lui avait été arrachée par un esprit Parasite. Maintenant que ses souvenirs n'étaient plus que touches vagues à travers un brouillard lointain, qu'il ne savait plus vraiment qui être et quoi faire, il pouvait bien se rendre compte de ses erreurs passées. Enfin libéré, il souhaitait rester dans cet état indéfini, afin que plus personne ne sache s'il était réellement en train de mourir ou de vivre ; d'être démoniaque ou angélique ; afin que la myriade de possibilités qui s'offraient sans cesse à lui ne soit plus entravées par des idées reçues ou des vieilles rancœurs. Il voulait se sentir maître de l'Imprévisible, se dépouiller de tout sauf du précieux pouvoir d'être un chaos à lui tout seul. Seul les dieux auraient le droit de guider son esprit, autrement il laisserait le reste de sa vie voguer sur la mer du hasard et n'y jetterai pas même un regard. Son corps ne devait plus lui imposer de désirs et son esprits d'humeurs autre que la volonté ferme de se tenir au-dessus de ces gênes agaçantes qui formaient son identité propre.

Ce  n'était pas facile car il restait encore beaucoup de chaines qui le retenaient. Ses enfants adorés ou détestés, l'impression dérangeante qu'il ressentait encore devant Lilith, sa faim vampirique, sa soif de magie, l'acharnement qu'il mettait à guider les Draugr et à s'inquiéter pour eux, sa jalousie possessive. Tant de besoins et d'envies rendus incontrôlables par la Folie qui l'habitait... Il l'aimait, cette folie, c'était sa principale épouse. Mais à y mettre trop de cœur et de rage, elle l'avait conduit à faire des erreurs. Ce n'était plus simplement une démence violente et cruelle qu'il devait entretenir, mais une forme insensible, indolore, incolore de l'aliénation. Car la vrai folie était autant clémente que destructrice et il en avait honteusement oublié tout un pan du tableau. La vrai folie lui permettrait de se libérer entièrement de tout, devenir un véritable outil dans la main des Aetheri, une créature dont les Hommes ne pourraient rien prévoir, une créature qui n'avait pas de véritable identité, ni de véritables ambitions. Le Chaman traversa ses appartements pour arriver à son bureau. Il voulait faire de la réalité une illusion et de ses illusions la réalité. Supprimer ses propres sentiments qui étaient de nature si violente et extrême n'allait pas être une mince affaire, car même après la perte de ses souvenirs, il trouvait encore le moyen de nourrir de nouvelles obsessions. Devaraj regarda furieusement l'Akésarlha dans sa nimbe bleutée. Elle lui avait révélé l'existence de cette Magie des Chimères et depuis il n'avait pu ni dormir ni manger, ni faire autre chose que de penser aux mirages de ce monde. Cette magie divine qui modelait le monde et les esprits à son goût pour n'en faire qu'un rêve ou un cauchemar éphémère, il en voulait un bout, un morceau qui soit égal à sa propre force. Lentement, le Chaman ramassa des pots de pigments et un pinceau, puis sortit devant sa propre maison. Malgré les récentes constructions, il avait fortement insisté pour que contrairement à l'ensemble de la capitale bariolée, ses murs à lui restent vierges. C'était à lui de les peindre. Devaraj commença lentement son œuvre sur le mur ouest, la direction géographique qui portait le symbole des secrets et des mystères. Il songea avec ironie qu'il s'agissait d'une signification factice car l'Aether de la Folie faisait tourner l'Île Maudite sur elle-même, rendant les points cardinaux inutiles.

Le flux qui coulait en lui était plus stable quand il prenait de de la Demencia et qu'il n'avait pas faim. Ses forces qui étaient autrefois réservées à combattre le Parasite sans début ni fin lui était revenue pour son plus grand plaisir. Le Chaman savait qu'en lui brillait la Magie des Morts et la Magie du Souffle, comme deux extensions de lui-même dont il se servait depuis si longtemps qu'il ne s'en rendait plus compte. Toucher à d'autres domaines lui coûtait plus d'efforts et de concentration. Le Chaman se demanda ce qu'il deviendrait si on lui enlevait ce précieux don. Il prit la résolution effrayante d'essayer plus tard, car il ne voulait pas que sa magie devienne un autre obstacle entre lui et les dieux. Se pinçant la lèvre, Devaraj commença à peindre des totems dédiés à Harabella, Elzédor et Eoghan. Faire l'effort de les représenter était pour lui une façon de renouveler sa foi et sa soumission envers eux. Il fit placer un miroir au milieu de la pierre pour y regarder sa propre apparence et la trouver aussi insignifiante qu'un grain de sable dans un désert. Puis il peignit à gauche un chat gris et blanc entouré de fleurs pastels dont les pétales langoureuses descendait en collier jusqu'au sol. Enfin à droite, le peintre rajouta des araignées de toutes sortes. Puis, trouvant cela soudainement trop lisible et logique, il rajouta des araignées à gauche et des fleurs à droite, mélangea sans raison les Rêves et les Cauchemars dont les dieux étaient si liés. Enfin, il voulu faire en sorte qu'à chaque regard une fleur puisse se transformer en araignée et vice-versa, si bien qu'on ne pouvait plus savoir si l'on s'adressait à l'un ou à l'autre et qu'on ne pouvait faire autrement que d'accepter les deux. Pour terminer, il prit le soin de placer des bâtons d'encens au pied de la muraille, dont la fumée épaisse prenait toutes sortes de teintes douces ou macabres et faisaient voir des choses qui n'existaient pas. Leur odeur lancinante attirait les imprudents et les perdaient dans la contemplation des dessins jusqu'à l'évanouissement, ou bien leur faisait voir un reflet illusoire dans le miroir. Lui-même tombait parfois dans son propre piège lorsqu'il allait au petit matin approvisionner l'encens, ce qui le convainquit que ses trois totems étaient terminés et efficients. Ils étaient là pour être bons et mauvais, réels et irréels, pour lui rappeler sans cesse qu'il devait être et ne pas être en tout instant, que tout pouvait devenir mirage ou réalité et que seul le destin dicté par les Aetheri pouvait en faire le choix.

Bien qu'il n'ai pas terminé de déchiffrer l'Oddelegy inscrit sur la pierre et qu'il finirait par en confier la tâche à un Chaman plus capable que lui, le Suprême de l'Au-Delà savait que des étincelles de ces Chimères brûlaient en lui, qu'il utilisait déjà ces sorts si trompeurs quand il voulait manipuler chez son prochain les besoins primaires, les songes fiévreux, la peur viscérale, quand il faisait apparaître mille visages de terreur pour inspirer la folie. Cette fois-ci n'était pas les autres qu'il voulait ensorceler mais lui-même. La douleur que lui avait causé ses sentiments à travers les ères l'avait perdu. S'il n'avait jamais pas été un homme écorché à vif, ses erreurs n'auraient pas existées. Il voulait les prendre par le cou et les piétiner pour qu'il n'en reste plus rien. Mais le fait était qu'il ne pourrait jamais se débarrasser de son addiction à dévorer des esprits, il ne pourrait jamais faire autrement qu'aimer violemment, haïr violemment, souffrir violemment, il ne pouvait pas non plus se débarrasser de sa faim, de sa soif.

Pouvait-il au moins s'en donner l'illusion ?  

1847 mots
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[IX] - Akésarlha | La Magie des Chimères

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