Catégorie de quête : Q. Apprentissage [Toupinou] & Enseignement [Sybella]
Partenaire(s) : Sybella
Intrigue/Objectif : Toupinou arrive à l'Académie d'Aresh pour une projet tutoré. Elle doit apprendre à faire une potion et c'est Sybella qui est en charge de la marrainer et de lui enseigner quelques bases fondamentales.

Malgré le temps qui s'était écoulé, je m’en rappelle comme si c’était hier. Akira était installée, en sirotant une tisane de son cru, dans son vieux fauteuil près de sa bibliothèque, comme à son habitude lorsqu’elle me racontait les derniers ragots de la ville. Ce jour-là, elle était particulièrement enjouée, chose assez rare pour son tempérament généralement taciturne. Elle était dans cet état depuis son retour du marché où elle avait vendu un grand nombre de ces potions fait maison. Elle y avait rencontré une jeune étudiante du prénom de Sybella qui avait réussi à lui réciter plusieurs caractéristiques des ingrédients de ces potions. Cela avait ravi Akira qui n’avait depuis lors cesser d’énumérer les nombreuses qualités de cette jeune sorcière.

« Quand elle m’a dit, de tête, les milles et une propriétés de la bave de crapaud rouge, j’ai bien cru que mon cœur allait exploser ! » m'avait racontée Akira encore sous le choc. « Est-ce que tu te rends compte que moi-même je n’arrive à me rappeler que des mille premières ! Cette Sybella, c’est quelque chose ! Et dire qu’elle n’est encore qu’à son premier trimestre à l'Académie ! Elle fera des merveilles, c’est sûr ! Elle me surpassera sûrement si elle continue sur cette voie ! »

Akira continua sur cette lancée pendant au moins une bonne heure, si bien que j’avais eu grandement le temps de m’imaginer cette jeune sorcière, à l’avenir prometteur. Je me la représentais belle, cultivée, et sûre d’elle et de son avenir. Pas comme moi. Je suppose que ce n’est sûrement pas Sybella, la maîtresse des potions, qui se poserait des questions sur son futur !

Aujourd’hui, elle continue son parcours à l'Académie, entrain d’apprendre, encore et toujours plus, sur les potions. Qu’est-ce que j’aimerais être comme elle ! Mais peut-être que ma chance est arrivée ! Quand à l’école, les professeurs nous ont parlé de ce projet tutoré, je dois dire que, comme la plupart de mes camarades, je n’avais pas spécialement envie d’être sous la coupole de quelqu’un, et encore moins d’un étudiant de l’Académie, moi qui est déjà du mal à supporter les professeurs Mages Noirs. Mais quand j’ai vu mon nom inscrit à côté de celui de Sybella, mon cœur s’est arrêté. J’avais l’impression d’être aux anges. J’allais enfin pouvoir la rencontrer. Enfin ! Evidemment je devais encore attendre une semaine, mais je n’avais jamais aussi près du but.

Et c’est aujourd’hui le moment fatidique ! Pour l’occasion, j’avais emporté tous mes livres de potions que j’avais entassés comme j’avais pu dans ma besace. J’avais même dû trouver un sort pour augmenter la contenance de mon sac. Malheureusement, je n’avais pas envisagé qu’il allait être aussi lourd. Mais, je ne pouvais pas me rendre à l’Académie, devant la fabuleuse Sybella, sans mes bouquins. Pas moyen ! J’avais aussi mis quelques temps pour trouver une tenue adéquate. Je voulais être à mon avantage pour cette rencontre. Je voulais qu’elle se souvienne de moi, qu’elle se rappelle de la petite sorcière blonde qui était apparue devant elle, prête à apprendre de nouvelles recettes. Au final, j’avais opté pour ma tenue habituelle : haut et pantalon noir, mais je voulais être à mon aise pour lui parler, ce qui n’aurait pas été le cas si j’avais porté une tenue trop étriquée ou trop ample. Ah, que j’avais hâte !

Je serais la meilleure stagiaire qu’elle ait jamais eu ! C’est sûr ! Si elle me pose des questions, je connaîtrais toutes les réponses. Et si jamais – par malheur – je ne saurais pas répondre, j’aurais mes livres pour m’aider. Je savais que j’avais eu raison de tous les emmener !

J’ai tellement envie de savoir comment elle avait fait pour acquérir toutes ces connaissances. Peut-être qu’elle m’enseignera ses talents ! Peut-être que j’apprendrais mieux avec elle qu’avec les Mages Noirs. C’est certain ! Et peut-être qu’elle sera ébahie devant mes facilités et alors nous deviendrons amies ! Voire meilleures amies ! Je suis certaine que nous aurons des tonnes de points communs ! Et elle me présentera à ses amis, ses connaissances et alors, nous gravirons ensemble les marches de notre société et deviendrons reconnues et célèbres dans le monde ! Ahhh, je suis trop pressée de la rencontrer ! En plus, je décrocherai mon diplôme de premier cycle d’ici quelques mois et alors, j’entrerai également à l’Académie. Nous nous verrons tous les jours ! Je rigolerai à ces blagues et elle rira aux miennes ! Nous nous échangerons des recettes de potions, et nous irons couper quelques herbes ensembles ! Par Ethelba, faîtes que nous soyons amies !

Cela fait quelques minutes que je suis arrivée à l’Académie pour mon premier cours tutoré avec Sybella. J’ai eu du mal à me retrouver parmi tous ces couloirs, mais après avoir demandé mon chemin à quelques étudiants, je suis arrivée devant la porte de la classe. Elle est immense, faite dans un bois foncé et épais. Je prend une longue respiration pour me donner assez de courage. Aujourd’hui est un jour que je n’oublierai jamais. Je vais enfin la voir pour de vrai ! Je vais enfin pouvoir lui parler ! Akira serait tellement fière !

Je lève la main, et toque contre le bois.

908 mots.

"C'est l'instant de vérité…" Sybella versa quelques gouttes de sang de goules dans son chaudron. La réaction fut immédiate : le liquide transparent se mit à bouillir, puis s'épaissit en virant au jaune moutarde, des grumeaux semblant se former à la surface. Rapidement, des gerbes commencèrent à sauter du récipient, atterrissant sur le bureau. La sorcière soupira, créant un couvercle en cuivre grâce à sa maîtrise du métal et en éteignant le feu en jetant une coupelle d'eau sur les flammes. "Si c'est ton but est de tuer quelqu'un, je suis sûr que la tâche sera accomplie." commenta son frère, avachi sur les gradins derrière elle. "Et si tu la fermais, un instant ?" "Si tu étais aussi douée que tu ne le prétends, je n'aurais pas d'occasion de faire ce genre de remarque." La Súlfr asséna un regard assassin à son frère, et le gratifia d'un geste vulgaire qui fut superbement ignoré par le sorcier, qui semblait occupé à tourner les pages d'un vieux livre d'anatomie. Agacée, la mage noire souleva le couvercle qu'elle avait créé et découvrit avec dégout que l'apparence de sa potion n'avait point changée. En effet, la concoction était destinée à tuer une personne toute particulière, et il n'y avait aucun doute que le malheureux qui approcherait ses lèvres de la mixture ne survivrait pas à sa bêtise. Mais dans cet état, il était impossible de faire ingurgiter le contenue du chaudron à sa cible. Son agacement se mua en colère et la brune attrapa la hanse de la marmite qu'elle jeta dans une poubelle ensorcelée prévue pour nettoyer le matériel des étudiants, retirant toute substance douteuse et possiblement néfaste. "Et de toute façon n'as-tu pas d'autres cadavres à aller voir ?" "Non, pas pour le moment." Un claquement de langue répondit en écho. "Ce n'était pas une véritable question. C'était une invitation à te barrer de ma salle de classe. Je ne tiens vraiment pas à ce que l'on me voit avec quelqu'un comme toi." Stanislav dodelina de la tête, sans piper mot. "Je te supporte déjà bien assez à la maison, pas besoin que tu me suives jusqu'ici." C'est vrai que leur cohabitation était parfois périlleuse, et que ni lui ni elle n'appréciait réellement la compagnie de l'autre. Seule l'interdiction de leur père de mettre la pagaille les empêchait de transformer le manoir en scène de crime. Néanmoins, Stanislav avait besoin d'un endroit calme, pour réviser, là où il ne serait pas déranger par les faits et gestes de gêneurs. La bibliothèque lui semblait toujours trop bondée pour pouvoir se concentrer, au point qu'il préféra rester en tête à tête avec sa cadette. Sybella fit apparaitre un nouveau chaudron devant elle, et commença à débarrasser la paillasse de tous les ingrédients qu'elle avait sortit. "Quoi qu'il en soit, tu ne devras pas tarder à partir que tu le veuilles ou non. Cette gamine ne va pas tarder à arriver." Une petite sorcière du premier cycle, qu'on lui avait mis entre les pattes pour qu'elle l'encadre lors d'un projet. Cette perspective était loin de l'enchanter, car bien évidement, ce travail était donné en plus de ses cours, sur son propre temps libre, et cela signifiait qu'elle avait moins de temps pour élaborer ses propres projets. Mais elle n'avait pas réellement eut le choix. Les résultats de cette fillette conteraient pour sa propre scolarité : si l'une échouait, elle entrainait l'autre dans sa chute. Heureusement pour elles, la brune possédait de bonnes bases en matière de potions : ce n'était pas sa spécialisation pour rien. A peine eut-elle le temps de sortir le matériel nécessaire à son cours que l'on toqua à la porte. "Ca doit être elle. Bon, c'est l'heure, déguerpis. Fais la entrer, au passage."

Avec agacement, le sorcier attrapa ses livres et se dirigea vers la sortie, sans adresser de mots à sa sœur. Comme l'avait prédit la sorcière, une gamine attendait de l'autre côté. Stanislav marmonna quelques mots d'un air lugubre pour l'inciter à entrer et s'avança dans les couloirs de l'académie, à la recherche d'un nouveau lieu où il pourrait étudier en solitaire. "Pile à l'heure. J'aime la ponctualité." Sybella ne laissa néanmoins pas d'autre signe de contentement s'échapper de son visage. Elle attendit que la blonde soit à ses côtés pour continuer. "Je suis Sybella, et c'est moi qui t'encadrerai pour ton projet. Je suppose que tes professeurs t'ont déjà tout expliqué et nous avons peu de temps, alors commençons." La mage noire passa de l'autre côté de la paillasse. "Peux-tu me réciter les trois éléments indispensable pour préparer une potion de tue-mensonge, ainsi que son utilité ?"

826 mots

Derrière la porte, j’entends des bruits étouffés qui se rapprochent. Soudain, la porte s’ouvre sur un jeune homme un peu plus âgé que moi. Il me domine de toute sa hauteur et malgré ses cheveux un peu longs, je vois l’air lugubre qu’il me réserve. Je ravale ma salive lorsqu’il baragouine quelques mots que je ne comprends pas. Me serais-je trompée de salle ? L’homme ne me laisse pas le temps de lui poser la question et passe à côté de moi pour s’engouffrer, des livres à la main, dans les couloirs de l’Académie. Je le suis des yeux pendant quelques secondes, me demandant si je dois le suivre ou non. Je décide, cependant, de jeter un coup d'œil dans la salle qu’il a laissé entrouverte et mon regard tombe sur une sorcière aux cheveux longs d’un noir d’encre. Pas de doute, il s’agit bien de Sybella. Oh-mes-Dieux ! Mon souffle se coupe. C’est elle ! Je la vois s’activer à la tache autour d’un chaudron bouillonnant au-dessus d’un petit feu.

Je marque un temps d’arrêt avant d’entrer dans la salle. M’a-t-elle vu ? Faut-il que je n’annonce de nouveau ? J'émets un petit toussotement qui ressemble plus à un gargouillement étranglé avant d’avancer vers elle. Oh là là.

Elle s'adresse à moi et me dit qu’elle apprécie les gens ponctuels. Je sens alors mon cœur s’envoler sous ma poitrice, tellement mon ravissement est intense. Un large sourire niais se dessine alors sur mon visage, seul reflet de ma danse de la joie intérieure. Mon esprit est ailleurs pourtant. Je suis tellement contente d’avoir réussi à la contenter que je ne comprends pas immédiatement qu’elle attend que je me place à ses côtés. Après quelques secondes, je prends soin de sortir un parchemin et une plume de ma besace avant de la rejoindre. Je veux être la parfaite élève ! Lorsqu’elle se présente et explique le déroulement du tutorat, je papillonne. Je ne crois pas en ma chance ! Je suis à côté de celle qui a réussi à émouvoir Akira par ses connaissances en potions ! Avec elle, c’est sûr ! Je vais apprendre tellement de nouvelles choses que je serais la meilleure de ma classe ! Et alors, je réussirai haut la main mes examens et toutes les Académies voudront m’avoir parmi leurs élèves. Tout le monde enviera mes talents et on cherchera ma compagnie partout où j’irai et …

Mes pensées sont arrêtées net par le ton interrogateur et ferme de ma nouvelle tutrice. Je ne suis pas sûre qu’elle m'ait posé une question, mais j’ai cru entendre « trois », « potion tue-mensonge » et « utilité ». Cette fois, c’est sûr ! Elle va me détester ! Pourquoi n’ai-je pas été plus attentive ? Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre une sorcière aussi talentueuse ! Et moi, qu’est-ce que je fais ? Je n’écoute pas ce qu’elle me dit ! Quelle nulle ! Moi qui voulait qu’elle devienne ma meilleure amie … je ne pouvais pas plus mal commencer !

La boule au ventre, j’essaie par déduction de savoir ce qu’elle m’a demandée afin de faire bonne figure. La peur me crispe les muscles et j’ai l’impression que mon cerveau s’est gelé. Peut-être veut-elle que je lui rapporte un élément pour réaliser une potion de tue-mensonge ?

Je tourne la tête autour de moi afin de chercher des yeux un ingrédient qui pourrait convenir à une telle potion, mais là encore mon cerveau fait des siennes. Avec le tract, je ne me rappelle plus des ingrédients entrant dans la recette d’une telle potion. L’ai-je seulement déjà vue en cours ? Je n’en suis plus si certaine … Je me dirige vers un des placards de la salle et entrouvre les battants. J’y aperçois toutes sortes de fioles en verres. Non, ce n’est pas ici que je trouverai des ingrédients … Du regard, je fais le tour de la pièce et mes yeux s’arrêtent sur Sybella. Pas sûr qu’elle m’est demandé d’aller chercher des ingrédients en fait.

Je retourne auprès d’elle et j’essaie de réfléchir. Que m’a-t-elle demandé ? L’utilité de la potion ? Mais j’en sais fichtrement rien !

« La potion tue-mensonge …  » je commence en essayant de faire fonctionner le peu d’imagination qu’il me reste. « ... sert, lorsqu’une personne la boit à … lui empêcher de dire des mensonges. Elle est obligée de ne dire que la vérité jusqu’à ce que les effets se dissipent. »

Plutôt fière de ma réponse, je lance un regard incertain vers Sybella et je me creuse la cervelle pour continuer ma réplique. J’imagine qu’elle voulait me demander si je connaissais des éléments de la recette. Mais mon niveau d’anxiété est tellement élevé que je ne peux faire que des hypothèses.

« Pour réaliser cette potion, il faut s’assurer … »

Je cherche autour de moi l’inspiration. Je ne veux pas qu’elle croit qu’elle est tombée sur la pire des stagiaires !

« … d’avoir un chaudron intact ! » je continue triomphante lorsque mes yeux tombent sur celui de Sybella. « A l’école, j’ai déjà eu le souci d’avoir dû travailler avec un chaudron abîmé et crois-moi, c’était pas beau à voir, ah ça non ! »

Le stress de cette rencontre me fait dire n’importe quoi et j’ai l’impression de regarder la scène avec des yeux extérieurs. Je continue de déblatérer des idioties malgré le fait que dans ma tête je ne pense qu’à me taire.

« Et puis, il ne faut pas oublier d’avoir un feu régulié : ni trop vif, ni trop de braises qui pourraient le faire mourir. En fait, tout est dans la gestion des braises ! » je continue sans reprendre mon souffle.

Non, mais tais-toi !

942 mots.

L'enseignante observait la plus jeune, le regard las, les mains croisées devant elle. Elle écouta patiemment la réponse de la blonde avant de soupirer. « Vos histoires sont passionnantes et ne sont pas fausses, en soit, mais il ne s'agit pas de la réponse  ma question. Si vous ne connaissez pas les ingrédients, il aurait mieux fallut le dire directement. » Sybella montra les bols disposés sur la paillasse. « Vous n'aviez pourtant qu'à regarder devant vous. La moitié est déjà ici. » Elle marqua une pause avant d'ajouter : « Peut-être serait-ce une bonne idée que de sortir du parchemin et de l'encre, pour noter ce que vous apprendrez aujourd'hui. » Peut-être aurait-elle dû donner une seconde chance à la plus jeune, lui laisser une seconde tentative pour lui réciter ses leçons. Mais non, la brune n'était pas des plus pédagogue et les secondes chances devaient se mériter, à sa table. Elle pointa d'abord le premier ramequin, rempli d'une étrange bouillie bleue. « La bave de bleubuse sert d'ordinaire à faire parler de façon compulsive mais associée à des champignons de balivurs, elle permet au contraire de réprimer des paroles inutiles. » La sorcière laissa trainer son doigt autour du dernier récipient pour en montrer le contenu. « Quand aux écailles de sirènes, elles permettent de charmer la cible plus facilement, sans qu'ils ne se rendent compte du maléfice. Certains prétendent aussi que leurs écailles aident dans l'objectif d'obtenir ce que l'on souhaite, de façon plus générale. » Sybella marqua une pause pour laisser le temps à l'écolière de prendre en note ce dont elle avait besoin. « Bien, vous le savez sans doute mais ce test possède également une partie écrite, qu'il faudra me remettre avant la fin de la semaine pour que je puisse vous évaluer. Vous me ferez des recherches plus approfondies sur les usages de ces trois ingrédients, où les trouver et comment les récolter. » Encore plus de travail. Néanmoins, puisqu'elle y était, autant faire les choses correctement et aller jusqu'au bout. Au moins la gamine ne ressortirait-elle pas totalement idiote de sa salle de cours. « Revenons-en à la potion… Il ne suffit pas de jeter le tout dans un chaudron et d'attendre bien sagement que la magie opère. Chacun de ces trois ingrédients nécessite une préparation avant de concocter la potion à proprement parler. Nous allons commencer avec ça. » La professeur recula de quelques pas, jusqu'à un tableau qu'elle fit pivoter pour faire apparaitre les instructions qu'elle avait préalablement inscrites à la craie blanche. « Voici la recette. Il y est noté tout ce dont vous aurez besoin de savoir : comment préparer tous les ingrédients, dans quel ordre, comment les conserver… Tout. Est-ce clair ? » Sybella attendit l'approbation de sa jeune élève avant de continuer. « S'il vous manque du matériel -ce qui ne devrait pas être le cas mais, dans le doute- vous pouvez aller le chercher dans cette armoire, là bas. » Elle indiqua le meuble contenant la verrerie à disposition de l'adolescente. « Bien... Des questions ? » De nouveau, la sorcière attendit les interrogations possibles. « Alors, vous pouvez commencer. Si des questions vous viennent à l'esprit ensuite ou si vous rencontrez un problème, je suis à votre disposition. » Sybella observa la fillette se mettre en mouvement.

La Dementiæ garda un oeil attentif sur les fais et gestes de l'apprentie sorcière tout en s'emparant d'une craie supplémentaire. Elle commença à inscrire le reste des étapes sur un second tableau. Ces instructions là étaient sans doute plus intéressantes pour un impatient, mais l'art des potions ne consistait pas à simplement préparer une soupe avec tout ce que l'on avait devant soit. Bien que certaines potions à la complexité non négligeable nécessitent de faire attention lors de la cuisson, l'étape la plus cruciale pour tout fabricant d'élixir était celle de la préparation. Si certains ingrédients n'étaient pas coupés de la bonne façon, le résultat pouvait être à l'opposé de l'effet escompté. Si les doses n'étaient pas respectées, un antidote pouvait être un poison plus mortel encore que le maux qu'il devait guérir. La moindre erreur pouvait devenir dévastatrice. Heureusement, la potion d'aujourd'hui n'était pas délicate à ce point, mais pouvait tout de même réserver quelques surprises si l'on prenait cette première phase à la légère.

743 mots

A la fin de ma tirade, la sorcière me répond sans me réprimander. Bien que je lui en sois reconnaissante, j’avoue que j’aurais peut-être préféré qu’elle me gronde véritablement. Ainsi, je n’aurais pas ce sentiment de honte qui me ronge et encore moins le rouge aux joues. Je suis encore un peu plus mal-à-l’aise lorsqu’elle me dit que les ingrédients sont sur la table. Quelle idiote ! Pourquoi n’avais-je pas pensé à regarder simplement ce qu’il y avait dans les ramequins ? Ceci dit, lorsque je prends notes des remarques de ma tutrice sur les ingrédients qu’elle me montre un par un, je ne suis pas certaine de tous les connaître. Je sais qu’il me reste encore beaucoup de travail. Ainsi, je rédige docilement le nom de la potion et ses ingrédients sur mon parchemin.

Le premier récipient est un mélange de bave de bleubuse et de champignon de balivurs. Cela donne une bouillie bleue que nous avons déjà réalisé à l’école. Je suis contente de connaître tout de même quelque chose. Pour le deuxième bol, c’est une autre histoire. En effet, selon les dires de Sybella, il y contient des écailles de sirènes. Intriguée, je positionne ma tête au-dessus du récipient pour mieux les observer. C’est la première fois que j’en vois. Je sais bien qu’elles font partie de plusieurs recettes de potions, car j’avais lu de nombreux livres à l’école qui y faisaient référence. Cependant, je n’en avais encore jamais vu en vrai. En en prenant une entre mes doigts, je constate que la texture est rugueuse et collante. Je me demande comment peut-on faire pour les avoir ? Faut-il tuer une sirène ? Ou peut-être qu’elles les perdent ? Ou alors elles en font elles-même le commerce ?

Sybella m’annonce ensuite que je devrais lui soumettre mon travail écrit avant la fin de la semaine pour qu’elle puisse le contrôler. Je suis mitigée à cette idée. D’un côté, je suis tellement accablée de travail avec mes autres matières que je m’inquiète de trouver du temps pour terminer celui-ci. Et d’un autre côté, je suis tellement contente d’avoir cette sorcière comme tutrice que j’aimerais faire un travail tellement excellent qu’elle ne puisse qu'être fière de moi ! Sur mon parchemin, j’écris d’une écriture fine : « Ne pas oublier de faire une recherche approfondie sur ces trois ingrédients, sur le lieux où je peux les trouver et comment je peux les récolter. »

Une fois que la sorcière brune ait terminée de donner ses instructions, je la vois se diriger vers le tableau où elle a notée la marche à suivre pour préparer les ingrédients. Je déchiffre ces lignes unes à unes et quand Sybella me demande si j’ai compris, j’ai la gorge tellement nouée que je ne peux que hocher la tête. Je comprends que je dois m’atteler à démarrer la préparation des éléments. Je dois faire attention à l’ordre et à comment les conserver en attendant de les utiliser plus tard. J’essaie de me décontracter. D’expérience, je sais qu’il n’est jamais bon de commencer à travailler une potion en étant aussi tendue. Mais avec le regard de Sybella sur moi, c’est difficile de se relaxer. Je n’ai pas envie qu’elle pense que je ne suis qu’une moins-que-rien. Elle me demande d’ailleurs, si j’ai des questions. Dans ma tête, je pense lui dire « Pour l’instant, ça va aller, mais j’en aurais peut-être plus tard. » pourtant, ce qui sort de ma bouche n’est qu’un mélange de voyelles incompréhensible. Résignée, je me dirige alors vers la table de travail et commence à suivre les instructions à la lettre. Si je ne peux pas parler convenablement, autant que ma potion soit parfaite !

« Étape numéro une : Avec une lame fine, entailler les écailles de sirène. Les faire cuire au bain-marie dans de l’eau salée pendant dix minutes. Les faire refroidir. » je lis.

J’attrape un petit couteau et commence à entailler les écailles. Je suis tellement stressée que je me coupe au moins trois fois.

« Étape numéro deux : Passer le mélange de bave de bleubuse et de champignons balivurs sous un mortier. Concasser le mélange jusqu’à obtenir une pâte sableuse. »

En allant chercher le mortier dans l’armoire, je trébuche et lâche le mortier au sol. Accablée, je vois l’objet en morceaux, et je ravale mes larmes. Je nettoie mes dégâts et va en chercher un autre.

« Étape numéro trois : Extraire le jus des écailles de sirène en appuyant sur les bords avec le dos d’une cuillère. Mettre le jus extrait de côté. Prendre les écailles vidées et les faire revenir dans de l’eau salée jusqu’à ce que les écailles soient bien dorées. »

Cette étape est un peu plus délicate. Mes mains tremblent lorsque j’extraie le jus, mais je suis contente d'utiliser une cuillère et non un couteau avec lequel, je pense que je me serais coupée de nouveau. Je verse le jus dans un petit flacon et mets les écailles dans de l’eau salée que je fais revenir. Je reçois quelques gouttes brûlantes sur les avant-bras, mais rien de bien grave. J’en suis même fière !

« Étape numéro quatre : Mélanger la pâte sableuse bleue et le jus des écailles. »

D’une main tremblante, je mélange le tout. Je vois des gouttes éclabousser sur ma table.

« Étape numéro cinq : Ciseler les écailles en fins morceaux et mélanger au précédent mélange. »

Je fais de mon mieux, mais je me rends compte que j’ai du mal à obtenir des morceaux fins avec mon couteau. Je persévère tout du moins, et après un résultat qui me semble correct, je décide d’incorporer mes écailles ciselées à mon mélange. Une fois toutes ces étapes réalisées, je lève les yeux vers ma tutrice en attendant son approbation.

954 mots.

Sybella reposa la craie blanche sur le rebord du tableau puis se dirigea vers une armoire qu'elle ouvrit. Là, elle s'empara d'une bouteille remplie d'un liquide ambré qu'elle versa dans un bécher. Elle répéta l'opération avec un second liquide, transparent cette fois-ci, dont la bouteille était étiquetée "larmes de dragon". Dans une coupelle, elle plaça une cuillère de poussière grise dont le conteneur indiquait "poudre de scarabée" puis s'empara d'une fiole où une étrange substance filamenteuse semblait baigner. Une fois tous les ingrédients en sa possession, elle retourna auprès de la plus jeune, qui était occupée à suivre ses instructions. La brune déposa le matériel sur la paillasse, laissant son élève continuer son travail. Elle l'observa sans dire un mot, fronçant les sourcils lorsque'elle trouvait une étape bâclée -rien qu'en voyant l'état de ses doigts, Sybella devina que la première étape avait été plus compliquée que ce qu'elle n'aurait dû être et à cela s'ajoutait le mortier réduit en morceaux, à croire que cette petite était incapable de faire les choses sans tout casser- et se contentait d'un visage impassible lorsque le reste lui convenait. Elle ne commenta nullement le travaille de la plus jeune, se contentant d'observer et d'attendre. Lorsque Toupinou eut terminé sa préparation et se tourna vers elle, l'étudiante se pencha sur la mixture qu'elle avait préparé pour inspecter le résultat. A l'aide d'une spatule, elle en vérifia la consistance et laissa un hochement approbateur témoigner de sa satisfaction. Finalement, cette petite n'était peut-être pas totalement perdue, dans ce domaine. Juste atrocement et insupportablement maladroite...

« Bien. Nous avons un peu de temps avant de passer à la suite. » La tutrice reporta son attention sur le matériel qu'elle avait apporté avec elle. « Ceci... » commença-t-elle en attrapant la fiole contenant l'étrange substance blanchâtre. « Est de l'essence de spectre. » Sybella tendit la fiole à la plus jeune pour que celle-ci puisse mieux observer son contenu. Si elle détestait les enfants, elle devait reconnaître qu'ils possédaient tous une qualité indispensable dans son métier : la curiosité. C'était elle, la clé de la découverte, elle qui amenait les gens à chercher encore et encore des réponses, de nouvelles solutions. Elle qui débouchait aux plus grandes avancées. Le travail de la disciple crépusculaire consistait à enseigner à cette gamine pour la journée, mais elle espérait également pouvoir éveiller son intérêt, lui donner le goût de la recherche. Elle lui livrait les clés pour étendre sa connaissance. C'était à elle de s'en servir par la suite pour en tirer profit. « N'ouvrer pas la bouteille et ne la laissez pas tomber. » avertit-elle avant que tout dégât ne soit à déplorer. La blonde s'était montrée tellement peu adroite lors de la préparation des potions qu'elle préférait la mettre en garde. « Il s'agit d'un ingrédient très rare. Nous ne nous en servirons pas aujourd'hui mais puisqu'il est un élément clé des antidotes contre les potions de vérité, il me semblait important de vous le montrer... » Les antidotes... Un pan bien mystérieux qui se révélait à bien des égards plus complexes encore que les potions initiales. Comme on le lui avait souvent répéter, détruire n'était l'histoire que de quelques secondes, il suffisait d'une simple étincelle pour que les flammes ne détruisent les efforts. En revanche, soigner, guérir, construire... Cela demandait bien plus de temps et d'application. Il était intéressant de pouvoir aborder ce thème à l'occasion, et puisque l'université disposait d'ingrédients à la valeur inestimable, autant en faire profiter une possible apprentie. « L'essence de spectre est très difficile à se procurer. On raconte qu'il s'agit de la manifestation d'êtres passés. Lorsque des fantômes essayeraient de regagner notre monde... D'autres hypothèses prétendent qu'elle apparaît lors d’événements particulièrement violents ou lorsque quelqu'un a été maudit... Puisque l'on ne connait pas exactement son origine, il est parfois difficile de savoir s'il s'agit bel et bien d'essence de spectre. Pour s'en assurer, le test le plus fiable est de la verser dans du venin d'acromentule. Le résultat est positif si les deux liquides son insolubles, mais que le mélange ne se trouble pas pour autant. » Sybella récupéra la fiole qu'elle posa un peu plus loin. La sorcière attrapa un chaudron neuf qu'elle posa sur un petit feu, et dans lequel elle vida le premier bécher contenant le liquide ambré. « Bien. Vous pouvez continuer la suite de la potion, désormais. Je vous ai apporté les ingrédients dont vous aurez besoin. » La brune tendit la louche à son élève. « Bien. A vous de jouer, désormais. »

805 mots

Je regarde religieusement Sybella et quand je la vois prendre une spatule pour vérifier ma mixture, mon cœur manque un battement. Et si elle trouvait que ma préparation était catastrophique ? Qu’elle prenait mon mélange et le jetait au sol ? Qu’elle me disait qu’elle ne pouvait rien m’apprendre parce que je n’étais qu’une idiote qui ne saurait rien faire de sa vie ? Qu’elle me jetait hors de la salle ? Et qu’elle refuserait de continuer le tutorat ? Que ferais-je alors ? Il faudrait sûrement que je retourne à l’école et avouer mon lamentable échec aux professeurs. Je n’ose imaginer leurs réactions. Je ne donnerais pas cher de mon avenir ensuite …

Mais la sorcière fait un hochement de la tête. Était-ce sa façon de me dire que j’avais travaillé correctement ? Par Ethelba, serait-il possible que j’ai réussi la première étape ? Malgré mes maladresses et mes coupures ? Je lui lance un sourire à m’en décrocher la mâchoire. Qu’est-ce que je suis fière de moi ! Après ça c’est sûr que je vais briller dans la société ! Lorsque je dirais à mes camarades de classe que j’ai réussi mon tutorat et que je suis devenue une grande amie de ma tutrice, ils seront sidérés ! Peut-être même jaloux ! Ah, qu’est-ce que je suis pressée de le leur dire ! Après ça, c’est sûr, je serais la plus appréciée des professeurs ! Ils n’oseront plus me punir, ni me donner de mauvaises notes ! Ah ça non ! Ils me feront des compliments à longueur de journée et je pourrais choisir tous les cours que je veux suivre et peut-être même qu’ils m’aideront à garder mes hautes notes !

Je suis rattrapée par la réalité lorsque ma tutrice me montre une fiole contenant un liquide blanchâtre. Elle m’indique qu’il s’agit de l’essence de spectre. J’en avais évidement déjà entendu parler mais il s’agit d’un ingrédient rare. Ainsi, je n’en avais vu que dans les livres. J’approche mon regard de la fiole pour mieux contempler le liquide. J’aimerais avoir le pouvoir d’arrêter le temps pour pouvoir regarder à mon aise le contenu de la fiole. La liquide virevolte dans le contenant. Et je ne crois pas en ma chance lorsque Sybella me permet de prendre la fiole dans les mains. Celles-ci sont tremblantes, mais en écoutant les consignes de la sorcière, je respire doucement et me concentre pour ne pas la laisser tomber. On dirait que l’essence de spectre est une sorte de fumée qui a sa propre vie. En effet, je la vois bouger comme si elle dansait nonchalamment dans la fiole.

Tout en continuant de regarder le contenu, j’écoute d’une oreille attentive le résumé que fait pour moi Sybella. Lorsqu’elle me dit qu’il s’agit d’une manifestation d’êtres passés, je sens mes mains devenir glacées et je préfère reposer la fiole sur la table afin d’éviter toute casse malencontreuse et ose pour la première fois poser une question : « Est-ce qu’on peut dire que ce sont des morceaux d’âme ? » En attendant la réponse, je vois Sybella ranger la fiole. Elle prend ensuite un chaudron et me tend une louche.  Quelque peu rassurée par ma réussite de la première étape, je suis moins anxieuse pour la suite de la recette. Je regarde les nouvelles inscriptions de ma tutrice et essaie de les suivre à la lettre. En prenant soin de garder une table propre et rangée, je prends un à un les ingrédients que j’ajoute dans mon chaudron dans l’ordre indiqué après m’être assurée d’avoir un feu modéré sous mon chaudron, évidemment.

Tout d’abord, il faut que j’ajoute trois cuillères à soupe de jus de citron avec une pincée de sel, puis compter jusqu’à cinq avant d’ajouter le mélange préparé précédemment. Ceci fait, je dois tourner le liquide deux fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, mettre mon chaudron hors du feu, touiller huit fois dans le sens des aiguilles d’une montre. Ensuite, il faut je j'attende le virement de couleur – il doit passer d’un bleu clair à un jaune vif – puis je dois remettre le chaudron sur le feu et le laisser sans faire la moindre vibration sur le liquide pendant dix minutes. Cela permet aux morceaux de décanter. Ensuite, je retire le chaudron du feu et passe le contenu dans un tamis – sans me brûler. Le liquide purifié doit refroidir pendant que j’écrase au mortier les morceaux restés dans le tamis. Ensuite, j’ajoute deux larmes de phœnix dans le liquide refroidi – le mélange doit devenir rouge – et remettre le tout sur un feu vif pendant une minute, le temps que les vapeurs s’échappent (ce sont elles qui donnent un mauvais goût !). Une dernière fois, je retire le chaudron hors du feu, et laisse les cendres diminuer sa vigueur. Avec les morceaux du mortier, je les place dans un mouchoir en tissu – que je referme – et tape dessus avec un rouleau à pâtisserie trois fois. Ensuite, je prend le contenu et remet le tout dans le chaudron. Les morceaux doivent instantanément disparaître dans le liquide. Je regarde au fond de mon chaudron et ni aperçois qu’une fine poudre. Je suis contente. La dernière étape, consiste à y ajouter quelques feuilles d’estragon, simplement pour donner à la potion un goût plus convenable. Je verse ensuite le mélange dans une petite fiole que je tend à Sybella. J’ai versé quelques gouttes hors de la fiole, mais je suis plutôt fière du résultat. J’espère que ma tutrice le sera également …

914 mots.

« Hum, c'est une façon de voir les choses, je suppose. Mais personne ne peut être certain à cent pour cent de l'existence d'une telle chose... Personne n'a été, jusqu'à présent, capable de prouver scientifiquement l'existence des âmes... C'est un concept très controversé. Eviter à l'avenir d'utiliser des concepts si vagues. » avait répondu l'enseignante à l'interrogation de son élève. La question l'avait prise de court, elle ne s'était pas attendue à ce qu'une enfant lui parle d'une telle chose. Cela ne l'avait quelque peu satisfaite, mais comme à son habitude, elle n'en avait rien laissé paraître, se contentant de passer à la suite sans même féliciter la blonde. Tandis que cette dernière préparait sa potion, Sybella attrapa un morceau de parchemin où elle inscrivit ses remarques. C'était à elle de noter la disciple mais elle n'était pas la seule à être évaluée, dans cette histoire. Elle devait justifier le résultat en rendant un rapport détaillé des performances de la blonde. Autant commencer le travail tout de suite, alors qu'elle avait encore les idées claires. De son écriture fine, elle inscrivit ses remarques : maladroite : casse de verrerie et blessure; respecte les étapes indiquées dans l'ordre; réussite globale de l'étape de préparation... Elle continua ainsi, jetant de temps à autres de coups d’œils pour surveiller l'avancée de la novice.

Finalement, la plus jeune lui tendit une fiole contenant le fruit de ses efforts. La sorcière s'en empara et alla chercher un parchemin dans une armoire. « Autrefois, on testait les potions directement sur ceux qui les préparait. » laissa-t-elle lui échapper l'air de rien. « Cela garantissait que l'élève donnait le meilleur de ses capacités : il ne souhaitait pas se retrouver avec des effets secondaires désastreux. » Un sourire amusé étira ses lèvres tandis qu'elle semblait se remémorer quelque chose de drôle. « Lorsque j'étais toute jeune, un idiot s'est retrouvé avec des pustules sur tout le corps, car il avait inversé les quantités de deux ingrédients... Heureusement pour lui, la potion n'avait pour but que de changer la couleur des objets qu'il toucherait par la suite... Une potion aux effets minimes, avec des contrecoups réduits... Je suppose que d'autres ont dû subir des résultats bien moins agréables, car finalement, cette pratique s'est peu à peu éteinte. » Sybella déroula le papier sur la table. Trois runes y étaient dessinées : deux plus petites encadraient la dernière, au centre, bien plus imposante en taille. « Désormais, nous utilisons ce genre de parchemin pour vérifier les résultats... C'est plus sûr, parait-il. »La tutrice, fiole en main, commença son évaluation sous le regard de son auteure. « Il suffit de verser quelques gouttes au centre de la feuille, où une rune avec des effets similaires à la potion est gravée. La potion se dirigera alors vers la droite si les effets sont ceux escomptés. La gauche est synonyme d'échec, j'en ai bien peur... » Tout en parlant, la mage noire observait les quelques gouttes se diriger lentement vers la rune de droite. « Mmh... La rapidité et la proximité finale de la potion pour rejoindre la rune sont également des facteurs pour témoigner de la réussite. » commenta-t-elle, l'air de préciser que les choses n'allaient pas assez vite à son goût. « Pour une élève de premier cycle, il est déjà satisfaisant de la voir aller dans le bon sens. » La brune repoussa le parchemin hors de leur vue à toutes les deux pour continuer, ne souhaitant pas donner l'impression de trop encouragé son élève.

« Bien. La potion est terminée. Mais les choses ne sont pas terminées pour autant. Vous devrez me faire parvenir vos travaux sur les recherches que je vous ai demandé plus tôt, avant que l'on ne se revoit pour la deuxième session. Je pourrais vous évaluer plus vite de la sorte, et vous pourrez connaitre votre premier résultat si vous le désirez. » Sybella contourna de nouveau la paillasse pour se retrouver vers le tableau qu'elle commença à effacer : elle ne voulait pas perdre plus de temps que nécessaire et souhaitait reprendre ses activités personnelles au plus vite. « La prochaine fois, nous étudierons la potion de ralentissement. Renseignez-vous à son sujet, je veux que vous soyez au point avant de commencer les travaux pratiques. » La brune reposa la brosse à sa place et avisa la table de travail. « Pensez à ranger votre espace de travail, avant de vous en aller. »

762 mots

En me rendant à l'académie, je ressasse mes pensées. J’avais passé la nuit à rédiger mes notes sur la potion tue-mensonge. Je souhaitais qu’elles soient les plus complètes possibles. Je ne voulais pas que ma tutrice ait des remarques négatives sur mon travail. Je m’étais alors rendue à la bibliothèque de l’école avant le couvre-feu et j’avais procédé à des recherches minutieuses à propos des trois ingrédients de la potions que j’avais réalisé avec Sybella. J’avais eu du mal à trouver des informations sur les lieux de récolte de ces derniers et j’avais dû lire en diagonale de nombreux ouvrages avant de trouver les réponses recherchées. Dans un volume intitulé « Les bases en potions pour jeunes sorciers inexpérimentés » j’avais même trouver quelques pistes pour rédiger un paragraphe concernant la manière de les récolter. Contente de mon travail, j’avais pris soin d'écrire de manière fluide et sans ratures. J’avais même rajouté quelques anecdotes historiques concernant l’usage de cette potion, comme son utilisation lors de certains pourparlers dans l’ère précédente ; les désastres provoqués par cette potion lorsqu'elle était mal préparée ou simplement lorsqu'elle était placée dans des mains non précautionneuses.

Ce n’était que ce matin, que j’avais réalisé des recherches à propos de la nouvelle potion que j’allais préparé dans quelques minutes avec Sybella. La potion de ralentissement. C’était une potion d’un niveau plus avancé. Ainsi, quand j’avais lu le nombres d’étapes à réaliser, ma gorge s’était serrée. La tâche allait être rude. Et cette fois-ci, je savais que je n’avais le droit qu’à la perfection.

Tout ce qui touche au temps est compliqué et la moindre erreur peut être fatale. Je me demandais pour quelles raisons ma tutrice m’avait demandée de faire des recherches sur cette potion. J’avais eu encore plus de mal que pour la première à trouver des données car je n’avais pas encore accès aux ouvrages relatant d’une potion aussi difficile et aux conséquences pouvant être fatales pour une novice telle que moi. Je n'arrêtais pas de penser à la remarque que m’avait fait Sybella la veille, à propos de ce temps où les étudiants essayaient leurs potions sur eux-mêmes. C’est vrai que j’avais déjà essayé quelques-unes des miennes, mais seulement après avoir répété jusqu’à la maîtrise complète de mes recettes … Ici, c’était différent. Et depuis lors, je m’imaginais mourir dans une souffrance atroce après avoir essayé cette potion de ralentissement. Si jamais elle m’ordonnait de la goûter, il faudrait à tout prix que je trouve une parade pour éviter de prendre un tel risque. Je me doute qu’elle sera déçue, mais je tiens encore un tant soit peu à ma vie … surtout si j’étais certaine d’avoir raté la potion.

Quoiqu’il en soit, j’avais dû demander à certains de mes camarades plus âgés de m’aider à trouver des informations sur cette potion, et j’avais réussi à récolter quelques livres que je m’étais empressée de lire dans ma petite chambrée à la pause déjeuné. Et j’avais vite compris que j’allais en baver. Le temps était très compliqué à maîtriser. Alors oui, le ralentissement semblait plus facile à essayer que le reste, mais bon … Serais-je assez rigoureuse ? Puissante ? Pour réaliser une telle potion ? Une part de moi me disait que si Sybella m’avait demandé de travailler dessus, elle devait penser que j’en étais capable … mais j’avais cette étrange sentiment qui ne cessait de revenir m’engourdir l’esprit en me faisant douter sur les intentions de la sorcière.

En ravalant mes soupçons, j’avais pris quelques notes au sujet de cette potion à réaliser. J’avais noté les ingrédients, leur lieux d’origine (sur quelques-uns je n’étais pas certaine de mes réponses), les quantités à doser (pour certains, il ne fallait que quelques grammes, ni plus ni moins, au risque de faire tout capoter), leur préparation (il y avait beaucoup plus d’étapes que pour la potion tue-mensonge) et enfin la réalisation de la potion en elle-même. J’avais des doutes sur certaines étapes. Ainsi, j’espère, en me rendant à l’académie pour rejoindre Sybella, que ma tutrice aura noté les indications comme elle l’avait la veille. J’ai tout de même la boule au ventre en frappant contre la porte de la salle. Et si, elle n’avait rien noté ? Et si elle me lançait me débrouiller seule ? Et si à la fin, elle me demandait de goûter ma potion ? Ou de la tester sur quelqu’un ? Et si je la décevais par mes réponses, mon attitude ? Et si elle décidait d’arrêter son monitorat ? Ou pire ! De me mettre de mauvaises notes ? Mon année ne serait pas validée ! Et alors que deviendrais-je ?

772 mots.

« Entrez. » ordonna Sybella d'une voix sèche. Elle était d'une humeur plutôt maussade. De mauvaises nouvelles que lui avait annoncé son père étaient à l'origine de son agacement et, malgré la nuit et le début de matinée qui avaient passés, son calme n'était toujours pas revenu. « Posez vos affaires et approchez-vous, mademoiselle. » L'idée de passer ses nerfs sur cette gamine était particulièrement alléchante mais elle ne désirait pas en devenir injuste pour autant. Pas tant qu'elle n'aurait pas fait d'erreur en tout cas. La brune sourit, faisant disparaître toute trace de mécontentement de ses traits, sans pour autant que son visage n'ai l'air rassurant. « Avez-vous déjà réfléchi à ce que vous voudriez faire, plus tard ? Dans quelle branche vous souhaiteriez vous spécialiser ? Divination ? Médecine ? Arts obscurs ? » énuméra la sorcière avant de marquer une pause, comme pour laisser le temps à son élève de donner sa réponse mais sans attendre toutefois qu'elle n'arrive. « Les potions, peut être ? » Sybella pencha la tête sur le côté, ses yeux braqués sur la silhouette de l'adolescente, comme si elle l'a jugeait, l'évaluait du sommet de son crâne jusqu'au bout de ses souliers. « C'est un art complexe, que celui des élixirs... » Encore une fois, Sybella contourna la paillasse pour se retrouver aux côtés de la blonde. Trois chaudrons de petite taille leur faisaient face, renfermant des liquides intrigants. « Il peut à la fois vous ouvrir les portes du paradis... » -Sybella survola celui de droite- « ou vous envoyer dans un enfer si terrible que même le Diable en personne n'oserait s'y aventurer... » Cette fois-ci, sa main virevolta au dessus du chaudron de gauche. « Etudier les potions exige de la rigueur et de l'implication, sans doute plus que dans de nombreuses matières... Cette discipline n'est pas faite pour les fainéants ou ceux qui chercheraient la facilité. C'est un chemin long et tortueux, et bien peu sont ceux à parvenir à maîtriser tout à fait cet art. » Elle-même était encore loin du compte. Si elle avait acquis des bases solides et pouvait se targuer d'être plus douée que la plupart des sorciers de sa classe, elle n'arrivait toujours pas à la cheville de ses maîtres et professeurs. « Si vous êtes prête à travailler dur, je peux néanmoins vous promettre que cela vous conduira sur le chemin des grandeurs. » La professeure attrapa une pipette et récolta quelques gouttes de la potion à sa droite. « Instigatio. » La femme brandit le liquide devant elle. « Si vous veniez à ingérer ne serait-ce que quelques gouttes de cette potion, vous seriez contraintes d'exécuter tout ce que je vous suggérerait de faire, sans vous douter un instant que ces paroles viendraient de moi... » La Dementiæ jeta le liquide dans un bol servant de poubelle, avant de répéter l'opération avec une verrerie propre sur le chaudron de gauche. « Quand à la potion de Mort-subite... Disons que son créateur devait avoir un sacré sens de l'humour, en l'appelant de la sorte... » Un sourire sadique passa furtivement sur le visage de la mage noire. « Si vous continuez dans ce domaine, vous apprendrez à faire chacune de ces potions par vos propres moyens. Et également celle-ci : du conglŏbātĭo, qui permet d'augmenter sa concentration durant quelques heures... » Sybella agita une fiole déjà remplie de la potion en question. « Si je juge votre travail convenable, je vous fournirai un échantillon... » La brune savait que les études au sein des académies sorcières étaient loin d'être de tout repos. Même si elle n'était encore qu'une gamine, Toupinou devait sans doute déjà ressentir la pression qui reposait sur ses épaules... Parfois, quelques heures de concentration pouvait être la clé d'une réussite qui permettait de se démarquer des autres... « Ne me décevez pas, mademoiselle. » Son regard se fit dure lorsqu'elle le posa sur son élève.

La mage noire s'approcha du tableau qu'elle ouvrit, révélant les longues explications qu'elle avait écrite. « Tout est indiqué ici. Vous pouvez commencez après les avoir lu une première fois, pour vous assurer de tout comprendre. » Sybella se rapprocha ensuite de la plus jeune et tendit la main. « Vous avez effectué les recherches que je vous avait demandé pour aujourd'hui ? »

723 mots

Dès mon entrée dans la salle, je comprends que ma tutrice de la soirée n’est pas de bonne humeur. Je prends note de cette information en me rendant près d’elle, un léger sourire aux lèvres. Je ne sais pas vraiment comment me comporter avec une femme que j’idolâtre, qui est visiblement agacée et qui peut – selon son souhait – rendre mon stage aussi difficile que pénible. Je doute que lui tapoter gentiment sur l’épaule soit spécialement une bonne idée, ou même celle de lui faire une blague enfantine. Ainsi, je préfère garder mon mutisme habituel et commence à sortir mes affaires de travaux pratiques en élève consciencieuse. Ceci fait, je m’approche près de Sybella, attendant ses instructions. Je l’entends alors me demander quels sont mes projets pour ma vie future. Bien qu’à l’école, c’est une question que l’on nous pose souvent, j’ai toujours cette impression désagréable de répondre à côté. La plupart de mes camarades ont des projets bien précis. Ils ont prévu la suite de leurs études, leur prochain métier et les retombées sociales que cela leur apportera. Pour ma part, c’est encore assez flou. Évidemment, j’aime l’art des potions, et je me dis qu’ouvrir un magasins de potions et d’herbes ne serait pas incohérent. Mais je suis tellement curieuse de la vie, que j’ai peur de m’enfermer dans une case sociétale et de ne plus pouvoir m’en échapper. J’aimerais faire tellement de choses : voyager, rencontrer d’autres races, essayer toutes sortes de métiers, peut-être même en exercer plusieurs … après tout n’étais-je pas encore jeune pour me contraindre à une seule spécialité ? « J’aimerais, peut-être, devenir herboriste et fabricante de potions … mais je me laisse encore le choix. » finis-je par répondre. « Je veux me laisser toutes les opportunités possibles. »

J’écoute attentivement ma tutrice lorsqu’elle évoque les potions et fais une petite démonstration avec trois d’entre elles. Je la trouve particulièrement charismatique pour le coup. Qu’est-ce que j’aimerais être comme elle. Je la vois évoluer dans cette salle, en lançant quelques incantations pour me montrer les effets des potions tests. Celles-ci ont l’air parfaites. Non pas que je sache les faire moi-même, mais je sais que j’ai trouvé en Sybella la parfaite professeure et j’en suis heureuse. Avec elle, je sais que je vais apprendre chaque soir de nouvelles choses : que ce soit une nouvelle potion, ou un nouvel ingrédient, en passant par une nouvelle façon de morceler de la tête de gingembre rosé. J’ai de la chance ! Quand finalement, elle me promet qu’elle me donnera une fiole de sa potion de concentration si mon travail est effectué correctement, j’ai des papillons dans l’estomac. C’est un très beau cadeau ! Même si je comprends qu’il va falloir que je sois encore plus concentrée que la veille. J’aimerais me montrer digne des attentes de Sybella.

Je lui donne le travail que j’ai effectué la veille, lorsqu’elle me le demande et j’espère qu’elle l’appréciera. Enfin, je lis les instructions pour cette nouvelle potion que je suis à la lettre. C’est une potion de ralentissement qui ne peut être utilisée que sur les végétaux et petits animaux. Les étapes sont faciles à suivre qu'escompté : il y moins d’ingrédients que sur les potions de ralentissement sur lesquelles j’avais travaillé pour mon devoir maison. Cependant, je sais, par expérience, que moins il y a de composants dans une potion et plus le praticien doit être méticuleux sur les temps de pose, de cuisson, sur la taille et la pesée des ingrédients. L’à peu près ne fonctionnera pas ici, car si tel est le cas, la potion sera complètement ratée et n’aura qu’un simple goût sucré ou alors elle aura des conséquences désastreuses : comme une pilosité augmentée sur une période indéfinie.

Je me sens plus à l’aise que le premier jour de ma venue ici. Je ne sais pas si c’est parce que je commence à connaître la sorcière ou si c’est parce que j’aime la façon qu’elle a de se comporter avec moi. Quoiqu’il en soit, j’essaie de tendre vers la perfection pour le confection de cette potion. J’ai un petit doute lorsque je découpe en petits morceaux les oreilles de porcs, parce que je ne me rappelle plus si je les avais bien faites bouillir avant. Me rappelant que c’était en effet le cas, j’ai pu continuer la recette sans d’autres incidents.

Je referme finalement le bouchon de ma potion terminée. J'étais tellement concentrée par ma prestation que je mets quelques secondes pour sortir de ma transe studieuse. Je tends mon récipient à Sybella. « Pour qu’elle soit complètement terminée, il faut la laisser reposer au froid pendant huit heures précises. Alors seulement, elle pourra être utilisée. » J’attends sa réponse et prend congés de ma cession de tutorat. Je ne reverrais ma tutrice que d’ici deux jours, pour l’étape finale de mon tutorat. « Dois-je faire d’autres devoirs pour la prochaine fois ? » je commence. « Et quand connaîtrais-je votre note ? Je ne suis pas pressée, juste curieuse. » terminais-je d'une voix mal assurée de peur de froisser la sorcière.

845 mots.

Sybella releva la tête du parchemin que lui avait donné sa disciple, corrigeant le devoir qu'elle avait fait. Il y avait quelques petites erreurs et des petits oublis mais, globalement, le travail était satisfaisant. A vrai dire, elle était agréablement surprise - un part d'elle même s'était attendue à un résultat médiocre de la part de cette gamine tête en l'air. Mais non. Son visage ne trahissait néanmoins aucunement ses sentiments lorsqu'elle releva la tête. « Très bien. Je m'occuperai de cette dernière étape puisque vous devez retourner à vos propres cours. » dit la brune en récupérant la fiole qu'elle glissa dans sa poche. « Vous pouvez disposer, après avoir ranger votre plan de travail. » la congédia l'enseignante. tout en reprenant ses notes sur le devoir de la fillette. « Hum oui, des devoirs... » Sybella ouvrit un tiroir et en sortit un parchemin enroulé, fermé par un bout de ficelle qu'elle tendit à la plus jeune. « Vous me ferez cet exercice, pour la prochaine fois. Il s'agit simplement de deviner une potion à partir de la liste de ses ingrédients ou au contraire de compléter la liste à partir du nom de la potion... Puisque nous ne nous reverrons pas avant cinq jours, je vous demande également de m'expliquer en quelques lignes les effets de chaque potions. » dicta la femme. « Pour ce qui est des notes -et de la potion de concentration- vous serez mise au courant lors du prochain cours. En parlant de cela, vous ne me rejoindrez pas ici mais à la serre de l'école. » Sybella trempa sa plume dans l'encrier avant de noter un commentaire sur le parchemin. « Si vous ne savez pas où elle se trouve, demandez à un concierge en partant, il vous expliquera. Je vous attendrai à huit heures tapantes, alors ne soyez pas en retard. » La professeure laissa l'enfant partir sans lui apporter plus d'attention.

Le reste de la semaine se passa étonnement vite. Entre ses cours personnels plus la mission que lui avait donné son père, la brune s'était retrouvée bien occupée. Sans oublier que la préparation du cours qu'elle donnait lui avait donné plus de travail encore. Sybella n'y avait jamais réellement songé auparavant mais être enseignant exigeait une charge de travail en dehors des salles de cours qu'elle n'avait jamais pris en compte. Si ce projet de tutorat n'avait pas été obligatoire pour continuer son cursus, elle ne s'en serait sans doute jamais aperçu et puisque enseigner ne l'intéressait aucunement, elle n'aurait jamais compris ce que pouvaient parfois ressentir ses propres professeurs. Heureusement pour elle, Sybella s'était retrouvée avec une fillette assidue, qui prenait son cours avec sérieux et discipline... Ce n'avait pas été le cas de certains collègues de sa classes qui avait tester avec plus ou moins de réussite les limites de leur encadrant.

« Bonjours, mademoiselle DeToupe. » salua la Dementiæ en passant à côte de l'élève qui l'attendait patiemment devant la serre où avait été donné le rendez-vous. Elle ne s'arrêta néanmoins pas pour lui expliquer ce en quoi consistait le cours de cette fois-ci, entrant tout simplement à l'intérieur tout en faisant signe à sa disciple de la suivre. « Aujourd'hui, nous allons nous concentrer sur la récolte des ingrédients. Nous avons la chance d'avoir un panel très variés d'éléments, ici. Beaucoup d'herboristes s'occupent de récolter les plantes puis de nous les vendre par la suite, mais il est parfois nécessaire de savoir récolter ses propres ressources. » Sybella se doutait que la plus jeune recevait des cours d'herboristerie, au vu de la réponse qu'elle lui avait fourni concernant son futur, mais elle comptait lui montrer des ingrédients quelques peu exotiques, que pouvaient lui proposer l'université là où son école du premier cycle se contentait des basiques. « Prenez un tablier et rejoignez-moi. » L'étudiante indiqua le placard où étaient stockés les protection vestimentaires avant de se diriger dans une allé particulièrement fournie. Lorsque la blonde l'eut rejoint, elle s'intéressa à une plante aux feuilles fines et aux fleurs grossières, d'un bleu argenté. « Les fleurs de lune sont particulièrement prisées mais il est extrêmement difficile de s'en procurer car leur récolte doit respecter certains codes très exigeants... Leurs pétales peuvent être réduits en poudres et faire un puissant anti-poison, mais ce sont surtout ses feuilles qui sont utilisées... Mais vous devez le savoir, n'est ce pas ? Vous avez dû la rencontrer dans l'exercice que je vous avait demandé de faire pour moi. »

776 mots

Je ferme mon livre après une journée chargée, consacrée à mes recherches pour le devoir de Sybella. Mes yeux me piquent mais je sais qu’elle attend un travail proche de la perfection. Et si cela peut me permettre d’obtenir une bonne note et quelques faveurs de mes professeurs, je dois tenter le tout pour le tout.
En regardant la pile de feuille qui trônent sur mon petit bureau, je réalise que j’y ai peut-être mis trop de zèle. Tant pis, au moins elle ne pourra pas me reprocher de ne pas avoir fait mon travail. J’y ai passé tellement de temps que je n’ai pas vu passer le reste de la semaine. Mes professeurs m’ont même demandée pourquoi je passais mes pauses et soirées à travailler à la bibliothèque. La bibliothécaire, elle-même, devait me presser de ranger mes affaires quand venait l’heure de la fermeture…
Non seulement, j’avais réussi à trouver tous les ingrédients manquants et le nom des potions à retrouver, mais j’avais en plus, fait un résumé, assez détaillé, pour chacune d’elles, en précisant les lieux de récolte des ingrédients et les étapes critiques lors de la préparation des potions. J’avais même écrit, en annexe, les effets secondaires éventuels de chaque potion proposée. Je suis assez fière de moi.
Il est maintenant l’heure de se reposer avant d’aller le lendemain dans la serre avec ma tutrice. Je profiterai du petit-déjeuner et du trajet pour réaliser une dernière relecture, et faire quelques ajouts de dernière minute.
A peine, ai-je touché l’oreiller que je suis déjà dans les bras d’Harabella.

Je me réveille le lendemain matin, l’esprit serein, bien que je sente une migraine s’annoncer. Décidée que cette journée se passe pour le mieux, je décide de me lever directement. Je m’habille rapidement, me passe de l’eau glacée sur le visage en espérant que cela réglera mon problème migraineux et empoigne mon tas de feuille. Je sors ensuite de ma chambre et me dirige vers la cantine.
Je suis l’une des premières arrivée pour prendre mon petit-déjeuner. C’est une bonne nouvelle. Je peux choisir la place que je veux et peux me mettre à relire mon devoir dans le calme.
A bout de ma deuxième gorgée de lait de chèvre, un de mes camarade se place devant moi et commence à manger bruyamment son repas. Indisposée, je lève mon regard vers lui. « A moins que tu ne l’ais pas remarqué, j’essaie de travailler … donc si tu pouvais fermer ta bouche ! » lui dis-je d’un ton acerbe. Le goulu ne lève même pas les yeux de ses tartines. Cela me met hors de moi et je sens ma migraine redoublée d’intensité. Non seulement, il n’en a rien à faire de ce que je lui dis, mais je suspecte, en plus, qu’il veuille réellement m’énerver : il y a assez de places ici pour qu’il choisisse, précisément, de se positionner en face de moi. « Si c’est comme ça … » commençais-je me levant un peu trop brusquement, ce qui renversa mon lait de chèvre sur la table et accessoirement sur mon devoir.

Interdite, je ne peux que constater les dégâts. J’arrive à sauver quelques pages, mais la grande majorité est presque illisible. « Tu as vu, ce que tu as fais ! » fais-je à l’élève, toujours en train de boulotter sa brioche. Je fourre les feuilles intactes dans ma besace et prends d’une main douce les autres. Je me retourne et commence à faire un pas, mais m’arrête en plein mouvement. Je refais face à mon camarade, qui se lèche un à un, les doigts. D’un geste vif, j’attrape son bol de lait et lui balance sur la tête. Je n’attends pas de voir le résultat de mon excès de colère et pars aussi vite que possible, mes feuilles tachées à la main.
J’accours complètement désespérée dans ma chambre. Je dois absolument trouver une solution pour réparer les dégâts ! Que dira Sybella si j’arrive les mains vides, ou ne serait-ce qu’avec une moitié de devoir ? Vite, vite, il faut que je répare tout ça. Mais aucune idée digne de ce nom ne frôle mon esprit. Abattue par les évènements, je m’affale sur mon lit. Peut-être qu’il vaut mieux que je n’aille pas à mon rendez-vous avec Sybella. Elle pensera peut-être qu’il m’est arrivée quelque chose et me laissera tranquille … ou peut-être qu’elle essaiera de me retrouver, et quand elle viendra ici, elle me verra là, affalée sur mon lit, pleurant sur mon sort … Non, ce n’est évidemment pas une option ! Si seulement, j’avais une potion sous la main pour revenir dans le temps afin d’éviter cette catastrophe … Si c’était possible, c’est sûr que je n’irai pas manger ce matin …

Et si c’était ça la solution ? Je ne parle pas de louper le petit-déjeuner, mais de la potion. Je me relève brusquement. Maintenant que j’y repense, n’y avait-il pas dans la liste des potions à travailler, une potion d’inversion ? J’avais même écrit dans mon devoir qu’elle pouvait être utilisée pour inverser certains effets négatifs. Avec une telle potion, je n’avais qu’à verser quelques gouttes sur mes feuilles endommagées et elles deviendraient comme neuves ! En plus, les ingrédients n’étaient pas très compliqués à trouver et la préparation était assez rapide ! Quelle chance !

Je sors en courant de ma chambre et revient quelques minutes plus tard, un tas d’objets dans les mains. Je balance le tout sur mon lit et commence la recette. Je mets plus longtemps que prévu, car j’ai du mal à me rappeler des quantités précises. J’arrive toutefois à récolter quelques grammes de liquide jaunâtre que je m’empresse de faire couler sur mes feuilles tâchées. Si mes souvenirs sont bons, je dois attendre moins de cinq minutes avant de retirer le trop-plein et de constater le résultat.

Avec tout ça, je risque d’être en retard à mon rendez-vous. Pendant l’attente, je prépare mes affaires et m’en retourne vers mon devoir. J’enlève le surplus de liquide. Je alors place une feuille devant mes yeux. La potion a plus que fonctionné ! La page est comme neuve ! Pas de doute là-dessus ! Elle a tellement fonctionné que ma page est totalement blanche. Aucune trace de lait … et encore moins d’écriture !

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J’arrive essoufflée à la serre de l’Académie avec deux minutes d’avance. J’attends ma tutrice, la boule au ventre. Comment lui annoncer que mon devoir est parti en fumée ?
Quand je la vois arriver vers moi, je n’ose même pas à regarder dans les yeux. Je la suis dans la serre et fais ce qu’elle me demande. « Mmh » toussoutais-je mal à l’aise. « Oui, je me souviens des fleurs de lune … et de leurs feuilles qui ont pour propriété d’entrer dans la constitution des potions d’invisibilité. » terminais-je la voix chevrotante. « Je souhaitais également vous parler de cet exercice … » A l’idée d’avouer ma faute, de constater sa déception et d'avoir une si mauvaise note, que je devrais sûrement dire adieu à mes études, je n’arrive pas à aligner trois mots cohérents et finis ma tirade en sanglotant de plus belle : « Tout fait … tout fini … J’vous juuuuure … tartines … lait et plouf … fichus … devoir tout fait … potion d’inversion … devoir tout fini … et puis … pouf plus rien … pas ma faute … j’vous juuuurrrre ! Qu’est-ce que vous allez penser maintenannnnnnt ! … mauvaise note … c’est sûr ! … renvoyée … déçue … finir mangée par des charognards … pire ! Mourir ! … Tout fait, tout fini ! … Maintenant que ça ! » D'une main tremblante, je lui tends mon devoir : une moitié de feuilles manuscrites et l'autre d'un blanc immaculé.

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Désolée pour l'attente. Dur, dur avec les révisions. Je suis un peu partie WTF à la fin ^^

Sybella attrapa les copies que lui tendait la blonde, un air agacé sur le visage. Elle n'avait jamais aimé les enfants, ceux-ci ayant toujours eut un talent inné pour mettre sa patience à rude épreuve. Elle détestait en particulier lorsque les mioches se mettaient à chouiner, que cela soit le résultat d'un caprice ou l'expression de leur tristesse. Voir des larmes de crocodiles ne l'amadouait aucunement, augmentant bien au contraire sa lassitude. La brune soupira donc, sentant son corps se raidir face à la réaction puérile de sa disciple. Gardant le silence, elle examina avec attention les pages que lui avait rendue l'élève. Si quelques unes étaient gribouillées d'encre, la plus part étaient immaculées. En s'intéressant à celles qui contenaient des réponses, Sybella s'aperçut que l'exercice commençait non pas à la première question, mais en plein milieu de l'énoncé. Les quelques réponses encore disponibles semblaient bien fournies, avec suffisamment de détails pour témoigner d'un travail assidu. Si l'on prenait également en compte le précédent travail qu'elle lui avait rendu, on pouvait conclure que mademoiselle DeToupe était une élève appliquée, qui prenait au sérieux le travail que l'on exigeait d'elle. Elle ne semblait pas être le genre de cancre à oublier de faire la moitié de ses devoirs ou à essayer de mentir pour éviter une correction... Sans oublier que la Demantiae avait développé une faculté très utile, lui permettant de repérer les mensonges... Or, en écoutant la blonde pleurnicher, elle n'avait ressentit aucune tentative de mensonges... La professeure soupira et roula les parchemins avant de les ranger dans la poche de sa robe. "Gardez votre sang-froid et reprenez-vous, je vous prie." Son regard de marbre se posa sur le visage ruisselant de la plus jeune. "Réagir de cette façon ne vous mènera à rien. Qu'essayez-vous d'obtenir, au juste ? De la pitié ? Tss." Sybella plaça ses mains derrière son dos, adoptant une posture stricte. "Il est difficile d'imaginer une telle stratégie fonctionner, au seins de la hiérarchie sorcière. Au contraire, montrez-vous fière, et au lieu de regrettez, assurez-vous toujours de ne rien faire qui puisse vous mettre dans un tel embarras." Continuer à la sermonner n'aurait sans doute servi à rien, cette gamine était déjà dans un état pitoyable. S'amuser à la tourmenter davantage ne l'aurait d'ordinaire point déranger, mais puisqu'elle devait encore la supporter durant la durée de son cours, Sybella ne tenait point à la voir se morfondre. "De plus, je suis encline à vous croire. Néanmoins, vous comprendrez que je ne peux me permettre d'accepter un tel résultat... Je vous laisse une seconde chance... Appréciez-là, ce sera la première et dernière fois que je vous en accorderai. Recommencez ce devoir intégralement, et rendez-le moi pour demain-soir, avant que je ne quitte l'Académie. Je vous évaluerai sur ce devoir." Sybella fit une pause de quelques secondes avant de soupirer. "Et vous devrez malheureusement faire une croix sur la potion de concentration... Obtenir un tel avantage se mérite, et votre bêtise vous éloigne de ce genre de récompenses."

La sorcière se tourna de nouveau face à la plante, qu'elle effleura du bout du doigt. "Bien, passons à autre chose." La plus âgée se remit en marche et passa devant plusieurs plantes, s'arrêtant devant certaines pour exposer des propriétés notables ou pour interroger son élève sur des végétaux vus lors de l'exercice : une chance supplémentaire pour la jeune fille de remonter dans son estime et lui prouver qu'elle avait en effet travailler son devoir. Pendant près de trois quarts d'heure, la Fidèle d’Asresh continua son exposé avant de finalement s'arrêter devant une plante mise en pot. "Si je vous ai amené ici, c'est pour vous permettre de récolter vos propres ingrédients. Nous nous intéresseront à deux d'entre eux. Le premier est le nectar de Rubisol." Sybella s'empara d'une paire de gant en peau de bicornes et les enfila, invitant la novice à faire de même avec une seconde paire. "Selon l'ingrédient avec lequel on le couple, il peut avoir la capacité de décupler ou au contraire d’annihiler les propriétés des potions... Durant un temps, on l'utilisait pour empêcher l'empoisonnement, avant de se rendre compte qu'en consommer en trop grande quantité était également nocif pour l'organisme. Au final, ceux qui avaient voulus se protéger de leurs ennemis se sont eux-même mis en mauvaise posture." Sybella s'empara d'une pince en métal et manipula la fleur rouge écarlate qu'elle avait arraché, et commença à extraire le nectar pourpre. "Faites attention néanmoins, on ne peut point la toucher à mains nues, à moins bien sûr de vouloir voir sa chaire se consumer d'elle-même."

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Je ne sais pas ce qui est le pire : devoir ravaler mes larmes, honteuse ; la remontrance presque douce de Sybella ou le fait qu’elle accepte toutefois mon devoir … Je ne sais même pas quoi dire. Pour toute réponse, je hoche la tête dans un sanglot et fais le deuil de la potion de concentration. J'ai presque envie de lui faire répéter lorsqu'elle me donne une seconde chance ! C'est vraiment la tutrice de rêve ! J’essaie toutefois de lui dire merci, mais seulement un gargouillis incompréhensible sort de ma bouche. Tant pis.

Je respire un bon coup. Et je suis ma tutrice dans la serre, buvant ses paroles. J’ai vraiment de la chance de l’avoir eu comme tutrice. Vraiment. J’ai appris tellement de choses !!! Et puis, il faut le dire ! Akira avait raison : elle est vraiment très douée ! C’est décidé, Sybella sera mon nouveau modèle. Si j’arrive à exceller comme elle, je deviendrais quelqu’un, c’est sûr !

Je suis ses instructions pour récolter le nectar de Rubisol, après avoir mis des gants. Sous l’émotion, j’en reverse un peu sur le sol, mais arrive à ne pas faire plus de dégâts. J’essaie de répondre à toutes ses questions. Je dois rattraper mon devoir accidenté et mon attitude larmoyante. J’espère avoir été à la hauteur. Je ne veux plus la décevoir. Pas elle. Je ne veux plus revoir ce regard qu’elle m’a lancée plus tôt. Pas sur elle. Non, je veux qu’elle soit fière de moi. Fière de m’avoir eu en tant qu’apprentie. Fière de mes résultats et de mon parcours.

Je ne sais pas quoi faire pour qu’elle ne m’oublie pas. Qu’elle sache qu’elle est devenue importante pour moi bien que cela ne fasse pas si longtemps que l'ai rencontrée. Je ferais presque n’importe quoi pour elle … Comment lui dire ? Comment lui faire comprendre ? Je ne suis pas vraiment quelqu’un qui sait évoquer ses sentiments. Pas de la bonne façon, en tout cas. En fait, je crois que les seuls êtres avec qui j’arrive à être réellement moi-même sont mes amis chauve-souris. Et je ne peux pas dire que j’ai des discussions très portées sur tout ce qui est sentimental ... Surtout que chez les Sorciers … Je n’irais pas jusqu’à dire qu'il s'agit d'un sujet tabou, mais presque. Et pourtant, j’aimerais lui montrer ma reconnaissance, toute la gratitude que j’éprouve pour elle. Mais je ne veux pas en faire trop ...

C’est l’heure de se séparer … mais je reste pantoise. Que dois-je faire ? Manquant sûrement encore de courage, j’attends qu’elle me libère et retourne dans ma chambre étudiante où je décide de terminer le devoir qu’elle m’a demandée de lui rendre pour le lendemain soir.

Comme lors de ma première tentative, je travaille assidûment et je suis ravie de constater que j’arrive à exécuter ma tâche plus rapidement que la première fois, puisque mon travail est encore frais dans ma tête … Alors, une fois mon exercice terminée, je laisse mon esprit divaguer afin de trouver comment remercier ma tutrice. Est-ce qu’elle aimerait que je lui fasse un cadeau ? Peut-être … Mais je ne la connais pas vraiment. Est-ce qu’une plante lui plairait ? Sûrement. Mais laquelle ? J’ai peur de faire une bêtise … Sans parler qu’elle devra encore noter ma prestation… Et si les conséquences de mon geste étaient terribles ? Et si, mon cadeau ne lui plaisant pas, elle estimait qu’elle devait ternir ma réputation chez les Sorciers ?!?

Le lendemain, je me rends une dernière fois dans la salle de cours, retrouver Sybella. Je suis chargée de mon devoir : une pile de feuilles manuscrites d’une hauteur plus qu’honorable. « Bonsoir » fais-je à la sorcière. « Voici mon devoir, comme demandé. J’ai essayé d’être la plus précise possible. J’espère que cela sera suffisant pour vous. » terminai-je en posant mon devoir sur la table. Puis j’attends devant elle, les mains dans mon dos, en regardant mes pieds. Je décide de faire apparaître une plante en chocolat entre mes mains et je la lui présente ensuite. « Je ne savais pas trop quoi faire pour vous remercier pour tout ce que vous m’avez appris … alors voilà. » Je pose la plante à côté de mon devoir. « C’est en chocolat. Il paraît que c’est bon … Je n’en ai pas encore goûté. Mais je n’en entends que du positif alors, c’est que ça doit être potable ... » Je regarde mon cadeau puis Sybella, un peu gênée. J’espère que cela suffira pour qu’elle comprenne. Et si ce n’était pas le cas ? Alors, sur un coup de tête, je m’approche de la brune, et d’un geste impulsif, je l’embrasse sur la joue. « Bon, bah … au revoir ! » Je ne prends pas le temps d’observer la réponse de Sybella face à mon geste et m’enfuie presque de la pièce. Au moins, maintenant, elle sait.

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