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 Sceptelinôst, Terre d'écueil [Anîhl & Yiurshii]

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Mer 11 Oct 2017, 18:58



On avait sacrément morflé, y'avait pas à tortiller du cul pour ch*er droit. Par "on", j'entendais les Réprouvés. Sympan avait été désigné vainqueur par KO et nous en subissions désormais les frais. Une chance que l'extermination totale n'ait pas été la réponse à tout, j'étais de toute façon trop jeune pour crever.

A défaut de nous pavaner sur les terres du Yin et du Yang, je faisais mon trou dans un quartier de Sceptelinôst. J'étais encore loin - très loin - d'avoir la mainmise sur les habitants et leurs petits secrets, mais petit à petit, étape par étape, mon visage "officiel" commençait à être reconnu çà et là. J'avais une fine équipe sous mes ordres, majoritairement des loustics spécialisés dans certaines tâches bien précises, tous requérant une certaine discrétion.

Activant un bouton situé sous un meuble d'apparence banale, j'activais un mécanisme révélant un double fond de tiroir. Un livre et d'autres paperasses y étaient entassés, résumé de comptes, de créances à recouvrer et livraisons à honorer.
Les affaires sans être prospères étaient stables et à fort potentiel. Bon nombre souhaitaient sortir du train train quotidien en s'offrant des petits extra, tonton Yiurshii était là pour ça !!

On toqua à la porte de mon bureau, me faisant me hâter à ranger mes affaires convenablement à leur place.

- Ouais ? fis-je en réponse après quelques longues secondes écoulées.

Un autre Réprouvé entra tandis que je regagnais mon bureau. Il avait toujours cette tête d'abruti qui souriait sans raison, mais personne n'était parfait après tout. Surtout quand on était habillé comme un cul comme lui...

- Ouais, c'était pour t'informer qu'y'avait un type qui voulait pas payer l'droit de passage. Un pas du coin, qui r'fuse pour des questions de tiques, j'ai pas tout compris.

- D'éthique abruti, d'éthique. Bref, qu'est c'que ça peut m'f*utre en fait ?... T'as b'soin d'moi pour faire payer un pauvre type qui s'pointe chez nous ?... Sérieusement, fallait toujours tout faire soi même dans c'bas monde.

- Bah ... nan mais c'pas ça, c'était au cas où euh ... ouais j'sais pas j'pensais qu'tu voulais être au courant.

La Flèche - oui car en plus il s'était surnommé ainsi parce qu'il était bon archer, alors que j'avais une toute autre explication derrière la tête - haussa les épaules en faisant des petits pas surplace.

- Bon, allons voir ce mystééééééééééééérieux étranger .... fis-en en faisant les marionnettes avec les mains, accompagnant le tout d'un long soupir blasé. Je nouais mes cheveux longs par une mince cordelette, resserrait ma ceinture en remontant mes chausses et emboîtait le pas de La Flèche jusqu'à l'extérieur.

D'un pas assuré, nous empruntions silencieusement quelques ruelles à l'air peu engageant. A raison, cela faisait partie du folklore local. Sauf qu'entre Réprouvés, on se serrait les coudes d'une manière ou d'une autre, même entre concurrents. On avait déjà suffisamment de problèmes pour f*utre en cloque nos femmes et faire des Réprouvés qu'on allait pas en plus se trucider entre nous.

Après quelques minutes de marche, je vis mes gars entourer l'étranger en question. De prime abord il ne payait pas forcément de mine, mais j'avais appris que les apparences étaient souvent trompeuses. Ça allait du faux timide espion au faux maladroit assassin. Je laissais glisser ma main vers mon ceinturon où se trouvaient des couteaux de lancer. Ja-mais trop prudents !

- Bon c'est quoi l'bordel ici ?

- Il veut pas payer l'droit de passage pour les étrangers.

- Bah s'il veut pas vous savez quoi faire m*rde alors. Quatre contre un, ça va les choupinous, z'avez peur d'vous casser un ongle dans la mêlée ?.. J'inspirais longuement : rester calme était la clé pour ne pas commettre un homicide de masse.

- Nan mais il dit qu'il connaît une de notre race, du coup on voulait voir avec toi...

- P*tain mais si tu t'mets à croire tous les bobards qu'racontent ceux prêts à perdre leurs bijoux d'famille t'es pas prêt d'venir riche tête de pioche !!

Je regardais le type devant moi. Il n'avait rien de particulier en soi et n'avait pas l'air de péter dans la soie non plus. Une prise banale, je ne pigeais pas pourquoi il fallait autant de temps pour gérer ce genre de formalités. J'allais devoir sévir prochainement. J'allais entrer en scène et boucler l'affaire quand j'entendis un appel dans mon dos. La voix m'étant inconnue, je me retournais pour apercevoir une femme qui arrivait droit sur nous, l'air de vouloir en découdre.
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Jeu 12 Oct 2017, 12:45

Je jette le regard le plus noir dont je suis capable au badaud qui, en me croisant, a décidé de me détailler un peu trop longtemps du regard. Je déteste ces yeux qui s’attardent sur mes vêtements débraillés et mes cheveux en broussaille. Je déteste lire ma condition de sans-abri dans les pupilles des autres.
J’avance d’un pas vif en rasant les murs, la tête rentrée dans les épaules. J’ai quitté le squat il y a une ou deux heures et je sais que Silo n’y est pas, il m’a dit qu’il voulait tenter sa chance auprès des commerçants d’un quartier encore inexploré. Depuis notre arrivée à Sceptelinôst, il s’acharne à toquer à toutes les portes pour nous trouver un job. Depuis deux mois, il se heurte à des refus. Il est fou. Il suffirait qu’il tombe sur quelqu’un d’un peu plus observateur que les autres pour se faire reconnaître en tant qu’Ange et massacrer sur la place publique.
Pendant que lui arpente les commerces, je me balade dans la ville. Même moi qui ai toujours vécu en rase campagne, j’arrive à reconnaître cette odeur de corruption qui me pique l’intérieur des narines et me colle un frisson le long de la colonne vertébrale. Je déteste cette ville qui nous a fichus à la rue, mais j’aime l’atmosphère de danger et d’aventure qui frémit dans son air. C’est pourquoi je pousse chaque jour un peu plus loin l’exploration de ce nouveau monde sale et putride, que je préfère mille fois à la jungle de cette maudite île.
Je bifurque dans une ruelle. J’ai à peine fait quelques pas qu’une forte odeur m’assaille. J’ai appris à reconnaître le parfum piquant et entêtant de cette herbe que fument les gens ici. Je n’y ai jamais goûté, mais ceux qui viennent d’en consommer affichent toujours un air un peu absent.
Je ne tarde pas à distinguer les silhouettes de trois hommes, assis en cercle sur le sol et enveloppés d’un voile de fumée. L’un d’eux tourne le regard en remarquant ma présence, attirant par la même l’attention de ses camarades. Je me crispe un peu, mais ils n’ont pas une attitude hostile.
-Comment va la vie, ma belle ? me lance celui qui tient la pipe.
J’hésite à l’envoyer balader, mais quelque chose me retient de le faire. Ces hommes dégagent quelque chose qui m’attire. Je me contente donc de hausser les épaules en ralentissant le pas.
-Je reconnais pas ta tête, fait remarquer mon interlocuteur en me détaillant des pieds à la tête, mais sans la condescendance à laquelle j’ai droit dans d'autres quartiers. T’es nouvelle dans la ville ?
-Ne me faites pas croire que vous connaissez la tête de tout le monde à Sceptelinôst, rétorqué-je acerbement.
Ils échangent un petit rire qui m’irrite.
-Quand on a un bon réseau d’informations, on retient vite les identités.
Je ne comprends pas tout de suite ce qu’il veut dire par là, mais le regard complice que les hommes échangent entre eux opère un déclic chez moi.
Ce sont les membres d’un gang.
Ce n’est pas très étonnant, les gangs pullulent ici et je mettrais ma main à couper qu’un habitant de la ville sur deux a à faire de près ou de loin avec l’un de ces réseaux.
La curiosité me pique. C’est pourquoi, lorsque le porte-parole du petit groupe tapote le sol à côté de lui, je m’assieds presque sans hésiter.
Nous passons un certain temps ensemble. Ces gars sont drôles et inquiétants à la fois, ils m’attirent irrésistiblement. Je fume avec eux, ce qui provoque une quinte de toux chez moi et me donne le tournis pendant une bonne demi-heure, sous les rires de mes nouveaux camarades.
-Bon, il faut qu’on s’arrache, déclare soudain La Fouine en se redressant dans un grognement d’effort. Le boss va avoir besoin de nous.
J’imite les hommes qui se lèvent sans empressement.
-Tu peux nous raccompagner jusqu’à la frontière, si tu veux, m’adresse La Fouine.
-La frontière ? relevé-je.
-Celle de notre territoire. Ceux qui ne font pas partie de la famille n’ont pas le droit d’entrer, sauf s’ils paient.
L’idée de territoire délimité au sein même de la ville me paraît saugrenue, mais je garde le silence et emboîte le pas aux hommes. À mesure que nous approchons, ils se font plus taiseux et leurs regards s’assombrissent. Leur attitude dangereuse a beau éveiller en moi la sirène d’alarme, j’ai tout de même envie de rester à leur côté pour découvrir cet univers qu’ils cachent.
-Bon, c’est là qu'on te laisse, déclare La Fouine après une quinzaine de minutes de marche.
Je m’apprête à tourner les talons pour repartir vers le squat, lorsqu’une tête blonde reconnaissable entre mille attire mon attention.
Que fait Silo ici ?
La Fouine a lui aussi remarqué la présence de mon frère et il lâche :
-On dirait qu’il y en a un qui ne veut pas payer le droit de passage. Il va avoir des ennuis, s’il s’acharne comme ça.
Je sens mon corps entier se raidir. Je vois un homme haut en taille s’approcher de Silo, un agacement manifeste sur le visage. Je vois alors l'éclat caractéristique de l'acier passé à sa ceinture. Je pousse brutalement La Fouine sur le côté et m’avance à grands pas vers la scène.
-Pas touche, craché-je à la figure de l’homme en attrapant le bras de Silo pour le tirer derrière moi.
J’entends l’exclamation surprise de mon frère dans mon dos.
-Qu’est-ce que tu fais là ? me demande-t-il.
-Je pourrais te retourner la question ! T’es sur le territoire d’un gang !
Son silence choqué me répond. Je n’ai pas quitté l’homme armé des yeux pendant tout l’échange. Je ne manque pas de remarquer ses ailes bicolores. C’est un Réprouvé, comme moi. S’il reconnaît la nature angélique de Silo, nous sommes foutus.
-Ne sors pas ça, lui dis-je abruptement en désignant son arme du menton. On est pas dangereux et on va partir.
Mensonge partiel, parce que ça me démange de lui casser les dents et la moindre remarque de sa part pourrait mettre le feu aux poudres.

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Ven 13 Oct 2017, 10:07



Le problème d'être chef sans chef - comprendre par là qu'on nous refile toutes les responsabilités et décisions, sans les avantages d'une vie d'opulence et de luxure - c'est qu'on est emmerdé pour tout mais surtout pour rien.

Même si mes journées n'étaient pas non plus chargées au point de ne plus pouvoir péter sans qu'on m'applaudisse pour mon vent lunaire, si seulement on pouvait m'f*utre la paix cinq minutes !

En attendant, j'étais en train de gérer un vieux différend censé être réglé en moins d'une minute.

- Y'a quoi d'compliqué à comprendre : solution numéro une, tu demandes, il paye, il passe. Solution numéro deux : tu demandes, il paye pas, tu lui casses la gueule, il paye, il passe s'il sait encore marcher. Sifflet, on est dans quelle option là ?...

- Bah ......... la deux ?... fit l'intéressé.

- Vous voyez quand vous voulez !! répondis-je en levant les bras en signe de miracle, avant de reposer mes mains aux endroits stratégiques. Avant que nous n'ayons eu le temps de mettre à exécution la suite des réjouissances, voilà qu'une femme me tança un ordre avant de se saisir du bras de notre "prisonnier".

Haussant un sourcil, je les regardais discuter tranquillement sur qui nous étions, ce que nous faisions, décidant même de partir en ne voulant pas causer d'ennuis. Quand le petit monologue s'acheva, je pris la peine de me masser les sinus, sentant déjà poindre la journée pourrie de A à Z.

- Bon alors toi la demoiselle en détresse la ferme, t'es pas en position de demander quoi que ce soit. Je tournais ensuite mon regard vers ceux qui accompagnaient cette dernière, coulant un regard froid annonciateur de foudres divines. Vous les guides touristiques, on s'expliquera plus tard. Si vous pensiez récupérer vot'part du marché en jouant les damoiseaux pour mater du cul frais, vous allez bouffer d'la bouillie pendant un bout d'temps croyez moi.

J'étirais mes bras en avant, faisant craquer mes articulations dans un soupir d'aise. J'avais besoin d'exercice moi ... Je pivotais de nouveau la tête vers la nouvelle venue avant d'alterner mon regard vers le duo insolite.
Nous autres voleurs au grand cœur - ou presque - communiquions souvent par signes. Pas de chichis, pas de bruit et surtout la possibilité de donner des instructions sans être compris par ceux ne connaissant par le code. Aussi fis-je quelques mouvements banals alors que je pris la parole. Au bout de quelques secondes, mes gars s'étaient disposés de façon à ne laisser aucune porte de sortie aux loustics.

- Bien bien bien, reprenons calmement car voyez-vous il est préférable que je ne m'énerve pas. Comme j'ai pu le résumer tout à l'heure, les choses sont simples : vous payez, d'une façon ou d'une autre. Soit par quelques pièces, plus les intérêts de dérangement évidemment, soit par un passage à tabac en bonne et due forme. Ensuite on vous dépouille cela va de soi.

J'haussais les épaules, l'une ou l'autre des situations me convenait. La première avait au moins le mérite d'éviter de perdre du temps et donc de l'argent.

- Comment vous vous appelez, les "pas dangereux" ? J'attendais une réponse claire et satisfaisante, je ne tenais pas à un petit complexe d'ego histoire de donner vainement le change.

Mon regard se portait surtout sur la demoiselle. Je la détaillais de haut en bas sans m'en cacher, je n'avais jamais compris cette hypocrisie de regarder à la dérobade ce que la personne en face avait délibérément choisi de nous montrer. Si une femme portait un décolleté et une jupe, c'était pas juste pour s'aérer en plein air hein !!

- Écoute ma jolie, j'tiens pas à t'emm*rder parce qu'on est d'la même race. Ton ptit copain là - en passant t'as vraiment des goûts de m*rde - il s'renseignera avant d'jouer le coq à Sceptelinôst. Coup de bol pour vous on est pas les plus sanguinaires. Par contre on est loin d'être les plus c*ns.

Je croisais les bras en signe d'attente. Avec un peu de chance j'allais pouvoir retourner dans mes pénates. Ah non m*rde, j'allais devoir passer un savon à la Fouine et sa bande, pour l'exemple. Journée à la c*n ...

- Alors, on peut s'arranger d'une façon ou d'une autre ou pas ? J'suis ouvert à toute proposition tant qu'j'y trouve mon compte.

Je gardais cependant dans un coin de tête qu'avec une bonne magie de changement d'apparence, on pouvait devenir qui on voulait, en ce compris un des nôtres. J'avais peut-être en face de moi un gros poilu qui pue des bras avec une jambe en mousse et un œil en verre. Cette image me tira une grimace de dégoût vite réprimée.
836 mots.
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Jeu 19 Oct 2017, 14:51

Le Réprouvé me jette un regard méprisant du haut de la bonne tête qu’il me met, et je déteste ça. Il nous parle avec la nonchalance de celui qui n’a ni l’envie, ni le temps de s’abaisser au niveau de son interlocuteur, et je déteste ça. Il nous demande de l’argent, nous menace.
Je le déteste.
Silo s’agite derrière moi, sans que je lui prête attention. Il lui faut pousser un petit grognement pour que je réalise que je suis en train de serrer son bras de la main, avec tant de force que mes jointures en sont blanchies. Je décrispe mes doigts avec effort et relâche lentement mon frère, sans quitter mon interlocuteur des yeux. Je frémis de rage et d’humiliation. L’envie de me jeter sur lui me parcourt des pieds à la tête comme un torrent de lave brûlante.
Nous n’avons pas d’argent à lui donner. La deuxième solution s’impose : la bagarre. Mais je sens peser sur mes épaules le poids plombant des hommes qui se sont rapprochés de nous, sur un signe de leur chef. Croyait-il être discret en leur intimant de nous ravir toute possibilité de fuite ? Malgré moi, je jette tout de même un regard au-dessus de mon épaule. Je croise celui de La Fouine, qui semble me faire un signe de tête désolé. Qu’il aille bien se la mettre où je le pense, son expression désolée. Je me doute qu’il se fera taper sur les doigts, et ses acolytes aussi, pour m’avoir amenée aussi près de leur territoire. J’éprouve une satisfaction sauvage à cette pensée, vite étouffée par l’urgence de la situation.
Je reporte mon regard sur le chef de la bande. Il attend toujours que nous fassions quelque chose. Je plante mon regard enragé dans le sien. Je livre un combat silencieux avec ces yeux transparents. Le contact visuel s’étire en longueur, insupportable de tension. J’atteins un état dans lequel je ne supporte plus l’immobilité de l’instant. J’ai le sentiment que si je ne fais pas quelque chose, tout de suite, je vais exploser.
J’amorce un pas vers l’homme, mon poing déjà serré. À cet instant, je sens Silo qui me retient par le bras.
-Lâche-moi, grogné-je en tournant mon expression furibonde vers lui.
Mais il me jette un de ces regards dont il a le secret et qui me réduit au silence, puis il fait un pas à mes côtés. Il se tourne vers le chef de la bande. Ils font presque la même taille.
-Je m’appelle Silo, déclare-t-il soudain, du ton le plus conciliant possible. Et voici Anîhl, ma sœur.
Je lui lance un regard halluciné. Espère-t-il vraiment calmer le jeu ainsi ? Silo ne comprendra jamais les mécanismes du monde de la nuit. Il est lui-même si lumineux que l’obscurité est un univers parallèle au sien. Dans l’immédiat, j’ai envie qu’ils disparaissent sur-le-champ, lui et sa lumière.
-On a pas d’argent, finis-je par dire à mon tour en suivant malgré tout l’exemple de Silo.
Mon ton est beaucoup moins coopératif que le sien.
-Et ça servirait à rien de nous dépouiller, poursuis-je, on a rien sur nous.
Évidemment, ça ne plaira pas à notre auditoire, si tant est qu’ils nous croient. Des intrus dont on ne peut rien tirer ne sont même pas source d’amusement. J’ai beau ne pas savoir gérer le côté diplomatique comme Silo, je sais toujours quand une bagarre est sur le point de se déclencher. Et à présent, je sens la menace peser autant sur nous que le regard des malfrats qui nous empêchent de fuir.
Silo ne doit pas être impliqué dans un affrontement. S’il y a bien une chose dont j’ai horreur, c’est de le voir confronté au choix entre l’auto-défense et le respect de ses valeurs pacifiques. Je me charge de taper à sa place.
La pression qui s’accumule sur mes épaules me pousse alors à une folle décision. Renonçant à toute forme de parlotte, je me jette sur le chef de la bande et écrase mon poing dans son nez, prenant tout le monde au dépourvu. J’entends Silo pousser un cri de surprise et de frayeur mêlées, il me semble même apercevoir du coin de l’œil les hommes de main, passée la stupeur première, dégainer leurs couteaux et se ruer dans ma direction.
Tandis que je sens mes phalanges entrer en contact avec la figure du chef de la bande, une certitude naît en moi. Je vais me faire tuer pour ça.

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Jeu 19 Oct 2017, 20:01




J'avais beau avoir fait preuve de diplomatie comme tout homme de la haute le ferait, cette honnête transaction devenait interminable. Bordel, il fallait autant de temps pour filer quelques piécettes et aller voir ailleurs si on y était ? Et ça palabrait, et ça palabrait, misère de misère, j'allais finir par avoir la gorge sèche sans avoir l'argent qui allait avec pour m'nettoyer l'gosier. Les temps étaient difficiles pour tout le monde hein !!

L'homme finit par décliner leurs identités. On avançait. Ca n'allait pas nourrir son homme, mais c'était d'jà un début !

- Tes parents d'vaient être fermiers pour t'appeler Silo, désolé pour toi mon gars.... fis-je dans une mine faussement désolée. Même si j'ai rien contre ceux qui travaillent la terre hein, ils s'font ch*er toute la journée pour nous permettre de bouffer et ça c'est respectable ! Terriblement laborieux, mais respectable pensais-je en aparté.

J'alternais mon regard entre les deux, l'air un peu surpris. J'avais d'un côté un tout mou et de l'autre un mini démon tout excité et prêt à en découdre. Frère et sœur eux ? Bah m*rde j'aurais jamais cru ... J'allais focaliser mon attention sur Silo quand la damoiselle en furie me cracha à la figure toute sa pauvreté.

- Hmm mmh ... J'veux pas paraître méfiant hein, mais c'est assez rare que des personnes qui ont foutu leurs pattes là où il fallait pas fassent étalage de toutes les richesses qu'ils s'trimballent sur l'dos. C'pas comme si j'allais croire sur parole des inconnus qui pensent s'en tirer à bon compte. On est à Sceptelinôst ici, pas à Caelum ou je n'sais quelle autre ville de culs bénis.

Mes gars avaient bloqué toute fuite potentielle, hors celles magiques évidemment. Certains connaissaient des tours bien utiles pour délester les riches de leur surplus - pour la bonne cause bien sûr ! - d'autres excellaient dans l'art de la discrétion ou la dérobade, mais si les deux loustics étaient experts en magie de destruction, ça allait craindre du boudin pour nos bouilles. De toute façon, tirer des plans sur la comète ne servait à rien, j'voulais juste finir au plus vite c'foutoir et retourner dans mes pénates.

Au moment où j'allais m'adresser à mon interlocuteur, sa sœur utilisa une toute autre forme de discussion : celle des poings. Totalement pris par surprise par cette attaque venue de nulle part, notre premier contact physique consista dans une caresse ferme de phalanges qui m'éclata le pif dans un craquement caractéristique. Je trébuchais en arrière, me ramassant le cul sur les pavés crasseux de la ruelle alors que ma main vint instinctivement recouvrir l'organe touché. Ma vision était constellée de petits points lumineux où que mes yeux se posaient et un bref coup d'œil sur la paume de ma main confirma que je pissais le sang en bonne et due forme.

Heureusement qu'elle n'avait pas un poignard car si j'avais dû compter sur mes gars à ce moment-là pour faire ce qui aurait dû être fait, je serai déjà mort sans la moindre gloire dans les bas fonds de cette ville pourrie. Les armes étaient désormais au clair et la sentence allait tomber d'une seconde à l'autre.

Toujours assis jambes écartées à même le sol, je fis de ma main libre un geste de négation, laissant les lames affûtées de mes comparses à même la gorge des deux loustics.

Le Furet qui tenait en joue Anîhl lui murmura discrètement un "p*tain tu sais pas dans quel merdier tu viens d'te mettre toi ... Faut pas l'éner ...." il s'arrêta en observant d'un œil un peu ahuri son chef en train de rire, de plus en plus fort, à gorge déployée même, la moitié inférieure de son visage recouverte de sang.

- P*tain de bordel de m*rde, WOUAOUH ça c'était un bourre-pif de derrière les fagots !! J'ai bien retenu la leçon c'est sûr, pfiou ! Je me relevais en m'aidant des mains avant de me les épousseter sur mes chausses. Je fis quelques grimaces pour désengourdir mon visage endolori.

Je m'approchais d'un pas lent, pris par quelques spasmes de rire en repensant à ce qui venait de m'arriver. Elle ne manquait pas de cran la fille, j'aimais ça.

- Bien joué bien joué, j'admets ! Parfois faut s'prendre une rouste pour s'remettre les idées en place.


Les gars me regardaient éberlués le prendre aussi bien, tandis qu'une pâle lueur entourait mes doigts pour stopper le saignement qui n'avait cessé de s'écouler de mes narines. Je devais être beau comme une catapulte avec cette tronche de vampire en manque moi ...

- Bon ... On en était où avec tout ça .... Ah ouais la leçon.

Sans autre préambule j'armais mon poing pour le balancer de toutes mes forces dans le ventre de Silo. Dans le foie, ce genre de coups directs saupoudrés d'une once de fourberie pour démultiplier les dégâts. Une fois le gars plié en deux, j'achevais de le mettre à terre d'un coup de genou en pleine tête. Sans la moindre retenue, brutal, violent, ravageur. Je tournais mon regard vers la demoiselle, faisant craquer mes phalanges engourdis par l'impact. J'aurai dû t'cogner toi, mais j'ai la nette impression qu't'apprends mieux quand tu r'gardes ton frère douiller que quand c'est toi. Lui il a voulu être diplomate, toi t'as fait la mariole. Je tendis le pouce vers Silo. Assume.

Je me plantais face à elle, la Fouine la tenant toujours en joue. Va pas croire pour autant t'être tirée d'affaire. On a t'jours pas eu d'dédommagement. J'entrepris de la fouiller, sans vergogne, m'attardant là où il était coutume pour une homme de s'attarder, même si mon intention première était bien de trouver un petit bonus doré. Joindre l'utile à l'agréable, où était le mal ?

A force de chercher, je finis par tomber sur une babiole, un bijou d'apparence banal mais qui au regard de la demoiselle semblait compter. Ah bah pour une qui n'avait rien, tu vois quand tu veux hmm ? achevais-je dans un sourire triomphant.
1 072 mots.
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Ven 20 Oct 2017, 11:27

J’ai à peine le temps de me redresser que je sens une lame entrer en contact avec ma gorge. Je pousse un grondement rageur et tente de de me débattre, mais la froideur acérée contre ma jugulaire me dissuade assez rapidement de m’agiter.
Tous les hommes ont désormais dégainé. L’un d’eux menace Silo avec son arme. Je capte l’éclat effrayé dans les yeux de mon frère. Je sais qu’il restera maître de lui-même, mais je déteste le voir ainsi mis en danger.
Le chef de la bande pousse un grognement qui attire à nouveau mon attention sur lui. Il est à terre, la main dissimulant partiellement son visage duquel goutte le sang. J’ai dû lui exploser le nez. J’éprouve une vive satisfaction à cette idée. Il se redresse lentement, manifestement un peu sonné. Je sens que la sentence va tomber. Je me raidis, prête à en découdre même si je ne donne pas cher de notre peau dans cette situation. Quelqu’un me chuchote à l’oreille. Je réalise que c’est La Fouine qui m’a passé la lame sous la gorge. Je souffle par le nez, mécontente.
Soudain, à la surprise de tout le monde, le chef éclate de rire. Je le regarde d’un air halluciné tandis qu’il prononce son jugement, bien plus clément que tout ce que j’avais espéré. Il doit être fou, ou alors pas aussi cruel que son rôle de leader ne l’exige normalement.
Cependant, lorsqu’il s’approche de Silo et lui envoie un coup de poing, puis de pied, ma vision s’obscurcit. Je pousse un hurlement.
-Silo !
Je me débats dans tous les sens. Je sens à peine la lame qui fend ma peau et le filet de sang qui coule vers ma poitrine. Les yeux exorbités, je vois seulement Silo effondré sur le sol.
Puis le chef s’approche de moi. Je ne lui porte pas la moindre attention jusqu’à ce qu’il pose les mains sur moi. Je me fige, révulsée. Mon rythme cardiaque devient démentiel lorsque ses doigts se baladent sur mon corps et s’attardent à certains endroits. Enfin, il bute sur un objet que j’ai passé dans le pli de ma veste, sur ma poitrine. Figée comme une statue, je le vois découvrir le petit disque argenté, aux gravures un peu passées. Mes yeux se vissent sur l’amulette, que l’homme observe désormais avec intérêt.
C’était une amulette que Kobalt portait toujours sur lui. Kobalt n’était pas un homme très superstitieux de nature, mais il était persuadé que ce petit rond d’argent gardait les Zaahin à ses côtés. Je ne sais pas pourquoi je la lui ai prise lors de notre départ de la ferme. Je l’ai vue dépasser de sa poche au moment de l’enterrer et j’ai trouvé ça bien trop injuste que l’amulette disparaisse sous terre avec lui. Je ne sais pas trop quoi en faire depuis, mais je l’ai soigneusement gardée sur moi. Et, en cet instant, voir cet homme la tripoter avec avidité réveille à nouveau le feu de la colère en moi.
Je lève un regard incandescent vers l’homme, puis je crache à sa figure ensanglantée.
-Rends-moi ça, enfoiré, grogné-je en donnant une nouvelle secousse à la poigne de fer qui retient mes bras en arrière.
J’essaie de donner des coups de pieds, mais ils ne touchent que le vide. La haine pure que j’éprouve pour le chef de la bande et tous ses subalternes me dévore. Mais je me souviens soudain de Silo, plié en deux à côté de moi.
Il faut le sortir d’ici en priorité.
Cette pensée a le pouvoir de me rendre un peu de calme. Je m'immobilise brusquement.
Inspirant profondément à plusieurs reprises, je vais puiser dans toutes mes capacités de contrôle de moi-même pour m’adresser au chef de la bande, mon regard plein de défi planté dans le sien.
-J’ai changé d’avis. Tu gardes l’amulette si tu veux, mais tu nous laisses partir tranquillement. Et si t’as pas envie de nous laisser partir comme ça, tu libères juste mon frère et on avise ce qu’on fait de moi après.
Je grince des dents. Ça m’a coûté un gros effort de dire ça. J’entends Silo qui gémit à côté de moi. Je sais très bien qu’il déteste se savoir impuissant, et il n’accepte sûrement pas le fait que j’aie proposé de m’exposer seule au danger. Mais il ne m’est d’aucune aide, ici. Dans la tourbe de Sceptelinôst, je suis définitivement plus dans mon environnement que lui.
Même si maintenant, je ne sais pas du tout ce qui va advenir de moi.

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Dim 22 Oct 2017, 01:10




Tout ne s'était pas prévu comme je l'escomptais. Ce qui devait être une routine quotidienne s'était transformé en pugilat de rue. À deux contre huit par contre, me prendre un bourre pif comme ça était normalement inconcevable. Étais-je à ce point entouré de bras cassés ?...

Il était toujours facile de critiquer les sous-fifres mais ce genre de gars, il leur fallait toujours quelqu'un derrière le cul pour qu'ils servent à quelque chose. Du coup, j'pouvais m'en prendre qu'à moi-même. Dès demain, entraînement à la dure comme lors de nos débuts.

Ma magie de soin n'était pas ce qu'on pouvait appeler des plus impressionnantes, mais je ne saurais compter le nombre de fois où elle m'a rendu une fière chandelle. Une fois le saignement terminé, il fallait rendre la pareille : autant pour me défouler que pour montrer devant mes hommes que je n'étais pas une fiotte.

Une fois l'homme à terre, il fallait finir sur une note plus pécuniaire. S'ils étaient aussi pauvres qu'ils le prétendaient, il faudrait faire un exemple comme une main ou une langue coupée. Les deux peut-être ?... À voir .. Je laissais au besoin ma fine équipe fouiller le dézingué, préférant me réserver les atours féminins de la demoiselle. Par souci de méticulosité, mes recherches sur la partie charnue et moelleuse furent récompensées par la découverte d'un disque usagé serti de symboles à première vue inconnus. Je le fis tourner entre mes doigts, me fichant comme de ma première dent de lait des vociférations de son ancienne propriétaire.

Je le pris entre le pouce et l'index pour le montrer bien en évidence vers Carmin, notre spécialité en recel. Ce dernier plissa les yeux, fixant ledit bijou, avant d'hausser les épaules. Il lui faudrait plus de temps pour savoir si cette breloque avait une quelconque valeur.

Quand Anîhl reprit la parole, je tournai la tête dans sa direction, haussant à mon tour un sourcil dubitatif.

- Sérieusement, tu changes d'avis ?... Je peux garder l'amulette parce que tu m'y autorises ? Ma foi, je te remercie, sincèrement, moi qui craignais tant que tu me demandes de te la rendre sans que je ne puisse rien faire ... J'affichais une mine désolée et compatissante devant tant de mansuétude.

Je jetais la pièce en l'air du pouce avant de la réceptionner dans la paume et recommençais ainsi plusieurs fois. J'étais songeur, me demandant bien comment j'allais terminer cette scène urbaine.

- Écoute ma belle, voilà ce que j'te propose. J'suis pas du genre à m'dégonfler, mais j'suis pas dans un de ces jours où j'ai envie d'commettre un massacre sans raison. Donc !! Je levais l'index vers le haut, signe annonciateur d'une révélation importante. J'vais faire expertiser c'que tu m'as caché sans vergogne. On va libérer ton frangin là pour t'montrer que tu y trouveras ton compte. Si ton amulette vaut pas un radis, faudra que tu m'payes autrement. Y'a plein d'façon pour ça : en nature ou en travaillant pour moi par exemple, ou les deux même !! Je jetais un œil vers elle, guettant sa réaction, avant de poursuivre. Si ton bijou vaut son pesant d'or, là c'est différent. Tu pourras partir comme bon te semble ou si au delà de sa valeur marchande il a aussi une valeur sentimentale, tu pourras le récupérer si tu l'échanges par quelque chose de même valeur. Marché honnête tu ne trouves pas ?

Je ne me retrouvais pas perdant quelle que soit l'issue de l'accord. Qu'elle bosse pour moi ou que je me retrouve avec un truc à revendre à bon prix, j'y gagnais. Je pourrai même la faire changer d'avis sur nous et que chacun profite des atouts de l'autre. Elle avait l'air paumés et sans le sou et moi n'étais jamais contre des nouveaux visages. A la longue, préparer des coups juteux devenaient compliqués quand nos cibles connaissaient nos méthodes habituelles. Qui disait nouvelle tête incluait nouvelles idées. Enfin, tout ceci était conditionné à son bon vouloir et l'intérêt porté à ce que j'avais trouvé contre son corps.

Avant même qu'elle ne réponde, je fis un signe vers ceux proches de Silo qui se saisirent de lui sans ménagement mais sans violence non plus. Le tenant de chaque côté des aisselles, ils l'aidèrent à marcher pour disparaître de notre champ de vision au détour d'une rue.

- Alors Anîhl, bienvenue à Sceptelinôst ou pas ?

774 mots.
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Sceptelinôst, Terre d'écueil [Anîhl & Yiurshii]

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