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 Jusqu'à ce que la mort nous sépare [Devaraj]

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Dim 09 Déc 2018, 18:44

Jusqu'à ce que la mort nous sépare [Devaraj] T534
Jusqu'à ce que la mort nous sépare



Les yeux dans le vague, l’ennui pesait sur elle un voile qui la poussait à réfléchir un peu trop pour son propre bien. Elle avait accepté le marché que lui avait proposé Ezechyel mais avait conscience qu’elle n’aurait, de toute façon, pas pu refuser. Elle se sentait manipulée. Il souhaitait la garder immaculée pour façonner une légende, un culte. Pourtant, ses ailes de marbre n’avaient jamais aussi mal représenté les vertus. Il l’avait prise un nombre incalculable de fois et, quand elle y pensait, elle ressentait un dégoût manifeste, mélangé à du désir. Il l’avait ensorcelée pour qu’elle pense ce qu’il avait envie qu’elle pense, pour qu’elle ressente ce qu’il avait envie qu’elle ressente. À vrai dire, sans doute s’en serait-elle contentée s’il ne lui était pas apparu à ce moment précis. Blême, il semblait sous le choc. Il paraissait perdu dans des considérations qu’elle n’aurait jamais pu toucher du doigt. Elle se demanda alors pourquoi il la laissait l’observer ainsi. N’était-ce pas contre son intérêt de laisser une Mortelle visionner son trouble ? Enfermée dans ce temple, elle n’était aucunement au courant des événements extérieurs. Comment aurait-elle pu savoir ? Doucement, elle se leva et s’approcha de lui. S’il était son père, il n’en avait alors pas l’air. Sans doute était-ce elle, la figure maternelle, pour le moment. « Qu’y a-t-il ? » se risqua-t-elle à demander. L’Ange ne savait pas situer son état. Il semblait profondément triste mais dans ses yeux noisette bouillonnait une rage à nul autre pareil. Il la fixa d’un œil mauvais, ce qui eut pour effet de la faire reculer. Elle plaça ses mains devant elle, dans l’objectif de produire des mouvements apaisants. « Écoutez… » commença-t-elle. « J’ai accepté de porter vos enfants et, ce, malgré votre comportement qui laisse à désirer ; sans vouloir vous offenser. Je pense donc que l’on peut dire, sans le moindre doute, que je suis de votre côté. ». Elle l’était en un sens, ayant conscience qu’elle était bien trop liée à lui pour pouvoir se dérober. « Dîtes moi… » susurra-t-elle en s’approchant de nouveau. Il fit quelques pas dans la pièce, s’éloignant tout en avisant le ventre toujours plat de sa fille. Elle avait du mal à savoir s’il s’agissait d’une énième manipulation ou si quelque chose de grave s’était réellement produit. « Même si je t’expliquais, cela ne servirait à rien. ». « Parler peut aider à trouver des solutions. ».

Il n’avait pas dit un mot sur le sujet qui le préoccupait mais ils avaient passé beaucoup de temps ensemble. Il était instable, elle le voyait. Elle le sentait dans ses propos, légèrement décousus. Il semblait partagé entre plusieurs identités, certaines plus bénéfiques que d’autres. Il se montrait adorable dans une partie de son discours puis détestable par la suite. Lilith n’avait plus aucun doute sur la provenance de son mari même s’il y avait plusieurs nuances entre les deux. Jun s’en voulait d’une chose qu’elle n’arrivait pas à toucher du doigt. Il avait susurré, à un moment, qu’il aurait dû mieux regarder dans le passé, que s’il l’avait fait, tout aurait pu être différent. Au lieu de cela, il s’était arrêté au présent, convaincu d’avoir raison et d’obtenir, à la fin, ce qu’il souhaitait depuis toujours. Il s’était énervé à plusieurs reprises, ce qui avait fait tomber la dernière statue de Drejtësi dans un fracas assourdissant. À un moment, elle aurait juré qu’il était sur le point de pleurer mais l’idée lui avait semblée idiote après coup. Il n’était pas de ceux-là. Pourtant, elle sentait une cassure en lui. Quelque chose s’était fêlée et ressemblait, à présent, aux débris qui couvraient le sol. Elle avait néanmoins conscience de l’horreur du futur qui se profilait. Tout en ignorant ce qu’il s’était produit, elle savait que ceux qui étaient responsables de son état le paieraient cher. Elle savait ô combien il était consciencieux, ô combien il préparait chacune de ses actions. Seulement, quelqu’un ou quelque chose venait de briser sa mécanique.

« Je ne ressens plus sa présence… » lâcha-t-il à un moment avant de se lever et de se diriger vers elle. Il hissa Lilith sans un mot sur son épaule et la déposa sur le trône qu’il avait confectionné pour elle. Pour l’instant, elle ne recevait aucune visite mais ce serait le cas dans un avenir proche. « Je vais te faire un cadeau. Nous dirons que c’est pour me faire pardonner d’avoir abusé de toi pendant des jours. ». Il paraissait sincère. « Profites-en pour lui demander tu sais quoi. J’adapterais mes desseins en fonction de ce qu’il te répondra. ». Il marqua une pause, replaçant l’une des mèches rebelles de sa fille correctement, admirant son corps recouvert d’une étoffe noire aux broderies d’or. « Profites-en, vraiment. Je ne serai sans doute plus jamais aussi clément. ». Si elle avait eu du mal à comprendre de quoi il parlait dans un premier temps, elle dut faire face à la réalité. Jun disparut au profit de Devaraj qui, visiblement, avait été appelé là, devant elle, par la volonté divine. « Oh… » fit-elle, en même temps que ses doigts prirent une teinte blanchâtre sous l’effet de la pression qu’elle exerça sur les accoudoirs du trône.

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Dim 09 Déc 2018, 22:27




"Vous devriez vous organiser. Je n'ai pas que ça à faire de déchiffrer toutes les pierres tout seul... Je ne suis pas votre maman." D'un ton nonchalant, le Fumeur Macabre venait de répondre aux chefs de tribu avec un manque d'implication et une impolitesse qui mit tout le monde mal à l'aise. Il commençait à en avoir marre que tout le monde vienne lui demander la permission pour tout et n'importe quoi. Bien sûr, la nouvelle situation de l'île était extrêmement déstabilisante et il ne pouvait pas en vouloir à certains de se tourner vers lui pour demander conseil puisqu'il était l'élu des Aetheri. Ironiquement, ils n'avaient toujours pas pigé que lui non plus ne comprenait absolument rien aux décisions divines qui s’abattaient sur eux. Le Suprême de l'Au-Delà poussa un long soupir, affalé sur son trône. Depuis que l'Emprise avait disparue, il avait changé d'attitude, virant pour un lot de comportements qui le rendait encore plus difficile à cerner. "Bon. Nous devons continuer de prier Raanu. Les Conservateurs vont nous aider, j'ai déjà écris les traductions de plusieurs symboles dans ce li-". Les chamans regardèrent le trône, incrédules. Le roi avait disparu sans pouvoir terminer sa phrase...

"QUOI ENCORE ?! QUOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOIIIIIIIII !" hurla Devaraj jusqu'à se faire mal à la gorge et manquer de souffle, ne prenant même pas le temps de regarder autour de lui. Il pouvait sentir la magie de Jun, même si l'Aether semblait absent. Depuis que le chaman avait vu ce que son père avait fait à sa femme en l'espionnant à travers le miroir magique, il n'arrivait plus à s'adresser à lui avec déférence. Il avait beau encore admirer et craindre sa puissance démentielle, il était émotionnellement incapable de lui parler autrement qu'avec un flot d'insultes acerbes. C'était instinctif et incontrôlable, comme si quelqu'un d'autre, quelqu'un d'extrêmement énervé s'emparait de son esprit à chaque fois qu'il voulait parler à son père. Il se sentait trahi, que celui qu'il respectait le plus ait pu lui pourrir une aussi grande partie de son existence. Quant à la crainte des représailles de sa rébellion, Nidalu avait prit soin de l'annihiler. Peu importe les souffrances qu'Ezechyel pouvait lui infliger, tout lui semblait vain, inutile et sans aucune importance. Il semblait détaché de tout, comme si son existence s'était déjà terminée. Découvrant enfin la présence de Lilith, le chaman esquissa une moue. "Bouuuuh, alors madame parle aux lâches maintenant ?" Comme si tout ceci n'était qu'une énorme blague, le Fumeur Macabre prit sa nouvelle apparence fétiche et s'accouda sur l'autel en s'affalant à moitié dessus, croisant les jambes. "Je ne sais pas ce que tu me veux mais moi en tout cas je n'ai pas du tout envie de parler." dit-il en scrutant ses ongles, d'un ton capricieux.  Pour une raison obscure, quand il revêtait cette apparat, tous les esprits qu'il avait déjà dévoré apparaissaient sous forme de fumée verdâtre à ses pieds, éternels damnés. Il avait beau forcer sa métamorphose dans tous les sens, il n'avait pas réussi à se débarrasser de ce gênant artefact de son nouveau pouvoir...

Le chaman craqua son cou. Tel un vampire, il sentait cette faimen lui toujours grandir. Mais contrairement au peuple de la nuit, il n'avait aucun moyen de se contrôler. "J'y pense. Je voulais te donner ce livre, mais je n'étais pas certain que L'AUTRE CON le laisser arriver entre tes mains." glissa-t-il, accentuant bien sur certains mots à l'intention de l'observateur. "Avec ceci d'ailleurs, je n'ai plus vraiment envie de le garder avec moi." Il parlait du miroir, qu'il lui donna. Avec un demi sourire, il tendit aussi l'ouvrage ensorcelé à son ancienne épouse. Les histoires écrites étaient censées se réaliser en partie à condition qu'elle concerne des sentiments positifs entre deux personnes. Un soir alors qu'il buvait pour oublier son chagrin d'amour, Devaraj l'avait rempli de gribouillis divers et variés à propos de Jun, Lilith, Ragnar, Thor et les jumeaux. Nidalu lui avait soufflé des idées si ridicules et drôles qu'il en avait rigolé tout seul pendant une bonne heure et qu'il avait dû s'interrompre plusieurs fois dans son écriture, manquant de renverser son encrier. Cela racontait entre autre, la vie d'un papa exemplaire et amant, de son fils et de sa belle-fille... Dans ce monde-ci, Jun se déguisait en vieillard rouge pour offrir des jolis cadeaux à ses petits enfants une fois par an, Lilith avait décidé de devenir une chamane accomplie, Ragnar était chef de guerre et pour une raison incongrue, l'ancienne Edel venait parfois leur faire des câlins à tous. Il y avait aussi des passages sur leur vie sexuelle où le chaman s'était libéré de tout ses fantasmes. "Bonne lecture ! Ahahaha !" Il rit comme un idiot, puis cessa aussitôt de sourire. "J'ai des choses importantes à régler, dépêche toi."


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Lun 10 Déc 2018, 00:20

Jusqu'à ce que la mort nous sépare [Devaraj] T534
Jusqu'à ce que la mort nous sépare


Lilith écarquilla les yeux du fait des hurlements de son « invité ». Elle se demandait pourquoi Jun l’avait laissée seule avec son époux. Il aurait pu rester, après tout, et répondre de ses actes. Visiblement, le Dieu n’avait que faire de se justifier ou de s’excuser. Il prenait ce qu’il désirait, quand il le désirait et tant pis pour les dommages collatéraux ; autrement dit, elle. Néanmoins, puisque ses journées se résumaient à rester enfermée ici, un peu de compagnie, même celle d’un excentrique, ne serait pas de refus. De plus, bien malgré elle, son corps subissait une tension qui ne ressemblait pas à de la peur mais à une toute autre sensation, plutôt agréable. Aussi, Lilith observa ce qu’elle aurait volontiers appelé des enfantillages s’ils n’émanaient pas du Suprême de l’Au-Delà. Elle avait appris à se méfier de lui, quoi qu’il fasse. Le changement d’apparence la surprit. Il se dégageait de lui quelque chose de nouveau, qu’elle n’aurait su expliquer. Qu’avait-il fait durant son absence ? Il semblait aller mieux dans un sens mais ce qu’elle voyait n’avait rien de rassurant pour autant. À ses pieds, une couleur semblable aux cauchemars s’étendait en volutes de fumée.

« Je ne te savais pas aussi puéril. » lâcha-t-elle une fois qu’il eut fini, laissant son regard courir sur le livre et le miroir. Elle ne parlait pas des objets en question dont elle ne savait que peu de choses mais de ses mises en scène. Sans doute les derniers temps qu’elle avait passé au creux du temple la rendaient-ils légèrement irritable. Elle ouvrit l’ouvrage et parcourut quelques lignes qui la déstabilisèrent plus qu'elle ne l'aurait souhaité. « Hum. » fit-elle en fermant le roman. Quant au miroir, elle n’avait aucune idée de son utilité. Posant le tout sur l’assise du trône après s’être levée, elle fit quelques pas dans la pièce, lentement. « C’est amusant que tu prennes cette apparence. Le brun de tes cheveux ressemble à celui de notre père. ». Oh oui, elle tentait le diable mais, après tout, c’était elle qui avait écarté les cuisses durant des jours entiers pour y accueillir la semence de son géniteur et, ce, sans que son mari et frère ne daigne ne serait-ce qu’essayer de la secourir. Elle avait fui l’Île Maudite, certes, mais certainement pas pour se retrouver dans cette situation. Néanmoins, à présent, elle ne pouvait plus reculer. Comme Jun le lui avait soufflé avant de partir, il lui faisait un cadeau. Elle avait pensé, de prime abord, que Devaraj n’était pas au courant de son état. Cependant, elle le connaissait trop pour ne pas remarquer le changement de langage qui s’était opéré. « L’autre con », il n’aurait jamais osé en temps normal. Pourtant, l’emploi de ces mots signifiait qu’il était au courant et en avait été touché. Touché et impuissant ? Ou touché et lâche ? Elle soupira. À quoi bon ? Même s’il avait essayé de la sortir des griffes d’Ezechyel, jamais il n’y serait arrivé. Elle en ressentait une certaine tristesse, en provenance tout droit d’une immonde fatalité. Que pouvaient-ils faire contre les Ætheri si ce n’est attendre qu’ils daignent ouvrir un chapitre plus clément de leur histoire ?

Elle se tourna pour lui faire face. Elle le trouvait assez élégant sous cette apparence factice. Elle l’observa longuement tout en réfléchissant à comment formuler sa demande. Ses manières ne lui plaisaient pas. Était-elle devenue indigne de son temps ? « Votre majesté me pardonnera de demander un peu d'attention, j’espère. » fit-elle en penchant la tête sur le côté. « Sinon ce sera la même chose. ». À force de côtoyer le père et le fils, elle avait appris à entrer dans leur jeu. Elle ne pensait pas y prendre goût, néanmoins. C’était étrange, comme si un léger vent de rébellion venait de se ranimer dans son esprit. Son regard demeura un instant sur les ruines de la statue de Drejtësi puis elle s’approcha de son mari transformé, n’ayant que faire des volutes macabres. Ezechyel l’avait choisie pour porter ses enfants et elle doutait sincèrement qu’il permettrait sa mort. Quand elle fut suffisamment proche, elle plaça ses mains sur l’autel, de chaque côté du corps de Devaraj, et plongea ses yeux dans les siens. « Je veux que tu me transformes. » murmura-t-elle lentement. « Je veux que ce soit toi qui le fasses. » ajouta-t-elle sur le même ton. Puis, comme elle semblait ne pas y croire – ou jouer de la situation – elle haussa les épaules, ramenant ses mains autour de son propre corps. « Cela dit, si tu as autre chose à faire de plus important comme tu me l'as très clairement laissé entendre, je comprendrai et demanderai à quelqu’un d’autre. ».

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Lun 10 Déc 2018, 03:24



Interloqué, le chaman resta sans dire un mot pendant longtemps. Peu importe ce qu'en pensait sa femme, il n'avait jamais cherché à cacher ses vraies émotions -sauf cette unique fois sous l'apparence de Jeremiah, et encore...- Elles étaient d'elles-même bien trop souvent illogiques et par conséquences inutilisables pour quelqu'un qui chercherait à le manipuler, pour valoir la peine d'être dissimulées. Il envisagea d'abord la possibilité que la proximité avec Jun l'ai rendu aussi peu fiable et aussi cruelle que lui, et qu'elle était en train de lui faire une blague de très mauvais goût. "Pourquoi ?" murmura-t-il simplement. Indifférent, il laissait des larmes salées couler le long de ses joues. C'était de l'amertume et de la frustration. Encore une fois, il ne comprenait pas ce qu'on attendait de lui. Voir Lilith faire partie des siens avait été probablement un de ses rêves les plus chéris pendant une très longue période de sa vie. Seulement elle avait préféré dire non et cet épisode de leurs vies lui semblait extrêmement loin. Elle ne devait pas avoir conscience que depuis son départ, il s'était passé beaucoup de choses, des changements irréversibles. Devaraj avait abandonné ses vieilles envies à l'aube de la mort, dans la volonté de se libérer de toutes chaînes imaginables et de se donner entièrement à Nidalu. Elle faisait remonter en lui une souffrance qu'il venait à peine de réussir à oublier.

La mine sombre, il remonta son regard vers elle. "D'accord, en fait tu crois vraiment que je vais te répondre oui sans même une explication ?" Un bref rire lui échappa. C'était si ridicule qu'il avait du mal à croire que la scène soit réelle. "Je sais bien qu'un fou peut accepter tout et rien, mais je ne suis pas un pion qu'on bouge à sa guise. Il n'y a que les Dieux qui jouent avec moi." Et c'était bien trop à supporter. Poussant un long soupir, le chaman avisa le trône d'un air maussade. Il alla s'écrouler dessus. Il était fatigué de cette famille, et c'était une lassitude sans nom ni fin. Elle était toujours désirable à ses yeux mais l'amour qu'il lui avait porté faisait parti du passé. Du feu ardent, il ne restait que quelques chaudes cendres et une flammèche quand il prenait la peine de ressasser quelques souvenirs particuliers... Autrement, le foyer était devenu glacial. D'après certains esprits, voir la Mort au bout du tunnel faisait réaliser beaucoup de choses vaines... Lui ce n'était pas la Mort qu'il avait vu, mais le Néant. "Tu sembles bien orgueilleuse de profiter de sa protection, comme si rien ne pouvait plus te toucher. Oh, Ezechyel exaucera ton vœu, mais demandons quand même à Devaraj en premier. S'il te plais c'est pour les merdeux, quand au pourquoi du comment, il n'en a pas besoin, hm ?! Ce n'est pas comme si tu avais refusé pendant une décennie, disparue, abandonné tes enfants, puis tout d'un coup, finalement... Sinon ça va, l'égoïsme se porte bien ? Excuse-moi de t'avouer que Nidalu ne m'a pas dénoué de sentiments." Son ton était cynique. "La Folie, vois-tu, a sa propre logique. Et j'ai décidé que je ne ferais pas ce que je ne comprend pas. Alors c'est non, ma chère soeur..." Il sourit froidement. Il avait apprit en même temps qu'elle leur parenté à cause du miroir, mais il s'était remit de la nouvelle bien plus vite. Son éducation ne comportait pas ce genre de tabou. "J'ai déjà bien assez à faire avec les caprices des Dieux pour avoir envie de m'occuper des tiens. Là comme ça, sans une demande plus fournie et polie de ta part..." Il réfléchit quelques instants. "Je dirais : moi assis sur ce trône, tu ne mettra plus jamais un pied sur l'Île, chamane ou pas." Son ton était ferme et décidé, pourtant il n'y avait pas de méchanceté. Sa vengeance se trouvait dans le livre qu'il venait de lui donner, désormais il ne voyait pas l'intérêt de la haïr. Par contre il avait bien du mal à contenir son amertume et sa fatigue. Il sourit un petit moment avant de souffler d'une voix douce qu'elle ne devait jamais avoir entendu jusqu'ici. "Et si l'autre me prend au pied de la lettre et m'envoie bouler simplement pour satisfaire tes petites envies, ça me fera des vacances loin de vous deux. Même le néant doit être plus agréable qu'une existence à vos côtés." Le plus perturbant devait être que son regard était parfaitement lucide et clair. Ce n'était pas une crise de démence provoquée par la colère ou la souffrance. Désormais le chaman savait exactement tout ce qu'il voulait : obéir aux lois de Nidalu à tout instant. Il n'avait plus besoin de hurler -sauf en présence de son père-, plus besoin de se débattre contre les parasites, ni de gesticuler bruyamment. Lorsque la douleur de l'Emprise avait disparu, il avait ressenti un immense calme et un vide qu'il se plaisait à garder intact, ce qui justifiait probablement la distance qu'il prenait soin de garder avec Lilith depuis le début de leur conversation. Tout ce qui auparavant remplissait sa vie et l'avait envahi était parti. Gideon avait tout grignoté : ses émotions, ses envies, ses ambitions, sa foi. Une énorme partie de son identité était morte dans les griffes du Parasite et dans lutte acharnée, Devaraj n'avait réussi à garder que ce qu'il avait de plus cher : l'amour et la fidélité pour son peuple et... sa folie. L’apparente absence de démence dans son regard était effrayante, car l'on pressentait que la Folie était toujours là, désormais invisible et imprévisible. Le retour d'une partie de sa raison n'en était que plus dangereux car le Chaman s'appliquait à utiliser son intelligence libérée de l'Emprise au service de Nidalu. Ils ne faisaient plus qu'un. "Alors ? Madame l'indécise ? J'ai simplement envie de savoir pour moi et pour notre histoire. Sinon concrètement, je m'imagine déjà que dans trois jours tu auras encore changé d'avis et tu iras te faire mordre par un vampire." Attendant une justification, le chaman détailla les ornements de l'accoudoir tout en essayant de ne pas penser à la présence de Jun.
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Lun 10 Déc 2018, 08:33

Jusqu'à ce que la mort nous sépare [Devaraj] I7vu
Jusqu'à ce que la mort nous sépare


Le pourquoi résonna dans son esprit comme une claque. Elle n’aurait jamais pensé avoir besoin de se justifier. N’était-ce pas ce qu’il souhaitait depuis des années ? À moins qu’il ne lui ait inlassablement posé la question en sachant pertinemment qu’elle refuserait, dans l’objectif clairement défini de la torturer ? C’était possible, après tout. Légèrement fou mais les jours qu’elle avait passé enfermée ici lui avaient appris à douter de tout. Ce qu’elle envisageait depuis quelques longues minutes comme un cadeau de l’Æther prenait doucement l’apparence d’un poison. Avait-il réellement souhaité lui accorder ce qu’elle désirait ou n’était-ce qu’une mise en scène pour lui faire comprendre que sa vie passée lui avait définitivement tourné le dos et qu’elle ferait mieux de s’offrir totalement à lui ? Le doute allait jusqu’à lui rappeler que tout ce qui sortait de la bouche de Jun n’était que mensonge. Il lui avait soufflé qu’il souhaitait qu’elle reste Ange pour créer un mythe mais était-ce ce qu’il désirait vraiment ? Sinon, pourquoi téléporter son mari ici ? Il lui avait murmuré qu’il adapterait ses desseins mais elle était, à présent, perplexe. Un Dieu s’adaptait-il ? Elle finit par passer les doigts de sa main gauche sur sa paupière close, signe qu’elle était fatiguée. Elle les remonta dans ses cheveux, massant ensuite brièvement sa nuque comme si ce simple geste suffirait à la réveiller du cauchemar dans lequel elle avait glissé lentement mais surement.

À vrai dire, elle avait fini par accepter le lien de parenté entre Devaraj et elle. Cela l’avait horrifiée, au début. Seulement, du fait de sa situation, ce n’était pas le plus choquant. Et après ? Jun ne l’avait jamais élevée. De même, le Suprême de l’Au-Delà et elle n’avaient pas été éduqués ensemble. Elle ne l’avait jamais considéré comme son frère et ne le considérerait jamais ainsi. Ce qui avait hanté ses nuits, était cette petite phrase assassine d’Ezechyel. « Le soir de votre mariage, sur ce lit, lorsque ton mari s’est glissé entre tes cuisses, c’est moi qui t’ai endormie. ». Le pourquoi était inexplicable – car elle doutait qu’il avait souhaité prévenir l’inceste – mais la raison pour laquelle il avait dû intervenir était, quant à elle, parfaitement claire : elle aimait cet homme empli d’amertume assis sur ce trône qui lui était dédié. Elle aimait ce fou, quand bien même avait-il déjà serré ses doigts autour de sa gorge, quand bien même sacrifiait-il des êtres à la gloire des Ætheri, quand bien même serait-il, lui, incapable de l’aimer, elle. En prendre conscience, en avoir la certitude, avait changé sa vision des choses. Elle avait cru rester près de lui uniquement pour ses enfants mais c’était faux. Elle était restée pour lui, bien au-delà des soins qu’elle devait lui apporter, bien au-delà des souhaits de l’homme de le maintenir plus ou moins stable. Mais comment lui expliquer ? Comment faire un lien logique entre son refus de l’époque et son acceptation d’aujourd’hui. Elle doutait qu’il comprenne, quand bien même avait-il précisé qu’il était encore doué de sentiments. Et puis, plus que cette volonté qui était née ces derniers jours, ses pensées avaient glissé vers des possibilités. Elle savait ne pas être la seule femme à avoir porter les enfants des Dieux et elle s’était imaginée, un instant, réunir autour d’elles celles qu’Ils choisiraient pour former une tribu consacrée à recevoir ces grossesses sacrées. Les autres peuples étaient à présent croyants mais les Chamans avaient été les précurseurs dans un monde où les traces divines s’étaient effritées. La Guerre des Dieux avait ramené les cultes avec force mais aucun autre peuple ne méritait plus la considération des divins que celui de son époux. De même, pouvait-elle lui dire, pouvait-elle lui expliquer que, elle, enfermée dans son temple, avait songé à cette possibilité ? L’idée même lui semblait folle. Elle n’avait aucune légitimité mais, quelque part, elle ne pouvait s’empêcher de penser que ses élucubrations provenaient bien de quelque part. Là encore, elle pouvait imaginer cinq secondes que Jun soit un père aimant souhaitant ériger sa fille en quasi-divinité mais c’était trop tordu. Elle en venait à songer qu’il avait fait exprès pour sortir son fils de l’Emprise. Elle remettait tout en question, même ce qui concernait l’animosité de la Mort envers la Folie.

Après un long silence, elle releva les yeux vers Devaraj. Elle ne savait toujours pas quoi répondre et était déjà lasse de devoir se justifier. Son statut angélique n’existait plus, elle en était convaincue, et ses ailes blanches trônaient encore dans son dos à cause de la politique actuelle menée au sein de son peuple. Plus que de la fatigue, elle ressentait de la crainte quant à son éventuel rejet. Elle avait l’impression que quoi qu’elle dise, quand bien même elle y mettrait l’énergie du désespoir, il pourrait simplement la regarder et écarter la demande, refus agrémenté d’un sourire cynique et d’un regard méprisant. Et puis, il l’avait dit : Même le néant doit être plus agréable qu'une existence à vos côtés. « Tu n’as qu’à demander poliment, si tu veux savoir. » susurra-t-elle d’un air sérieux, en parfait miroir avec l’une de ses remarques. « Ou bien tourne-toi vers ton cher Nidalu, il possède sans doute la réponse. » ajouta-t-elle avant de se détourner de lui. Elle s’avança vers le bassin, ôta sa tenue après avoir tiré sur le cordon qui la fixait derrière sa nuque, et commença à descendre les marches pour rejoindre l’eau. « Mais fais-le avant qu’il ne décide de me faire porter ses enfants à son tour car, après tout, on ne sait jamais, tu pourrais être amené à le traiter de pauvre con, lui aussi. ». Elle sourit d’un sourire sans joie. « Ce qui est dommage c’est que le seul homme érigé en divin par tout un peuple et dont j’ai envie de porter la descendance semble me considérer avec autant d’égard qu’une hérétique. ». Elle ressentait de la tristesse depuis quelques longues minutes mais s’efforçait de ne pas la laisser paraître. Elle caressa l’eau avec ses mains avant de les tremper à l’intérieur. Elle savait qu’en ce domaine, également, il n’avait pas besoin d’elle. Sa descendance était plus qu’assurée. Finalement, il s’agissait bel et bien d’un cadeau empoisonné. « Pars, s’il te plaît. » murmura-t-elle. Quant à ses enfants, bien sûr, elle aurait aimé en savoir plus. Seulement, elle s'était interdit de les placer au cœur de la conversation.

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Lun 10 Déc 2018, 15:43



Le chaman se frotta les yeux, fatigué. "Ah oui, bien sûr qu'il viendra. Ils viendront tous probablement, chacun pour avoir son enfant. Sauf que je n'attends pas d'eux tout ce que j'attendais de la part de mon père..." souffla-t-il. Elle devait bien savoir l’idolâtrie qu'il avait porté pour Jun. Sa chambre avait été remplie d'autels et de tableaux douteux à son effigie. Il faudra d'ailleurs qu'il s'excuse auprès de Léto pour avoir brûlé toutes les peintures qu'elle lui avait gentiment offert. Maintenant il se sentait idiot d'avoir été autant naïf. Il pensait que ce que le Prince des Cauchemars faisaient aux autres ne lui arriverait jamais à lui grâce à son nom de famille. C'était bien idiot. Devaraj n'était pas vraiment vexé par la nouvelle des enfants divins, ça aussi il s'y était habitué et résigné. "Ah bon, hier j'étais détestable et maintenant je suis aussi désirable... C'est bizarre de te voir atteindre mon niveau de contradictions." Il ne se rappelait pas l'avoir connu comme ça. A vrai dire ils ne s'étaient pas quitté en de très bons termes. "Tu sais, je suis déjà à moitié persuadé que c'est lui qui a orchestré tout ça. C'est lui qui m'a téléporté ici et c'est lui qui t'a retourné le cerveau." Soudain, il sourit comme un enfant. "Oui oui je m'en vais. Juste, avant..." Sans poser plus de question, il s'avança pour mettre un sa main sur l'épaule de Lilith et la téléporta dans un lieu qu'il avait découvert il y a très peu après avoir parlé avec une Ombre particulière... Cela devait faire un choc par rapport au Temple. Le Chaman recula, n'ayant pas perdu son sourire. Il avait amené sa sœur dans le seul lieu où leur père ne pourrait pas la toucher. "Voilà ! Installe-toi comme tu veux. Il ne viendra pas te voir ici... Il a été banni de cette terre et juste pour cela il faut remercier Edel tous les matins." Franchement, c'était bien drôle à dire, même s'il n'était pas certain de retrouver son Île entière à son retour après ce qu'il venait de faire. Avec un peu de chance, peut-être que la colère de Jun sera tournée vers autre chose que sa pauvre tête à lui. "Bon et puis moi j'y vais. J'étais réellement au milieu d'un conseil." Il se demandait combien de temps les chefs auront encore la patience d'attendre avant de commencer à le chercher frénétiquement partout.

"Quand je reviendrai, je veux bien que tu m'expliques tout de A à Z sans qu'on ne s'interrompe toutes les quatre secondes pour se lancer des piques. Saches seulement qu'une partie de mon esprit a été dévoré, et que c'était celle qui contenait mon amour pour toi."
Il valait mieux qu'elle soit au courant tout de suite, après tout. Il ne savait pas vraiment sur quel critère le choix de son épouse reposait... Devaraj espérait pour elle que ce n'était pas la force de leur couple. "Pour être honnête je ne l'ai pas défendu, pas parce-que je n'y tenais pas, mais parce-que c'était la part de moi-même qui me tuait le plus." Après un bref silence, il rajouta. "Je pourrai tout recommencer comme avant, ce n'est pas bien difficile en te voyant. Mais je suis vide. J'ai envie de le rester quelques temps... C'est la seule paix que j'ai réussi à atteindre de toute ma vie." Il avait peur aussi, pas de la souffrance en soit mais plutôt de la perte de contrôle. "Oh et je sais que j'ai l'air d'aller mieux mais ne t'y fis par trop, je suis encore instable émotionnellement." Le chaman fondit en sanglots avant même de terminer sa phrase, et il réapparut en larmes sur son propre trône. "Bon bin vous savez lire non ? Démerdez-vous." Sans un mot de plus, il leur balança le grimoire qu'il avait écrit et couru s'enfermer dans ses appartements. Lorsque la crise fut passée, il alla trouver les enfants ainsi que Ragnar et les téléporta sur la Terre d'Edel. Puis, comme il ne pouvait rien faire de ses dix doigts sans repenser à ce qu'il s'était passé, il finit par les rejoindre à la fin de la journée. "VOUS ME SAOULEZ. Pourquoi j'ai pas droit à une famille normale ?!" cria-t-il, un marteau et un clou encore à la main. Même réparer mécaniquement l'arrière du jardin cassé par ses animaux domestiques était difficile avec tout ce qui tournait dans sa tête.


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Lun 10 Déc 2018, 18:28

Jusqu'à ce que la mort nous sépare [Devaraj] I7vu
Jusqu'à ce que la mort nous sépare


« Devaraj ! » cria-t-elle après qu’il ait disparu, la laissant seule au milieu de nulle part. Elle mit quelques longues minutes à se calmer, avisant l’endroit qui ressemblait à une terre vierge de tout à l’exception de quelques constructions, un peu plus loin. Elle n’était jamais venue ici mais la réponse à la question « où ? » se trouvait en partie dans les propos de son époux. Ezechyel ne pouvait venir ici et, si elle avait correctement compris, le territoire était sous le contrôle de la Déesse de la Vie. Ces informations ne la rassuraient pas. L’Æther risquait de prendre très mal sa désertion… à moins qu’il ne l’ait prévu ? Elle soupira, décidant soudainement qu’elle allait arrêter d’essayer de deviner ce qui se tramait au juste dans la tête de Jun. Elle n’aurait jamais les réponses. Quant à savoir quand est-ce que Devaraj lui ferait de nouveau l’honneur de sa présence… c’était également un mystère. Certaines choses semblaient, de toute évidence, secondaires au Chaman, comme, par exemple, le fait qu’il l’avait amenée ici alors qu’elle était nue. L’eau du bain couvrait encore en partie son épiderme. L’Ange soupira. Un bilan de la situation s’imposait : il ne l’aimait plus, il préférait le vide et… oui, les deux hommes qu’elle avait côtoyés dernièrement semblaient en proie à des sentiments confus. Était-ce une malédiction dans sa famille ? Elle avait plus important à penser, en tout cas. Le Suprême de l’Au-Delà avait dit qu’il reviendrait mais sans réellement lui préciser si cette terre appartenait aux Chamans ou non. Elle n’avait strictement aucune idée des dangers éventuels qu’elle courait, ici. Aussi, elle se mit à marcher, à la recherche de quelque chose qui pourrait éventuellement la couvrir un peu.

Sans crier gare, alors qu’elle réfléchissait à utiliser de grandes feuilles pour se fabriquer une tenue, elle se retrouva nez à nez avec Ragnar. Elle ouvrit la bouche et, sans réfléchir, elle le prit dans ses bras. Son odeur lui avait manquée, tout comme son contact. « Je suis tellement désolée… » murmura-t-elle, contre lui, dans un sanglot. L’effet s’accentua lorsqu’elle sentit la présence de ses trois enfants près d’elle. Thor savait marcher à présent mais Hestia le tenait dans ses bras alors qu’Oswald observait la scène du haut de son adolescence bien entamée. Lilith se demandait comment elle avait fait pour survivre sans eux. Elle s’en voulait de son égoïsme. Elle s’en voulait d’avoir cru qu’ils seraient mieux sans elle. Elle était leur mère à tous les trois et, même si ce n’était pas le cas pour celui qui avait resserré machinalement ses bras autour d’elle, c’était tout comme. « Lilith, tu es nue. » dit simplement l’homme au bout d'un moment, d'une voix légèrement étranglée. Il n’avait rien contre la nudité en temps normal mais la sienne le gênait. Il l’avait quelque peu sacralisée et c’était la première fois de sa vie qu’il la voyait ainsi. Ça lui paraissait presque contre nature. Il ne pouvait pas la considérer comme les autres femmes. Tout en l’écartant de lui, il enleva son manteau de fourrure et le passa autour d’elle, faisant disparaître ses formes. Pour l’Ange, la scène ne dura que quelques secondes, comme si elle était hors de son corps, trop pressée de serrer dans ses bras ses enfants, de sentir le sommet de la tête de Thor. Il avait cette odeur particulière, propre au nourrisson et qui semblait s’atténuer avec les années. Elle se sentait instable, fébrile, trop heureuse pour que la chose ne dure. Ragnar essayait de cacher sa joie pour rester digne mais il avait du mal. Il ne savait pas ce que sa présence ici signifiait. Ses yeux observèrent les cheveux de l’Ange courir dans le poil de la bête qu’il avait tué pour fabriquer cette parure. Il était songeur. Il ne savait pas s’il avait le droit de lui en vouloir. Il ne le voulait pas mais, depuis qu’elle était partie, il pensait à elle. Il voulait la ramener auprès de son père. Beaucoup de choses s’étaient déroulées. Pouvait-il pourtant avancer que c’était sa faute, ne serait-ce que pour une infime partie ? « Tu m’as manquée. » finit-il pas lâcher, devant bien se rendre à l’évidence : il l’aimait trop pour lui en tenir rigueur. Elle l’avait supporté depuis qu’il était petit et il n’avait pas toujours été facile. Elle, cependant, avait toujours été patiente. Peu importe ses raisons de les quitter, il ne voulait pas la juger. Les Dieux en avaient décidé ainsi.

La présence de ses enfants avait totalement fait oublier les potentiels dangers de l’île à l’Ange. Une discussion animée avait commencé et ne semblait plus vouloir se terminer. Chacun lui racontait ce qu’il avait fait dernièrement. Ragnar était celui qui parlait le plus, inquiet pour son père et bien plus à même de répondre à ses questions sur ce qu’il s’était passé en son absence. Le groupe sursauta lorsque Devaraj réapparut, tenant dans sa main une arme. Lilith s’était machinalement avancée pour protéger le groupe et son corps mit quelques secondes avant de se détendre de nouveau. Elle lança un coup d’œil à Ragnar qui hocha la tête et appela ses frères et sœurs dans l’objectif de les éloigner du couple.

Une fois qu’elle fut seule avec le Suprême de l’Au-Delà, elle mit quelques secondes à se décider. Finalement, elle allait lui obéir, arrêter de lui reprocher des choses pour l’instant, peut-être même définitivement. Aussi, elle s’avança lentement, pour lui laisser le temps d’apprécier ses gestes et y réagir de la façon dont il le désirerait. Elle ne souhaitait pas le surprendre. Il lui avait murmurée être instable ; elle comprenait. Sa main caressa le marteau qu’il tenait avant d’entreprendre l’ascension de son bras. Elle posa ses doigts sur son épaule, s’approchant doucement, cherchant sur le visage de son interlocuteur où se trouvait la limite à ne pas franchir. Elle pouvait sentir son souffle. Elle déglutit avant de prendre la parole. « Ce n’est pas grave si tu ne m’aimes plus, Devaraj. ». Il ne le lui avait jamais dit. Ses sentiments à son égard s’étaient toujours plus approchés de la possessivité à ses yeux qu’à ce qu’elle imaginait être l’amour. Cela ne faisait rien. « Être la seule à aimer l’autre me suffit amplement. Je ne chercherais pas à t’imposer ma présence si tu n’en veux pas. Si tout ce que tu souhaites de moi est mon corps, alors je te l’offrirai. Ce n’est pas grave si tu ne m’aimes pas. » répéta-t-elle. « Seulement, j’ai besoin que tu me transformes, s’il te plaît. Je le refusais par le passé parce que je ne voulais pas que tu m’enfermes. Je ne savais pas que je t’aimais, alors. Je voulais garder une porte de sortie, au cas où tu essaierais encore de me tuer, quelque chose à quoi me raccrocher. Mais je sais maintenant quel est mon rôle. Je n’ai plus peur et je ne serai plus ta victime. Je deviendrais plus forte, assez pour pouvoir te repousser si tu dépasses les limites. Je sais que je peux porter la gloire de ton peuple et je pense que certaines femmes, transformées en Chamanes, pourront être les réceptacles des enfants divins. D'autres pourront être formées à cela. Ces enfants feront de grandes choses et contribueront au développement des tiens, des nôtres, si tu m’accordes ce que je souhaite. ». Elle avait envie de caresser son cou mais se retint. « Je ne demande rien d’autre. Tu pourras ensuite retourner à tes occupations sans jamais plus m’adresser la parole si cela te plaît. ». Bien entendu, il y avait d’autres soucis à régler s’il acceptait. Ici, Jun n’avait pas droit de passage, mais elle se doutait qu’il risquait de l’entendre d’une toute autre oreille. À moins qu’il ait été sincère en lui murmurant qu’il adapterait ses desseins. De toute façon, elle s’en rendrait vite compte.

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Lun 10 Déc 2018, 21:28


Le chaman regarda le marteau dans sa main, après avoir vu Lilith reculer comme s'il allait les attaquer. "Quoi ? J'étais en train de réparer la cabane de l'arrière-cour pour me détendre. Si je voulais de tuer, je prendrais peut-être quelque chose de plus efficace qu'un marteau et un clou." Lui prêter des intentions mauvaises lorsqu'il n'en avait aucune était le meilleur moyen de le vexer. Il regarda les enfants partir avec une moue. "Faîtes attentiooooooon... On est pas chez nous." En fait, il ne connaissait pas du tout les habitants du coin. L'endroit l'avait attiré simplement pour l'absence certaine de Jun. En se demandant à quoi les Ombres libérées pouvaient bien ressembler, il regarda d'un œil distrait Lilith s'avancer vers lui. C'était à se demander s'il avait la peste pour qu'elle prenne autant de temps à s'approcher.

Après l'avoir écouté sans l'interrompre, il poussa un soupir légèrement las, voire exaspéré. Il avait suffit qu'elle lui dévoile ses raisons pour le convaincre... Il ne pouvait pas s'opposer à une telle volonté malgré sa réticence personnelle à la voir papillonner autour de lui tous les jours. Elle était mieux placée que lui pour comprendre le Destin de ces personnes et rattacher à son peuple tout ces enfants était une bonne chose pour leur futur. Sans attendre, il posa sa main sur son front et récita d'une voix plus officielle. « Moi, Wom'Zaïkam'Yé'Hǫfðingi, ton maître, en ce jour je te fais devenir l’un des médiateurs entre le Monde des Vivants et celui des Morts. Je t'offre les dons qui te permettront le contrôle de ces derniers. A cet instant, tu deviens et tu resteras Chaman. Par ce tatouage, tu acquiers tes pouvoirs et ton ethnie. » Il était un peu mélancolique en réalisant que l'ancien lui aurait été fou de joie à cette occasion... L'ironie de son sort était flagrante. Reculant de quelques centimètres, il dévisagea l'ancienne Ange, cherchant un quelconque changement ou une réaction à son nouvel état. "Alors ?" Cela faisait si longtemps qu'il était Chaman, qu'il en avait parfaitement oublié le choc que cela pouvait faire aux étrangers. Lui-même ayant du mal à digérer tout ce qu'il s'était passé en l'espace de quelques heures, s'assit dans l'herbe sans plus se poser de question. Il se sentait nauséeux. Probablement que cette terre était assez éloignée de l'Île et que la distance commençait à peser sur ses épaules. Cette nouvelle condition lui causait des troubles quotidiens qu'il avait bien du mal à gérer. Il se consolait en se persuadant que c'était toujours mille fois plus agréable que l'Emprise...

Le Chaman finit par s'allonger, car le malaise semblait se prolonger. Il repensa à ce que lui avait dit Lilith. La théorie était bonne mais il était curieux de voir ce que cela donnerait en pratique. "Je veux bien accorder du crédit à ton idée. J'espère seulement que les femmes dont tu parles ne vont pas nous arriver en morceaux après le passage de... certains." Il se mordit la lèvre en se retenant de prononcer un nom précis. Mais l'allusion était parfaitement claire et facile à comprendre. "Tu remarqueras que l'île a... changé." dit-il simplement. Comment ? Il avait encore du mal à se l'expliquer soit-même. Elle se fera sa petite théorie toute seule, en même temps que tous les autres chamans. "Et je n'ai pas très envie que tu quittes cet endroit. Je me méfie de lui." Si ça ne tenait qu'à lui, il aurait déjà déménagé toute l'île ici afin que son père soit très au courant de la bouderie de son fils. "Tu ne penses pas que ça ne te ferais que du bien d'être hors de sa portée quelques temps ?" Au moins il pourra dormir tranquille -façon de parler. "Sinon, tu veux toujours pas me dire qui est ton deuxième mari ?" Maintenant que la plaie avait simplement disparue, le sujet pouvait être abordé de façon moins houleuse que la dernière fois, enfin... Le Chaman se contentait de voir les choses d'un œil amer et sarcastique. Il n'était plus en colère au point de faire exploser publiquement les manoirs magiciens. Il était vide.
Et il avait envie de vomir. Le pacte avec Amshloumkarhya avait ses défauts...

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Mar 11 Déc 2018, 00:10

Jusqu'à ce que la mort nous sépare [Devaraj] I7vu
Jusqu'à ce que la mort nous sépare


L’impression avait été étrange. C’était comme si son monde se résumait à un arbre balloté par le vent. Elle les voyait maintenant et elle faillit perdre l’équilibre tant leur univers était différent. Certains flottaient sans considération aucune pour la gravité. Elle savait tout ça, depuis un moment. Elle voyait les Hozro des Chamans de l’Île Maudite. Pourtant, elle était très loin d’imaginer que les Esprits étaient aussi nombreux, se superposant presque, parfois. Elle plissa les yeux, comme si cela avait le pouvoir de l’aider à mieux admirer la scène. C’était troublant et elle ne faisait que se répéter ce qu’elle s’était toujours dit, précédemment. Les Esprits représentaient un pouvoir immense et elle avait du mal à croire que le peuple chamanique ne soit pas plus étendu et plus imposant, sur la scène mondiale. Toute cette connaissance à portée de main, toutes ces possibilités… « Je ne sais pas. » murmura-t-elle à la question. Mourir n’était pas si mal, finalement. Avoir accès à tous les lieux, à tous les mystères, à tous les secrets. Pouvoir observer les Souverains, les délinquants, les religieux… la Totalité du Monde. Les Esprits pouvaient-ils identifier les Ætheri ? Elle doutait que ces derniers les laissent mettre le nez dans leurs affaires, et pourtant. Il y en avait tellement qu’elle se demandait si les Divins ne finissaient pas simplement par les ignorer. S’habituerait-elle ? Oui.

Elle détourna les yeux du paysage. Elle se sentait un peu différente, moins calme, intérieurement. Un sourire étrange s’invita sur son visage. Elle n’était pas sûre qu’il ait bien fait. D’un air légèrement absent, elle fixa ses mains. Sa magie avait changé, elle le sentait. Son sourire s’agrandit. Ses ailes ne répondaient plus à l’appel. Elle en avait perdu l’usage. Elles s’étaient annihilées d’elles-mêmes dans le processus. Elle ne les retrouverait jamais. Tant mieux. Il n’y avait pas pire prison que ce carcan angélique, que l’appel incessant des vertus. Elles se tairaient pour toujours, à partir de maintenant. Ses dents vinrent saisir sa lèvre inférieure dans un mouvement lent. Elle réfléchissait. Elle sentait son environnement d’une façon nouvelle qui lui rappelait quelques bribes de son passé. « Si elles arrivent en morceaux c’est sans doute parce qu’elles n’auront pas su gagner les faveurs des Dieux. » fit-elle sans regarder le Suprême de l’Au-Delà. Lilith ferma les yeux, essayant de déceler chaque changement. Des cadenas s’ouvraient au sein de son esprit. Elle n’était plus contrainte, plus vraiment. Elle se sentait encore elle sur certains points mais d’autres morceaux de son identité lui paraissaient déjà bien lointains. Elle n’aurait jamais cru. « Oui, Ragnar m’en a parlé brièvement. » continua-t-elle en visualisant de nouveau le paysage. La suite la fit rire brièvement. « Oh Devaraj… » commença-t-elle tout en se retournant. Il était au sol. Tout était si simple, maintenant. Il n’y avait plus cette peur étrange, ce boulet qu’elle se trainait au pied et qui menaçait de l’emporter au fond des abysses si elle tentait trop le diable. « Tu es sûr que c’est parce que cela me ferait du bien ? Ce n’est pas plutôt à toi que ça en ferait ? ». Elle resta un instant immobile, son regard parcourant le corps de son époux des pieds à la tête. Il semblait nauséeux. Ce n’était peut-être pas le bon moment pour le rejoindre. Elle passa outre, s’installant à ses côtés sagement. « Mon deuxième mari, hein ? ». Elle marqua une pause, ajoutant pour le suspens un petit commentaire rêveur. « Si tu savais… ». Elle expira calmement en souriant, comme si l’évoquer lui rappelait des souvenirs heureux. Son regard rejoint celui du Maître des Esprits et elle changea soudain de ton. « Mais tu ne sais pas… Pourquoi ? ». Elle venait de s’en rendre compte. Ainsi donc ne la surveillait-il pas tant que cela. Peut-être qu’il lui avait laissé une part de liberté, au fond. Peut-être qu’il avait respecté ses vœux et qu’il avait été sincère en lui avouant qu’il n’avait pas eu pour habitude de la tromper, en dehors du rôle qu’il avait emprunté la dernière fois qu’ils s’étaient vus ; celui de Jeremiah. « Il s’agit de Rak. » avoua-t-elle enfin. « L’Empereur du Léviathan. Le mariage remonte à mon enfance. Nous étions amis à l’époque. Notre terrain de jeu favori était une grande bibliothèque au sein du village. Nous la trouvions gigantesque mais je présume que nos yeux étaient alors peu réalistes. Un jour, nous avons trouvé un ouvrage et nous avons joué avec la magie et les incantations qu’il contenait. Nous nous sommes mariés par un pacte de sang, de façon innocente. C’était légèrement étrange, voire même dérangeant, mais nous nous étions inventés des rôles et le livre convenait à la perfection à nos aventures. C’est quand il est devenu Empereur qu’il m’a contactée. Fin de l’histoire. » conclut-elle avant de se laisser tomber en arrière, fixant le ciel en essayant de passer outre les Esprits qui le parcouraient. « Rien qui puisse éveiller chez toi une quelconque jalousie. Mais, de toute façon, tu es vide, n’est-ce pas ? Tu ne m’aimes plus, tu l’as dit, non ? ». Elle se tourna sur le côté, n’ayant que faire des parties de son corps découvertes par la parure de fourrure. « Que ressens-tu, dans ce cas ? ». murmura-t-elle après avoir attrapé l'une de ses mains pour la poser sur son sein. « Tu t'en fiches ? Tu es devenu désintéressé ? Glacé ? ».

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Mar 11 Déc 2018, 03:15




Jusqu'à ce que la mort nous sépare [Devaraj] Paulin10


"Pourquoi j'aurai aussi mal réagi si j'étais au courant ? Bien sûr que je ne sais pas." C'était amusant de voir à quel point elle avait surestimé sa paranoïa. Un peu vexant aussi, car c'est vrai qu'il aurait pu pousser le vice bien plus loin encore... Malheureusement le destin ne lui en avait pas laissé le temps et la Folie le rendait aussi pacifique que maléfique. "Oh, je vais pas être jaloux d'un mourant. Ou peut-être qu'il est déjà mort, ça fait longtemps que je n'ai pas redemandé." Un large sourire s'afficha sur sa face. En réalité il s'en foutait. Le Fumeur Macabre se tenait régulièrement au courant de l'état de ses congénères, mais la politique du monde vivant n'était pour lui qu'un échange de potins croustillants qui ne lui servait pas à grand chose. D'un air las, il la laissa faire, de plus en plus contrarié par ce qu'il se passait dans son corps. "J'ai cinquante de fièvre et l'impression que quelqu'un déchire mon estomac... Si tu veux, je te vomis dessus tu auras ta réponse." ricana-t-il sans joie en réprimant un spasme.  "Autrement, je vois des seins deux-cent cinquante fois par jour, je te jure qu'on finit par chercher l'attirance ailleurs. D'ailleurs je préfère les hommes depuis qu'on s'est quitté." rajouta-t-il, espiègle. Il ne mentait pas, il était très mauvais menteur... La preuve se trouvait dans l'échec de sa dernière métamorphose. Comme elle ne semblait pas vouloir arrêter,  il claqua sa langue contre son palais et la transforma en esprit. "Lâche-moi la grappe. Tu n'as qu'à te servir d'un de mes clones." Sa nouvelle forme éthérée devait suffisamment surprendre la nouvelle chamane pour l'occuper, du moins était-ce ce qu'il espérait...

Être allongé lui donnait l'impression d'être sur un bateau en proie à des vagues agitées. Il se releva en titubant et fit quelques pas dans l'espoir que le malaise passe. "Ragnaaar ? Reviens, on a finit de se sauter." Mettre son fil mal à l'aise était beaucoup trop amusant... Devaraj ne lui en voulait pas d'être ainsi. Il y avait peu de choses qu'il n'aimait pas chez le jeune homme, à vrai dire. Dans un mauvais frisson, il articula qu'ils devaient rentrer. Il venait de cracher une petite flaque de sang et réalisait qu'il avait largement sous-estimé sa nouvelle condition. S'il l'on ne pouvait pas mourir sur la Terre d'Edel, le chaman n'avait guère envie de passer plus de temps dans cet état mortuaire. Attendre un peu plus signifiait qu'il ne serait peut-être plus en état d'utiliser ses pouvoirs. Lilith ne semblait pas vouloir rester ici... Tant pis. Elle ne pourra pas revenir se plaindre du comportement de leur père après avoir refusé de s'installer dans le seul endroit hors de la portée de Jun. En estimant qu'il n'avait plus envie de jouer, il ramena tout ce beau monde au bercail et redonna à Lilith sa forme originelle. Immédiatement, la présence de l'île effaça ses nausées. Maussade, le chaman regarda le grand cristal ambré qui trônait sur sa table de nuit. Il savait qu'il y en avait une multitude comme lui dans le volcan et que c'était leur présence qui le maintenait désormais en vie. Amshloumkarhya lui avait assuré que l'effet deviendrait moindre une fois que son corps sera habitué... Le Dieu sorti du néant avait simplement oublié de préciser au bout de combien de temps sa prédiction deviendra vraie. Le chaman effleura la surface du diamant. Un simple toucher provoquait un bien-être qui s'apparentait à une drogue tout à fait spéciale. Il aurait pu s'en faire un lit et dormir enseveli dans les pierres si seulement leur arêtes n'étaient pas aussi coupantes... Ils avaient encore beaucoup à apprendre de leur propre île, ses malédictions et ses bienfaits. Le chaman ne désespérait pas que l'on puisse trouver un moyen de les réduire en poudre. Pas pour les sniffer -quoique... il serait le premier à vouloir essayer- mais pour les utiliser en onguent ou en potion.

S'attrapant une coupe de vin -il avait récemment commencé à boire plus que recommandé, le Suprême de l'Au-Delà alla s'affaler contre la fenêtre. La vue qui s'offrait à lui était encore étrange à ses yeux. Le paysage avait changé, la place des montagnes, leurs formes. Mais le plus perturbant devait être la présence des pierres brillantes. Il y en avait vraiment beaucoup... Les esprits tournaient autour, intrigués de voir un élément du plan des Morts apparaître en ce lieu que beaucoup croyait passager. Devaraj lui, ne le pensait plus depuis longtemps. Les légendes racontaient que cette terre était un cadeau divin. La magie qui s'en dégageait était donc différente des autres contrées. En vérité, l'île était aussi complexe que les croyances de ses habitants. Perdu dans ses pensées, le chaman n'avait pas prêté attention aux remous que faisaient le retour de la Reine dans le campement. Il alla se détendre discrètement dans un bain, profitant que tout le monde soit occupé à poser des questions à Lilith ou Ragnar. Puis le chaman se revêtit d'une étoffe écarlate pour se protéger de l'air frais et rejoignit sa place initiale. La bouteille tomba vide, accompagnée d'une autre. "Non, je suis pas devenu désintéressé." grogna-t-il pour lui-même. Il avait prit l'habitude de se parler à haute voix tout seul depuis que sa femme était partie. Comme par instinct, ses doigts se portèrent à sa bouche. Il se triturait les deux canines qui brûlaient sa gencive depuis leur apparition. Il espérait que personne ne les remarque. Ce serait déjà bien difficile d'expliquer que non, il n'était pas devenu un vampire. Et ce serait presque impossible de dévoiler ce qui lui arrivait réellement. Un grognement las s'échappa de ses lèvres. Toutes les deux semaines environ, le même besoin revenait. Il tapa du pied, impatient, mécontent. Cette nouvelle force était bien dure à contrôler... Il n'avait qu'une volonté, c'était de se taper la tête contre le mur pour ne plus y penser. Cette envie prenait bien trop de place dans ce vide qu'il se plaisait à préserver. Enfin, comme cela n'avait pas encore l'ampleur de l'Emprise, le chaman prenait plus ou moins son mal en patience. Il était passé de la peste à un très mauvais rhume, il n'avait pas le droit de se plaindre... Une lueur orangée semblable à celle du cristal brillait dans ses veines, ses pupilles, sa langue. "Je ne m'intéresse plus aux corps, c'est tout." pensa-t-il, dévoilant un gigantesque sourire carnassier.

Plus aucun esprit ne trainait dans sa demeure, pour la simple raison qu'il les avait tous dévoré.



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Mar 11 Déc 2018, 10:09

Jusqu'à ce que la mort nous sépare [Devaraj] I7vu
Jusqu'à ce que la mort nous sépare


Un large sourire finit par trôner sur le visage de la nouvelle Chamane. Elle n’arrivait pas à lire clairement en lui mais il y avait des possibles intéressants dans son discours, et ses réactions. Néanmoins, là où il se fourvoyait c’était dans sa capacité d’adaptation à une forme éthérée. Il la connaissait si mal. Finalement, ce n’était guère bien différent de la magie qui parcourait ses veines lorsqu’elle était Génie. L’environnement aux alentours lui échappait simplement de façon différente. Alors qu’auparavant, elle ressentait le désir de détruire les rêveurs d’une manière ou d’une autre sous couvert d’une gentillesse toute relative, son caractère ne semblait pas varier entre la forme vivante et la forme morte. Le souci c’est qu’elle prenait conscience que le passage d’Ange à Chamane avait été significatif à ce niveau-là. Ses yeux se posèrent de nouveau sur le Suprême de l’Au-Delà. « Je voulais simplement être sûre que tu ne verrais aucun inconvénient à ce que je prenne du bon temps sans toi, ou tes clones. ». De toute façon, la discussion était légèrement vaine puisqu’elle allait faire ce qu’elle voulait. Elle l’aimait, peut-être. Après tout, il n’était plus le même et elle n’était plus cette femme détestable entourée de chaînes internes. Quitte à être attachée, autant que cela soit par quelqu’un d’autre. Sauf que seuls les Dieux auraient ce privilège à l’avenir.

Le retour de son corps fut plus douloureux qu’elle ne l’aurait pensé. Elle appréciait de se sentir Esprit, même si cela avait été l’occasion pour elle de constater qu’elle était bel et bien enceinte. Elle s’était dit qu’en temps normal, elle aurait probablement perdu l’enfant mais il semblait soudé à sa forme éthérée, intouchable. Curieusement, elle pourtant généralement patiente, se lassa vite des multiples questions à son attention. Ses yeux percutèrent ceux de Ragnar avec une certaine malice. « C’est toi le fils préféré, je te laisse te charger d’eux. Je dois prier. ». Il n’y avait pas besoin de chercher loin pour trouver un prétexte valable dans toutes les situations. Elle ne serait vraisemblablement pas élue meilleure reine de tous les temps. Cela dit, sans doute ce mariage était-il maudit. Ils ne l’avaient jamais mené à son terme et, vu le comportement du Suprême de l’Au-Delà, elle doutait que cela arrive un jour. Du fait de son état, sans doute parviendrait-elle à le tuer sans trop de mal, d'ailleurs. Elle s’arrêta à cette pensée, la recalant dans un coin de sa tête. Qu’avait-elle soudain ? Était-ce de le voir si détaché qui titillait son orgueil ? Lilith laissa ça de côté, se concentrant sur la nouvelle morphologie de l’île. Avant son départ, elle l’avait arpentée plusieurs fois tout en se gardant bien de mettre les pieds dans les endroits les plus dangereux, bien sûr. À présent, elle avait du mal à la reconnaître. Finalement, l’île et Devaraj lui étaient étrangers. Tant pis, elle apprendrait à les utiliser correctement tous les deux. Il suffisait juste de trouver le chemin adéquat.

Une fois qu’elle fut seule, elle s’appuya contre un arbre et soupira à la vue des Esprits. Elle pouvait dire adieu à son intimité. Cela dit, cette dernière n’avait été que fiction, tout ce temps. Personne n’était jamais vraiment seul. « Père ? » appela-t-elle alors sans obtenir la moindre réponse. Elle continua néanmoins. « J’ignore si là est la finalité que vous souhaitiez mais si tel n’est pas le cas, j’aimerais être certaine que vous ne vous mépreniez pas sur mes intentions. J’espère que vous saurez profiter de ma fidélité, à l’avenir. Guidez-moi simplement. ». La présence des « espions » du Roi l’empêchait de parler de celui-ci mais elle formula des intentions très claires à son égard, mentalement. Comme rien ne venait, ni salut ni sentence, elle finit par tourner les talons, ne sachant pas si le silence de Jun signifiait qu’il ne l’écoutait pas, qu’il était d’accord ou qu’il préparait une vengeance digne de ce nom. Ils avaient de la chance car, à cet instant, le Dieu de la Mort n’était pas dans de bonnes dispositions vis-à-vis de ladite Vengeance.

« Ragnar. » appela Lilith, tout en lui faisant un signe de la main. L’homme se déplaça jusqu’à elle. Elle ôta la fourrure pour la lui rendre. « Ne détourne pas les yeux, c’est gênant pour nous deux. ». Il se sentait encore plus gêné, du coup. Elle, ne l’était pas. « J’ai besoin de toi et nous devons parler. Allons chercher de quoi peindre et un endroit calme. J’aimerais que tu me prêtes des vêtements, aussi. Je ne voudrais pas déranger ton père dans ses excentricités en allant récupérer les quelques affaires que j’ai laissé en partant ; s’il ne les a pas brûlées entre temps. ». Devaraj avait beau s’étonner de la vision qu’elle avait de lui, il se fourvoyait visiblement quant à ses propres comportements. Il ne s’était sans doute jamais vu agir.

Une fois qu’ils eurent trouvé ce qu’ils cherchaient, les deux Chamans se calèrent dans un coin. Lilith sourit avant de s’allonger par terre, écartant les mèches rebelles de son corps. « J’aimerais que tu arrêtes de me considérer comme ta mère à partir de maintenant mais plutôt comme ton égale. Ce sera dur, bien sûr. Après, si cela peut te rassurer, sache néanmoins que je suis un membre à part entière de ta famille puisque je suis ta tante. ». Elle le troublait. « Comment ça ? » demanda-t-il tout en refusant de la regarder. Il se sentait idiot d’avoir développé de telles manières envers elle. Lui aussi voyait des seins tous les jours. « Ton père et moi sommes frère et sœur. ». « Ah. ». Ce n’était pas un « Ah. » de dégoût mais plutôt d’étonnement. Il vivait, après tout, sur une île où la plupart des Chamans étaient des Taiji et où certaines femmes étaient passées dans le lit de plusieurs membres d’une même famille ou de leur propre famille. « J’aimerais que tu suives mes instructions précises quant à la peinture que je désire. ». Elle se rappelait le matin qui avait suivi son union à Devaraj. Pour se venger de ne pas avoir pu consommer le mariage, il avait passé un temps considérable à peindre son corps. Elle voulait la même chose. « En espérant que ta pudeur disparaisse avec cet exercice. Et si… ». Elle hésita mais continua. « Si jamais tu en viens à me désirer, ne culpabilise pas. Les corps sont parfois faibles et capricieux mais nous savons tous les deux ce qu’il en est entre nous, n’est-ce pas ? ». « Bien sûr. » répondit-il simplement. Finalement, le fait qu’elle en parle le libérait d’un poids. Elle avait raison, certaines choses se produisaient physiquement, alors même que l’intention n’y était pas. C’était normal qu’elle le trouble. Quant à la considérer autrement que sa mère, il n’était pas sûr d’y arriver mais ferait de son mieux. Il comprenait qu’elle avait changé. Il expira, bien plus à l’aise, étonnement. « Dis-moi. ».

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Jusqu'à ce que la mort nous sépare [Devaraj]

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