-45%
Le deal à ne pas rater :
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre 14 couverts – ...
339 € 622 €
Voir le deal

Partagez
 

 [Événement] Démence fatale - Chapitre I

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Dim 18 Mar 2018, 21:29


Démence fatale - Chapitre I


[Événement] Démence fatale - Chapitre I Mask_o11


La Jungle - Premiers jours

Zi'Azak'Ir Kaori'Ba était de ces êtres oubliés, hors de la mémoire effacée par les ères. Certaines profondeurs de la jungle étouffaient la lumière comme la vie et en ces lieux retirés, les entrailles de l'Île dévoilées à nu révélaient leurs plus belles horreurs. L'Oracle en faisait littéralement partie, légende sournoise, dont on ne se souvenait que dans les situations les plus graves, véritable oiseau de malheur connu pour prédire avec une efficacité effroyable les catastrophes les plus meurtrières à ceux assez fous pour le lui demander. Fous. Alors que beaucoup prônaient la voie de la Sagesse pour prédire, lui s'était tourné vers une plus dangereuse croyance. Il avait choisi la démence, de celle qui crée ou réduit à néant de déraisonnables espoirs, qui insuffle ou ignore la terreur, qui relève ou réduit en miette sans explications possibles. Tel était la nature de son existence, telle était la raison de sa vie. Ainsi, lorsque ses doigts fatigués par l'âge eurent terminé de polir son plus beau masque de cérémonie, lorsqu'il le porta contre son visage, il ne s'étonna pas de voir sa conscience s'effiler loin de son esprit. Un sacrifice à Nīḍalu possède le prix de la raison et Zi'Azak'Ir n'avait qu'un souhait : s'offrir au Dieu en sentant le poids des âges trop lourd à porter.

L'homme masqué sortit de son antre pour la première fois depuis quatre-vingt ans, animé d'une force renouvelée. Le Masque avait faim, faim de souffrances dont il se nourrissait, car les tortures étaient en effet un ingrédient principal à la folie. Il traversa ainsi deux villages, évitant soigneusement le temple d'Edel, semant la mort, violant et tuant sans raison, ne laissant pas de survivants. Les coups ne semblaient pas affecter le porteur, dont l'aura horrifiante paralysait sur place les malheureux. Peu à peu, le Masque prit en puissance, de plus en plus repus par les cris de ses victimes. Seulement peu étaient nombreux ceux capables de supporter une telle énergie. Ainsi mourut Zi'Azak'Ir Kaori'Ba, vidé de ses forces. Il n'était pas l'élu destiné à porter l'artefact.

Alors que des nuages macabres recouvraient l'Île et ses habitants, le Masque attira à lui un autre porteur. Puis, encore un autre... Il cherchait ainsi son élu, traçant un chemin de croix sanglant.



La Banquise - Cinquième jour - Peu après minuit
"J'parie les trois peaux achetées la lune dernière qu't'as pas les couilles d'le frapper ! Y paraît qu'c'est maudit ! Hips ! D'toute façoooon... Hu, ché pu c'que j'disais !" Rire général sur le pont du principal navire de guerre ancré dans la baie. Le froid ne semblait pas gêner les corsaires, qui, fêtant une attaque particulièrement réussie, baignaient dans l'alcool et le sexe. Pourtant cette histoire de masque hantait plus d'un esprit. Loin d'être effrayés et célèbres pour leur témérité parfois imprudente, certains Kazak voyaient déjà l'objet sacré ornant leur collection privée... Quel beau cadeau pour la Reine de l'Océan, Eoda.

Le Lac Rouge - Cinquième jour - Au matin
La rosée fraîchement déposée sur les bourgeons naissant reflétait la lumière du soleil levant, sous les yeux admiratif de Delawam. En pleine prière, le chef de tribu songeait au Masque avec crainte. Quel était cette malédiction ? Comment apaiser l'apparente colère des Divins ? Le sage craignait que le bain de sang atteigne ses terres paisibles et s'attendait depuis trois jours à être réveillé avec les pires nouvelles. Il devait s'entretenir au plus vite avec le Suprême de l'Au-Delà.  

La Grande Baie - Cinquième jour
La nouvelle parcourut rapidement les rangs de l'armée qui campait le long des berges. Une nouvelle Arène venait d'être ouverte par le Zawa'Kar'Ba de l'Audace, et sa nature incongrue ne laissait personne indifférent. Il s'agissait de s'emparer du Masque et de prouver sa valeur en étant capable de le porter sans mourir -comme le laissait croire les rumeurs. Le défi était si étrange, à la fois ridicule et inquiétant, que ceux ayant le sang-chaud ne tardèrent pas à quitter le campement, munit d'un sac de voyage et de leurs plus beaux totems, non sans avoir offert un sacrifice sanglant à Haziel, car c'était en guerre qu'il partait. En guerre contre le mystère épouvantable qui animait l'île.




Devaraj contemplait les cadavres des victimes étalés le long du village. Il avait ordonné l'organisation d’obsèques adéquates et écoutait pour la troisième fois les témoignages des esprits. Sa colère était-elle plus grande que son incompréhension ? Il ne saurait dire. Qui était assez fou pour s'attaquer ainsi à son peuple sur son propre territoire ? Les témoins peignaient une image complètement fantasque de la scène, quelque chose qui n'avait rien de réaliste. Le chaman se pinça l'arrête du nez, ignorant sa migraine. Il n'avait pas dormi depuis trois jours et ne tenait que miraculeusement debout. Quelque chose le tenait éveillé, alerte, comme s'il devait attendre. Une soif naissait au fond de son cœur et lui tordait le ventre. Sans attendre, il ordonna la formation de petits groupes mixtes : trois guerriers avec trois autres chamans, afin de fouiller l'Île. Enfin... c'était un grand mot. Explorer serait une description plus juste de ce qui les attendait, car même les plus anciens ne pouvaient se vanter d'avoir déjà découvert tous les secrets de leur terre sacrée.

Explications


Coucou !  [Événement] Démence fatale - Chapitre I 1628
Bon alors voilà un rp pour les chamans, destiné à la fois à vous mettre à l'aise avec la mixité des tribus, le territoire de l'Île Maudite (donc si je vois des incohérences parce-que vous avez eu la flemme de lire, je très colère).

Il y aura trois chapitres et le but final sera l'instauration du nouveau culte de Nidalu, qui sera un peu spécial, mais vous verrez bien ça au fur et à mesure. :) Voici la situation actuelle : vous entendez des rumeurs sur le masque, puis vous recevez l'ordre de partir en exploration avec votre groupe. Le but est de trouver le masque et/ou son porteur.

Attention si votre personnage a des troubles psychologiques, il se sentira attiré une fois à proximité (la distance dépend de la profondeur de sa folie quoi. Genre Dev il peut aller n'importe où sur l'île ça changera rien à ce qu'il ressent xDD). Au contraire si votre personnage et pacifiste et sage, et bien il sera rejeté, il aura envie de fuir. Tout le monde sans distinction de puissance ou d'inclinaison est terrifié et paralysé sur place une fois en vue du masque. Là encore, la distance d'impact dépend de la résistance de votre personnage (les plus fort pourront s'approcher à quelques mètres alors que les plus faibles peuvent ressentir l'effet de peur à des centaines de mètres).

Sur votre chemin vous pouvez croiser des victimes, des porteurs morts, rien, des créatures, ou d'autres chamans, comme vous voulez. Vous pouvez réussir à vous diriger vers le masque ou non. Je n'accepterai pas que les niveaux III ou inférieurs arrivent à voir le masque et/ou son porteur. Il s'agit de l'incarnation d'un Aether, donc ne prenez pas ça à la légère ou sinon, encore une fois, je très colère.

Quoiqu'il en soit je cloturerais avec Devaraj. ^^

Tout les chamans et les esprits peuvent participer.  Je peux ouvrir à d'autres races mais il vous faut dans ce cas une raison pour être sur l'île, qui soit cohérente (et il ne sera pas possible d'en trouver une pour tout le monde, loin de là). A voir avec moi en MP avec votre proposition. :)

Vous avez jusqu'au 18 Mai 2018, 23h59, pour poster.  

Gains


Vous devez faire 900 mots au minimum, dans un message unique.

Gain de participation au choix :
- un point de spécialité
- une mini-réplique du Masque que votre chaman aura confectionné lui-même après les événements dans un matériaux au choix. Ce sera son totem de Nidalu et l'objet aura le don de doubler les effets des émotions fortes du porteur (peur, désir, colère, ect).

Vous ne pouvez, bien entendu, pas participer tant que votre personnage/compagnon n'est pas validé.

Récapitulatif des Gains


Personnage / Lien / Gains

Revenir en haut Aller en bas
Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Dim 29 Avr 2018, 17:04

L'Au-Delà - Cinquième jour

Ce détail fit tiquer Souw, les plus attentifs au Tribunal remarquant aisément ce bref tressaillement qui parcourut son faciès. Les multiples requêtes au sujet du Masque s'amoncelèrent telle une avalanche de paperasse impossible à traiter dans les délais souhaités. Déjà présente à plusieurs témoignages des Esprits fraîchement nés, Léto se confronta à davantage de rapports de ses disciples, éperdus dans une incompréhension et, pour certains, une fascination naissante pour cette affaire. Les Souw'Ni les plus téméraires souhaitaient faire leurs preuves, la Chamane captait leur entrain croissant même sous sa forme spectrale. Cependant, les massacres étaient concentrés au Awakatu No Hi. L'attention du Hǫfðingi et des tribus ne pouvait être que centré sur le sang de leurs frères et sœurs. C'était donc une mission à la hauteur de Souw en personne. D'un geste de la main, elle convia deux Souw'Ba pour la seconder dans cette tâche.

~~~

" Soa'Lêtó'Ha Souw. " Saluèrent les Zawa'Kar'Ni à son arrivée. La dénommée se contenterait parfaitement de ces trois guerriers, et les laissera agir comme bon leur semble. Elle n'était après tout pas leur cheffe directe ; bien qu'en ces temps troublés, la coopération inter-tribus était plus que la bienvenue. Raguä'Lver'Om et Mo'Obany'Udo – ses deux Souw'Ba – se tinrent à l'écart, assez proches de leur cheffe, à peine habitués à sa manière de procéder. Ayant plus que l'habitude d'agir en cavalier solitaire, Léto multipliait les exceptions lorsqu'elle agissait pour le compte de son peuple, consciente que le Masque ne devait pas être pris à la légère. D'autant plus lorsque c'était un ordre direct de Devaraj Taiji. " Où devons-nous aller ? Se permit l'un des combattants face au mutisme un brin trop prononcé des justiciers. Le sourire en coin de Léto s'accentua face à cette témérité et elle se tourna vers leur objectif.
- Les Plaines Montagnardes. Vous pouvez ouvrir la marche si tel est votre désir, à moins que vous ne souhaitiez me voir trouver le coupable en premier ? " Défi ou provocation, les Zawa'Kar'Ni y répondirent favorablement et ne se firent pas attendre pour guider les membres du Tribunal en direction du lieu susnommé.

Au même moment, l'Hozro de Lver se manifesta auprès de ce dernier et lui confia un message que le Chaman transmit à sa supérieure : " Souw, Latone est en route pour nous rejoindre.
- Inutile de l'attendre, nous ne devons pas laisser le moindre répit au Masque. " Ses adeptes acquiescèrent et la suivirent de près jusqu'aux étendues cotonneuses.

Là où l'atmosphère chargée de pression pouvait être désagréable, Léto y trouva son compte en ce coin de l'Île Maudite. Il lui rappelait le givre de la Cité des Chants, un endroit où elle s'épanouissait dans les sérénades et le vrombissement des tambours. À contrario de Ciel-Ouvert, la Souriante ne captait ici que les lamentations des Esprits et le danger constant engrangé par quelques créatures hostiles à leur égard, les instruments des Ætheri. Le trio guerrier sembla s'animer d'autant plus, on aurait presque pu croire que Léto ne serait même plus capable de maintenir la bride. Quelque part, cela pourrait être bien vrai. Cela faisait déjà quelques temps que la Sùlfr ressentait un quelque chose, comme une présence qui appuyait lentement sur ses épaules et qui poussait sur le creux de ses genoux. À mesure que l'avancée, elle finit par comprendre : on l'attirait. Enfin, "on", difficile d'affirmer si c'était bien une personne ou une entité, mais l'attraction n'en était pas moins pénible. Telle qu'à plusieurs reprises, elle convia aux Zawa'Kar'Ni de changer de direction pour se rapprocher de la source. Léto faisait entièrement confiance en son instinct, même s'il était question d'un piège : plus vite elle se rapprochera, plus vite le coupable se retrouvera dans ses chaînes. L'agitation des guerriers devint petit à petit inquiétante pour les justiciers des morts, qui eux captaient tout juste la même sensation que leur supérieure. L'empathie naturelle de Léto lui fit ressentir leurs émotions chamboulées.

La guerrière se mêla de suite aux combattants, un colosse parmi les belliqueux soldats. Ils quittèrent peu à peu les grandes étendues pour s'enfoncer dans une forêt aux pins titanesques. Ce fut le début de la catabase. Leurs pas marquaient la poudreuse sur leur passage et s'effritait au fil du temps pour assurer leur condamnation inévitable. L'esprit de Léto commença à bouillir, sûrement entraînée par l'exaltation des Zawa'Kar'Ni qui, eux, se laissaient enfin aller à leur pulsion. Cris stridents et prières époumonés leur prirent finalement, entraînant un sursaut du Souw'Ba Lver. Il remarqua alors un détail qui leur avait étrangement échappé :
" Souw… Je ne vois plus Obany. " La lucidité de son compagnon la tira un petit moment de cette agitation. Même avec sa taille, il lui était impossible de localiser la Chamane manquante, ni son Hozro par ailleurs. Puis, leurs traces dans la neige lui firent comprendre que cela devait faire déjà un bon moment que la Souw'Ba ne les suivait plus. Pour quelle raison ?

La Raison. Elle n'avait plus lieu d'être lorsque les guerriers se mirent à charger un ennemi semblant invisible. Lver protesta contre cette séparation mais Léto savait que les mots ne serviraient pas. Elle tendit la main vers le Zawa'Kar'Ni le plus proche et l'immobilisa grâce au Serre-cœur. L'enragé ne céda pas, malgré les efforts prodigués par la blonde. Elle serra les phalanges autant que les dents avant que le sort ne rompît, libérant le pauvre hère de son emprise pour rejoindre ses frères. Leurs hurlements se dissipèrent avec la distance, avant d'être coupés violemment. Léto soupira, le plus calme possible. C'est proche. Le Souw'Ba ne parvenait pas à se rapprocher de sa cheffe, son corps et son esprit refusaient de sombrer. Ses genoux touchèrent le sol, prêt à accepter la sentence. Mais ce fut la poigne de la guerrière qui l'agrippa et le projeta plus loin.
" Pars ! " Un commandement qu'il ne put remettre en question.

La Souriante se retourna vers la source, extirpant lentement la lame de son fourreau. Elle dut puiser dans ses plus abondantes forces pour se rapprocher, le cliquetis de ses maillons s'épuisant au rythme de sa marche. Et de son arrêt. La silhouette se dessina doucement sous ses yeux, au coin des branches épineuses ; du sang sur les mains, des cadavres familiers sur son chemin. Ce n'était pas tant l'homme qui l'intéressait que le masque qu'il portait. Le Masque. Le Masque. Le Serpent apparut et se dressa, un chasseur avide de sa proie. Pas le Serpent. Le Masque. Dävak. Númendil. Chaînes. Trahison. Sympan n'était pas la réponse. Les Ætheri. Dans le Labyrinthe. Brune félonie. Son esprit enserré ; la titanide était paralysée. " Ha ha… Ha ha ha… ! " Elle riait, incapable de lutter. Ses poings refusant de s'abattre sur le parasite de la Justice. Sa botte glissait mollement, trop lentement pour pouvoir raccourcir la distance entre elle et lui. Il était si loin, et pourtant si écrasant. Sarina ne pourrait-elle l'aider en cette épreuve ? Son hilarité se désagrégea, la faiblesse perla sur son front, le long de sa tempe. Il semblerait que ce soit trop tard.

Dans ce tourbillon de folie, elle sentit une pression sur son dos. D'abord délicate, puis graduellement bouillonnante. Une vigueur nouvelle s'empara de ses muscles et elle trouva la force de quitter du regard le masque pour croiser celui de Latone. L'éclat fusionnel lui fit perdre conscience quelques instants, abandonnée dans une lueur incertaine. Elle se réveilla, à terre, une subtile désolation autour d'elle. Le porteur du Masque s'était éclipsé durant la fusion. Sûrement pas à cause de l'intrusion de son Hozro, mais celle-ci fut clairement la bienvenue.
" Il semblerait que je sois tombée à pic ! S'extasia-t-elle en laissant sa comparse reprendre ses esprits et assimiler la situation.
- Ce n'est pas une mince affaire. Concéda la Chamane, son enveloppe charnelle encore secouée par les événements, son âme plus légère que tantôt. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi insignifiante. " Ponctua-t-elle avec un glissement de poignet sur ses lèvres, arquées en un sourire flamboyant.


1429 mots ~



By Jil ♪
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34266-latone#672534
Invité
Invité

avatar
Sam 05 Mai 2018, 11:30

L'effervescence est nocive. On dirait que tout le monde est à cran. .. Bon, en même temps, faut reconnaître que cette histoire du type au masque a de quoi faire réfléchir, surtout quant on sait les cadavres que cela laisse dernière lui. A tel point que même le Hǫfðingi nous demande d'intervenir en compagnie de guerriers Zawa'Kar. L'île est étrange, notre peuple est étrange mais là, je crois que l'on commence à atteindre des sommets. Les Dieux nous mettent-ils à l'épreuve pour quelque chose d'encore plus grand ? Je ne saurai le dire mais on l'apprendra bien en temps voulu. Quoiqu'il en soit, c'est à présent le moment de partir en chasse. Six personnes pour un être qui avait déjà causé bien plus de morts qu'un guerrier confirmé, en peu de temps. Trouver et approcher le masque … Enfin, le gars qui le porte. Et après ? Si seulement il y a un après d'ailleurs, parce que l'on ne peut pas dire que cela ait réussi à beaucoup de monde de se retrouver au même endroit que le Masque. LE masque … Instinctivement, on prononce ça comme si c'était le seul et l'unique, ou bien le tout premier de son genre, celui qui guidera tous les autres ..

Arrêtez de chuchoter, vous faites trop de bruit, j'entends rien.

Ils veulent peut être que l'on se fasse repérer pour se servir de moi comme appât ! Ils ont repéré que j'étais le mouton noir. Se débarrasser de moi, c'est éliminer un poids mort … Arrête ! Tu débloques Toble ! C'est la Malaferli qui me fait penser ça. Je ne les connais même pas ces gens là, pourquoi ils voudraient s'en prendre à moi ? ! Il faut que je me concentre, c'est pas le moment de flancher et d'avoir une crise de paranoïa. Y'a un être étrange à trouver !

C'est juste qu'il y a une ombre, un peu plus loin, adossée à un arbre. Ca fait plusieurs minutes qu'elle ne bouge pas et on s'interroge sur son existence.

M*rde … Le son de sa voix m'indique qu'il n'a pas forcément apprécié ma reflexion. Pas grave, il n'en mourra pas. Et puis, dans ce cas, heureusement qu'il n'a pas entendu mes pensées. Là, il aurait pu le prendre vraiment mal. Bon. Réfléchir.

Vous avez envoyé un esprit ?

~ Justement me revoila. L'Ombre est morte. Une chamane. Elle a du rencontre notre Masque. Je crois que je l'ai déjà vu et qu'elle faisait partie de la tribu Alséa~

Très bien … Il faudra ramener son corps à sa tribu. Des indices qui pourraient nous aider dans notre quête ?

~ Un doigt ~

Un doigt ?

~ Oui. Qui pointait vers le nord.

Le Nord. Le Phare abandonné ? Le Temple Celeste ? … La Clairière aux Esprits ? .. Cela serait quelque peu ironique, je trouve, avec tous les esprits parasites qui rôdent là bas. De toute façon, nous avons pas le choix, nous irons dans cette direction. Laissons les Zawa'Kar prendre les devants. Ils sont plus à même que nous de repérer un quelconque danger et surtout, d'y faire face dans l'instant. Ca me fait penser que je n'ai même pas prêté attention aux deux autres membres qui accompagnent notre groupe. Je passe trop de temps dans l'Au-Delà, j'en oublie les habitudes du monde réel. Entre ça et l'impression que mon corps a rétréci à chaque fois que je reviens dedans … Je devrai faire plus attention.

Au fait … De quelles tribus êtes vous ?

Je suis une Kazak

Et moi un Raya.

Je vois … Quant à moi, je suis un s...

Un Souw … Je t'ai reconnu, le Malchanceux.

Génial, il ne manquait plus que ça. Je ne sais pas qui a eut l'idée de ce titre mais j'aurai bien aimé qu'il me consulte avante, ça aurait été pas mal. Ah, c'est sur, ça me fait une renommée, mais voilà la tronche de la renommée. On peut pas dire que ce soit glorieux. … Bon, de toute façon, au final, ça n'a pas tant d'importance que ça vu que je passe la plupart de mon temps dans l'Au-Delà. Enfin, ne pas s'en formaliser.

Je vois …

Qu'est ce qu'elle a à éclater de rire comme ça la Corsaire ? … Ah, ça y est, je viens de comprendre … Parce que j'ai dis « je vois » alors que je suis aveugle … Vraiment … On dirait une … Tiens ? ! Là !

Stop !

Oh, j'ai l'droit d'rire si j'v ...

Par là ! Il est par là !

Comment je le sais ? J'en sais rien. Je le sais, c'est tout. Ca m'attire, comme les corbeaux le sont par la mort. Je ne suis pas sur que ça soit une bonne chose d'ailleurs, mais on n'a pas le choix, il faut le retrouver. J'ai l'impression que mes trippes me tirent vers l'avant.

Je … je … ne peux pas … Aller plus loin ….

Qu'est ce qui lui prend ? On dirait qu'il a peur  …. Ce qui m'appelle le rebuterait ? Pourquoi ? Il sait que c'est un piège ! A mon encontre ! Non … Si ! Pourquoi réagirait-il comme cela sinon ? Mon cerveau va exploser … L'Au-Delà est plus calme, j'aurai du y rester. … Qu'est ce que .. ? Je … Là … Il est là … Par tous les Dieux … Je .. Je ne peux plus bouger … Mort .. Folie .. C'était une folie .. On va tous mourir .. mourir … mourir.

Malchanceux …

Aaah !

Purée … Elle m'a fait sursauter en posant sa main sur mon épaule … Que c'est-il passé ? Pourquoi je suis agenouillé par terre … ?

Il est parti ...Je crois … Vous l'avez vu n'est-ce pas ? Il était là … Vous avez continuez à avancer avec l'un des Zawa'kar alors que nous ne pouvions plus faire un pas en avant … Mais c'est fini … Pour le moment … On rentre …

[/i]
1 073 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 08 Mai 2018, 19:24

La chasse. C'était ce qui faisait battre son cœur et donnait un sens à sa vie. Alors, partir à la recherche du Masque, c'était peut être la plus belle chasse qu'elle aurait l'occasion de faire. D'accord, ce n'était pas le nom que donnaient tous les autres à cette quête mandatée par le Suprême de l'Au-Delà en personne mais quant on y réfléchissait bien ça y ressemblait beaucoup. En tout cas, c'était sur cet optique là que partait la Mior. De plus, savoir que le tout était risqué et qu'il y avait déjà eu de nombreux morts ne faisait que rajouter du piment à la chose. La jeune femme avait été allouée à un groupe composé de trois Zawa'Kar – comme tous les groupes d'ailleurs - , d'un membre de la tribu d'Aylimr, d'un Mior et d'elle même. Même si elle n'avait aucun doute sur la puissance qu'elle ne possédait pas, elle se demandait si cela était judicieux de faire intervenir dans cette histoire des Chamans n'ayant pas, vraisemblablement l'habitude de se battre. Elle même n'était pas dupe quant à son utilité et à la force qu'elle possédait, mais elle se savait quand même plus à même de se défendre qu'un commerçant. Sauf que l'ancienne Eversha oubliait dans son raisonnement que la force brute n'était pas la seule chose à rentrer en ligne de mire, surtout quant on avait à faire à ce qui semblait être un esprit ou en tout cas, à quelque chose doté d'une puissance et d'une aura phénoménale.

On y va.

C'était l'autre Mior qui avait prit la tête du groupe. D'un commun accord, ils s'étaient mis d'accord sur le fait qu'un Chasseur était plus à même de mener la traque pour retrouver le porteur du Masque. Ensuite, ce serait certainement les Guerriers qui prendraient les commandes mais avant ça, il fallait déjà avoir une piste à suivre. Le Masque avait été aperçu dans toutes les parties de l'île, ou en tout cas, celles habitées ou explorées, et avait laissé dernière lui des traînés de cadavres. Même si les Chamans étaient habitués à la mort et aux sacrifices, cela faisait quand même beaucoup pour eux, surtout que c'était aux membres leur peuple que l'on s'en prenait. Dazia n'était pas dupe. Si elle était là, c'était plus pour un apprentissage qu'autre chose. Elle n'avait nullement les capacités requises pour faire quoi que se soit si elle se retrouvait par miracle – ou malheur, selon le point de vue – en présence du Masque et de son porteur. Mais il n'était pas question non plus qu'elle ne fasse rien

Leur périple était parti du Lac Rouge. Ils se retrouvaient à présent dans la jungle. C'était un lieu plus ou moins connu pour les Chasseurs. Ou en tout cas, quelque peu familier. Jamais l'entiéreté de sa superficie n'avait été explorée. Il n'était pas rare d'ailleurs, que des Chamans n'en reviennent jamais ou que l'on découvre leur cadavre au détour d'un arbre, au petit jour. Autant que la chasse à l'homme, toute cette histoire était aussi l'occasion d'en découvrir plus sur les profondeurs de l'Île Maudite. Ca permettait aussi aux tribus de se côtoyer alors que certaines ne se fréquentaient jamais en dehors des grands rassemblements. C'était à que tout avait commencé. En tout cas, c'était là que le Masque avait été aperçu pour la première fois et qu'il avait fait ses premières victimes. Depuis, il avait été signalé aux quatre coins de l'Île sans qu'aucune logique ne puisse être identifiée dans ses déplacements, à part le chemin de cadavre qu'il laissé derrière lui. Peut être bien plus que l'individu qu'ils recherchaient, c'était à présent de la Jungle elle-même et de ce qu'elle recelait qu'il fallait se méfier.


Cet endroit me donne la chair de poule.

C'était l'Aylimr qui avait prit la parole. Il devait être beaucoup plus habituée aux rivages du Lac rouge qu'à la Jungle profonde. En même temps, généralement, on ne s'amusait pas vraiment à partir en balade champêtre dans cette zone de l'île. Il fallait du coup se montrer d'autant plus prudent. Et pas seulement vis-à-vis de ce que l'on pouvait voir mais aussi concernant ce que l'on pouvait toucher, entendre ou même sentir. Même si Dazia était loin d'être une trouillarde, elle était quand même contente qu''un Mior plus expérimenté, qui avait déjà eu l'occasion de parcourir ses lieux, les accompagne. Bien avant que toute cette histoire commence, cette jungle avait déjà de nombreux morts à son actif. Un peu comme l'île toute entière, en fait, quant on y réfléchissait bien. Il fallait donc rester toujours aux aguets.

Attention !

Un monstre venait de surgir d'entre les arbres. Un hybride, quelque chose de pas vraiment définissable. Encore une espèce que la Mior n'avait d'ailleurs jamais vu. Il fallait dire qu'il y avait limite plus de faune en ces lieux que d'habitants humanoïdes sur l'Île. La bête s'était jeté sur l'un des Zawa'kar qui surveillait les flancs de la troupe. La Chasseuse avait aperçu le mouvement du coin de l'oeil, mais trop tard, l'animal avait déjà plaqué le Guerrier. Ce dernier avait cependant réagit rapidement au vue de la situation. Avant que son agresseur ne puisse lui ouvrir la gorge de ses crocs, il avait réussit à glisser son hallebarde entre lui et la gueule de la bête, ce qui lui avait sauvé la vie. Son armure de cuir lui évitait d'être étripée par les griffes puissantes de l'animal mais cela n'allait pas tenir longtemps. Les deux Mior se jetèrent dans la bataille tandis que les autres sécurisaient les lieux. D'autres bruits et d'autres grognements se faisaient entendre alentour et il y avait fort à parier que c'était une meute qui les attaquaient.

Une Zawa'kar mourut au combat et ils récoltèrent tous de nombreuses blessures, plus ou moins graves selon les cas. La nuit était tombée et d'un commun accord, ils décidèrent de regarder le campement le plus proche. Parcourir la Jungle la nuit était encore plus risqué que le jour. Ils n'aperçurent à aucun moment le Masque mais des traces de son passage étaient évidentes. A un moment, ils furent prirent de panique, paralysés sur place. Ce fut le seul témoignage du fait que l'être qu'ils cherchaient rôdait dans le coin. Ils ne purent s'approcher plus, la terreur les envahissant étant plus forte que tout.


1157 mots
Revenir en haut Aller en bas
Maximilien Eraël
~ Humain ~ Niveau III ~

~ Humain ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 2458
◈ YinYanisé(e) le : 18/09/2016
◈ Activité : Charpentier | rang II ; Ébéniste | rang II ; Soldat | rang II
Maximilien Eraël
Mer 09 Mai 2018, 11:15

Démence fatale - Chapitre I ˥


La jeune Chamane était assis en tailleur, à l’ombre d’un arbre. Cela faisait pas moins d’une heure qu’elle s’affairait à ranger dans des petits sacs avec un soin méticuleux les champignons du Lac Rouge récemment récoltés. Ceux en trop mauvais états, n’ayants pas survécus au voyage, étaient laissés de côté. Un produit de qualité est gage de fidélité. Fëanturi n’était pas sure de la signification de ces mots, mais elle supposait qu’ils avaient plus de chance de vendre leur richesse avec de beaux champignons qu’avec des champignons qui avaient la tête boursoufflée et le pied rongé. Ces beaux champignons étaient donc répartis de façon équitable, de façon à ce que chacun des sacs sur lesquels elle travaillait aient, à peu de chose près, la même masse. Le travail n’était pas simple et elle avait recommencé l’affaire plusieurs fois déjà. Fëanturi se saisit de deux champignons bien plus gros que les autres avant de pousser un soupir. Elle n’avait pas la moindre idée du sac qui serait le plus adapté pour les accueillir. Devait-elle en ouvrir un autre ? Elle n’était pas certaine. Elle serait ennuyée après avec ce qui lui restait. La Chamane tourna son regard vers la poupée qu’elle conservait constamment avec elle. Cette étrange poupée qu’elle avait d’abord laissée de côté, avant de l’entendre parler. De l’entendre prononcer une phrase. En ce moment, elle espérait à nouveau l’entendre prononcer quelque chose, pouvant peut-être en tirer une signification, y trouver de l’aide dans ses paroles. En fait, dernièrement elle se posait beaucoup de questions. Car ce n’était pas le seul objet qui semblait lui envoyer des signes. Il fallait qu’elle en parle à Ka'Hella, absolument.

Ses pensées revinrent à sa tache initiale. Au fond d’elle, elle songea que s’eut été bien plus simple si on mettait une quantité de champignons. Et pas une masse. La Chamane poussa un soupir puis, à défaut de ne savoir que faire de ses deux mycètes, elle les délaissa pour se saisir de deux autres biens plus petits. Si Fëanturi put ainsi continuer son travail sans encombre pendant un certain temps, tout se compliqua alors qu’elle se retrouvait une nouvelle fois face à ses deux champignons de taille imposante. Et cette fois-ci, elle n’avait aucune autre alternative que de s’en occuper.

- Aaaaaah…

Un gémissement de désespoir, et surtout de dépit, s’échappa de ses lèvres. Cette fois c’est vers son mentor que la jeune Aylimr’Wa se tournait. Du moins, chercha-t-elle à se tourner, car cette dernière ne semblait pas être dans les environs proches. Devait-elle l’attendre ? Probablement. Laisser la future marchandise sans surveillance serait une très mauvaise idée… Une pensée s’invita dans son esprit déjà troublée. Etait-elle partie elle aussi ?
Cette histoire de masque maudit avait quelque chose d’aussi mystérieux que terrifiant. Elle lui faisait penser à certains de ces contes et de ces légendes qui lui avait été racontés autrefois chez Kazak. Les Océans sont aussi terrifiants et sans pitié que l’est ce masque. Mais cette fois c’était différent. Ce n’était pas un conte. Ni une légende. Le masque était aussi réel que ces morts. Elles étaient aussi actuelles et improbable que l’apparition soudaine de ce masque. Voilà ce qui la terrifiait, plus que ces histoires qui lui avaient été contés. C’est qu’elle faisait partie de cette histoire aujourd’hui. Elle n’était peut-être pas le personnage principal – heureusement songea-t-elle – mais elle en faisait tout de même parti. Et puis, savoir que le possesseur de ce masque, comme son entourage, étaient condamnés à mourir… Serait-ce une volonté ou, au contraire, une punition d’Ezechyel ?

Malgré les ordres émanant de l'Hǫfðingi en personne, Fëanturi n'avait pu se joindre à l'expédition visant à retrouver le masque. Certains devaient rester au campement afin de préparer le prochain voyage qui devait avoir lieu dans peu de temps. Autant dire que cet événement ne tombait pas au meilleur des moments. Fëanturi baissa son regard en voyant un nouveau groupe de Zawa’kar arriver pour cette chasse au masque. De toute manière, bien qu'elle ne l'admettait pas à voix haute, elle ne désirait pas faire partie d’une de ces expéditions. Ce masque maudit lui donnait des frissons et elle craignait de croiser son chemin. D'après le rêve qu'avait eu sa mère, elle devait encore quelque chose à Eoda. Qu'est-ce qu'il se passerait si elle tombait sur le masque ou celui qui le possède ? Peut-être n'honorerait-t-elle jamais ce songe si un tel cas de figure venait à se présenter... Non, elle ne voulait vraiment pas chercher le masque. Elle ne s'en sentait même pas capable de toute manière. Et cette sensation lui était terriblement désagréable. Elle avait affronté la rage d’Eoda. Pourquoi un masque lui offrait un tel sentiment d’horreur ?

- Est-ce que ça va ?
- Mmmh ?

La voix du Chaman la tira de ses propres songes dans un sursaut.

- Oui. Merci.

Il y eu quelques secondes de silence avant que le nouveau venu ne reprenne la parole.

- Essaye de mettre ces deux-là dans des sacs différents et de répartir des plus petits avec qui compenseront leur taille.

Fëanturi observa les deux champignons en question qu’elle tenait toujours dans la paume de ses mains. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre de quoi il était en train de lui parler. A penser aux événements actuels, elle en avait presque oublié ce à quoi elle avait été assignée.

- Merci.

Elle commença à s'affairer à la tâche, devant cependant pour cela utiliser des champignons qui avaient déjà trouvés leur place dans d'autres sacs. La reprise de ce travail, qui dura ainsi plusieurs longues minutes, lui permis cependant d'oublier le masque maudit et les horreurs qu'il semait pendant ce lapse de temps.
Une idée fixe aboutit à la folie ou à l'héroïsme.


Mots 966


We were never welcome here ~ Night time or morning time, we're going strong

Don't you tell me what you think that I can be

[Événement] Démence fatale - Chapitre I 3881576816 Vous avez deux nouveaux messages [Événement] Démence fatale - Chapitre I 3881576816 :


Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34158-melissandre-s-gemu-
Invité
Invité

avatar
Jeu 10 Mai 2018, 12:57

Allongé à même le sol, Ragnar était nu, regardant sa partenaire s’exercer sur son corps. Il avait callé son crâne contre un rocher, une couverture de fourrure roulée en boule derrière sa tête. « Plus bas. » fit-il pour s’amuser. Elle s’exécuta contre toute attente, après avoir changé de couleur. Sa verge était à présent marron et ce qui ne devait être qu’une plaisanterie tourna rapidement court. Il y avait différents types d’humour. Or, pour Ragnar, s’amuser avec les significations des nuances n’en faisait pas partie. Il se redressa vivement, se dirigeant vers le cours d’eau qui se trouvait là pour se rincer. Ça ne le faisait pas rire. Quand il se retourna, il fixa la Raya'Wa d’un air mauvais. « Ne recommence pas sinon… ». Sinon il allait l’étrangler. Particulièrement prudent, il guettait toute offense qui pourrait être faite aux Dieux. Si un Æther se voyait offenser par l’utilisation légère de l’infamie, il pourrait le priver de sa fertilité ou le maudire, d’une manière ou d’une autre. « Ne fais pas de moi ce que je ne suis pas. » conclut-il en se rallongeant. Il prêtait son corps à Soa’Min’Lou, une Chamane de sa tribu, pour qu’elle s’entraîne dans l’art de peindre. Aussi, cela faisait plusieurs heures qu’elle dessinait sur son corps, l’homme allant se rincer de temps en temps pour qu’elle puisse recommencer et s’améliorer. Raya était la tribu dans laquelle Ragnar était né. Ce n’était cependant pas celle dans laquelle il aspirait à évoluer. Il attendait simplement un signe divin pour le guider sur cet autre chemin. « C’est vrai, tu as raison. » répondit la jeune femme. Elle avait commis l’erreur dans un élan de fougue mais regrettait son geste à présent. Elle irait faire des offrandes dans la journée. En attendant, elle devait s’entraîner. Plus tard, ce serait elle qui servirait de modèle.

Comme pour faire oublier son acte, elle aborda un sujet qui, de façon générale, mettait l’homme de bonne humeur. « Cela fait un moment que je n’ai pas vu la femme de ton père. ». La chose produisit l’effet escompté. Ragnar partageait avec Lilith une amitié profonde. Depuis l’enfance, il la côtoyait et elle avait toujours eu la patience de répondre à ses questions sur le monde, les Anges ou n’importe quoi d’autre. Elle avait déjà séché ses pleurs et s’il ne la considérait pas comme sa mère, elle lui était particulièrement chère. Les deux se faisaient des confidences et, bien que cela ne se soit jamais produit lorsqu’il était plus jeune, récemment, il avait assisté lui-aussi à sa tristesse. Alors, la tendance s’était inversée et c’était lui qui l’avait consolée. Elle ne se confiait pas encore sur tout mais il avait bon espoir qu’elle le considère un jour comme mâture et capable d’encaisser sa peine. Il avait envie de la protéger en réalité, même s’il ne savait pas forcément de quoi. « Je pense qu’elle devrait revenir bientôt. » fit-il avec un petit sourire. Elle lui ramènerait sans doute un souvenir. Elle le faisait souvent lorsqu’elle s’absentait longtemps.

-------

Quelques heures plus tard, les deux Chamans, trottinaient au milieu de la jungle. Ils n’étaient pas seuls. Un groupe d’Hyggja avait troublé leurs activités. Pour autant, ni l’un ni l’autre n’avaient été dérangés par leur présence et leur proposition. Cela faisait plusieurs jours que la rumeur courait sur une étrange relique, un masque. Ragnar en avait entendu parler, bien sûr, comme tout le monde. « Attention ! » fit-il à l’attention de Min en la tirant vers lui. L’endroit n’était pas sauf et le paysage avait tôt fait de faire disparaître les voyageurs imprudents. Lui-même ne s’y serait pas aventuré s’il n’était pas accompagné de plus puissants que lui. Devant la mine déterminée de Ragnar, la jeune femme sourit. Il ne faisait aucun doute qu’il escomptait trouver quelque chose, probablement pour rendre Devaraj fier de lui, Devaraj et Lilith. À mieux le contempler, elle se dit qu’il n’était plus l’enfant qu’elle avait connu jadis. Elle-même avait grandi.

Cela faisait de longues minutes qu’ils remontaient la jungle, à la recherche de l’artefact, de ce signe sans aucun doute consenti par les Ætheri. Ils n’avaient aucune certitude quant à sa localisation. Les fouilles avaient commencé depuis peu et plusieurs groupes parcouraient l’île. Trouver quoi que ce soit relèverait du miracle. Les Dieux récompenseraient probablement les méritants. Alors que le Chaman adressait une prière silencieuse à Edel, de laquelle il foulait le territoire dédié, il sentit quelque chose lui glacer le sang. Son pied, qui s’apprêtait à avancer, se stoppa net. Un coup d’œil en direction de Soa’Min’Lou lui apprit qu’elle s’était arrêtée un peu avant lui. Le visage livide de la Raya’Wa montrait la peur qui l’habitait. Lui-même se sentait fébrile. Était-ce là une épreuve ? Il fronça les sourcils, forçant son pas. La sensation se renforça, comme si son corps tout entier était en alerte, pris dans une lutte contre une aura mystérieuse, une lutte qu’il ne pourrait pas gagner. « … ». Des sueurs froides commencèrent à couler le long de ses tempes. Sa faculté à respirer fut altérée, son cœur battant plus vite, comme si ses poumons manquaient cruellement d’air. C’était comme une déchirure au fond de son âme, comme si quelque chose menaçait de se briser en lui. Paralysé dans son incompréhension, ce ne fut pas lui qui recula mais un plus expérimenté qui le força à faire marche arrière. C’était comme s’il était hors de son corps, incapable de toucher du droit cette sensation de malaise qui l’étreignait. Il ne reprit pleinement conscience qu’à quelques centaines de mètres de l’endroit où il s’était senti mal. Min mit plus de temps à retrouver ses esprits, sa peau parcourue de longs frissons. Le fils du Suprême de l’Au-Delà resta silencieux. Il ne savait que dire sur la situation, ni qu’en penser.

956 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Ven 11 Mai 2018, 18:11

Tout autour d'eux était en effervescence. Le Masque était présent dans chaque esprit, à chaque instant, tout comme les morts qu'il avait engendré. L'angoisse ceignait le coeur de plus d'une personne. Synk observa tout cela silencieusement. Il ne comprenait pas encore réellement tous les tenants et les aboutissants de cette histoire, étant un peu trop jeune pour cela, mais ce qu'il savait, c'était que ce fameux porteur s'en prenait aux chamans, même si ce n'était jamais la même personne sous le masque. Son père était partit à sa recherche. Plein d'autres Chamans étaient partis eux aussi. Certains n'en étaient jamais revenus. Mais le jeune Alberone ne devait pas se préoccuper de ça. Il devait se concentrer sur ses devoirs, sur les choses qu'il avait à apprendre. C'était la mission qu'on lui avait donné pendant que les autres parcouraient l'île suite aux directives de Hǫfðingi . Il aurait pu être avec eux dans la jungle mais il en avait été décidé autrement par son Mentor. Il voulait être avec eux là-bas. Ca pouvait être dangereux, ça oui. Mais il devait aider son peuple. Que penseraient les Aetheri s'il ne faisait rien ?

Mais au lieu de ça, il devait se concentrer sur les peintures chamaniques. Il trempa son doigt dans le pot de pigment gris avant de dessiner deux traits droits sur le cuir d'une peau de bête tannée. Il fronça les sourcils en regardant ce qu'il venait de tracer, suçotant son doigt tâché.


~ Je ne ferai pas ça si j'étais toi ~

Faire quoi ?

~ Sucer mon doigt alors qu'il y a encore de la couleur dessus. C'est un coup à se rendre malade et crois moi, je sais de quoi je parle … Une erreur que tous les débutant ont fait au moins une fois. ~

Un esprit s'était assis à côté du jeune garçon. Il le regardait tranquillement autour de lui, détaché du monde. C'était un chaman. Ca se voyait aux peintures qui figuraient sur son visage et sur les parties de son corps à découvert. C'était la première fois que Synk le voyait. Mais en même temps, ce n'était pas étonnant. Il y avait tellement d'esprit dans ce bas monde et dans l'Au-Delà qu'il était impossible de tous les connaître. Même une vie entière ne permettrait pas de tous les voir au moins une fois. Celui-ci avait une grande balafre au milieu de son visage, symbole de ce qui l'avait emmené dans le trépas. La curiosité du Souw'Ni avait toujours été plus forte que tout le reste. Il frotta son doigt dans le sable de la Grande Baie où les Souw avaient installés temporairement leur campement, pour en faire partir les dernières traces de pigments.

Ca a fait mal ?

~ Faire mal ?

Synk pointa du doigt la plaie de l'Esprit, le regardant tranquillement comme si ce n'était pas choquant pour lui, que c'était quelque chose qu'il voyait tous les jours.

~ On ne pointe pas du doigt, ça se fait pas. Une seconde … Le temps de voir le reflet de la hache s'abattant. Après ça, plus aucune douleur. Mais tu n'avais pas une leçon à apprendre au lieu de me poser toutes ses questions ? ~

L'esprit esquissa un sourire. La curiosité était le meilleur moyen d'apprendre les choses, mais ce n'était pas pour autant qu'il fallait que ça prenne le pas sur le reste. Le jeune garçon regarda ses peintures avant d'observer le rivage. Son regard se déporta en direction de la jungle, au delà des montagnes.

~ C'est le Masque qui vous a fait ça ?

~ Oui. Il est puissant. Et terrifiant. Et probablement un envoyé des Dieux. C'est un honneur de mourir de sa main. J'espère juste que l'on pourra ramener mon corps pour lui rendre hommage avant que les bêtes sauvages ne le dévore tout entier.

Il est comment ? Mon papa et d'autres de la tribu sont partis à sa recherche mais ils sont pas encore revenus.

Le gosse ne le disait pas mais il s'inquiétait pour son père. Il avait foi en les Esprits et en les Aetheri mais c'était quand même son papa. Il connaissait la mort et il savait que son papa reviendrait en tant qu'esprit s'il mourait mais il voulait toujours pouvoir le serrer dans ses bras, encore un peu, même si c'était égoïste.

~ Je ne l'ai pas vu. Il est bien trop puissant pour moi. Je me suis retrouvé tétanisé bien avant de percevoir son ombre. Si mes jambes m'avaient obéi, j'aurai fui, incapable de me contrôler. Mais beaucoup ne le voit pas. Il ne peut pas être partout à la fois … Je crois pas en tout cas … L'ïle est grande et on est loin de la connaître. J'éviterai de m'en faire et je me concentrerai plutôt sur ce que ton mentor t'a demandé de faire si j'étais toi. ~

Mais …

~ Il n'y a pas de mais … Je resterai avec toi jusqu'à ce que ton père revienne, mais pour ça, tu dois travailler. Notre peinture fait partie de nous. Si tu n'apprends pas et ne connais pas la signification de chaque couleur et de chaque forme géométrique, tu ne pourras pas devenir un Chaman accompli.

L'esprit se tut et se contenta de faire un signe de tête en direction de la peau de bête. Synk regarda une dernière fois en direction de l'Ouest de l'Île. Il pria silencieusement les Dieux pour son papa avant de se remettre au travail. Car après tout, ce n'était pas le Masque qui allait le faire à sa place.

993 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Ven 18 Mai 2018, 22:10


  Cela faisait maintenant quelques jours déjà presque une demi-lune, que la petite Mior avait été convoquée devant la Raya'Ni. Elle commençait seulement à s'habituer doucement à cette nouvelle vie. Heureusement, ou pas, elle restait dans sa tribu, mais elle passait la majeure partie de son temps à aider Kham'hya dans des tâches un peu inhabituelles pour elle. Au lieu du tannage et de toutes les activités liées à la chasse, ou à des besoins quotidiens, c'était des pigments à broyer, et à mélanger pour en faire des mixtures colorées. Mais aussi des bois à travailler pour les instruments de musique, et tout un tas d'autres choses encore assez nouvelles pour que l'attention de Yagh'ba reste constamment éveillée.
L'ancienne Zawa'Kar l'intimidait encore beaucoup pourtant. Il est vrai que cette dernière ne faisait pas dans la douceur, et semblait assez froide, ce qui paradoxalement soulagea la barnœska qui pouvait ainsi rester elle-même, sans avoir à feindre des sourires. Cela n'empêchait pas l'enfant d'admirer le savoir de son aînée, surtout dans des domaines que sa tribu assez solitaire n'abordait en général que dans le temps des grandes fêtes. Elle avait moins vu Ymrl aussi, leur vinr, qui lui avait gentiment dit qu'elle allait apprendre de nouvelles choses grâce à cette occasion, et qu'il reprendrait les cours une fois le contrat terminé. Elle s'aperçut que lui manquait un peu le vieil hibou, comme elle surnommait irrévérencieusement, mais silencieusement, le vieux Mior qui lui servait de mentor habituellement. Et Khrk semblait s'être éloigné aussi, comme si son enfance à elle la quittait par lambeaux.
Elle n'avait pas une conscience trop claire de tout cela, plutôt un sentiment diffus de mutations par degré.

  Un instant distraite par ses pensées elle revint à sa tâche qui consistait à broyer finement le grossier sable coloré qui deviendrait ornement, symbole et langage rituel. Pour l'heure ils avaient quitté les douces cavernes qui surplombaient la Grande Baie avant de remonter vers le Lac Rouge et cela représentait déjà un joli bout de chemin.
Ils, c'étaient les trois guerriers, et leur petit groupe à eux. La Raya'Ni qui était la plus à l'aise avec les Zawa'Kar, Ymrl qui devait rejoindre les Delawam pour des échanges, et le Mior qui les accompagnait. Oui "le" mior, Biwah, le grand frère un peu moqueur. La petite Y'b n'avait pas compté comme une adulte encore. Biwah, lui, avait tendance à se rengorger à l'idée d'accompagner le groupe dans ce périple, se prenant pour un chasseur à l'égale des guerriers.
Il en oubliait que le vieux Mior, lui, connaissait bien des tours. Et cette attitude agaçait Yagh'ba sans qu'elle sache s'expliquer le pourquoi.
En plus Kham'hya semblait encourager le jeune homme qui s'en considérait d'autant plus important.

  Comme d'habitude la petite s'était légèrement isolée.
Pas de trop tout de même, car elle savait que quelques pas dans ce mystère végétal pouvaient faire la différence entre vivre ou mourrir.
Elle semblait dévorer des yeux ce qui l'entourait dès qu'elle était seule, comme à cet instant, jouant du pilon au bord du cours d'eau, en broyant cette pierre violette dont l'intense couleur illuminait son travail.
Les nouvelles dans l'île étaient sanglantes, elle ne pouvait l'ignorer. Au feux du soir on ne parlait que du masque, partout et tout le monde. Elle avait d'autres problèmes, d'adolescence, dans un peuple où le passage était habituellement codifié, et ainsi facilité par les rituels comme par l'importance et la visibilité orgiaque des fetes dédiées à Edel. Yagh'ba avait l'impression d'être attirée, et pourtant de fuir pour l'instant quelque chose en elle-même. Et cette sensation se répercutait en elle dans sa manière d'être. Le nord-est l'attirait, et pourtant elle aurait voulu retourner dans les cavernes, comme un refuge maternel.

  Le geste se faisait machinal, un rythme se dessinait, comme un bruissement de tambours avant de battre la mesure de l'orage. La répétition menait à une sorte de transe légère. Et Y'b fixant les multitudes de verts, du plus foncé aux plus clairs, d'un feuillage aux nervures pourpres et dorées, illuminé par un peu de soleil traversant la canopée pour tomber en gouttes éparses  autour d'elle, entendit un feulement s'éloigner, des crissements chitineux accompagner son propre son de pierre frottée, et le chuintement de l'eau comme une mélodie formant un chant naturel.
À moitié hypnotisée par un vertige sonore et visuel elle remarqua la souche à côté d'elle, que les termites façonnaient et sculptaient sans répit, transformant le vieux bois sur lequel des lichens couraient. Qui dit termites dit friandises, pourtant c'est le bois qui attirait son regard, et plus particulièrement les deux trous qui semblaient la regarder, ou l'inviter à contempler le monde à travers eux.
Son rythme se ralentissait en se syncopant tandis que sa tête penchait, et s'approchait doucement de l'envers de l'écorce dont la forme légèrement incurvée semblait s'offrir à épouser les contours de son visage.
Elle commençait à discerner au travers des orifices l'autre côté de cette même végétation, rendue plus vives encore si possible par l'ombre du bois dont la surface dépassait en hauteur la fillette assise, courronant sa chevelure de bois mort et de lianes vives.

  Ce fut un cri vrillant son oreille, un cri d'alerte qui l'éveilla de ce songe. Un croassement violent et deux serres noires et brillantes s'attaquèrent sans ménagement à sa chevelure.
Elle poussa un petit cri en éloignant l'oiseau avec des moulinets des bras. Au même instant un des Zawa'Kar surgit près d'elle alors que Khrk reprenait de l'altitude.
Yagh'ba ne savait plus où se mettre, d'avoir sans le vouloir dérangé les guerriers, et comble pour elle, Biwah arriva sur ces entre-faits.




-«Ahrf! encore cet oiseau, il faudra le sacrifier un jour...»
-« Oh je crois qu'il ne m'a pas reconnue parce que la souche cachait mon visage. Mais tout va bien.»

1045 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Ven 18 Mai 2018, 23:27

La constatation était douloureuse. Bien sûr, Lilith avait ressenti la tristesse. Celle-ci était semblable à une épidémie, se propageant d’un individu à l’autre dans une ritournelle sans fin. Elle avait pleuré ces morts, ceux que les Ailes Blanches avaient voulu honorer en ce jour. Elle ne pouvait rester indifférente à la détresse de ses semblables, quand bien même ses pertes personnelles étaient nulles. C’était d’ailleurs ici le problème le plus criant : elle était Ànjonú et, pourtant, se sentait à l’écart, telle une pièce rapportée qu’il était impossible de faire entrer dans le tout, même en l’huilant de la plus abondante des manières. Ce sentiment de vague à l’âme ne la quittait plus depuis bien longtemps. La vérité c’est qu’elle ne se sentait chez elle nulle part ; ni chez les Anges, ni chez les Chamans. Sans doute était-ce un sentiment dû à sa vieillesse. Elle s’était sentie, par le passé, beaucoup plus enjouée et motivée. Aujourd’hui, il lui semblait subir son existence bien plus qu’elle n’en tissait le canevas. La seule chose qui avait de l’importance pour elle, une importance capitale, était sa famille ; en particulier ses enfants. Ils étaient, en contrepartie, ses chaînes. Pour autant, elle avait d’autres responsabilités, des responsabilités qui, parfois, l’étouffaient. Jouer sur ces différents tableaux finirait par lui coûter cher, elle le savait. Pour autant, elle se sentait coincée. Que pouvait-elle faire ? Quitter Devaraj ? Ne plus jamais mettre les pieds sur l’Île Maudite ? Disparaître de la circulation sans un mot ni un soupir ? Envoyer une missive à l’Élue des Cieux pour lui signaler qu’elle ne reviendrait pas non plus ? Et que ferait-elle une fois qu’elle serait sans aucune attache ? Pouvait-elle seulement vivre ainsi ?

Ses pieds foulaient enfin Awakatu No Hi. Pourtant, dans son esprit figuraient encore le cénotaphe et les coquelicots. L’Amēllia résonnait toujours dans sa tête. Devait-elle réellement pleurer les morts, alors même qu’elle savait parfaitement qu’ils continuaient d’exister, invisibles aux yeux des Mortels ? Elle avait été Esprit, elle-même. Elle savait. Pourtant, la douleur était bel et bien présente. L’ignorance de la grande majorité des Anges était un fait qui les poussait à souffrir. Était-ce grave ? La peine pouvait être un moteur puissant. Dommage que dans son cas, elle ne crée qu’une paralysie gênante. Ce n’était, là encore, pas forcément grave. Elle était éternelle et les siècles coulaient, encore et encore, sans jamais s’arrêter. Lilith se demandait ce qu’elle pourrait faire pour son peuple. Le dialogue entre les Démons et les Anges semblait fracturé à jamais. Était-ce une bonne chose ? Elle en doutait. Deux races, même antagonistes, pouvaient communiquer. Il en était ainsi des Magiciens et des Sorciers. Peut-être était-ce là ce qu’elle devait tenter ? De raisonner les parties. Certes, la guerre avait toujours détruit des villages mais il semblait à Lilith qu’elle était loin d’être une solution. Sans doute était-il dans l’intérêt des Anges et des Démons de s’entendre sur les grandes lignes ? Peut-être que les Démons trouveraient un intérêt dans cette communication ? Après tout, depuis qu’elle était enfant, on lui avait inculqué l’équilibre des forces. À chaque fois qu’il avait été brisé, des événements funestes étaient survenus.

Ses réflexions étaient, en réalité, très brouillonnes, sans doute d’une naïveté déconcertante. Malheureusement, la mort avait laissé chez elle certaines séquelles. Le risque qu’elle voulait prendre était énorme, trop gros pour qu’une personne réellement intelligente ne s’y risque. Quelque part, elle était convaincue que les êtres démoniaques connaîtraient bientôt un déclin semblable à celui des Anges. Elle ne savait pas comment ni pourquoi mais il lui semblait que leur nombre décroîtrait drastiquement pour rejoindre celui des Ailes Blanches.

« Lilith ! ». Elle n’eut pas le temps de réagir que, déjà, les bras du jeune homme s’enroulèrent autour d’elle. Plongée dans ses pensées, elle ne l’avait pas vu venir. Machinalement, elle le serra contre elle avant de relâcher son étreinte. Il semblait un peu pâle, bien qu’un sourire franc habille ses traits. Il était content de la voir mais quelque chose n’allait pas. « Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda-t-elle pour toute salutation. « Si tu n’étais pas partie si longtemps, tu le saurais. » fit-il sans la moindre once de reproche dans la voix. Elle aurait bien fait une blague sur Devaraj mais elle doutait que ce soit du meilleur goût. Les Chamans considéraient le Suprême de l’Au-Delà comme une sorte de divinité. « Comment va ton père ? » fit-elle à la place, pour s’assurer que l’agitation de l’homme n’avait rien à voir avec un acte de son géniteur. « La dernière fois que je l’ai aperçu, il semblait… énervé. Nous avons retrouvé des cadavres… Ce serait dû à un mystérieux masque mais je n’en sais pas beaucoup plus. C’est assez flou. Les Ætheri semblent nous tester et l’Hǫfðingi a ordonné que l’on cherche cet objet. ». « Et tu es allé le chercher ? ». « Oui. C’est là que les choses ont dégénéré. Je ne sais pas pourquoi mais je me suis retrouvé tétanisé. ». Il semblait agité. « J’étais incapable de bouger et j’ai cru un moment qu’Ezechyel était venu me chercher. Je ne sais pas quelles forces sont en jeu, s’il s’agit d’une malédiction ou d’une épreuve mais… ». Il la regarda. Il n’allait pas finir sa phrase. La vérité c’est qu’il avait failli lui conseiller de rester loin de l’objet. Lilith avait accouché des enfants d’Edel mais il s’inquiétait pour elle. Il semblait que son père serait dévasté s’il arrivait quelque chose à l’Ange. Il se trompait peut-être mais c’était ce qu’il avait déduit en les voyant ensemble, ensemble et séparés aussi. « Je vois. ». Elle était calme, contrairement à l’ambiance actuelle de l’île. L’homme aurait bien voulu continuer à parler du masque, de ses hypothèses, de ses sensations mais elle paraissait fatiguée. « Ton voyage s’est bien passé ? » demanda-t-il. « Oui. Je t’ai ramené quelque chose. ». Elle stoppa sa marche et sortit de sa besace un livre qu’elle ouvrit. Entre deux pages était coincé un coquelicot. Elle l’avait cueilli bien après la cérémonie. « Tu pourras t’en servir comme marque page pendant ta lecture. ». L’ouvrage, quant à lui, était un recueil de poèmes sur le thème de la mort, vu par différents peuples. Elle lui avait appris à lire la langue commune dès l’enfance. « Merci. » dit-il. « Je vais aller me reposer maintenant. » dit-elle simplement.

Après avoir déposé ses affaires, Lilith s’était élevée dans le ciel avec pour seule pensée d’atteindre le Lac Rouge afin de s’y baigner. Voir Ragnar l’avait détendue, quand bien même les nouvelles qu’il lui avait apprises étaient loin d’être rassurantes. Il lui semblait que le monde entier partait en vrille depuis la Guerre des Dieux. La paix qui régnait n’était que la façade d’événements plus discrets qui se produisaient ici et là. En même temps, après le génocide des Anges, tout semblait dérisoire.

Une fois sur place, elle enleva ses vêtements afin de se tremper dans l’eau fumante. Son corps se relaxa immédiatement. Elle ne put s’empêcher de penser que si les conseils diplomatiques se déroulaient dans des sources chaudes, les tensions seraient moindres entre les Souverains. Lilith bougea délicatement ses épaules, comme pour s’assurer que toute trace de tension avait disparu puis, après une inspiration, elle s’immergea. Vidant un peu de l’air présent dans ses poumons, elle resta quelques secondes sous l’eau, comme en apesanteur. Le silence lui semblait une solution à bien des maux. Peut-être était-ce là la solution ? Entreprendre un pèlerinage dans des contrées reculées ? Elle annoncerait aux Anges qu’elle partait à la recherche de la Force et de la Foi, aux Chamans qu’elle avait besoin de temps pour… Une main la tira vers la surface, trop puissante pour être celle de Ragnar ou de l’un de ses enfants. Quand ses yeux rencontrèrent ceux de l’homme, le premier réflexe qu’elle eut fut de vouloir fuir ; en vain. « Vous… » fit-elle, un tantinet accusatrice. Il avait le don d’apparaître dans les pires moments. Un sourire doucereux apparut sur ses traits mais cela ne dura qu’un temps. Il la lâcha et appuya sa tête contre la berge, fixant le ciel de ses yeux bruns. « Je ne suis pas toujours un monstre, vous savez. ». « C’est ce qui est le plus monstrueux chez vous. » répliqua-t-elle. Et c’était vrai. Elle n’avait jamais su sur quel pied danser en sa présence. « Certes. » concéda-t-il, amusé. « Jadis je doutais, un peu comme vous. Être bénéfique, être maléfique, servir un camp plutôt qu’un autre… Faire ce que l’on a envie, faire ce que l’on doit faire… La vie est parfois complexe. Les individus attendent souvent leur mort pour faire, enfin, des choix ; ceux qu’ils auraient dû faire bien avant. ». « Pourtant, vu votre histoire, il me semble que le choix n’a jamais été dur pour vous. ». « Parce que vous ne connaissez que la pointe de l’iceberg de mon existence. ». « Comme le rest… ». La sensation fut légère mais assez forte pour l’empêcher de finir sa réplique. « Ah ! Vous l’avez senti. » dit-il. « Le masque ? » demanda-t-elle une fois qu’elle eut repris contenance. « Hum… Peut-être. ». C’était un peut-être lourd de sens. Lilith resta un instant sans bouger avant de sortir de l’eau, suivie par l’homme qui commença à marcher derrière elle, la regardant se rhabiller malgré sa peau luisante d’eau. Lui était déjà sec mais préférait rester nu. « Ce n’est pas une bonne idée. ». Elle ne l’écoutait pas. Elle était têtue, un peu comme lui. La peur commença petit à petit à gagner l’esprit de l’Ange qui utilisa ses dons pour essayer de calmer son appréhension, en vain. Elle forçait, il le voyait. Soit, si elle voulait connaître la folie, il allait la lui offrir sur un plateau d’argent. D’un geste circulaire de la main, il protégea la jeune femme, la suivant toujours avec un sourire taquin. Il n’aimait pas qu’on lui désobéisse et elle en paierait le prix. Ce n’était pas méchant, juste… si, un petit peu quand même. Néanmoins, il la voulait forte. Il la rendrait forte.

Une fois qu’elle fut proche de l’objet divin, son sourire s’agrandit. « J’espère que vous êtes prête. » murmura-t-il tranquillement avant de lâcher sa protection. La pression fut trop forte. Il imagina un instant le mal qui avait dû l’étreindre, les images qui avaient dû passer en son esprit, une fraction de seconde. Elle gisait à présent au sol. Il disparut dans un petit rire farceur, tout en annihilant ses vêtements. Avec un peu de chance, elle ne se ferait pas dévorer par une grosse bête.

1784 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Ven 18 Mai 2018, 23:53

[Événement] Démence fatale - Chapitre I Bd3b8110

Le Fumeur Macabre se tenait suffisamment éloigné pour que les membres constituant son groupe ne remarquent pas l'extrême nervosité qui déformait ses traits. L'air glacial des plaines était d'ailleurs un excellent prétexte pour dissimuler ses mains tremblantes et moites ainsi que la moitié de son visage sous d'épaisses fourrures. On lui déchirait les entrailles avec de l'acide ou on le transperçait de toute part avec des milliers d'épines, il ne trouvait pas vraiment d'expressions adéquates pour déchiffrer ce qu'il ressentait depuis le lever du jour. Outre la colère de voir les cadavres s'accumuler sans avoir le moindre indice sur le meurtrier, il se sentait comme envahi au sein même de son esprit, scruté et mis à nu dans ses pensées les plus secrètes par un constant regard malsain. Fermer les yeux ne rendait les choses que plus compliquées, car privé de sa vision naturelle il ne faisait que voir encore mieux cette magie qui le prenait aux tripes. Son énergie était drainée et ses épaules alourdies par l'invisible. Il se traînait ainsi dans la neige, tentant bien que mal de rester éveillé et de résister à ce violent appel qui lui soufflait l'envie peu recommandable de briser les cous de ses semblables. Car oui, une violence inouïe parcourait ses veines, tirant partie de chacune de ses tares, comme un monstre qu'il était près à vomir au moindre sursaut.

Il ne lui fallu pas longtemps pour se rendre dans les Plaines Montagnardes, là où Souw l'avait précédé de peu, elle aussi guidée par la magie qui alourdissait l'air. Le Masque semblait s'être volatilisé mais tous pouvait le sentir, tout proche. Trop proche. Le Suprême de l'Au-Delà adressa un regard compatissant à la chamane qui gisait au sol. Comment lui en vouloir alors que lui-même était paralysé dans le moindre de ses mouvements ? Au tout début, ce n'était qu'une légère appréhension devant l'étrangeté de la situation. Puis au fur et à mesure qu'ils parcouraient les étendues enneigées, la crainte s'était insinuée dans son esprit, sans qu'il ne puisse en donner la raison. S'il savait pourquoi il craignait Jun Taiji, il ne savait pas pourquoi il craignait cet inconnu qui avait prit ses terres pour terrain de jeu. Quoi de plus frustrant ? Sur les théories rocambolesques évoquées par ses compagnons sur le chemin, il n'en avait retenu qu'une : celle de la colère divine. Qu'avaient-ils fait pour la mériter ? Il laissait le soin de tirer des conclusions hâtives aux autres, trop occupé à repousser Gideon qui tentait de profiter des failles de son esprit pour agrandir son Emprise. Le Parasite semblait en effet se délecter de la situation, comme si écraser l'esprit de son adversaire était soudain devenu sa priorité absolue.

Le chaman poussa un gémissement et s'écarta de la troupe en effervescence qui cherchait suffisamment de force pour ne pas s'évanouir. Tout ceci était ridicule, pensa-t-il en faisant l'immense effort de marcher en avant. Ridicule et il allait se faire un plaisir d'y mettre fin. Devaraj ne savait combien de temps encore il pourrait tenir sans se dissoudre dans le néant. Les attaques du parasites réveillaient de vieilles douleurs qui l'étouffaient et une terreur absolue s'empara de son être lorsque après avoir fait quelques pas sur le couvert des pins sylvestres, il posa avec curiosité ses yeux sur l'objet au sol. Il vit et il sut. Il sut qu'il était le destinataire final, il sut que ses souffrances étaient loin d'être terminées, il sut aussi que mettre ce masque sur son visage le mènerait à sa perte. Il voulait faire demi-tour et aller de l'avant, fuir et se jeter sur l'objet, plus rien n'avait de sens et sans qu'il s'en rende compte, Gideon avait fusionné. Seulement au lieu de prendre le contrôle comme espéré, le Parasite ne fit qu'alimenter avec sa haine millénaire et sa puissance dévastatrice le flot d'émotions qui noyait le chaman. Haletant, il sentit son équilibre le trahir et tomba à genoux dans la neige. Comme hypnotisé par les courbes du masque qui semblait lui ricaner à la face, le chaman ne bougeait plus. Beaucoup de pensées défilaient sous ses yeux, des souvenirs oubliés de tortures subies ou affligées, peaux lacérées, hurlements, sang, beaucoup de sang. Un rire macabre s'échappa de sa bouche. Ses doigts s'accrochèrent au Masque et le portèrent contre son visage. Le Monstre était sorti.

Une journée entière remplie d'hallucination passa puis l'objet se désintégra en poussière après avoir presque tué le Souverain de l'Au-Delà qui sombra dans l'inconscience pendant plusieurs semaines. Pourtant même à son réveil, les souvenirs et les sensations éprouvées étaient aussi clairs que de l'eau de roche.

L'intérieur du Masque était comme un cocon empoisonné. La voix suave de l'Aether lui susurrait ses rêves les plus fous avant de l'étrangler avec la terreur d'un cauchemar et comme un mauvais génie, il faisait ainsi miroiter mille et une possibilités, mélangeant impunément réel et fantasme, douceur et douleur, plaisir et supplice. Il le prenait dans ses bras pour lui briser les os, jusqu'à ce que sa raison se torde et disparaisse. Il lui souffla de nombreuses idées, lui faisant apercevoir ce qu'il pourrait accomplir une fois plongé éternellement dans le bain de la Folie. Il lui insuffla une attirance si forte pour la perversion que les névroses du chaman s'enflammèrent brutalement sous la main frénétique de l'Aether. Son nom, résonnait à travers un écho assourdissant avant de disparaître dans un murmure toxique. Nīḍalu.

960

Merci pour votre participation, on se retrouve courant juin pour la suite.  [Événement] Démence fatale - Chapitre I Mini01
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Événement] Démence fatale - Chapitre I

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [Événement] Démence fatale - Chapitre II
» [Événement] - La Coupe des Nations - Chapitre I : L'économie
» [Evènement] - Un Bon Bol d'Air Pur
» [Événement] - La famille
» [Événement] - La Galette
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Ouest :: Mer Maudite :: Awaku No Hi-