| | [VI ; XXIX] Chaque homme cache en lui un enfant qui veut jouer | Sól | |
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Priam et Laëth ~ Ange ~ Niveau III ~
 ◈ Parchemins usagés : 3432 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018 ◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I] | Dim 10 Juin 2018, 11:10 | |
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Catégorie de quête : VI. Recherche. Partenaire : Sól Tynath'thuk. Intrigue/Objectif : Laëth garde la petite Sól, lorsque celle-ci part se cacher. Elle doit donc la retrouver.  Gravuun, ses pluies et ses températures rafraîchies, avaient enveloppé les Terres de Lummaar'Yuvon. Les orages et le soleil éclatant de Koor s'étaient dissipés pour laisser place à un ciel généralement maussade. L'humidité imprégnait l'air. Dehors, les dernières plantes mouraient peu à peu. Chaque Réprouvé s'affairait à la conservation des récoltes. Tous les jours, Laëth aidait ses parents. Elle n'était pas très efficace. Les sacs de blé et d'orge étaient trop lourds pour elle ; elle s'attelait généralement à la confection de pain. Cependant, la rapidité et la dextérité lui faisaient défaut. Son incapacité, dans ses mauvais jours, avait le don de la rendre exécrable. Comme une enfant, elle jetait par terre les ustensiles, croisait les bras et s'enfonçait dans sa chaise. « J'en ai marre de servir à rien. » ronchonnait-elle. J'veux partir. L'air boudeur, elle toisait Priam d'un oeil noir dès lors qu'il cherchait à avoir une parole réconfortante ou trop sage pour qu'elle eût envie de l'entendre – il pouvait se garder ses sermons attentionnés, elle préférait bougonner, parce que, au moins, ça défoulait. Plus le temps passait, plus elle désirait s'en aller. Elle n'avait plus du tout envie de revoir Nikolaz, ce traître. Parfois, elle se disait même qu'il pouvait bien mourir sur la route qui devait le conduire aux Jardins et qu'elle s'en moquait. A peine était-elle esquissée qu'elle regrettait déjà cette pensée ; elle avait toujours de grands mots, de grands élans, qui échappaient à ses véritables sentiments. C'était comme ça. Les doigts de l'affection venaient pincer son cœur, ce qui lui rappelait, un peu trop vivement à son goût, l'importance qu'elle accordait à cette amitié. Pour éviter les déconvenues de ce type, elle évitait d'y penser. « Laëth ? » Priam venait de passer la tête par la porte. Il s'était arrêté brutalement, accroché au chambranle. De toute évidence, il la cherchait. « Quoi ? » répliqua-t-elle avec agressivité, comme si son frère venait de lui lancer une pique. Il haussa les sourcils, mais ne releva pas – il n'avait aucune envie de se disputer avec elle. Elle était assise à la table de la cuisine, et découpait avec frustration des carottes. « J'ai croisé les Tynath'thuk. Ils demandent si tu peux garder leur fille cet après-midi. Ils aimeraient avancer plus vite dans la sauvegarde de la récolte. » La jeune Ange tenta de contenir un sourire – elle était apparemment peu encline à montrer la bonne humeur qui se faisait enfin jour –, si bien que les coins de sa bouche frémirent. Néanmoins, elle s'empressa de répondre : « Aucun problème. » Il disparut, et elle se hâta de finir de s'occuper du tas de carottes. Sól était une gamine adorable. Un petit rayon de soleil dans un quotidien que la brune se persuadait de ne pas aimer. Elle gardait l'enfant assez régulièrement, puisqu'elle était clairement plus efficace à cela qu'au travail dans les champs. Les deux Anges s'entendaient à merveille. La petite blonde lui rappelait un peu la gamine qu'elle avait pu être, insouciante et naïve – plus qu'aujourd'hui, en tout cas –, rieuse et joueuse. Parfois, elle déboulait à toute vitesse dans un champ où Laëth travaillait, et se jetait sur elle en riant aux éclats. Elle songea que, une fois partie, ces moments-là lui manqueraient... Elle enfila une peau de bête, et sortit de la maison. Le ciel restait nuageux, mais la pluie avait cessé. Elle rejoignit le foyer des Tynath'thuk et toqua. Elle fut reçue avec le sourire. L'après-midi s'écoula dans la joie et la bonne humeur. Les Anges jouèrent, discutèrent ; Laëth laissa Sól la tirer par la main pour lui montrer tout ce qu'il y avait de superbe à voir autour de sa maison. En milieu d'après-midi, comme la petite commençait à avoir faim, elles rentrèrent. « Une tartine de miel, ça te va ? Ta maman m'a dit qu'il y avait un pot dans le placard. » Elle jeta un regard à l'enfant, puis sourit. « Deux ? Hum, bon... mais ça restera un secret, d'accord ? » fit-elle, sur le ton de la confidence, en mettant un doigt sur sa bouche. Une lueur malicieuse dansait dans ses yeux verts. Elle se redressa. « Allez, va te laver les mains, en attendant. » Comme Sól filait vers le bac d'eau le plus proche, l'aînée ouvrit le dit placard, en sortit le miel, le posa sur la table, chercha un couteau, puis défit le linge qui entourait le pain. Elle coupa deux tranches, et commença à appliquer méthodiquement le produit des abeilles à la surface de celles-ci. Lorsqu'elle eut fini, elle se retourna et appela : « Sól ? C'est prêt ! » Pas de réponse. Elle fronça les sourcils. « Sól ? » Silence. Faisant racler la chaise sur le sol, elle se leva et sortit de la cuisine. Pas de tête blonde en vue. Elle sourit. Elle n'avait donc pas si faim que ça. En essayant de ne pas faire trop de bruit, elle commença à se déplacer dans la maison, à la recherche de la fillette.
- « Chaque homme cache en lui un enfant qui veut jouer. » - Friedrich Nietzsche
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|  | | Sól ~ Réprouvé ~ Niveau II ~
 ◈ Parchemins usagés : 1969 ◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016 | Jeu 14 Juin 2018, 11:00 | |
| Catégorie de quête : XXIX - Fuite Partenaire : Laëth Intrigue/Objectif : Alors que Sol est sous la surveillace de Laeth, l'ange improvise un petit jeu pour pimenter sa journée: Une partie de cache-cache. Alors que sa surveillante ne fait pas attention à elle, l'enfant en profite pour aller se cacher, disparaissant de sa vue.
Sól ne tenait plus en place. Depuis que sa mère avait confirmé que Laëth viendrait la surveiller tout l’après-midi, elle courait dans toute la chaumière, chantant à tue-tête. Son énergie semblait encore plus débordante que d’habitude, fatiguant son entourage. « Si elle a autant d’énergie que ça, pourquoi elle ne vient pas aider, elle ? » lança Máni en la pointant du doigt. La blonde s’arrêta alors pour l’observer, un air narquois sur le visage. « C’est parce que toi, y’a personne qui veut te surveiller, alors que moi, Laëth elle m’aime bien ! » Elle tira la langue au démon avant de continuer à tourner autour de la table, donnant le tournis à son frère ainé qui soupira. « Ou peut-être est-ce parce que tu es plus doué qu’elle pour ce travail. » Pointant vers elle le couteau qu’il tenait pour couper des morceaux de viande séchée, il ajouta : « Tu devrais faire plus d’efforts, petite sœur. Chacun doit mettre la main à la patte s’il veut mériter sa pension. » Il mit dans sa bouche le bout qu’il venait de couper. « Et puis, si tu as tant d’énergie, tu n’as qu’à t’entrainer au combat. » Cette remarque eut le mérite de stopper la fillette dans son élan. Honteuse, elle baissa la tête, essayant de cacher la moue boudeuse qu’elle ne pouvait retenir. Satisfait de voir que le réprouvé avait pris sa défense, Máni s’esclaffa et se moqua de sa jumelle, qui l’ignora simplement. Relevant la tête, les joues rosies, elle réplica d’une voix timide : « Mais je ne veux pas me battre avec Laëth, moi… Elle est gentille. Et puis, on préfère partir à la chasse aux papillons ! » L’homme soupira tout en secouant la tête, comme si cette activité lui semblait inadmissible. Cette intervention coupa l’enthousiasme de l’ange, qui retourna dans sa chambre en trainant des pieds, jouant tranquillement près de son lit en attendant sa camarade.
En début d’après-midi, alors que le reste de sa famille partait travailler, Sól accueillit Laëth avec joie, lui sautant dessus pour lui dire bonjour. Après avoir serrée ses jambes dans un câlin de salutation, la fillette avait emmené sa nounou à l’extérieur, à côté de la ferme. Là, elle lui avait montré la fourmilière qu’elle avait trouvé la veille en se promenant. Elle avait été absorbée par le travail des ouvrières, qui allaient et venaient. « Les fourmis, c’est comme les réprouvés ! Ça travail dur, sans se demander ce qu’elle doit faire ! Et puis c’est super fort ! Papa m’a dit que les fourmis, ça pouvait porter plusieurs fois son corps ! » Pour illustrer ses propos, l’enfant avait brandit ses bras, montrant ses petits muscles à l’autre ange. Une fois qu’elle se lassa des fourmis, Sól entraina Laëth près du pommier dans lequel elle aimait grimper. Elle escalada les branches, pour aller s’installer au sommet de l’arbre, tout en discutant avec son amie. Répétant ce que son frère lui avait raconté, Sól discutait des pirates. Son frère en avait peint un sinistre tableau, mais Sól n’avait retenu que les conquêtes sur la mer, les batailles navales et la richesse qui accompagnait généralement ce titre. La discussion dériva au gré des heures. Les deux filles jouèrent à différents jeux de mains, jusqu’à ce que la plus jeune ne se plaigne d’avoir faim, demandant un gouter à sa surveillante.
Une fois à l’intérieur, Laëth proposa une tartine de miel. Gourmande, Sól lui montra sa main, levant deux doigts, un grand sourire malicieux aux lèvres. Le message passa et la brune concéda à lui préparer deux tartines, en lui faisant promettre que ce serait un secret. Riant, l’enfant hocha la tête. « Promis, je dirai rien à personne ! » Suivant les directives de la plus âgée, la blonde alla se rincer les mains dans une bassine puis se dirigea dans le salon où elle s’assit, attendant sa camarade. Alors qu’elle chantonnait, pensive, une idée commença à germer dans son esprit. Elle voulait jouer à cache-cache. Bien sûr, ce devait être une surprise. Alors, vérifiant que l’ange ne la regardait pas, elle se faufila derrière le fauteuil où s’installait son père. Accroupie, elle glissa un coup d’œil pour s’assurer que sa nourrice ne la surveillait toujours pas. Après un instant de réflexion, elle décida que cette cachette n’était pas la meilleure. Elle se dépêcha donc vers le placard sous l’escalier. Elle tira la porte à elle, ne laissa qu’un infime espace pour pouvoir observer sa poursuivante. Au loin, elle entendit son prénom. Elle plaqua sa main contre sa bouche pour ne pas rire. La partie avait commencé.
L’ange observa sa camarade la chercher. Alors qu’elle s’approchait trop de sa cachette, Sól se concentra de toutes ses forces, créant une illusion d’elle-même près du canapé. Le mirage fit volontairement du bruit, pour attirer l’attention de la chercheuse. Le temps pour la véritable Sól de s’enfuir ailleurs.
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|  | | Priam et Laëth ~ Ange ~ Niveau III ~
 ◈ Parchemins usagés : 3432 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018 ◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I] | Ven 15 Juin 2018, 22:49 | |
|  Elle avançait d'un pas léger - du moins, elle essayait de le rendre le plus léger possible. Elle n'était pas lourde ; aussi, hormis son éventuelle maladresse, ou la présence d'une planche un peu grinçante, elle parvenait plutôt bien à se montrer discrète. Courbée, elle jetait des regards perçants de tous côtés, un mince sourire aux lèvres. Sól était sa meilleure compagne de jeu. Priam avait cessé de participer à ces amusements bien des années auparavant. Il avait grandi, lui. Il était adulte, lui. Il ne jouait plus comme un enfant, lui. Oh, il la laissait faire, avec sa complaisance habituelle ! Ce n'était que lorsqu'elle l'agaçait avec ses enfantillages qu'il osait hausser le ton et dégainer ce type d'arguments blessants. Il ne pensait pas à mal, évidemment, et même si elle avait vraiment du mal à s'en rendre compte et à le comprendre. Son frère, plutôt, désirait la protéger. Laëth avait trop d'illusions, trop de rêves, trop de l'enfant, en elle. Pour beaucoup de choses, elle était femme, et peut-être même un peu trop mature, mais il subsistait cet éther, qui aurait dû appartenir au passé. Plus elle prétendait vouloir partir, plus il s'inquiétait de cette fragilité tremblotante. Si la vie à Lumnaar'Yuvon ne parvenait pas à essouffler cette flamme enfantine, quelque chose de plus terrible la soufflerait tout à fait, brutalement, sans préavis et sans retenue. Il en était certain : il tâchait de s'en persuader. Laëth, elle, ne lui en voulait pas d'avoir abandonné leurs jeux. Il avait toujours été trop sérieux pour s'y prêter totalement, trouvait-elle. Il n'avait jamais eu la fibre rieuse de Sól, dont les yeux pétillaient à l'approche de la moindre plaisanterie à exécuter, dont le rire ricochait contre les murs et s'élevait en écho dans le ciel, pour égayer toutes les journées, même les plus belles. L'Ange lui ressemblait. Même joie de vivre, même cœur virevoltant. Quand elle songeait qu'elle pourrait, plus tard - ou déjà maintenant, à cause de son frère, dont elle lui parlait quelques fois ? -, ressentir la même impression de ne pas appartenir à ce monde-ci, son palpitant était picoré de petits pincements, et elle se surprenait à espérer qu'elle saurait trouver sa place ici, ou prendre la décision de partir. Rapidement. Pas comme elle. Elle avait l'impression de traîner. Cela l'irritait. Devrait-elle prévenir Sól ? A cette pensée, elle se redressa, et dans son regard passa un voile d'incrédulité. Comment la gamine pourrait-elle comprendre ? Elle était si jeune... tout cela devait lui échapper. Elle se surprit à imaginer follement qu'elle pourrait demander à la suivre. Idiot ; elle préférerait rester avec ses parents, comme toutes les petites filles. Elle lui manquerait... Elle essaierait de lui envoyer quelque chose. Cependant, c'était sans doute mieux si elle ne lui annonçait pas lui-même son départ, mais laissait faire les Tynath'thuk. Ils sauraient trouver les mots, n'est-ce pas ? Elle... elle n'en aurait pas la force. Elle essayait de se figurer la scène : elle avait l'impression de s'enfoncer un poignard dans la poitrine. Elle secoua la tête. Le jeu. Trouver la fillette. L'Ange tira les rideaux. Personne. Elle regarda sous la table, sous les chaises, rien. Elle avança et s'approcha de l'escalier. Ne serait-elle pas montée ? Peut-être se cachait-elle sous un lit. Elle allait se placer devant pour gravir les marches lorsqu'un bruit, dans le salon, attira son attention. Aussitôt, elle fit demi-tour et se précipita dans la pièce. « Aha ! » s'exclama-t-elle en apercevant l'extrémité d'une chevelure blonde, près du canapé. Trop facile... songea-t-elle. Elle s'avança, d'un pas pressé, et s'exclama : « Bouh ! » en penchant la tête sur le côté, se rendant visible à la frimousse qui se terrait derrière. Mais il n'y avait personne. Trop facile. Affichant une moue boudeuse, elle croisa les bras. Elle avait oublié que la petite pouvait créer des illusions. Elle s'était fait avoir comme une débutante. Avait-elle le droit de s'insurger en prétendant qu'elle n'avait pas respecté les règles du jeu ? Elle secoua la tête. Durant leurs parties, tous les coups étaient permis. Et quel serait le plaisir à gâcher la joie d'une enfant ? Elle était une adulte, elle. Résignée, mais à nouveau motivée, la brune sortit du salon, et observa les escaliers. Elle devait être en bas lorsqu'elle avait utilisé sa magie, cependant, elle en avait peut-être profité pour s'échapper à l'étage. Laëth grimpa les marches, la plupart couinant sous son poids. Elle manqua de tomber en trébuchant : elle se rattrapa de justesse. Parvenue à l'étage, elle se demanda par où commencer. Finalement, elle fit un pas en avant. « J'arriiiiiive... » chantonna-t-elle. Ses iris verts, arborant l'expression de la malice, explorèrent les recoins. Puis, elle se décida à se diriger vers la chambre de Sól. Près du lit, elle s'agenouilla, une main sur le matelas, l'autre sur le plancher, et inclina la tête pour vérifier qu'elle ne s'y trouvait pas. Finalement, elle se redressa. Une armoire se dressait contre le mur opposé. Elle s'en approcha, posa ses mains sur chacune des deux poignées, et l'ouvrit d'un mouvement brusque, un grand sourire aux lèvres. 907 mots
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|  | | Sól ~ Réprouvé ~ Niveau II ~
 ◈ Parchemins usagés : 1969 ◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016 | Mar 03 Juil 2018, 22:23 | |
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Sol n’était pas très douée pour cuisiner. Elle aimait aider sa maman à préparer de bons petits plats pour le reste de sa famille, mais manquait de peu de se couper à chaque fois un doigt ou de se bruler en mettant le plat à cuire. Une fois, elle avait essayé de préparer une tarte à la pomme. Elle y avait laissé de nombreuses coquilles et n’avait pas épluché les pommes correctement, sans oublier que la cuisson avait été ratée. Si sa mère, qui était dans une phase angélique, avait prétendue aimer son dessert, son père s’était emporté dans un élan démoniaque, utilisant des mots cruels contre elle. Ses frères s’étaient également moqués de son échec. Depuis, elle avait abandonné l’idée de devenir bonne cuisinière, et se contentai de suivre les instructions de sa mère. L’ange n’était pas plus douée aux champs, où elle se laissait facilement distraire et où elle était incapable de porter de lourdes charges. Elle se démarquait encore moins au combat, où elle était plutôt la cible de moqueries et de critiques, de par son manque de conviction. Si l’attitude réprouvée s’était imprégnée sur beaucoup de pans de son éducation, celle de la guerre peinait à se frayer un chemin. En revanche, s’il y avait bien un domaine où la blondinette s’imposait, c’était celui des jeux. Les jeux de mains, la corde à sauter, les devinettes… L’enfant semblait décupler son énergie pour trouver de nouveau passe-temps, et se déchainait pour gagner. Son jeu favori restait par-dessus tout cache-cache, et sans vouloir se venter, l’ange aimait à penser qu’elle se débrouillait remarquablement à ce jeu-là. Elle s’y dévouait corps-et-âme, et une fois, voulant échapper à la fouille de son poursuivant, elle s’était enfoncée dans un interstice tellement étroit qu’elle avait été incapable d’en ressortir seule. Son père avait dû l’y sortir et elle avait eut droit à un sermon qui avait duré des heures. Elle avait retenu la leçon : les cachettes étroites, c’est que si on peut en ressortit !
Sol avait donc été ravie de voir sa surveillante se prêter à son jeu préféré. Elle avait néanmoins été bien moins contente en la voyant s’approcher de sa cachette. Il était hors de question qu’elle perde à son propre jeu. Créant une diversion pour attirer Laëth dans la direction opposée, Sol se glissa hors du placard, frôlant le mur, contournant les obstacles en se baissant, jusqu’à atteindre les escaliers. La brune lança un cri triomphant, comme pour signifier qu’elle avait gagné, suivit d’un cri pour lui faire peur. Sol dû se mordre la lèvre pour ne pas rigoler. S’aidant de ses mains, l’enfant monta les marches deux à deux, jusqu’à l’étage où elle s’immobilisa. En bas, elle entendait les bruits que produisait sa camarade en la cherchant. Parfait, elle avait un peu de temps pour trouver une autre cachette ! Elle devait néanmoins faire attention. Maman lui répétait souvent qu’elle pesait aussi peu qu’une plume, mais qu’elle faisait autant de bruit qu’un éléphant lorsqu’elle marchait. Comme pour se faire plus discrète, l’enfant se mit sur la pointe des pieds, et commença à se déplacer le long du couloir. Elle dépassa la chambre de Nin, dont la porte entrebâillée laissait voir l’emblème réprouvé au-dessus du lit. Si elle y avait glissé la tête, Sol aurait vu son impressionnante collection d’armes. Mais elle la dépassa sans faire attention. Elle ignora également la chambre d’amis, et celle de ses parents, dont la porte était close. Elle arriva dans la chambre du fond, qu’elle partageait avec le démon. Deux lits et deux armoires étaient disposés en symétrie, se faisant face comme le reflet d’un miroir. Les deux moitiés étaient aussi en désordre l’une que l’autre : le rangement n’était pas le fort des jumeaux. Elle entra dans son propre sanctuaire, au décor familier et rassurant. Quelques secondes à peine s’écoulèrent avant qu’elle n’entende, au bout du couloir, la voix amusée de sa traqueuse. Vite ! Elle devait se dépêcher !
A court de temps, Sol se cacha derrière la porte ouverte de la pièce. Elle resta immobile, osant à peine respirer, jusqu’à ce qu’elle ne voit passer la silhouette de Laëth à travers les petites interstices du panneau de bois. Là, elle ferma fort les yeux, priant les Héros de ne pas se faire pincer… Avec soulagement, la blonde ouvrit un œil et vit l’autre Zaam se baisser sous le lit pour vérifier que la fuyarde n’y était pas. Puis elle se dirigea vers l’armoire au fond de la chambre. Sol profita du dos tourné de sa chercheuse pour contourner la porte, et retourner dans le couloir. Là, et sans se soucier du bruit qu’elle produisait, l’enfant laissa échapper un rire et courut à toute jambe jusqu’aux escaliers qu’elle dévala en quelques enjambées, avant de se ruer sur la porte de la cuisine. Sans se retourner, elle sortit à l’extérieur de la maison.
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|  | | Priam et Laëth ~ Ange ~ Niveau III ~
 ◈ Parchemins usagés : 3432 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018 ◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I] | Sam 06 Oct 2018, 09:59 | |
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 Le sourire de Laëth ne s'éternisa pas. A peine avait-elle ouvert les portes de l'armoire, sûre de son coup, qu'un bruit de pas précipités et un éclat de rire lui parvinrent depuis le couloir. Sans s'accorder aucune réflexion, elle fit volte-face et se lança à la poursuite de l'enfant amusée. Ses jambes menèrent une danse infernale dans les escaliers, dont ses pieds battaient la mesure sur chaque marche écrasée. « Je vais t'avoir Sól ! » Elle poursuivit sa course jusqu'à l'extérieur, où la gamine courait à toute vitesse. « Tu ne m'échapperas paaaaaaaaaas ! » rugit-elle d'une voix qui se voulait menaçante. L'herbe tendre chatouillait ses mollets et la brise jouait dans ses cheveux. Il faisait frais, mais pas froid. En quelques enjambées, elle rattrapa finalement la blonde - à ce jeu-là, elles n'étaient pas égales, la brune étant bien plus grande qu'elle. Elle la saisit par la taille et la souleva pour la ramener contre elle ; puis elle se mit à tourner sur elle-même, la fillette dans les bras, en répétant : « Je vais te dévorer, petite intrépide ! » Secouée d'éclats de rire, et ses membres faiblissant, elle dû s'arrêta ; elle reposa Sól à terre délicatement avant de se laisser tomber en arrière, essoufflée, un sourire agrippé aux lèvres. Allongée, elle ramena ses bras derrière sa tête, afin de se redresser et mieux voir la fillette. Elle agita doucement ses ailes, dont la position précédente la gênait dans sa posture. D'un air taquin, elle lança : « T'étais donc pas si affamée que ça ! » Un sourire ne quittait pas ses lèvres, et dans ses yeux étincelait sa joie. Ces moments-là, ces petits instants de bonheur, d'apparence si insignifiants, lui manqueraient. Il y en aurait d'autres, différents mais pas moins bien. Partir, c'était dire adieu à ces instants heureux ; les changer en souvenir et s'en rappeler avec un sourire. Laëth en était consciente. Partir, c'était dire adieu à Lumnaar'Yuvon et tout ce que ses champs d'or renfermait. Elle le savait. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'espérer, ne pouvait s'empêcher de se dire, de se promettre, que ce n'était un adieu. Juste un au revoir. Qu'elle reviendrait. Qu'elle goûterait à nouveau aux saveurs poussiéreuses de sa terre natale. Peut-être était-ce aussi pour cette raison que l'idée d'un départ ne la terrorisait pas ? Elle voulait partir, pour de très nombreuses raisons, à cause de ce malêtre qu'elle ressentait, et elle n'avait pas peur de partir, parce qu'elle se baignait d'illusions sur la nature de ce départ. Elle s'était convaincue, aussi, qu'elle ne trouverait pas sa place ici - elle l'avait déjà -, et que ce serait seulement chez les Anges qu'elle s'épanouirait. Alors, quand viendrait le temps de constater qu'elle s'était trompée, et que ses liens ici devaient tous être brisés, elle se conforterait dans l'idée qu'elle n'avait pas d'autre choix. Qu'elle ne pouvait faire que cela. Et il n'y aurait personne pour la contredire - plus les jours passaient, plus elle comprenait, sans oser l'admettre tout à fait, que Priam ne viendrait pas. « C'est pas grave pour les tartines. » enchaîna-t-elle pour ne pas se laisser aspirer par ce tourbillon de réflexions. « Je les mangerai à ta place. » Un rire bref lui échappa. Elle détailla l'enfant, sa chevelure blonde, ses grands yeux bleus, et pensa à son jumeau, ses cheveux noirs, ses grands iris rouges. Ils étaient si peu semblables ! Et leurs dissimilitudes ne s'arrêtaient pas à leur aspect physique. Mani était un garçon sournois, véhément et moqueur. Un Démon. Laëth avait beau essayer de se convaincre qu'il devait y avoir du bon en lui, qu'il était méchant pour une raison - un manque, une inadaptation, quelque chose -, plus elle le voyait agir ou avait écho de ses frasques, moins elle parvenait à y croire. Sól pâtissait de ce comportement irritant, elle le savait - tout le monde le savait -, et l'Ange ne pouvait s'empêcher de prendre systématiquement parti pour celle-ci, bien qu'elle évitât de trop le faire savoir. A Lumnaar'Yuvon, tout le monde essayait de vivre-ensemble, malgré les difficultés, et même si elle était persuadée de la défaillance de ce modèle, elle ne souhaitait pas en affaiblir les fondations de quelques manières que ce fût. Elle ne voulait pas, surtout, que la petite blonde perdît définitivement espoir au sujet de son frère - peut-être était-ce déjà fait ? - et se mît à le détester plus que de raison. C'était une des illusions d'enfance qu'elle avait perdues, celle-ci sans doute un peu trop tôt. « Comment ça se passe, en ce moment, avec ton frère ? »812 mots
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|  | | Sól ~ Réprouvé ~ Niveau II ~
 ◈ Parchemins usagés : 1969 ◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016 | Jeu 01 Nov 2018, 17:01 | |
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Sol courait à s’en faire mal aux poumons. Comme si un véritable danger lui courait aux trousses. Comme si sa vie en dépendait. C’était souvent ainsi avec elle : elle se donnait à fond dans ce qu’elle entreprenait et en oubliait tout ce qu’il y avait autour. Cet effet était sans doute décuplé lorsqu’elle s’adonnait à une activité qu’elle appréciait, pas étonnant donc de la voir courir ainsi pour gagner à son jeu préféré. « Si j’arrive jusqu’à ce gros rocher, ce sera ma cabane, et Laëth ne pourra pas m’attraper ! » se dit-elle pour se donner un peu de courage et de motivation. Derrière elle, la voix amusée de sa poursuivante s’était élevée, l’alarmant de sa proximité. Dix mètres, c’est ce qui la séparait de son objectif. Plus que huit mètres. Alors qu’elle se voyait déjà arriver au but, une paire de main l’attrapa par la taille et la souleva dans les airs. Surprise, l’angelot laissa échapper un petit cri, qui se transforma bien vite en rire lorsqu’elle tournoya au-dessus du sol. Mais finalement, le petit tour fut fini -trop vite à son gout- et Laëth la reposa doucement au sol, où elles s’assirent toutes les deux, l’enfant continuant à rire. « Oh non, j’ai toujours faim ! » répondit la blonde au commentaire de sa surveillante. « Je suis un ogre ! Je peux manger plein de tartines. » Pour illustrer son envie de manger, elle se mit à frotter son ventre de sa main droite. « Les deux ! Je pourrais même en manger trois ! » Elle savait que sa mère lui aurait fait les gros yeux en l’entendant. Elle s’imaginait déjà ce que la réprouvée aurait rétorqué : « Attention Sol, ne grignote pas trop au risque de ne pas pouvoir finir ton assiette. » Malheureusement, il lui était très difficile de résister à la tentation du sucre, et elle mangeait tout ce sur quoi elle pouvait mettre la main, se retrouvant déjà rassasiée lorsque le moment du dîner approchait, donnant raison aux avertissements de sa mère.
L’enfant commença à jouer avec les brins d’herbes, les arrachant un à un, prenant le temps d’observer les petites fleurs sauvages qui trainaient ici et là. Finalement, son amie lui posa une question qu’elle trouva étrange. Elle se demanda vaguement de quel frère pouvait parler Laëth avant de répondre de manière désinvolte à sa camarade. « Nin se prépare pour aller Gona’Halv. Papa pense qu’il est prêt pour commencer son entrainement militaire. » Sol était bien d’accord avec lui. A ses yeux, son grand frère était déjà un fort combattant, prêt à se frotter aux plus dangereux des soldats. Bien évidemment, la vérité était altérée par ses yeux innocents et ses sentiments à l’égard de son aîné, qu’elle adulait quelque peu. « Du coup, il passe un peu moins de temps aux champs. Papa dit qu’il devrait continuer à nous aider, plutôt que d’aller batifoler avec la voisine. » La plus jeune entreprit de faire des nœuds avec les brins d’herbes qu’elle coupait, comme si la suite de la conversation l’angoissait quelque peu. « Et Mani… » Elle hésita une seconde avant de continuer. « Mani c’est Mani. Il est toujours aussi idiot. Il n’arrête pas de me voler mes jouets ou de vouloir les casser. Heureusement, Papa a dit que la prochaine fois qu’il les abîmerait, il serait de corvée vaisselle pendant toute une année. Depuis, il me laisse un peu tranquille avec ça. » Il y aurait sans doute beaucoup à ajouter sur les tours du malin, mais l’enfant ne lui en tenait pas rigueur. Les tensions étaient monnaie courante entre les deux, mais Sol ne tardait jamais à lui pardonner ses faux pas. Même s’il lui semblait insupportable, la plupart du temps, elle voyait aussi en lui le côté protecteur qu’il développait envers elle. La vérité était moins douce qu’elle ne l’imaginait -il refusait simplement que l’on touche à sa sœur, qu’il voyait comme son souffre-douleur personnel-, mais elle en tirait les bons côtés. Elle le devait, si elle ne souhaitait pas finir par le détester complètement. « Et toi, il va bien ton grand frère ? » Sol apercevait souvent Priam, lorsqu’elle venait trouver Laëth pour jouer. Il l’intimidait quelque peu, mais elle n’osait pas vraiment le dire à voix haute. Il était loin du rire doux et du regard chaleureux de sa sœur. Il était impressionnant, un peu comme Nin.
Sol se releva subitement. « Bon, on continue de jouer ? C’est à ton tour de te cacher ! »
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|  | | Priam et Laëth ~ Ange ~ Niveau III ~
 ◈ Parchemins usagés : 3432 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018 ◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I] | Mer 14 Nov 2018, 18:19 | |
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 Laëth éclata de rire à la réponse de la petite Ange. Elle ne la surprenait pas ; elle savait que sa taquinerie ferait gronder l'estomac sur pattes en lequel la fillette se transformait parfois. Elle-même avait parfois la main lourde sur le pot de miel. Pour leur défense, celui de Lumnaar'Yuvon était probablement l'un des plus exceptionnels qui existât, bien qu'elles n'en eussent probablement jamais goûté d'autre. Il était lié à des souvenirs tendres, des vestiges d'enfance, des après-midis ensoleillées ou pluvieuses, des rires, des devinettes, des histoires ; pourtant, l'esprit de Laëth glissa doucement vers des pensées moins réjouissantes : le jumeau de la gamine blonde. Quel mal avait-il pu causer à sa sœur récemment ? Elle fut surprise que celle-ci commençât par lui parler de leur grand frère, parce qu'en son esprit, il apparaissait clairement que sa question était en lien avec Mani. Cependant, elle laissa Sól s'exprimer - elle aurait dû être plus précise. Elle réalisa alors comme, ces derniers temps, elle s'était détachée de la vie des Réprouvés. Elle ignorait que Nin allait partir pour Gona'Halv, alors que les Belegad et les Tynath'thuk étaient des familles proches l'une de l'autre. Depuis combien de temps n'avait-elle pas parlé à l'aîné, ou aux parents ? Devait-elle s'en vouloir ? Ses yeux caressèrent la ligne de l'horizon, où les couleurs du ciel blanchissaient. Pensées enchevêtrées. Heureusement, la deuxième phrase de la petite fille la ramena à la réalité, et lui arracha même un sourire. Cela non plus, elle ne le savait pas - cette fois-ci, cependant, c'était normal. A la mention du Démon, son amusement s'évanouit. Mani, c'est Mani. Son cœur se serra. Mani sera toujours Mani, songea-t-elle. Néanmoins, elle se garda de dévoiler cette pensée à la blonde. Elle n'avait pas besoin de l'entendre. Plus elle mettrait de temps à s'en rendre compte, plus longtemps elle serait bercée par l'illusion que son frère pourrait changer, ou à tout le moins, qu'il l'aimait réellement, plus elle préserverait son insouciance et sa candeur et moins elle éprouverait de méfiance et de dégoût. Ces deux émotions aveuglaient Laëth. Elle ne s'en rendait pas compte, cependant, elle s'attelait si bien au désir d'être une vraie Ange - telle qu'elle le concevait - qu'elle avait nourri un ressentiment et une détestation à l'égard des Démons qui n'avait pas lieu d'être - pas autant ou pas comme ça ou pas pour les raisons qu'elle imaginait. Priam lui aurait certainement dit qu'elle faisait preuve d'un trop grand manichéisme, lui qui s'évertuait à voir du bon en toute chose et toute personne, lui qui passait au-dessus des éraflures de la vie quotidienne comme si elles n'étaient que des brindilles jetées sur sa route, quand elles semblaient être des troncs d'arbre à Laëth. Elle les transformait en blessures et elles alimentaient sa négativité autant que son espoir d'un monde meilleur. A la question de l'enfant, elle acquiesça. « Oui, il va bien. Et contrairement à ton frère, il passe presque trop de temps aux champs ! » conclut-elle dans un sourire. Chez les Belegad, chez Tûl, avec lequel il apprenait le métier de berger... Comme la gamine se relevait abruptement, elle inclina la tête pour garder son visage en vue. Son sourire s'élargit. « Ça marche ! » A son tour, elle se mit sur ses pieds. « Ferme les yeux et compte jusqu'à cinquante, d'accord ? » Tandis qu'elle s'en allait, elle lança : « Et ne triche pas, hein ! » Elle avait instantanément retrouvé son esprit joueur ; cette enfant qui sommeillait en elle et ne demandait qu'à s'épanouir. L'Ange jeta un regard autour d'elle. Elle pouvait retourner dans la maison ou se cacher dans le jardin. Il n'y avait pas énormément de cachettes dans celui-ci - quelques arbres, une charrette laissée là et des buissons agglutinés. Comme elle craignait que les buissons ne fussent pourvus d'épines, elle se dirigea vers la charrette, située à droite de l'habitation. Un drap recouvrait son contenu. Elle le souleva : il n'y avait rien, hormis deux caisses de bois. Elle y grimpa et rabattit le tissu sur elle. Puis, elle attendit. Trente-et-un, trente-deux... 732 mots
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|  | | Sól ~ Réprouvé ~ Niveau II ~
 ◈ Parchemins usagés : 1969 ◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016 | Mer 21 Nov 2018, 12:36 | |
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« Un, deux, trois... » Accroupie devant le rocher qu'elle n'avait pas réussi à gagner lorsqu'elle essayait d'échapper à Laëth, Sól commença à compter pour laisser le temps à sa camarade de jeux de se cacher. Les yeux fermés et les mains posées sur les paupières, Sòl essayait de se concentrer pour parer sa nouvelle cécité. Elle écoutait attentivement les bruits qui l'entouraient : son amie qui partait dans son dos à travers les hautes herbes où elles avaient discuté; le froissement de ses vêtements sur sa peau à chacun de ses mouvements; les voix lointaines d'autres Réprouvés occupés à travailler dans les champs; les insectes camouflés dans la nature... Pourtant, et malgré tous ses efforts, sa concentration ne cessait d'être détournée, mise à rude épreuve par son esprit qui se perdait dans des préoccupations totalement différentes - est ce qu'elles pourraient manger les tartines, après cette partie ? et est-ce que Laëth accepterait de l'accompagner voir les cerfeuilles, demain ? ou serait-elle obligée d’y aller seule ? - et son décompte en devenait de plus en plus compliqué – « vingt-huit, vingt-neuf, vingt... Euh trente... » Finalement, le moment fatidique arriva : « Quarante-neuf, cinquante ! Attention, prête ou pas j'arrive ! » Le sourire aux lèvres et les yeux pétillants d'excitation, l'ange se leva et commença à courir dans la direction où elle soupçonnait son amie d'être allée, cherchant des traces de son passage.
La blondinette se dirigea en premier lieu vers le grand pommier -sa cachette préférée, sans l'ombre d'un doute le lieu où elle serait allée- avant de se rendre à l'évidence : la brune ne s'y était pas réfugiée. Elle continua donc ses recherches en fouillant les buissons proches d'elle, puis s'approcha de la maison sans pour autant y entrer - on était bien mieux dehors pour jouer, personne ne serait aller s'enfermer dedans. Elle longea ensuite les murs, tournant la tête dans tous les sens pour scruter les environs, jusqu'à arriver près de la grange. L'enfant contourna la charrette entreposée entre la maison et l'entrée et s'engouffra dans le bâtiment. La saison des récoltes n'était pas encore venue et le lieu lui semblait étrangement vide. Après tout, la famille Tynath'thuk avait dû se nourrir durant Gravuun et Krah, les réserves de nourritures étaient donc bien entamées. En plus de leur propre consommation, une partie des ressources avait été échangée contre des vêtements, des armes, de la viande séchée et d'autres ingrédients qu'ils ne produisaient pas eux même - du bon miel, par exemple. Une autre partie avait été vendue, afin d'avoir des revenus et pouvoir se payer tout ce qui ne pouvait être troqué - même si sa mère tissait, cela ne représentait pas un gagne-pain suffisant et ils auraient été incapables de subvenir à leurs besoins s'ils n'avaient compté que sur cela. Malgré l'étrange sensation que produisait toujours la grange dans cet état, Sól inspecta chacune des cachettes qu'elle connaissait : sous l'établi où l'on confectionnait les bocaux lors de Gravuun; derrière la deuxième charrette encore remplie de sacs de farines et de grains -elle prit soin de s'assurer que l'ange ne s'était pas cachée sous lesdits sacs-; entre les étagères soutenant les conserves de nourritures; derrière le grand réservoir pour le matériel du champ... Mais aucune trace de l'autre ailée. Bredouille, la plus jeune ressortit de la grange et s'arrêta un instant pour observer l'horizon, réfléchissant à une cachette qu'aurait pu trouver Laëth. Son sourire avait laissé place à de l'interrogation : où avait bien pu passer Laëth ? La zaam fit glisser son regard jusqu'à la charrette qu'elle avait ignoré plus tôt, près de la maison. « Oh ! » Avec précipitation, la fillette plongea à plat ventre pour voir si son amie ne s'y trouvait pas -non- avant de se relever et de tirer sur le grand drap qui recouvrait le chariot. Là, entre deux caisses de bois, elle surprit sa camarade. « Trouvé Laëth ! » Son succès fut accompagné d'un sourire triomphal. La petite tendit l'une de ses mains pour aider la plus grande à descendre, sans la lâcher une fois que Laëth fut à terre. Sautillant, Sól les entraîna à l'intérieur de la demeure, bien décidée de manger ces délicieuses tartines qui l'attendaient.
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|  | | Priam et Laëth ~ Ange ~ Niveau III ~
 ◈ Parchemins usagés : 3432 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018 ◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I] | Mar 27 Nov 2018, 22:36 | |
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 Sous le drap blanc taché des vicissitudes de la vie de campagne, Laëth attendait. Ses pensées filaient à une vitesse folle, et menaient une valse infernale autour du même point : son départ. Vers les Jardins de Jhēn. Sans Nikolaz. Peut-être avec Priam. Ou seule, s'il le fallait. Et elle leur prouverait, à tous et à elle-même, qu'elle était capable. Elle réussirait. Elle construirait son futur sur les ruines et les espoirs d'un peuple auquel elle se sentait appartenir à plus que tout autre - alors qu'elle ne le connaissait pas. Elle se noyait dans l'idéal qu'elle s'était construit ; et chacun ne pouvait qu'espérer que ses souhaits se réalisassent, que ses attentes trouvassent réponses, car si la vérité devait être moins reluisante que ses rêves, la déception rongerait son optimisme. Peut-être que le regret viendrait hanter ses nuits, et que la souffrance lécherait les bords de son cœur. Laëth ne songeait pas à ces possibilités ; elle s'illusionnait comme une enfant, sans chercher à gratter la surface du monde qu'elle s'était créé. Elle partirait, et laisserait Lumnaar'Yuvon derrière elle. Lumnaar'Yuvon et tout ce que le lieu abritait... Il ne fallut qu'un temps bref à la petite Ange pour retrouver son aînée. Celle-ci éclata de rire lorsque le drap fut levé vivement, chassant toutes ses pensées et chatouillant sa peau brunie par le soleil des grands champs. Elle se redressa et prit la main de Sól pour descendre de sa cachette. Puis, elle la suivit à travers les herbes folles pour retrouver l'intérieur chaleureux de la maison. La brune avait perdu le fil des machinations de son esprit à peine quelques minutes. Désormais, assise à table avec la blonde qui dévorait ses tartines, tout lui revint, avec des questionnements supplémentaires - mais pas inconnus. Et si elle ne le lui disait pas ? Comment réagirait-elle ? Lui en voudrait-elle ? La pardonnerait-elle ? Comprendrait-elle mieux en apprenant la nouvelle de ses parents ou de la première concernée ? La vérité devait-elle toujours être dite ? Laëth se mordit la lèvre inférieure et détourna le regard. Derrière la fenêtre, on pouvait apercevoir plusieurs silhouettes passer, travailler, vivre. Des points sombres accrochés à l'or des vastes espaces. Et si elle le lui disait ? Que répondrait-elle ? Tenterait-elle de la faire rester ? La bouderait-elle immédiatement ? Cela gâcherait-il leurs derniers moments ensemble ? La peur qu'une telle annonce fût mal reçue et la peur de prendre ses responsabilités tournaient l'Ange en lâche. Elle ne parvenait pas à se résoudre à avouer ses desseins à l'enfant. Ce n'était qu'une enfant... Qu'elle parlât ou non, cela demeurerait un abandon, n'est-ce pas ? Si elle parlait, elle devrait affronter les conséquences de ses choix. Tandis qu'elle refusait d'agir, elle s'en avouait incapable. Plus tard, elle regretterait éventuellement de s'être tue et elle maudirait la lâcheté ; elle se maudirait pour l'avoir laissée prendre le dessus et pour n'avoir pas su faire ce qui aurait été juste. Ce n'étaient que des incertitudes ; elle pariait sur sa bonne étoile. Elle reviendrait ici, quelques fois, même si c'était interdit, promis. Tout irait bien. La gamine acheva de la tirer de ses réflexions insolubles. Elle cligna des yeux et les tourna à nouveau vers son interlocutrice. « Les Cerfeuils ? Oui, si tu veux. » Sól aimait leur rendre visite. Laëth le faisait aussi, autrefois ; désormais, elle se contentait de deviner leurs bois fins cisaillant l'horizon. « Je n'ai pas grand-chose à faire, demain. L'après-midi, ça t'irait ? » Comme la gamine acquiesçait, elle lui sourit. Elles ne s'y étaient pas rendues ensemble depuis un moment. A dire vrai, l'Ange s'était consacrée à d'autres tâches et loisirs, ces derniers temps, si bien qu'elle n'avait pas véritablement partagé d'activités avec ses proches - hormis les repas en famille. Elle avait eu d'autres préoccupations. Elle avait vagabondé de lieu en lieu, à la recherche de cartes, d'ouvrages explicatifs, d'objets divers - de tout ce qui aurait pu l'aider. Un voyage se préparait, d'autant plus une expédition comme celle-ci. Cependant, le lendemain n'y serait pas dédié. « Une autre tartine ? » demanda-t-elle avec un sourire malicieux tandis qu'elle attrapait le pain et le pot de miel déjà bien entamé.
FIN
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| |  | | | [VI ; XXIX] Chaque homme cache en lui un enfant qui veut jouer | Sól | |
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