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"Les Divins ne se manifesteront pas sur ce sujet, Wom'Zaïkam'Yé Hǫfðingi. Peu importe le nombre de fois que vous venez me voir." La voie étouffée de Kaori retentit lugubrement sur les murs du temple d'Elzédor.  Le chaman regardait fixement l'aveugle, vouant alors une haine particulière à ses propres cauchemars. Un peu plus et il serait près à susurrer que son refus d'expliquer ses visions était peut-être un signe de son incapacité en tant qu'Oracle et de l'abandon que les Aetheri lui vouaient. Cependant il n'en dit rien. La pensée était enfouie au plus profond de sa démence, dans un royaume où l'inconscience régnait. Kaori avait en réalité presque autant de pouvoir que lui-même et il n'osait pas manquer de respect à celle en qui les dieux avaient posé leur pleine confiance pour transmettre leurs voix aux chamans.

Ainsi était-il résigné à se fier à son seul instinct. Son instinct... ? Cela le fit ricaner. Cette histoire n'allait pas bien se terminer. Il était suffisamment intelligent pour savoir que demander à un fou de choisir entre blanc et noir était une idée particulièrement bancale. Mais soit, le besoin de trouver un échappatoire à sa femme -qu'elle soit présente ou absente provoquait autant de paranoïas et de jalousies- était trop présent et puisque même ses rêves s'en trouvaient gangrénés, il pouvait bien se permettre d'expérimenter des solutions. La première qui lui venait à l'esprit provenait de son cauchemar : des Ailes Blanches qui se permettaient de lui voler Lilith. Et cette dernière apparemment toujours incapable de choisir entre les deux peuples. Il y avait là de quoi verser beaucoup de sang et c'était d'ailleurs la principale envie qui le prenait aux tripes lorsqu'il y pensait. Oui. C'était la solution parfaite. Il était presque certain qu'après s'être défoulé sur quelques victimes, il reviendrait doux comme un agneau devant l'Ange. Probablement. Ou peut-être pas, car il y avait une myriade d'autres éléments chez elle capables de faire exploser sa colère. Eh bien, il n'avait qu'à essayer pour savoir. Le Chaman salua d'un air mauvais son Oracle. Une certaine lueur dérangeante dans les pupilles blanches de la monstrueuse femme lui prouvait qu'elle en savait et voyait bien plus qu'elle ne le disait... N'était-ce qu'un autre tour de sa paranoïa ? Il s'en fichait éperdument.

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Le Souverain de l'Au-Delà se demandait comment les goûts de La Bête avaient pu évoluer. Il associait à leur dernière rencontre le souvenir d'une bataille sanglante et de rires maniaques, seulement beaucoup de temps s'était écoulé depuis. Comme la coutume chamanique était d'offrir un sacrifice à quelqu'un d'autre pour lui montrer respect, il sélectionna des volontaires. Par sécurité, il choisit à la fois de quoi avoir beaucoup de plaisirs, soit dans le sang, soit dans le foutre. Ironiquement, les mœurs des deux peuples n'étaient pas si lointaines sur ce point. Il rajouta aussi de l'herbe de sa propre réserve en précisant bien qu'il s'agissait de la fumer et non d'en faire un autre usage; des pigments hallucinatoires, aphrodisiaques, insomniaques et toutes sortes d'effets jugés amusant à infliger. Dans le coffret se trouvait une lettre vierge de mots, calligraphiée avec l’emblème de la dynastie, destiné à révéler son message seulement au toucher de son destinataire... Précautions obligées vu les envies qu'il y révélait.
"Quand j'écris ceci je me demande si je suis affreusement débile ou complétement dément, mais il se trouve que le Monarque Démoniaque pourrait m'aider à contenir ma colère. Avant que cette lettre ne soit réduite en pièces par rage, dédain ou moquerie, je tiens à préciser qu'il s'agit d'un petit différent personnel avec les Ailes Blanches, dont j'aimerais me... soulager. Je suis vraiment curieux, quel bruit font leurs ailes quand on les arrache ?  
PS : Il serait judicieux par ailleurs que nous nous revoyons à l’occasion pour parler affaires.
Le Fumeur Macabre. "
Devaraj trouvait cela divertissant d'agrémenter ses lettres d'illusions, formes de fumée qui sortaient du papier pour illustrer son propos avant de disparaître à jamais. Il passa ainsi une heure entière à trouver le parfait cri de l'ange torturé, ricanant tout seul de sa propre imagination. Après avoir terminé, il referma le coffret et le rajouta aux restes des présents. La délégation serait de toute façon espionnée par Taom et Khaal, car il ne trouvait rien de plus rassurant que d'espionner ses propres espions espionnant son peuple. Satisfait, le chaman retourna dans sa tente en se demandant si l'entrevue serait acceptée. En attendant, il prévoyait de faire une promenade sur le chemin des Totems avec sa femme et ses enfants, le tout dans la parfaite innocence.

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