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 [VI] - Un peu de panique, beaucoup de problèmes | Solo

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Lun 24 Déc 2018, 21:27


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera
Catégorie de quête : Exemple : VI. Recherche
Intrigue / Objectif : RP Analepse/Flashback. L’intrigue se déroule très peu de temps après les évènements de Démence Fatale. Aria, encore niveau I, a quitté l’île pour faire son rituel de passage à l’âge adulte avant que les choses ne se gâtent vraiment pour les chamans. Elle a rapidement trouvé un Hozro en Margaux. Le mentor qui devait la surveiller en secret, un peu agité, s’est révélé à elle en tant qu’esprit et l’a prévenue de rentrer au plus vite en expliquant vaguement la situation à Awakatu No Hi. Aria se dépêche donc d’atteindre l’île avant le temps imparti. Malheureusement, elle ne sait pas où se trouvent exactement les siens, et la seule personne proche et prétendument en mesure de l’emmener au bon endroit exige d’elle une faveur : rechercher quelqu’un.


La barque de fortune s’approchait lentement par l’Ouest, guidée par les maigres courants marins. Aria, assise dans l’embarcation, était plus songeuse qu'à l'accoutumée. La chamane ne quittait jamais l’île maudite. Voilà qu’une fois elle se retrouvait ailleurs, à la recherche d’un Hozro digne, et il a suffi de ces quelques temps pour que la situation dégénère à Awakatu No Hi. Damlys l’accompagnait en tant qu’esprit, l'air absent. La coutume exigeait qu’il agisse secrètement et en personne mais, étant donné le chaos s’étant emparé de l’île, il se sentit obligé de la prévenir sous forme éthérée.
« Tu es sûre de ton choix ? » Le timbre de la voix du maître chaman avait changé, moins monotone. Pourtant, il restait calme. « Quel choix ? » La chamane se mit à ramer d’autant plus fort. Ses maigres muscles ne battaient pas l’eau aussi fort qu’elle ne l’aurait voulu, mais il s’agissait surtout d’un problème de direction, et de rythme. Avoir été pirate dans une autre vie n’avait pas fait d’Aria une experte en courants marins, loin de là. Sa mémoire lui jouait des tours, mais elle était persuadée que la navigation en mer avait toujours été son point faible. S’orienter sur terre était plus simple. « Margaux. » Damlys avait une sorte de temps de latence. Peut-être était-ce dû au détachement, à la Málaferli, ou encore aux événements récents. La chamane hocha la tête avant de perdre ses yeux vers le rivage lointain. Son Hozro ne l’inquiétait pas. Elle était plus anxieuse à propos de ce qui avait pu se passer sur le nombril du monde. La jeune femme ne pouvait que s’en remettre au destin, et aux aetheri. Deux choses pouvant se montrer bien cruelles.
« Rejoins les autres au plus vite. Ils ont de quoi te protéger. Sois prudente. » L’esprit de Damlys s’envola au loin.  Lui aussi avait probablement beaucoup à faire. La chamane savait de quoi son mentor voulait la mettre en garde. Margaux n’était vraisemblablement pas dangereuse, mais n'apparaissait pas comme un premier choix évident. À vrai dire, n'importe quelle personne la trouverait, dans le meilleur des cas, trop mystérieuse pour être sincère. De tous les esprits qu’Aria avait pu croiser, c’était bien l’un des moins sains, l’un des plus effrayants. Pourtant, le choix fut facile à faire et la fusion, une réussite. C’était une sensation unique, indescriptible. L’esprit qu’elles formaient ensemble semblait être d’une complexité infinie. Deux sorcières, deux supplices, mais un point de vue différent sur presque tous les sujets. Aria n’assumait pas réellement son désir de devenir meilleure mage afin de pouvoir maîtriser cette capacité. Elle avait l’impression de trahir la vraie, en faisant cela. Parfois, la chamane se demandait si ses efforts étaient vains, ou si elle ressemblait au moins un peu à celle qu’elle tentait d’imiter.

L’embarcation de fortune venait d’accoster - ou de se cogner, suivant le point de vue – sur les côtes de la banquise. Aria n’aurait pas à retourner sur les Terres avant longtemps, et c’était tant mieux. Les apprentis comme elle devaient aussi mettre la main à la patte : les campements n’allaient pas se reconstruire tous seuls.
« Tu devrais te dépêcher. » La chamane sursauta. Au début, elle crut qu’il s’agissait de la voix d’une autre chamane. « Mar- Zhimael  ? » - « Tu fais bien de me reconnaître. Je suis ton Hozro, je te rappelle. » Quelque chose clochait dans sa manière d'articuler. C’était différent de Damlys, mais pourtant similaire. Aria se demanda si elle n’imaginait pas des variances phonétiques là où il n’y en avait pas, mais restait convaincue de ce changement. C’était une espèce de... rire. De la joie. Était-elle heureuse ? Aria se retourna, son expression figée entre la curiosité et l'horreur. Son esprit compagnon avait l’air aux anges. Elle ne l’avait jamais vue sourire avant. Eudoxie ressemblait, au choix, à un enfant devant des jouets, à un scientifique fou devant des cobayes neufs, ou encore à la Dévoreuse devant un massacre. L’instant était presque émouvant, mais ne dura pas bien longtemps. L’Hozro avait repris son rictus dédaigneux. « Je t’ai dit de te dépêcher. » Pas de doutes, c’était bien Margaux.
Une fois remise de ses émotions, la chamane reprit la route, conservant ce précieux souvenir. Elle comptait bien faire de cette teigne un esprit modéré et sage, et ce genre d’actes lui prouvaient que c’était envisageable.
Cela dit, Aria savait qu’elle ne devait pas trop se reposer sur cette réussite qui n’en était pas une. Les Hozro, quel que soit leur alignement, sont dans l’extrême majorité très honorés de le devenir. Ils étaient peu à avoir eu ce privilège, parmi l’immensité de morts errant sur les Terres. Ce sursaut de joie ne donnait donc pas de certitudes quant à l’évolution de la personnalité de Margaux.


800 mots et des poussières
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Lun 24 Déc 2018, 21:30


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera
Alors que la chamane continuait sa route tant bien que mal, elle fut stupéfaite par un jeune confrère qui venait d’apparaître dans son champ de vision. Soit il s’était téléporté, soit elle ne l’avait pas remarqué ; dans les deux cas, c’était une bonne nouvelle. Aria n’eut pas le temps de réfléchir, trop surprise. Le jouvenceau semblait fantômatique, mais n’appartenait pas au monde des morts. « Bonjour. Tu… tu es un Kazak, c’est ça ? Je viens de retourner ici. Je sais qu'on n'est pas en saison douce, mais je n’ai vu aucun des tiens dans le coin. C’est normal ? » Le Kazak’Wa se retourna et reprit vie. « Oh, oui. On doit rester sur île, aider à la reconstruction, rester en renfort et caetera. Nos bateaux sont en cale sèche, du coup. » Ce garçon ne travaillait pas, en tout cas. A vrai dire, il semblait si détendu qu’Aria commençait à douter de son maître. Damlys était extrêmement perturbé quand il était venu à sa rencontre. Il n’aurait pas pu lui raconter des mensonges pour la presser, non ?
La chamane bafouilla quelques interrogations inintelligibles, mais fut interrompue. « Tant que j’y suis... » L’adolescent s’approcha et tendit un étrange objet décoratif. Ce n’était pas un butin d’outre-mer ; il était clairement de manufacture chamane, mais Aria n’en avait jamais observé de similaires. « C’est une poupée liée à... ? » - « Tu verras ça plus tard. C’est pour ta protection, gardes-là. » La beauté de ce cadeau aurait presque fait oublier à Aria que celui qui le lui avait donné venait de l’interrompre.
Cependant, la présence de ce jeune Kazak était l’occasion de discuter et, pourquoi pas, de lui demander de l’amener à sa tribu. « Tu penses que je peux rejoindre la Grande Baie ? Si c’est sur ta route, tu pourrais... » - « Non. Mais si tu m’aides je pourrais peut-être trouver quelqu’un pour t’y emmener. Il faudra terminer avant ce soir, par contre. Si je le réveille pour le demander de te téléporter, il me tuera. » Les négociations et les compromis n’étaient déjà pas du goût d’Aria, mais, en temps d’après-crise comme à cette époque, c’était encore pire. Elle soupira, après avoir refoulé son envie de faire avaler sa langue à ce garçon qui, encore une fois, lui avait coupé la parole. « Je peux essayer, mais il y a plus compétent que moi. » - « Ils sont tous occupés à guérir, ou à reconstruire. D’ailleurs, si tu veux un conseil : évite de vexer tes aînés, ou ils te le feront payer. Ces temps-ci, c’est compliqué. » La Nyam’Wa haussa un sourcil. Depuis la victoire du Dieu-Roi, rien n’avait jamais été simple pour les anciens. Elle voyait difficilement en quoi ça pourrait être pire, mais si c’était bien le cas, ça expliquerait le comportement de Damlys il y a plusieurs heures. Sentant qu’elle commençait à glisser dans ses songes, la chamane revint subitement à la réalité et commença à avancer. « Bon, allez, on s’y met. » - « Tu ne sais même pas ce que je compte te demander. » Ça commençait bien. La brune soupira, se massant les tempes. Anxieuse, elle perdait toute logique. « Puisque c’est demandé si gentiment, je vais te le dire : on doit trouver quelqu’un. » - « Il est probablement avec les autres chamans. Allez, c'est bon, on peut partir. » Le Kazak la regardait sans bouger, l’air désapprobateur. « Il est mort, et je ne l’ai trouvé nul part. » Aria s’arrêta. Elle n’était pas désolée, ni n’allait présenter de condoléances. Le décès était une partie de la vie comme une autre, et les circonstances ne se prêtaient pas aux pleurnicheries. Cependant, ne pas avoir pensé à cette hypothèse l’agaçait. « Trouver un esprit, c'est dur. Crois-moi. Mais bon... tu as des pistes, quant à où il pourrait se cacher ? » - « Ici-même. Je pense qu’il est mort de la Málaferli. Il commençait à voir des choses et, dans le métier, c’est compliqué. »

Le chaman, qui se présenta sous le nom de Lendba, narra le récit de Kavetriem, l’ondin chaman. Retrouvé abandonné et orphelin sur l'île, il fut transformé en chaman avant d'avoir pu fêter son cinquième anniversaire. Sa capacité à imiter les peuples des mers en changeant d’apparence et à respirer sous l’eau lui permirent de se faire un petit nom. Il était de ceux qui ne pouvaient pas couler, car l’eau était son élément. Pourtant, la Málaferli lui faisait avoir des absences, et les hallucinations se multipliaient. Il savait que le pire allait arriver, ses rêves le lui indiquaient. Alors, avoir un accident lors d’un abordage et perdre son avant-bras ne le perturba pas outre mesure. Loin d’être frustré par son handicap, il réussit à se faire greffer une scie, confectionnée dans un matériau résistant à l’eau. Après avoir battu l’infection ayant suivi l’intervention, il reprit la mer comme avant, à une différence près : il n’allait plus aborder comme il le faisait auparavant, mais détruire l’embarcation ennemie depuis les profondeurs à l’aide de son apnée, de son déguisement d’ondin et de l’outil tranchant qui faisait désormais partie intégrante de son corps.
Cependant, un jour, après avoir fendu les planches d’un autre bateau, Kavetriem ne revint pas. Peut-être avait-il été attaqué par une sirène mécontente de voir sa race imitée par un Gaelyan. Peut-être que la Málaferli avait encore frappé. Personne ne savait vraiment ce qu’il s’était passé, et son esprit était introuvable.
« Tu aurais pu demander à quelqu’un d'assez compétent de l’invoquer, non ? Le temps de parler à son esprit et de tirer les choses au clair. » Lendba regardait l’horizon, encore perdu dans son récit, et répondit l’air détaché. « Je te l’ai dit : les aînés sont... occupés, ces temps-ci. » Aria hocha la tête. Plusieurs parallèles pouvaient être tracés entre leurs situations. Elle non plus, ne pouvait pas l'invoquer, bien que ce ne soit pas pour les mêmes raisons. Bien évidemment, des adultes s'étaient portés volontaires les premières semaines, mais la magie semblait inefficace. Comme si tous les autres, jusqu'à ses propres parents, avaient oublié l'identité exacte de la chamane ; comme si la dénomination Zi'Ljubica'Ir Adlivun avait quelques syllabes en trop ou en moins.
« Je suis d’avis qu’on se sépare pour chercher plus efficacement. » C’était surtout un moyen de se débarasser du Kazak’Wa, qui avait bien compris que l’alchimie n’était pas optimale entre eux deux.


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Mer 26 Déc 2018, 22:31


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera
Que cherchait-elle, déjà ? Et pourquoi cet esprit devait-il se trouver à cet endroit ? Est-ce qu’elle avait au moins une chance de tomber sur lui ? N’était-il pas plus rentable de ratisser l’île maudite elle-même afin d’atteindre sa tribu ? Aria ne savait pas si elle se sentait impuissante ou en colère. Sans doute un peu des deux. Ce ‘Lendba’ qui lui avait si gentiment proposé de faire une chasse à l’esprit à l’intérieur d’un périmètre aussi gigantesque n’était pas un mauvais bougre, au fond… mais la chamane ne pouvait s’empêcher de penser qu’à l’heure qu’il était, les autres ressortaient à peine d’un calvaire immense. Et puis, ce Kazak lui paraissait trop normal. Les carcasses sans émotion et les euphoriques de sa tribu manquaient à la Nyam’Wa. D’ailleurs, à bien y réfléchir, elle remarquait que son Hozro était à peu près aussi bavarde et m’as-tu-vu qu’un chaman en plein détachement. Cela avait dû aider, lors du processus de sélection, car Aria était du genre à savourer les longs moments silencieux.
« Alors Ryem, je ne sais pas si… » Voilà que la concernée se mettait à la faire mentir. « Ce n’est pas le moment, Margaux. Je sais qu’on a beaucoup à se dire, mais autant faire ça plus tard. On a tout le temps devant nous. » La voix de l’Hozro baissa d’une demi-octave. « C’était pour te dire que tu es passée à côté de celui que tu cherches. » Aria se retourna subitement. Le corps rachitique et meurtri de l’ancienne sorcière restait une épreuve pour la vue de quiconque étant doté de bon sens. Fort heureusement, s’il y avait bien quelque chose que la chamane avait oublié de prendre en mourant pour la première fois, c’était ça. Ses bourreaux en avaient certainement plus eu besoin qu’elle. « Damlys ? » Dès lors qu’elle était sous pression, ses oublis devenaient pathologiques. À croire que son crâne s’était fait écraser entre un rocher et la massue de Raanu. « Le papa du gamin. »
Aria opina du chef. C’était une bonne nouvelle, mais une partie d’elle était triste. Un garçon sans bonnes manières pouvait trouver l’esprit qu’il recherchait en quelques heures, mais elle, même après des années d’attente et de recherche, n’avait droit à rien ? La vie savait se montrer injuste et cruelle, mais la chamane acceptait sans broncher, n'ayant aucunement envie de claquer Edel pour lui demander d'arranger les choses.

Assis en tailleur, l’homme faisait face à la mer, le dos courbé. « Vous êtes Kavetriem ? » Aucune réponse. Sans prendre la peine de bouger la tête, il maugréait quelques paroles inintelligibles. Aria se tourna vers son Hozro, interloquée. Il ne lui restait plus qu’à s’avancer pour espérer comprendre quelque chose de ces messes basses, et peut-être établir un semblant de dialogue.
À mesure que la chamane se rapprochait, la silhouette de l’individu se détaillait. Pas de bras amputé ou de scie en vue, mais il était envisageable que l’esprit n’ait pas pris en compte ces pertes physiques. Après tout, Kavetriem passé la majorité de sa vie avec un corps complet, selon le récit qu’en faisait Lendba. Cette simple réflexion ouvrait la porte à des souvenirs brumeux, qui revenaient hanter Aria. Lorsqu’elle vivait dans son propre corps, certains de ses doigts avaient été coupés. Avait-elle conservé cette blessure en tant qu'Hozro ? La chamane ne le savait plus, et se contentait de marcher droit devant.
« Tu vas finir dans l’eau si tu continues. » Une mention de plus pouvait s’ajouter à la liste déjà trop grande de ses maladresses de la journée. Aria soupirait, sachant pertinemment à quel point elle avait besoin de repos. À répéter ces étourderies-là, elle allait finir par dormir dans un abri Kazak au lieu de retrouver sa tribu.
La chamane s’assit, remarquant au passage que l’esprit possédait des mains usées au niveau de la paume ; celles d’un homme qui avait trop hissé les voiles. Son flair ne la trompait pas, ça ne pouvait être qu’un Kazak. « Excusez-moi, j’aimerais savoir si… » « J’ai dit non. Débouchez-vous les oreilles, bon sang ! » Si cet homme était bien le père de Lendba, la Nyam’Wa n’avait plus à se demander l’origine de l’impolitesse de ce dernier. « Pardon ? »« Je ne suis pas Kavetriem. » Aria descendait abruptement de son nuage. Les fausses joies sont pires que les tristesses, dit-on.
« Oh… qui es-tu, donc ? » La courtoisie contraignait la jeune femme à poser ces questions, mais plus rien n’avait d’importance. Elle se contentait de s’allonger, perdue dans le fil de ses pensées. « Je ne suis plus rien. Plus un homme, plus un marin… » Le ton mélodramatique de son interlocuteur suffit à la faire décrocher de la conversation. Aria avait assez de névroses pour ne pas écouter celles des autres.

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Jeu 27 Déc 2018, 23:22


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera
« Tu mens si mal que c’en est ridicule. » Margaux souriait, adossée à celui que l’on surnommait l’ondin chaman de son vivant. « Ma peine est infinie, je n’ai pas besoin que tu t’acharnes sur moi, monstre. » Cet homme ne savait vraiment pas à quoi ressemblait l’ancienne sorcière lorsqu’elle s’acharnait vraiment. C'en était presque apitoyant. « Et moi qui pensais que les pirates étaient féroces, je tombe sur un pleurnichard. Tu aurais pu tout simplement lui dire que tu étais Kavetriem, elle ne t’aurait pas mangé. C’était juste par curiosité, probablement. » S’amusant de la situation, l’Hozro omettait de mentionner Lendba. « Pourquoi tu ne lui dis pas, toi, hein ? Pars la rejoindre, préviens-la et ne reviens pas. »« Je capitalise sur ton erreur. Mon rôle est de rester avec toi et de t'agacer un peu, elle feignit de prendre une légère inspiration de cet air que les morts ne pouvaient plus humer, dis-moi, que comptes-tu faire ? »


~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-

Aria était maintenant bien loin de l’esprit qui lui avait fait perdre son temps. Elle n’avait pas trouvé Kavetriem, mais on ne pouvait pas dire qu’elle n’avait pas cherché. Il était temps d’arrêter cette enquête inutile. Cependant, si soumettre à Lendba l’idée de se séparer était ingénieux, oublier de donner un point de rendez-vous l’était moins. Voilà que la chamane se retrouvait à beugler le prénom du Kazak’Wa sur la banquise, en espérant ne pas s’être trompée sur la prononciation. « Il ne répond pas, et il n’y a pas une silhouette à l’horizon… je joue de malchance, ces temps-ci. Margaux, je peux te demander de… » Son Hozro semblait s’être éclipsé lui aussi.
Ses jambes ne tenaient plus. Aria aurait adoré laisser son corps valser, mais était trop rationnelle pour se coucher dans le froid. Pourtant, le sol attirait son regard, comme magnétisé. Si, au début, elle pensait qu’il ne s’agissait que de son imagination, la chamane aurait juré avoir vu quelque chose se déplacer sous la glace de la banquise. Un halo pâle semblait en sortir. « Je vais te l’amener, petite. » C’était un vieil homme, trépassé comme une grande partie de la population de l’île. Aria avait fini par s’habituer à les voir entrer en scène d’un endroit incongru. Cela dit, les esprits étaient bien pratiques dans ces situations. De toute façon, ils pouvaient se permettre d’être généreux, leur temps étant infini et leur vitesse, surprenante. Quelques secondes suffisaient à un être éthéré pour trouver un humain en cet endroit.
« Ah, voilà la tête en l’air ! » Lendba remercia celui qui l’avait guidé avant de se précipiter vers elle. « Tu peux m’appeler Ari... » « T’as trouvé mon père ? » Le Kazak’Wa n’avait pas gagné en politesse. C’en était devenu exaspérant. Viendrait un moment où elle le corrigerait. « Non, je l’ai cherché, mais il n’y avait pas grand monde. » Le jeune chaman affichait un air triste. Aria avait toujours autant envie de l'étrangler, mais compatissait. « Ce n’est rien. Il suffit de s’armer de patience. » Elle ne croyait pas un traître mot de ses propres paroles. « Tu es sûre d’avoir bien cherché ? »« Sûre et certaine, j’ai même parlé avec un esprit qui correspondait à ta description, et ce n’était pas lui. » Une lueur d’espoir poignit dans les yeux de son interlocuteur. « Il était bien châtain, les cheveux courts, des foulards accrochés à la ceinture et aux bras… » La chamane reprit sa description, lui montrant qu’elle aussi savait interrompre autrui. « De nombreux tatouages, l’air maussade, la voix rauque… »« Un collier d’os, des yeux bleus, une intonation exagérée... » Aria cilla des yeux. « Une intonation… quoi ? » Jusque là, le portrait qu’en faisait le garçon pouvait correspondre à beaucoup de monde, mais ce dernier point était très particulier. « Il parle toujours de manière très... théâtrale. Enfin, je dis ça, mais c’est pas comme si j’étais déjà allé au théâtre. Je ne t’avais pas prévenue de ce trait-là ? » La chamane se mit à pâlir.

~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-

« Mais du coup c’était bien lui ? Comment t'as fait pour ne pas le reconnaître ? »« Il m’a dit qu’il n’était pas Kavetriem, je n’avais aucune raison de ne pas le croire. » L'adolescent se préparait à objecter, mais la brune agrippa ses deux joues d’une main, lui intimant à demi-mot de se taire. Elle n’avait aucune envie qu’on lui rappelle ses échecs. Ce n’était pas son jour. « On est bientôt arrivés, tiens-toi tranquille. » Les deux chamans se rapprochaient du rivage où Aria avait croisé l’esprit il y a de cela une trentaine de minutes. Il n’avait aucune raison de s’être déplacé, et la forme qu’ils voyaient au loin les confortait dans cette idée.
Cependant, la silhouette qui se détaillait aux yeux du duo tandis qu’ils s’approchaient n’était plus la même que celle qu’Aria avait pu observer. Les variations s’ajoutaient, créant un doute. Ils ne s’avançaient pas en direction de Kavetriem. C’était…
« Zhimael ? »
L’Hozro se retourna, visiblement contente. Son sourire n’était pas sincère comme après l’accostage. Ses lèvres étaient maintenant emplies de malice. « Kavetriem n’appréciait visiblement pas ma compagnie, et m’a abandonnée ici. »
« Tu savais. Tu aurais pu me le dire. » Margaux jouait avec le feu. Le problème résidait précisément dans son inaction. « Où est-il allé ? » Lendba, qui demeurait silencieux jusque là – conformément aux instruction qu’il avait reçues, essuyait ses joues humides. Il ne tenait pas à savoir tous les détails : il ne souhaitait que la présence de Kavetriem. « Parce que tu penses qu’il a tenu à me le dire ? » C'était une question sincère emballée dans un tissu d'ironie.
« Ne me fais pas regretter ma décision, on s'était mises d'accord. Ce que tu viens de faire, c’est de l’acharnement gratuit contre ce petit. » Acharnement. En seulement quelques minutes, ce mot avait bien souvent été jeté au visage de l’ancienne sorcière. Cependant, cette fois, il était employé justement. « Tu as gagné. Il est parti vers la Grande baie, se flageller en public ou je ne sais quoi. C'est prévu pour demain soir, vous avez le temps. »
Les dernières lueurs dorées du crépuscule disparaissaient. Eoda capturait le soleil dans ses eaux, laissant un peu plus chaque seconde le firmament aux mains de Phoebe. Cette course-poursuite avait usé tout le monde, et la journée foisonnait déjà bien assez d’émotions fortes. Il leur faudrait une petite demi-heure pour rejoindre les campements Kazak. Si l'ami capable de téléporter les autres dont Lendba avait parlé était réel, il dormirait selon toute vraisemblance. Il fallait se rendre à l'évidence : ils n'atteindraient pas la grande baie ce soir. Il était temps pour les deux chamans d’accepter leur défaite d’aujourd’hui, et leur victoire de demain. Aria rejoindrait son clan comme prévu, mais, finalement, elle allait bien passer la nuit dans un abri Kazak. Il faisait froid, mais le sommeil peut se montrer aussi imbattable que la mort.
Quant à Margaux, elle pouvait profiter de sa victoire. L'on dit que faire ressentir une émotion négative à une personne avant de lui annoncer une bonne nouvelle rend le réconfort d'autant plus puissant. Quand le doute s'emparera d'Aria, son Hozro lui rappellera la bonté dont elle a su faire preuve, en trouvant Kavetriem pour eux. Le soleil allait encore se coucher de nombreuses fois, avant que la chamane ne soit réellement utile, mais Margaux n'abandonnerait pas. Après tout, c'était une femme acharnée. Et si, en effet, gagner la totale confiance d'un chaman est un travail à plein temps, n'ai-je pas dit que les esprits avaient l'éternité à dépenser ?
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