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 [Événement] - Jouons à un petit jeu

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Mitsu
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Mitsu
Dim 19 Aoû 2018, 20:52

Jouons à un petit jeu




Un fin sourire apparut sur un visage aux contours indéfinis. Il observait les Terres du Yin et du Yang depuis un artefact qu’il avait créé pour l’occasion. L’homme qui avait organisé les jeux lui plaisait ou, du moins, il aimait entraver ses entreprises, régulièrement. Il avait donc fait en sorte de trafiquer les cartes présentes à bord. Le stratagème était simple : semer le doute pour attirer quelques nouveaux cobayes au cœur de son Monde. Il aurait pu les y téléporter directement mais il était curieux de savoir qui préférerait les mystères d’une destination au beau milieu des flots à la sécurité de la terre ferme. Pour autant, il n’était pas sûr que ce qui se tramait sur le sol serait profitable à ceux qui s’y rendraient. Quant à ce qu’ils trouveraient dans son Monde… Son sourire s’agrandit. Il n’avait pas encore décidé s’il les faisait rejoindre la même expérience ou s’il les séparait. Il aviserait le moment venu, surtout qu’il parcourait actuellement les continents, tranquillement, pour trouver des cobayes divers qui n’appartenaient pas au petit jeu. Il les choisissait selon des critères bien particuliers. Il avait quelques idées de scénarios à leur faire éprouver. Il avait créé une île remplie de femmes et souhaitait y envoyer un unique homme afin d’observer comment se passerait les échanges sur le long terme. Bien entendu, il ne pouvait pas se contenter d’une unique expérience. En bon scientifique, il lui fallait un groupe contrôle et plusieurs répétitions afin de distinguer les variantes entre les autres groupes et les comportements qui se déclaraient à chaque fois. Il ne souhaitait pas se contenter de simples corrélations. Il désirait établir une causalité manifeste, ce qui était particulièrement délicat. Quant à l’éthique, il s’en fichait royalement. S’il avait besoin de traumatiser quelques habitants des Terres du Yin et du Yang pour les besoins de ses travaux, il n’hésiterait pas une seule seconde. Certains périraient sans doute, une ou deux fois. Ils les ramèneraient à la vie. De toute façon, les Ombres n’étaient pas invitées ici et il était le seul à gérer la vie et la mort de ceux qui se trouvaient en Asgösth. « C’est parti… » se murmura-t-il avant qu’une dizaine de décors se forment. Il prit un carnet et un crayon, commençant à prendre des notes sur des pages déjà bien trop chargées.

Explications


Hello ^^

Simple : Vous êtes téléportés sur Asgösth par le Dieu qui se sert de votre personnage comme cobaye lors d'une expérience (il peut le plonger dans un univers sans femme par exemple, ou sans magie, ou en pleine guerre civile à Avalon ou dans un monde en guerre totale, avec très peu de survivants. Bref, ça peut être multiple et varié). Une fois qu'il considère qu'il a vu ce qu'il voulait, il vous ramène chez vous par téléportation. Vous ne voyez pas ledit Dieu. Pour les individus étant dans le rp dirigé, vous atterrissez ici si vous êtes allés sur la croix de la Mer. Comme vous étiez sur le même bateau, vous pouvez vivre la même expérience. Mettez vous d'accord si vous voulez vous accorder =) Et si vous voulez, vous pouvez continuer votre arrivée sur l'île dans un rp à côté ^^ Ça, ça vous regarde quoi ^^ Quoi qu'il en soit, à la fin, le Dieu vous téléporte chez vous avec un mot. Je vous dirai de quoi il parle plus tard, ce sera pour le mois de septembre du rp dirigé =)

Ce lieu est un lieu pour tous. Vous avez jusqu'au 28 Octobre 2018, 23h59, pour poster. SAUF pour ceux qui font le rp dirigé qui ont du lundi 27 août, 00:01 au dimanche 2 septembre 23h59 pour poster. Pour ces derniers, vous n'êtes pas obligé de faire le nombre de mots indiqué. 720 mots minimum pour vous. Si vous faites 900 ou 1350, vous aurez néanmoins les gains ^^

Gains


Pour 900 mots > Un point de spécialité.
Pour 200 mots supplémentaires, soit 1100 mots > La téléportation sur Asgösth en plus

N'oubliez pas de déclarer vos gains ^^

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Lun 27 Aoû 2018, 12:23

Edwina avait fini par s’installer sur une chaise, dans la cabine du capitaine. Elle aurait pu rappeler Elros mais elle avait assez de jugeotte pour comprendre que cela ne servirait à rien. Soit son interlocutrice était une excellente menteuse, soit elle se fichait du monde matériel. Dans ce dernier cas, même si le Dragon avait anéanti le navire, elle aurait survécu. « Je connais aussi votre véritable prénom. » précisa la blonde avec un petit sourire aux lèvres. L’Impératrice Blanche inspira difficilement. Il y avait peu de choses qu’elle craignait véritablement mais ce simple mot avait un pouvoir considérable. Elle ne l’avait indiqué qu’à une seule personne, au cas où le mal embrasse son cœur et embrase son esprit. « Comment le connaissez-vous ? ». « Je suis une Ombre. » fit-elle sans aucune pudeur. « Mais je ne suis soumise à aucune règle, même pas au secret. ». La Belle la fixa un instant. Elle connaissait quelques rouages du Cycle de la Vie et de la Mort, notamment parce qu’elle avait vécu à l’époque où les Esprits étaient tous revenus à la vie, qu’elle voyait les défunts et pouvait s’entretenir avec eux. Elle pouvait elle-même devenir Esprit. Seulement, elle était très loin de pouvoir décrire ce qu’était une Ombre. Elle n’avait aucune idée de l’étendue de leurs pouvoirs et de celle de leurs missions. Les Esprits refusaient souvent d’en parler, comme si des ténèbres infernales les menaçaient de loin. Comme si la conversation risquait de provoquer des foudres inconnues, elle ne posa aucune question, attendant que la blonde reprenne. « Vous allez devoir mourir. ». « Excusez-moi ? ». « Pour vous débarrasser de votre malédiction familiale. ». Edwina façonna une chaise pour son interlocutrice et celle-ci s’assit avec élégance après un petit remerciement. La blonde croisa les mains sur ses cuisses. « Je m’excuse de vous avoir légèrement maltraité, tout à l’heure. Puisque je ne suis ni reine ni reconnue, les individus ont tendance à ne pas mesurer convenablement ce que je représente. C’est une grave erreur. Ajoutez à cela que je déteste perdre mon temps. Je ne suis pas de celles qui agissent par condescendance naturellement, je n’aime pas devoir le faire. J’aime à penser que ceux qui m’entourent sont assez intelligents pour ne pas se frotter à moi lorsque je ne suis pas d’humeur à m’adonner aux usages des civilités. Parfois, c’est surestimer les êtres ; la meilleure voie pour une déception assurée. ». Elle sourit, s’appuyant contre le dossier d’une façon altière. Elle n’était pas reine mais elle en avait le comportement. « C’est un miracle que vous ayez survécu tout ce temps même si votre vie touche bientôt à sa fin. Il vous l’a dit, n’est-ce pas ? ». Il fallut quelques instants à l’Impératrice Blanche pour répondre. « Oui. Il m’a prévenue sur le quand et le comment. » concéda-t-elle en détournant le regard. Elle n’aimait pas en parler. Il le lui avait soufflé en précisant que la chose devrait rester un secret entre elle et lui. Que cette femme dont elle ne connaissait rien soit au courant rendait la situation délicate. « Les individus n’aiment pas lorsque l’on parle de leur propre mort mais je pense que la Mort a un certain respect pour vous, malgré vos gaucheries, vos fantasmes et vos enfantillages. ». « À vrai dire, ce n’est pas la mort qui m’effraie mais ce qui la suivra : les conséquences pour mon peuple, ce que je serai ensuite… surtout ce que je serai ensuite. ». Edelwyn resta silencieuse un instant. « Vous fuyez le mal depuis des siècles et des siècles et il vous effraie parce que vous refusez de le regarder en face, telle une enfant qui a peur de la présence d’un monstre sous son lit et qui refuse de constater que rien ne s’y trouve. Vous êtes assez intelligente pour comprendre que des nuances existent. Un maléfique ne voudra pas forcément incendier le monde. Vous savez, j’ai observé vos songes, jadis, et ce ne sont que des cauchemars. Quand bien même vous seriez une Sorcière, je doute que vous finissiez par brûler tout un continent. Et puis, ces notions de bien et de mal sont d’un ennui... Je vois plutôt ces Terres comme une fourmilière d’intérêts divergents et convergents, des intérêts qui peuvent changer en fonction des situations et des opportunités. ». Elle sourit. « Moi-même, étant Sorcière, n’ait rien détruit de particulier hormis quelques vies pour mes expériences. Cela dit, vous, en tant que Magicienne, avez également tué, sans doute plus que moi à cette époque. Ce qui vous effraie est l’idée même d’être maléfique mais, finalement, est-ce digne d’une Magicienne de s’acoquiner avec le Diable ou d’être proche de la Reine des Abysses ? ». Elle la fixait, légèrement amusée. La Tisseuse avait eu un léger mouvement de recul, comme prise en flagrant délit. « Arrêtez de culpabiliser de ne pas apprécier les bonnes personnes. Vous n’avez pas à aimer un Ange, pas plus que n’avez à vous comporter de façon hautement vertueuse. J’ai moi-même toujours côtoyé des individus appartenant à plusieurs peuples, parfois en guerre avec le mien. Cependant, lorsque vous avez la puissance et le statut nécessaire, vous pouvez vous permettre ce genre d’inconvenances. Qui viendrait vous blâmer de laisser les mains de la Bête parcourir votre corps ? Vos conseillers ? Votre peuple ? Vous n’allez sans doute pas les tuer comme l’Empereur Noir pourrait le faire mais vous êtes la Reine, depuis des Ères et des Ères. Vous avez été choisie par les Dieux et aucun Mortel, aucun, ne peut remettre en cause cela. Vos conseillers ont une place : celle qui consiste à vous servir. Ils n’ont pas à interférer dans votre vie privée. Et si un jour vous perdez votre trône, c’est que les Ætheri se seront détournés de vous. Cependant, croyez-moi lorsque je vous dis qu’on ne peut échapper à son Destin alors cessez de faire la potiche et, s’il vous plaît, regardez-vous dans un miroir, bien en face. Regardez le Diable, également. Vous pourriez être surprise. Après tout, n’est-ce pas l’Élue des Cieux qui vous a trahi le plus, entre les deux ? ». Edwina resta silencieuse. C’était comme si elle était retournée en enfance et qu’elle venait de recevoir une punition de la part d’une grande personne. D’un côté, la blonde avait raison. Elle était bien plus portée à faire confiance aux Anges du fait de leur race alors que la Reine ne cessait de la traiter sans aucune considération, manipulant les foules et l’opinion, annonçant des partenariats inexistants du fait de ses seules décisions unilatérales. Quant à Zane, il ne l’avait jamais trahie. Pour autant, elle ne lui faisait pas confiance. Elle attendait le moment où il le ferait, parce qu’elle était sûre que cet instant arriverait. Peut-être qu’elle avait tort. « Et s’il me trahit ? ». Edelwyn sourit devant la naïveté de la Reine sur son propre compte. « Demandez-vous pourquoi cette question vous tient tellement à cœur alors que vous vous fichez éperdument du comportement de son antagoniste. ». Après quelques secondes, la Belle blêmit. « Voilà. » susurra l’Ombre, pour conclure cette partie de la conversation. « Maintenant, j’aimerais que vous me disiez ce que je souhaite savoir. Qui est-ce ? ».

Lorsque la fin de la discussion sonna, il fut décidé que comme Edelwyn devait continuer à manœuvrer le bateau jusqu’à la terre ferme, Edwina se rendrait, à dos de Dragon, au beau milieu de la Mer. L’Ombre était curieuse quant à cette dernière croix et, faute de s’y rendre elle-même, elle voulait que la Magicienne y aille, chose qu’elle accepta.

1233 mots – la suite dans la quête ^^
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Jeu 30 Aoû 2018, 02:08

[Événement] - Jouons à un petit jeu H6wa

Il est temps de créer sa propre voie…

❦ ❦ ❦

Ashana remua doucement dans son lit. Dans sa chambre, flottaient enfin les odeurs caractéristiques des bacs de fleurs. Le vent traversait les deux entrées béantes du lieu de vie de L'Ygdraë. En plein centre de son lit, elle se laissait bercer par le chant des oiseaux et le réveille de la nature. Quelques rayons de soleil vinrent passer la grande fenêtre à l'arrière et remontèrent le long du lit pour venir taquiner les longues jambes de l'endormie. Telle une plante qui était nourrie par le soleil, l'endormie se réveillait. Cependant, quand elle ouvrit les yeux, ce n'était pas pour voir le plafond habituel de sa chambre, mais plutôt un ciel bleu qu'elle avait si souvent vu et pourtant qui lui semblait différent. Ensuite, vient la soudaine réalisation qu'elle n'était plus dans son lit. Le duveteux des plumes d'oie, mais l'herbe chaudes de l'extérieur. Elle aurait pu reconnaitre cette sensation n'importe où même si ce n'était pas l'herbe soyeuse de Melohorë. Ses doigts s'agrippèrent nerveusement à l'herbe qui lui était inconnue. Pendant que son regard était toujours fixé sur la voute céleste, incrédule devant la nouvelle réalité qui s'ouvrait devant elle. L'odeur de la nature sauvage vient emplir ses narines, enivrant ses sens comme jamais elle l'avait été.

Toujours confuse et fébrile de la situation, elle trouvait enfin la force de se lever. Tout autour d'elle, une nouvelle végétation s'élevait. Elle n'avait jamais vu quelque chose d'aussi vibrant. Il était étrange de voir la vie pulser des êtres végétaux. Chaque être qui se trouvait ici semblait vivre en harmonie avec l'autre, chaque espèce vivante semblait avoir son utilité et offrir quelque chose à une autre plante. Puis Ashana réalisa une chose, comment pouvait-elle être aux courantes de tout ceci ? Elle prit quelques secondes supplémentaires pour réfléchir à cette réalisation, se concentrant un peu mieux sur son entourage, d'autres réalisations vient traverser son esprit. Elle ne ressentait pas juste l'harmonie entre les plantes, mais aussi des ''pensées'' ou plutôt un système de connexion qui reliait tout ici. Elle se doutait que ceci était plus complexe que s'en avait l'air, mais elle était fascinée par tout ceci.

Instinctivement, elle percevait le besoin qu'ils ressentaient et se mit en mouvement dans une direction qu'elle ignorait l'objectif. Pendant que son regard mauve observait chaque feuille, tronc d'arbre, fleur et mousse, elle finit par arriver à un lac à l'apparence féerique. Pendant qu'elle s'approchait du lac, ses pieds nus s'enfoncèrent silencieusement dans l'épais tapis de mousse qui était gorgé d'eau et elle en vient à une réalisation... Malgré la magnificence du lieu quelque clochait. C'était à cause de toute cette beauté sauvage et féerique qu'elle ne l'avait pas réalisé, il n'y avait que le sentent au travers les feuilles qui offraient une mélodie. Il n'y avait rien d'autre qui troublait les lieux. Ashana adorait la nature, jardiner les plantes étaient son passe-temps favori, mais s'il y avait bien une chose qu'elle appréciait encore plus et c'était la présence des animaux et des insectes. Dans cette forêt, il n'y avait rien de tout ceci...

Quand son cerveau assimila cette constatation, sa promenade s'arrêta à trois pas du lac. L'eau de ce dernier était d'un bleu limpide et encore une fois, aucune vie n'y vivait, c'était étrange à dire, mais elle le ressentait, c'était comme si elle faisait partie de l'écosystème présent ici. Lentement, son esprit se mit à divaguer au rythme du vent, balançant doucement son corps sur la même danse que les feuilles. Elle ferma les yeux, pensive et presque végétative sous cette valse envoûtante. Elle laissa un soupir sortir de sa bouche et elle levait les bras vers les ciels, les tendant tel un arbre qui s'étire pour rechercher la présence du soleil. Pendant une longue minute, elle se perdit dans la contemplation de l'environnement. Pour la première fois de sa vie, elle ressentait ce que pouvaient ressentir les plantes. Étrangement, cette constatation l'ennuya plus qu'il ne l'émerveillait.

Intérieurement, elle se débattit avec une violence qu'elle ne se connaissait pas. Elle réalisa qu'elle avait peur de vivre dans un monde où il n'y avait pas d'animaux. Pour elle, un monde comme ceci ne pouvait pas vivre, ne pouvait simplement pas exister. Toujours silencieuse, elle trouvait la force de reculer d'un pas, de rejeter cette étrange connexion qui n'était pas naturelle. C'est à cet instant que la peur envahit son corps et qu'elle tournait les talons pour s'éloigner de lac qui devenait maintenant une large flaque d'un noir visqueux. Cependant, même si elle courait, elle n'entendait aucune vie animale ou encore insectoïde. La peur devient rapidement obsessive et elle n'avait plus qu'un seul but et c'était de trouver une forme animale. Après plus d'une demi-heure, elle dû arrêter sa course très soudainement pour éviter une chute dans le vide. Une nouvelle fois, elle fut ensorcelée par la vision qui se dessinait devant elle.

Il y avait plusieurs îles flottantes. Sur certaine semblait se dessiner les formes de ruines ou de vieille cité. C'était une élégante architecture d'ivoire qui contrastait énormément avec la verdure qui les entourait. Des chutes d'un bleu se jetaient dans le vide tracé des lignes droits contre la terre. Certaines îles étaient reliées entre elles par des ponts donc elle ne reconnaissait pas les matériaux. À cet instant précis, quelque chose bondit dans sa poitrine, une nouvelle réalisation la frappait. Elle qui s'était toujours cloîtrée dans le réconfort du familier, elle réalisait qu'elle avait toujours eu peur de l'inconnu, c'était même devenu une obsession absurde qui l'avait toujours tenu loin de tout et pourtant elle avait toujours cherché en savoir plus sûr la faune et la flore. Alors, pourquoi se cloîtrait elle toujours ? Pourquoi avait-elle toujours eu peur de l'inconnu tout en attendant impatiemment son droit de sortir du continent ? C'était tout simplement absurde et elle ressentit un point s'enlever de sur ses épaules.

Elle sent quelque chose de nouveau naître en elle, une nouvelle force qu'elle ne se connaissait pas et un étrange mélange entre la peur de l'inconnu et l'excitation la remplit. Elle se mit à trépigner sur place telle une enfant qui attend avec impatience son cadeau de fête. Elle avait toujours pensé qu'elle avait voulu faire comme sa mère, mais si elle faisait comme sa mère, elle ne serait qu'une pâle image d'elle-même. Elle ne voulait pas devenir l'exacte copie de sa mère, elle voulait créer sa propre voie et devenir quelqu'un qu'elle voudrait. Elle voulait se créer une vie qu'elle pourrait faire de ses propres mains, vivre ses propres émotions et découvrir encore plus du monde dans lequel elle vit. Elle voulait voyager et découvrir les mystères qui gorgeaient ce monde. Elle était sûre que ce monde n'était qu'un rêve, un merveilleux rêve qui lui avait permis de découvrir ce qu'elle voulait vraiment et elle effectua le dernier pas qui la jetait dans le vide.

Avec un large sourire, elle ressentit le travail de la gravité sur son corps et chutait dans le vide. Le vent était assourdissant dans ses oreilles, ses cheveux étaient jetés vers l'arrière et ses vêtements collés contre son corps. Plus elle y pensait, plus elle trouvait ce rêve grisant et ce promis de trouver le moyen de revenir ici et avec un peu de chance elle pourrait changer ce monde ? Y rajouter quelques vies animales et insectoïdes ? Tout en continuant de chuter, elle goutta à l'ivresse de la liberté et elle due à un certain moment fermé les yeux. Quand elle réouvrir les yeux, elle se retrouvait couchée sur le ventre dans son lit et elle sûre d'elle où ce n'était qu'un rêve, mais toujours déterminer de son nouveau choix de vie, elle quittait la chambre en chantonnant.



1400 mots
Merci pour l'évènement !
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Jeu 30 Aoû 2018, 12:52

Chelae s'adonnait à la lecture d'un vieux journal. Elle l'avait trouvé, gisant sur la table à côté de la bibliothèque. Son père était certainement passé et avait dû le laisser en plan. Elle ignorait les raisons de ce subit retour en arrière. Peut-être avait-il voulu se remettre un événement, un nom ou elle ne savait quoi d'autre en mémoire. C'était une gazette qui datait de l'époque des Dahlia. Un vieux papier qui n'avait plus grand intérêt à présent. C'était loin et oublié. Chelae s'enfonça dans son fauteuil. C'était loin et oublié, futile aussi, mais ça l'amusait. Comme pour vérifier la phrase « c'était mieux avant », elle voulait essayer de se souvenir. Elle ferma les yeux quelques instants pour se remémorer quelques scènes. Elle ne savait pas. Elle avait beaucoup changé, au final. Les problèmes et les avantages qu'elle trouvait à sa vie étaient différents. Mais peut-être que oui. Peut-être que c'était mieux « avant ».

   Un courant d'air caressait son visage. Chelae ouvrit les yeux et son doux sourire se volatilisa. Elle battit plusieurs fois des paupières, tourna la tête à droite, à gauche, puis s'examina de la tête aux pieds. Elle se leva brusquement du vieux fauteuil crasseux dans lequel elle était assise, poussant un cri de stupéfaction. Le journal avait disparu, de même que la bibliothèque, l'épais tapis qui recouvrait le sol et les tapisseries qui décoraient les murs. Elle fit un deuxième tour sur elle-même en se pinçant pour être certaine qu'elle ne délirait pas. Elle n'était plus chez elle, mais dans une maison qu'elle devinait abandonnée depuis un certain temps. Le sol n'était pas parfaitement plat, les murs de pierre étaient dénués d'ornements, les carreaux des fenêtres avaient jaunis. Il y avait aussi un lit, qui lui paraissait tout sauf confortable. La pièce d'à côté était bruyante, un orchestre de tintements métalliques et d'autres sont qu'elle n'arrivait pas à identifier.

   -Il y a quelqu'un ?

   Sa voix était peu assurée, légèrement agacée, mais elle tâchait de rester polie. Le bruit s'estompa et l'Alfar entendit des pas venir en sa direction. Une femme d'une quarantaine d'années fit son apparition. Elle était petite et souriante. Son regard était chaleureux. Un tablier protégeait sa robe terne et ses cheveux étaient noués en un chignon que Chelae qualifia d'approximatif. Et ce n'était clairement pas une Alfar.

   -Oh, vous voilà ! Bienvenue, j'vous en prie ! On va bientôt manger, venez.

   L'inconnue avait un accent désagréable et elle parlait vite et fort. Elle n'attendit pas plus pour repartir aux fourneaux, laissant l'Alfar en plan. Cette dernière était bouche bée, autant par son incompréhension que par l'attitude impolie de la femme. D'abord réticente, elle se dit qu'elle n'avait rien d'autre à faire que de la suivre.

   -Excusez-moi. Elle voulut attendre qu'elle se retourne, ce qu'elle ne fit pas. Excusez-moi !

   -Oui ? J'vous écoute.


   -S'il-vous-plaît, qui êtes-vous ? Et où sommes-nous ? Je ne comprends pas, j'étais…

   -Tut tut tut, pas si vite. Asseyez-vous, on mange. LES ENFANTS A TABLE !

   Chelae crut que le plafond allait lui tomber sur la tête. L'escalier vibra tout autant avant de laisser place à trois enfants, tous aussi mal entretenus que leur mère. Trop occupée à énumérer ce qui n'allait pas dans cette maison – qui n'était pas abandonnée au final – elle ne leur adressa même pas un sourire ou une quelconque salutation.

   -Aujourd'hui on a une invitée, donc j'espère que vous allez vous t'nir à carreau et être polis. Puis, à Chelae. J'vous présente Marcus, Jude et Martha. Ah oui, et moi c'est Maria. Vous ?

   Elle attendit la fin de la question, mais il n'y en avait pas. Cette Maria ne savait pas faire des phrases correctes.

   -Euh… Chelae Arcesi. Balbutia-t-elle.

   -Je peux vous appeler Chelae ? Très bien, conclut-elle en déposant une grosse et lourde casserole sur la table, c'est prêt.

   La mère servit à chacun une énorme louche de cette potée fumante qui ne ressemblait à rien. Chelae regardait le plat sans envie. Devant elle, les trois enfants mangeaient à une vitesse phénoménale. Elle n'avait vraiment pas faim. Elle ne se forcerait pas à manger cette nourriture pour animaux. Elle ne mangerait pas chez ces étrangers, qui, peut-être, essayaient de la tuer. Déjà qu'elle n'avait rien à faire chez eux... Maria remarqua bientôt ses réticences.

   -Vous mangez pas ? Vous aimez pas ? C'est bon pourtant.

   -Je ne comprends pas. Qui êtes-vous, où sommes-nous et que fais-je ici ?

   -Eh ben j'vous dis, appelez-moi Maria. Vous êtes sur l'île Asgösth, dans le village d'Asgösth. Vous devriez manger vite, faut aller aider mon frère à la ferme. Les porcs, vous savez…

   Quoi, les porcs ? Non, elle ne savait pas. Maria ne répondait que partiellement à ses questions. L'Alfar détestait cela. Elle savait qu'elle pourrait formuler ses interrogations de toutes les manières possibles et imaginables, cette idiote de mère de famille ne répondrait jamais bien.

   -Les… les porcs ?

   -Bah une ferme, les cochons quoi. La viande. Pour manger.

   L'Alfar considérait la mère comme s'il s'agissait d'une demeurée. Car à ses yeux, c'en était une.

   -Vous voulez que je travaille… avec… ça ?

   -Ah bah oui, on vous loge après tout, un coup de main ça s'rait pas d'refus !

   Chelae lâcha un rire nerveux. La mère se figea.

   -C'est une plaisanterie ? Excusez-moi, mais j'ai du mal à comprendre ce que vous voulez de moi. Il y a quelques minutes encore, j'étais chez moi à lire le journal, et à présent je me retrouve ici sans plus d'explications, et vous me demandez d'aller élever des animaux ? Ne pensez-vous pas qu'il y a un problème ? Peut-être faudrait-il plutôt m'aider à rentrer chez moi, vous ne pensez pas ?

   Elle venait de lancer un grand froid. Même les enfants l'observaient comme s'il eut s'agit d'une entité d'un autre monde. Les secondes furent longues, mais nécessaires pour tout le monde. Maria haussa finalement les épaules. Elle était malgré tout contrariée.

   -J'en sais rien, c'est comme ça.

   Chelae entrouvrit la bouche, mais son interlocutrice terminait son assiette et se levait déjà, prête à en découdre avec toutes les corvées qui l'attendaient. De sa grande voix, elle ordonna à sa marmaille d'aller directement chez leur oncle. Au passage, ils feraient visiter le bled à Chelae. Malgré ses protestations, l'Alfar fut emmenée dehors par les mains sales et grasses de ces enfants mal élevés. Elle découvrit ainsi l'extérieur, qui ne donnait pas plus de rêve que la maison dans laquelle elle avait atterri. Les maisonnettes s'entassaient autour des chemins de terre boueux du hameau. L'odeur était indéfinissable, mais une chose était sûre : ça sentait mauvais. Elle se trouvait chez les Nägs d'une autre race. Elle ne voyait pas d'autre explication. Les enfants l’entraînaient toujours, chahutant comme elle ne l'avait jamais vu. L'Alfar tentait tant bien que mal d'esquiver les parties les plus boueuses du chemin pour ne pas salir ses bottes. Tout ici la dégoûtait. Surtout ce relent d'excréments, qui se faisait de plus en plus fréquent. Et ces grognements typiques de cochons… Déjà, les enfants lui expliquaient ce qu'il fallait faire. Ils n'hésitaient pas à mettre leurs mains nues dans la boue, les fientes et sur les animaux. Et elle allait devoir faire pareil, malgré ses protestations et ses tentatives pour lui éviter le pire. En silence, Chelae priait les Aetheri pour que ce cauchemar cesse le plus vite possible. Combien de temps cela allait-il durer ? En réalité, son calvaire venait à peine de commencer.

***

Chelae vécu une semaine dans cette famille de basse classe. Elle n'était pas si mal logée, puisqu'elle pouvait manger à sa faim. Sept jours de soumission – le premier soir, elle faillit dormir avec les animaux tant elle était insupportable – et de tolérance forcée. Lorsqu'elle rentra, elle était prête à pleurer de joie et à étreindre Satso. Elle ne subit cependant aucun traumatisme grave de cette expérience...

~1310 mots~
Merci  nastae
Je viens de réaliser que c'est du wwoofing tout ça xD
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Jeu 30 Aoû 2018, 16:19

Le temps était frais, au Rocher au clair de lune. Cela ne m’empêchait pas de m’entraîner et d’essayer de me transformer enfin en mon totem. Cependant, ce n’était pas encore le bon moment ! Il me manquait quelque chose et impossible de mettre le doigt dessus pour l’instant. J’avais posé des tas de questions aux anciens et ils me répondaient en cesse qu’il me fallait du temps et qu’il fallait que je retrouve la même mémoire surtout. Mon passé était important pour ma transformation, je ne pourrais pas avancer sans que je retrouve qui j’étais et ce que j’avais fait dans ma vie. Le problème était que je n’arrivais pas à débloquer cette mémoire, elle ne voulait pas malgré tout. Les anciens me disaient qu’il me fallait un déclic pour déverrouiller l’ensemble de mon cerveau. Ah oui, je voulais bien, mais mon esprit n’avait pas très envie. Cet élément de ma vie était indispensable pour mon bon épanouissement. Mais que faire ? Avais-je réellement besoin de savoir qui j’étais avant ? Ce que j’avais fait ? Je n’étais pas sur, mais si c’était le seul moyen d’avancer, alors que je devais prendre en compte ses souvenirs de l’ancien temps. Il aurait bien un moyen : c’était de rencontrer les amis que j’avais… Mais je ne connaissais plus leur visage et leur prénom. Hum. Je laissais cette idée de côté pendant que je m’exerçais à maîtriser mes pouvoirs récents comme la création de la glace et la téléportation. Mais, qu’est que c’était difficile ! Impossible de faire ça, de manière rapide et facile sans me poser de questions. Les Anciens me disaient que j’avais eu beaucoup de pouvoirs magiques et que je possédais une grande aura magique autour de moi, autrefois. Oui, mais c’était autrefois ! Aujourd’hui, je n’avais plus rien !

Alors que je commençais à me mettre en colère et que la frustration montait en moi, je me sentis bizarre. Je fus téléporté dans un endroit inconnu… Comment étais-je arrivée ici ? Je n’avais pas utilisé mon pouvoir de téléportation et je n’étais jamais allée dans cet endroit, donc ce n’était pas de ma faute. Quelque chose s’était passé ou une personne m’avait tellement porté dans cet endroit précis. Je regardais autour de moi en essayant de retrouver mes repères, mais tout était vraiment inconnu. Je ne reconnaissais rien du tout ! Mais où étais-je au juste ? Et qu’est-ce que je faisais dans cette maison en cendre ? J’observais bien autour de moi et puis je vis des fantômes. Des rires qui venaient de nulle part, deux petites filles qui jouaient dans la maison sous les yeux de leur parent aux airs sérieux. Elles jouaient ensemble à cache-cache dans la maison immense dans les montagnes, loin de tout. « Anwen, ne va pas trop loin avec ta sœur… » Anwen ? C’était moi quand j’étais plus jeune ? Je n’arrivais même pas à me reconnaître. Je devais avoir 15 ans, ou moins. J’avais les cheveux noirs comme la cendre, ainsi que très longs, je pouvais presque m’emmener les pieds dedans. Celle qui était à côté de moi était ma petite sœur… Son nom ? Humm, non, je n’arrivais pas à l’entendre d’où j’étais. Donc cette maison était la maison où j’avais vécu pendant mon enfance. Pourquoi avait-elle brûlé alors ? Je haussais les épaules avant de regarder les fantômes du passé joués.

Les filles sortirent de la maison en cendre, sûrement pour me dire que je devais les rejoindre dehors. Je les suivis avec envie et sans réfléchir. Je poussais la porte qui tenait encore, miraculeusement. Et derrière, je découvris un paysage morbide. Des montagnes de cadavres qui jonchaient le sol, qui touchait mes pieds. Le sang de leur corps coulait pour former une grande rivière de sang, près de moi. Soudain, ma tête se mit à vibrer. J’avais l’impression qu’on essayait de me dire quelque chose, mais qui n’était pas claire pour moi. Ma tête cognait fortement, tellement fort, que je fus obligée de me mettre à genoux en tenant ma tête dans mes mains. Les corps et le sang me firent voir des images que j’avais oublié. Je me vis voir en train de tuer des personnes de sang-froid, sans que personne ne me dise quoi que ce soit sur mon attitude. Je me voyais en train d’utiliser la magie de la glace et d’autres éléments. Je me vis faire la guerre contre des envahisseurs, de verser du sang pour le compte de ma race, les Lyrienns. Ma tête me fit comprendre qu’il était l’heure de me réveiller et de me rappeler qui j’étais dans ce monde et ce que j’avais fait comme acte. Des images apparurent encore dans mon esprit. Je sentis un mécanisme s’enclencher doucement, comme s’il s’était rouillé depuis quelque temps. Puis, j’eus des images de mes anciens compagnons et les aventures que j’avais vécues avec eux.

Parmi ces visages, je reconnus rapidement Alyska et Kain. Ce couple de Lyrienn qui m’étaient cher dans mon cœur, même si Kain n’était pas mon meilleur ami et loin de là. Je pus reconnaître l’ancienne reine des Lyrienns et celle d’après aussi. Je me rappelais aussi d’une conversation intéressante avec une Evershas… Il faudrait bien que je la retrouve aussi pour en savoir plus sur son empire. De plus fortes images me revirent en tête, j’avais tellement mal que je ne pus résister à la douleur. Je perdis conscience dans le bain de bain, au milieu des corps et de la puanteur de ces derniers. Puis, le noir m’engloutit aussitôt. Je me réveillais aussitôt au beau milieu de la forêt de pins, dans le territoire des Evershas. J’étais revenue sur le lieu de mon entraînement de tout à l’heure. Je me relevais doucement en espérant que mon mal de tête avait disparu maintenant. Je restais assis en tailleur pour me calmer et faire du tri dans mon esprit. Mes souvenirs du passé étaient revenus, que ce soient les bons comme les mauvais. Je me rappelais de tout… Et je n’avais pas forcément envie que tout le monde le sache et que je reprenne mes anciens penchants. J’allais cacher tout cela, essayer de porter un masque, mais en cas de souci, je savais que je pourrais faire appel à mon caractère dangereux et combattif. Je tendis ma main devant moi et sans réfléchir, je créais une boule de glace en quelques secondes. « Ah tiens ! On dirait que j’avais retrouvé mes pouvoirs magiques aussi. » Je n’étais pas une si mauvaise chose. Cependant, j’avais envie de ne rien relever et de faire profil bas maintenant, avec mon aura de puissance magique, cela allait être quand même assez compliqué. Je me remis debout pour rentrer à la maison, avec un sourire terrifiant sur mon visage.
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Sam 01 Sep 2018, 00:23


Le bateau semblait perdre de l’altitude et après s’être stabilité à nouveau, la femme aux cheveux blonds étaient revenu à bord. Nous nous approchions de plus en plus de notre destination et la nervosité de plusieurs membres de l’équipage pouvait se sentir. Les plus forts semblaient se tenir ensemble et je remarquais que tous essayaient de se tenir loin d’eux. Était-ce une réaction naturelle de notre part ? Je n’avais jamais réfléchi là-dessus, préférant me concentrer sur les tâches quotidiennes de Bouton d’Or.

Soudainement, mon environnement immédiat avait changé du tout au tout. Une seconde, j’étais sur un bateau en plein milieu de la mer en train de tenir une corde de voile en place avec Mei, mes pensées vers la femme aux tatouages, l’autre seconde, j’étais en plein milieu d’un champ de coquelicot qui s’étendait à perte de vu. J’étais sur la terre ferme, mais comment m’étais-je rendu ici ? Étais-je en sécurité ? Je ne pouvais pas en être certain, car je ne connaissais pas les alentours. Je n’étais définitivement pas en Lumnaar’Yuvon.

Une brise venait d’ébouriffer mes cheveux et mon dos. Cela me prenait quelques secondes, mais je réalisais que mes ailes avaient disparu. Où était-elle ? Que se passait-il ? Je n’avais pas le temps de m’arrêter à cela, car le bruit d’une énorme explosion m’avait projeté sur le sol tant que cela m’avait surpris. Qu’était-ce vacarme ? Je m’étais relevé et j’allais décider d’aller dans la direction opposée, mais ma curiosité avait gagné contre la prudence. Je me dirigeais donc vers la source de cet énorme bruit avec la peur au ventre. Je devrais prendre les jambes à mon coup, après cette folle aventure qui m’avait mené jusque ici, mais malgré ces folles péripéties, c’était comme si j’en demandais encore plus.

Le terrain montait de plus en plus pour finir en promontoire. Lorsque je m’arrêtais de marcher, je pouvais voir la mer à perte de vue. Un vent marin venait de me frapper de plein fouet, me réconfortant un peu. La mer brillait de mille feux jusqu’au moment que je réalise que ce n’était pas le soleil qui faisait briller l’étendue d’eau, mais les flammes qui y brûlaient dessus. Il m’était difficile d’assimiler l’horreur que je voie en ce moment.

Je voyais de grands cratères sur la place et des personnes s’affrontaient à l’aide d’épées. Le grand vacarme qui m’avait surpris survint à nouveau et je pouvais maintenant en voir la provenance. C’était d’étranges engins de couleurs noirs. Une personne plaçait une sorte de grande boule noire à l’intérieur qui semblait lourd et une autre personne allumait une espèce de corde. Après un moment, le grand bruit survenait et le boulet était projeté dans les airs pour atterrir à une centaine de mètres sur la plage, en plein sur des renforts que j’identifiais être les adversaires de ceux ayant des canons. C’était un massacre. Une fois que le projectile avait touché le sol, un nuage de sable s’était soulevé, mais cela n’avait pas pu étouffer le cri des victimes. Lorsque je pouvais bien voir la zone à nouveau, je pouvais voir des gens éparpillés partout autour de la zone touchée par la boule, mais en plusieurs morceaux sanguinolents. Mon peuple était fait pour la guerre, mais je n’avais jamais vu un champ de bataille auparavant et j’en avais haut le cœur.

Lorsque mon attention s’était reportée sur le groupe ayant clairement l’avantage dans cette bataille, je voyais qu’on me fixait, surpris. La personne qui semblait être le chef aboyait des ordres et deux personnes se sont précipitées dans ma direction. Je déglutissais avant que je réponde à ce que mon instinct me hurlait : cours et ne t’arrête pas.
Je courrais à travers le champ de coquelicot, essayant d’amasser ma magie pour pouvoir me défendre, mais je n’arrivais pas à l’utiliser pour augmenter ma vitesse. En premier, mes ailes avaient disparu et maintenant, ma magie refusait de se montrer ? Je me demandais ce que j’avais fait aux Zaahins pour mériter cela. Je continuais de courir sans me retourner, tenant fortement la poigne de mon glaive.

J’entendais des voix crier au loin, mais je n’en comprenais pas un seul mot. Le langage était différent de ce que j’avais entendu jusqu’à maintenant. Où étais-je ? En plein milieu de mes pensées, j’entendis un bruit d’explosion. Beaucoup moins fort que l’étrange engin noir, mais quelque chose passait rapidement à ma gauche. Quelques secondes plus tard, j’entendais une autre petite explosion puis j’étais sur le sol, une brûlante douleur m’agrippant la jambe. Lorsque j’avais enfin réussi prendre sur moi-même pour toucher la zone douloureuse, cela m’avait fait encore plus mal et en regard ma main, elle était poisseuse de sang. Mes poursuivants arrivèrent rapidement et semblaient se quereller. Je tentais d’en agripper afin de lui montrer ce qu’il arrivait quand tu t’attaquais à un réprouvé, mais je n’avais pas eu le temps de faire grand-chose avant de me prendre un grand coup sur la tête me faisant voir des étoiles puis une grande douleur au niveau de ma poitrine. Je venais d’être poignardé au niveau du cœur et rapidement, alors que mon sang s’écoulait hors de mon corps, je sombrais dans l’inconscience.

À nouveau, j’étais debout au milieu du champ de coquelicot qui s’étendait à perte de vu. Je vérifiais mon corps et j’étais indemne. Mes ailes étaient toujours introuvables. Que s’était-il passé ? N’étais pas blessé ? N’étais-je pas … mort ? Trop de questions se bousculaient dans ma tête et je commençais à avoir le tournis après tous ces événements sans queue ni tête. Mon esprit venait d’atteindre sa limite et alors que je tombais sur mes genoux, le champ de coquelicot changeait pour devenir un champ de blé. Des gens étaient proches et sursautaient par ma soudaine apparition. Je reconnais ces gens : c’était ma famille à Bouton d’Or. Je pouvais même sentir mes ailes, une extension naturelle de mon corps. Je sombrais à nouveau dans l’inconscience, épuisée physiquement et mentalement.

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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

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Eerah
Dim 02 Sep 2018, 19:19


Le vent, les embruns, et rien sinon le silence. Eerah trônait, perché au bout de la proue du navire, tandis qu’il entamait doucement son retour sur les flots, se nichant dans les flots dans un bruissement d’écume. Il tourna la tête, mais il était désormais seul à bord. Aucun soupir, aucun gémissement, pas un seul toussotement, si discret soit-il. Pourtant, cela lui semblait si naturel. Il ne s’inquiétait plus de rien, et tandis que le bateau continuait sa descente, que les flots lui flattaient les flancs, il se laissa faire, convaincu que là se trouvait sa place. Bientôt il fut sous la surface, observant d’un œil attentif et émerveillé ce monde à l’envers, tandis qu’il s’abimait toujours plus loin. L’azur du ciel laissa la place à un bleu profond, puis à l’indigo inquiétant, et enfin, le noir, absolu, éternel. Il n’avait pas besoin de respirer, n’avait pas besoin de se débattre, il savait que l’attendait plus loin sa destination. Une vie passa, et il demeura, immobile, jusqu’à ce que la lumière naisse dans les profondeurs. L’indigo, rassurant, le bleu, de plus en plus léger, l’azur, libérateur. Le bateau émergea, et l’eau se changea en sable, les vagues en dune, le vent se chargea de vapeurs étouffantes. Brusquement, l’épave fut prise prisonnière du désert, et dans un grand craquement, se fendit en deux, lançant son unique passager à bas. Le Déchu roula dans la poussière, et la douleur vint. Ce fut brutal, comme si on avait enlevé la sourdine qui rendait tout ça supportable jusqu’à présent. Le bruit, violent, du bois broyé, des bourrasques sauvages, griffant la surface du monde, le grondement du sol, manifestant sa colère, et ses propres râles, alors qu’il reprenait sa respiration difficilement. Ses mains plaquées au sol, enfoncées dans le sable brûlant, il s’affaissa, roulant sur le dos, avant de prendre conscience qu’il avait repris son apparence originelle. Il portait les vêtements qu’il avait lorsqu’il s’était métamorphosé pour la première fois, un complet royal simple, qu’il conservait pour les journées discrètes. Ses cheveux étalés autour de lui, il haleta longtemps, avant de finalement retrouver le contrôle de son corps. Ses yeux gris étudiaient le ciel, et les trois soleils qui y régnaient. Deux soleils rouges, un soleil blanc, plus petit, plus aveuglant. Pas un nuage, et un ciel bleu infini, étourdissant.

Le Dædalus se releva, non sans un grognement de protestation, pour découvrir ce qui l’entourait. À perte de vue, du sable, doré et nappé de tons ocres, ponctué parfois par de larges structures rocheuses, immenses, lâchées là comme pas un Dieu peu attentionné. Pas de vie, pas de végétation, et encore moins d’eau. La carcasse du bateau était là, à coté de lui, comme abandonnée depuis des centaines d’années, lissée par les vents de poussière, rongée par les soleils. Une nouvelle bourrasque vint happer l’air frais qui restait dans ses poumons, reliquat d’un monde dont il ne gardait désormais comme souvenir que la sensation des embruns sur sa peau, et qui doucement disparaissait au profit de la morsure du sable. D’un geste, il fit appel à sa magie, et alors qu’il s’attendait à ressentir l’énergie parcourir son corps pour se concentrer au bout de ses doigts, rien ne se produisit. Il réessaya, en fronçant les sourcils, sans succès. Il prit conscience dans le même temps du poids de ses ailes dans son dos, déployées à travers les ouvertures dissimulées dans sa veste. Impossible de les rentrer. Il en leva une pour former un bouclier protecteur, et ôta sa chemise pour s’en faire un foulard improvisé, déchirant le tissu dans la longueur. Le cauchemar continuait, il n’avait aucune idée de ce qu’il faisait ici. La bouche sèche, il avait déjà soif, et rien ne semblait indiquer qu’il serait rassasié de sitôt. Il escalada une dune pour obtenir un meilleur point de vue sur son environnement, et un panorama dévasté s’offrit à lui. Outre le sable, les formations mégalithiques, il lui semblait percevoir au loin les vestiges d’une cité, une unique tour en son centre, fabuleusement grande, et pourtant semblant prête à s’effondrer. Peut-être son seul espoir de survie, si tout cela était bien réel. Et cela semblait bien l’être.

Le sol trembla un peu plus fort, et il descendit à grands pas la dune en direction des ruines. Il glissait et trébuchait dans le sable si fin qu’il en paraissait liquide, et derrière lui, le grondement de la terre s’intensifiait un peu plus à chaque seconde, si bien qu’il finit par courir, sans jeter un regard en arrière, s’apprêtant à prendre son envol. Le sable se dérobait autour de lui, glissant par de fines crevasses, de plus en plus nombreuses. En regardant au loin devant lui, il vit qu’il se trouvait sur plateforme qui semblait s’enfoncer dans le sol. Il sauta, et battit des ailes comme jamais, s’arrachant non sans effort à l’attraction terrestre. D’un peu plus haut, il pivota pour observer, et un air d’incompréhension effrayée apparu sur son visage. De là où il était, la plateforme sembla s’écrouler sur elle-même et il distinguait à ses bords des sortes de promontoires perchés au-dessus du gouffre, longs et pointus, comme tout autant de dents ; la mâchoire titanesque, aussi large qu’un village, s’éleva au-dessus du désert, et il s’écarta frénétiquement, puisant dans ses réserves pour mettre autant de distance que possible entre lui et la chose. La mâchoire grimpa encore, et maintenant les bords de la bouche irréellement grande étaient parfaitement visibles, ses lèvres d’un rose pastel usé comme des falaises abruptes. Soudain, les dents s’abattirent, se refermèrent sur la carcasse du galion qui n’était pas plus grand qu’un cerneau de noix en comparaison de la bête, et dans un claquement violent, envoyant voler des volutes de sable à plusieurs centaines de mètres, tout disparut, laissant le Déchu nez-à-nez avec un ver aux dimensions divines, créature immonde et aveugle qui dans un grondement comparable à un séisme, replongea dans le sable en marquant le paysage comme une catastrophe naturelle. Pendant quelques minutes encore la terre trembla et gémit, les anneaux du ver se dévoilant et semblant infinis, puis comme si tout cela n’avait pas existé, l’horreur cessa, de nouvelles dunes se formèrent et le désert repris sa place, annihilant toute trace et toute preuve que la créature avait existé. Ne restait là qu’un Déchu, le visage marqué d’effroi, et le vide, le silence, un silence de mort.

Mots :


[Événement] - Jouons à un petit jeu GqzDWY

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Dim 02 Sep 2018, 19:50


Le temps s'étira, jusqu'à ce que le ciel ne commençât à se piquer d'étoiles. La fatigue et l'impatience exacerbaient les caractères des passagers, malgré la vague d'apaisement qui avait plus tôt parcouru le navire. Bientôt, tous les mauvais sentiments furent oubliés : ils approchaient de leur but ! Comme une enfant curieuse, l'Ange s'empressa de nouer le cordage qu'elle manœuvrait pour se diriger - elle essayait de modérer son allure - vers le bastingage. Elle se pencha ; néanmoins, elle n'eut pas le temps de discerner quoi que ce fût qu'elle disparaissait.

Elle plongea en avant sur un sol dur et froid ; saisie par une douleur dans le coude, elle se recroquevilla sur elle-même en gémissant. Comme elle se redressait pour s'asseoir, elle observa les lieux. Le plafond était si élevé qu'elle peinait à évaluer la distance qui le séparait du carrelage. L'Ange se releva. « Il-Il y a quelqu'un ? » demanda-t-elle timidement. Le silence lui répondit. Elle frissonna. Où avait-elle atterri ? Pourquoi n'était-elle plus sur le bateau ? Où étaient les autres ? Qui se jouait d'eux ? Elle aurait pu croire à un hasard si elle n'avait pas déjà été téléportée par trois fois contre sa volonté. Son impatience naturelle commençait à considérablement aiguiser son agacement. Dans une vaine tentative pour apaiser son esprit, l'enfant de Réprouvés jura : « Dreell ! » Les sourcils froncés et les poings serrés, elle se tourna vers l'unique porte de la salle, puis s'avança vers elle d'un pas décidé. Elle s'appuya de toutes ses forces contre les battants, et commençait à croire qu'ils ne s'ouvriraient jamais quand ils cédèrent enfin. Elle plissa les yeux. Une pièce tout en longueur, outrageusement lumineuse, s'étendait devant elle. « Laëth ! » Une silhouette indistincte se précipitait vers elle. « Où étais-tu ? Par tous les Aetheri, que fais-tu dans cet état ? Le bal ouvre dans quinze minutes ! » Une femme blonde, élancée, aux larges yeux bleus, lui faisait face. Elle avait l'air paniquée. « Le quoi ? Le bal ? » Si elle avait fait des progrès en langue commune, elle était encore bien loin de la parler couramment ; ainsi, bon nombre de mots et d'expressions manquaient encore à son vocabulaire. « Aaah non ! Ne recommence pas, on n'a pas le temps de jouer à ce jeu-là ! Tu dois aller au bal, et c'est comme ça. » Visiblement irritée, la femme la saisit par le bras et la tira hors de la pièce illuminée.

Elle l'entraîna à sa suite dans une série de corridors, jusqu'à ce qu'elles aboutissent dans une chambre. « Assieds-toi là. » L'Ange obtempéra, tandis que la blonde s'affairait autour d'elle. Après quelques secondes, elle osa enfin s'éclaircir la gorge. « Excusez-moi... » Sa compagne se retourna, un sourcil arqué, visiblement surprise. Mal à l'aise, elle ne se risqua pas à poser la question qui lui brûlait la gorge. Celui qui se jouait d'eux... il se jouait d'eux. Peut-être valait-il mieux ne pas contrarier son jeu et se plier aux règles tacites. Elle n'aimait pas devoir se courber devant des inconnus, cependant, il lui semblait que celui-là n'était pas de ceux qu'elle pouvait contrarier sans conséquence. Peut-être s'imaginait-elle toute une histoire, et que tout ce qui lui arrivait ne résultait que de hasards bien accordés, mais elle ne pouvait pas parier là-dessus. Aussi, elle préféra demander : « Pourquoi dois-je aller au bal ? » La femme soupira. « Je sais que ça ne te fait pas plaisir. » Laëth resta muette, tandis qu'elle s'approchait. Elle murmura quelque chose, et la jeune Ange se sentit soudainement bien plus propre. Elle glissa un regard vers un miroir, disposé sur un meuble ouvragé, à sa droite : il lui renvoya l'image de ses traits épurés de toute crasse. Elle cligna des yeux, dubitative. « Mais c'est une chose nécessaire. Si nous voulons conserver la paix avec les Démons, nous devons en passer par là. » La brune fronça les sourcils. La femme, munie d'une robe émeraude, se tourna vers elle et planta son regard d'acier dans le sien. « Ne pactise jamais avec un Diable. » Un puissant frisson parcourut Laëth de bas en haut - si fort qu'elle sentit la racine de ses cheveux se décoller, et ses poils les plus fins se hérisser sur sa nuque. Sans plus de discussion - sans doute parce que l'heure les pressait, la femme l'aida à enfiler la robe, releva sa chevelure, puis l'accompagna jusqu'à la salle de bal. Elle la laissa devant les portes, en lui affirmant qu'elle la rejoindrait bientôt.

Peu sûre d'elle, Laëth entra. Il lui semblait que la musique vibrait dans tout son être. Bientôt, des personnes - hommes comme femmes, Anges comme Démons - la saluèrent, d'un sourire ou d'un signe de la tête ou de la main. Elle se trouvait si perdue qu'elle ne savait plus que faire, malgré sa volonté de jouer le jeu qu'on lui imposait. Volonté qu'elle avait presque oubliée, si bien transportée par cette illusion qu'elle ne croyait même plus être un jeu. Ce n'était pas chez elle et elle ne connaissait personne ; pourtant, rien ne lui avait jamais paru si réel que cet instant. Toutes ses réalités s'apparentaient à ces rêves fugaces qui laissent un arrière-goût d'inachevé au fond de l'esprit. Rapidement, elle se retrouva à danser. Cela n'avait rien à voir avec les rares danses qui étaient pratiquées à Lumnaar'Yuvon. Celle-ci était plus aérienne : elle n'était pas une grande danseuse, néanmoins, elle avait la sensation de voler. « Vous n'avez pas l'air de vous plaire ici. » Elle leva le visage vers son partenaire. C'était un Démon qu'elle s'efforçait de ne pas regarder depuis qu'ils avaient entamé les premiers pas. Murée dans un silence buté, elle ne répondit pas. « Il paraît que vous préférez l'aventure aux mondanités. J'ai la prétention de pouvoir allier les deux, ce soir. J'espère que vous ne serez pas déçue. » Un large sourire fendit son visage d'éphèbe. « Je ne... » Un grand vacarme retentit : les portes explosèrent en morceaux. Avant que quiconque n'eût eu le temps d'agir, une foule d'Ailes Sombres pénétra dans la pièce circulaire. « Profitez du spectacle. » lui chuchota à l'oreille son cavalier, avant de se jeter sur un Ange et de lui arracher une aile. Désemparée, elle demeurait figée, les yeux ouverts sur l'œuvre macabre qui se dessinait devant son impuissance. « Arrêtez ! » Le chaos régnait. Les cris de souffrance couvraient le son des armes. Des traits de magie griffaient l'atmosphère. Le Démon roux, de longues griffes qui lui perçaient les doigts, maltraitait le corps de l'Ange. Celui-ci essayait de lutter, mais il fut bientôt aveugle. Cinq serres lui tranchèrent alors la gorge, et il s'effondra, plus semblable à une poupée désarticulée qu'à un macchabée. Sans réfléchir - retrouvant cette impulsivité si caractéristique de sa personne -, Laëth bondit sur l'être démoniaque. Il l'attrapa par le cou et la souleva de terre. Une moue déforma ses traits. « Je n'ai pas envie de vous tuer. » Il la reposa. « Vous devriez courir. » Une douleur vive lui transperça la poitrine. Elle baissa les yeux. Une lame rougit dépassait de son torse. Elle releva la tête. Sur le médaillon d'argent que portait le Démon, le reflet d'une aile blanche brillait. L'Ange s'écroula.

La première phase de l'expérience prit fin ici. D'autres lui succédèrent, les rôles s'inversèrent, jusqu'à ce qu'il pût en tirer une conclusion.

Laëth réapparut finalement dans l'auberge qu'elle avait désertée sans prévenir. Elle aurait pu croire qu'elle venait de se réveiller d'un atroce cauchemar si elle n'était pas tombée sur une personne couchée dans le lit qu'elle avait loué pour la nuit. « Non mais ça va pas ?! »

Traduction:

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Merci nastae




[Événement] - Jouons à un petit jeu 1628 :


[Événement] - Jouons à un petit jeu 2289842337 :
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Dim 02 Sep 2018, 20:04

La petite embarcation flottait au gré des vagues et du courant, Lara ramait avec l'aide du réprouvé tandis que j'avais toujours besoin de repos. La tête à nouveau posée sur les cuisses de l'humaine, assise devant celle-ci, je fermais les yeux pour me laisser bercer par le mouvement. Je n'avais même pas la force de réfléchir aux dangers que pouvait représenter mon initiative d'aller vers la croix qu'elle n'avait qu'entendu parler au début du voyage. Le trio avait beau faire partie de la même équipe que la Khaleesi sur ce grand bateau que le dragon avait emporté, cette chaloupe de fortune était bien loin du reste de l'équipage ou du moins ce qu'il devait en rester à l'heure qu'il est. Je ne pouvais que prier pour notre sécurité tandis que je m'endormais profondément.

Je ne sentais plus les vagues me bercer ni la chaleur du corps de Lara sous ma tête et mes doigts, je me réveillais en sursaut aussitôt. Ni mer ni chaloupe, seule au milieu d'une ville en ruine, la glace recouvrant ce qui reste des bâtiments. Je ne pouvais déterminer la cause de cette destruction, je n'avais que le résultat final sous les yeux tandis que je marchais à travers ce qui avait été les rues animées d'une cité. Je ne ressentais pas le froid qui m'entourait alors que je ne portais qu'une fine robe blanche qui m'arrêtais aux genoux. «Où suis-je et d'où viens cette tenue ? Lara, le réprouvé, l'embarcation... plus rien n'a de sens.» La confusion régnait dans mon esprit alors que j'avançais à pas lent, j'essayais de reconnaître les lieux sous la déformation causée par la glace. Rue après rue, les formes me devenaient familières et la crainte s'emparaient de mon esprit qui faisait le lien avec chaque choses pour donner un tout. Une image claire, beaucoup trop, de ce que cet endroit était avant : ce village où elle apprenait son métier. Tout n'était plus que matière inerte, froide, un lieu qui avait perdu tout son charme et sa vitalité. Je me mis à courir à travers le méandre des rues pour m'arrêter devant la forge et m'y écrouler à genoux, haletante et désemparée. Seule une petite ouverture dans la glace permettait encore d'accéder à l'intérieur, l'endroit était celui qui avait la plus grande couche de cette matière si dure. Je jetais un oeil autour pour comprendre que l'élément c'était répandu à partir de chez moi pour s'étendre sur tout le village. «J'étais la cible ? C'est à cause de moi que tout est détruit ? Absente de la forge, le froid c'est répandu pour me trouver, sans succès... »  Je me tenais la tête à deux mains en hurlant ma rage et ma tristesse, ce ne pouvait être possible, je ne pouvais être la cause de tout ceci. Était-ce là la cruauté de la Reine Gabriella qui pourchassent ceux qui s'associent à la rébellion qui gronde pour la destituer ? Chacun des côtés de ce conflit avait ses espions, même moi j'en avais qui me rapportaient de temps à autres des détails pour nous aider à ne pas être attrapés mais cette fois elle avait gagné.

Je ne comprenais toujours pas comment j'avais pu me réveiller au coeur de mon village alors que j'étais au milieu de la mer quoi que... J'avais quitté mon foyer pour cette île horrible où tout le monde voulait s'entretuer puis ce bateau à l'équipage sans cohésion puis retour ici. Est-ce que tout cette histoire n'était qu'une supercherie pour m'éloigner ? Je pris une grande respiration puis me changeait en chat au pelage teintés de gris comme le métal. Laissant la robe dans la rue, je me faufilais à l'intérieur de la forge où le silence régnait plutôt que le grondement des fours et du feu entre deux coups de marteau. Je profitais de l'agilité féline pour atteindre ma chambre, j'y trouvais Kuko couchée en boule sur le lit. J'y sautais sans attendre pour la bousculer, me servant de ma tête comme un bélier mais la réaction ne vint pas, elle roulait sur le lit sans plus de mouvement. Je sentais pourtant son souffle, bien que faible, sortir de son museau. Je repris ma forme humaine pour la prendre dans mes bras, nue au coeur de ma chambre, je pris une lame avec ma main libre et la glissait au coeur d'une fissure dans la glace. Cette section du mur était une fenêtre selon ma mémoire alors je me reculais le plus loin possible et me concentrais sur la pièce de métal. J'en provoquais son expansion pour faire craquer et céder l'élément de glace qui nous gardaient prisonnière. Des éclats volèrent, notre liberté était pour bientôt tandis que des rayons de lumières entraient peu à peu. Persévérance et épuisement, une ouverture suffisante avait été créé pour nous laisser sortir de cet igloo indésirable, je sautais pour rejoindre la rue avec ma protégée.

Kuko bougeait de plus en plus, elle sortait de sa torpeur jusqu'à ce que je la pose au sol pour la laisser se dégourdir les pattes. Je laissais échapper un long soupir, la culpabilité me rongeait alors que tout un village avait péri par ma présence et mes actes contre Gabriella. Il me fallait rejoindre les autres et pousser pour faire avancer les choses afin que ceci ne se reproduise pas. Un bruit non loin me rappelait soudain la légèreté de ma tenue, je me précipitait sur ma robe qui trainait toujours dans le rue pour l'enfiler vite fait. Une ombre avançait au coin de la rue, je restais là à attendre qui pouvait avoir survécu à cet enfer de glace. Lorsque son visage m'apparut, je tombais à genoux dans la stupéfaction la plus totale. «Père ?» Il avait aussitôt fait signe de silence. «Cesse d'être en solitaire, rejoins ta soeur et tes frères, unissez vos forces. Vous êtes capables de victoires, ensemble mais pas seuls.» Une certaine rage me consumait, comment osait-il venir faire la leçon alors qu'il m'avait abandonnée. Je me relevait avec un kunai à la main et fonçais sur lui pour lui planter en plein coeur. L'impact ne provoqua qu'une volute de fumée qui se dissipait aussitôt, embrouillant ma vue. Lorsque ma vision fut plus nette, j'étais assise sur le pied de mon lit avec une lettre entre les mains et le bruit de la forge qui résonnait tel une douce musique à mon oreille.
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Dim 02 Sep 2018, 20:32



A mes côtés, une femme d’une trentaine d’années tenait son nourrisson fermement pour qu’il arrête de pleurer. « Chut ». Sa main était plaquée sur la bouche de ce dernier. Cela ne m’aurait pas étonné qu’elle l’étouffe par inadvertance. Cachées contre la butte d’une colline, nos respirations étaient saccadées. Nous venions de courir. Nous venions de fuir un danger qui continuait à nous pourchasser.

La lumière lunaire avait des difficultés à traverser les feuillages denses des arbres. Les frissons parsemaient mon corps. Aviez-vous déjà remarqué à quel point les sons paraissaient beaucoup plus proches la nuit tombée ? Le bruit des sabots qui martelaient le sol se rapprochait. A mesure que le son se faisait de plus en plus puissant, nous nous agglutinions encore plus contre la terre pour passer inaperçues. Nous entendions la respiration de nos chasseurs alors que nous-même nous mettions fin à la nôtre. Le danger était tout près. Ils nous cherchaient. Ils s’étaient arrêtés. Ils étaient tellement proches. Le temps parut alors s’écouler au ralenti. Alors que j’allais reprendre ma respiration, le son des sabots reprit. Cette-fois ci pour s’éloigner. Une minute passa sans que nous ne parlions où bougions. « Nous ferions mieux de partir tant qu’il en est encore temps. Ils pourraient revenir. » Bouger à découvert me paraissait risqué. Cependant, je savais qu’il fallait quitter la forêt à tout prix. Je hochais la tête en silence alors que nous sortions de notre cachette. « Restons contre le sens du vent. Ils pourraient nous sentir avant même de nous voir. » Je n’avais aucune notion de chasse terrestre. Aussi, je me contentais d’acquiescer à tout ce que cette femme pouvait me dire. Je savais qu’elle avait plus d’expériences que moi. Pour cause : elle vivait dans ce monde étrange où j’avais atterri.

Je ne pensais plus à tout ce que j’avais vécu sur le bateau. Mon attention entière était accaparée par l’idée unique de survivre. Je n’avais rien à faire ici, dans ce lieu où l’une des lois de l’univers semblait oubliée.

« Fais attention où tu poses les pieds. » Je regardais le sol. « Ils peuvent avoir posé des pièges. » Elle pointa du doigt le sol au loin. En plissant les yeux pour contrer la noirceur qui nous enveloppait, je distinguais des bois de cerfs aiguisés. Je déglutis difficilement alors que la jeune femme continuait. « Et fais attention aux branchages et aux feuilles mortes, ou toute autre chose qui pourrait faire du bruit. Ils ne doivent pas être loin. » Chuchota-t-elle doucement. « Je refuse de mourir ici, tuer et dévorée par ces bêtes cruelles. » Je frissonnais en repensant aux prédateurs qui nous coursaient. « Dépêchons-nous. » Nous accélérions le pas, pressées d’en finir. La forêt nous paraissait immense, sans fin. C’était impossible. Il y avait forcément une issue.

Alors que seuls le bruit du vent et des hiboux nous encerclaient, le nourrisson commençait à geindre en criant. « Faites le taire. » chuchotais-je sèchement. « Chuuut. » Elle essaya de bercer l’enfant tout en lui susurrant une berceuse pour le calmer. Le bruit des sabots se refit entendre. Ils courraient vers nous. « Courrez ! » Mes jambes accélérèrent presque d’elles-mêmes. L’adrénaline fusait dans mes veines. La mère, qui me précédait toujours, tenait son nourrisson fermement contre elle. Soudain, elle s’écroula dans un hurlement de douleur. J’hésitais à continuer sans me retourner, sans lui porter secours. Cependant, elle m’avait aidé à survivre à mon arrivée. Mon honneur m’empêchait d’être aveugle à sa détresse. Je m’arrêtais à sa hauteur. La douleur déformait son visage alors que mes yeux se posaient sur le bois qui lui transperçait le pied.

« Je vous en prie. » Je la regardais. Dans cet état, elle ne pouvait plus courir. Elle était condamnée. Elle le savait. « Sauvez-le. » Elle me tendait son nourrisson. « Protégez Bambi au péril de votre vie. » Je tournais la tête alors que le martèlement des sabots faisait trembler le sol. Ils étaient nombreux. « Je vous en prie. » Je prenais l’enfant gesticulant. « Je suis désolée. » Elle essaya de sourire sans y parvenir. Je fis volte-face pour reprendre ma course, séparant définitivement la mère de son engeance. Il fallait que je fasse attention où je mettais les pieds. Cependant, un cri horrifiant me fit me retourner. J’écarquillais les yeux devant la scène monstrueuse. La harde de cerf se tenait aux côtés la mère. Ils la déchiquetaient de leur bois. Ils la dévoraient alors que son cœur battait encore. Mes jambes accéléraient. Certains cerfs délaissèrent leur repas pour me pourchasser. Je ne voulais pas connaître le même sort que celui de la mère. Je serrais l’enfant contre moi alors que je me forçais à accélérer toujours plus. Cependant, je n’étais pas aussi rapide que les bêtes prédatrices. Les larmes me montaient aux yeux. Je ne voulais pas mourir. Dans quel monde avais-je atterris ? Depuis quand les cerfs étaient-ils les chasseurs ? Depuis quand étions-nous les chassés ? Les battements de mon cœur étaient aussi effrénés que la course des cervidés.

La tête d’un animal me heurta puissamment le dos. Je tombais à plat ventre sans que mes jambes ne puissent rien faire. Dans un ultime effort, j’écartais le bébé de mon buste pour ne pas l’écraser dans ma chute. Je me retournais vivement pour faire face aux bêtes qui m’encerclaient. Je ne voulais pas mourir. Un cervidé se léchait les babines, se préparant à savourer son prochain repas. Un autre, dont les bois étaient sanglants, poussait un râle puissant. Enfin, un dernier s’approchait de moi et se cabra. Je serrais l’enfant, prête à le protéger du piétinement des bêtes. Je ne voulais pas mourir mais je savais que l’on allait guère me laissait le choix. Je voulais donc sauver l'enfant à tout prix. Alors que les sabots de l’animal se rapprochaient dangereusement de mon visage, je fermais les yeux, prête à recevoir le coup violent.

Mais il ne vint pas. J’ouvrais prudemment les yeux pour découvrir que je n’étais plus dans la forêt mais dans ma chambre. L’enfant que je tenais contre moi s’était transformé en un vulgaire papier. Je me redressais dans une position assise pour le déchiffrer. « Karsath ?! » Ordonnais-je en criant. Je me relevais vivement avant de me rappeler que j’avais toujours les côtes mal placées et que l’adrénaline s’estompait.

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Dim 02 Sep 2018, 23:45

Ignis n'avait pas été loin de céder à son péché. Fort heureusement, l'intervention du Hibou, qui l'avait plongé dans le sommeil, avait été plus que salutaire. Myla avait pu libérer son poignet sans autre dégât que des bleus. Une jeune femme était venue à eux, pensant que le Déchu s'était évanoui, mais la Luxurieuse l'avait rassurée. Elle n'était pas médecin, mais elle savait qu'il fallait maintenir le tout en place pour éviter que cela ne bouge et ne finisse par se ressouder incorrectement, en lui déformant l'épaule ou pire, en rendant inutilisable l'usage de son bras. Elle s'était donc affairée à confectionner quelque chose pour que son épaule ne bouge pas trop. Le fait qu'il soit inconscient n'avait pas forcément aidé pour le manipuler, étant un poids mort, mais au moins elle n'avait pas risqué de se prendre un pain dans la figure à chaque mouvement qu'elle faisait. Et puis de toute façon, elle avait décidé de l'accompagner sur la croix en pleine mer.

Lorsqu'Ignis ouvrit les yeux, la première chose qu'il vit fut le miroitement des feuilles dans la lumière de l'astre solaire. Il bougea et la douleur explosa dans son épaule, le recouchant aussi sec. Il jura et jeta un coup d’œil autour de lui. Où étaient les autres ? Que fait-il là, sur la terre ferme ? Il avait demandé à aller en pleine mer. Il ne se souvenait d'ailleurs pas comment s'était fini le voyage. Il se rappelait juste de la Déchue, le poignet prisonnier dans sa poigne alors qu'elle venait de tâter son épaule. Celle-là même qui était à présent emprisonnée dans des bandes de tissus serrées au maximum et formant un huit entre ses deux épaules, le milieu était au niveau de sa colonne vertébrale. Il avait l'impression qu'il y avait sans cesse quelqu'un en train de le tirer en arrière, ce qui était loin d'être agréable.

Un oiseau vint se percher sur la branche au-dessus de sa tête et se mit à chanter. Le Calciné avait refermé les yeux pour tenter de faire disparaître la douleur ou, en tout cas, de moins y penser. Essayer de se détendre. C'était du moins ce qu'il avait l'intention de faire. ~ Ver de terre, printemps .. Ver de terre terre terre, manger manger, femelle, ver de terre .. ~ Le Colérique rouvrit brusquement les yeux et se redressa, mais cette fois-ci en faisant plus attention.


Qui est là ? ! Où êtes-vous ? Montrez-vous ! Arrêtez de vous cacher !

Le piaf avait arrêté de chanter et regardait à présent l'être humain sous lui, la tête légèrement penchée en avant. ~ Pas ver de terre ! Humain ! Bruit ! ~ Ignis tourna sur lui-même, mais il ne voyait personne. L'oiseau l'observa encore quelques secondes avant de prendre son envol. Le Déchu était perdu. Il était persuadé d'avoir entendu quelqu'un raconter des inepties à propos de ver de terre et pourtant, il ne détectait absolument personne dans les alentours. Il commença à avancer, même s'il ne savait pas où il allait. C'était toujours mieux que de rester immobile à ne rien faire. Puis il entendit un son, un grincement, avec en arrière-plan un sifflement. Mais humain. Quelqu'un était en train de siffloter un air de musique non loin. Le brûlé se guida vers le son. Il émergea d'entre les arbres sur une route poussiéreuse. Une charrette à foin, tirée par un cheval gris et conduite par un monsieur aussi gris que son animal, venait dans sa direction.

Monsieur ! Excusez moi !

Oh

Le monsieur tira sur les rennes et immobilisa la bête en observant l'énergumène qui venait de surgir devant lui.~ Brouter. Herbe grasse. Monsieur bizarre.~ Ignis fit un pas en avant en fronçant légèrement les sourcils et en secouant la tête. ~ Mais d'où qu'il sort ? Et qu'est-ce qu'il a autour des épaules ? L'es pas bien beau dis donc … ~

Qu'est ce que vous avez dis ? !

~ C'est pas possible, je suis en train de devenir fou.~ pensa Ignis. Il ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. Il avait l'impression d'entendre des voix, mais il n'y avait personne d'autres que eux deux et l'homme gris n'avait pas bouger les lèvres d'un iota.~ On dirait qu'il a pas toute sa tête ~ ~ Bouger. Rentrer. Herbe grasse, pré.~ Le cheval renâcla, fouettant de la queue. Il était visiblement en train de s'impatienter. Le monsieur fit un bruit de langue pour rappeler l'animal à l'ordre.

Z'êtes perdu ?

~L'a l'air paumé.~ Le Déchu fronça un peu plus les sourcils et se frotta la tempe du bout des doigts de son bras valide. Une migraine était en train de le prendre et il avait l'impression de son cerveau avait été retourné dans tous les sens et qu'il n'était plus qu'une cacophonie de bruits sans queue ni tête. Une charrette venant en sens inverse les doubla. ~ Peuvent pas bouger ? Vont créer un embouteillage à rester dans le passage ainsi ~ Les deux chauffeurs se saluèrent d'un signe de tête tandis que l'autre s'éloignait, jetant un regard prolongé à Ignis, toujours figé au milieu du chemin, tel un piquet.

Grimpez !

Le Déchu prit place au coté du monsieur et ils se remirent en route. ~ C'est pas un grand bavard .. ~

Vous m'avez parlé ?

Nop.

Ils arrivèrent enfin à un village en pleine effervescence.~ Pourquoi faut-il toujours que ça soit moi qui passe au tableau ?~ ~ Il faut que je poste ce colis aujourd'hui sinon, il sera trop tard ~ ~ Tiens, mon genou me fait mal aujourd'hui. Il va pleuvoir ce soir. ~Mon petit oiseau a pris sa volée~ Ignis grinça des dents. Son mal de tête venait d'empirer brusquement, à lui faire voir trouble. Le bruit était insupportable. Et pourtant, les gens ne criaient pas. La plupart ne parlaient même pas, se contentant juste de vaquer à leurs occupations. Il ne savait pas ce qui lui arrivait, mais il n'était pas sur de pouvoir tenir. Plus ils avançaient dans le village, plus ça empirait. Son regard tomba sur un vieil homme en train de se masser le genou et il comprit. A cet instant, une cloche tinta et une ribambelle d'enfants sortirent de l'école, les pensées en ébullition. La pression fut trop forte pour Ignis et il s'évanouit.

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Ven 07 Sep 2018, 19:51


La première chose que je distingue est la chaleur. Une chaleur étouffante, comme lorsqu’on se trouve trop près d’un feu de cheminée.

Ensuite, vient l’odeur. Une odeur épouvantable. Une odeur de chair brûlée, de sang coagulé et d’urine mélangés.

J’ouvre les yeux. Et ce que je vois et entends me paralyse. Un vacarme assourdissant rugit à mes oreilles : le son des flammes avalant tout sur leur passage, des hurlements de douleurs – physiques et morales – des appels à l’aide, des explosions, des objets chutant au sol.

La fin du monde.

Les gens courent dans tous les sens. La ville est en feu. Est-ce Amestris ? Je n’arrive pas à discerner dans quel lieu je me trouve. Les immeubles s’effondrent les uns après les autres. Des projectiles de pierre et de terre fusent de toutes parts. Une peur glaçante me fige sur place. Tout au fond de mon être, je SAIS que je vais mourir aujourd’hui.

J’étais pourtant partie me coucher comme tous les soirs dans ma petite chambre à Amestris. Je pensais m’être endormie, mais je suis ici maintenant. La mort m’entoure. Comment suis-je arrivée jusqu’ici ?

Je n’ai pas le temps de me poser plus de questions car des individus me bousculent dans leur fuite. Certains ont des membres brûlés ou manquants. J’ai des frissons qui me parcourent le corps. Il faut que je bouge d’ici sinon je vais finir comme eux, voire pire.

Je me mets à courir. Je ne sais pas où je vais, mais je préfère me sentir en action que d’attendre la mort. L’adrénaline me porte plus loin et plus vite. Je ne sais pas combien de mètres j’ai déjà parcouru, mais je commence à sentir mon corps se fatiguer. Mes muscles tirent et me brûlent. L’air chaud autour de moi entre dans mes poumons et j’ai l’impression que l’oxygène s’y fait plus rare. Mes forces, pourtant comme décuplées, s’amenuisent au fil de mes pas.

À bout de souffle, j’arrête ma course et essaie de retrouver ma respiration. Je pose les mains sur mes genoux et inspire le plus d’air que je peux.

Par-dessus le brouhaha ambiant, j’entends un vrombissement puissant au loin. Celui-ci se rapproche de plus en plus, mais je n’arrive pas à trouver son origine. Puis, tout à coup, une boule de feu gigantesque arrive dans mon champ de vision et se dirige droit sur moi. J’essaie de l’esquiver. Trop tard. Je ressens alors une vive douleur parcourir ma jambe droite au contact du projectile. Je tombe à la renverse. J’entoure ma jambe de mes bras, mais le mal est déjà fait. Le tissu de mon pantalon a fondu dans la plaie et des cloques sont apparues sur la majorité de la blessure. J’essaie de me relever. La douleur est tellement forte que je retombe deux fois avant de réussir à tenir debout pour de bon. Je serre les dents et je fais avancer mon membre blessé. Une vague de douleur parcourt mon corps, mais c’est lorsque je souhaite prendre appui dessus que l’irradiation de la brûlure me rend presque folle.

J’ai fait seulement trois petits pas et j’entends une nouvelle fois un bruit étrange. Une sorte de cliquetis sourd qui se rapproche. Je n’ai pas la force d’éviter une sorte de barre de fer qui pénètre mon cœur.

La douleur est tellement forte que j’en suis anesthésiée. Je meurs.

***

La première chose que je distingue est la chaleur. Puis l’odeur épouvantable. Ensuite, le vacarme. J’ouvre les yeux. La fin du monde.

Je suis vivante.

Les gens courent dans tous les sens. Les immeubles s’effondrent. Des projectiles parcourent le ciel. Je regarde ma poitrine, afin d’estimer les dégâts. Rien. Aucune barre de fer transperce mon corps. Je regarde ma jambe. Mon pantalon est intact, tout comme ma jambe.

Qu’est-ce qui s’est passé ?

J’ai mal au crâne. Je n’arrive pas à réfléchir.

Soudain un groupe de personnes me bousculent. Je remarque les membres brûlés ou manquants, comme plus tôt – était-ce seulement déjà arrivé?

Serait-il possible que je sois retournée dans le passé ?

Je décide de me mettre à courir et de chercher un endroit sûr. J’essaie de garder l’esprit clair, mais avec la chaleur, le goût des cendres sur ma langue à chaque inspiration, le bruit des hurlements, du fracas des pierres et la peur qui me serre le cœur, cela n’est pas aisée.

Je cours plusieurs mètres, et j’entends le vrombissement puissant qui se rapproche de moi. Je n’ai pas le temps d’éviter la boule de feu et elle me frappe une nouvelle fois sur la jambe. Cette fois, la brûlure est plus petite, mais le tissu de mon pantalon est collé sur la plaie et les petites cloques me font tout autant souffrir que la première fois. Toutefois, je me relève, plus vite cette fois, car je sais que la barre de fer va bientôt arriver. Malgré la douleur, je cours le plus vite possible. Le cliquetis caractéristique surgit et je sens la barre de fer me frôler la tête. Je cours de plus belle.

Je ne sais toujours pas si je vais dans la bonne direction. Je me dirige vers des immeubles qui semblent encore intacts. Peut-être y aura-t-il un endroit à l’abri des flammes. Je ne suis plus très loin du premier bâtiment. Je crois discerner une porte au loin, mais la forme est floue. Soudain, j’entends un grincement et l’immeuble à ma droite s’écroule. Je cours pour échapper aux gravas, mais lorsqu’une pierre dix fois ma taille percute mon crâne, je perds connaissance. Je meurs.

***

La première chose que je distingue est la chaleur. Puis l’odeur épouvantable. Ensuite, le vacarme. J’ouvre les yeux. La fin du monde.

Je suis vivante.

Les gens courent dans tous les sens. Les immeubles s’effondrent. Des projectiles parcourent le ciel. Ma jambe est intacte. Je prends alors pleinement conscience que je retourne dans le temps à chaque fois que je meurs. C’est peut-être ma chance de survivre à cette apocalypse.

Je pars en courant avant d’être bousculée par le groupe de personnes. J’arrive à éviter la boule de feu et le projectile et échappe de quelques secondes aux gravas avant que l’immeuble ne s’effondre sur moi. Au loin, la forme floue se fait plus distincte. Il s’agit bien d’une porte. Sauf qu’elle est là, seule, au beau milieu du désordre ambiant et elle n’est reliée à aucun mur. Je décide de la franchir tout de même, car j’ai le pressentiment qu’elle va m'envoyer vers la sortie de ce monde étrange. Je pose la main sur la poignet. Celle-ci est étonnamment glacée, comme si la chaleur n’avait pas d’emprise sur elle. J’actionne la poignet et franchis le palier. Une fois mes deux pieds passés à travers l’encadrement, la porte se referme toute seule derrière moi. Je me retrouve dans le noir complet. Je devrais sûrement être pétrifiée, mais cette obscurité a quelque chose de rassurant.

Soudain, la lumière éclaire la pièce si bien que mes yeux ont du mal à s’adapter à cette soudaine clarté. Au fur et à mesure que mes yeux s’habituent à la lumière, je découvre que je suis dans une grande pièce dont les murs sont tous recouverts de miroirs. Ainsi, je me vois en plusieurs exemplaires. Je m’approche alors doucement des parois et constate avec étonnement que tous de mes reflets sont uniques les uns des autres et aucun ne me ressemblent vraiment : il  y en a un où je suis nue mais complètement brûlée ; un autre où j’ai une jambe en moins et je suis dans une mare de sang ; un autre où une barre de fer me transverse de part et d’autre et ainsi de suite.

Je suis entourée de plusieurs versions de moi-même en train de mourir.

Je ne sais pas combien de temps je passe à regarder chacun des reflets, en détaillant chacunes des morts auxquelles mes doubles ont vécues. Est-ce lié avec ma soudaine capacité à retourner dans le passé après avoir trépassée ?

Alors que je commence à ressentir un certain affolement de me voir à travers ces reflets macabres, je sens le sol sous mes pieds trembler et trois podiums apparaissent s’élevant de sous terre. Sur chacun, il y a un énorme livre ancien. Sur le premier est écrit : « Passé » ; sur le deuxième : « Présent » ; et sur le troisième : « Futur ».

Une porte s’ouvre en prenant la place des miroirs, et Akira (mon Akira morte depuis plusieurs années) entre dans la pièce. Tout laisse à penser qu’il s’agit bien d’elle. Après tout, avec toutes les étrangetés de ce monde, je suis prête à tout accepter. Mais le regard de Akira a quelque chose d’étrange, comme s’il manquait un morceau d’âme à ma vieille amie. Un sourd guttural, qui n'a rien à voir avec sa voix d'origine, sort ensuite de sa bouche : « Choisis ! ».

Je regarde les trois livres, puis le fantôme de Akira.

« Choisis ! Choisis ! Choisis ! » me répète-elle sans arrêt.

Il m’est difficile de prendre une décision. En effet, je sens mon corps en état de choc, comme si toutes les morts que j’avais vu au travers des miroirs m’étaient réellement arrivée et la voix rauque de Akira qui répète sans arrêt ces mots me complique la tâche.

Ne pouvant plus en supporter d’avantage je décide de poser la main sur le premier livre qui m’entoure. Il s’agit du livre « Futur ». Une douleur intense me parcours la main comme si des milliers de fines lames pénétraient ma chair. Je ferme les yeux sous le supplice.

Puis, plus rien.

***

J’ouvre les yeux et je suis à côté de mon lit, dans ma chambre à l’École. Autour de moi, tout semble normal. Je pense avoir eu une crise de somnambulisme, même si cela ne m’était jamais arrivée par le passé. Je n’ai pas d’autres explications à ce qui vient de se passer. Il n’y a pas de traces du fantôme de Akira, ou des vieux livres. De plus, je sais au fond de moi que si je meurs maintenant, sera pour de bon.

Oui, c’était sûrement un rêve.
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Ezechyel
~ Ygdraë ~ Niveau IV ~

~ Ygdraë ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 838
◈ YinYanisé(e) le : 27/08/2014
◈ Âme(s) Soeur(s) : Mircella Rumblee
◈ Activité : Stratège
Ezechyel
Sam 15 Sep 2018, 15:50


Sous la chaleur ardente de l’astre du jour, deux ombres se mouvaient avec entrain au centre d’une petite clairière. Le front en sueur, Elyot échangeait une série de coups contre son professeur Braskä en appliquant les techniques qu’il lui avait montré un peu plus tôt. Cela faisait plusieurs heures qu’ils se pratiquaient, et le jeune garçon avait les bras en feu. Épuisé par ses gestes répétitifs qui n’en finissaient plus, ce dernier avait perdu énormément de vitesse et de force, révélant de plus en plus ses ouvertures dans sa défense. Évidemment, le guerrier ne se gêna pas d’exploiter les failles de son étudiant : le coup d’estoc partit si vite que l’Ygdraë n’eut même pas le temps de réagir. En une fraction de seconde, il fut projeté par terre avec une puissance incroyable qui lui coupa temporairement le souffle. Son corps vint heurter la surface de feuilles qui tapissaient le sol dans un bruit étouffé. Sonné, l’Elbaë y resta étendu alors qu’une sensation douloureuse vrillait peu à peu sur tous ses muscles. Sa respiration se saccadait et sa vue était légèrement embrouillée par le choc qui l’avait traversé. Sous ses yeux azurés, quelques larmes y apparaissaient, coulant progressivement sur ses joues rougies par le labeur d’efforts sévères. Puis, une ombre massive alla se pencher au-dessus de son visage brûlant. M. Caäheliel, son professeur, le dévisageait avec une expression faciale dure et sans pitié qui instaura la crainte dans le cœur de son élève. En effet, l’Elfe priait la grâce des trois Déesses que son mentor ne s’aperçoive pas qu’il pleurait, car en dépit de sa fâcheuse condition, il demeurait conscient des conséquences qui en découleraient. Un guerrier ne pleurait jamais : c’était une règle à laquelle tous les Braskä adhéraient particulièrement, leur peuple étant connu pour tenir en horreur les manifestations de faiblesses. De ce fait, Elyot espérait que son mentor ne se rende compte de rien, car il savait que son corps ne supporterait jamais une séance d’entraînement supplémentaire. « Que fais-tu encore par terre, Elyot? » Le concerné déglutit, anxieux. « Relève-toi, et plus vite que ça ! »

Les jambes vacillantes, l’enfant n'eut pas d’autre choix que de se servir d’un arbuste comme appui pour se redresser. Les cheveux en batailles, l’apparence du sylvain reflétait le mauvais état de son esprit, bien plus que celui de son corps endolori. L’Elbaë était épuisé et n’avait aucune envie de reprendre sa leçon martiale : l’idée l’écœurait plus que tout à l’heure actuelle, et aucun prétexte ne pouvait changer cette conviction. Celle-ci était si forte d’ailleurs qu’il osa même l’exprimer à haute voix devant M. Caäheliel qui fronça les sourcils à l’entente de sa remarque. Son visage prit des airs menaçants qui firent accélérer le rythme cardiaque de l’étudiant. Lourd, le silence qui s'installa ne présageait rien de bon. « Bien. » Finit par concéder le Braskä d’un ton sec, à la grande surprise de l’Elfe. « Nous reprendrons l’entraînement demain matin, à l’aurore. » - « Vraiment ? » C’était sorti de ses lèvres tout seul, mais le blond était si étonné qu’il n’avait pas pu s’en empêcher. En vérité, il avait besoin de balayer ses derniers doutes. « Vraiment. Je vois bien que tu es fatigué et ça ne sert à rien de poursuivre la leçon si tu es dans cet état. » Le garçon poussa un soupir de soulagement qui fit naître un sourire sur les traits de Caäheliel. « Profite bien de ce temps pour te reposer, car demain, je serai intransigeant. » Doucement, il vint rapprocher son corps de géant vers l’Elbaë, dévoilant son air narquois. « Sèche tes larmes avant de retourner chez toi, d’accord ? » Ce n’était pas un choix, mais plutôt un devoir : son ton ne laissait place à aucune autre interprétation. Aussitôt, Elyot essuya ses yeux larmoyants avec le revers de sa manche, puis le Braskä fit demi-tour, laissant le jeune Ygdraë seul au milieu du terrain. Ce dernier demeura planté là quelques instants, immobile, avant de se décider à marcher un peu pour récupérer.

Il s’engouffra dans la forêt, puis emprunta un chemin qui lui était familier. Sans mener directement à Dhrosca, cette route faisait un léger détour vers une source d'eau où il était possible d’apercevoir des cygnes. Elyë était celle qui lui avait montré l’endroit, il y avait plusieurs lunes, et depuis, c’était rapidement devenu un de ses lieux favoris. Il pouvait se relaxer près de la source d’eau avant de rentrer et quoiqu’il advienne, un Enök était sans doute dissimulé dans les arbres sans qu’il en soit vraiment conscient. De ce fait, ce fut avec confiance que l’Elfe se dirigea vers la place en question malgré la fatigue qui le rongeait. Néanmoins, alors qu’il progressait lentement en direction de l’étang, un malaise de plus en plus grand le força à s’arrêter, sa main s'appuyant sur le tronc d’un arbre. Les yeux baissés, l’Elbaë tentait de respirer normalement, étirant les intervalles entre ses inspirations et ses expirations. Il ferma les paupières, jusqu’à ce que la sensation désagréable se dissipe et reprit sa marche sans se poser plus de questions. L’élève avait instinctivement associé ce mal aux contrecoups de son entraînement, de ses muscles qui souffraient. Cependant, lorsque son pied rencontra soudainement le vide, le sylvain changea rapidement d’avis. En vérité, il eut à peine le temps d’y songer davantage que son corps déboulait sur l’axe d’une pente pour finir sa course dans une surface visqueuse. Confus, l’Ygdraë resta étendu une ou deux secondes dans la vase, fronçant le nez alors qu’une odeur nauséabonde s’y infiltrait. Pris d’une brusque vague d’adrénaline, le garçon se mit debout et scruta d’un air abasourdi l’environnement qui l’entourait. Il ne reconnaissait rien, à commencer par la végétation pauvre et rabougrie qui n’avait rien à voir avec la beauté des paysages de ses Terres natales. Le ciel était gris, l’air était humide, mais il ne pleuvait pas. Un vent chaud fouetta son visage en lui envoyant des mottes de boue. D’un geste instinctif, il tenta de retirer la crasse, mais ne parvint qu’à l’étendre davantage. Un bruit sinistre retentit au loin, arrachant à l’étudiant des frissons glacés tandis qu’il s’interrogeait intérieurement sur le lieu où il avait atterri. L’ambiance lugubre qui émanait de ce marécage le terrifiait, et plus les secondes défilaient, plus sa peur se concrétisait à travers les confusions de son esprit. Il y avait un instant à peine, il marchait encore sur le sol ensoleillé du territoire ygdraën, mais à présent… Un hurlement sauvage vint lui déchirer les tympans, le faisant aussitôt sursauter. Son cœur manqua plusieurs battements, alors que ses jambes se paralysaient, comme statufiées par un mauvais sort. Le visage du sylvain avait perdu ses couleurs, ses yeux céruléens s’étaient écarquillés et sa gorge s’était asséchée. Il n’était pas préparé à subir ce genre de choses, malgré tout ce que Caäheliel et son père lui avaient enseigné. Était-ce donc ça, le monde au-delà des forêts de Melohorë? Un monde terrifiant, sombre, où des créatures invisibles l’observaient avant de le manger tout cru? Tremblant, l’Elbaë secoua la tête. Il essayait de se rappeler des leçons d’histoire qu’on lui avait enseigné, mais sa peur était si grande qu’elle empêchait son esprit d’en ressortir les plus belles merveilles. Mais peu importe ce qu’il en pensait, il devait trouver un moyen de partir, et vite.

Son regard se porta instinctivement vers la pente qu’il avait dégringolé plus tôt, nourrissant l’espérance d’y trouver sa porte de sortie. Toutefois, l’inclinaison était trop à pic pour qu’il ose se risquer à son ascension et de ce fait, des larmes se mirent à couler sur ses joues. Il ne savait pas ce qu’il faisait ici ou ce qu’on attendait de lui, mais il voulait rentrer. Il priait les Déesses pour qu’elles le ramènent à la maison, ne sachant pas vers qui ou quoi se tourner pour se sortir de cette impasse. « Caäheliel ? » Le Braskä n’était pas parti depuis bien longtemps et, s’il parlait assez fort, peut-être que son mentor l’entendrait. C’était risqué, non, complètement absurde, mais le jeune Elbaë était trop désespéré pour s’en soucier. Il pleurait, mais à ce moment, il se fichait que son professeur le voie, pourvu qu’il vienne le sauver de ce lieu terrifiant. Un autre cri pourfendit le silence, plus proche cette fois, incitant immédiatement le garçon à crier jusqu’à s’en crever les poumons. « Caäheliel ! Caäheliel ! Je suis tombé, si tu m’entends, vient me chercher ! » Il s'interrompit pour reprendre de l'air. « J’ai peur Caäheliel ! Caäheliel ! » Mais tout ce qui lui répondit fut le propre écho de sa voix déchirée par les sanglots. « Caäheliel… papa… maman… » Son ton n’était plus qu’un murmure qui se laissait porter par le vent. Sa détresse était palpable. « Elyë… » Mais personne ne lui répondit. À court d’option, l’Ygdraë se mit à errer dans le marais, la peur collée au ventre, les yeux rougis, mais surtout seul. Il ignorait combien de temps il passa à marcher ou à se reposer, car l'astre solaire n'était pas visible et le ciel gardait toujours cette même teinte de gris sinistre. Cependant, au bout d'une durée qui lui sembla infinie, l'Elfe vint finalement s'assoir sur une vieille racine flottant dans la boue, le corps recroquevillé, complètement apeuré et fatigué. L’Elbaë n’avait vu personne. Il n’y avait aucune trace de vie en ces lieux sombres : rien, mis à part ces cris qui lui glaçaient le sang sans qu’il ait pu en voir l’auteur. Grugé par la solitude, le désarroi et la frayeur, le blond n’avait même plus d’énergie pour verser ses larmes. Il ferma néanmoins les yeux pour implorer les Aetheri de son peuple une autre fois, mais celles-ci ne vinrent jamais. Pourtant, quand il ouvrit de nouveau ses paupières, il fut aveuglé par les rayons de soleil qui dardaient leur éclat sur son corps étendu dans l’herbe fraîche de Melohorë. Désarçonné, l’étudiant regardait la nature tout autour de lui en enfonçant ses ongles dans la terre noire pour s’assurer qu’elle était bien réelle. Sans savoir pourquoi ni comment, il était enfin rentré.

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Mar 18 Sep 2018, 00:43

" Où êtes-vous ? " La mélodie s'était brusquement arrêtée. Le vent hivernal soufflait si fort sur sa peau qu'elle en souffrait ; pourtant, malgré toute la pression qu'il lui faisait subir, il était tout aussi silencieux. Jamais le froid ne fut aussi mordant pour son corps. La Chamane se sentait si chétive en ce décor qui lui rappelait étrangement le Continent des Glaces. Mais ceci n'était qu'un souvenir. La réalité était tout autre : cet endroit était indéfinissable. Tout lui semblait si étrange, sans repère. Elle avait beau dardé le ciel de son regard, de plus en plus faiblard, les Ætheri ne lui répondaient pas. Elle finit par baisser la tête sur ce paysage, cet horizon si lointain et inatteignable. Absolument personne lui répondait.

Léto avait échoué.

Son avancée bancale sur la piste glaciale fut sa seule source sonore, l'unique rythme qui ponctuait ce terrible instant. Le tourment l'avait tant accablée qu'elle sentit ses muscles se raidir, s'affaisser pour ne ressembler qu'à une survivante sans défense. Sa peau était vierge de tous ses exploits : pas de cicatrice, point de blessures, et encore moins de peintures. Seul le gel la rongeait petit à petit. Si telle fut la volonté d'Akuu – ou de tout autre figure qui incarnait cet ultime jugement – son temps lui était alors compté, avant qu'elle ne fasse plus qu'un avec ce macabre théâtre.

Au tout début, ce fut le néant. Léto crut s'être éveillé dans sa propre dimension onirique, comme si elle avait franchi les limites de son enveloppe charnelle en compagnie de Kaori. Mais cet endroit était bien trop réel, trop palpable pour que ses yeux y discernent ne serait-ce qu'un signe, un symbole. Tous ses liens avec le monde qu'elle connaissait demeurèrent coupés. Une intense lumière l'aveugla ensuite, quelques secondes où elle crut être touchée par la divinité. Néanmoins, pas de message, pas de vision ou de transcendance : le silence s'installa simplement sur une infinie bourrasque de neige. Une vaste plaine d'obscurité et de souffle glacial. Rien d'autre, si ce n'était l'insoutenable constatation de sa déchéance : Léto n'était plus Chamane, les Esprits n'étaient plus, les Mortels non plus. Elle n'était pas non plus revenue à son essence primaire d'Orisha, tant elle se sentait légère et éloignée de toute connexion avec les êtres. Elle était simplement redevenue ce qu'elle redoutait le plus : une geignarde incapable d'accepter sa féminité et sa faiblesse. Des loques aux attraits masculins alourdissaient ses épaules, la jeunesse l'avait de nouveau frappée de sa juvénile insouciance. Elle était désarmée de tout : ses doigts trop fins et sa magie si insignifiante qu'elle pourrait amplement briller par son absence. Léto était en cet instant une simple fillette, perdue.

Pourquoi l'appel des Ætheri lui semblait alors si vital ? Ce n'était pas parce qu'elle avait tout perdu, mais plutôt parce qu'elle avait réellement besoin d'eux, en cet instant. Ce moment où son monde s'écroulerait, car sa Foi en un radieux futur lui était insaisissable. Léto interprétait cette finalité comme un échec, mais peut-être était-ce aussi un destin immuable. Elle secoua la tête à cette idée, en profitant pour se réchauffer davantage par le mouvement ; en vain. Alors qu'elle traînait le pas vers une destination inconnue, la guerrière fut convaincue que le silence des Ætheri n'était pas simplement un signe de leur décision : peut-être que, comme elle l'avait tant redouté suite à ses recherches, ils n'étaient plus. Le monde s'était abandonné à lui-même. Par sa propre faute… ou la "leur". Elle regarda de nouveau vers les cieux sans s'arrêter, sans rompre sa propre étreinte sur elle-même.
" Que s'est-il passé ? Le froid mordant fut sa seule réponse. Encore. Ô Divins, j'ai lavé ma félonie dans la traque de la vérité… Pourquoi ne m'avez-vous pas guidée, au moment où tous vos fidèles se tournaient vers vous ? " Encore.

Soudain, alors qu'elle reprenait la route vers le berceau d'Ezechyel – si tant est qu'il existait encore – elle se heurta à un obstacle dans cette rude pénombre. Elle se frotta le visage, plus particulièrement les yeux pour pouvoir distinguer la forme. Même se près, ses traits lui semblaient invisibles. Léto fit balader timidement ses mains sur cette chose, beaucoup plus froide que la tumultueuse atmosphère. Ses gestes ralentirent peu à peu lorsqu'elle assimila les contours d'un visage, qui apparut enfin sous ses yeux. Gelée, une authentique statue de glace, la personne représentée était pétrifiée de peur. Pourtant, la jeune femme capta des résidus de vie. Quoi que put être le sortilège qui l'accabla, cette statue fut vivante autrefois. Cette personne avait subi la sentence. Celle de Léto ne s'attarderait point, tant le gel qui assaillit son corps commençait à resserrer de plus en plus son emprise. L'effroi gagna la pieuse combattante, alors qu'une multitude de corps gelés apparurent clairement tout autour d'elle. " Pourquoi… Elle tourna autour d'elle, désemparée. Pourquoi suis-je seule ?! Elle avait beau courir, ils étaient tous là. Immobiles. Détruits à jamais. Pourquoi ?! " Enfin, en une fraction de seconde, elle se retrouva face contre terre, du sang jaillissant de sa bouche.

C'était chaud. Beaucoup trop pour son corps endolori. Et cette douleur à la joue… Cette présence de plus en plus oppressante. On l'avait frappé. Et elle l'avait vu. Difficilement, Léto se releva, sa peau blafarde au possible et son épiderme couvert d'écailles de glace. Mais au moins, ses pupilles vairons purent le fixer. Lui, l'un des avatars de la déchéance. Elle se souvint de la première fois qu'elle avait vu un Ridere, il y a de cela plusieurs ères, alors que toute magie leur était privé et que la différence de taille, de force et de puissance réunies était colossale. Mais cette fois, même avec des siècles d'expérience dans les tripes, elle n'avait jamais ressenti une telle peur. Le géant bleu prolongea sa funèbre avancée vers l'inévitable, vers une apparente, impuissante, vaincue. Léto n'était pas dupe : elle ne connaissait que trop bien la suprématie des Ridere, lorsque le glas de leur punition sonna. Tremblante, assaillie par le froid l'emportant et sa chute vers le néant, elle acceptait que son entièreté de son être soit annihilée, que l'Au-Delà ne soit plus, si telle était la volonté des victorieux. Mais ce renouveau ne pouvait être accueilli par ses simples larmes. Alors, la Sùlfr se tint aussi droite que possible, resserra ses poings pour obliger son sang et sa magie à circuler davantage, à nourrir son Corps et son Esprit.


" Ainsi s'achève… notre ère. Qui que tu sois… Quel que puisse être ton nom, toi qui amènes la destruction… Écoute ma voix, suppôt du fléau ! Elle cria plus fort, de plus en plus, et son corps se pétrifiait à vue d'œil. Elle est plus ardente que votre affront, envers nous ! Les seuls juges de ce monde ! Les derniers Enfants du Yin et du Yang ! Léto ne pouvait plus bouger, alors qu'elle puisât dans ses derniers retranchements pour énoncer ses paroles finales : Que cet éclat que j'apporte t'accable jusqu'à ton ultime étincelle ! " Sa voix s'éteignit et le Ridere l'emporta vers l'ultime glaciation.

~~~

Elle se releva en sueur, la respiration saccadée. Les peaux de bête et le feu voisin réchauffèrent son Esprit embrumé par le voyage qu'elle avait suivi… ou subi. Sa main glissa le long de son visage, alors que les chants et danses chamaniques lui paraissaient de plus en plus clairs. Quant à interpréter ce qu'elle avait "vécu"… tout ceci représenterait une nouvelle pierre à l'édifice que Léto construisait, au nom de ce qui était juste pour son peuple, pour leur monde. Nul doute qu'elle y replongera volontiers à l'avenir, car tout ceci ne fut certainement pas l'œuvre d'Elzédor ou d'Harabella.


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By Jil ♪
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Dim 28 Oct 2018, 14:38


L’esprit de Mavis bouillonnait. Ce n’était certainement pas parce que la lumière déclinait – en réponse à l’obscurité de la nuit qui avait désormais envahie la tranquillité des Terres du Lac Bleu – qu’elle allait se laisser faire et abandonner. Pourtant, plus ses paupières se plissaient sur les symboles de la page, plus ces derniers se mettaient à danser en une valse trouble pour la narguer. « Aaaaah… »  Basculant sa tête en arrière sur le dossier, un soupir de lassitude s’arracha finalement à son désarroi, lui attirant le regard mécontent des quelques autres étudiants qui travaillaient également encore dans la bibliothèque. D’un faible sourire contrit, elle retomba rapidement sur le grimoire ouvert en face d’elle, ses longues mèches clémentines s’éparpillant de-ci de-là. Décidément, pourquoi avait-elle tant de mal à apprendre ces quelques théories sur la Magie Bleue ? Dans quelques jours, une évaluation ferait un point sur leur connaissance et elle avait encore bien trop de lacunes ! Sa tête se disputait un sentiment de colère et d’impuissance, pendant que son tempérament lui disait simplement de ne pas lâcher ce bouquin jusqu’à ce qu’elle ne l’ait parfaitement compris, peu importe si elle devait y rester jusqu’à l’aube ! … Impossible. La jeune femme était déjà bien trop épuisée. De défaite, sa tête s’abattit lourdement sur les pages du volume.

Ses pensées remuaient mille et une hypothèses différentes quant à la façon dont ces stupides leçons lui restaient incompréhensibles lorsque brutalement la magicienne perdit littéralement pied. Dans un cri de stupeur, Mavis s’effondra sur le sol. La chaise soutenait ses fesses et son dos quelques secondes auparavant semblait avoir soudainement disparu. Seulement, ce ne fut pas le plat rigoureux du sol de la bibliothèque des Palais de Coelya qu’elle rencontra, mais la surface plus irrégulière et parfumée d’une herbe… et d’une odeur âpre, détestablement, pris prend les narines et empêchent pratiquement la respiration. Choquée, Mavis redressa difficilement son visage qui n’avait subi aucun heurt grâce à ses avant-bras qui avait servi à amortir le choc. Il faisait toujours nuit, mais aucune étoile n’était visible. Et le paysage – pour le moins quelconque – n’était pas celui des Terres du Lac Bleu qu’elle connaissait si bien. Pour cela, elle pouvait en être sûre. Plus alarmants encore, des cris, de la fumée opaque et des bruits contendants et stridents se mêlaient à cette atmosphère qu’elle n’avait jamais connu. Etait-ce… une bataille ? Mais… comment aurait-elle pu atterrir ici ? Comment… ? La panique eut finalement raison de ses muscles qui se mirent doucement à se mouvoir pour lui permettre de se redresser. La tête désormais à quelques hauteurs au-dessus du niveau du sol lui permit de constater les gens qui se battaient plus loin, ou alors… qui courraient ? ou… s’effondraient ?

Elle ne comprenait simplement pas. De quoi s’agissait-il ? S’était-elle endormie ? Mais… quelques secondes plus tôt étudiait-elle encore ? Certes, sa fatigue était intense mais le bouillonnement inlassable son esprit résonnait encore si clairement dans son esprit. Peu importait- Peu importait- Sa tête commençait déjà à perdre tout raisonnement plus la compréhension de sa situation lui apparaissait. Elle devait fuir, courir, loin… loin, très loin d’ici. Enfin, ses jambes lui répondant parfaitement – quoique tremblantes prêtes à s’effondrer – Mavis se redressa et partit dans une course affolée dans la direction opposée de cette incompréhensible bataille.

Sa respiration, qui avait perdu tout son souffle, ne lui fut douloureuse que lorsque ses pas s’arrêtèrent enfin quand, dans son champ de vision, apparut un long campement. De quoi… s’agissait-il ? Des alliés… des ennemis ? Des… inconnus ? Tout cela avait-il la moindre réalité ? Le cœur de Mavis pétrit de peur n’était pas certain que ces considérations à cet instant étaient dès plus importantes. Avant même que sa tête ne puisse prendre quelques décisions logiques, quelqu’un – une voix surgit de nulle part – la héla. « Hé vous ! aidez-moi ! » Circonspecte, plongée dans l’inattendue, Mavis se retourna avec la vitesse de la crainte vers celui – ou plutôt celle – qui l’avait appelée. Sur son épaule, celle que la magicienne put identifiée comme une soldat au vue de son armure soutenait un autre soldat en bien piteux état. Estomaquée les premières secondes, Mavis finit par acquiescer rapidement, lisant la peine qui se reflétait déjà sur les traits gonflés de l’inconnue. Rejoignant l’autre côté du soldat, elle fit glisser son autre bras sur son épaule et fut stupéfiée du poids que l’homme pesait. Était-ce la faute de son armure ? Qui aurait dit que cela pesait un tel poids. Serrant des dents, Mavis se retint de se plaindre du mieux qu’elle put pendant qu’elle aidait la soldat à convoyer le blessé vers le campement.

Les blessures de ce dernier n’avaient d’ailleurs pu échapper à la magicienne qui finalement ne put s’empêcher de poser la question qui lui brûlait les lèvres, comme si dire quelque chose aurait enfin pu la rassurer. « Pourquoi ne pas vous être servi de magie ? Il n’y avait pas de guérisseur avec vous ? » On ne pouvait pas dire que Mavis y connaissait quoique ce soit à vrai dire. Peut-être les guérisseurs officiaient-ils à l’extérieur des combats mais… Il lui semblait que les mages de combat soigneur étaient tout de même répandus. La réponse de la soldat la glaça sur place, figeant ses mouvements jusque dans les moindres fibres nerveuses de son cerveau. « Mais de quoi parlez-vous ? »  Un rire aigue mais sans joie l’accompagna. « En tout cas, il est certain que si la magie existait, cela nous serait bien utile ! »  De quoi… De quoi cette femme parlait-elle ? Mavis n’était plus sûre de bien tout comprendre. Cela voulait-elle dire qu’elle était tombée chez des humains ? Elle avait entendu de parler de ces créatures dépourvues de pouvoir magique qui bloquaient les aptitudes des autres. « Hé. »  Le ton sévère de la soldat la ramena à la réalité. « Avancez avant qu’une flèche ou autre ne nous rattrape. Je ne veux pas mourir ici. »  Consciente de la situation précaire, Mavis acquiesça à nouveau simplement, ses jambes se remettant en marche… mais sa tête n’y était pas du tout. Il fallait qu’elle comprenne, elle voulait comprendre. « Est-ce que cela signifie que vous êtes des Humains ? »  Cette fois, la patience de l’inconnue semblait avoir atteint le summum du paroxysme et c’est avec un agacement prononcé qu’elle lui répondit. « Mais de quel monde venez-vous bon sang ? Cela fait des années que tout le monde est en guerre et on dirait que vous débarquez ! Bougez-vous un peu sinon vous serez juste laissée derrière !! »

Sur ce, les trois avaient atteint le campement. Mavis n’avait plus rien osé prononcé face à l’indignation qu’elle avait soulevé chez la soldat qui avait désormais disparu quelques parts ailleurs. Dans le campement – qu’elle devinait être un camp d’arrière-garde – tout le monde s’affairait. Et, effectivement, aucune magie en perspective. La jeune femme avait été laissée dans le camp des blessés où le soldat avait été mené et elle ne pouvait qu’observer les gens s’affairaient à faire de bandages ou autres gestes qu’elle ne connaissait absolument pas pour sauver ces gens. Très vite, elle se retrouva être dans le passage de l’un de ses médecins qui la regarda rapidement d’un œil mauvais. « Que faites-vous là ? Vous pouvez faire quelque chose ? Vous avez des compétences en médecine ? »  La magicienne, abasourdie, n’avait aucune réponse à fournir. « Si vous n’êtes pas de la moindre utilité, bougez-vous de là, vous nous empêchez de travailler !! » Sans plus de ménagement, le médecin la poussa de son passage et Mavis – choquée par la dureté des hommes et des femmes qu’elle croisait – s’empressa de quitter la tente des blessés. Au fond d’elle, elle le sentait également… Pas une once de magie ne déferlait encore dans ses veines. Où était-elle ? Comment ferait-elle pour rentrer ? Qu’allait-elle faire en attendant ? Les larmes, peur assujettie à son impuissance, grimpèrent sur les bords de ses iris avant de déferler inlassablement sur ses joues, sur ses lèvres maltraitées par l'angoisse , et pour s’écrasant sur les paumes de ses mains qu’elle contemplait.

Non seulement, elle ignorait tout de ce qu’il lui arrivait mais… elle n’était capable de rien. Sans magie, que pouvait-elle bien faire pour survivre jusqu’à comprendre ce qu’il s’était passé ? Ce qu’il s’était passé… Comment une telle chose avait-elle seulement été possible ? S’était-elle éveillée d’un rêve ou au contraire venait-elle d’y plonger ? Cela n’avait pas le moindre sens… Cela ne pouvait être qu’un rêve mais… Tout y était si réel. Toutes les sensations étaient si proches de ce qu’elle avait toujours connu. Tous les détails, qui glissaient sur sa peau ou éveillaient sa vision, lui paraissaient être faits de la même manière que son corps qu’elle ressentait aussi pleinement que l’instant où elle avait quitté la bibliothèque de Coelya. Elle ne comprenait pas, mais… Il fallait qu’elle comprenne. Peu importe ce que cela coûterait. Puisque la seule chose qu’elle pouvait faire c’était aider à rapatrier les blessés, c’est ce qu’elle ferait, et ensuite, elle ferait tout – tout – pour comprendre. Essuyant d’un revers de main la crasse qui avait commencé à s’amonceler sur son visage, la jeune femme se retourna précipitamment pour retourner chercher les autres blessés, lorsque… Tout fut fini.

Son corps, encore balancé en avant dans la naissance de son geste, venait de retrouver le confort de la bibliothèque. Sa lumière douce, juste assez délicate mais suffisante, son atmosphère sécurisante, le grattement délicat des plumes, la respiration tout juste audible des étudiants. Maivs… n’en croyait pas ses yeux… Comment… Comment était-ce possible ? Aucun doute n’était pourtant permis, elle était bien de retour dans sa bibliothèque, debout à quelques pas de sa chaise renversée. Les battements de son cœur s’affolaient encore si lourdement, et ses membres tremblaient… Peu importe ce que cela avait été. Personne semblait n’avoir rien remarqué mais… Il s’était bien passé quelque chose. C’était… c’était certain. Elle allait chercher tous les livres de la bibliothèque qui lui inspiraient – sur les rêves, sur les Humains, sur les mondes parallèles, tout ce qui lui semblait plausible – tout. Face à cette peur panique, seule la connaissance semblait pouvoir l’apaiser.

Finalement, plusieurs heures plus tard, Mavis n’avait strictement rien appris. Rien compris. Mais la quiétude de son petit monde ayant repris sa place, le doute et la peur avaient fini par s’envoler pour ne plus mettre cela que sur le compte d’un horrible cauchemar, sa tête dormant désormais confortablement sur la petite pile de livres épars qui l’entourait.

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