Zane et Raeden

Maman maman, regardes, il y a un spectacle de marionnettes ! On peut aller voir ? S'il te plaît, dis oui !

Hmm …

S'il te plaît ! Maman !

Les deux gamins regardaient leur mère avec de grands yeux suppliants, les mains presque jointes.

Bon d'accord …. Mais c'est bien parce que vous avez été sages. Par contre, dès l'instant où je dis qu'on y va, on y va et je ne veux pas vous entendre râler !

Promis !

Merci Maman !

Des cris de joie accompagnèrent la déclaration de la mère alors que les deux enfants avaient déjà fait demi-tour et se précipitaient vers le petit théâtre de marionnettes qui avait été installé sur la place. Un certain nombre de personne s'était déjà regroupé à cet endroit. Une scenette venait de se terminer et les gens attendaient la suivante, tandis que d'autres continuaient leur chemin. Les deux enfants se frayèrent un passage parmi les adultes, poussant un peu les corps pour finir par se faire une place devant la petite devanture en bois qui avait été installée. A hauteur d'homme, un rideau rouge fermait la petite scène. L'ensemble des gamins présents, la plupart assis par terre, se mirent à taper sur leurs genoux en scandant « une autre », « une autre » avec leur petite voix joyeuse où bouillonnait l'impatience. Le rideau rouge frémit et s'ouvrit lentement tandis que les bambins poussaient des cris de joie et que les adultes souriaient. Deux marionnettes en bois firent leur entrée, chacune de leur côté de la scène. Faites en bois, les éléments du visage étaient sculptés directement dans la matière. Elles mesuraient une quinzaine de centimètre. Au sommet du crâne de celle de gauche pointait deux cornes tandis que celle de droite était auréolée. La cornue était aussi composée d'une chevelure importante, digne d'une fille, même si les traits des deux protagonistes étaient purement masculin. D'ailleurs, on pouvait y reconnaître en réalité les visages de Zane Azmog et Raeden Liddell. Le public ne s'y trompait pas.

La Bête rôde et fomente comme le vil qu'elle est.

La marionnette de Zane tournait sur elle-même, se penchait, grattait, comme s'il s'agissait en réalité d'une bête en cage, d'un fauve ou encore d'un taureau prêt à charger.

Le Délaissé protège la veuve et l'orphelin comme le juste qu'il est.

Il n'y avait pas d'autres marionnette sur la scène mais on imaginait très bien la scène tandis que la poupée de bois de l'Ange faisait tournoyer son épée.

Leur chemin se croise une nouvelle fois !

Le marionnettiste narrateur, invisible du public se mit soudain à moduler sa voix pour personnifier à tour de rôle celle de chaque personnage.

Satané Emplumé ! Encore sur mon chemin ! Je vais te faire tâter de mes cornes, je vais t'attraper toi et ton épée et te faire tourner comme un soleil ! Ce coiffeur sera mien !

Pas si vite, Démoniaque ! Laisse donc ce pauvre homme tranquille ou je me charge moi même de te refaire une coiffure !

Les deux marionnettes s'affrontaient de façon grossière, se tapant dessus plus qu'autre chose. La situation ne semblait pas réellement évoluer.

Puisque c'est ainsi, je vais sortir mon arme magique : la brosse à cheveux démoniaque !

Oh non ! Pas la brosse à cheveux démoniaque ! Qu'allons nous faire ? !

Les enfants éclataient de rire, certains se tenant les côtes. D'autres avaient poussé des cris de surprise et d'étonnement devant l'attaque sournoise du Démon ! Comment l'Ange allait-il bien pouvoir s'en sortir ? Etait-ce la fin pour lui et pour le pauvre coiffeur ? Il ne pouvait en être ainsi ! Cependant, l'Immaculé avait plus d'un tour dans son sac !

Ah ah ! Tu ne m'auras pas aussi facilement Zane ! A mon tour de sortir mon arme secrète ! Les ciseaux magiques !

L'épée fut remplacée par une paire de ciseau et le combat reprit. Les pantins de bois virevoltaient et bougeaient dans tous les sens, sans qu'aucun ne semble prendre le dessus sur l'autre. Puis soudain, l'Ange plongea en avant, ciseaux ouverts. Des cris résonnèrent dans l'assistance tandis que quelques gosses se cachaient les yeux ou bien mettaient les mains devant leur bouche grande ouverte. Une catastrophe venait d'arriver. Un cataclysme d'ampleur mondial : les cheveux de la Bête venaient de tomber, coupés net par le tranchant des lames affûtées !

Mes mèches ! Qu'as-tu fais malheureux ! Mes si belles mèches ! Je me vengeraaaaiiiiii

Finissait de crier la marionnette de Zane tandis qu'il disparaissait dans les limbes, pour cacher à la face du monde sa déconvenue capillaire.

Coiffeur, vous êtes à présent sauf ! Parcourez le monde et répandez la bonne parole chevelue !

La marionnette de Zane réapparut pour venir saluer le public avec celle de Raeden tandis que le rideau rouge se refermait lentement sur la scène.

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