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 [Événement] - Contemple ton âme

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Mitsu
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Mitsu
Mer 23 Mai 2018, 22:34

Contemple ton âme





Lorsque les premières notes s’élèvent, je m’oublie. Je m’oublie parce que la musique a ce pouvoir de transcender l’être, de lui faire ressentir mille et une nuances, des nuances si subtiles qu’il pensait les avoir depuis longtemps perdues ou oubliées. Certaines, même, semblent provenir d’un passé lointain ou imaginaire. Lorsque mes doigts caressent les touches, je m’oublie. J’oublie le mal que j’ai fait, j’oublie celui que je fais. J’oublie les faiblesses de l’enfant que j’étais jadis et les forces de la femme que je suis devenue. La musique a ce pouvoir merveilleux d’être capable de fêler la glace la plus dure et ancienne. Ainsi, en suivant les notes que je façonne, la création advient. Je peux jouer la tristesse et, alors, comme par enchantement, celle-ci s’incarne en moi. Je suis triste de ne plus pouvoir contempler son ombre se dessiner lorsque la lune est à son zénith. Je suis triste de contempler ce Monde qui, parfois, court à sa perte. Ce que je ressens, cette déchirure, ne fait que s’amplifier, grondant en ma poitrine de plus en plus fort, jusqu’à ce que des frissons saisissent ma peau. Et les aigus possèdent cette particularité de faire trembler mon menton, de déposer l’humidité au plus profond de mon regard. Il n’y a pas que les pensées qui font naître la mélancolie. Le vide est un sentiment tout aussi dévastateur. Le désespoir peut naître du vide, de cette impossibilité de croire encore à demain, de cette impossibilité de s’imaginer d’ici quelques lunes. Lorsque l’avenir semble fermé, le présent devient fade, parfois. Pourtant, d’autres fois, lorsque la fin s’approche, la vie prend soudain tout son sens, et la vigueur revient, telle un crescendo sorti du plus profond de l’âme. Ne faire qu’un avec la musique est un art, une passion, bien plus grande que celle qui unit deux corps. Et lorsque l’on est rejoint par l’être qui compte le plus à nos yeux alors la magie opère.

Lorsque mes premières notes s’élèvent, j’oublie. J’oublie que je suis séparé d’elle et que notre existence n’est qu’une partie d’échec au Destin incertain. Je veux jouer la tristesse parce qu’elle a le pouvoir de délivrer mon cœur de celle qui le hante. Mes doigts s’accordent aux siens et nos mains courent, ensemble, sur le clavier de notre passé déçu et de nos guerres inutiles. J’oublie ses caprices comme j’oublie la réalité. Je l’imagine s'avancer vers moi dans sa robe blanche et me sourire en me proposant de suivre un chemin. Peu importe le sentier qui portera nos pas, peu importe les décors, tant que je suis avec elle. Nos mains se frôlent sans que nos griffes acérées ne nous blessent. Je souris. Je sais qu’elle m’a reconnu malgré mon apparence tronquée et mes futiles manigances. Qui en ce monde pourrait épouser ses notes avec autant d’aisance ? Elle ne lutte pas, parce qu’elle sait que le temps de cette mélodie n’est qu’une parenthèse dans nos jeux malsains. J’aimerais qu’il en soit autrement. Si tu savais comme j’ai essayé de t’aimer. Si tu savais comme je t’aime. Je n’ai pas besoin de caresser ta peau ni de baiser tes lèvres, tant que je te sens à mes côtés. Et je joue la tristesse parce que je sais que tu n’es qu’une garce et que je ne suis qu’un fou.

Lorsque nos notes s’élèvent, ensemble, nous oublions. Nous oublions que nous sommes deux. Nous ne formons qu’un, comme, durant des siècles, ce fut le cas. Lorsque nos notes s’élèvent et que la tristesse hante nos pensées, alors nous imaginons notre avenir commun. Nous nous imaginons danser, l’un contre l’autre, comme de vieux amants que les années n’ont pu séparer. N’est-ce point encore le cas ? Le reflet de l’autre semble teinté de cette nostalgie qui détruit tout sur son passage. Pourtant, si nous en sommes là aujourd’hui, c’est du fait de nos jeux funestes. Nous pourrions simplement les arrêter et avouer le fond de nos pensées. Nous pourrions simplement les arrêter et choisir de ne former plus qu’un pour l’éternité. Mais notre histoire ne peut se terminer par « Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. ». Alors, nous savons que notre quotidien continuera. Inlassablement, nous chercherons à nous détruire, faute de savoir nous aimer. Inlassablement, nous chercherons à nous faire souffrir, faute de vouloir franchir cet unique pas. La peur est-elle ce qui paralyse nos vies ? Ou est-ce l’avidité ? Pourtant, si demain tu devais disparaître, je mourrai de chagrin. Et, si demain tu devais disparaître, je détruirai le monde. Tu sais que je t’aime alors pourquoi fuis-tu ? Je suis la femme faite de la même matière que les rêves et tu es le prince des cauchemars, quelle autre explication attends-tu ? Je n’attends pas d’explication. Ces titres n’ont d’importance que pour ceux qui leur en donne. Je suis prêt à brûler tout ce que je possède pour que tu me reviennes. Crois-tu que ceci illustre notre Destin ? Courir, ensemble, main dans la main, vers un avenir commun ? Je me fiche du Destin. Je détruirais le Destin si cela pouvait te convaincre. Je sais. Alors ? Alors tu sais très bien ce qu’il en est. Tu devines mes notes avant même que je ne les façonne. Tu es dans ma tête, à chaque seconde, à chacune de mes inspirations et de mes expirations. Tu me connais mieux que quiconque. Tu sais. Oui, tu as raison, je sais. Alors continuons à faire semblant de nous déchirer.

Lorsque la dernière note retentit, les deux musiciens se levèrent. Il la regarda, elle le contempla. « Je me battrais jusqu’à la mort. ». « Et elle saura t’accueillir. ».

929 mots

Explications


Hello  [Événement] - Contemple ton âme  89467589
Oui j'écris, ça me détend xD

Il s'agit d'un lieu général, accessible à tout le monde. Sur les rives du Lac Bleu ont été installés plusieurs instruments, accessibles au public | Un peu comme dans certaines gares, je ne sais pas si vous connaissez. Bref, l'objectif du rp est simplement de faire jouer votre personnage de l'instrument de son choix ou de le faire écouter les musiciens en décrivant ses pensées, ce que la musique lui fait imaginer. Bien sûr, si vous avez des spécialités en mousse, votre personnage s'avérera moyen voire carrément nul dans la pratique de tel ou tel instrument. Le mieux est que vous mettiez la musique qui correspond à votre message. Bien sûr, ne me mettez pas de la techno ou des chansons xD Il faut qu'il y ait uniquement un ou plusieurs instruments. Il y a un peu de tout, dispersé ici et là. Vous pouvez donc trouver des violons, des pianos, des flûtes, des tambours etc etc. Donnez libre cours à votre imagination et laissez-vous porter par la musique ^^

Tout le monde peut participer du moment que la présence de votre personnage sur les Terres du Lac Bleu est logique. Vous avez jusqu'au 25 juillet 2018, 23h59, pour poster.

Gains


Pour 900 mots :
- 1 point de spécialité

J'offrirai sans doute un truc si un ou plusieurs messages me transcendent par la beauté de l'écriture, la beauté de la musique et la beauté de l'ensemble. C'est subjectif mais c'est la vie  [Événement] - Contemple ton âme  1844408732

N'oubliez pas de déclarer vos gains ^^

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Invité
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Mar 29 Mai 2018, 02:22


Le voyage avait été long, les errances nombreuses. Après des semaines de pérégrinations clandestines, dissimulé sous une vaste cape pour cacher les ailes blanches qui l’auraient irrémédiablement exposé au danger, Nikolaz voyait enfin les rives du Lac s’étendre à perte de vue devant lui.
Il était épuisé. Il était triste.
Une larme perla au coin de ses yeux lorsqu’il s’arrêta au sommet de la butte herbeuse et contempla le spectacle céruléen. Il touchait au but. Les Jardins de Jhën n’étaient pas loin, il le savait.
Les Anges étaient tout proches.
Il avait si souvent rêvé de ce peuple sans visage.
Il était à leur poursuite depuis si longtemps.
Mais en cet instant, il sentait ses jambes trembler.
Nikolaz inspira profondément pour se calmer. Il laissa son regard se perdre dans l’infinité du paysage. La nature généreuse avait offert à cette région des bosquets vallonnés et cette incroyable étendue d’eau qui avait fait don de son nom au territoire magicien : le Lac Bleu.
Un sentiment grondait en lui. Impatience et appréhension, ourlées d’un frémissement sur lequel il ne parvenait pas à mettre de mots. Son identité cherchait son complément, sa complétude. Lui, Ange, retrouverait bientôt son peuple et comprendrait enfin ce que cela signifiait réellement d’en être un.
D’un geste lent, Nikolaz renversa la profonde capuche sur sa tête, laissant les rayons du soleil arroser sa chevelure presque blanche. Il ferma les yeux quelques instants en savourant l’incroyable sensation que lui procurèrent la chaleur et l’air sur son visage. Enfin. Il n’était plus contraint de se cacher.
Nikolaz se résolut finalement à quitter sa butte. D’un pas mesuré, il regagna les bords du Lac. Il lui fallait encore le contourner sur quelques kilomètres, puis il arriverait à destination.
Mais il n’avait pas fait quelques mètres qu’une mélodie atténuée par la distance lui parvint. Il ralentit la cadence. La musique était vraiment très belle. Malgré son impatience d’atteindre les Jardins de Jhën, il avait envie de s’arrêter un peu pour écouter.
Le jeune homme bifurqua et, s’éloignant des rives du Lac, suivit les notes. Il fut surpris de découvrir que des instruments de musique apparemment sans propriétaire parsemaient sa route. Et, au milieu de cet orchestre silencieux, un soliste au piano jouait.
Il était jeune. Il avait fermé ses yeux.
Nikolaz s’immobilisa et garda son regard posé sur le musicien. Sans qu’il ne sache pourquoi, il avait la gorge un peu nouée. C’était comme si, mis à nu, il se faisait pénétrer de toutes parts par la musique qui s’échappait des doigts du pianiste.
Et les images s’animèrent dans son esprit.
La musique était un chemin. La musique racontait une histoire. C’était son histoire, car Nikolaz voyait soudain ses longues pérégrinations défiler sous ses yeux comme un cinéma coloré. Il avait vu des paysages, il avait croisé la vie d’inconnus. La vie au-delà des frontières de Lummaar’Yuvon était fabuleuse de diversité, au-delà de toute imagination. La musique du pianiste ravivait le souvenir de ces voyages, tricotant entre réminiscences et rêveries.
Nikolaz ferma les yeux. Une perle naquit au creux de sa paupière.
La musique jouait toujours.
Un visage vint flotter sur l’écran des pensées de l’Ange. Il eut la sensation que le regard d’Anîhl le transperçait avec la même transparence que sous le soleil de Bouton-d’Or. Son cœur se serra. De tout ce qu’il avait laissé derrière lui à son départ, il ne s’était pas attendu à ce que serait elle qui lui manquerait le plus.
Amour. Ce fut ce qui submergea soudain Nikolaz, par la musique lame de fond et écume sur l’émotion. Il rouvrit les yeux. Était-ce la pensée d’Anîhl qui lui mordait le cœur et lui imposait le brutal besoin de crier son amour à tous ceux qui l’avaient aimé en retour ?
Mais non. Il était parti et ne rentrerait plus au berceau de son enfance. Il leva les yeux vers les vallées alentour.
S’il avait été touché par la beauté du lieu en arrivant, il lui sembla qu’observer ce nouvel univers sous les touches de la musique parait l’endroit d’une magie toute particulière.
La gorge plus nouée que jamais, il fut traversé par l’idée que peut-être, il verrait désormais tout les jours le soleil se lever derrière ces vallées.
L’immensité du tournant que prenait sa vie en cet instant précis percuta Nikolaz en plein fouet. Désormais, plus rien ne serait pareil. Il entamait un nouveau chapitre de son existence.
Il deviendrait bientôt un Ange à part entière.
Il arrivait à ce point dans ses pensées lorsque la musique toucha à sa fin. Nikolaz eut la sensation de chuter d’une hauteur vertigineuse. Le tourbillon tourmenté du morceau avait levé la tempête en lui et le silence ramenait le calme aussitôt avec soi.
Le pianiste se tourna vers Nikolaz. Il souriait et avait les yeux transparents.
Des yeux qui rappelèrent à Nikolaz le regard d’Anîhl.
-Vous êtes là depuis longtemps ? voulut savoir le musicien.
-Je ne sais pas, répondit Nikolaz en toute sincérité.
Il lui paraissait surréel d’avoir un contact humain après l’envol éthéré de ses pensées. Il avait l’impression d’être à des années-lumière des autres Hommes. Surmontant malgré tout son hébétude, il dit :
-C’était beau. Merci.
Cela arracha un rire et un battement de cils au pianiste.
-J’aime particulièrement jouer ici, expliqua-t-il en se tournant à son tour vers le paysage. Faire de la musique en étant entouré de toute cette splendeur et cette harmonie procure un sentiment indescriptible.
Nikolaz acquiesça, persuadé de comprendre ce que l’autre voulait dire, même s’il n’avait lui-même jamais touché à un instrument. En simple auditeur, il avait déjà pressenti cette harmonie parfaite avec le monde.
-Je vais poursuivre ma route, annonça-t-il en amorçant déjà un pas, une fois qu’un silence se fut écoulé entre eux.
-Bon voyage, lui souhaita le pianiste. Où allez-vous ?
-Plus très loin. Aux Jardins de Jhën.
Le regard du pianiste s’alluma.
-Votre venue va faire des heureux.
-Moi le premier, répondit Nikolaz avec un petit sourire, et dans un froissement de cape, il s’éloigna.
999 mots
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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

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◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Mar 29 Mai 2018, 12:29


Musique
Tu étais allongée sur le sol humide de la forêt, écoutant les bruits de la nature. Le vent faisait bruisser les feuilles vertes au-dessus de ta tête, comme un murmure léger et apaisant. Les animaux autour de toi vaquaient à leurs occupations habituelles, laissant entendre les bruits de leur vie quotidienne. Tu étais épuisée. Après un nouvel échec, tu avais dû fuir le plus loin possible pour échapper à tes assaillants qui, une fois encore, t'avaient repoussé, traité de monstre et banni de leurs terres. Tu étais finalement venu t'échouer là, au milieu de ces arbres protecteurs, à bout de force et affamée. Tu étais parvenue à trouver quelques baies et autres fruits sauvages pour calmer ton ventre grondant, et la douce nuit t'avait permis de récupérer un peu. Ton cœur était serré, et une certaine envie de pleurer nouait ta gorge. Néanmoins, tu savais qu’il ne fallait pas te laisser aller aux larmes. Le cri de chagrin que tu produisais alors était des plus sinistre, et avait tendance à effrayer la population locale. Tu n’avais pas envie qu’une fois encore on vienne te chasser.

Perdue dans tes pensées moroses, tu ne fis pas attention aux bruits de pas qui se rapprochaient, ni aux rires des jeunes femmes qui venaient par là. Lorsque tu entendis leurs voix percer à travers les arbres, tu te redressas précipitamment sur tes pattes. « Oh, regardez Dame Lenesta ! Nous en avons finalement trouvé un ! » « Et juste à côté, un erhu ! Votre fils pourra nous montrer à tous ses progrès ! » Ta respiration s’accéléra. Tu avais peur. Peur qu’ils t’aperçoivent, et te force à partir. Tu ne voulais pas partir, cet endroit était paisible…Presque accueillant. Alors tu restas immobile, trop effrayée de bouger. Tu aurais pu prendre la fuite, pour t’aventurer plus loin dans le bosquet, mais tu craignais de faire trop de bruit. « Effectivement… Viens, Léo. Joue avec moi. » A travers le crâne posé sur ton visage, tu observas la scène. Une femme s’installa sur une buche et serra quelque chose contre elle. Tu ne savais pas de quoi il s’agissait. C’était gros, en bois, et ça avait des courbes. Un manche sortait du corps et des cordes y étaient accrochées. Un petit garçon, très jeune, s’installa aux côtés de la femme. Il tenait lui quelque chose de beaucoup plus petit, mais avec des cordes malgré tout. Devant eux, quatre demoiselles s’étaient assises sur une couverture qu’elles avaient installées au sol. La femme inspira et fit glisser un bâton sur les cordes.

Un son mélodieux sortir de la chose. Il raisonna dans l’air, et déclencha un long frisson le long de ton corps. Bientôt, l’enfant rejoignit sa mère et les deux mélodies se mélangèrent, valsant l’une avec les autres, entrainant les âmes et les esprits dans leur danse grâcieuse… Tu n’écoutais plus la nature, désormais, seule cette musique occupait ton esprit. Elle te submergeait, t’envahissait, raisonnant au plus profond de ton être. Comme si elles te parlaient directement, comme si elles s’adressaient à toi, aussi clairement que des hommes ou des femmes, les notes racontaient une histoire. Elles ravivaient des souvenirs douloureux, une vérité à laquelle tu ne pouvais échapper. A croire qu’elles te comprenaient. Elles exprimaient tes lamentations silencieuses, tes cris de désespoir. Elles laissaient s’échapper haut et fort tes peines et tes plaintes… Pendant un instant, c’est comme si cette berceuse avait lavé ton esprit de tout ses cauchemars. L’avait débarrassé de tous ses tourments. Hypnotisée, tu ne pouvais retenir les frissons qui dévalaient le long de tes membres, les tremblements qui secouaient ton corps. Sans t’en rendre compte, ton corps tout entier se penchait vers cette scène irréelle, se rapprochant des créatures qui en étaient à l’origine…

Puis tout à coup, les cordes cessèrent de vibrer, laissant place aux applaudissements et aux petits cris de joie des spectatrices, qui complimentaient les performances des musiciens, brisant ainsi le charme qui t’avait attiré si près de la bordure du bosquet. Tu ne reculas pas pour autant, attendant que la femme fasse à nouveau glisser son étrange baguette sur le corps de la chose. Mais non. La petite troupe se leva et continua sa promenade, comme si de rien était, tandis que toi, tu ne lâchais pas du regard cet étrange objet qui t’avait fait vibrer. Une fois certaine que les inconnus étaient suffisamment éloignés, tu t’aventuras timidement sur le sentier où étaient déposés les objets. D’abord hésitante, tu te contentas de les observer. Puis lentement, tu t’approchas encore, jusqu’à pouvoir sentir leur odeur. Lentement, tu soulevas ta patte antérieure et frôlas la surface lisse du premier objet. Le contact était froid mais doux. Tu fis remonter le doigt jusqu’aux cordes, sur lesquelles tu exerças une légère pression. Le son produit était différent des notes qu’avaient créé la belle dame. Tu répétas l’opérations plusieurs fois, jusqu’à repérer l’étrange baguette posée sur le banc improvisé. Avec ta seconde main, tu attrapas l’objet et le frotta lourdement contre les cordes. Le son fut atroce, te faisant grimacer et grogner sous ton masque. Tu te souvins alors que la femme enlaçait l’objet contre elle, et ne se tenait pas face à lui comme tu le faisais. Tu essayas de répliquer sa posture, et la façon dont elle n’avait plus fait qu’un avec l’objet, et fis à nouveau glisser la baguette. La mélodie n’était guère davantage agréable aux oreilles. Tu ne t’avouas pas vaincue pour autant et essayas de longues minutes, avant de passer à l’autre objet, répétant le même processus. Tu continuas jusqu’à ce que des voix, au loin, t’alertent et ne te fasse repartir t’abriter sous les branches.

Tu restas là, à l’abri des regards, de longues heures, écoutant les passant créer de mélodieuses symphonies pour tes oreilles.
959 mots
Merci pour ce RP ^^



Merci Kyky  nastae
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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

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◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Dim 03 Juin 2018, 16:46



Et dans un silence résonne un son. Et dans le son, reste un silence. La musique est le langage des émotions. Des émotions cachées, des émotions exprimées, des émotions éhontées. Fort, faible. Grand, petit. En chacun sommeil un musicien, réceptif à la musique, écho de ses expressions. Echo de ses sentiments.

Contemple ton âme


Pourquoi tu étais là ? Tu n'avais aucun raison à t'aventurer en Terre Magicienne. Sauf une. L'espoir. L'espoir qu'elle soit revenue. L'espoir que ce n'était qu'un mauvais rêve. L'espoir de la voir, à nouveau. Bien sûr, il n'en était rien. Elle n'était pas revenue. Ce n'était pas un mauvais rêve. Et ce n'était pas aujourd'hui que tu pourrais la voir. Un soupir s'échappa de tes lèvres et tu levas la tête vers le ciel. Depuis que tu étais arrivés tu entendais divers sons, divers instruments. Certains plus mélodieux que d'autres. Il faut être en temps de paix pour s'accorder autant de temps à divers événements. Tu continuais ta route à travers les rues de Vervallée. Pourquoi était-tu ici si tu ne la retrouverais pas sur ces terres ? Peut-être cherchais-tu un nouvel indice. Quelque chose qui t'aurais échappé les dernières fois. Quelqu'un que tu n'aurais pas rencontré auparavant et qui saurait des choses. N'importe quoi qui te permettrait d'avoir une piste. Un nouveau soupir t'échappa. Il était évident que tu ne trouverais rien ici, alors pourquoi t'acharnais-tu ? La nostalgie, probablement.


Une douce mélodie parvins jusqu'à tes oreilles. Du violon. Tu t'arrêtais pour écouter les notes qui glissaient jusqu'à toi. Mélancolie. Désespoir. C'est ce que tu ressentais. Tu te laissais guider vers le lieu d'où provenait la musique, pour trouver un violoniste, seul, dans une bulle de son et de sentiment que rien, ni personne, ne semblait pouvoir atteindre. Il était étrange de voir la panoplie de sentiments qui pouvait se lire sur son visage. Colère. Obstination. Qu'avait bien pu vivre cet homme pour s'acharner à ce point sur son instrument ? Tu te le demandais. Mais en cet instant précis, tu avais l'impression qu'il jouait pour toi. A cause de toi. Un sentiment désagréable s'empara le temps de quelques secondes. Le temps de te sentir mis à nu par la mélodie dégagée par l'instrument. Car finalement, tu te dis que ce violoniste aurait très bien pu être toi. Que ça aurait très bien pu être toi qui faisait vibrer et chanter ce violon. Tu suivais le mouvement de l'archer sur les cordes. Force, espoir. Les mouvements étaient rapide et sec. Tristesse, nostalgie. Les notes mineurs vibraient, te renvoyant tes propres sentiments, tes propres questions en pleine face. Et pourtant tu te sentais bien. Les dernières notes glissaient des cordes au corps de l'instrument pour s'engouffrer et s'insinuer dans ton esprit. Fin. Le violoniste s'arrête, soulève son archer laissant se tairrent les notes dans le silence qui l'entourait. Il relève la tête, marque une pause, fixant un horizon que lui seul semblait voir. Une inspiration, longue. Puis il reprend position, près à reprendre le tempo. Mais alors qu'il s'apprêtait à jouer la première note, on le devança, le faisant relever la tête. Une jeune femme s'était glissée sur le tabouret d'un piano droit non loin. Elle venait de signifier sa présence en jouant quelques notes et fixait intensément le violoniste. Il en fit de même, surpris. Tu observais également la demoiselle, avec ce même étonnement. Tu ne l'avais pas vu arriver, avec ses vêtements de soies et sa peau de lait. Lui non plus semblerait-il. Puis il sourit avant de hocher la tête dans la direction de la pianiste.


Ses doigts effilées glissèrent sur les touches de l'instrument. De la douce mélancolie se dégageait des notes qui s'envolaient des cordes martelées. Puis, le violoniste s'incrusta avec fluidité au son du piano. Les notes mineurs qui résonnaient dans le coffre du violon coulaient le long de ta colonne vertébrale en une coulée d'eau froide. Ce duo semblait ne pas se connaître d'après leur réaction à leur rencontre. Pourtant c'était comme s'ils avaient répétés ce morceau ensemble, encore et encore, jusqu'à atteindre un point où les sons se mêlaient tel que l'un semblait connaître et maîtriser avec dextérité et brio la partition de l'autre. Tu avais cette étrange impression que le temps s'était soudain arrêté autour de toi et des deux musiciens. Ta respiration s'était transposée au rythme de la mélodie. Tu pouvais presque sentir les doigts du violoniste glisser avec souplesse et légèreté sur les cordes du violon. Ceux de la pianiste frôler avec force et adresse les touches du piano. La musique s'imprimait sur chaque parcelle de ton corps. Les notes glissaient sur ta peau, entraînants avec elles tes tourments dans un torrents d'émotions. Tu fermais les yeux, savourant en silence chacune des notes qui te traversaient. Un instant tu te croyais dans un autre monde. Un instant tu t'imaginais à leur place. Un instant la nostalgie s'empara de ton être. La nostalgie d'un temps perdu. Un temps où les Anges n'avaient pas à dépendre des autres. Un temps qui paraissait immuable et intouchable. La musique s'apaise. Ton souffle avec. Une dernière note, mineure, longue, pénétrante. Instinctivement, tu retiens ta respiration. Silence. Intense. Les deux musiciens s'observent  mutuellement, sourire aux lèvres, pendant ce qu'il semble une éternité. Ils semblaient presque tenir un discours silencieux. Un discours qu'ils étaient seuls à maîtriser.

Puis elle repars, laissant le fauteuil à l'abandon. Lui, pose l'archer et son corps sur le piano avant de prendre la direction opposée sans le moindre mot. L'émotion t'étreins encore. Tu observes les deux instruments, l'un sur l'autre. Ils semblent être pris dans une étrange communion invisible, comme si le lien qui avait uni les musiciens quelques secondes plus tôt le temps de quelques minutes, subsistait toujours à travers le bois et les cordes des deux objets. Tu restais quelques instants encore à contempler le duo avant qu'un nouveau pianiste ne prenne place. C'est ce moment-là que tu choisis pour partir. Tu préférais garder le souvenir de cette étrange fusion donnant une mélodie aussi intense qu'intemporelle, loin de t'avoir laissé indifférent. Ces personnes semblaient laisser fuir leurs sentiments à travers leurs instruments, comme s'ils essayaient de s'en débarrasser en les transférant vers un substitue. Ces hommes, et ces femmes. Savaient-ils seulement qu'ils les partageaient plus qu'ils ne s'en soulageait ?
La musique est le seul plaisir sensuel sans vice

Codé par Heaven sur Epicode



Mots | 1074
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Lun 04 Juin 2018, 16:14




Contemple ton âme

# Avant toi



Je croyais pouvoir rester debout, être assez forte pour tenir encore quelques minutes avec ce poids sur mes épaules, mais à l’instant où ma pensée s’est perdue dans le passé, dans nos souvenirs, je n’ai pu contenir plus longtemps les sanglots qui débordaient de mes yeux. Cela étant dit, bien avant d’esquisser le moindre mouvement, je versais déjà des larmes, incapable de me soustraire à la peine que ta vision me causait. Tu souffrais horriblement, ton corps hurlait sous les brûlures engendrées par la morsure des flammes, mais si ton être criait, tu ne laissais échapper aucune souffrance des propos que tu tentais de me partager. Tu continuais de sourire et de parler comme si de rien n’était, ralentissant toujours plus ton pas pour que je te laisse là. Pourtant, je devais continuer, je ne pouvais pas ralentir ni même songer à baisser les bras : ta vie en dépendait et j’étais bien décidée à ne pas te laisser là, seul, avec comme unique compagnie les décombres noirs et brûlants du champ de bataille. Mais c’était comme si tu n’en avais rien à faire. Tu savais que ton sort était scellé, tu savais que tu ne pouvais rien faire pour changer ta destinée et la seule pensée à laquelle tu songeais, c’était me libérer, moi, du fardeau que tu représentais. Mais tu n’étais pas un fardeau, tu étais tout ce que j’avais et j’étais prête à tout abandonner, à perdre tous les membres que je possédais si cela garantissait au moins ta survie. Tu n’y croyais pas, mais moi si. Et c’est pourquoi je continuais d’avancer, d’avancer, et d’avancer. Je me fichais bien de savoir que les autres étaient tombés, je me fichais bien de savoir que le monde entier s’écroulait derrière nous : tout ce que je voulais et que je veux encore, c’était toi à mes côtés. Ne m’avais-tu pas promis une danse au rythme d’un violon et d’un piano? Ne m’avais-tu pas promis de faire de moi ta partenaire jusqu’au levée de l’aube? Alors écoute-moi, cesse de faire l’idiot et suis-moi, ne résiste pas! C’est tout ce que je te demandais, c’est tout ce que je souhaitais. Que tu n’abandonnes pas, que tu continues de te battre; ce n’était peut-être pas contre l’océan, ni contre le ciel et la terre, mais c’était un combat pour nous deux, cela ne comptait donc pas pour toi? Cela ne te faisait rien de partir ainsi, dans la douleur et la solitude de la guerre? Si cela te faisait sourire, ce n’était pas mon cas. Je ne pouvais pas te laisser. Tu avais beau me le demander, tu avais beau me le supplier, je ne le pouvais tout simplement pas. Tu étais tout pour moi, mon passé, mon présent, mon futur, mon sherpa, tout. Absolument tout…

Et j’aurais aimé pouvoir passer plus de temps à tes côtés, pouvoir te regarder sourire de nouveau de cet éclatant rire que tu m’adressais à chaque fois que tu m’enlaçais. J’aurais aimé pouvoir te prendre une dernière fois dans mes bras, te dire à quel point je t’aime et à quel point tu comptes pour moi. Mais aujourd’hui, tu n’es plus là. Je t’ai pris une dernière fois sur ce champ de bataille alors que tu expirais ton dernier soupir. Je t’ai observé mourir, j’ai crié ton nom à m’en casser la voix pour t’empêcher de fermer les yeux à tout jamais, mais tu ne m’as pas écouté, tu as continué de me parler, de rigoler faiblement, alors que mes doigts se tachaient peu à peu de ton sang. Ma vision s’embrumait derrière mes larmes intarissables, mais tu ne t’en préoccupais pas. Tu me caressais simplement la joue, me couvant d’un regard que je ne pouvais supporter dans pareille circonstance. Tu étais prêt à mourir, tu m’as dit, même si tu ne l’avais jamais voulu, même si tu n’étais pas destiné à partir aussi tôt, aussi vite. Tu étais prêt à mourir, mais as-tu pensé une seconde si j’étais prête à te laisser partir? J’ai prié les Dieux pour mieux les maudire par la suite; je répondais à ton sourire tout en versant des torrents de larmes sur ton visage paisible. Je ne savais plus ce que je faisais. Tout ce que je désirais, c’était te garder auprès de moi, coûte que coûte. Abandonner le reste du monde, laisser les autres mourir devant moi ne me dérangeaient pas. J’étais prête à tout pour te garder avec moi, mais pas le moins du monde à te laisser partir comme ça. Nous n’avions toujours pas dansé ensemble au rythme du violon et du piano, pas vrai mon ange? Nous n’avions toujours pas valsé sous l’éclat des étoiles ensemble… Tu as été et tu es encore aujourd’hui le seul partenaire avec lequel j’ai tant rêvé de danser, mais ce qui m’attriste, c’est que tu n’ais pas été le premier avec qui j’ai esquissé mes premiers pas sous la voie lactée. Je le regarde à chaque jour et chaque instant, je ne peux m’empêcher de penser à toi. Notre fils te ressemble tellement, mon ange. J’aurais tant aimé que tu puisses nous accompagner, tous les deux, dans cette éternelle danse…


« Qu’écrivez-vous, jeune homme? »

Je pouvais sentir un regard examiner le noir du graphite que j’avais posé sur le blanc du papier, mais je laissais le curieux faire, mes yeux ne pouvant se détacher de l’air nostalgique du duo de musiciens. Ils jouaient ensemble un récit par l’intermédiaire des cordes du violon et des touches du piano et je ne faisais que le traduire en mot. Un récit non seulement empreint de nostalgie, mais aussi d’une promesse, d'un futur, d'une éternelle danse…

« Est-ce une histoire d’amour?

- Non, finis-je par lui répondre. C’est simplement l’histoire d’une mélodie. »


960 mots



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Isiode et Isley
Sam 07 Juil 2018, 14:51




Contemple ton âme

# Tout sur nos épaules



Au commencement, il n’était que deux. Deux amis qui se tournaient autour, deux amis qui s’asseyaient en haut d’un sommet pour admirer ce monde éclatant et si beau qui évoluait à chaque jour. Deux êtres qui n’avaient jamais grandi côte à côte au cours de leur enfance, mais qui avaient appris à se côtoyer durant des mois, à s’apprécier, pour finalement prendre conscience qu’un lien plus fort encore que l’amitié les eût étreints progressivement au fil de leur rapprochement; ce jour-là, ils s’étaient embrassés comme deux adolescents gênés, leur déclaration commune actionnant les engrenages de leur nouvelle existence. Ils avaient commencé à se promener main dans la main, plongeant leur regard dans les mires de leur moitié, parfaitement conscients que s’ils se contemplaient trop longtemps, ils finiraient noyés dans l’iris indicible de leur promis. Mais cela importait peu, puisque l’éclat qu’ils pouvaient lire dans le regard de l’autre les attiraient aussi bien que les papillons sont séduits par la lumière qui fend l’obscurité d’une nuit trop vide et abandonnée. Ils s’étaient trouvés, enlacés, et si le risque que leurs ailes soient brûlées venaient de décupler, ils étaient prêts à affronter tous les maux qui viendrait à les arrêter, puisqu’il s’agissait de leur nouvelle réalité. Ils n’étaient que deux êtres, après tout, que la Vie avait choisi d’unir pour le meilleur et pour le pire, et avaient beau être éternels de par la magie qui les habitaient, ils savaient d’expérience et de connaissance que tout plaisir avait une fin. Alors, jusqu’à ce qu’elle vienne à eux, ils s’étaient promis de jouir, jusqu’à la dernière seconde, chaque instant de leur existence qu’ils étaient en mesure de partager ensemble. Et ils étaient si heureux de ce bonheur, qui leur paraissait absolu et infini, qu’ils en avaient oublié qu’un jour, le malheur viendrait certainement cogner à leur porte pour réclamer son dû. Parce que le bonheur ne pouvait être éternel et infini même en désirant ardemment le préserver au sein de sa vie. Il était là, un instant, pour quitter brusquement le lendemain sans que l’on sache véritablement quand il nous reviendrait pleinement. Enfin, à cet instant, la bonne providence leur souriait, alors pourquoi, sincèrement, noircir leurs pensées avec une prédiction aussi sombre que vraie? Ils avaient encore tellement de temps devant eux pour accomplir leurs rêves, songer à de nouvelles ambitions, se créer de nouvelles résolutions… Ils avaient la vie devant eux pour réaliser tout ce qu’ils espéraient.

Et à la moitié du chemin, ils finirent par être quatre. Quatre être liés par le sang et le destin. Ils étaient souriants, vivants, la vie leur insufflant tout le bonheur qu’ils pouvaient espérer d’elle. Que ces joies étaient merveilleuses et magnifiques, que ces joies me rendent, pourtant, aujourd’hui mélancoliques… Car de ces quatre êtres unis et indissociables auparavant, il n’en restait plus qu’un seul debout. De l’amour et de la joie indescriptible des débuts ne restait plus qu’un sombre gouffre dans lequel chacun semblait se jeter sans considérer les sentiments et les attentes d’autrui. Depuis qu’elle nous avait quitté des décennies de cela, voire peut-être même des siècles, le temps s’écoulant si rapidement lorsqu’il nous filait entre les doigts, un peu à la manière de l’eau qui fuit d’un seau à la moindre ouverture qui est créée, tout avait été différent, le malheur s’abattant finalement sur cette union rayonnante et épanouie que je nommerais ma famille, celle que j’ai toujours chéri d’un amour indéfinissable, prêt à offrir la vie qui m’a été insufflé pour préserver leur prospérité et espérer revoir des sourires s’épanouir sur leurs lèvres comme les fleurs qui éclataient au printemps. N’est-ce pas tout ce que l’on souhaitait pour les nôtres? Qu’ils puissent être éternellement heureux dans cette vie qui les avait menés sur cette terre, certes, déchirée par mille feux, mais empreinte d’un bonheur qui, je savais, attendait chacun de nous à la croisée des chemins.

J’ai toujours fait passer le bien-être familial avant toute chose. La mort de Mère nous ayant brusquement séparé et divisé, je vouais désormais ma vie à protéger le peu de liens qui nous unissaient désormais, persuadé que je parviendrais à nous ressouder d’une manière ou d’une autre, dissipant ainsi la peine et le désespoir des visages de mon père et de mon frère. J’ai abandonné nombre de rêves pour eux, sacrifiés nombre de promesses pour eux, bataillés mille et un démons qui ne m’appartenaient pas, veillés inlassablement leur chevet afin de les apaiser et de rester à leurs côtés lorsque la nuit éveillait leurs tourments, tout cela, pour eux et leur bonheur. Les Ætheri seuls savaient contre quoi ils s’étaient battus au cours de leur vie et pour ma part, je savais que mon rôle consistait à les secourir si leur tristesse devenait trop lourd à porter, si leurs cauchemars devaient trop horribles pour être supportés… J’étais leur pilier, une sorte de canne sur laquelle il pouvait s’appuyer si leurs jambes n’étaient pas assez fortes pour les tenir debout. Ils pouvaient me faire confiance, car je ne les laisserais jamais tomber. Jamais. Je n’ai jamais flanché dans mon rôle, je ne les ai jamais tournés le dos malgré nos quelques divergences d’opinions et nos mésententes. Ils pouvaient compter sur moi en tout temps, le jour comme la nuit, de l’autre côté de l’Océan ou de l’autre côté du pays, tant et aussi longtemps qu’un souffle de vie soulevait ma poitrine…

Cependant, j’avais beau vouloir préserver la vie des miens, bouleverser mers et terre pour les protéger et veiller à ce qu’ils puissent vivre de bonheur et de rire, un poids considérable écrasait néanmoins mon esprit et mon cœur, devenu lourd par la charge de mes ambitions, par la désinvolture avec laquelle j’affrontais la situation. J’étais là pour les miens, mais avait-il seulement quelqu’un pour moi, qui était prêt à bouleverser mers et terre pour me protéger et veiller à ce que je puisse vivre de bonheur et de rire?

« Que se passe-t-il, jeune homme? »

Lentement, je refis surface, me reconnectant avec la réalité qui se profilait devant moi. Mes doigts étaient suspendus dans les airs, frôlant à peine les touches du piano que j’avais investi pour jouer cette douce et hésitante mélodie.

« Vous étiez pourtant magnifique. Pourquoi vous être arrêtez en si bon chemin? »

Je levais les yeux en direction de mon interlocuteur qui me souriait, s’approchant des instruments qui se trouvaient au sol. Il prit un certain temps avant de porter son choix sur une flûte de bambou, la portant à ses lèvres afin de souffler un air conjoint au mien. Il me fit un léger signe de la tête, m’incitant ainsi à reprendre la mélodie.

« Laissez-moi vous accompagner. Peut-être qu’à deux, il vous sera plus aisé de continuer. »

Je laissais le silence planer entre nous, jusqu’à ce que de nouvelles notes s’éveillent du piano et fasse doucement vibrer l’atmosphère.

1 142 mots


It's a little price to pay for salvation
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 08 Juil 2018, 23:35



Contemple ton âme
À mon bras, Constantine fixait le paysage aux alentours. Cela faisait longtemps que nous ne nous étions plus vus. Elle m’avait écrit de nombreuses lettres dans lesquelles elle déplorait mon absence, désirant me parler, et, finalement, je l’avais invité à séjourner quelques jours chez moi. Nous avions convenu que nous ne parlerions pas du monde, ni de la politique, ni de l’économie, ni de la guerre, ni du mauvais temps. Simplement de nous, du passé et, peut-être, du futur. « Je suis contente que tu ais pu te faire une place parmi les Magiciens. » me dit-elle enfin, après plusieurs longues minutes de silence. Elle parlait de mon histoire, de mon père, de mes frères. Mes yeux balayèrent un instant son cou pour remonter jusqu’au lobe de son oreille. Ses cheveux étaient tirés en un chignon qui lui donnait un air austère. C’était dommage, elle qui était si belle à l’époque. Les traits de son visage étaient alors doux et elle respiraient les beaux jours. J’avais toujours détesté ça, parce qu’elle était trop bonne et moi trop mauvais. Nous ne pouvions nous accorder, nous ne le pourrions jamais. Je faisais juste semblant.

Au fur et à mesure de notre marche, des notes de musique commencèrent à me parvenir. Constantine sourit, comprenant que mon attention avait été captée par d’autres préoccupations. Elle ne m’en voulait pas ou si peu. Depuis que nous avions commencé Basphel, je l’avais habitué. Mon amour pour le piano dépassait l’entendement et j’avais souvent refusé de sortir boire un chocolat chaud avec elle prétextant un entraînement. La plupart du temps, je ne mentais pas. Arrivés près du musicien et du bord du lac, je m’accoudai à une rambarde, faisant face à mon « amie ». Je lui souris alors que le vent balayait mes cheveux. Sans doute pensa-t-elle que je n’étais plus le mignon petit garçon qu’elle avait connu. « Tu as changé. » dis-je, simplement. Nous avions convenu de ne pas parler de la guerre mais celle-ci a l’immense défaut d’emporter la beauté innocente sur son passage. Comment ne pas l’évoquer ? Je voyais bien que Constantine n’était plus celle qu’elle avait été, que sa naïveté avait été brisée par des maux qui la dépassaient. J’étais mortellement jaloux de ces Démons de malheur. Moi qui m’étais juré de détruire le cœur et l’esprit de cette Ange, voilà que je m’étais fait ravir l’un par des inconnus à l’apparence monstrueuse qui s’étaient contentés de tout saccager sur leur passage. Il n’y avait aucun style là-dedans, aucune gloire. « Toi aussi. J’espère qu’elle te rend heureux. ». « La Reine ? Autant qu’un épouvantail abandonné dans un champ. Cela fait longtemps que je ne l’ai pas vu. ». « Ah ? » demanda-t-elle, son temps faussement contrarié. Elle avait beau avoir changé, il y avait des choses qui restaient. Je penchai un peu la tête sur le côté, continuant de la contempler. « Épouse moi. » lui dis-je soudain. Ses yeux s’écarquillèrent. Elle était surprise. Moi aussi. J’avais besoin d’une femme pour parfaire mon rôle et sans doute ne trouverais-je jamais plus fidèle qu’elle. Je la connaissais trop pour faire la moindre erreur. Je savais la faire aller dans mon sens et je pensais ne jamais pouvoir perdre la main. Pourtant, contre toute attente, au lieu d’une acceptation, j’eus, sur un fond de musique triste, une toute autre réaction. « Kaahl… » commença-t-elle, entre la colère et la tristesse. « Je t’ai attendu de nombreuses années ! Je voulais vraiment que tu me le demandes. Je pensais que tu te déciderais… mais… ». Je ne m’étais pas décidé. « Je suis mariée maintenant. C’était ça que je voulais te dire en venant. ». « Ah. ». Je ne savais pas si j’étais choqué ou surpris. Peut-être que je me sentais trahi par cette femme que je tenais pour acquise. Pourtant, il me semblait posséder sur elle une emprise parfaite. Je serrai les dents. Il ne valait mieux pas que je sache qui était l’heureux élu. « D’accord. » dis-je si bas que mon mot fut emporté par une bourrasque plus violente que les autres. Elle n’était rien en comparaison au sentiment infernal qui m’habitait.

Je me déplaçai jusqu’au piano, demandai poliment mais froidement à celui qui était assis de me laisser sa place et commençai à jouer le premier morceau qui me vint à l’esprit, un morceau pour éteindre ma rage, pour décrisper mes doigts et ne pas la tuer, là, tout de suite, au beau milieu du territoire Magicien. La violence des notes retentit, leur rapidité me brûlant les articulations. Je m’en fichais, j’avais envie de jouer pour garder mon calme. Cette composition était folle et dysharmonique mais ce n’était pas mon problème. Si elle ne voulait pas écouter, elle n’avait qu’à partir et ne plus jamais revenir. Je n’avais pas envie de la regarder. Je savais qu’elle pleurait mais je n’allais pas la consoler. C’était sa faute et entièrement sa faute. Elle aurait pu me demander et arrêter d’attendre. J’étais dans une telle colère que je me demandais si elle partirait un jour. Je jouai, comme ça, durant un temps infini, continuant la mélodie bien après sa fin initiale. Je la faisais tourner en boucle, réfléchissant en même temps à comment traiter cette garce maintenant, au meilleur moyen de la faire souffrir, si intensément qu’elle ramperait à mes pieds après avoir tué cet homme qu’elle avait épousé et qu’elle devait aimer, maintenant. Il fallut que mes doigts lâchent, que je fasse un nombre incalculable de fausses notes, de plus en plus rapprochées pour que je m’avoue vaincu et laisse tomber, posant mon coude sur l’instrument dans un vacarme qui aurait fait frémir n’importe quel adepte de la musique présent. Mon index soutenait mon front.

Quand je me retournai, elle était encore là. Elle avait séché ses larmes mais faisait peine à voir. Je marchai vers elle et lui dis simplement : « Rentrons. ».

– 985 –

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Lun 23 Juil 2018, 23:01




Cette journée était des plus agréables. Le temps était doux. La brise du vent lui caressait la peau, balayant les mèches châtains qui dépassaient de son turban. Le soleil réchauffait sa peau hâlée, tout en légèreté. Alors qu’elle marchait, Dahlia fermait les yeux quelques secondes. Le vent apportait son et odeur à ses sens. Prenant une douce inspiration, elle respirait le parfum des fleurs qui l’entouraient. Ces terres paisibles allaient lui manquer. Elle pensait déjà avec nostalgie à leurs douceurs. Cependant, elle savait qu’il lui fallait reprendre son voyage. Allez ailleurs. Découvrir de nouveau horizon. Peut-être allait-elle retrouver cette quiétude qui la berçait au sein de nouvelles terres, d’un nouveau peuple ? Elle l’espérait tout du moins. Les magiciens avaient été chaleureux avec elle. Elle avait fait de belles rencontres. Dahlia eut un bref pincement au coeur en y repensant. Oui, ces terres allaient effroyablement lui manquer.

Rouvrant les yeux, la jeune femme détaillait son environnement, enregistrait chaque forme, chaque couleur. Elle ne voulait pas oublier. Quand elle reviendrait, elle souhaitait pouvoir dire si telle ou telle chose avait changé. Dahlia souriait mélancoliquement en voyant la couleur céruléenne du lac bordé par le vert intense des plaines. Pour elle, le spectacle était divin. Ses yeux se posèrent sur l’agitation dans laquelle elle se trouvait. La musique envahissait son ouïe. C’était jour de fête et le peuple s’était réuni sur les rives de ce lac magique. Chéris le moment présent. Elle qui avait toujours vécu dans l’attente du futur tout en portant le poids de son passé n’avait jamais été très douée pour vivre l’instant. Ses pensées étaient toujours ailleurs. Pourtant, ce matin, en se levant, elle s’était ordonnée de vivre ce jour comme si c’était le dernier. Parce qu’il s’agissait du dernier. Elle savait qu’elle ne reviendrait pas tout de suite. Mais qu’importe, elle souriait encore alors qu’elle s’arrêtait devant deux musiciennes. L’une était au piano, l’autre au violoncelle.

Dahlia n’avait jamais eu l’oreille musicale. Cependant, elle avait été attirée par ces deux instruments. La mélodie était douce, pleine de mélancolie, tout comme l’humaine. Elle résonnait dans l’âme de la jeune femme, lui faisait écho. Dahlia avait le plus grand mal à vivre dans l’instant. Cependant, elle fournissait un effort considérable. Elle essayait d’admirer les mouvement de mains que faisaient les artistes. Fluides et sans hésitation, ils s’enchaînaient avec une précision calculée. Rien n’était laissé au hasard. Voir leur exécution méticuleuse lui fit penser à la couture. Dahlia adorait cette dernière. Elle lui avait permis de laisser s'échapper son esprit dans les moments les plus difficiles.

Très vite, ses pensées se perdaient à nouveau. Une larme perlait à son œil gauche. Sa vision se troublait. Elle était heureuse mais se sentait aussi terriblement brisée. Son passé, insatiable et infatigable, continuait de l’oppresser. Jour après jours. Comment pouvait-elle l’oublier ? Comment pouvait-elle faire table rase de ses longues années de souffrance ? Comment arriver à le délaisser alors qu'il avait marqué à jamais sa peau et son coeur ? Des marques cachées, dissimulées aux yeux du monde. Peu connaissait ce qu’elle avait enduré. Elle ne voulait pas que l’on sache ce qui lui été arrivé. Elle ne souhaitait pas subir les regards de pitié. Comment avancer si tel était le cas ?

La jeune femme coiffée d'un turban se mordait l’intérieur de la lèvre pour reprendre contenance. Enfin, elle se forçait à sourire. Tout commençait par un sourire. Le bonheur commençait par un sourire. C'est ce que la vie lui avait enseigné. Son passé la hantait encore. Certes. Mais, elle savait qu’elle devrait vivre avec, le transporter où qu’elle aille et, avancer à ses côtés. Il avait fait d’elle ce qu’elle été, l’avait modelée et l’avait rendue plus forte alors même qu’il semblait l’avoir brisé. Après tout, une plante n’était-elle pas plus robuste alors même qu’elle avait lutté pour s'épanouir ? Dahlia n’était peut-être pas une plante mais elle fleurissait dans sa nouvelle vie, dans sa nouvelle liberté.

La musique commençait à prendre fin et à présent la jeune femme au turban ne se forçait plus à sourire. Elle souriait, tout simplement. Son passé était partie intégrante de son être. Il lui avait fait découvrir des choses merveilleuses malgré toutes les atrocités. Elle avait ainsi pu découvrir sa passion pour la couture. Elle avait noué une amitié forte avec Samuel, un humain qui lui prouvait jour après jour que la gente masculine n'était pas... démoniaque. Elle avait aussi pu chérir pendant quelques instants les joies de la maternité. A cette pensée, Dahlia levait ces yeux de jade vers le ciel. Elle observait l’azur profond alors qu’elle adressait une prière silencieuse à Edel. Sa prière lui semblait alors égoïste mais aussi nécessaire. Elle lui donnait de l'espoir. Dahlia n’avait alors qu’un souhait. Elle voulait les revoir. Elle voulait retrouver ses jumeaux. Elle souhaitait tout simplement pouvoir apprécier leur visage. Elle voulait devenir la mère qu'elle n'avait pas pu être.

Les musiciennes mirent fin à leur morceau et se levèrent de leur siège respectifs pour saluer la foule qui les entouraient. Dans celle-ci, une jeune femme au turban baissait les yeux vers elles. Un courage insoupçonné semblait avoir pris possession de son être. Dans son esprit son passé effroyable se mêlait avec pureté à un futur plein d'espoir.  Après un dernier sourire, elle fit demi-tour pour s’éloigner. La mélancolie de son présent disparaissait. Ces terres allaient lui manquer mais elle savait qu’elle reviendrait.

910 mots
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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

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◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mar 24 Juil 2018, 17:57

Les deux adultes avaient passé des heures à parler de leur vie respective. Neah avait bien plus de conversation qu'elle sur la question. Les événements qu'elle lui expliquait dataient d'une décennie à ses yeux et il était conscient de certains faits depuis un long moment. Il écoutait sa version des faits avec politesse. Il ne se lassait pas d'entendre sa voix, ils avaient tant à rattraper. Ils avaient à peine dormi, mais ils n'avaient pas l'intention de se quitter dans l'immédiat. Ils étaient trop heureux de se revoir et Mancinia désirait découvrir son lieu de vie, en apprendre plus sur les Anges et leurs coutumes. Quel fierté d'avoir une telle Humaine. Remarquable et magnifique. Comment n'aurait-il pas pu tomber sous son charme ? Malgré tout, Neah ravalait ses sentiments, essayant de paraître agréable et amical. Il n'était pas certain qu'elle sache réellement tout l'effet que son retour provoquait et il ne souhaitait pas la brusquer. Un éventuel rejet ne lui faisait pas vraiment peur. Il apprendrait à vivre avec l'idée que son Humaine ne lui appartienne pas. Jamais leur relation ne changerait vraiment, elle serait amenée à ne plus évoluée. Pas dans ce sens-là. Malgré tout, ce matin, après avoir déjeuné ensemble, il lui avait pris délicatement la main dans la sienne.

Viens, sortons.

Mancinia eu un éclat de surprise dans les yeux, mais ne dit rien. Elle n'en avait pas vraiment envie, mais comprenait que son Gardien ne désirait pas la garder enfermée. Pas après une décennie d'absence. Pas après que la vie se soit arrêtée pour elle, mais pas pour ce monde. Ensemble, ils marchèrent longtemps, doucement. La musique battait son plein sur les rives du Lac Bleu. Certains applaudissaient les musiciens provisoires, d'autres s'essayaient pour s'amuser en n'ayant aucune maîtrise de la chose. C'était beau de voir cette sérénité, de ne pas spécialement réfléchir à ce qui pouvait se produire. Pour autant, l'Humaine le savait : sa présence dérangeait quelque peu. Elle n'y pouvait rien si son Ma'Ahid était aussi écrasant, ceci dit, personne ne lui ferait l'affront de le lui dire en face. Ces regards, eux, ne lui avait guère manqué. Un frisson parcouru le dos de l'Humaine, elle mit ses mains contres ses bras pour se réchauffer doucement. Elle n'avait plus beaucoup de possessions et elle n'avait pas réellement prit sa garde-robe pour venir à sa rencontre. S'arrêtant près d'un marchand, l'Ange sortit sa bourse et sans lui demander son avis, entrepris de lui chercher un châle d'une couleur qui sied à ses yeux. Neah lui offrit en posant ce dernier sur ses épaules, sans qu'elle n'eu le temps de protester. Elle eut, par contre, un regard de remerciement et un sourire courtois.

Tu n'étais pas obligé.
Je n'aimerai pas que tu tombes malade.
Tu sais bien que cela ne durerait pas...

Ils n'en avaient plus reparlé depuis cette escapade contre les assassins ayant opéré au nom de Sympan lors de la Nuit Pourpre. Il avait été furieux qu'elle soigne le futur Monarque Démoniaque, mais lui-même avait découvert ce qu'elle dissimulait dans sa main. Cela lui avait sauvé la vie. Neah l'aurait perdue autrement. Lui savait son secret, son exception. Il comprenait et l'acceptait. Aucun d'eux n'avait le choix et cela ne renforçait que sa beauté au regard de l'Ange. Son Humaine était non seulement remarquable, mais elle possédait un don merveilleux. Si seulement, elle avait été présente au coeur de la Bataille de la Terre Blanche...Sans doute que de nombreuses vies auraient pu être sauvées. À défaut de sauver des morts, il préférait se concentrer sur sa tâche actuelle.

Sans doute, mais s'il te plaît, c'est mon rôle de veiller sur toi. Laisse-moi le faire. Je n'ai pas pu durant tellement longtemps...

Neah prenait entre ses doigts l'une des mèches brunes de la femme. Ses paroles et ses gestes étaient si doux qu'elle crut à un moment que ses frissons n'étaient pas dus qu'au froid. Elle aurait aimée se confié, admettre ce qu'elle ressentait, mais ce n'était pas le bon moment. Elle ne s'en sentait pas le courage malgré toutes ses épreuves. Le temps était clément pour permettre aux marchands de vendre leur labeur en dehors de leurs échoppes, sur des étals montées à la hâte et mûrement réfléchie. Parfois, certains semblaient prêts à vous fournir une liste pour vous assurer la pureté d'un épi de maïs, voire de vous expliquer que le matin même, en prise avec un poisson récalcitrant, il avait fallu prier Suris dans un dernier effort pour que ce dernier ne jaillisse de l'eau comme déposé par l'Aether lui-même dans sa barque. Certains profitaient de l'effervescence de la ville pour faire affaire, d'autres pour tester leurs capacités physiques et d'autres, encore, pour se réjouir et tout simplement profiter de la fête annoncée oubliant l'accoutumée routine des jours passés à étudier. Mancinia craquait un peu sous l'ambiance. Encore un peu et elle en pleurerait presque. Ce que l'Humaine était fleur bleue, c'est comme si son âme rustre avait fondu. Sa fatigue et son affaiblissement n'y étaient sans doute pas étranger.

Mancinia s'arrêtait à un moment devant une Harpiste. Ses doigts glissaient sur les cordes avec une facilité déconcertante. Les yeux fermés, elle se concentrait sur la mélodie douce qui sortait de l'instrument. Ce n'était pas mélancolique, au contraire, on aurait sans doute pu danser une valse romantique sur cet air. Elle était impressionnée de tous ses talents.

Tu joues d'un instrument ? l'interrogea son Ange.
Je n'en ai jamais eu l'opportunité. Et toi ?
J'ai appris en ton absence.

Neah vit un éclat lumineux lorsqu'elle se retournait vers lui.

Lequel ?
Du Piano, sourit-il. Je suis assez doué.
Tu veux bien jouer pour moi ?

L'idée qu'il puisse l'impressionner au moins une fois le fit sourire. Il était confiant, mais Mancinia avait tellement de talents divers que son Gardien peinait à suivre. L'entraînant près du centre de ce lieu. L'eau était mauvaise pour l'instrument qui reposait plus loin que la fontaine. Celui qui y jouait semblait contrarier, sa musique sonnait faux et il achevait tout de même son morceau. Il s'avançait vers une femme, avant que tout deux ne s'éloigne. Il n'y avait personne qui se proposait pour reprendre, heureusement et l'Ange l'abandonnait pour s'installer sur le dossier. Laissant ses doigts parcourir le clavier avec une maîtrise de lui-même que son Humaine ne connaissait pas. En débutant sa musique, cette dernière se voulait douce, avant de basculer dans l'imprévisible et la brutalité. Mancinia ne le reconnaissait plus vraiment, mais trouvait ce morceau à son image. Neah était satisfait de sa prestation et plusieurs personnes s'étaient arrêtées pour écouter sa partition. Mancinia l'applaudissait en souriant, tandis qu'il revenait vers elle.

C'était magnifique, Neah.

1 100 mots - Musique


[Événement] - Contemple ton âme  Chriss10
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Mer 25 Juil 2018, 23:14




Le bleu azur des eaux qui s'étendaient à perte de vue était magnifique, d'une teinte qu'il serait orgueilleux d'oser pouvoir reproduire un jour en peinture. Il était rassurant, apaisant. Il avait en lui un élément particulièrement fascinant qui aspirait tout regard. La jeune exilée était assise dans l'herbe près de la rive, son regard perdu. Ce pigment mystérieux semblait n'avoir ni de forme précise, ni de stabilité, tout comme l'était la direction que prenait sa vie. Elle avait cessé de se préoccuper des mailles mesquines de son Destin pour se concentrer sur sa simple survie, qui n'était pas toujours facile. Elle n'avait rien. L'ensemble de ses affaires consistait en une tunique blanche en lin, salie par la poussière, quelques plumes sacrées, des restes de pigments rose et vert, une miche de pain acquise la veille. Ses nuits se faisaient sur le sol à la belle étoile, ses journées sur les sentiers poussiéreux, boueux, rocailleux ou herbeux du territoire magicien. Personne ne faisait attention à elle et mieux encore : personne ne lui avait fait du mal, du moins jusqu'à ce jour. Sa sentence était claire : elle ne pouvait retourner sur l'île Maudite. Privée de sa terre natale et n'ayant aucune idée de la géographie globale du monde, la jeune chamane pensait rester ici jusqu'à ce qu'Edel la guide vers d'autres horizons.

Hohni s'approcha de l'eau, remontant le bas de sa tunique jusqu'en haut des cuisses. Elle n'avait pas pu résister, sous la chaleur du soleil, à la tentation de la fraîcheur aquatique... Elle fit passer son unique habit au dessus de ses épaules et le jeta sur la rive. Cachée en contrebas d'un amas de buisson, personne ne l'apercevra depuis la route. Être nue ne la dérangeait pas, mais elle avait apprit sur le tas que cela n'était pas le cas de tous les autres peuples. Devoir s'adapter à des coutumes aussi étranges était un fardeau de plus sur ses épaules. Pourquoi certains étaient choqués par la nudité ? Le corps humain était le cadeau de la Vie, en avoir honte était comme une hérésie... Elle s'efforçait de comprendre sans y réussir, à défaut elle essayait de respecter les mœurs de ceux qui l'entouraient afin de ne pas les brusquer. Une sorte de tristesse mélancolique l'accompagnait chaque fois qu'elle s'éloignait un peu plus de sa culture pour englober celle des autres, comme si elle perdait un morceau d'elle-même en échange d'une nouveauté qui n'avait pas l'air équivalente. De quoi aura-t-elle l'air, lorsque sa malédiction sera terminée et qu'elle pourra retourner parmi les siens ? Elle ne pouvait se permettre d'oublier celle qu'elle devait être : une chamane. Troublée, la jeune femme s'immergea jusqu'au cou, barbotant. La présence d'Espérance se faisait sentir, comme pour briser l'étui de glace qui fermait le cœur de la chamane. La tortue rouge l'accompagnait le long des cours d'eau et semblait s'être prise d'amitié pour l'exilée. L'animal réagit joyeusement à la main qui se posa sur sa tête et disparut à nouveau dans les profondeurs du lac. Un bref, éphémère moment de silence paisible envahit l'atmosphère.

C'est le battement d'un tambour qui le brisa en mille morceaux. Hohni sursauta, provoquant un éclaboussement. Personne ne jouait du tambour ici ! Il y avait bien des instruments laissés à la disposition des passants non loin mais... Paniquée, elle regagna le rivage maladroitement et se rhabilla le plus vite possible, ne prenant pas la peine de se sécher. Grimpant la pente qui la séparait de la route, elle se dissimula parmi les buissons et jeta un coup d’œil en direction de la mélodie qui se levait. Trois chamans de la tribu de Raya s'était installés pour jouer. Les notes dissonaient clairement avec l'environnement et elle ne pouvait se tromper sur leur origine. Son cœur s'était arrêté au premier coup, il s'était affolé au deuxième. Son corps ne demandait qu'à danser. Son être entier avait reconnu l'hymne et hurlait, de désespoir. Elle n'osait s'avancer à découvert. Elle était maudite, exilée. La toucher pourrait donner la lèpre et la voir porter malchance, elle ferait fuir ses confrères au moindre geste. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas rencontré d'autres chamans, ni entendu les sons qui étaient chers à chacun d'entre eux, elle ne réalisait que maintenant à quel point cela lui manquait !

Les larmes se formèrent sans attendre. Elle retomba le long de la pente, près de l'eau, ne souhaitant plus regarder la scène. Serrant ses lèvres pour former un maigre sourire, faible barrière contre le désespoir qui l'aspirait, la chamane inspira brutalement et formula une rapide prière à Edel, pour ne pas perdre le courage qui lui était si cher. Lentement, elle se releva, s'appuyant sur une branche pour ne pas perdre équilibre. Sa main glissa le long de sa hanche. Les yeux fermés, elle s'imagina dix années en arrière, lorsqu'elle séduisait son futur mari, près d'un grand feux, entourée de sa famille et de beaucoup de ses amis. Ses pieds se mouvèrent sans qu'elle n'ait besoin d'y réfléchir. Danser était aussi important que parler,pour un chaman. Alors elle laissa le tremblement des tambours pénétrer sa peau et dansa, dansa jusqu'à perdre le souffle, jusqu'à ce que le dernier coup retentisse. Tout ceci n'était que cendres du passé et amertume.

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Mer 25 Juil 2018, 23:40



Le coeur léger, la jeune femme arpentait le sentier en silence. D’un geste négligé, sa main flattait l’encolure de l’animal à ses côtés, la bride précautionneusement enroulée entre ses phalanges. Bien qu’elle aurait souhaité lui rendre sa pleine liberté, elle ne pouvait le délivrer de son harnais et le laissait vagabonder au gré de ses envies. Elle-même s’estimait chanceuse de bénéficier d’une telle occasion. Son séjour auprès de Shalin considérablement écourté par l’ennui que lui inspirait sa congénère, elle préférait se changer les idées avant de rentrer au manoir, et connaissant la curiosité de Lucie, elle avait su appuyer au bon endroit pour que son accompagnatrice autorise une brève escapade. Personne ne leur tiendrait rigueur de la durée de leur voyage. Munie d’une carte des environs, généreusement offerte par Caelys, la blonde avait repéré un temple dédié à Déiopéa et souhaitait s’y rendre, en quête d’une étincelle qui raviverait le brasier de ses désirs. Hélas, elle devait reconnaître que l’orientation ne faisait pas partie de ses atouts, et, préoccupée par son récent échec, elle avait fini par se perdre. Agacée par cet égarement temporaire, Lucie avait pris les choses en main, dirigeant leurs pas vers la silhouette bienheureuse de Vervallée. Un heureux hasard qui l’avait finalement conduite sur les berges du Lac, où la liesse prenait possession des coeurs.

Aux abords de l’étendue céruléenne s’allongeaient des instruments. Sans tarder, les deux comparses parvinrent à proximité, l’une dardant un œil vaguement intéressé vers l’endroit tandis que l’autre s’extasiait sur leurs courbes, émerveillé par avance du son qu’ils produisaient. La musique demeurait l’un des enseignements fondamentaux dispensé à Maëlith, et elle se souvenait avec délice des heures passées à saisir les mélodies et à effleurer les peaux. Une pointe de nostalgie dans la voix, elle se tourna vers Lucie. « Arrêtons-nous quelques instants, s’il te plaît. Je suis certaine que profiter de la musique nous fera le plus grand bien. » Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que le visage de l’autre ne se détende enfin, apaisé par les notes qui s’élevaient ça et là. Pavélia s’éclipsa en toute discrétion, la laissant à la contemplation d’un homme dont la fureur s’égrenait sur les touches d’un piano. Au gré de ses déambulations, un envahisseur serein remontait ses veines : le bien-être. D’humeur joyeuse, elle ne savait où donner de la tête, fascinée à la fois par les êtres et les sons. Son choix s’arrêta néanmoins sur une femme vêtue de noir qui cajolait une harpe. Un instant, elle songea aux heures tardives où sa geôlière épousait les cordes de ses doigts graciles. Un rituel saugrenu auquel elle s’adonnait chaque nuit, aidant les autres à sombrer dans le sommeil. L’Orine appréciait cette attention, et le premier soir loin des siens, esseulée dans la pauvreté de l'auberge, elle n’avait pu s’endormir.

La tête contre sa fidèle compagne, la musicienne ne bougeait pas. Dénués de toute expression, ses yeux s’attardaient sur un monde déjà évanoui, une réminiscence qui perçait la conscience comme la foudre frappait la terre. Soudain, elle s’anima, prise d’une fulgurance inespérée. Pavélia ne vit même pas ses doigts remuer. Une avalanche de notes se déversa à ses oreilles. Un certain malaise pénétra son corps, l’urgence d’une scène à laquelle elle ne pouvait rien. Sous ses prunelles ébahies, la surface du lac se fondit en ondulations assassines. Imprécis, des traits vacillèrent sur l’eau, dessinant les premières lignes du tableau. Heurtée par la mélodie qui lui rappelait l’absence de son maître, l’Orine retenait son souffle. Le visage de Lucius s’imposa à elle. Des ecchymoses parsemaient sa peau. Ses lèvres murmuraient des paroles dont elle ne comprenait rien. L’inquiétude ternissait ses prunelles. Il fuyait quelque chose. La jeune femme sentit ses entrailles se tordre, animées par la détresse ; elle ne pouvait rien pour lui. Il lui semblait entendre des coups surgir du néant ; l’un le faisait chuter, l’autre voyait une lame s’enfoncer dans sa cuisse. Grimaçant de douleur, le Démon refusait de céder du terrain à ses assaillants. La vibration suivante voyait le sang s’écouler d’une blessure, une ronce lui écorcher la chair. Cela lui était insupportable. Impuissante, elle ferma les yeux jusqu’à ce que l’obscurité s’empare de sa vision.

Sans crier gare, le rythme se dévêtit de ses atours funèbres. Des battements effrénés palpitaient encore aux oreilles de Pavélia. La douceur du soleil sembla s’éprendre à nouveau de son visage pour l’arracher à ses égarements. Plus discrète, la mélodie lui fit entrevoir une scène inédite. Plusieurs mètres au-dessus du vide, la jeune femme marchait sur un fil avec confiance. Où que se pose son regard lavande, une succession d’images s’animait. Le défilé lui laissa voir les traits souriants de Caelys, une étreinte insensée, sa propre silhouette mêlée aux ombres, une fiole de poison, un atelier jonché de sculptures inachevées, et bien d’autres merveilles auxquelles sa raison ne trouvait pas le moindre sens. Accompagnée par une profonde sérénité, elle continua son chemin jusqu’à traverser le précipice. De l’autre côté, elle rejoignit ses sœurs. L’admiration jetait dans leurs prunelles des éclats ravissants. La jeune femme s’allongea dans l’herbe en douceur. La joie épuisait son corps. Avec respect, l’une des Orines vint poser sa main sur le ventre arrondi de Pavélia. Il allait renaître. L’idée resta en suspens quelques secondes sous les paupières de la blonde. La harpe ne jouait plus. Une voix familière précéda la poigne qui s’abattit sur son bras. Songeuse, elle n’écouta pas les réprimandes de Lucie et la suivit en silence, ses pensées tournées vers le morceau dont elle se remémorait tant bien que mal les notes vagabondes. Avait-elle rêvé ?

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[Événement] - Contemple ton âme

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