Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

Partagez
 

 Les nymphes des neiges | Aliénor Vaughan

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Sam 13 Jan 2018, 23:22



Les yeux rivés sur les rares lignes du roman, puis glissant sur les illustrations on ne peut plus explicites des femmes et des hommes d’un autre temps, Harald se surprit à fantasmer la belle à la chevelure nouée qui se distinguait des autres créatures de rêve de par ses hanches importantes, de ses courbes gracieuses et pleines qui appelaient chaque homme qui les rencontrait à tendre les mains en avant. Il aurait tant voulu en faire autant. Mais il était l’heure pour lui de sortir le nez du bouquin pour se lever. C’était l’aurore. Il l’avait trouvé la veille dans les affaires de son père mais était alors trop fatigué pour s’y plonger. Il ne sut pas s’il devait regretter d’avoir posé les yeux sur un bijou secret, se promettant de le terminer à un autre instant ou s’il devait craindre la très longue journée promise devant lui. Le livre semblait répondre à son appétit et il fallut du temps au magicien pour oublier ne serait-ce qu’une image. Il sentit la barre toute la sainte matinée. Mais la nature finit par le calmer, son travail le rappela à l’ordre et les demoiselles barbues également. Traire lui broyait les mains, trois heures après, il se retrouva avec des crampes monstres au niveau des métacarpes. Il dut prendre une pause, se redressant de tout son long. Crac. Son dos en prit un coup. Il se sentit vieux. Son père passa prendre le lait qu’il venait de traire. Il regarda son fils, avec un large sourire, devinant le mal qui rongeait ses mains. « Ce n’est que le début pourtant, il reste Béa, Tina, Kapla, ... » etc, etc. Toutes avec des noms qui terminaient en -a. Il lui avait un jour demander pourquoi il les nommait, et puis pourquoi de cette façon là. Galède lui avait alors répondu « Elles sont mon gagne-pain et on finit par les connaître. Je ne vais pas les appeler Chèvre numéro un, chèvre numéro deux… Chèvre qui mange ma chemise, etc. Non, il faut un sens. Et un fil rouge. Donc, des prénoms qui terminent en -a, pour des chèvres, c’est très bien. » Il y en avait même une qui portait le nom de sa mère mais ça, le jeune berger n’avait pas osé demander pourquoi.

Quand l’heure d’aller livrer les fromages frais arriva, il prépara d’abord le tombereau en attelant. Il détacha Gaspard- son cheval de trait - de la barrière. Un curieux voyageur le lui avait offert un jour alors qu’il venait leur acheter du fromage, disant qu’avec du miel ce serait un délice. Harald avait acquiescé, imaginant mal une tartine de miel chèvre et puis, comme pour le récompenser de l’avoir écouté parler pendant une heure tandis que  le père préparait les fromages, il lui donna Gaspard. Un cheval robuste à la robe alezane, qui selon le voyageur barbu aux lunettes et à la barbe blanche ferait un très bon attelage. Le jeune magicien l'avait accepté en bafouillant et avant même qu’il puisse dire quoique ce soit au père, le vieil homme avait payé et s’était envolé avec sa caisse. Gaspard était peut-être un cadeau mais l’animal n’en faisait qu’à sa tête. Etant destiné à Harald, son dressage l'était tout autant. Son père avait accepté de l'aider mais refusait de le dresser à sa place. « Tu le feras par toi-même. Un jour, tu tiendras la boutique et iras livrer seul le fromage. Si tu n’as pas de palefrenier dans le coin, comment feras-tu ? » Il avait marqué un point. Donc l’animal en question tirait sur le harnais et il fallut du temps à Harald pour lui mettre la selle de travail. Il avait à peine terminer l’attelage quand son père sortit de la fromagerie, avec des caisses pleines de fromages qu’il dut aider à monter.

Le paysage blanc s’étendait à perte de vue. Le chemin se distinguait à peine des plaines qu’il traversait pour se rendre au nord de Vervallée. Pour cela, il empruntait différentes routes sans passer par le centre, pour éviter plaque de verglas et âmes vivantes. « Gaspard, non ! » Il tira maladroitement sur les deux rênes qui fit perdre la direction au cheval. Ils zigzaguèrent avant qu’Harald trouve un rythme correct ; il laissa un peu de mou pour que l’animal ne soit plus tiré ni à gauche ni à droite. Il soupira. Malgré le froid, sous ses couches de manteau et ses gants de laine, le berger transpirait. Un stress suintant, digne d’un novice en la matière. Que son père ne l’ait pas accompagné sur des routes légèrement enneigées ne le mettaient pas en confiance. Il se rassurait comme il le pouvait et songea aux illustrations. Cela ne le calma évidemment pas, car il naquit en lui une autre forme qui le tiraillait mais il fut plus apaisé, beaucoup moins stressé. Une brise souleva les flocons et son imagination bien trop débordante le fit voir une femme danser au gré du temps.

Mots # 805
Revenir en haut Aller en bas
Aliénor Vaughan
~ Magicien ~ Niveau II ~

~ Magicien ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 570
◈ YinYanisé(e) le : 20/12/2016
Aliénor Vaughan
Mar 16 Jan 2018, 22:27


« Coupe la peau de la pomme en entier, Aliénor. Doucement… ». Les sœurs Vaughan étaient, au début, en train de faire une tarte aux pommes. Sauf que, bien entendu, quand elles étaient toutes réunies autour d’une même tâche, les choses ne se passaient jamais comme prévu. Fantine avait fini par évoquer l’une de ces histoires à dormir debout que toutes ses cadettes croyaient dès que cela parlait d’amour. C’était justement le cas. La légende racontait que si une jeune fille en âge de se marier arrivait à couper la peau tout autour d’une pomme sans accroc et qu’elle la lançait au-dessus de son épaule, alors celle-ci formerait, en s’écrasant au sol, la première lettre du prénom ou du nom de son futur mari. Fantine avait donné l’exemple d’une cousine éloignée pour illustrer son propos et montrer à toutes que le sort marchait parfaitement ! Aucune n’en doutait. Douce, la sœur jumelle d’Aliénor avait désigné celle-ci comme deuxième cobaye. La première, bien entendu, avait été Isabeault qui ne rêvait que d’une chose : se marier rapidement avec un bon parti. Beaucoup de ses sœurs la trouvaient ridicule car depuis qu’elle s’était mise l’idée en tête, madame se prenait pour une princesse, fanfaronnait, rigolait à tue-tête et arborait des tenues de prostituée effarouchée. Son futur mari aurait comme première lettre le « I » et la concernée était déjà en train d’étudier les nombreuses possibilités qui s’offraient à elle, prenant, bien entendu, les hommes les plus riches du coin pour les mettre dans sa liste.

Une fois que la Magicienne eut fini son découpage, tant bien que mal, elle lança la peau derrière son épaule. Le jet eut pour effet de faire se mouvoir toutes ses sœurs qui, curieuses, se tournèrent vers l’endroit où le morceau du fruit était tombé. Certaines en bousculèrent d’autres et d’autres se placèrent devant Aliénor, empêchant cette dernière de voir son résultat. « Pâquerette ! Pousse-toi ! » cria Francette à sa sœur. Elle aussi, elle voulait voir. « Tiens c’est drôle… On dirait… ». « Hum… ». « C’est un L ! ». « Non un J ! ». « Tu ne connais pas ton alphabet toi alors arrêtes de parler ! » railla l’une des sœurs. Effectivement, c’était un L. « De toute façon, Aliénor ne trouvera pas de mari. Elle a des trop grosses fesses pour ça ! ». « T’es pas gentille Aglaé ! » « Nan, mais je suis réaliste ! ». La tarte aux pommes ne fut achevée que cinq heures après, le temps pour toutes les sœurs Vaughan de se prêter à l’exercice. Après un bon dîner, elles allèrent toutes au lit.

La famille Vaughan était au Lac Bleu pour la saison des neiges. En temps normal, le Comte et la Comtesse vivaient à Caelum. Cela dit, c’était dans cette région-ci que les enfants allaient à l’école. Certaines avaient fait Basphel mais toutes n’avaient pas eu ce privilège. Aliénor devait entrer à l’université bientôt et retrouverait sans aucun doute la plupart de ses amis. En attendant, elle préférait prendre du bon temps en famille, encore et toujours à la recherche d’un plan pour son avenir. Sauf que depuis la veille, elle n’arrêtait pas de penser aux mots d’Aglaé. Normalement, elle ne faisait pas attention à ce genre de commentaires mais elle était dans une phase de son cycle menstruel qui la rendait bien plus sensible aux taquineries. Et si elle avait vraiment de grosses fesses ? Comme elle n’arrivait plus à dormir, elle se leva et s’habilla. La maison, pour une fois, était on ne peut plus silencieuse. La Magicienne mit son manteau noir et son chapeau à volant et sortit dans la neige. Au moins, la marche contribuerait à rendre ses fesses plus fermes.

Aliénor prit une direction au hasard, essayant de suivre les chemins les plus accessibles. Plus elle s’éloignait, plus la neige recouvrait la route. Alors qu’elle se demandait si elle ne devrait pas rebrousser chemin, son chapeau lui joua encore un tour et s’envola, suivant les caprices du vent. Il atterrit près d’une barrière. La Magicienne s’avança pour le récupérer, ses pieds s’enfonçant dans la neige jusqu’à atteindre un ruisseau gelé sur lequel elle glissa. Fesses par terre, elle jura en grommelant, essayant de se relever sans grand succès. Pourquoi la nature l’avait-elle faite aussi agile qu’un tronc d’arbre ?


Les nymphes des neiges | Aliénor Vaughan Wmln
Les nymphes des neiges | Aliénor Vaughan 3298876942 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34361-alienor-vaughan
Invité
Invité

avatar
Ven 19 Jan 2018, 00:32




Le paysage faisait office de parquet, la danseuse allant jusqu’à virevolter pour disparaître derrière une rangée d’hêtres. Brusquement elle réapparaissait, suivie d’une traînée de flocons qui redescendait aussitôt. Harald n’eut pas le temps de réagir lorsque le tombereau frappa une poutre. Il ordonna tant bien que mal à l’animal d’arrêter la marche avant que sa carriole ne soit définitivement abîmée. « Stupide animal ! » se fâcha-t-il, bien qu’il était le seul et l’unique fautif dans l’affaire. Il aurait dû faire plus attention. En guise de réponse, il eut un hennissement. Il descendit tandis l’alezan urinait. « Rha. Non ! » Il se dépêcha de rejoindre l’autre côté, là où la pisse chaude ne rongeait pas la neige et où ses pieds étaient saufs. Les caisses s’étaient déplacées, il les ré-arrangea. Il fit le tour, passant devant le maudit Gaspard. Il y avait une barrière qu'il l’enjamba à ses risques et périls. En effet, le vieux fermier du coin n’appréciait pas qu’on foule les terres sans son accord. Bien que monsieur Chapelier était locataire du Comté, il n’en demeurait pas moins territorial et étonnement avare. Néanmoins, en ces temps de froid, le vieux bougre était au chaud, du moins, c’est ce qu’Harald s’encourageait à penser pour franchir la zone interdite. Il ne put toutefois pas s’empêcher de regarder dans les alentours, s’assurant qu’aucun vieil homme ne traînait par là.

Au vu des dégâts, son père ne serait pas content. Harald ne put retenir un soupire, qui se transforma en un souffle opaque qui traversa la laine qui lui couvrait le bec. « Tant pis. » Il le lui paierait d’une façon ou d’une autre, en travaillant davantage. Le jeune magicien entendit ce qui lui sembla être une voix humaine. Il se retourna mais ne vit qu’une plaine blanche et un petit bois au loin. C’était alors devant lui. Il ne se précipita pas pour escalader la barrière, de peur de glisser et sauta à pieds joints dans la neige. Il traversa la route qui le séparait de l’autre barrière et vit en effet un point sombre dans le paysage blanc. Harald savait que le terrain était un peu plus en pente ici que là-bas car il jouait dans ce ruisseau quand il était petit, avant qu’un vieux grincheux ne décide d’acquérir les terres et d’en chasser la bande de gamins qui squattaient l’eau durant la saison de l’orage, quand le ruisseau se transformait alors en petite rivière. D’ailleurs, plus on les chassait et plus ils revenaient. A force, le vieux avait fini par s’installer avec sa chaise, fourche en main. Harald s’accouda à la barrière. « Vous êtes sur le terrain du vieux Chapelier, à votre place, je me dépêcherais à quatre pattes pour me sortir de là. On dit que le magicien chasse quiconque franchirait la barrière, fourche et pelle dans chacune des mains. » Il fit mine d’observer au loin. « Ah, je vois qu’il arrive. Vite ! » Sa blague n’allant pas plus loin, il lâcha un rire. La personne devait être gelée à force d'être assise ainsi sur de la glace, qui ne tarderait certainement pas à craquer, laissant le pauvre hère à son destin tragique : être mouillé en pleine saison des neiges. Harald s’abaissa, passa une jambe en premier, son bassin en deuxième et le reste ensuite. Ses moufles le protégeaient bien du froid, lui évitant au contact de la neige d'être facilement ankylosée. Il fit quelques pas pour rejoindre l’individu qui portait des attributs féminins, descendant précautionneusement les deux mains en l’air pour se prévenir d’une chute éventuelle. La poudreuse était profonde, diminuant sur les côtés du ruisseau. Il lui tendit la main, aux abords, trouvant toujours ses appuis. « Si je puis me permettre, cela vous facilitera peut-être. Tenez ma main, s’il vous plaît. »



Mots # 631
Revenir en haut Aller en bas
Aliénor Vaughan
~ Magicien ~ Niveau II ~

~ Magicien ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 570
◈ YinYanisé(e) le : 20/12/2016
Aliénor Vaughan
Mar 23 Jan 2018, 00:15



« Quoi ? » fit Aliénor en relevant la tête vers la barrière. Elle avait été un peu surprise par la présence d’un individu. Elle ne l’avait pas vu précédemment, ce qui n’était pas spécialement étonnant. Elle fronça les sourcils un moment, avant de prendre conscience de ce que l’homme disait. La Magicienne ne savait pas quel âge lui donner. Elle n’avait pas non plus l’impression de le connaître, ce qui arrangeait clairement ses affaires. Les fesses sur la glace, elle était légèrement pitoyable. Elle était presque reconnaissante qu’il ne s’agisse pas de l’une de ses sœurs. Elle aurait entendu parler de sa mésaventure pendant encore des lunes et des lunes, jusqu’à la prochaine saison des neiges sans doute, ou celle d’après. Vivre avec seize filles n’était jamais de tout repos. Une présence masculine n’était donc pas pour lui déplaire. « Hein ? » rajouta-t-elle en relevant un peu les épaules dans l’objectif de voir l’affreux bonhomme, fourche à la main, débarquer vers elle. Quand elle comprit qu’il n’était pas là et que cet inconnu venait de l’avoir avec une plaisanterie aussi vieille que l’univers, son visage s’affaissa un peu et elle murmura un « Très drôle… » assorti d’un rire qui n’en était pas réellement un. Elle allait devoir se méfier de lui, ou lui rendre la monnaie de sa pièce. Elle ne savait pas trop si elle l’aimait plutôt bien ou plutôt pas. Elle avait assez de ses sœurs pour la taquiner. Qu’un étranger le fasse aussi, en pleine période pré-menstruelle, ne lui plaisait pas réellement. D’un autre côté, l’avantage, encore une fois, c’est qu’elle ne le connaissait pas vraiment.

Aliénor fixa un moment la main qu’il lui tendait, comme légèrement interloquée. Ce qui était en train de se tramer dans son esprit se lisait clairement sur les traits de son visage : elle n’avait pas confiance. Ce n’était pas une question d’amitié ou quoi que ce soit d’autre, simplement qu’avec ses grosses fesses – comme disait si bien Aglaé – elle risquait surtout de l’entraîner avec elle sur la glace, de le faire tomber ou, pire, de le blesser. Et ils se retrouveraient tous les deux, comme deux âmes en peine, mouillés de la tête aux pieds. Car dans son scénario catastrophe, Aliénor prenait bel et bien en compte le fait que la glace se briserait. « J’imagine que si vous insistez, vous devez savoir ce que vous faites… » murmura-t-elle, légèrement sceptique. Elle tendit le bras pour attraper son chapeau qu’elle replaça sur sa tête avant de prendre sa main et de se hisser comme elle put jusqu’à lui. Elle lui rentra plus ou moins dedans, attrapant la barrière derrière lui à deux mains pour éviter de refaire une chute. Comme elle l’avait coincé d’une bien étrange manière, elle baissa les yeux et se décala. Après quelques secondes, elle trouva enfin de quoi se venger. « Vous savez… le vieux Chapelier que vous décrivez comme un homme invivable, eh bien… je suis sa petite fille. ». Elle resta sérieuse un instant avant d’éclater de rire, se baissant pour passer entre le bois de la barrière et rejoindre la route.

Là, elle épousseta sa tenue avant de se tourner vers l’inconnu. « Merci en tout cas. ». Elle le regarda alors réellement. Il faut dire qu’avec la saison, il était plutôt difficile de se faire une idée véritable des gens avec qui l’on pouvait discuter. Il n’était pas si vieux que cela en réalité, il était simplement poilu, ce qui lui donnait facilement quelques années de plus. Aliénor allait prendre congé mais elle se souvint que si elle repartait d’où elle venait, elle devrait de nouveau faire face à ses sœurs et aux gloussements d’Isabeault qui devait déjà continuer, de bon matin, à faire la liste de tous ses potentiels prétendants. Elle aimait sa famille mais parfois elle avait besoin d’air. Le seul moyen d’y échapper, pour le moment, était soit de continuer sa route et de tomber de nouveau sans personne pour la sortir de là, soit de s’intéresser un peu plus à cet homme. Légèrement curieuse de nature, elle regarda à droite et à gauche dans l’espoir d’apercevoir un indice quelconque. « Hum… Que faites-vous ici au juste ? » demanda-t-elle avant de se dire que ce n’était peut-être pas la meilleure façon de parler à un inconnu. Quoi que… en y réfléchissant bien, il ne s’était pas gêné avec sa plaisanterie douteuse. Il ne devait pas être du genre à se formaliser. « Vous avez petit déjeuné ? Sinon je vous offrirai bien un chocolat chaud et des viennoiseries pour vous remercier. J’ai cruellement besoin de compagnie. ». Il allait sans doute penser qu’elle le prenait pour un bouche-trou ou qu’elle était bizarre mais, après tout, la vérité avait parfois du bon.


Les nymphes des neiges | Aliénor Vaughan Wmln
Les nymphes des neiges | Aliénor Vaughan 3298876942 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34361-alienor-vaughan
Invité
Invité

avatar
Jeu 25 Jan 2018, 23:01




Bon Suris de bon… Qu’elle était lourde. Etaient-ce ses vêtements qui plombaient si bien le poids ? Il dut faire contre-poids pour ne pas tomber avec elle, se laissant aller en arrière tout en reculant son fessier. Cela fut certes bref, mais son épaule s’en souvint. « Vous allez bien ? » Il se sentit idiot de ne pas l’avoir demandé plus tôt, comme si le fait qu’elle le heurte réveille en lui des manières de gentilhomme. Quoi ? Venait-il bien d’entendre ? Il était un peu en retard, se retournant d'une manière lente à cause des vêtements encombrants. Il regarda autour de lui comme si le vieil homme pouvait surgir à tout instant. Se moquait-elle ? Il remonta le petit bocage et passa la barrière comme la première fois. On percevait encore la marque de sa main. Il l’aida si elle en montrait le besoin. « Oh, je vous en prie. Dites à monsieur Chapelier qu’il m’est redevable d’avoir sauvé d’une noyade certaine sa petite-fille. J’espère que vous êtes sa préférée. » Il ne la détailla pas du regard bien qu'il en avait envie car cela ne se faisait pas. Il ne la scruta pas non plus, seulement pouvait-elle voir ses yeux ? Il regarda derrière lui et lui présenta Gaspard. Le cheval s’ébroua, signifiant sa présence. « Mon cheval est un idiot… Nous avons cogné la barrière. Mon père dit qu’un cheval idiot a un cocher idiot, mais je vous en prie de ne pas le croire. » Il rit mais adopta un autre ton presqu’aussitôt, plus sérieux. « Je vous en prie, ne dites pas à votre grand-père pour la barrière. Déjà que je lui dois quelques baignades interdites dans le ruisseau sur lequel vous étiez, si en plus il venait à apprendre que j’entaille les murets qui protègent ses terres… Je suis certain de le voir arriver à la boutique de mon père. » Il se sentit davantage illégitime de demander cette faveur à sa petite-fille, mais elle se montrait étonnement différente de lui. « Si vous gardez mon secret, je tairais le vôtre. Vendu ? » Il lui tendit la main, officiellement. Une poigne était importante pour conclure un tel arrangement. Elle ne dirait rien à son grand-père quant à la barrière et lui ne soufflerait mot sur l’aventure de la demoiselle, qui, il était certain, n’était pas vraiment accepté par ce dernier. Le vieux Chapelier étant connu pour sa servérité, peut-être que son âge l’avait changé. Lui proposer un chocolat chaud ainsi qu’une gourmandise étaient déroutant. « Euh… » Il était tôt, peu de magiciens voguaient sur les routes enneigées à cette heure matinale. Quelques flocons descendirent à point nommé, Harald les utilsa presqu’en excuse pour éviter l’invitation. Après tout, cela serait malvenu. Les gens parleraient. Ils finissent toujours par ébruiter. Le magicien se voyait déjà mal au bras de quelqu’un, mais alors être au bras de la petite-fille du sieur Chapelier même… Non. Sa jeunesse n’était pas si loin et les blâmes récurrents qu’il avait reçu de ce dernier étaient encore frais dans sa mémoire. « Demoiselle, je dois aller travailler. La neige recommence à tomber. Si je patiente de trop, mes fromages gèleront. Cependant… » Il regarda la route devant eux, sur laquelle il se dirigeait tantôt, vers le nord de Vervallée. « Je peux vous déposer quelque part. Nous sommes à un lieu de chez votre grand-père, je ne pourrais pas m’approcher plus car je ne souhaite pas qu’il devine ma forme. Cela vous évitera tout de même de mourir de froid. » Même si elle semblait bien couverte, la route était longue sans monture. Il ne l’avait pas entendu mais son cheval avait avancé, commençant à trotter. N’étant pas dressé, l’animal n’en faisait qu’à sa tête. Harald le remarqua tard, il perdit l’écharpe qu’il avait au cou dans sa course. « Gaspaaaaaaaard ! »


Mots # 621
Revenir en haut Aller en bas
Aliénor Vaughan
~ Magicien ~ Niveau II ~

~ Magicien ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 570
◈ YinYanisé(e) le : 20/12/2016
Aliénor Vaughan
Ven 26 Jan 2018, 13:32


Aliénor eut un moment de vide. L’avait-il réellement cru lorsqu’elle avait dit qu’elle était la petite fille de ce Monsieur Chapelier ? Elle hésita à lui avouer la vérité mais il semblait si enclin à se confesser qu’elle préféra laisser tomber l’idée. Après tout, ils ne se connaissaient pas et il était fort peu probable qu’ils se revoient ultérieurement. La situation la gênait un tantinet mais d’un autre côté… cet homme était bien crédible ! Elle se moquait un peu intérieurement mais, en réalité, l’inverse aurait pu également se produire. Elle n’avait pas un esprit très aiguisé non plus et peinait parfois à comprendre les plaisanteries ou les taquineries. Sa mère disait qu’il était le propre de tous les enfants de balbutier avant de savoir parler mais Aliénor ne se considérait plus comme telle. Elle aurait aimé pouvoir voler de ses propres ailes. Le problème majeur était qu’elle ne savait pas dans quelle direction se diriger. Voler jusqu’à s’épuiser n’apportait jamais rien de bon. « Bien sûr que je suis sa préférée ! » fit-elle à mi-chemin entre l’amusement et l’agacement. En réalité, c’était une thématique récurrente dans les familles nombreuses et bien qu’elle aime ses sœurs, il y avait tout de même de la compétition entre elles. Ce serait à celle qui obtiendrait le plus d’argent de poche, à celle que leur père présenterait au plus bel homme afin de conclure un mariage intéressant, à celle que leur mère baiserait le plus. Elle ne savait pas si « être la préférée » avait une réelle importance pour elle mais à force de faire semblant, pour s’amuser avec ses sœurs, sans doute y avait-elle pris goût.

Devant la main tendue, elle hésita une nouvelle fois à lui dire la vérité. « Hum… D’accord dans ce cas. ». Il était à présent trop tard pour revenir en arrière. Elle espérait que son « mensonge » ne serait pas révélé au grand jour et, surtout, ne jamais croisé ledit monsieur par la suite. La description que son interlocuteur en faisait était loin d’être flatteuse et elle craignait de se prendre un coup de fourche dans les fesses. C’est que certains Magiciens avaient des techniques plutôt rudes pour faire entrer les bonnes manières dans la tête des jeunes gens un peu trop téméraires, surtout à la campagne.

La suite déçue un peu la jeune femme. C’est qu’elle n’avait jamais travaillé de sa vie et n’avait pas pensé à ce genre de considérations. Elle menait une vie plutôt facile et tout ce que ses parents lui demandaient, pour le moment, était d’être sérieuse dans ses études. Elle n’était pas la meilleure, loin de là. Il faut dire qu’avec autant de sœurs, elle avait bien du mal à se concentrer. Quand elle se plongeait dans ses ouvrages, à peine avait-elle fini un paragraphe qu’elle voyait déjà une tête blonde, brune ou rousse apparaître. « Ah oui… Vous travaillez… Je vois… ». C’est qu’elle commençait à avoir faim et la perspective d’un petit-déjeuner en sa compagnie lui avait semblée intéressante. Elle ne voulait vraiment pas rentrer chez elle, ni être seule. D’un autre côté elle ne savait pas encore où est-ce qu’il allait. S’il se rendait à Vervallée ou près du lac, elle aurait moyen d’aller se perfectionner en patinage ou de rencontrer du monde. « Écoutez, je… ». Sa phrase fut écourtée par le cheval qui se mit à trottiner. La scène devint cocasse quand l’inconnu se mit à courir après son animal. Aliénor dut se mordre la lèvre pour ne pas rire mais se décida à le suivre. Sur le chemin, elle ramassa l’écharpe et arriva tant bien que mal à le rattraper. Essoufflée et pleine de sueur, elle eut du mal à reprendre contenance. Elle n’avait aucune endurance et sa face devait être aussi rouge que celle d’un ivrogne à la sortie d’une taverne. Elle attrapa la bride du cheval comme pour s’assurer qu’il n’allait plus partir, prenant appui sur cette dernière le temps de pouvoir parler de nouveau. Ses halètements se calmèrent petit à petit. Si elle fut d'abord agacée par sa pauvre condition physique, elle changea d’avis quand elle eut une nouvelle idée. « Dîtes… Au lieu de hum… de me déposer quelque part… Si je vous aidais pour votre travail ? Je n’ai rien à faire et je vous ai mis en retard. Je ne sais pas exactement ce que vous faites avec vos fromages mais je pense que c’est dans mes cordes. ». Elle s’accrochait à lui comme une moule à son rocher. Elle lui tendit son écharpe.  



Les nymphes des neiges | Aliénor Vaughan Wmln
Les nymphes des neiges | Aliénor Vaughan 3298876942 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34361-alienor-vaughan
Invité
Invité

avatar
Sam 03 Fév 2018, 23:02



« Je vous en remercie. » Harald cracha ses poumons. Le froid de la saison des neiges pénétra sa cage thoracique, lui conférant une sensation désagréable, celle d’être transpercé des poumons. Il reprit difficilement sa respiration et se redressa. Il tenait une bride du cheval mais il lui lâcha volontiers pour attraper son vêtement. Il le secoua avant de le revêtir et une fois que cela fut fait, il eut la sensation d’embrasser l’humidité de la neige. Quelques morceaux de glace trainaient encore, cela finiraient par fondre avec son souffle chaud. Une ligne de son livre érotique lui revint en mémoire « (…) et l’homme plongea sa tête entre les cuisses de la nymphe, il en ressortit le nez humide. » Etait-ce la même impression ? Il chassa tant bien que mal la nymphe qu’il avait en tête pour se concentrer sur son souffle qu’il maîtrisait à peine. « Mon, quoi ? » Il était dur d’oreille ce matin, et pas que. « Ah. Le travail. » Mademoiselle Chapelier insistait. Il se voyait bien la déposer au bout du chemin pourtant, seulement… Si elle proposait son aide, il ne pouvait lui refuser. Au diable Monsieur Chapelier. Sa petite-fille pouvait être sympathique, contrairement à son grand-père et il serait idiot de ne pas y croire. Plusieurs caisses, comportant des cageots, étaient entreposées dans la charrette. « Je livre les fromages à des clients de notre boutique. Aujourd’hui, je comptais aller surtout dans deux auberges au Nord de Vervallée. Montez, je vous en prie. » Il grimpa en dernier, prenant les rênes. « Gaspard, tout doux. » Il tira un peu trop, l’alezan plaça son museau sur le côté pour éviter que le mors lui fasse mal. D’habitude, c’était son père qui s’occupait de la conduite. Il lâcha un peu les rênes pour laisser l’animal tranquille, un peu trop sans doute, ce qui donna à Gaspard l’idée d’avancer au pas. Tant qu’il ne trottait pas sans que le cocher ne l’ait ordonné, ça allait. Faire semblant que c’était voulu était peut-être plus correct qu’essayer d’arrêter l’animal dans sa lancée. « Si cela sied à la demoiselle au Chapeau, nous nous dirigerons donc directement là-bas. Vous serez payée si le travail est bien fait, pour sûr. Tout labeur mérite son dû. » Il chercha de sa moufle valide la poche de son manteau, il la tâta, elle était vide de sou. Il trouverait un arrangement en temps et en heure voulus.

Le sentier semblait se fondre dans l’horizon, sans fin. Ils étaient à présent au trot. Le paysage défilait différemment. Le vent ramenait sur leurs vêtements les flocons, gelant le bout du nez d’Harald qu’il cacha sous son écharpe. Un point rouge attira le regard du berger dans ce vaste tableau blanc. Quelque chose voguait dans le ciel, était-ce un immense oiseau ? Un bateau ? Il se redressa. « Oh. Vous voyez ce qu’il y a dans le ciel, là-haut ? » dit-il, un brin excité. L’élément était trop loin pour être détaillé mais sa couleur vive appelait l’oeil à regarder. La forme disparut derrière un nuage. Il tourna sa tête pour apercevoir la réaction de la fille à ses côtés. Il se surprit à apprécier de profil la courbe de l’ourlet de sa lèvre jointe à celle du nez. Il cligna des yeux, pour revenir au présent. « Je m’appelle Harald Lazur, je suis le fils du fromager d’un hameau près de Vervallée. » Il précisa comme pour prouver qu’il ne mentait pas car elle pouvait aller vérifier ses dires. C'était écrit sur une petite pancarte à l'entrée de leur maison. Et puis, dans l’idée, si elle était la fille du Chapelier peut-être n’hésiterait-elle pas à avouer à son grand-père des bonnes intentions du fils du fromager. Au fur et à mesure, quelques personnes firent leur apparition, attestant de l’approche de Vervallée. La plupart allaient au travail, portant des biens. D’autres se promenaient sans doute pour aller patiner. On les voyait porter en bandoulière leurs souliers pour glisser.

Mots # 650
Revenir en haut Aller en bas
Aliénor Vaughan
~ Magicien ~ Niveau II ~

~ Magicien ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 570
◈ YinYanisé(e) le : 20/12/2016
Aliénor Vaughan
Lun 26 Fév 2018, 22:59




Aliénor sourit. Elle n’avait jamais travaillé de sa vie et la perspective de rester avec cet homme l’enchantait en un sens. Le poids de son mensonge ne cesserait sans doute pas de la hanter pendant toute leur « promenade » et peut-être finirait-elle par lui avouer la vérité sans le vouloir mais elle voulait bien prendre ce risque. Aussi, la jeune femme se dépêcha de monter à la place du cocher, essayant de prendre le moins de place possible, au cas où il changerait d’avis. Elle le fixa un instant, comme si elle essayait encore de le reconnaître. Ils devaient avoir à peu près le même âge et, pourtant, il ne lui semblait pas qu’elle l’ait déjà vu par le passé. C’était curieux étant donné la politique générale d’éducation du gouvernement. « Hum… d’accord dans ce cas. » fit-elle. La perspective d’être payée pour la première fois de sa vie lui plaisait. Cet argent serait à elle et rien qu’à elle. Elle ne l’aurait pas obtenu de la bourse de ses parents mais par ses propres moyens. En réalité, elle avait hâte de contribuer, elle aussi, à la société magicienne. Le principal problème reposait dans son incapacité à faire le moindre choix quant à son avenir. Elle ne le montrait pas mais depuis le début de leur rencontre, elle avait pensé à différents scénarios. Jouer à être une autre lui plaisait en un sens. Elle trouvait ça bien plus aisé que d’être soi-même. C’était rassurant de se réfugier derrière une identité préconstruite, bien plus que de nager dans un flou abyssal de questions existentielles.

Heureusement, avant qu’elle ne se noie dans ses pensées, l’homme la tira de sa rêverie. Son regard suivit celui de son interlocuteur. Aliénor ne put empêcher un petit air étonné de naître sur ses traits. Ses yeux se mirent ensuite à pétiller et ses lèvres s’étirèrent devant ce qui ressemblait à un signe. Elle aimait que des événements non prévus surviennent. La beauté de la forme inconnue et son apparition, tout simplement, éveillèrent chez la Magicienne un sentiment d’admiration. « Waa… ». Elle se pinça les lèvres et se pencha légèrement sur le côté quand la chose disparut, comme si ce simple mouvement aurait pu lui permettre de la contempler encore un peu. Elle reprit une position droite quand elle comprit que son entreprise ne servait à rien et qu’elle était trop prêt de l’homme. « Peut-être un dragon. Il paraît que l’Impératrice Blanche en possède… ». Elle n’était pas sûre de ce qu’elle avançait mais peu importe. De toute façon, elle doutait qu’un dragon puisse s’arrêter à Vervallée sans détruire quelques bâtiments et provoquer le désordre et la peur chez les habitants de la Cité.

« Lazur ? » fit Aliénor, virant soudainement au rouge pivoine. Elle venait de se rappeler du jeu auquel elle s’était adonnée la veille avec ses sœurs. « Ah euh oui ! » rajouta-t-elle en essayant de se redonner contenance. Sa réaction était aussi idiote que les jeux puériles d’Isabeault. Seulement, une partie d’elle trouvait cette coïncidence plutôt excitante. Elle s’imagina un instant au bras de cet homme, ce qui raviva sa gêne. Elle baissa les yeux, trouvant le cheval et le paysage soudain bien attractifs. « Moi je m’appelle Aliénor. Je vis surtout à Caelum en temps normal, quand je ne suis pas aux Palais de Coelya pour mes études. Nous sommes venus pour la saison des neiges en réalité, pour voir de la famille également. ». Elle sourit. « Seulement, mes sœurs sont d’incroyables chipies et j’ai décidé de sortir prendre l’air. Il paraît que j’ai des grosses fesses et que je ne trouverai pas de mari à cause de ça. Qu’en pensez-vous ? ». Elle se trouva soudain bien familière, sans doute trop. Quelle drôle d’idée de demander à un parfait inconnu ce que les moqueries de ses sœurs éveillaient chez lui. « Vous n’êtes pas obligé de répondre, bien sûr. » précisa-t-elle. « Par contre, si jamais vous avez le temps après notre livraison, peut-être pourrions-nous aller patiner ? ». C’était une idée tentante. Cependant, elle ne voulait pas risquer de croiser ses sœurs. Elles se moqueraient encore d’elle. Et puis, si elles la voyaient en compagnie d’Harald, elle était certaine qu’elles ne manqueraient pas de faire des commentaires extrêmement gênants. Elle se rappelait parfaitement de la fois où Pâquerette avait ramené un garçon. Le pauvre avait fini par partir en courant. En même temps, un garçon entouré de seize filles ne faisait que très rarement long feu.



Les nymphes des neiges | Aliénor Vaughan Wmln
Les nymphes des neiges | Aliénor Vaughan 3298876942 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34361-alienor-vaughan
Invité
Invité

avatar
Mer 28 Fév 2018, 23:53



Harald se demanda ce qu’était un dragon. « Un dragon. » répéta-t-il, après qu’elle l’eut dit. Il chercha dans sa mémoire s’il en avait déjà entendu parler. Cela lui était familier à l’ouïe, les deux syllabes lui rappelaient en effet un autre mot. A la vue de la forme qui venait de disparaître dans le ciel, il en jugea que cela devait être un oiseau d’une couleur vive, un truc qui vole dans les nuages. Aliénor devait être bien plus au courant qu’il ne l’était sur les créatures et merveilles visiblement. Dans un sens, cela lui plaisait. Il aimait écouter des histoires et découvrir. Ainsi, il avait l'impression que le monde était gorgé de mystères. Chaque point de vue pouvait être intéressant, car chacun percevait différemment. Tantôt un animal avait une allure agressive, tantôt douce. Puis il dit, sur un ton plaisantin « Peut-être que c’était une chèvre volante. ». La remarque lui semblait tellement plus drôle dans sa tête qu’à dire. Quitte à passer pour un idiot, il continua « Qui sait ce que contient la ménagerie de notre Reine. Peut-être même des animaux en or ! » Au vu des taxes que son père payait au comté et à la royauté, cela ne serait pas très étonnant.

Plus ils s’approchèrent du nord de Vervallée et plus il y avait du monde sur les routes. Certains longèrent la voie quand le tombereau passa. Harald les remercia à chaque fois d’un mouvement de tête. « Aliénor, c’est joli. » Il manqua de s’étouffer lorsqu’elle lui demanda pour sa croupe, ce qu’il trouva étonnamment curieux venant d'une fille qu'il ne connaissait que trop peu. C'était familier. Haröl aurait pu lui poser une question du même genre sans qu'Harald ne perde ses moyens. Là, c'était un défis. Il ne sut pas quoi répondre et n’en eut de toute façon pas le temps. Il se redressa et somma à Gaspard de s’arrêter sur le bas de côté. En face d’eux, un beau carrosse arrivait et filait droit, les rideaux baissés. La carriole sur laquelle ils étaient fut penchée. Le berger attrapa l’avant-bras de la demoiselle pour éviter qu’elle ne glisse en-dehors, lui même en position délicate. Puis ils reprirent le chemin quand le carrosse passa. Ni Aliénor ni Harald n’étaient prioritaires sur les routes. Plus elles étaient étroites et plus il était difficile pour les petits commerçants et pour les livreurs de se ranger sur le bas-côté, quitte à risquer de s’aventurer dans un léger fossé. « Allez Gaspard, hu ! » Il secoua le rêne pour faire comprendre à l’animal d’avancer. L’alezan reprit le pas et refusa les supplications de son maître quant à aller au trot. Harald soupira. « Je n’ai jamais visité Caelum.  C’est bien là-bas ? » Un jour, sans doute, en aurait-il l’occasion. Aujourd’hui, cela ne faisait pas parti de ses priorités. Il devait d’abord aider son père mais surtout sa mère. « Ah, c’est bien. Vous ferez de grandes choses après. » Il secoua un peu les rênes pour forcer l’animal à avancer. Gaspard s’ébroua et finit par obéir. « Mon père veut que je reprenne les études mais je préfère l’aider. A quoi bon étudier quand on se sait mauvais.  Et puis, le temps c’est de l’argent. » Harald avait des rêves qu’il taisait. Ils reprirent ensuite l’allure qu’ils avaient avant de s’arrêter, ce qui les amena bientôt aux auberges que le berger visait. Les deux établissements étaient l'un en face de l'autre et proposaient des services différents. L'un avait une clientèle modeste et l'autre plus riche. Ils se complétaient.

Il descendit du tombereau en prenant deux morceaux de bois qu’il vint caler derrière chaque roue avant, puis il attacha l’animal. Ce qu’il s’était produit plus tôt n’allait pas se passer une seconde fois. Gaspard ne repartirait pas au pas de course, le berger avait compris. Harald invita Aliénor à le rejoindre. Il découvrit la bâche tout en chassant la neige, sous laquelle était entreposée du fromage frais, une nouvelle recette de son père. Il présenta le produit à la jeune femme qui allait l’aider. « Mon père les a fait cette semaine. C’est son nouveau fromage en hommage à la reine. Lépis blanc. » En dévoilant ce qu’il cachait depuis tout son temps, il lui montra la forme en épis rappelant celle de la lavande. Les singularités présents sur la croûte et la forme du fromage frais pouvaient être interprété de cette manière-là. « Il laisse deux sachets de fleurs - préalablement décortiqués - mijoter avec le lait pendant quelques heures. Trop peu s’en faut, la lavande même sèche est assez forte en goût. J’espère que ça plaira aux aubergistes. Dix planches pour Le Forestier et cinq pour La petite Motte. » D’abord, il alla signifier leur présence. Les cuisiniers des deux auberges leur ouvrirent la porte de derrière, c’est par là qu’ils passeraient. Il revint vers Aliénor et lui tendit le premier plat qu’il fallait prendre à plein bras. C’était le moins garni du lot. Quant à Harald, il prit le second. Il fallait reproduire cette même action jusqu’à la suivante. Porter, déposer, disposer et reprendre. La seconde commande était couverte d'une autre bâche, marquant la fin avec la première auberge. Il passa devant la jeune femme pour lui montrer. Avancer dans la neige sans se prendre le pied dans un caillou était une aventure de chaque instant. Heureusement qu’il avait de bonnes bottes qui lui évitaient engelure et glissade, même si son maintien laissait à désirer.

Une fois que tous les fromages de la livraison furent rapportés et que les pièces sonnèrent dans la bourse vide qu’il avait, il attendit Aliénor près de la carriole. Il songeait toujours à la réponse qu’il pouvait lui donner quant aux fesses. La question hantait son esprit. A dire vrai, il ignorait si elle parlait du sien ou des postérieurs féminins en général. Dans tous les cas, il avait eu besoin de voir avant de pouvoir donner son avis sur la question. Harald évitait de baisser les yeux pour admirer les formes d’une dame, cela ne se faisait pas et n’était pas acceptable. Toutefois, comment pouvait-il répondre à une question sans observer un minimum et ce même sans arrière-pensée, bien qu'il ne manquait pas d'imagination ? Et puis, il n'avait pas admiré. Juste regarder. Quelques secondes. Il s'étira pour faire craquer quelques vertèbres. « Je n'ai pas de patins, mais... des planches qui peuvent nous servir de luge. » dit-il gaiement en lui montrant les plats vides.

Revenir en haut Aller en bas
Aliénor Vaughan
~ Magicien ~ Niveau II ~

~ Magicien ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 570
◈ YinYanisé(e) le : 20/12/2016
Aliénor Vaughan
Jeu 15 Mar 2018, 20:27



Le contact l’avait un peu troublée mais, après tout, n’était-ce pas normal à cet âge-là, surtout venant d’un homme dont le nom de famille commençait par un « L » ? « C’est plus… ». Elle réfléchit un instant au terme à employer pour répondre à sa question. Les deux endroits étaient différents, bien qu’elle songe que Caelum aussi avait sa campagne. Seulement, les Terres du Lac Bleu restaient la base de tout. « Disons que la tradition est bien plus présente ici qu’à Caelum. ». Elle ignorait si son explication était claire. Dans son esprit à elle, peu importe qu’elle ait grandi ailleurs, quand on lui parlait des légendes de son peuple, de ses racines, il n’y avait qu’un lieu possible : celui où ils se trouvaient actuellement.

La suite des propos d’Harald fit faire une petite moue à Aliénor. Dans sa famille, les études étaient importantes. Si elle avait dit à sa mère qu’elle souhaitait arrêter, celle-ci lui aurait mis un coup de journal sur le derrière en fronçant les sourcils. « Ma mère vous dirait que notre génération a la chance de faire des études et qu’il ne faut pas la gâcher. Et puis… rien ne vous empêche de faire les deux, si vous êtes assez vaillant, bien sûr. ». Elle sourit sous son chapeau, avant de demander de façon à la fois curieuse et amusée : « Êtes-vous un homme vaillant, Harald Lazur ? ». C’est qu’elle commençait à se faire quelques idées le concernant. Aliénor était plutôt fantasque et elle ne cessait de repasser dans sa tête l’image de la peau de pomme en forme de L. C’était absolument ridicule, bien sûr, vu qu’ils ne se connaissaient pas et ne se reverraient probablement jamais – d’autant plus qu’elle lui avait menti sur son ascendance – mais ça lui faisait du bien de rêver un peu.

Une fois qu’ils furent descendus de leur moyen de locomotion, Aliénor suivit Harald et l’écouta attentivement pendant ses explications. « Oh je vois… La Reine l’a-t-elle goûté ? » demanda-t-elle avec curiosité. Elle aurait bien aimé en manger un elle-même à dire vrai. Peut-être pourrait-elle faire quelques recherches après qu’ils se soient quittés pour trouver l’adresse du père d’Harald et aller y chercher quelques fromages ? Après tout, ils étaient nombreux dans sa famille. À moins qu’elle ne demande directement au jeune homme s’il pouvait livrer chez eux ? En travaillant, elle se questionna sur ce qui était le mieux. Cependant, les planches étaient plutôt lourdes pour elle. La force lui manquait cruellement et c’était dans ces moments là qu’elle se rendait compte qu’elle aurait dû faire un peu de sport dans sa jeunesse. La Magicienne était tellement obnubilée par ses pensées qu’elle ne remarqua pas le regard d’Harald, continuant à peser le pour et le contre entre les deux options. D’un côté, si elle débarquait chez lui à l’improviste, il risquait de mal le prendre. De l’autre, il n’était pas dit qu’il soit très sage de laisser ses sœurs rencontrer Harald. Isabeault aurait tôt fait d’essayer de le charmer à grands coups de cils et de froufrous.

« Oh ! Faisons ça alors ! » dit la jeune femme en sortant de ses rêveries concernant sa diabolique sœur. Elle se sentait un peu étrange depuis quelques temps et comprit rapidement le pourquoi du comment. Ses menstruations venaient de se déclarer, élément qu’elle n’avait pas pris en compte jusqu’ici. Le problème majeur est qu’elle n’avait rien sur elle. L’autre souci était qu’elle avait réellement envie de faire de la luge sur ces planches. Ces dernières l’avaient tant fait souffrir lorsqu’elles étaient chargées qu’elle n’avait pas envie de perdre l’occasion de poser ses fesses dessus ! Aliénor décida donc de passer outre son état, se disant que les tissus qu’elle portait limiterait les dégâts et qu’elle n’aurait qu’à se changer une fois chez elle. Grossière erreur. « Avant que nous allions faire de la luge ensemble j’aimerais vous demander quelque chose… ». Elle s’était finalement décidée. « Ma famille est ici pour quelques temps, comme je vous l’ai dit et je suis vraiment curieuse à propos de vos fromages. Si vous pouviez nous en amener, cela me ferait plaisir. Bien sûr, mes parents vous paieraient sans difficulté. Je suis sûre que Lépis Blanc pourrait avoir beaucoup de succès ! » fit-elle comme si elle s’y connaissait en fromage. En réalité, pas du tout. « Et puis, je pourrai vous voir un peu mieux que maintenant. ». Dans son gros manteau, elle avait du mal à savoir à quoi il ressemblait vraiment. Elle rit puis lui fit signe. « Nous y allons ? ».



Les nymphes des neiges | Aliénor Vaughan Wmln
Les nymphes des neiges | Aliénor Vaughan 3298876942 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34361-alienor-vaughan
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Les nymphes des neiges | Aliénor Vaughan

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» | Aliénor Vaughan |
» [Événement] La galette des Neiges
» | Aliénor Vaughan |
» [Événement] - La galette des neiges
» [Q] - À la croisée des rêves | Aliénor
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres du Lac Bleu-