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 Un génie ou un échec. [Jacob]

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Lun 19 Déc 2016, 10:40


L’incendie du manoir avait été une réaction à la hauteur de l’affront commis. Par chance, seuls les étages inférieurs furent endommagés, et le Sorcier n’eut pas à descendre parmi les siens pour réparer des dégâts dont la présence le faisait sourire plus qu’autre chose. Au moins savait-il à quoi s’en tenir si la brune croisait son chemin dans les jours à venir, et cette pensée était délicieuse. Sa colère le consolait, d’une certaine manière. Callidora souffrirait bien davantage que lui, et la priver potentiellement du seul individu sur ces terres envers lequel elle éprouvait une émotion sincère le faisait jubiler. Si l’homme en question réagissait  de la façon qu’elle pensait, sa vengeance serait complète. Seulement, il ne pouvait s’empêcher de penser au prix à payer, et à mesure que les minutes s’égrenaient, il sentait sa gorge se serrer. Une certaine appréhension nouait son ventre, et ses organes paraissaient s’entortiller d’eux-mêmes en un manège nauséeux. La doyenne le savait sans doute déjà : elle lui fichait une peur bleue. Lorsqu’elle entra dans le bureau, son corps trembla. Depuis qu’elle avait fermé la porte pour accomplir le prétendu rituel, il n’avait pas bougé d’un millimètre. Sans lui adresser le moindre regard, elle s’approcha de la grande fenêtre, et ses prunelles vertes se perdirent dans la contemplation d’une semi-obscurité. « On peut dire que ton amie a du caractère. » Il fallait avouer que peu de gens en ce monde auraient osé lui cracher ainsi au visage en cherchant à faire disparaître sa maison dans les flammes. La situation en devenait presque amusante. Nul doute qu’il faudrait surveiller cette jeune femme, à l’avenir. Malgré son apparente innocence, elle possédait en elle une ardeur qui ne tarderait pas à tout consumer autour d’elle. Peut-être enverrait-elle un espion s’enquérir de son évolution d’ici quelque temps. Quoi qu’il en soit, l’heure n’était pas à ce genre de préoccupations. Ludmilla avait enfin mis la main sur l’un des membres les plus prometteurs de sa famille malgré sa faiblesse désastreuse, et elle ne comptait pas le laisser filer avant d’en avoir fait son docile pantin de bois. Il était facile de jouer la comédie parmi les siens.

Sans lui prêter la moindre attention, elle se dirigea vers son écritoire et commença à griffonner quelques mots sur le papier. Le destinataire de la lettre ne refuserait jamais la proposition qu’elle lui faisait, ne serait-ce que parce que cela lui accordait le privilège de rester à ses côtés plusieurs semaines. Oh, bien entendu, il serait contrarié de la nouvelle, ayant sans doute espéré qu’elle abandonnerait son ridicule projet et qu’elle le laisserait vagabonder au gré de ses envies. La doyenne ne prétendait pas ressentir cet étrange sentiment qui faisait tourner les têtes et les coeurs à l’encontre de Worn, mais son affection envers lui était sincère, et il fallait admettre qu’elle ne voyait pas d’autre maître convenable pour sa descendance. « Jacob, veux-tu me faire plaisir ? Descends manger avec les autres. Et tâche de conserver un semblant de paix, au moins pour ce soir. Je ne veux pas d’incident. » Le Sorcier hocha la tête doucement et s’éclipsa sans demander son reste. Ludmilla éclata de rire. Était-elle si effrayante pour qu’un être à l’âme sombre se détourne d’elle avec soulagement ? Le brun n’hésita pas une seconde avant de se rendre à la salle à manger. Cela faisait plusieurs années qu’il avait quitté le manoir, mais il se souvenait relativement bien de la configuration des lieux. Personne ne s’opposa à ce qu’il prenne un siège lorsqu’il parvint à la table. Néanmoins, la tension restait palpable, et les poings crispés de Nicholas ne lâchaient pas ses couverts. « Alors, de quoi parliez-vous ? Ne vous laissez pas impressionner par ma venue, je ne fais que passer. » Son père n’était pas encore arrivé, et il ne connaissait pas l’une des jeunes femmes présentes. La famille s’était-elle agrandie depuis son départ ? La voix sifflante de son frère ne tarda pas à s’élever. « Et tu ferais mieux de retourner d’où tu viens. » Étonnamment, il ne se soucia pas de cette provocation ouverte. Une assurance étonnante émanait de lui. « Ludmilla a exigé que rien n’arrive lors de ce dîner, alors tu ferais mieux de tenir ta langue. Et qui est cette charmante demoiselle ? » La jeune femme en question se leva d’un air légèrement intimidé avant de se présenter. La future fiancée de son frère, donc. Un sourire naquit sur les lèvres du brun.

La chevelure écarlate de Nicholas se redressa pour jeter un regard furieux à son aîné. Qu’il ose toucher à un seul cheveu de Darla, et il n’hésiterait pas à lui trancher la gorge. Ses propres pensées le firent sursauter. « Je suis ravi de faire votre connaissance. Quelle joie de rentrer à la maison et de découvrir que mon frère a eu une vie bien remplie en mon absence. » L’un des membres de la tablée _ ce devait être l’une de ses tantes _, gloussa à sa dernière remarque, ce qui lui attira les foudres du plus jeune. Les joues de la Magicienne virèrent au cramoisi. Manifestement, elle n’avait pas encore initiée à certains plaisirs, et peut-être ne savait-elle même pas la véritable raison de sa présence au sein du manoir. Cela ne rendait l’opération que plus amusante. Malgré son apparence de parfaite fille de bonne famille, le brun était bien placé pour savoir que le meilleur des sols ne donnait pas toujours des fleurs d’une pureté irréprochable. Un picotement sur son épaule lui rappela la demande de la doyenne. Lui déplaire aurait été une terrible erreur. Il fallait se montrer charmant, quitte à vomir toute cette détestable comédie une fois enfermé dans sa chambre. « Pardonnez-moi, je ne voulais pas paraître malpoli. L’enthousiasme, sûrement. » Darla parut accepter ses excuses sans réfléchir, et sa naïveté évidente laissait présumer un beau programme. Seulement, il ne devait pas dévier de son objectif premier, et s’il y avait bien une chose qu’il avait retenu de son apprentissage auprès de Callidora, c’était qu’il fallait toujours en apprendre le plus possible sur l’endroit où l’on se trouvait et les gens qui y vivaient. Et même si son départ magistral ne datait que de quelques années, il se doutait que bien des éléments avaient changé. Sans se départir de son sourire, il se tourna vers ses tantes. Par tous les Aetheri, qu’il aurait aimé arraché leur peau fardée de poudre de leurs visages insolents ! Tout en elles trahissait leur hypocrisie. Jamais elles n’avaient éprouvé la moindre affection envers lui, et leur politesse de façade ne le trompait plus depuis longtemps. Cela dit, au jeu du plus fourbe, il avait toujours une longueur d’avance. « Et vous, mes chères tantes ? Vous êtes plus resplendissantes que dans mes souvenirs. Qu’avez-vous à me raconter ? » Prêt à essuyer des monologues d’un ennui sans fin, il porta la fourchette à sa bouche, savourant un morceau de viande qui lui fondit dans la bouche.

Le lendemain, lorsque Jacob s’éveilla, il fit victime d’une illusion contrariante. Quelque chose de chaud collé à lui lui rappelait la présence de Callidora. S’était-il endormi en veillant sur elle ? Cependant, il comprit son erreur dès qu’il sentit des poils contre sa peau. Le lapin d’un des membres de la famille avait visiblement décidé de lui souhaiter la bienvenue. Le Sorcier eut tôt fait de dégager l’animal de la pièce avant de faire un brin de toilette et d’enfiler la tenue qui lui avait été préparée. Le tissu collait à sa peau d’une manière très désagréable, et il regretta de ne pas avoir ses autres vêtements sous la main. Une sensation étrange dormait en lui. Passer une nuit au manoir, dans la chambre censée lui appartenir avait quelque chose de déroutant, et il ne savait quoi penser de la soirée de la veille. En dehors des avertissements furieux de son frère s’il osait s’approcher de sa chère Magicienne et de l’air mystérieux arboré par Tommen durant le repas et qui avait disparu de bonne heure, il n’avait pas retenu grand-chose. Cela l’indifférait en fin de compte. Sa maladresse légendaire lui avait valu une chute alors qu’il se déshabillait, et il n’avait même pas pris la peine de défaire ses draps avant de s’endormir. Face au miroir, il contemplait son reflet d’un air songeur. Le bleu qui effleurait sa chair ne lui ressemblait pas, et il détestait porter la couleur d’une famille à laquelle il refusait d’appartenir. Plusieurs coups contre le battant de bois qui le séparait du reste du monde le tirèrent de sa contemplation rageuse. « Oui, oui, j’arrive. » Exaspéré par l’insistance de celui ou celle qui se tenait derrière la porte, il s’approcha vivement et l’ouvrit à la volée. Sans comprendre ce qui lui arrivait, il se retrouva le souffle coupé, un poing dans le ventre. N’ayant pas le réflexe d’éviter un nouveau choc, il sentit un deuxième poing marteler son épaule et s’effondra sur le sol. Le Sorcier chercha à rassembler sa magie. Nicholas allait le payer. Et cher.

À sa grande surprise, ce ne fut pas le visage de son frère qui apparut devant lui. Jacob eut le loisir de découvrir un homme vêtu d’une large cape noire et qui portait de longs cheveux bruns. Une bouche à la teinte similaire couronnait un visage blafard qui ressemblait davantage à celui d’un prince qu’à celui d’un assassin. Le Sorcier se releva tant bien que mal, prenant garde à rester à distance de son adversaire. « Qui êtes-vous ? » Un soupir découragé échappa à l’inconnu. « Mauvais réflexes, mauvaises questions. Je ne pensais pas que les dégâts étaient si profonds. C'est regrettable. Que vais-je donc pouvoir faire de toi ? » L’homme venait de se rapprocher de lui et semblait l’examiner sous toutes les coutures d’un œil expert. Il ne fallut pas longtemps au propriétaire de la chambre pour se sentir effroyablement gêné. L’impression fort désagréable d’être un vulgaire objet à évaluer le saisit et il recula de quelques pas. « Je ne vous permets pas de me parler ainsi. » L’autre lui jeta un regard furieux avant d’éclater de rire. Sa faiblesse n’était manifestement pas seulement physique. Pourtant, il ne partirait pas. La récompense serait à la hauteur du travail fourni, il le savait. « Je n’ai pas besoin de ta permission, Jacob. » Ainsi, il le connaissait, et n’hésitait pas à le lui faire savoir. Le Sorcier n’aimait pas du tout la tournure que prenaient les événements. S’agissait-il d’un garde envoyé par son père pour le surveiller ? Cela n’aurait pas été surprenant, venant de Tommen. S’il tolérait sa présence en ces lieux, c’était uniquement parce que Ludmilla l’avait exigé. Comme si penser à elle la faisait apparaître, la doyenne apparut sur le pas. « Worn, je t’en prie. Sois gentil avec notre petit Sorcier. Il ne faudrait pas l'abîmer. » Ce dernier eut un terrible pressentiment, et sa chair se couvrit de frissons qui n’annonçaient rien de bon. Que faisait-il, à rôder parmi les loups alors qu’il n’était encore qu’un agneau ? Revenir avait été la pire idée de sa vie. L’homme n’eut pas un regard pour lui et se rapprocha de la sortie. « Rejoins-moi à la cave dans quelques minutes. Ton entraînement ne peut plus attendre. » Le ton impérieux de sa voix lui fit l’effet d’une douche froide. D’un air stupide, Jacob se tourna vers la doyenne, sans rien comprendre à la situation. « C’est un vieil ami. Je lui ai demandé de t’entraîner. J’espère pour toi que tu n’échoueras pas. » Le sous-entendu de sa phrase n’échappa pas à l’esprit ralenti du brun. Jamais il n’avait demandé un pareil traitement. Tout ce qu’il voulait, c’était qu’on le laisse tranquille, et qu’il puisse mener de petites expériences en paix. Seulement, il avait passé un marché avec Ludmilla, et contrairement à ce qu’il avait cru, il allait s’en mordre les doigts. Une certitude s’ancra en lui. Dès qu’il en aurait l’occasion, il trouverait un moyen de s’enfuir de ce manoir de fous.

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Un génie ou un échec. [Jacob]

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