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 Les faux-semblants cachent les vérités refoulées [Pv Zane]

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Jeu 28 Déc 2017, 16:03



« Majesté ? ». La voix de l’homme s’était faite interrogative au silence que sa remarque avait suscité chez la Reine. L’Impératrice Blanche lui tournait le dos, le regard posé sur son bureau. Elle se reprit. « Très bien, vous pouvez disposer. Je vais m’occuper de lui personnellement. ». « Votre escorte vous attend. ». « Elle ne sera pas nécessaire. Je ne dois pas attirer l’attention. Les Anges ne doivent rien savoir. ». Le soldat inclina la tête et sortit en reculant. Le silence s’imposa de nouveau jusqu’à ce que la Belle relève soigneusement le voile qui couvrait précédemment ses traits. Elle déglutit tout en effleurant son miroir des doigts. Elle n’aurait su décrire son état et sans doute était-ce préférable de ne mettre aucun mot sur ce dernier. Aussi, après quelques secondes, ses ongles rencontrèrent un ouvrage qu’elle ouvrit après s’être emparée d’un tout autre objet, lui aussi posé sur l’imposante table en bois. Cela faisait plusieurs jours qu’elle étudiait l’artefact et elle avait rapidement compris que la moindre caresse avait des conséquences sur la silhouette du Monarque. Edwina se sentait tiraillée depuis.

Lorsque le profil de la Bête apparut matériellement devant elle, sa respiration se fit plus profonde. Elle s’en approcha rapidement et, pourtant, l’instant lui sembla s’étendre à l’infini. Ce qui la rongeait la plongeait dans un état instable. L’expression de la jeune femme était grave. Sa lèvre inférieure trembla légèrement alors que ses yeux se plongèrent dans ceux de ce clone sans âme, dans cette cruelle magie. Sa bouche s’entrouvrit pour laisser passer le trop plein d’air. Elle était comme terrifiée, tourmentée par le doute. Pourtant, au bout de quelques secondes, sa mâchoire se serra et sa main se fit rapide et assassine. Le poignard qu’elle tenait précédemment s’enfonça dans le pectoral gauche de la forme. Les yeux de la souveraine se portèrent immédiatement sur le miroir et elle s’effondra presque lorsqu’elle s’aperçut que rien ne s’était produit. Le souffle de la Belle, bloqué dans la manœuvre, trouva de nouveau le chemin de ses lèvres et elle se recula légèrement pour s’asseoir dans le fauteuil le plus proche peu de temps avant que le poignard ne tombe au sol, dénué de sang, dans un bruit métallique. La silhouette du Monarque avait disparu de la pièce. Edwina se pencha légèrement vers l’arrière afin d’appuyer sa tête contre le dossier. Là, elle ferma les yeux, essayant de calmer sa respiration et le tremblement de ses mains. Elle finit par rire nerveusement, préférant ignorer ses propres pensées sur le sujet. Au fond, elle était rassurée.

Après de longues minutes, elle se leva de nouveau, rangeant le miroir dans le tiroir de son bureau. Des lettres l’attendaient sur ce dernier mais elle avait bien plus urgent à traiter. Aussi, quand elle quitta la pièce, juste avant de replacer son voile, un petit sourire éclairait ses traits.

Une fois dans le Chemin de Lynn, l’Impératrice essaya de contenir ses pas. En réalité, son allure était irrégulière. Parfois, elle s’arrêtait, prête à renoncer à sa tâche. D’autres fois elle y courait presque. Elle préférait ne pas réfléchir à ce qu’elle devrait dire une fois qu’elle serait arrivée à la prison et, de toute façon, le moment vint bien trop vite pour lui permettre de faire le tour de tout ce qu’elle avait possiblement à lui balancer au visage ou à lui susurrer. Les années avaient passé. Des événements importants s’étaient déroulés, tragiques et impitoyables. Il était vicieux mais pouvait-elle réellement le lui reprocher ? Il tenait son rôle d’une main de maître. Elle n’aurait fait autrement si elle avait été à sa place. Pourtant, dans ses contemplations de la personne du Monarque, la Tisseuse avait bien vite compris qu’elle n’était pas libre de se comporter avec lui de la manière qu’elle souhaitait. Elle était Ultimage avant tout et, lui, lui… était un problème.

Lorsqu’elle arriva sur les lieux, un pont se créa au fur et à mesure de son avancée et elle fut guidée vers l’endroit où Zane avait été enfermé. La pièce était spéciale, de manière à ce qu’il ne soit pas en contact avec les autres prisonniers. Personne ne devait savoir qu’il était ici. Comme le reste de la prison, il n’y avait nulle porte, nulle entrée ou sortie. La Valse Créatrice avait des avantages non négligeables. « Laissez-moi. » ordonna-t-elle aux gardes. Elle voulait être seule avec lui. Aussi, elle n’eut aucun geste à faire pour que le mur s’ouvre afin de la laisser passer. L’Impératrice déboucha sur une sorte de dôme qui semblait fait de verre et à l’intérieur duquel se trouvait le Roi démoniaque. Elle s’approcha de la paroi et posa doucement sa main dessus, le regardant à travers son voile. La situation était si étrange qu’elle resta d’abord muette. Que pouvait-elle bien lui dire ? « Ravie de vous revoir. » ? « Je suis au regret de vous signaler que vous risquez de rester en prison de longues années. » ? « J’ai failli vous éliminer aujourd’hui, heureusement que ça n’a pas fonctionné. » ? « Si les Anges étaient conscients de votre présence en ces lieux, ils vous tueraient. » ? « Vous saviez que votre fils n’avait aucune chance de me vaincre, n’est-ce pas ? » ? C’était idiot. Elle avait envie d’une toute autre chose.

Edwina soupira puis dévoila son visage. Ils n’étaient que tous les deux, séparés par un mur transparent. Elle pouvait ordonner quand elle voulait sa mise à mort. Elle pouvait le livrer en pâture aux Anges. Elle pouvait aussi le libérer sans qu’il ne soit jugé. « Si vous vouliez m’enlever de nouveau pour remonter votre cote de popularité, il ne fallait pas oublier de me prévenir avant. Ça vous aurait évité de vous retrouver enfermé ici, privé de votre magie. ». Elle hésita un instant puis finit par déformer la matière pour le rejoindre, veillant à ne laisser aucune issue derrière elle. Elle croisa les bras, prenant une mine impatiente. « Eh bien, dîtes moi, à présent que je suis là, ce que vous aviez de si urgent à me communiquer qui vaille la mort de plusieurs de mes sujets. ».
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Ven 29 Déc 2017, 23:55

Le rire cynique du Démon retentit au cœur de sa cellule, ne franchissant guère les frontières de cette cage prestigieuse à laquelle on l'avait affectée. Il aurait pu terrasser le monde pour venir jusqu’ici, et c’est ce qu’il avait commencé à faire en abattant quelques-uns des magiciens qui avaient tenté tant bien que mal de réprimer sa folie furieuse. Les victimes étaient nécessaires. Pire, elles étaient inévitables compte tenu de son état d’esprit actuel. Il s’attendait à ce qu’Edwina débarque pour le sermonner sur son comportement, qu’elle lui fasse la leçon sur les biens fondés de son impulsivité débordante, et bien sûr, il était prêt à subir n’importe quel supplice que ses valets seraient sans doute ravis de lui accorder, mais il s’en fichait éperdument. Il était venu ici en étant conscient des risques qu’il encourait, c’est pourquoi il s’était préparé à toutes les éventualités. Celle-ci figurait au sommet de la liste. À la seconde où la charmante reine fit son apparition, Zane ne manifesta aucun signe en mesure de trahir son émotion, si ce n’est un sourcil qui se fronça lorsqu’il sentit sa présence à moins d’un mètre, derrière cette muraille infranchissable pour celui qui se tenait du mauvais côté.

Comme la bête qui n’écoutait que la voix de sa maitresse, ses paupières se relevèrent lorsque le son liturgique l’atteignit. « J’ai été torturé un nombre incalculable de fois. Je me suis retrouvé dans des situations critiques des centaines et des centaines de fois sans avoir la conviction de revoir la lueur du soleil. On a essayé de me briser, encore et encore. Malgré tout, peu importe à quel point j’ai été miteux, je n’ai jamais ployé le genou. Privé de compagnie et de magie ? » Son éclat s'intensifia, comme si la raison avait irrémédiablement tracé sa route. Il semblait être possédé par une crise de démence très particulière. Très asservissante. « Cet endroit est plutôt confortable finalement. » Pas plus que ça, en réalité. En tant que Monarque, le luxe accompagnait son quotidien. Toutefois, il partait parfois s’exiler sur des îles insalubres durant quelques jours pour ne jamais perdre cette familiarité avec la nature et ses désagréments. Qu’importe à quel point il pouvait avoir tout ce qu’il souhaitait à disposition, il incarnait une volonté inébranlable de ne jamais renier ses origines. Cependant, dès lors qu’elle fendit le mur pour venir à lui, cette volonté s’effrita à mesure de la proximité. Comme s’il était animé artificiellement, son corps se redressa d’une manière improbable, tel le pantin désarticulé dont les fils étaient tractés. Elle était proche. Beaucoup trop proche pour que cette préméditation soit faite avec l’innocence qu’on aimait la caractériser. Il étudia chaque détail de son faciès, redécouvrant les joies d’un plaisir qu’il avait longtemps perdu loin d’elle. Cette férocité animale qui s’exprimait à l’intérieur de lui, elle comportait la rage d’une multitude de prédateurs. Il la fixa, l’air pantois. L’hésitation n’était qu’un prétexte pour davantage la dévorer du regard.

Puis enfin, il croisa ses bras râblés sur le torse. « J’ai faim. » La spontanéité de cette expression détonait clairement avec le ton hiératique qui se dégageait de l'image. Si elle cherchait une coopération de sa part, elle était tombée sur le mauvais jour. Pour le domestiquer, encore fallait-il lui proposer les bons mets. « J’ai tendance à ne pas être très causant quand j’ai le ventre vide. Mon appétit a quelque peu augmenté depuis que j’ai atteint vos terres. Faites-moi préparer un festin, je vous dirais tout ce que vous voulez savoir à ce moment-là. » Le rictus narquois qu’il affichait aurait pu traduire d’une forme de provocation, mais ce n’était pas le cas. Il était juste dans une mauvaise passe qu’il cherchait à éclipser. Il se frotta ensuite la nuque en levant les yeux vers le ciel. La distance qui les séparait était encore trop importante selon lui. D’un geste qu’il aurait certainement pu regretter très vite avec la rationalité en plus, il s’empara de cette main blanche pour la tirer à lui avec rusticité. « En réalité… vous m’avez terriblement manqué. J’ignore ce que vous m’avez fait subir, mais je vous désire un peu plus chaque jour. Il m’est parfois impossible de me concentrer dans mes tâches sans penser à ce que j’ai envie de vous faire. À toutes les bifurcations qui me sont possibles pour que je puisse enfin goûter à ce fruit défendu. » Chaque parole était accompagnée d’une caresse aussi subtile que l'occultation verbale du Diable. Il effleurait ses hanches, ses cuisses et même son buste alors que sa langue léchait le pourtour de ses lèvres. « Savez-vous à quel point il est dur de résister à la tentation ? » Prêt à lui bondir dessus pour n’en faire qu’une bouchée, il se désista au dernier moment en se retirant prestement, son poing heurtant sans ménagement le mur qui se trouvait à l’opposé de l’entrée.

Son sourire avait disparu au profit d’une mine assombri. « Reculez. C’est la seule chance que vous aurez, alors retournez de l'autre côté si vous tenez à rester… immaculé. Dépêchez-vous ! » De nouveau, il fut de retour. L’homme reprit ses esprits en se frottant la nuque. « Hu hu hu. J’en suis convaincu à présent. L’un de nous n’en sortira pas indemne. De plus, je pensais que cette prison endiguait mes pouvoirs, alors expliquez-moi. Expliquez-moi pourquoi je parviens malgré tout à voir au travers de vos vêtements. hm ? Un don des Dieux sans doute. » L’homme poussa un profond soupir en ébouriffant sa belle crête. Il avança ainsi orgueilleusement, débarrassé de toute cette moralité. Il était venu dans un but précis, il s’y tiendrait contre vents et marées. Il débordait d’assurance et surtout, d’inélégance, à tel point que son corps buta rapidement contre celui de la reine. Il intercepta son poignet sans lésiner sur la force qu’il déchaînait. « Je ne le répèterais pas deux fois. J’ai faim. Menez-moi quelque part où je pourrais dévorer tout ce que je souhaite, et ce sans éveiller les soupçons de vos larbins. On ne sait jamais, vous pourriez avoir envie de me sauter dessus. Et puis... j'ai un secret à vous confier. »
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Sam 30 Déc 2017, 02:26

Edwina ouvrit de grands yeux devant la remarque du Monarque. À dire vrai, elle ne pouvait pas remettre sa parole en doute. La prison du Cœur Bleu devait être plaisante pour n’importe quel Démon ayant connu les méandres impitoyables de l’Enfer. Ils ne vivaient pas dans le même monde. Elle soupira calmement. Elle ne pouvait décemment pas le laisser ici, ni même le faire exécuter. Cela n’aurait aucun sens. Tuer un Roi ne signifiait pas tuer ses sujets, ni les idéaux que ces derniers entretenaient. Si ce n’était pas lui, ce serait un autre ; elle préférait que ce soit lui. « Un… Un festin ? » répéta-t-elle. Un petit sourire germa étrangement sur les lèvres de la Belle après quelques secondes de réflexion. C’est qu’à force de l’observer, elle n’avait plus le droit d’être surprise par ses excentricités. Seulement, elle comprit vite qu’elle avait oublié quelque chose de fondamental : l’homme qu’elle scrutait depuis son fauteuil quand elle le désirait ne représentait aucun danger pour elle, contrairement à celui qui se tenait à présent contre elle. La trop grande proximité créa le trouble en son esprit, un trouble accentué par les paroles percutantes de son interlocuteur qui ne la ménageait pas. Elle ne désirait plus être hésitante, bégayer comme une idiote dès qu’un homme posait la main sur elle mais, pour le coup, elle se noya dans un océan de pensées et de sensations totalement paradoxales. La suite ne l’aida pas plus et elle finit par froncer les sourcils. Il était fou.

« Il suffit ! » dit-elle assez fortement tout en essayant de dégager son poignet de son emprise. Comme elle voyait qu’elle n’était pas de taille physiquement, elle exerça un contrôle sur les vêtements du Monarque pour le forcer à reculer, ajoutant à la pression celle de sa main libre qui vint appuyer sur son torse. Une fois libérée, elle entreprit de reprendre contenance, réajustant sa robe. Elle s’éclaircit la gorge et posa enfin son regard sur lui. L’Impératrice Blanche pouvait sentir son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine mais elle savait qu’elle devait cacher son état. La folie qui le caractérisait avait quelque chose de malsain et de grisant à la fois. « Vous n’êtes pas croyable… » asséna-t-elle après quelques secondes. Les événements qui s’étaient déroulés jusqu’ici n’avaient rien de rationnels, même pour lui. Elle devait néanmoins prendre une décision. Le laisser là, où il était facilement maîtrisable ? Ou le libérer et prendre le risque de le retrouver à fanfaronner au milieu de Vervallée où n’importe quel Mage Blanc constaterait sa présence ? « Sachez que vous êtes agaçant. Dire que j’en venais presque à regretter votre présence durant ces dix années de silence... » fit-elle au milieu de sa réflexion. Ce n’était pas faux mais elle essayait surtout de gagner du temps. « Bien. Je vais vous faire sortir mais ça se fera à mes conditions. ». Elle tentait de prendre un air sévère mais croiser le regard du Démon la fit vaciller dans sa bonne résolution. La voyait-il réellement nue ? C’était impossible, elle le savait. Pourtant, cette remarque la hantait. Comme pour essayer de se cacher un peu, elle positionna, mine de rien, ses bras d’une façon stratégique, les plaçant devant sa poitrine et les faisant courir le long de son corps jusqu’à son pubis sur lequel ses mains se joignirent. « Premièrement, jusqu’à ce que je décide du contraire, vous demeurerez mon prisonnier. Ne comptez pas vous en sortir aussi facilement. J’exige réparation et dans le cas où je vous libérerai, vous aurez une dette envers moi qu’il vous faudra combler. ». Elle redressa un peu les épaules, prenant un air princier qu’elle essayait de rendre légèrement altier. « Deuxièmement, j’aimerais qu’à l’avenir vous évitiez tout comportement déplacé sous couvert du prétexte que je vous aurai fait quelque chose. ». Malgré ce qu’elle disait, elle ne pouvait s’empêcher de trouver ses agissements étranges. Il n’était, en temps normal, guère de ceux à osciller de la sorte. « Troisièmement, fermez-la jusqu’à ce que nous soyons arrivés. ». Un sourire s’essaya à naître sur ses lèvres, sourire qu’elle eut beaucoup de mal à contenir mais qu’elle dissimula sous son voile. Elle fit un pas vers lui, essayant de rester ferme et déterminée. Elle attrapa sa main et de lourds anneaux apparurent de nulle part, enserrant le poignet du Monarque et le sien d’un métal épais qui semblait pouvoir résister à un buffle. Les chaines qui les liaient à présent pesaient également un poids non négligeable. « Bien, en route. ».

Le mur disparut par sa volonté et elle le traversa, entraînant Zane à sa suite. Lorsqu’elle passa devant l’un des gardes, elle murmura : « Lorsque je reviendrais, je souhaite m’entretenir avec toutes les personnes au courant dans mon bureau. ». Il acquiesça, très loin de se douter du plan de l’Impératrice Blanche. Quelques instants plus tard, elle avait disparu en compagnie de l’un des hommes les plus haï de cette Ère.

Ils réapparurent sous terre, dans une des nombreuses caves à vin situées sur les Terres du Lac Bleu. Autour d’eux, de multiples tonneaux étaient soigneusement rangés, éclairés par des torches éternelles. Des étagères contenaient des bouteilles plus ou moins anciennes renfermant du vin d’une très grande qualité. Elle était certaine que personne ne viendrait les déranger ici et dégagea de nouveau son visage. À quelques pas, il y avait une table en bois massif, entourée de deux bancs. Edwina y fit apparaître différents fruits. « Vous allez manger, boire et ensuite nous parlerons, de vous, des raisons de votre venue, du secret que vous avez à me confier… ». Elle marqua une pause, en face de lui. Ses yeux se baissèrent doucement sur sa main droite, enchaînée en miroir à la sienne. « Hum… Parfois j’aimerais être comme vous. Désirer quelque chose et le prendre. Désirer quelqu’un et… ». Ses mots se perdirent dans le silence. Elle ne pouvait pas. Elle était Reine avant toute chose. Si elle avait décidé de le libérer, c’était par souci politique. Si elle allait effacer la mémoire de ceux qui l’avaient vu, c’était pour éviter les lourdes conséquences que la présence de cet homme pourrait entraîner si la nouvelle venait à se répandre. Elle devait l’empêcher de recommencer pareille folie. Elle devait également discuter avec lui du Fleuve de la Terre Blanche, des millions de vies qu’il avait prises et qu'il continuait de prendre et, plus que tout, trouver un arrangement viable sur ce sujet. Deux verres à pied apparurent sur la table. Ils ne seraient pas de trop.
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Sam 30 Déc 2017, 23:13


Quelle ténacité. Quel caractère. Quelle excitation. Même quand elle simulait le refoulement, son cœur battait la chamade. Enfin, pas vraiment son cœur en fait, mais chez un Démon, qui de surcroît régnait en maître, la nuance était infime. « Je savais que j’aurais dû venir à poil. » Malgré tout, ç’aurait été lui mentir de prétendre qu’il avait déprécié cet élan d'impétuosité. Il rectifia directement sa tenue en préservant cette fois-ci le statisme qu’elle lui recommandait. À l’instar d’une machine admettant une mise à jour, ses pupilles dorées numérisaient la magicienne à outrance. Il avait tant de choses à découvrir autrement que par la perception visuelle seulement. « J’espère qu’elles sont purement libidinales alors. » En dépit de la situation défavorable dans laquelle il se trouvait, la dérision subsistait sa plus fidèle camarade. De plus, l’arrivage de son bluff avait manifestement fonctionné, ce qui amusa encore davantage le farceur. Par ailleurs, il décida de jouer le jeu du marché, ne serait-ce que pour se convaincre lui-même qu’il était prêt à les accepter en échange d’un service rendu. Le ricanement suivant fut plus réservé que les précédents. « Oh ! Les jolis bracelets ! Si ça vous ravie de me tenir en laisse comme votre amant de compagnie, pourquoi pas. J’aurais pu tomber sur une vieille harpie marquée par les rides de son âge avancé. Ainsi je préfère largement secouer la queue pour vous. » Elle jouait avec le feu. Entraver ses mains oui, mais pourquoi avoir sciemment pris la décision de prendre la clé pour s'enfermer avec le lion ? Drôle de concept.

Toutefois, qu’elle ait accepté ses caprices si facilement en disait long sur la bienveillance à son égard, alors pour la remercier, peut-être se déciderait-il à faire des efforts. Sauf pour le silence. Ça, il ne savait pas faire. Durant le parcours, il déblatéra même tout ce qui lui passait par la tête. « C’est drôle, ce type ressemble à un Eversha goéland que j’ai terrorisé une fois... » « Vous êtes au courant que mon fils a peur du noir ? » « L’autre jour, je me suis fait la réflexion, ce serait cocasse si j’avais un sosie chez ces foutues colombes. » « … et puis là, je lui ai répondu qu’il aurait mieux fait de prendre le rouge en place du bleu. » Il ne cessa ses monologues qu’une fois arrivé dans cette cave. Drôle de lieu pour un rendez-vous certes, mais il ne réclamait rien d’autre que la pitance qu’il avait à disposition. Il s’y installa d'ailleurs sans prendre en compte les menottes qui contraignaient la reine à suivre son rythme. Il ne perdit pas une seconde pour entamer son repas, posant la main sur les différents fruits qui jonchaient le mobilier. La fluidité de son appétit était sans pareille. Malgré cela, il s’interrompit de mastiquer lorsqu'elle se confia sur un sujet pour le moins sensible. Ingurgitant l’ultime morceau grippé entre ses dents, l’homme frappa impitoyablement son poing sur la table. Son sourire illuminait la pénombre de la pièce que les bougies peinaient à éclairer. « Voici mon avis. Cessez de penser comme une p*tain de princesse qui doit satisfaire son demeuré de peuple. Respirez et laissez-vous allez. C’est la seule recette du bonheur. La vie ne vaut d’être vécue que si l’on en profite pleinement. Regardez-moi et osez dire que je ne suis pas l'illustration même du ravissement... bon, peut-être pas. Mais j’en suis proche ! » Le Diable frappa à plusieurs reprises sur le bois en étouffant ses rires dans les morceaux de fruits qu’il dilapidait. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il se contentait d’un rien.

Comme d’habitude, il retrouva sa quiétude quelques secondes plus tard. « Vous savez ce que je trouve le plus triste ? Vous avez tout. La force, la beauté, l’intelligence, le pouvoir, l'argent, et malgré tout il vous manque ce grain de folie qui vous rendrait maîtresse de ce monde. Quel gâchis. » Réellement révolté par cette obstruction qui ne concernait que les bénéfiques, Zane noya son chagrin dans le vin qu’il avait à portée. Un verre. Puis deux. Puis trois. Et ainsi de suite. « J’ai une proposition à vous faire. Que diriez-vous d’être totalement affranchie de vos faits et gestes durant une journée entière ? Il n’y a qu’un seul endroit où cette évasion est admise sans que personne puisse changer cela. » Le Diable et ses tentations acerbes. L’habilité de sa main valide lui permit d'implorer le portail rougeâtre qui menait dans son antre. Il laissa quelques instants le vortex s'enflammer dans son dos avant de le refermer. « Je vous y aurais bien convié une fois de plus, mais ce n’est pas le moment. Je suis bien ici. » Après tout, personne ne viendrait les déranger dans un endroit aussi baroque, à l’exception des alcooliques notoires ou des sommeliers, mais il y avait peu de chance qu’une telle hypothèse se concrétise. Maintenant qu’il avait fini de se rassasier, la brute se leva du banc, rabattant son bras vers lui pour la drainer dans sa direction. Il prit sa main, et emboita le pas dans les prémices d’une chorégraphie enchanteresse. Profitant de cette garde rapprochée pour effectuer une danse séductrice, son torse se plaqua contre cette imposante poitrine avant de repasser près de la table pour capturer le pied du verre entre ses doigts. Portant celui-ci à plusieurs centimètres au-dessus de sa tête, il déversa le contenu dans sa bouche entrouverte. Quant à son autre main, il se servit du motif du lien pour commettre quelques maladresses en provoquant ici et là les zones érogènes les plus accessibles.

Jadis, on l’appelait aussi Z le magnifique grâce à sa surprenante dextérité. Ses doigts agiles firent se faufiler une carte opale entre ces derniers. Cette carte blanche projeta ensuite un symbole rouge. Enfin, le carton disparut pour laisser place à un joyau cinabre qu’il exposa à la reine. « Puisque vous tenez tant à connaitre les raisons de ma présence, soit. Comme vous le savez, les Enfers rassemblent des jeux mémorables qui… oh, c’est vrai… vous n’êtes pas au courant des ajustements. Je vais aller droit au but alors. Je souhaite vous remettre l’invitation en personne pour venir assister à ce grand événement qui aura bientôt lieu. Ce tournoi qui décidera de votre devenir. Vous, celle que je souhaite comme épouse. » Autant annoncer la couleur sans détour. Dans l’optique de la troubler davantage, le Diable fit jaillir une banane de nulle part. Il apprêta l’extrémité de cette dernière dans l’interstice de sa bouche. « Déglutissez avant de répondre quoique ce soit. C’est toujours conseillé. » Compléta-t-il d’un clin d’œil afin d’accentuer sa remarque suggestive.
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Dim 31 Déc 2017, 02:18

La Belle dégagea son visage d’un geste sec. Elle aurait aimé pouvoir faire de même pour toute sa personne mais le lien ne lui permettait pas de se retirer. Cette excuse était parfaite et le fait qu’elle s’oblige à se penser contrainte prouvait ô combien elle ne souhaitait pas, au fond, être séparée de lui. Finalement, peut-être était-ce ici toute la problématique : elle n’osait pas s’approcher du Monarque mais ne pouvait se résoudre à le fuir totalement. Son regard, pourtant, avait de quoi intriguer. Si elle avait semblé surprise au début, voire outrée, voilà que ses yeux se faisaient malicieux. Elle se mit à rire quelques secondes plus tard. « Vous nous imaginez réellement, mari et femme ? ». Elle le fixa un moment, la scène passant furtivement en son esprit alors qu’elle essayait de le sonder pour savoir s’il se moquait d’elle ou non. Cet homme avait autant le chic pour mentir que pour asséner des vérités improbables. « Voyons… Vous me diriez que vous souhaitez épouser l’Élue des Cieux que cela me paraîtrait aussi peu plausible. N’y a-t-il pas assez de Démones à vos genoux pour envisager un mariage plus… conventionnel ? ». Elle semblait ne point vouloir en démordre et, pourtant, elle devait avouer qu’il l’avait intriguée. Pourquoi revenir dix ans après leur dernière rencontre la demander indirectement en mariage ? Qu’avaient à voir les jeux là-dedans ? Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? « Ou de puissants Souverains maléfiques qui se feraient une joie de vous confier l’une de leurs filles dans l’objectif d’une alliance ? ». Edwina était certaine qu’elle avait tort de se poser des questions, d’envisager sa mise en scène comme reflétant un semblant de vérité. Qu’il souhaite la toucher, violer ses lèvres et son corps, elle pouvait l’envisager. Elle l’avait vu trop de fois s’adonner aux plaisirs de la chair pour douter de son appétit en la matière, que la femme soit consentante ou non d’ailleurs. Qu’il souhaite se marier avec elle, par contre, relevait du fantasme de mauvais goût. « Rien que de vous imaginer annoncer la nouvelle à votre peuple... Que dira-t-on de vous ? Que dira-t-on de moi ? ». Le spectacle de l’annonce s’imposa à elle. C’était grotesque, si bien qu’elle rit de nouveau. « Nous n’avons rien à y gagner. » Elle posa son index sur le torse du Roi. « Ni vous, ni moi. Et puis… avez-vous oublié ? Je suis déjà mariée. ».

En y réfléchissant, elle se rendit compte que l’une de ses tirades n’était pas tout à fait juste. Elle avait à y gagner, comme tout Souverain acceptant de se marier avec un autre Souverain. Cependant, sa proposition lui paraissait viciée. Il n’en avait pas précisé les termes et elle ne voulait pas les lui demander. Il saurait qu’elle y pensait sérieusement à présent, que sa demande provoquait en elle un intérêt de plus en plus grandissant. Elle pourrait récupérer le Fleuve de la sorte… S’il voulait réellement se marier avec elle, il lui suffirait de l’exiger en gage de sa bonne volonté, un cadeau qui accompagnerait ses vœux. De plus, un mariage n’avait pas besoin d’être officiel…

Voyant qu’elle allait trop loin dans le fil de ses pensées, elle préféra changer de sujet. « Quoi qu’il en soit, si je vous ai fait venir ici c’est pour que nous puissions discuter de choses plus sérieuses que votre dernière lubie. ». Elle était sur le point de continuer mais quelque chose lui criait que ce n’était pas le moment. Voulait-elle réellement marcher sur un terrain aussi glissant ? Parler de sa politique, des Anges, des Humains, de tout ce qui les séparait au final, lui semblait avoir un goût amer. Elle se ravisa. « La Reine des Lyrienns donnera un bal d’ici quelques lunes. Nos deux peuples sont ennemis depuis des Ères mais elle a besoin de soutiens. Je suis donc invitée. ». Edwina sourit. « Elle a l’intention de me faire épouser l’un de ses fils dans l’objectif d’une alliance contre ses détracteurs ; comme quoi, vous n’êtes pas le seul à avoir des idées saugrenues. J’ai, bien entendu, décliné l’offre mais elle insiste. ». L’Ultimage fit un mouvement vers la table pour y attraper son verre de vin. Elle but une gorgée, plaçant ensuite le bord de l’objet contre sa lèvre inférieure qu’elle caressa doucement en réfléchissant. Elle ignorait si ce qu’elle allait demander était sage ou non mais elle avait déjà assuré à la Reine de Glace qu’elle était proche du Monarque. « Je ne comptais pas y aller mais puisque vous vous êtes présenté à moi, disons que cela change la donne. Nous ferions grande impression, ensemble, là-bas. ». Elle but une nouvelle gorgée puis sourit. « En tant que futur mari, c’est un devoir que vous vous ferez de m’y accompagner et de montrer à quel point vous êtes puissant et particulièrement peu enclin à laisser un autre que vous poser les yeux sur moi, n’est-ce pas ? ». Elle devait avouer que ce jeu lui plaisait davantage, trop sans doute. Pourtant, elle savait parfaitement que viendrait un moment où elle devrait s’asseoir en face de Zane et exiger de lui qu’il cesse ses génocides. Il mettait en danger l’équilibre et la faiblesse des Anges n’allait pas tarder à être néfaste pour tout le monde, elle en était convaincue. Edwina avait beau entretenir un rapport étrange avec l’homme qui se tenait en face d’elle, elle ne pouvait renoncer à son statut, ni fermer les yeux sur les horreurs qu’il engendrait. Il aurait dû la dégoûter, la révulser même, mais elle n’arrivait pas à le haïr. Il faisait ce qu’il avait à faire, tout comme elle remplirait son office le moment venu. Ils devraient se déchirer car c’était ce que le Monde attendait d’eux.

Elle vida son verre et sans attendre une quelconque réponse s’approcha de lui. Ils étaient seuls mais elle préférait murmurer. « Je vais vous avouer quelque chose… Je vous trouve… hum… ». Séduisant ? Intéressant ? Dangereux ? « … divertissant. ». Elle sourit de nouveau. Elle aurait pu le qualifier de différentes manières. « En réalité, je dirai même que j’ai de la sympathie pour vous, que plus je vous observe et plus je m’attache à vous. Je pourrai vous dire que je vous trouve attirant également mais ce serait vous encourager dans vos dérives lubriques. ». Le Diable et ses tentations. Elle souhaitait qu’il cesse parce que dès qu’il reprenait ses jeux pervers, elle perdait pieds. Elle ne voulait pas le désirer. De toute façon, même si ça avait été le cas, elle ne l’aurait avoué pour rien au monde. « Je n’ai pas envie de me battre contre vous et, pourtant, c’est ce que nous allons devoir faire. Vous le savez, je le sais. Je vais devoir crier au Monde à quel point je vous hais, à quel point vous me débectez. Je vais devoir vous blesser… parce que, contrairement à ce que vous semblez penser, c’est mon rôle et je ne peux m’y soustraire. Je dois vous mettre hors d’état de nuire et il n’y a rien que nous puissions faire qui arrangerait la situation que vous vous êtes employé à provoquer. ». Elle était si proche de lui qu’elle pouvait sentir son souffle caresser sa peau. « Pourtant j’aimerai tellement qu’il en soit autrement. ». Elle préférait être franche, sachant parfaitement qu’il pourrait très bien retourner ce qu’elle venait de lui avouer contre elle, d’une manière ou d’une autre. Quelque part, peut-être qu’elle espérait que ses révélations calmeraient les ardeurs de l’homme ou révéleraient son vrai visage. S'il essayait de l'éliminer, sans doute aurait-elle moins de scrupules.
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Jeu 04 Jan 2018, 02:37

« Je me fiche de savoir ce que penserons mes hommes. J’en suis le roi légitime. S’ils ont un problème avec ça, ils n’ont qu’à me défier pour m'éjecter du trône. » C’est ainsi que les dissensions se résolvaient. Qu’il soient Seigneurs ou bien de vulgaires paysans, les duels contribuaient en une projection de leurs volontés. Il suffisait d’être le plus fort, parfois le plus avisé ou le plus opportuniste. Peu importe. Le fait est qu’il fallait réussir à tirer son épingle du jeu pour remporter le jackpot. Pour cela, il fallait néanmoins consentir à faire des sacrifices à la hauteur des recettes en cas de défaite. Zane était l’homme qui avait tout osé, et encore aujourd’hui il était celui avec la plus grosse mise en jeu. Jamais il ne perdrait aux tournois qu’il avait lui-même fondé. C’était ainsi clair pour de nombreux challengers. « Je comprends votre crainte d’être associé à l’un des hommes les plus hais de ce monde. Ce n’est pas anodin si des ritournelles véhémentes circulent à mon sujet. Et en fait j’en suis plutôt fier. » Le Diable ne vivait pas pour plaire aux autres. Il vivait pour se satisfaire à lui-même, et de ce côté-là il avait plutôt réussi.

Cette différence entre les deux souverains était sans conteste la plus litigieuse qui les dissociait. Lui, l’homme instable qui devait apporter le chaos et qu’on voulait ébranler. Elle, la femme de paix qui devait endiguer le mal à la source. La bienfaitrice qui devait s’y opposer. La belle et la bête. Le yin et le yang. Sur ce terrain là ils étaient d’accord. Les rôles qu’on leur prêtait n’étaient pas les mieux loties. Mais bon dieu ce qu’ils rendaient le tout terriblement exaltant. « Il me suffira d’élever un Humain suffisamment puissant pour que je puisse buter votre mari. Rien ne m’arrêtera, soyez en certaine. Vous pouvez penser que je fabule, que c’est encore l’une de mes nombreuses duperies sans fin, mais ce serait une terrible erreur que de ne pas me prendre au sérieux. » Malgré tout, il était persuadé qu’elle y croyait foncièrement. Ces mots n’étaient pas destinés à le décourager lui, mais à se rassurer elle. Une technique de défense totalement infructueuse contre un savant en langage.

Quoiqu’il en soit, Edwina avait d’autres projets pour lui. Avec ce qu’il venait de lui avouer, il ne s’attendait pas vraiment à être sollicité de la sorte, ce qui eut pour effet d’alimenter ce rictus d’insolence qu’il aimait à exposer. Une occasion en or pour laquelle il ne prit même pas la peine de gamberger. En vérité, la reine eut à peine le temps de terminer sa requête que me Monarque leva le bras en l’air comme pour porter un toast à cette magnifique nouvelle. « Il va de soi que j’accepte de vous accompagner, ceci afin de vous attester de ma bonne foi. C’est en effet un devoir que je compte bien prendre à cœur. Quiconque vous fera du rentre dedans devra s'agenouiller à vos pieds pour vous demander pardon… ou aux miens selon si je serai magnanime ou non. Toutefois… » Toutefois oui. La gratuité, un concept amusant pour celui qui s’en servait pour contrer le système. Mais en tant qu’homme d’affaire, le commerce avait plus de sens. Tout avait un prix, qu’il soit fait pour bénéficier d’avantages ou non, il façonnait la bonne marche de l’économie. Alors non, il ne pouvait simplement pas secouer docilement la tête sans faire ce qu’il savait faire le mieux. Du troc à la Zane.

D’un geste apathique et raffiné, celui-ci jeta son verre à moitié rempli contre terre, ceci afin de littéralement l’exploser. « Toutefois je n’ai qu’une toute petite condition. Donnez moi votre culotte. Ne vous méprenez pas. Je ne suis pas devenu un collectionneur douteux. Néanmoins, voyez ça comme la plume du stylo coulissant sur le contrat. Oui je sais, déformation professionnelle. » Encore une exctrencisité de sa part. Toutefois c’était toujours ainsi qu’il négociait. De plus, il pourrait trouver d’autres usages de ce cadeau si elle décidait de le lui donner, et nulle doute qu’elle allait le faire. Le démon était têtu et n’en démordrait pas avant d’avoir obtenu sa récompense. C’était toujours mieux que de s’en emparer par la violence de toute façon.

Lorsque elle s’approcha pour se coller contre lui, il osa un recul instinctif. Sa présence le troublait sans pouvoir mettre un nom sur ce phénomène. Il avait beau avoir fait de nombreuses recherches sur le sujet, aucune n’avait été concluante. Ses compliments n’étaient pas pour lui déplaire, et bien qu’elles aient tendance à favoriser l’expansion du poison, il en ressentait un besoin pressant.  « Vous pourriez même me planter une dague dans le cœur, ici et maintenant. Ceci aurait au moins le mérite de nous soulager de bien des maux. Vous êtes la chevalière qui doit brandir son épée et je suis la bête qui doit crouler sous vos pieds. Êtes vous satisfaites d’un tel rôle ? Je n’en suis pas convaincu. Voyons plutôt ce que vous feriez sans faire appel à votre sens le plus aiguisé. » Inflexiblement, Zane fit apparaître un long ruban noir qu’il noua autour de la tête d’Edwina, obstruant ainsi sa vue. Peut être qu’alors elle pourrait passer au-delà de ce qu’il évoquait à chaque fois qu’elle daignait poser les yeux sur lui. « Préférez vous que j’opte pour cette voix ? » Il modula aussi le son de son organe pour prendre celle de Raeden. « Ou plutôt celle-ci ? » Elle avait souvent montré de l’indécision vis-à-vis de ses choix. Il était temps de tester sa fiabilité. Enlaçant ses bras autour d’elle, il appuya finalement ses lèvres sur les siennes pour puiser de la vaillance dans ce baiser capable à lui seul de l’apprivoiser. Peut-être n’était ce que provisoire, mais qu’importe. Il ferait ce qu’il faut pour soulager son âme contaminé.
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Jeu 04 Jan 2018, 10:17



Il était irrationnel, là où elle essayait de faire régner la raison. Il était têtu quand elle essayait de se montrer ouverte. La situation commençait à lui échapper totalement et elle s’en rendait compte. Edwina réfléchissait bien trop à un marché équitable alors que lui s’essayait à prendre ce qu’il souhaitait. Le jeu était pipé et elle s’en rendit compte pendant qu’il nouait le tissu autour de sa tête. Lui était capable de tout ; ce qui n’était pas son cas à elle. Et si elle cédait ? Et si elle commençait à se comporter comme lui le faisait avec elle ? Alors, dans cette configuration aussi, il gagnait en un sens. Se rendait-il compte à quel point il était facile de tenir son propre rôle et à quel point il était difficile de s’adonner au sien ? Lui était menacé en permanence par les Démons qui peuplaient l’Enfer, certes, mais elle… elle était menacée par ses propres démons, ceux qui la hantaient chaque minute, qui lui faisaient entrevoir que si elle ne faisait pas les bons choix, alors de lourdes conséquences en résulteraient. En partie à cause de cet homme, la paix mondiale avait été comme déposée au creux de ses mains. La faiblesse des Anges créait une situation complexe qu’elle avait bien du mal à assumer. Et lui… Il y eut comme une évidence pour elle lorsqu’il emprunta la voix de Raeden. Oh oui, lui serait capable de tout pour arriver à ses fins, même des plus infâmes bassesses. Un instant, elle entrevit un monde à feu et à sang et se souvint d’un étrange et terrible rêve qu’elle faisait jadis de façon récurrente. Peu importe les excuses qu’elle essayait de se trouver : pour se dresser contre le Diable, elle devrait impérativement s’enfoncer dans les ténèbres, quitte à sombrer avec lui. Et lorsque ses lèvres touchèrent les siennes, c’est ce qu’elle fit, irrémédiablement. Elle n’espéra pas que la brûlure du baiser le fasse reculer. Elle savait inconsciemment qu’il ne la ressentirait pas. Le mal qui était sien était bien plus profond. Aussi, au lieu de se défendre, elle se jeta dans la gueule du loup, telle une brebis suicidaire ayant pris la décision d’en finir une bonne fois pour toute avec la menace qu’il représentait ; à la différence que cette menace là avait un goût exquis.

Lorsqu’elle s’arracha à lui, le tissu qu’elle avait autour des yeux prit vie pour se diriger vers la Bête et lui ôter la vue à son tour. « Ne recommencez pas. » murmura-t-elle sans préciser de quoi elle parlait au juste. Des menaces qu’il avait proféré envers Caliel ? De la voix de Raeden qu’il avait empruntée ? Des deux ? D’autre chose ? Elle l’observa quelques secondes, ses yeux parcourant les traits de sa mâchoire avant de remonter jusqu’à sa bouche qu’elle embrassa en retour. Collée contre lui, l’une de ses mains se hissa jusqu’à ses cheveux au creux desquels ses doigts se faufilèrent. Elle était grisée par ce contact, les sensations d’un désir plus profond ravageant les cadenas qu’elle avait mis tant de temps à poser, un à un. Pourtant, bien que son objectif lui semble prendre la fuite, elle ne l’oublia pas. Les serpents de sa chevelure apparurent, commençant une danse lente et douce sur le corps de leur proie. L’un d’eux se hissa jusqu’à l’oreille droite du Démon, sifflant à son côté une langue qui semblait à la fois sensuelle et menaçante. Edwina n’avait pas l’intention de le transformer en statue de pierres mais simplement lui faire comprendre qu’à partir de maintenant, elle serait son péché, le péché du Diable, celui dans lequel il ne pourrait se plonger sans conséquences, celui qu’il ne pourrait pénétrer sans en payer le prix, celui qui le consumerait. À contre cœur, elle mit fin au baiser et au lien qui unissait leurs deux poignets. La Belle s’éloigna de lui, ses cheveux redevenant aussi lisses qu’auparavant. Elle se créa un nouveau verre et se servit à boire, laissant le temps à l’homme d’enlever le bandeau qui le privait de sa vue. Une fois qu’elle eut trempé ses lèvres dans ce liquide semblable à du sang, elle se retourna pour lui faire face.

« En admettant que je consente à ce mariage et que vous le souhaitiez toujours, voici mes conditions. J’exige qu’il reste secret ou, du moins, qu’une telle vérité ne sorte jamais de l’Enfer. Je souhaite que vous me léguiez sur votre territoire une terre conséquente et fertile qui m’appartiendra et dont je ferai ce que bon me semblera. Je désire que jamais vous n’essayez de me porter préjudice sur vos terres. ». Son ton était impérieux, absolument dénué d’hésitation. Pourtant, elle sentait cette dernière au fond de sa poitrine. Elle était fébrile de devoir user ainsi d’autorité. C’était ce qu’elle devait faire mais elle avait peur d’y prendre goût, de ne plus savoir où se situait la limite. Elle devait néanmoins la franchir pour lui faire face, et elle le savait. Seulement, quelque part, sans doute espérait-elle pouvoir revenir sur ses pas tôt ou tard. « Je souhaite que vous engagiez votre parole sur le fait que jamais vous n’ordonnerez, directement ou indirectement, d’attaquer les Magiciens tant que je serai Reine ; une parole qui entraînera de très lourdes conséquences pour vous et les vôtres si jamais vous veniez à la trahir. Je désire que vous m’offriez, en plus, le Fleuve de la Terre Blanche en cadeau de mariage et que vous arrêtiez les massacres sur la plupart des Anges qui naîtront en son sein. Esclavagez les si vous le souhaitez mais ne les tuez pas. Enfin… ». Elle trempa de nouveau ses lèvres dans son verre. « Je souhaite que vous m’appeliez Ma Reine sur mes terres ainsi qu’à chaque fois que nous nous retrouverons ensemble, seuls. ». Elle marqua une pause, avant de conclure sur ce sujet. « J’aurai pu comprendre jadis que ces conditions soient bien trop compliquées à mettre en œuvre pour vous mais, comme vous me l’avez si bien rappelé, vous êtes le roi légitime. Si vos sujets ont un problème avec vos décisions, qu’ils vous défient ou se taisent. ». Ses yeux se plongèrent dans ceux de Zane. « Si cela vous va, j’entendrais vos remarques et conditions sur ces fameux jeux ensuite. »

Elle aborda, finalement, le dernier sujet. « Je consens à vous offrir ma culotte mais étant donné l’importance qu’elle semble avoir à vos yeux et les multiples usages douteux que vous serez probablement amené à en faire, ce sera à la condition que vous vous agenouillez devant moi et que vous me demandiez pardon. ». Elle amena de nouveau son verre à ses lèvres. « Comprenez-moi, je suis sceptique quant à votre capacité à vous faire obéir des autres si vous ne vous pliez pas vous-même à vos propres règles. Vous avez bien dit que cela concernerait « quiconque » me ferait du rentre dedans, non ? ». Il était, de ce fait, le premier à répondre à cette définition.  « Si vous y consentez alors je vous laisserai la retirer. ». Elle tendit le bras sur le côté, la main qui tenait jusqu’ici son verre le lâchant lentement. Il explosa à son tour sur le sol. Elle devait lui montrer qu’elle n’avait pas peur et se convaincre elle-même par la même occasion. Elle doutait qu’il s’agenouille et s’il le faisait, alors quoi ? Elle ne pouvait être effrayée toute sa vie durant par les caresses des hommes. Pourtant, elle savait bien qu’il était beaucoup plus aisé d’essayer de s’en convaincre que d’être réellement convaincue. Elle savait bien que la théorie était toujours bien plus rassurante que la pratique et que s’il était amené à glisser ses mains sous sa robe et à détacher ses bas pour lui ôter son bien, elle aurait peur, elle aurait honte et aurait beaucoup de mal à rester de marbre. « Sinon, nous trouverons bien un autre arrangement. Vous avez l’habitude. ». Comme ses doigts tremblaient imperceptiblement, elle plaça ses mains derrière son dos.
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Sam 06 Jan 2018, 00:21

Le fruit défendu qu’il tenait entre ses mains, englouti à maintes reprises par ses nombreux tentacules noirs qui accrochaient la belle en la rapprochant de ces abysses enfouis. Le jeu auquel ils s’adonnaient comportait énormément de fissures, et ce n’est qu’une fois qu’ils seront tous les deux au fond du gouffre qu’ils réaliseront combien il sera difficile pour eux de remonter à la surface. Un baiser prêté contre un baiser rendu. L’antagoniste et le protagoniste principal de leurs propres concerts. Ils alimentaient la fièvre de l’autre au détriment de leurs humanités. Ils avaient plongé la tête la première dans ce flot courroucé de péripéties, et rien ni personne ne pourrait les y arrêter. Il savait cette lame à double tranchant, mais qu’importait la nature de ses blessures, car il était prêt à se mutiler à maintes reprises tant qu’il subsistait une parcelle de peau. Ce second contact langoureux auquel il avait vaillamment participé en promenant ses mains sur ses courbes désirables mit également fin aux liens qui les connectaient. Le Diable palpa son poignet à l’endroit exact où elle se trouvait, non pas pour réconforter une douleur chimérique, mais pour s’assurer que le premier acte était terminé. Il le regrettait amèrement, le temps était passé bien trop vite, mais nul doute qu’elle saurait le rallonger suffisamment lors de la seconde partie en variant les sensations. D’ailleurs, elle en vint au plat principal en soumettant ses conditions à celui qui avait le pouvoir ou non de toutes les décliner, ou bien de tout lui accorder sans concessions. Cela dit, le rapport désormais défait, c’est toute la concentration du Souverain qui vola en éclats. Sans harnais, il était aussi désinvolte que le chien fou durant une pleine promenade. Il faisait les cent pas, touchait à tout, ouvrait les valves des tonneaux pour boire à même les robinets, s’amusait à toquer dedans comme s’il attendait la réponse d’un espion. Bref, un enfant laissé seul sans sa mère.

Pour autant, il tendait l’oreille pour écouter le monologue de la Reine. Malgré tout, comme toute femme qui savait jacter, il suffisait d'extraire le plus attractif sur la bande en supprimant le superflu. « Et bla, et bla, et bla, et bla. Si je ne vous connaissais pas si bien, je serais convaincu que vous essayez par tous les moyens d’aboutir à un refus de ma part. C’est comme si vous aviez mûrement réfléchi à tous ces termes bien avant ma venue. Comme si quelque part, le fait de vous marier avec moi faisait partie de l’un de vos nombreux fantasmes pouvant se concrétiser à n’importe quel moment. L’amour se prépare aussi méticuleusement que la guerre après tout, n’êtes-vous pas d’accord ? » La bête s’installa confortablement sur le banc en juchant ses deux pieds sur la table pendant qu’il frottait ses doigts les uns aux autres en observant ses ongles. Il fit ensuite tourner une bague qui changea la proportion de son aura. Il réfléchissait. Qu’était-il prêt à faire pour obtenir ce joyau longtemps convoité ? Mettre sa fierté à terre et la piétiner sans relâche ? Pour aboutir à la finalité de son plan, certainement oui. Cependant… « Vous êtes habiles, ma reine. Ce masque que vous vous acharnez à porter s’effrite de plus en plus, et je doute qu’il tienne encore longtemps sur votre visage avec seulement de la vase pour le maintenir. Tout ceci est amplement déloyal et vous le savez. Il faudrait coucher avec moi chaque nuit durant, et ce pendant une éternité pour que ce marché soit équitable. » Ce qui en toute franchise relevait de l’impossible. Autant demander à un nain de tailler sa barbe avec une brindille. Une pièce en or apparu sur l’extrémité de son index. « Le fleuve est une récompense que les Démons ont obtenue grâce à l’occasion qui s'est présentée et que j'ai brillamment saisie. Nous les avons tellement terrassés que bon nombre de témoins pensaient qu’il neigeait ce jour-là. Tant que mon souffle continuera d’être, je ne le céderais à personne. » Sa volonté était indéniablement plus forte que toutes les promesses qu’elle pouvait lui faire.

En se levant, une seconde pièce qu’il fit tourner émergea entre ses phalanges. Il s’avança vers elle avec la démarche majestueuse qui le singularisait. Arrivé à moins d’un mètre d’elle, il posa un genou à terre en conduisant le visage vers le sol, sa longue chevelure le voilant dans son intégralité. Une troisième pièce apparue. « Pardonnez-moi ma reine. Je pensais que venir vous voir réglerait en grande partie mes souffrances. J’espérais que vous seriez prête à accepter ma demande. Peut-être avais-je imaginé que nous aurions pu passer un bon moment lors d’un dîner mémorable, rien que tous les deux. Oui, ma reine. Pardonnez-moi d’être un peu trop sceptique. » Il se redressa, sa crinière s’écartant en errant dans les airs. Ses iris se plantèrent sur la reine comme le clou sur le plancher. Cette présence était reconnue au sein de ses adversaires comme étant une transition par laquelle il analysait scrupuleusement le moindre détail. Si une seule goutte de sueur perlait sur le front de la reine, il la remarquerait. Ses lèvres s’étirèrent ensuite en une grimace qui qualifiait à merveille la description qu’on se faisait de l’hypocrisie. C’était intentionnel. Ses deux bras musclés s’enroulèrent autour du corps de la femme tel deux anacondas prêts à ingurgiter leur proie. L’animation de sa chevelure rappelait aussi la frétillante vivacité de ces charmants reptiles. « En vérité, quelque chose me tracasse depuis longtemps, c’est d’ailleurs le réel motif de ma visite. Il se trouve que des Anges ont réussi à s’échapper lors de mon assaut. Si ces foutus attardés avaient l’ombre d’un esprit sagace, j’aurais sans doute opté pour une prise de conscience qui leur aurait permis de survivre. Mais ce n’est pas le cas. Quelqu’un les y a aidés. Et ce quelqu’un est très influent. C’est pourquoi je vous demande pardon, ma reine. Pardonnez-moi, mais vous êtes ma principale suspecte. Et si l’on mettait cartes sur table. hm ? » Il passa sa main derrière l’oreille de la brune pour divulguer la quatrième et dernière pièce. En ouvrant sa paume pour les mettre bout à bout devant lui, une inscription sur chacune d’entre elles indiqua le mot « coupable » dans la langue commune. Il ne savait rien de ce qui s’était passé ce jour-là, mais il n’y avait qu’une personne à sa connaissance qui œuvrait pour le bien de tous. Pour connaitre la vérité, aucun procédé n'était plus fiable que de mettre la pression.
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Sam 06 Jan 2018, 10:43



Le regard d’Edwina se posa sur les pièces et ses lèvres s’entrouvrirent légèrement. Elle resta silencieuse un temps avant que ses yeux ne viennent se ficher dans ceux de Zane. Un sourire presque imperceptible naquit, un petit quelque chose d’indéfinissable. Était-ce une expression trop insensée pour appartenir à une âme candide ou bien était-ce un début de moquerie ? Elle ne fit aucun commentaire qui aurait pu le mettre sur la voie. À dire vrai, elle s’était entraînée pour ce jour de nombreuses fois, avait répété cette scène où le Monarque Démoniaque lui demanderait des comptes, l’interrogerait sur ce qu’elle savait, l’accuserait même. Elle n’était pas idiote. Elle avait fait en sorte de ne laisser aucun indice et c’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle n’avait pu sauver autant d’Anges qu’elle l’aurait souhaité. Le prix de la discrétion avait été lourd pour le peuple des Ailes Blanches. Elle sentait une tension dans sa poitrine, l’adrénaline couler dans ses veines et une certaine culpabilité à prendre un plaisir certain en cet instant précis. Elle n’aurait su l’expliquer, elle n’aurait su mettre des mots dessus mais elle jouissait de l’avantage qu’elle avait, tout comme elle avait apprécié le voir courber l’échine devant elle quelques instants plus tôt. Était-ce mal ? Sans doute. Avait-elle envie que cela s’arrête ? Non. Sa main s’avança vers celle du Monarque avant que ses doigts ne lui ôtent les pièces en caressant sa paume. « Si je ne vous connaissais pas si bien, je serais convaincue que vous essayez de me reprocher votre défaite à faire disparaître ces créatures de nos Terres… ». Elle laissa tomber au sol ce qu’elle tenait. « Mais je crains fort que vous me surestimiez. ». Elle était si proche de lui que son odeur s’imposait à elle, tentatrice. Cette boule dans sa poitrine ne voulait pas partir et la proximité créait chez elle des envies folles qu’elle n’était pas en mesure de refouler. Était-ce le vin qui la rendait ainsi, désinhibant son comportement, ou, au contraire, est-ce que le liquide ne lui servait que d’excuse, un mensonge utile pour justifier n’importe quel acte ? Elle aimait jouer avec lui. Elle savait qu’elle n’en ressortirait pas indemne. Lui non plus. Ses doigts remontèrent jusqu’à sa chemise dont elle attrapa le col pour le tirer plus près d’elle. Ce fut sa propre silhouette qui subit ce rapprochement. Là, elle chuchota, telle une confidence : « Si je vous avais volé votre victoire, croyez-moi, j’aurai fait en sorte de vous écraser dès votre arrivée sur la Terre Blanche. Alors… trouvez-vous une autre coupable. ». Il y eut un instant de flottement où ses lèvres cherchèrent les siennes et ce fut à ce moment précis, quand elle se rendit compte du mouvement involontaire, presque instinctif de son corps, qu’elle se sentit gênée. Elle baissa les yeux et s’écarta de lui comme si elle venait de se brûler.

Elle s’éclaircit la gorge et créa deux nouveaux verres qu’elle remplit de vin. Elle laissa celui de l’homme sur la table. « Personne n’était au courant de vos plans. Sinon, il ne fait aucun doute que les races bénéfiques et les alliés naturels des Anges seraient venus les aider, moi y compris. ». L’Impératrice Blanche but une gorgée et se mit à marcher dans la pièce, comme si elle réfléchissait. Elle finit par s’arrêter et appuya son dos contre les tonneaux de vin empilés. « Je comprends que les longs discours vous ennuient mais… ». Elle ferma les yeux quelques secondes, les rouvrant pour le regarder. « Quand j’étais plus jeune, un Ange a voulu exterminer le Mal. Il réussit presque jusqu’à ce qu’il se rende compte que le Bien ne pouvait perdurer sans son contraire. Alors que les Démons sombraient, les Anges commencèrent également à connaître le déclin. Le point que je défends est le suivant : continuez sur cette voie et vous perdrez bien plus que votre souffle. Vous perdrez votre peuple, votre réputation, tout ce que vous avez bâti et l'Histoire se souviendra de vous comme celui qui fut bien trop orgueilleux pour ne point envisager sa propre chute. ». Elle but une gorgée. « Je ne souhaite pas être votre ennemie mais vous allez m’y obliger par vos décisions inconsidérées. Si vous ne laissez pas vivre plus d’Anges alors, bientôt, peut-être pas demain mais un jour, vous comprendrez que j’avais raison et il sera sans doute trop tard. ». Elle pinça ses lèvres et décolla son dos des tonneaux, s’avançant de nouveau en direction du Monarque. C'était ainsi. Lorsqu'elle s'éloignait de lui, elle souhaitait le rejoindre. Lorsqu'elle l'avait rejoins, elle désirait le fuir. Elle resta donc à une distance raisonnable. « Et puis, vous avez le beau rôle dans cette histoire, celui de l’homme qui engendre sans avoir à s’occuper de sa progéniture. Vous débarquez, détruisez tout sur votre passage et c’est moi, ensuite, qui doit réparer les pots cassés en écoutant ce grossier personnage que l’on m’a collé pour superviser la survie de tout un peuple… ». Cela se voyait qu’elle ne l’appréciait pas, cet Ange. Elle n'avait rien à cacher à la Bête sur la question. Elle était certaine qu'il avait fait suffisamment de recherches pour savoir parfaitement qu'elle logeait les Ailes Blanches, qu'elle les avait aidé quand ils lui avaient demandée l'asile et continuait de le faire. « Je sais ce qu’ils pensent, tous, ce qu’ils attendent. L’Élue des Cieux est fébrile et compte sur moi, sur mon peuple, pour vous arracher le Fleuve, pour vous convaincre de plier. Ils croient que j’en sais assez sur vous, que je représente une faiblesse. Sinon pourquoi m’auriez-vous gardé en vie après m’avoir enlevée, après tout ? se demandent-ils. Ils veulent que je mette du poison dans votre verre, que je vous assassine, quitte à me mettre délibérément en danger. Et pendant ce temps-là, vous ne pensez qu’à vos désirs insensés. ». Et il n’était pas le seul, c’était bien là le problème. Cette pensée la fit soupirer mais elle se reprit rapidement. « Et malgré leurs croyances faussées, ce qu’ils ignorent c’est que j’ai largement contribué à votre prise de position, que je suis responsable indirectement de leur agonie. ». Son regard se fit incisif. « Ne croyez-vous donc pas que le prix de la plus grande hypocrite me revient de droit ? Vous fanfaronnez devant moi, vous le Roi des vices et de la tromperie mais, finalement, ne suis-je point votre égale à ce jeu ? ».

Elle s’approcha un peu plus jusqu’à atteindre la table sur laquelle elle s’appuya. Elle aurait pu l'interroger de nouveau sur le mariage, elle aurait pu continuer à parler des Anges mais, finalement, elle décida de dévier, de parler d'un sujet lié mais bien plus global. Elle voulait parler d'eux, de leur rapport, de la position qu'elle devrait adopter à l'avenir. Devait-elle donner raison à ceux qui lui criaient de le tuer ? Devait-elle donner raison à ses envies, à son instinct ? « Alors je me demande… ». Ce qu’elle allait dire était dangereux car elle redoutait sa réponse, tellement qu’elle sentait chaque muscle de son corps se contracter. La tension ne voulait pas redescendre. « Je me demande ce que vous préférez faire, mon Roi. Devons-nous préparer la guerre ou l’amour ? ». Un moyen comme un autre de lui signaler qu'elle avait envisagé les deux solutions avec beaucoup de sérieux, non uniquement la première. En réalité, elle avait envie des deux, avec lui, et plus elle le côtoyait, plus elle l'observait agir par l'intermédiaire du miroir, et plus ce paradoxe se distillait en son esprit. Seulement, tant qu'il ne comprendrait pas les risques qu'il courait à détruire les Anges, tant qu'il ne ferai pas un effort pour en sauver plus, elle ne pourrait envisager l'amour. Elle était consciente... ô oui, elle était consciente qu'ils ressortiraient peut-être de cet entretien avec comme seul objectif en tête de détruire l'autre. Pourtant, cet acte là aussi, elle l'avait préparé. Il avait raison : l'amour se façonnait aussi méticuleusement que la guerre et elle avait tant pensé à lui ces dernières années qu'elle avait eu le temps d'envisager toutes les possibilités, même celle de se perdre dans ses bras encore, et encore.
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Sam 06 Jan 2018, 23:40

Les hostilités verbales débutaient avec ce prélude. En dévoilant noir sur blanc sa méfiance sans tourner autour du pot, c’était comme si une lance avait effleuré la joue de la reine et qu’elle répliquait par une autre charge. Lorsqu’elle le happa à lui en empruntant son col telle une impérieuse, Zane ressentit quelque chose qu’il avait oublié d’éprouver depuis de nombreuses années ; l’effervescence sexuelle. La stimulation prenait divers visages chez les Démons, mais alors qu’il vibrait à chaque instant par le passé, et ce quel que soit l’activité, il avait perdu goût à l’euphorie depuis qu’il gravissait les hautes marches du podium. Jadis les hommes étaient capables de le braver, entraînant ce frisson dans les échanges, celui qui laissait planer le doute sur une mort imminente. De même, le sexe était alors devenu un simple devoir, une tâche quotidienne qui perdait de sa superbe de plus en plus. Seule l’apparition de Lucius avait récemment revigoré cet empressement évolutif. Quand il posait les yeux sur son fils, il se remémorait l’ancien Démon qu’il avait été, à s’amuser en toute circonstance. C’est pourquoi il tenait à le mener jusqu’au sommet, dans l’espoir de voir naitre un adversaire à sa hauteur. Edwina parvenait toutefois à réunir toutes les conditions pour lui faire recouvrer ces orgasmes enfouis. Il crevait d’envie de la prendre ici et maintenant, entre deux tonneaux. De ratisser son corps en profondeur afin de l’apprendre par cœur. Combien même il essayait de se persuader du contraire, il avait énormément de mal à contenir cette avidité. De même, la tension diplomatique machinalement implantée au nom de leurs deux camps respectifs amplifiait cette volonté de partir en guerre contre elle. Le souci n’était plus de perdre ou de gagner, ça allait bien au-delà. « C’est faux. Vous ne pouviez pas. Ni à ce moment-là ni maintenant. Entraver ma progression et se débarrasser de moi sont deux choses bien distinctes. Je ne sais que trop bien comment il est pénible de mettre un terme à la vie de quelqu’un lorsqu’on ne le souhaite pas vraiment. Si un sans-cœur tel que moi ne peut s’y résoudre, je suppose qu’il en est de même pour une Magicienne douée de plus de compassion que quiconque. » Et c’était vrai. Si elle aspirait tant se dresser contre lui, rien ne l’en empêchait. Une goutte de toxine aurait suffi à purger le mal en question.

Toutefois, il le savait mieux que quiconque, les mots n’avaient de sens que s’ils étaient suivis de leurs actions. Le Monarque pouvait commettre n’importe quel génocide sans éprouver le moindre remords, cependant il avait échoué bon nombre de fois à éliminer la mère de ses enfants. Tout comme se débarrasser de l’Ultimage lui paraissait invraisemblable. Pas pour l’écart de puissance non. Mais pour l’ennui qui viendrait de nouveau frapper à la porte une fois ses crimes commis. Caressant sa mâchoire, il lança une boutade. « Vous marquez un point. À moins que vous ayez en votre possession un miroir susceptible de surveiller mes moindres faits et gestes, c’est insensé. » Il s’octroya une pause avant de rire à gorge déployée. Cette insinuation tendait surtout à lui rappeler à lui que la magie permettait des privilèges fortuits. Les illusions étant parmi ses points forts dans la mise en scène, il savait que les dissimulations passaient d’abord dans la gestuelle avant d’emprunter les expressions du visage. Il ferma les yeux à son tour. « Donc si j’entends bien, votre alternative à vous s’engage sur le fait que je devrais uniquement opprimer quelques Anges lorsqu’ils partent ramasser des fraises, mais que je devrais maintenir un quota pour ne pas briser la voûte de cet équilibre si cher à votre cœur ? J’espère que vous avez prévu de la pluie en arc-en-ciel et des poneys roses fluorescents qui bondissent dans les airs en sifflant des mélodies dans votre utopie. Ce serait sans doute la touche la plus réaliste de votre œuvre picturale. » Il rouvrit les yeux puis fit mine de méditer en entrelaçant les bras. « Je me fiche de ce qui pourrait supposément m’arriver. Je vous le répète une dernière fois : je vis pour vivre. Et ce n’est qu’en la risquant jour après jour qu’on est capable de la ressentir au plus profond des tripes. » Il serra sa poitrine à l’endroit où résidait son cœur. « Si demain je tombe, quelqu’un d’autre prendra la relève. Et alors quoi ? Mon successeur aura peut-être plus de chance. Ou il en aura moins. Peu importe. Le tout est d’essayer. Si je ne m’aventure pas sur cette dalle, comment saurais-je si elle est piégée ? » La formulation avait pour but de lui faire comprendre qu’il ne reculerait pas en dépit de son avertissement. Comment pouvait-il en être autrement de toute façon ?

Cela étant elle marquait un point. S’il en était là aujourd’hui, c’était en grande partie grâce à son soutien. Pour autant, est-ce que tendre la main à quelqu’un pour le repousser quelques instants plus tard faisait d’elle une alliée ou une ennemie ? Ils se posèrent visiblement la même question. Ils en connaissaient sûrement la solution. « À l’amour, je réponds… Oui. » À cet instant, un homme eut le malheur de faire son entrée dans la cave. Ce dernier était très certainement venu sans arrière-pensées, ignorant par ailleurs la présence des deux rois en vue de l’étonnement qui se lisait sur ses traits. Toutefois, Zane ne s’arrêtait pas aux circonstances atténuantes. Il gênait la discussion, ainsi il ne lui en fallait pas plus pour jaillir derrière cet homme et lui briser la nuque d’un battement sec. Le craquement typique des os et son effondrement attestèrent de sa mort. « Mais je dis oui à la guerre également. » Il enjamba le corps inerte pour se diriger vers sa promise, les mains ensevelies dans ses poches. « L’un ne va pas sans l’autre, ma Reine. Nous sommes tous deux apprêtés à faire face à ce conflit. Nous devrons déplacer nos pions avec finesse en évitant de nous déchirer mutuellement. Je ne souhaite pas que ma flèche atteigne l’un de vos points vitaux par erreur. J’espère au fond de moi que vous ne serez pas sur le chemin quand je déciderai de finir ce que j’ai commencé. Si malgré tout vous vous tenez sur le champ de bataille, survivez. » Il déplaça les mèches de la Magicienne pour dégager son visage, son pouce léchant sa joue avant d’atteindre le coin de ses lèvres. « Et si nous changions d'ambiance, ma Reine ? Ce macchabée soustrait tout romantisme à ce tête-à-tête. » S’il avait bel et bien soutenu cette déclaration de guerre, il avait aussi opté pour l’amour. Par conséquent, mettre fin à cette entrevue lui semblait trop prématuré.
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Dim 07 Jan 2018, 02:18

« Soit. » fit-elle après avoir posé sa main sur celle du Diable. L’Impératrice Blanche embrassa son pouce avant de le forcer à rompre tout contact, son regard clairement empli d’une forme de colère. Pourtant, était-elle justifiée ? Il venait de tuer un homme, un parmi des millions. Elle n’était pas dupe, elle savait que si une guerre venait à éclater, des milliers succomberaient pour le Bien et pour leur Reine, celle-là même qui les aurait offerts en pâture à un ennemi vorace. La Guerre des Dieux avait fait des ravages et le début de l’Ère de la Conciliation avait été sanglant. Pouvait-elle encore, compte tenu de son âge, ressentir de la colère et de la tristesse à voir les Hommes tomber ? Elle avait décimé les Sorciers lorsqu’ils avaient osé s’emparer des Terres du Lac Bleu, justifiant ses actes parce qu’elle était dans le droit chemin, justifiant ses actes pour la Gloire d’un peuple et d’une idée que le Monde se faisait de la propriété. Le champ de cadavres qu’elle avait planté avait donné le fruit de sa Royauté. Elle était Reine aujourd’hui parce qu’elle avait tué. Finalement, tout n’était question que de philosophie et d’équilibre. La Mort était inévitable. Le Destin avait conduit ce Magicien à descendre ici, ici où personne ne venait jamais, alors sans doute son heure avait-elle sonné, tout simplement. Néanmoins, elle ne pouvait décemment pas faire comme si elle n’avait rien vu. Elle ne pouvait décemment pas rire de la situation, s’octroyer le droit de décréter que les choses étaient ainsi faites. Elle devait respecter une morale. Elle était l’Impératrice Blanche et c’était son rôle de se sentir peinée devant le décès d’un être, quel qu’il soit. C’était celle-ci, la figure qu’elle devait présenter au Monde, celle d’une femme dénuée de tout vice, celle d’une femme qui avait fait vœu de cacher les traits de son visage aux Terres entières afin de se tourner vers les Ætheri pour mieux servir ces derniers, celle d’une femme aimante, fidèle à son mari et aux principes qui régissaient son peuple.

Après un instant où son regard sembla perdu dans le néant, ses yeux remontèrent vers ceux de Zane. Elle avança sa main et coinça l’une de ses mèches de cheveux entre son pouce et son index. « Vous savez comme moi que si nous nous trouvons confrontés sur un champ de bataille, je ne pourrai en aucun cas faire semblant de vous rater. ». Elle n’était plus en colère. C’était différent. Elle lui en voulait terriblement d’avoir tué un innocent mais à quoi bon le lui faire remarquer ? « Je vous tuerai. ». Ses yeux étaient tel l’acier : tranchants, coupants, froids. « Et si un autre venait à vous remplacer avant que je ne réussisse à vous faire changer d’avis vis-à-vis du Fleuve, alors je n’aurai plus aucun scrupule à décimer les vôtres comme vous l’avez fait avec les Anges afin que l’équilibre renaisse. ». Ses doigts glissèrent doucement le long de la mèche qu’elle avait emprisonné jusqu’à atteindre le torse du Monarque sur lequel elle posa sa paume. Son cœur battait sous sa chemise, elle le sentait vibrer. Elle resta quelques secondes silencieuse avant de lui susurrer en s’approchant encore plus : « Je vous ai peut-être déjà tué à l’heure où nous parlons. ». Après tout, il avait bu son vin sans une once de méfiance.

Avec lui, elle se sentait différente. Loin des Chanceliers qui ne cessaient de l’infantiliser, elle découvrait une facette de sa personnalité qui, étrangement, lui plaisait. Pourtant, la tension qu’elle ressentait, elle, ne s’annihilait toujours pas. Elle entendait son propre souffle distinctement, ses expirations anormalement saccadées, ses lèvres qui ne cessaient de s’entrouvrir, son regard qui s’appesantissait sur les lèvres de la Bête. Edwina finit par fermer les yeux. Il avait raison. Ils n’avaient plus rien à faire ici, dans une cave où la mort les fixait de son œil terne.

Comme si une page sombre venait de se tourner, la lueur des derniers rayons de soleil éblouit la Reine lors de son arrivée. Elle venait de les faire apparaître dans l’une des nombreuses demeures qu’elle possédait sur son territoire, en haut d’un des plateaux qui entouraient le Lac Bleu. Il s’agissait d’un chalet en bois où elle venait parfois lorsqu’elle ressentait l’envie de se ressourcer, lorsque l’étiquette et les convenances lui pesaient. La neige maculait le paysage environnant qu’ils pouvaient admirer par l’imposante baie vitrée. Il faisait froid entre ces murs. Sur l’une des tables, un livre était posé… Un livre qui contait l’histoire du Monarque Démoniaque, entouré de différents articles de presse sur ses récentes manœuvres politiques. Quand elle vit qu’elle avait laissé ceci en évidence, elle prit un air légèrement pincé, comme une coupable qui essayait de faire croire qu’elle n’avait absolument rien à se reprocher. « C’est que… En l’absence de miroir susceptible de vous surveiller, il faut bien que je me documente sur vos faits et gestes d’une manière ou d’une autre… ». Elle n’avait pas oublié ses paroles et si elle avait réussi à cacher son trouble tant bien que mal à ce moment-là, elle trouvait qu’il avait été trop précis pour que ses dires relèvent d’une simple coïncidence.

Elle quitta la proximité qu’elle avait maintenu avec le Diable pour se diriger vers la cheminée. Elle la fixa un moment, un brasier ne tardant pas à s’y déclencher. Elle ouvrit une armoire et en sortit deux couvertures en fourrure qu’elle posa sur le canapé en silence. Elles ne seraient sans doute pas nécessaires car la chaleur avait tendance à monter rapidement. Combien de fois s’était-elle relevée au beau milieu de la nuit, fiévreuse, obligée d’ouvrir la fenêtre pour ne pas suffoquer ? C’était l’un des désavantages de l’endroit : soit il y faisait trop froid, soit il y faisait trop chaud. Elle passa devant la Bête sans pour autant s’arrêter devant l’homme. Elle pensait, en réalité, qu’il y avait un temps pour tout et qu’elle l’avait assez menacé pour le moment. La Belle devait trouver un moyen d'apaiser la situation, ce qu'elle s'employa à faire. Elle s’éclaircit la gorge une fois qu’elle fut devant un grand miroir. Ce dernier était posé au sol et reflétait l’entièreté de sa silhouette. « Venez… » commença-t-elle. « J’ai besoin de vous. ». Elle attrapa sa chevelure et la fit glisser sur le côté pour dégager son dos. Elle essayait de faire un pas vers lui, d’adopter un ton moins directif et moins incisif. « Je compte rester ici quelques jours et en l’absence de ma dame de compagnie, j’ai bien peur que la tâche d’ôter mon corset ne vous revienne. Je souhaite uniquement me vêtir plus simplement, enlever toutes ces couches encombrantes, alors ne prenez pas ma demande pour une invitation à quoi que ce soit d’autre. ». De toute façon, il comprendrait bien vite que ce n’était pas si aisé. Les femmes qui s’occupaient de l’habiller serraient sans aucune retenue, si bien qu’il lui arrivait de se sentir défaillir au beau milieu d’une cérémonie. Cela dit, il aurait été bien naïf de croire qu'elle ne pouvait défaire sa tenue seule. Bien sûr qu'elle en avait le pouvoir. Seulement, elle souhaitait l'observer, voir ce qu'il allait faire. « J’ai eu une idée. Si vous acceptez, bien sûr, j’aimerais que nous nous retrouvions ici de temps en temps. Rien d’officiel. Juste… vous et moi. ». Elle l’observait depuis son reflet et n’attendit pas sa réponse pour aborder un autre sujet. « Vous n’avez fait aucun commentaire sur mes conditions, si ce n’est le Fleuve. J’imagine que vous comptez donc respecter les autres. ». Il avait déjà commencé. Cependant, si elle relançait la question, c'est qu'elle exigeait des garanties. La parole du Monarque Démoniaque pouvait s'avérer aussi empoisonnée que le plus mortel des venins. Elle s’humecta les lèvres avant de continuer. « Vous ne m’avez pas non plus expliqué en quoi consistait ce mariage. Je suppose de ce fait qu’il doit être particulièrement terrible. Vous devez m'en exprimer les tenants et les aboutissants, nos charges respectives. Avez-vous d'autres épouses ? Comptez-vous en prendre d'autres ? ». Elle n'avait pas abordé ce point précédemment. En réalité, elle avait hésité à lui demander l'unicité. Elle savait parfaitement qu'il n'avait jamais pris femme. Seulement, c'était comme exiger d'un oiseau qu'il renonce à voler. Elle l'avait observé chaque jour s'adonner à des petits jeux pervers avec diverses amantes et, au début, elle en avait été horrifiée. Cependant, avec le temps, elle s'était comme accoutumée et plus rien ne l'étonnait vraiment si ce n'était elle-même à cause de ce penchant voyeur et totalement malsain qu'elle avait développé.  « Il faudra également discuter de mon cadeau de mariage. Si vous ne m'offrez pas le Fleuve, vous devrez trouver quelque chose qui me plaira, pour me convaincre, quelque chose de valeur, d'unique ou... de personnel. Quelque chose qui justifiera mon acceptation. Nous sommes des Rois alors... ».. Elle marqua une courte pause. « Disons que, ce mariage, s'il a lieu, doit nous apporter. Si je doute que vous souhaitiez m'épouser simplement dans l'espoir d'une union charnelle, ce qui serait idiot de votre part, c'est également valable de mon côté. Discuter des termes exacts me paraît donc opportun, que nous sachions exactement à quoi nous attendre. Vous devez bien avoir, vous aussi, certaines demandes à me faire, n'est-ce pas ? ». Il était certain qu'elle était bien plus attachée au protocole que lui.
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Jeu 11 Jan 2018, 00:45


« Alors j’accueillerais la mort à bras ouverts. A moins que ce ne soit vous. » Le ton se voulait irrévérencieux, zesté d’une légère pointe d'arrogance. Elle pouvait aisément réprimer sa bestialité en terres magiciennes, tout comme il pouvait lui-même l’occire dans sa zone de confort. Si bataille il devait y avoir, elle se résulterait immanquablement par de grosses pertes, mais seul l’un d’entre eux pourrait encore bafouerle cadavre de l’autre à la fin de la rencontre. Tous les facteurs devaient être pris en compte pour anticiper les moindres décisions de l’adversaire. « Toutefois, je ne ploierais jamais plus le genou à partir de maintenant. Je resterais debout, quoiqu’il arrive. » Une prophétie jurée avec l’intensité qui se décryptait dans les tréfonds de son regard. Il ne mentait pas. Il croyait fermement en cette philosophie. La tentative d’intimidation qu’elle instaurait le laissait de marbre. Ce n’était qu’une illusion qu’elle s'ingéniait de maintenir pour être à la hauteur d’un homme qui ne connaissait rien de la peur et de ce qu’elle instituait dans le cœur des gens. Toutefois… était-ce seulement que du pipeau ? En vérité, elle élargissait son champ de vision au-delà de ce qu’elle avait toujours connu. Vivre dans un climat constant où paix et ordre régnaient l’avait isolé dans ce personnage qu’elle croyait tant devoir tenir. Les hommes et femmes qu’elle côtoyait n’étaient là que pour refouler ce que tous redoutaient. Elle était sans doute consciente de cette manipulation médiatique dont elle était la seule victime. En l’occurrence, ils partageaient un point commun non négligeable. Alors que lui vivait pour les jeux, elle devait se contenter de jouer la vie qu’on lui avait octroyée. S’il en avait eu les facultés, il aurait probablement éprouvé du chagrin pour ce destin tronqué.

Le chalet dans lequel elle les transféra ensuite mit fin à cette introspection interminable. Il ignora d’ailleurs sa réflexion sur le livre et le miroir, se contentant de lui soumettre un esclaffement distingué. Sa remarque devait paraitre la plus irrépréhensible possible. Il marcha ensuite le long des murs afin de guetter tout objet susceptible d’avoir un usage magique. La mémoire visuelle de l’homme était étonnamment affûtée, c’est pourquoi il lui suffisait de fixer ses yeux quelque part pour l’ancrer profondément dans son esprit. Non pas qu’il estimait nécessaire cette procédure. Il agissait uniquement par prévoyance. Si la reine l’avait mené ici, ce n’était peut-être pas par hasard. En dehors de la confidentialité qu’elle conférait, elle végétait assurément en ce lieu pour se confesser. L’Ultimage eut d’ailleurs à peine le temps de le convier à venir à sa rescousse que le Monarque se trouva d’ores et déjà derrière elle, à subodorer son parfum si capiteux. Il glissa ses mains sur sa taille, épousant la forme de celle-ci avec ses phalanges. Son souffle atteignit les lobes de ses oreilles tandis qu’il jeta un œil dans le reflet en passant au-dessus de sa poitrine. S’occupant du laçage en priorité, il défit les liens, ceci de manière très lente et lascive. Puis il se chargea ensuite des agrafes destinées à comprimer ce buste qui devait en pâtir. « Pourquoi ? » La question ne visait rien de particulier. Il poursuivait sa tâche sans faire appel à ses pouvoirs, en partie pour faire durer le plaisir. « Pourquoi toute cette mise en scène ? » Il se colla davantage à elle, son bas-ventre entrechoquant le postérieur de la Belle. Il déposa un premier baiser dans son con, suivis de trois autres.

Il cessa quelques instants plus tard et reprit son œuvre. « Je suis prêt à faire bien des choses pour vous, ma Reine. Inutile de triturer vos méninges, seuls les actes méritent qu'on s'y attarde. Aucun engagement ne sera fait en l’air, c’est pourquoi je préfère tenir ma langue le plus possible. Vous êtes perspicace et alerte. Vous savez que j’ai énormément d’intérêts pour agir de la sorte. » Il attira les courbes de la Magicienne à son bassin en y ajustant un à-coup des plus agréables. « Si nous nous marions, un accord de paix sera conclu entre nos deux nations. Ni vous ni moi ne devrons nous opposer à l’autre dans la limite de nos conventions. De plus, cela aura un impact politique retentissant qu’il serait bête de négliger, ne serait que pour l’économie. » Un élément indésirable s'affirma au niveau du bassin de l’homme. Quelque chose de plus… raide. « Et sachez que je ne prends que des créatures exceptionnelles. Vous serez non seulement la seule, mais aussi la première. Du moins pour le moment. » En effet, Zane ne balayait pas l’hypothèse d’une autre union dans le cas d’une perspective engageante. Une femme redoutable engrangeait toujours plus de recettes que d’inconforts. Lorsqu’il eut achevé de desserrer le corsage, il la fit pivoter en tenant ses épaules pour qu’ils puissent se voir de face. Si elle tenait tant aux garanties que susciterait ce mariage, ils devaient l’honorer dans les règles. Il laissa affluer son index sur son buste, arrêtant sa course entre ses deux seins. « Nous pourrions envisager de nous soutenir mutuellement en cas d’ennuis. En tant que mari officieux ô combien machiavélique, je pourrais commettre des crimes atroces que vous seriez incapable de mener à bien ! Et inversement, vous êtes plus diplomate que je ne le serais jamais. Au-delà des atouts néfastes, j’ai l’intime conviction qu’ils pourraient tous deux nous tirer vers le haut. »

Il fit un pas en arrière puis s’éloigna pour se diriger vers le foyer. De là, il contempla le déhanché des flammes. Sur la tablette, il nota la présence d’un masque qu’il empoigna et qu’il plaça sur son visage. Celui-ci était une fière représentation des comédies, souvent dramatiques. « Pour le cadeau de mariage, je pourrais vous offrir… une poule. » Le rire qui s’en suivit résonna au travers du déguisement. « Je plaisante. Ce n’est pas un présent sérieux pour une reine. Personne n’oserait pareille blague. » Il réfléchissait à quelque chose qui pouvait être aussi honorable que surprenant. « Ce que je peux vous confier, c’est un statut qui va au-delà de simple “femme”. Je pourrais vous conférer un titre nobiliaire reconnu. Ce qui vous permettrait de ne pas craindre de marcher sur nos terres sans être asservi de tous sens par ces jugements. Par ailleurs, le domaine que je souhaite vous céder n’est pas n’importe lequel. Elle vous autoriserait la liberté suprême. De plus, si ce dernier a lieu, je vous présenterai quelqu’un de très important. Bien sûr, vous aurez aussi une camelote. N'importe quoi de plus matériel. Qu’en dites-vous ? » Elle avait les cartes en main pour décliner l’invitation. Néanmoins, elle n’était pas la seule à devoir revendiquer des biens. Lui aussi devait gagner sa part du gâteau pour que l’union rime à quelque chose. Il revint vers elle, toujours avec ce masque qui ne laissait entrevoir que l’orbe doré de ses yeux. « En revanche, même si je suis le principal instigateur de cette idée, j’aimerais savoir ce que vous vous pourriez m’apporter en contrepartie. Je ne souhaite ni la double nationalité des Magiciens ni un morceau de lopin. Impressionnez-moi et je consentirais possiblement à faire un effort pour les ailes blanches. » Oui, parce que la question subsistait malgré tout. Les garder en vie pouvait lui rendre service autrement que pour les combats.
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Jeu 11 Jan 2018, 14:45

Edwina ne quitta pas le reflet des yeux. Elle avait l’habitude de l’observer par l’intermédiaire du miroir mais les voir ensemble, réunis, dans le même cadre, lui donnait une impression étrange, d’irréalité. Elle observait le corps du Monarque avec délectation et admirait sa propre silhouette subir ses assauts souvent éphémères. Ce qu’elle imaginait faire devant la glace était parfaitement immoral, parfaitement… luxurieux. C’était la première fois qu’elle osait fixer son image alors que ses pensées couraient vers des terres interdites et ce qu’elle voyait dans ses propres yeux avait quelque chose de grisant, d’électrisant. Elle semblait être différente quand il la collait à lui, quand il déposait ses lèvres sur sa peau. Était-ce le désir qui tiraillait son visage et transformait son expression d’une manière presque invisible ? Elle se trouvait plus… attirante, en quelque sorte, et ses envies allaient de paire avec ce qu’il lui faisait subir. « Je voulais simplement voir si vous pouviez vous comporter de la bonne façon… sans arracher le tissu… » confia-t-elle dans un souffle. Elle avait surtout cherché un moyen de le confronter, certaine qu’il userait de sa force ou de sa magie pour ôter ses vêtements d’une manière inappropriée. Elle avait eu tort. Elle l’écoutait parler, répondant parfois par un signe de tête, parfois par un bref commentaire. L’Impératrice Blanche ne souhaitait pas qu’il puisse lire son trouble mais elle lui faisait elle-même face. Elle n’avait qu’à poser les yeux sur son visage pour voir les ravages qu’il faisait en son esprit. « Oui une coopé… ». Elle avait été surprise par ce qu’elle avait senti, sa phrase se coupant directement pour se ponctuer d’un « Oh… » légèrement choqué qu’elle essaya de retenir tant bien que mal. « Je vois. » dit-elle mine de rien en essayant de penser à tout sauf à « ça ». Elle n’était pas certaine que l’idée de l’imaginer avec d’autres femmes lui plaise, des femmes exceptionnelles qui plus est. Son avantage résidait néanmoins dans le fait que ce mariage serait secret. Elle n’aurait donc pas à subir l’affront de se faire publiquement doublée par une créature de rêve. Et puis, là était le côté rassurant de tous les mariages de raison, de tous les mariages politiques : ils n’engageaient à rien sur le plan émotionnel. Il était bien ancré dans les pensées que deux Souverains ne s’épousaient pas par désir ou amour. Même secret, ce mariage ne ferait pas exception.

Lorsqu’il la retourna, elle ancra son regard dans le sien. « Il est vrai que si vous me créez bien des tourments quand nous sommes ensemble, l’ennui n’en fait cependant pas partie. ». Plus elle l’observait faire, plus il lui semblait qu’il parcourait son corps presque inconsciemment, que c’était devenu une habitude chez lui de la toucher. Le faisait-il exprès pour la troubler ou ne s’en rendait-il même plus compte ? La question s’attarda un instant dans les pensées de la reine jusqu’à l’évocation de la poule. « Au contraire, un autre prétendant m’en a déjà offert une. ». Caleb n’en était pas un mais, peu importe, Zane n’avait pas besoin de le savoir. Elle s’excusait mentalement auprès du Sin Luxinreïs. Cela dit, en pensant au comportement étrange de l’homme, elle eut l’idée d’une requête plutôt inattendue. « Très bien, j’accepte. Quant à cette euh… camelote, comme vous le dîtes si bien, j’aimerais que ce soit une statue de vous, entièrement nu. Je trouve qu’elle ferait sensation dans mon boudoir. ». Elle sourit, se forçant à ne pas rire de sa propre folie, imaginant déjà la tête du Chancelier Nylmord s’il tombait dessus par hasard un jour.

« Hum… ». Elle marqua un temps d’arrêt, fixant le masque avec les yeux de quelqu’un qui réfléchissait à la question. Son petit sourire amusé s'étira un peu plus sans réelle cause. Elle venait d’avoir une idée, une idée qui, en réalité, n’avait rien à voir mais qui répondait parfaitement à d’autres préoccupations. « Hé bien… » fit-elle tout en se débarrassant des dernières jupes de sa tenue. Elle utilisait la magie, ses dons laissant ses mains libres. Elle attrapa donc une pince et s’attacha les cheveux avant de sortir d’un tiroir un flacon de parfum. Il ne restait bientôt sur sa peau que la dernière robe, semblant être bien plus une chemise de nuit qu'un vêtement royal tant le tissu était fin. « Je crains fort ne point avoir autant d’imagination que vous pour trouver des éléments à même de provoquer l’excitation… ». Sans que son expression ne change, elle envoya la flagrance sur Zane, le produit ne tardant pas à agir. « Ne vous inquiétez pas, cela ne durera pas longtemps. ». Elle l’utilisait souvent sur les animaux, en particulier les plus dangereux, en cas de blessures ou pour calmer leur rage. La paralysie était brève et, contrairement à certains poisons qui étaient on ne peut plus dangereux, la flagrance empêchait simplement les mouvements brusques, ralentissait le corps mais absolument pas les fonctions vitales. Elle posa la fiole sur la petite table et s’approcha un peu plus du Monarque Démoniaque, la Valse Créatrice façonnant derrière lui un lit. Après lui avoir ôté son masque, elle le poussa dessus sans ménagement. Elle aurait pu l’y laisser, seul, mais, contre toute attente, elle le rejoint, s’étendant sur lui comme elle l’aurait fait sur l’herbe verte d’une prairie. Elle croisa les bras sur son torse et posa son menton sur ses propres poignets avant de rire. « Vous feriez un bien piètre Magicien, je vous l’accorde. ». Elle marqua une pause avant d’entamer la négociation. « À vrai dire, n’importe quelle épouse digne de ce nom vous aurez proposé un héritier. C’est d’ailleurs souvent pour ce genre de raisons que les mariages se font : créer une descendance qui se montrera digne de reprendre le flambeau. ». Il y avait eu un temps très long où les sociétés avaient souhaité se dédouaner de cette exigence de lignée mais Edwina voyait bien que le Monde changeait de nouveau. Les Rois voulaient que leur règne se transmette par le sang, que le trône reste dans leur famille et adoptaient le plus souvent ceux qu’ils avaient choisi comme dignes successeurs s’ils n’en faisaient pas partie pour que le nom perdure. « Seulement, je suppose que vous avez déjà énormément d’enfants, dont un héritier qui a peur du noir si mes souvenirs sont bons. ». Elle sourit. Si elle n’avait répondu à aucun de ses monologues à la sortie de la prison, elle en avait néanmoins retenu le contenu. « Et puis… J’ai une confession à vous faire, Majesté. ». Elle se redressa un peu et porta ses doigts aux cheveux de Zane qu’elle caressa doucement. Elle se mit à chuchoter. « Je crains fort que les péchés essayent de corrompre mon esprit. ». Son index glissa sur sa mâchoire puis sur son cou avant de rejoindre sa nuque. « Je ne suis plus aussi inexpérimentée qu’à notre dernière rencontre. J’ai voulu… en savoir plus et ai lu des choses qui… m’ont profondément… troublée, voire choquée. ». En réalité, au préalable, c’était surtout lui qu’elle avait observé par l’intermédiaire du miroir. Elle avait fait des recherches, certes, mais n’avait jamais trouvé dans ses livres de pratiques aussi contraires aux mœurs de son peuple que ce qu’elle l’avait vu faire. « Alors je ne vous cacherai pas que… ». Elle avait légèrement rougi. « … j’ai été très peinée quand vous avez dit que vous ne vous agenouillerez plus. ». Elle sourit d’un air mutin et se redressa totalement pour s’asseoir sur son ventre, essayant de garder contenance. Elle n’était pas habituée à ce genre d’exercices, à provoquer subtilement ou beaucoup moins, mais remarquait déjà qu’elle se plaisait à le faire, que le danger de ses propos provoquait l’excitation en elle… À moins que cela ne soit la position dans laquelle elle se trouvait ? « Cependant, pour être franche, à moins que vous ne me le demandiez expressément, je préfère faire l’impasse sur ce fameux héritier qu’il conviendrait de vous proposer. ». Elle avait toujours eu du mal avec les enfants et puis, quand bien même était-elle obligée de s’avouer qu’elle désirait de plus en plus le sentir en elle, elle n’était pas prête. Les fantasmes étaient une chose, la réalité une autre. Aussi, elle avait bien parlé de plusieurs péchés qui la tiraillaient. La luxure n’était pas le seul.

Après quelques secondes de silence, elle finit par se relever, se positionnant de nouveau face au miroir. Elle s’observa un instant. Son visage avait une expression grave et ses yeux trahissaient que ce qu’elle allait dire était on ne peut plus dangereux pour la stabilité, pour le Monde. Ce cadeau qu’elle envisageait de lui faire lui coûtait beaucoup sur le plan moral et, pourtant, elle ne pouvait nier qu’il pourrait contribuer à sauver bien plus de vies. Une Reine dans un jeu d’échec devait toujours s’attendre à devoir tomber pour sauver le Roi. Le Roi ne représentait pas un homme, pas plus que la Reine ne représentait une femme. Il représentait la stabilité, l’avenir du peuple, la prospérité. Le sacrifice de la Reine était parfois nécessaire pour pouvoir gagner. Et il suffisait à un pion de se rendre de l’autre côté du plateau pour qu’une nouvelle Reine apparaisse. « Asriel Heylik. » finit-elle par lâcher. « Si vous reconsidérez le sort des Anges, alors je vous donnerai leur Reine. ». Une robe noire sortit de son placard et l'Impératrice l'enfila avant de se retourner. « Bien sûr, pas avant un certain temps. Pas avant d’avoir vu de nets résultats démographiques. ». Elle se râcla la gorge. « Ne répondez pas tout de suite. Réfléchissez-y. ». Elle s’avança de nouveau vers le lit, caressant le bois de la table du bout de ses doigts en passant. « Enfin, j’ai entendu dire que vous vous essayiez aux domaines artistiques… Je vous propose donc de poser pour vous afin de vous permettre de vous améliorer. Le Monde a oublié mon visage au fur et à mesure que la magie détruisait les souvenirs des êtres les plus faibles et, les flammes, les objets à mon effigie. Vous serez donc le seul à jouir de la possibilité de pouvoir immortaliser le faciès de votre femme. »
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Ven 12 Jan 2018, 01:03


Si Zane se tenait à carreau, n’en déplaise à la convoitise qui le rongeait à chaque instant, c’était pour lui démontrer qu’il était parfois capable d'adopter le bon comportement, qu’il se conduisait différemment des autres démons qui imbibaient l’Enfer de leurs obscénité. Finalement, qu’il agissait comme un Roi face à sa Reine ! Comme un mari, qui, indulgent, pouvait se résigner à atteindre sa vertu. Il aurait pu se précipiter à sa gorge et lui arracher les vêtements pour se servir, se laissant guider par cet instinct primaire qui ne demandait qu’à être relâché. Mais non, c’était un choix trop éculé, pas à sa mesure. Le monarque ne refusait jamais les défis qu’on lui proposait. Cette fois encore, la chalengeuse était de taille, mais il ne succomberait pas. En tant que plus habile tentateur, il finirait par la corrompre pour qu’elle vienne d’elle-même lui réclamer l’acte qu’elle affectionnait tant par les reflets de son subconscient. Peu importe à quel point il désirait la sauter sur-le-champ, il patienterait. Contrairement à elle, il était déjà consumé par un mal plus grand qui ne pouvait plus vraiment se décupler. En revanche, cela faisait une éternité que cette réaction propre aux hommes ne s’était pas déclenchée. Il en avait presque oublié cette fonction. Depuis cet instant, il essayait de penser à autre chose en éludant la plupart de ses actes qui lui apparaissaient tous comme extrêmement sensuels. Si l’évocation de ce prétendant suscita le froncement de ses sourcils derrière son masque, il fut vite estompé quand elle mentionna cette statue. Elle devait sûrement plaisanter, ou bien le faire passer comme tel, mais… le fait est qu’elle était parvenue à le surprendre avec cette demande improbable. La chrysalide commençait-elle à se déchirer petit à petit ? Quoi qu’il en soit, il s’amusa de cette dernière, son rire ne laissant paraitre qu’une joie triomphante. « Je possède un tas de statues à mon effigie en Enfer, mais aucune n’a encore été moulé avec mes fesses à l’air. Votre idée me plait. J’emploierais les meilleurs sculpteurs pour qu’ils puissent capter l’essence de… cette chose que vous tenez tant à posséder. À l’échelle réelle ou la gamme au-dessus ? » Une question rhétorique. Zane était déjà considérablement grand, il doutait alors qu’elle puisse aborder quelque chose de plus titanesque, mais c’était parfaitement dans ses cordes.

Le fait de la voir ensuite dans une tenue si fine et si peu enrobée le détourna complètement du reste. Il était partiellement hypnotisé par ce corps encore plus céleste qu’il ne l’était derrière toutes ces couches redondantes. Cette défaillance aurait pu lui couter la vie si cette agression avait été autre chose qu’un effluve. Il n’avait pas besoin de suivre attentivement les propos de l’Ultimage pour élucider ses effets immédiats. Une mobilité réduite qui lui valut d’être éconduit sur le lit sans précaution. Finalement, ce qui s’en suivit ne fut pas si inconfortable que ça. Si ses bras ainsi positionnés l'excluaient, de disposer d'une belle vue, la seconde fut tout de suite plus adaptée. Un héritier avec Edwina ? Si les enfants lui semblaient moins exécrables depuis qu’il estimait quelques-uns de ses rejetons, il n'avait jamais prémédité ses sauteries. Il se maudissait de ne pas avoir eu la pertinence de lui proposer. Toutefois, tant qu’elle persisterait à se refuser à lui, l’envisager lui paraissait improbable. « Je crains fort que si le fruit de notre union devait voir le jour, il soit bien trop fantastique pour fouler les terres de ce monde. Un enfant ne possédant que qualités. Est-ce vraiment viable pour les autres de son âge ? J’en meurs cruellement d’envie, ma Reine. » Alors qu’elle n’avait jamais osé le premier pas par le passé, que le simple fait de l'envisager était une hérésie, elle parvenait désormais à faire grimper la température sans aucun scrupule. Si le Démon n’avait pas été à la bonne école, son esprit aurait difficilement pu le supporter. « Ah ah, vous avez affreusement raison. La prochaine fois, rappelez-moi de tourner sept fois la langue dans ma poche… ou dans la vôtre. » Il lui adressa un clin d’œil en qualité de répartie. Puis elle se releva, et l’akinésie cessa quelques secondes plus tard. Assouplissant ses articulations consécutivement, la dose avait sûrement été trop atténuée compte tenu de son gabarit. Alors que toutes ses fonctions furent retrouvées, il s’avança vers elle tel le fauve se focalisant sur la biche. « Je me fiche bien de cette femme. Elle n’est pas aussi délectable que vous l’êtes. Regardez-moi ces hanches, cette poitrine, ces lèvres. Je comprends maintenant pourquoi tant de postulants sonnent à votre porte. Le seul crime dont sont coupables les Auryanites, c’est bien d’avoir bon goût. » Alors qu’il était devant elle, il prolongea sa foulée pour la faire céder davantage. « Toutefois, comptez sur moi pour peser le pour et le contre, même si actuellement… ce n’est pas ça que j’ai envie de soupeser. »

Ils reculèrent encore, l’homme écartant tout obstacle qui se dressait sur leur passage. Il écoutait attentivement cette requête sans la lâcher du regard, ses paupières n’autorisant aucun clignement. Seule la paroi du chalet parvint à les mettre en échec. Zane plaqua brusquement sa main contre celle-ci, ses lèvres s’approchant du creux de l’oreille de la Magicienne. « Jouir… faciès… ça me parle. À une condition. » Il glissa son index sous son menton pour le lui relever. Il replia son visage pour sentir le souffle chaud de la Reine lui caresser les lèvres. « Déshabillez-vous. » Plus inattendu encore que cette directive, le Diable confisqua la main la femme pour la poser sur son buste. Puis délicatement, il la fit affluer le long de son torse, traçant les lignes de sa musculature pour rejoindre sa sangle abdominale. Puis enfin, il fit faire un plongeon à celle-ci pour la placer sur son entrejambe, au-dessus du tissu. Plus tendu que précédemment, son engin débordait de vigueur. Il tenait à ce qu’elle s'instruise de l’effet qu’elle lui procurait. Combien il était enthousiasmé et ce que son corps éprouvait. Il se rétracta néanmoins assez vite. Il savait à quel point il était imprudent de valser avec une friandise si alléchante, car c’est probablement lui qui en pâtirait le plus en s’exposant ainsi à ce feu qu’il n’était pas certain de pouvoir apprivoiser. Il s’écarta suffisamment pour faire les vérifications nécessaires à l’œuvre qu’il allait accomplir. Il lui fallait trouver l’angle le mieux adapté pour lécher les traits de sa silhouette. « Vous pouvez garder votre lingerie si vous le souhaitez. Comprenez bien que plus les formes sont significatives, plus mon art sera sublimé. De plus, j’aimerais que celui-ci fasse office de cadeau de mariage pour votre Roi adoré ici présent. Si ça peut vous rassurer, je ne bougerais pas de l’endroit qui m’est assigné pour cette tâche. » Il attrapa une chaise qu’il fit tournoyer sur un pied avant de s’y planter, les jambes écartées et les bras accoudés sur le dossier. Il faufila ensuite sa main à l’intérieur de son chemisier pour en dégager le crayon nécessaire à la capture de cette merveille. Il lui fit signe de s’installer sur le lit. « Prenez la posture que vous souhaitez. Je ferais de mon mieux pour écourter mon esquisse. Les modèles n’ont pas la place la plus facile, croyez-moi. » Et pourtant, chaque détail serait passé à la loupe. Pour ça, il fallait être consciencieux. Son principal outil, à savoir son œil, se ferait un plaisir de parcourir cette noble route charnue.
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Mar 16 Jan 2018, 12:44

« Je ne parlais pas de cela pour… ». Lui qui avait su rester sage quelques instants plus tôt, voilà qu’il recommençait. Elle ne finit pas sa phrase, emportée vers le fond de la pièce par les pas conquérants de l’homme. L’Impératrice Blanche aurait pu le contraindre à s’arrêter, d’une manière ou d’une autre, mais une forme d’excitation naquit chez elle. Elle voulait voir ce qu’il allait faire. Elle voulait entrevoir ce qui se tramait dans l’esprit du Diable. Plus elle l’observait dans le miroir, plus elle le connaissait. Plus ils valsaient ensemble et plus elle avait envie de tenter de percer les secrets de son comportement. Il était irrationnel et cette valse n’en était pas réellement une. La valse n’avait jamais un goût aussi exquis, celui du danger. Non, il s’agissait plutôt d’un tango, tantôt calme, tantôt ardent, un tango dans lequel les danseurs menaçaient de s’empaler l’un l’autre à la moindre occasion. Il était mieux loti qu’elle dans l’une des acceptions. Aussi, elle finit dos au mur. Elle aurait pu se délivrer de son emprise, elle en avait les moyens, le pouvoir, mais, encore une fois, elle voulait vivre ce moment. Elle ne subissait pas. Elle acceptait de jouer la proie, de jouer à la gentille Magicienne acculée par le vilain Démon qu’il était. Cela dit, parfois, le jeu allait bien au-delà de ce qu’elle pouvait imaginer. Pour autant, pourrait-elle encore un jour se regarder dans le miroir et se clamer innocente ? Certainement pas. Si elle ne le désirait pas, si elle ne nourrissait pas pour lui une passion dévorante, cela ferait bien longtemps qu’elle l’aurait repoussé avec tant de véhémence que jamais plus il n’aurait tenté quoi que ce soit. Elle le savait. Il le savait.

Lorsqu’elle comprit à quoi il faisait référence en utilisant ses propres termes, elle ne put empêcher un deuxième « Oh… » de s’échapper d’entre ses lèvres. Quelques années plus tôt, jamais elle n’aurait pu faire un tel lien, jamais elle n’aurait pu même songer qu’une telle pratique pouvait exister quelque part dans le Monde. Elle imaginait les rapports entre les hommes et les femmes de façon plutôt édulcorée, sans fluide corporelle, sans odeur, sans cri. Maintenant qu’elle savait que les contes de Faes n’étaient que de vulgaires menteurs, elle espérait sans doute simplement que le plaisir ressenti était à la hauteur de ses attentes, à la hauteur des désavantages qu’elle percevait.  Heureusement, l’injonction de son futur mari la sortit de ses pensées. Dire qu’elle ne s’y attendait pas aurait, encore une fois, été mentir. On ne propose pas un bout de viande à un chien en espérant qu’il ne le dévore pas. Seulement, elle aurait sans doute espéré qu’il lui laisserait plus de temps, pour s’habituer, pour envisager de se dévêtir devant lui et parvenir à le faire. Aussi, elle le laissa disposer de sa main jusqu’à ce qu’elle comprenne jusqu’où il comptait l’amener. Au fur et à mesure de la descente, elle se crispa et quand ses doigts finir par entourer « ça », elle cessa totalement de respirer. Son « calvaire » fut de courte durée et elle en remercia presque son bourreau. Elle essaya de reprendre contenance et lia ses deux mains ensemble sur son ventre avant de déclarer : « Bien… Je vais me déshabiller. ». Elle devait se diriger vers un endroit de la pièce où il ne la verrait pas, quelques instants. Cette expérience avait été légèrement… troublante.

Une fois arrivée derrière le paravent, Edwina relâcha la pression qu’elle avait accumulé depuis qu’il lui avait fait toucher ce… Elle éluda le mot dans son esprit, essayant d’inspirer calmement. L’Impératrice Blanche devait réfléchir au tableau mais une phrase d’Aria lui revint en tête. « La gloire de la défense, le plaisir de la défaite. » était de celles que la Démone aimait lui répéter plusieurs fois lorsqu’elle avait essayé de lui apprendre à devenir plus femme, plus efficace, moins manipulable. Elle aimait citer un auteur des temps anciens pour lui enseigner que, peu importe ses émotions, peu importe ses désirs, elle devait toujours avoir la gloire de se défendre contre les assauts de ceux qui prétendaient à sa couche, car sa défaite n’en serait que plus plaisante. Seulement, là où Aria n’était guère d’accord avec ledit auteur, c’est qu’une femme jamais n’était mise en échec car elle savait dès le départ si oui ou non elle accepterait le manant entre ses cuisses. Aussi, elle lui avait signalée qu’observer le contentement de l’homme, convaincu d’avoir triomphé, était parfois le réel plaisir de l’entreprise car, dans le domaine des plaisirs charnels, rien ne valait le corps d’une autre femme. À l’époque, la Belle n’avait eu que faire de ces paroles. À vrai dire, ces dernières l’avaient profondément gênée mais, aujourd’hui, elle devait bien admettre que la Dame Rouge avait eu raison. Elle ne pouvait décemment nier son inclination envers Zane. Elle ne pouvait décemment nier qu’elle lui avait déjà dit oui, implicitement, et que sa défense existait bien plus pour se protéger, elle, plutôt que pour le faire languir, lui. Car, bien plus que son propre trouble interne, ses mœurs lui dictaient un comportement bien différent de celui que le Diable aurait certainement aimé qu’elle adopte. Les relations charnelles chez les Magiciens découlaient souvent du mariage et d’un amour certain. Les trois étaient liés. Certes, ce n’était qu’une généralité qui trouvait des exceptions mais… Leurs mondes étaient différents. Lui pénétrait comme il respirait, ne se souciant guère de rien si ce n’est de son propre plaisir. Peu importe ce que devenait la femme, qu’elle tombe enceinte ou meure dans le premier fossé venu. Elle, trouvait que cet acte était profondément intime et présupposait un lien fort et inébranlable. Il présupposait qu’elle l’aime ou qu’elle en ait au moins l’impression.

C’est en pensant au fait que le rapport de force était profondément inégal qu’elle retira ses vêtements. Elle aurait pu garder ses sous-vêtements comme il le lui avait intimé mais il n’en était pas question. Elle jouait avec le feu, sur un champ de bataille qu’il connaissait bien mieux qu’elle. L’Impératrice Blanche ne devait montrer aucune faille, aucune faiblesse, car il s’en servirait contre elle. Elle devait veiller, également, à toujours garder une échappatoire au cas où il refermerait brusquement la porte à peine ses pieds posés sur son territoire. Elle inspira une dernière fois et créa un drap qu’elle enroula autour de son corps avant de sortir. Edwina fixa la Bête et sourit. « Un drap ne peut être considéré comme un vêtement alors je crois avoir honoré ma part du marché. ». Tenant le tissu, fermement, elle sembla réfléchir. Elle avait eu une idée mais celle-ci supposait quelques aménagements. Elle rejoint le Diable, se baissant de manière à ce qu’elle puisse admirer la pièce comme il la voyait. Leurs joues se frôlèrent et elle frissonna, fuyant alors pour disposer le miroir d’une façon stratégique. « Cela me semble bien… ». Le tableau serait pour lui et elle avait bien l’intention de lui offrir de quoi méditer sur un tout autre sujet que ses hanches, sa poitrine ou ses lèvres. Aussi, elle s’assit sur le bord du lit, son dos offert à la vue du Monarque Démoniaque grâce au reflet proposé par le miroir. Elle lâcha du lest sur le drap afin qu’il ne caresse plus que le bas de son dos tout en le maintenant sur sa poitrine. « J’espère que vous l’accrocherez au-dessus de votre lit. » fit-elle en plaisantant. Elle essayait de ne pas penser à sa condition, au fait qu’elle était nue sous un tissu blanc, un tissu qui seul la séparait de lui. Edwina retira sa pince, la jetant au sol avec une désinvolture manifeste. Elle disposa ses cheveux de façon à ce que son dos reste immaculé, une seule mèche rebelle réussissant à s’y faufiler. Puis, son petit sourire mutin réapparut. Sa couronne fit son entrée au sommet de sa tête, lourde et imposante. Après quelques secondes où elle resta silencieuse, elle passa sa main derrière son dos, la refermant sur la dague qui vint s’y positionner. De face, elle paraissait sage, Reine parfaite dans les yeux de celui qui l’admirait. Pourtant, le miroir renvoyait une toute autre image, celle d’un dos dans lequel se dissimulait l’arme du crime. « Je pense que vous pouvez commencer. ». S’amusait-elle ou le défiait-elle ? Elle hésita un instant, sachant pertinemment que ce qu’elle allait dire était dangereux, une erreur qui risquait d’attiser un feu déjà brûlant, une erreur qu’elle ne pourrait pas assumer. Elle souffla néanmoins d’un ton impérieux : « Dépêchez-vous, mon Roi. Si vous voulez un héritier, il ne se fera pas tout seul. ». Cela étant, il avait proclamé qu’il ne bougerait pas de sa chaise. En définitive, pendant tout le temps où il dessinerait, elle pourrait faire œuvre de provocation. Le problème c’est qu’elle risquait d’y prendre goût et qu’il n’oublierait pas une fois son ouvrage terminé. Il est toujours plus aisé de s’attaquer à celui qui ne peut répliquer. Il ne faut simplement jamais cesser d’envisager le moment où ses chaînes se briseront.  
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Les faux-semblants cachent les vérités refoulées [Pv Zane]

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