Étendues vertes à perte de vue, les Terres d’Émeraude sont un véritable bijou pour les yeux. Le vent souffle tranquillement sur ses plaines, l’herbe bougeant dans le même sens que le vent, créant un effet de vague. J’observais le phénomène du haut de cette colline, le sourire aux lèvres. J’adore tout simplement la saison des vents. Je ferme les yeux, appréciant cette brise. Ce coin du contenant est bien un des seuls où l’on peut parfaitement se relaxer et profiter de la vie. Il est fort connu que toute action criminelle est vivement réprimandée en ces lieux.

« Ça y est, il recommence … » disait une voix moqueuse.

«Es-tu vraiment surpris ? Il est comme cela à chaque fois qu’on passe par les Terres d’Émeraude. » répondait une autre voix.

« T’ai-je demandé ton avis? » répondit l’homme d’un ton irrité. « Oi ! Un peu de respect pour ton ainée ! » répondit la femme. « Cinq minutes ! Tu es né CINQ MINUTES avant moi ! » répondit l’homme irrité, haussant la voix.

« Ça suffit vous deux ! » répondit une voix plus grave. Je souris à la voix plus grave, le chef de notre groupuscule : Léo. « Nous sommes rarement tous ensemble. Vous êtes adulte, je ne devrais pas avoir à gérer vos moindres faits et gestes. » rajoutait Léo. « Sofia et Emil qui ne se prennent pas la tête, c’est ennuyant Léo. » disais-je, un sourire moqueur aux lèvres.

En me retournant, je pouvais voir les deux me foudroyer du regard pour cette dernière remarque. Emil s’était retourné pour aller voir les cheveux et s’occuper d’eux, mais Sofia avait une idée différente. Son regard brillait et tout juste avant qu’elle fasse ce qu’elle avait en tête, j’avais décidé de la seule solution possible : courir dans la direction opposée à elle. Je pouvais entendre Léo lâcher un rire, mais j’étais concentré sur fuir.  On s’éloignait de plus en plus des autres et puisque j’étais seulement influencer par le Ma’Ahid de Sofia,  j’avais l’occasion de plus facilement utiliser mon Kan’Ghar pour accélérer ma vitesse.

« Hey ! C’est de la triche ! » disait celle qui me poursuivait, n’étant plus capable de me rattraper. Je répondais d’un éclatement de rire, continuant à m’éloigner. Rapidement, j’étais de retour au camp, essoufflé par la soudaine course. Sofia arrivait une minute plus tard, aussi essoufflée que moi.

« Léo, pourquoi on est arrêté ici déjà ? On reste rarement plus d’une nuit au même endroit et on doit toujours aller porter cette cargaison pour Jueru. » demandais-je à Léo une fois remis de ma course impromptue avec Sofia?

« On est d’avance pour un échange avec un autre groupe de Babelsba, pour nous éviter de faire un détour par le désert. Comme cela, on pourrait partir directement pour le lac Bleu après la livraison à Jieru. » nous expliquait le chef.  «C’est pour cela le surplus de marchandises de notre dernier arrêt ? » demandait Emil, se faisant répondre d’un hochement de tête par Léo.

Depuis que j’avais entrepris mon éducation de magicien, j’avais peu de temps pour participer au transport de marchandises avec ma famille adoptive. Dès que j’avais quelques semaines de disponibles, car je possédais une certaine liberté dans le choix de mes séminaires, j’essayais de rejoindre une caravane qui partait des palais de Coelya ou qui en était la destination finale. Cela était toujours rafraichissant de voyager, de parcourir les terres et de rencontrer différentes races.

« C’est bien le groupe où elle sera là ? » demandait Emil à sa sœur. « Ah oui, c’est vrai. » ajoutait Sofia. « De quoi vous parlez-vous deux ? » demandais-je, interrogateur. « À y penser, Erik ne l’a jamais rencontrée. » rajoutait la jeune femme. Je les observais tous les deux, n’aimant pas qu’on parle de moi sans être inclus dans la conversation. Les jumeaux avaient un grand sourire aux lèvres, se moquant de moi sans gêne. Je jetais un regard à Léo, lui demandant un coup de main. La seule réponse de sa part avait été un regard moqueur. Il appréciait la situation. Je levais les yeux au ciel d’exaspération et je les laissais rire.

Je me retournais pour observer les plaines vertes. Au loin, je pouvais voir du mouvement. Un groupe. Cela ressemblait à des marchands. Était-ce le groupe que l’on attendait ? En quel genre de personnes serait-il composé ? Notre groupe étaient tous des Voyageurs à l'origine, mais qu'en était-il de ceux qui étaient en route pour nous rencontrer ?

Avec les humains du royaume de Balbelsba, toutes les races étaient acceptées. Dans les échanges commerciaux, il n’y avait pas de notion de bien ou de mal. Tous en étaient conscients et les règles étaient claires. Si tu respectais ta part du marché, nous respections la nôtre. Il n’y avait pas d’anguille sous roche. Le royaume avait basé sa réputation là-dessus.