Survivre, ensemble

« Je désirerais seulement qu'on me fit comprendre comment il se peut que tant d'hommes, tant de villes, tant de nations supportent quelques fois tout d'un tyran seul, qui n'a de puissance que celle qu'on lui donne, qui n'a de pouvoir de leur nuire qu'autant qu'ils veulent bien l'endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s'ils n'aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire. » - La Boétie

Catégorie de quête : XXXII
Intrigue : Selon les vœux d'Amshloumkarhya, Zane et Séléna sont à présent unis par les liens sacrés du mariage. Après avoir reçu un courrier les incitant à célébrer leur union, ils sont téléportés sur Asgösth, dans un désert de neige offrant quelques ruines pour seul réconfort. La lettre était claire quant au moyen de renforcer les liens du mariages : « Survivre, ensemble. ».

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« Vous hum… Est-ce que vous savez ce que cela signifie ? ». Séléna releva les yeux de la lettre qu’elle tenait entre ses doigts. C’était du délire, du pur délire. Haruki fit semblant de s’intéresser à la missive. Il savait très bien ce qu’elle contenait. « C’est curieux. » murmura-t-il. Parfois, il perdait légèrement la chronologie du cours des événements et, dans sa mémoire, il lui semblait que ce fait survenait un peu plus tard. Il ne s’y était pas assez préparé et en ressentait une forme d’agacement. Il savait néanmoins que cet agacement devait rester au creux de sa poitrine. Il ne devait pas intervenir. Son avis ne comptait pas. « Je… ». La Lyrienne ne savait qu’en penser. Était-ce une farce ? Elle ne connaissait même pas cet homme. De nom, bien sûr, mais elle ne l’avait jamais croisé et n’avait aucune intention de le croiser un jour. Son enfermement auprès de la Dame Rouge lui avait amplement suffit. Elle n’aimait pas les Démons et ne les aimerait jamais. Se savoir mariée à l’un d’eux, qui plus est le Roi, par un mariage totalement inconnu, la mettait fortement mal à l’aise. « C’est forcément une plaisanterie. Le problème c’est que… je ne vois pas ce qui est amusant là-dedans. ». Ce n’était pas comme si le coupable était caché sous son lit et attendait qu’elle découvre tout ceci pour rire de son faciès décomposé. « Qu’est-ce que vo… ». La Petite Chose s’interrompit au beau milieu de sa phrase, constatant que le Maître du Temps n’était plus présent. « Haruki ? » appela-t-elle, sans succès.

Quelques longues minutes plus tard, elle s’était changée. L’homme ne reviendrait probablement pas et la nuit était tombée. En robe de chambre, ses doigts effleurèrent de nouveau le parchemin. Qui était Amshloumkarhya ? Que signifiait « Survivre, ensemble » ? Il ne faisait aucun doute, pour elle, que le Diable n’avait pas besoin d’elle ; tout comme elle n’avait pas besoin de lui. Leurs deux mondes étaient totalement différents et puis… bientôt, elle ne serait plus de ce temps. Haruki lui avait expliqué qu’il devrait la mener dans le passé très prochainement, que là-bas devait se dérouler une partie de son Destin. Un peu inconsciemment, elle aspira sa lèvre inférieure, la maintenant ensuite avec ses dents, d’un côté seulement. Elle était songeuse. Elle ne voulait plus que sa vie ressemble à un champ de ruines. Elle ne voulait plus que des Grands s’approprient son existence. Quoi que lui veuille ce Zane, s’il lui voulait quelque chose, elle était prête à lutter. Elle allait le contredire dans ses desseins. Elle ne serait pas sa femme. Elle ne voulait pas de lui. Elle ne voulait pas qu’ils « survivent, ensemble ». Elle voulait du calme, de la sécurité, du contrôle ; pas se retrouver prisonnière d’une cage, quand bien même celle-ci serait-elle dorée. Déterminée, elle contempla son reflet dans le miroir. Elle ne le laisserait pas l’enlever ! Ses doigts se refermèrent sur le papier qu’elle froissa. Les flammes de sa magie finirent de consumer ce qu’elle avait souhaité détruire.

C’est donc légèrement agacée qu’elle se coucha entre les draps, ayant du mal à trouver le sommeil.

Le plongeon ne fut pas celui qui aurait dû survenir. Au lieu d’atterrir dans les bras d’Harabella, elle atterrit dans ceux d’Akull. La neige plia sous le poids du corps de Séléna qui s’enfonça dans le solide glacé. Le froid la saisit, martyrisant les traits de son visage. Elle ne resta pas à plat ventre longtemps, son instinct la faisant se redresser vivement. Perdue, elle tourna la tête à droite et à gauche. Était-elle en train de rêver ? L’attaquait-on ? Totalement seule pour le moment, un soulagement incertain la gagna. Le paysage neigeux s’étendait à perte de vue, uniquement contrarié par des ruines à moitié enfouies. Debout, la neige lui arrivait aux mollets. Elle n’était pas très grande, ce qui accentuait sa détresse. Au moins, elle n’était pas en danger immédiat. Sa chemise de nuit avait été remplacée par un accoutrement en fourrure qui maintenait sa silhouette au chaud. Heureusement. « Je rêve… c’est sûr. » fit-elle pour se rassurer. Ce n’était pas dans ses habitudes de parler seule, sauf lorsqu’elle devait se dépêcher sans oublier quoi que ce soit. Pourtant, dans le cas présent, elle avait prononcé ces mots sans réellement le vouloir, presque inconsciemment. Que devait-elle faire, maintenant ?

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