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 [Coupe des Nations - 2016] - Intelligence

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

✞ Æther de la Mort ✞
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◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2012
Jun Taiji
Sam 08 Oct 2016, 19:13


Coupe des Nations 2016
Épreuve : Intelligence


« Que va-t-il se passer maintenant ? ». Ils étaient côte à côte, assis en haut du Rocher au Clair de Lune. Elle fixait la lune à son zénith, un petit sourire sur le visage. Il paraissait perdu dans les limbes de l'incompréhension. C'était bien pire que cela. Elle le laissait. En cette nuit où aucun Bélua ne semblait vouloir troubler le calme olympien de l'endroit, celui qui était ressorti victorieux de leur duel semblait pourtant avoir perdu. « Que va-t-il se passer maintenant ? » demanda-t-il de nouveau. Elle rit. « Maintenant ? Maintenant je vais être punie pour mes forfaits. J'ai accepté la sentence. ». Elle se pencha doucement en arrière, ses boucles blondes venant caresser la roche. Elle le regarda pour la première fois depuis qu'ils étaient ici, à discuter. « Ma déchéance servira d'exemple à tous les Dieux qui voudraient se rebeller à partir de maintenant. Néanmoins, je vais te dire un petit secret. ». Elle lui fit signe d'approcher et lui murmura quelques mots au creux de l'oreille. Il écarquilla les yeux, surpris, alors qu'elle se relevait, fixant le Monde comme s'il lui appartenait. « Cela arrivera, tôt ou tard. Je te le promets. ». Et elle disparut, le laissant seul. Il soupira. Il savait qu'elle le pouvait. Le temps s'écoulerait, bien entendu, mais... Il se leva à son tour, ses yeux perdus sur la Lune Noire qui allait, sans aucun doute, d'ici peu, recouvrir entièrement sa jumelle blanche. Les choses changeaient ; le temps allait reprendre son cours, pour le pire.

Le Dieu de la Mort aurait pu présenter l'épreuve qui attendait les candidats mais, en réalité, il n'en avait pas envie. Accablé par une victoire qu'il ressentait comme une défaite cuisante, il n'était plus objectif. L'avait-il seulement été dans cette guerre. Il avait fait ses choix vis à vis d'elle. Il s'était battu contre elle et il devait bien avouer qu'il n'avait que faire de la victoire de l'un ou l'autre des deux camps. Il n'y avait qu'avec elle qu'il souhaitait jouer. Le reste ne lui importait plus depuis longtemps. Plongé dans une mélancolie dans laquelle il s'enfermait consciemment, il hésitait à laisser tomber son office pour la suivre. Elle lui avait promis que leur combat ne s'arrêterait pas ici mais il avait bien du mal à la croire. Elle serait un fléau pour le Monde des Mortels, sans doute... Mais pourrait-elle l'affronter ? Pourrait-elle encore le regarder  avec des yeux emplis de fierté et d'orgueil, comme si elle s'apprêtait à lui arracher un Royaume sur lequel il gouvernait depuis des siècles en battant simplement des cils ? Juste parce qu'elle le souhaitait ? Plongé dans des interrogations idiotes qui auraient dû en aucun cas l'effleurer, il finit par plisser les yeux. Si les candidats étaient ici, c'est qu'ils avaient un minimum d'esprit. Et puis, à vrai dire, s'ils n'en avaient pas, ce n'était pas son problème. Il prit donc l'initiative de ne rien leur expliquer sur ce qui allait se passer. Ils s'éveilleraient directement au cœur de l'épreuve et, si chaque champion vivrait la même histoire, chacun serait plongé dans un monde bien à lui. Chacun serait acteur et la finalité dépendrait de ses actes. Bientôt chaque candidat se retrouverait dans un navire pirate. Nouveau membre de l'équipage, les autres hommes ne lui accorderont aucune confiance. Il appartiendra donc à celui-ci de changer les choses car sa performance sur la suite des événements en dépendra amplement. Sans un statut particulier, il ne pourra rien faire. Ledit navire sera en route pour une terre, sur laquelle se trouve un royaume ayant juré de faire pendre tous les pirates du Monde, considérés comme des moins que rien, incapables de se gérer seuls, incapables de vivre comme des hommes civilisés. L'objectif de ces pirates – et donc celui du participant – sera de faire entendre raison aux habitants de cette île et, surtout, à la femme qui la tient d'une main de fer. Curieusement, l'Æther de la Mort avait donné une physique particulier à cette dernière ; blonde aux yeux verts. Elle lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Il avait décidé qu'aucun ne réussirait à la convaincre mais seule la stratégie compterait, la manœuvre pour essayer de la faire changer d'avis coûte que coûte. Les candidats devraient utiliser leur intelligence pour trouver les failles dans le scénario, les atouts qu'ils pourraient utiliser, les pressions qu'ils pourraient essayer d'exercer. Elle refuserait, peu importe les conséquences et elle les écraserait à la fin, mais peu importait. Ce n'était que dans l'ordre des choses. Un jour, lui aussi, se ferait annihiler par elle ; simple logique.

Consignes


Bonjour ^^

Alors le contexte est expliqué dans mon rp. Pour ce qui est des failles que vous pouvez utiliser, et que je n'ai pas donné dedans, je vais vous les indiquer ici. Vous êtes donc si un bateau pirate, nouveau membre de l'équipage, en route pour une terre afin de convaincre un royaume de renoncer à son désir de tuer tous les pirates, dont vous faites parti. L'équipage ne vous connait pas. Vous disposez d'une force de frappe moindre par rapport au royaume. Quand vous allez jeter l'ancre, le capitaine compte demander une audience afin de discuter avec la propriétaire de l'endroit qui se fait appeler L'Impératrice. Cette dernière a plus de charisme que vous (et physiquement c'est Mitsuko) et a une armée prête à en découdre au moindre problème. Cela dit on la dit amoureuse d'un homme plutôt rustre qui sort totalement des cadres bourgeois dans lesquels elle semble évoluer. Il n'est pas officiellement son mari et est plutôt fort physiquement. Il a un penchant pour l'alcool également. Cette femme aurait également une fille, cachée sur l'île, élevée par un couple qu'elle paierait. De la même manière, même si elle règne en maître sur l'île, elle possède un conseil restreint, composé de conseillers, individus influents, chez qui elle ne fait pas forcément l'unanimité à cause de ses méthodes peu orthodoxes. C'est une femme autoritaire qui écrase sans le moindre remord n'importe quel individu qui se met sur son chemin. La foule est également partagée la concernant mais en a peur. De plus, elle protège les habitants ce qui lui donne une certaine légitimité. Comme il s'agit d'une épreuve d'intelligence vous pouvez vous servir de ces éléments afin de tirer votre épingle du jeu. Vous ne pouvez pas les deviner, il faut les obtenir et élaborer une stratégie pour arriver à votre objectif. Vous ne gagnerez pas à la fin. L'Impératrice vous perdra mais c'est votre préparation, votre manière de mettre en place tout ceci, d'arriver à obtenir des informations et à essayer de les utiliser qui compte. Vous mourrez et vous réveillerez ensuite avec les autres candidats sur une plage.

Vous êtes évalués sur :
→ La qualité de votre rp (orthographe, conjugaison, syntaxe etc)
→ Le respect de vos points de spécialité
→ Le respect de l'épreuve
→ L'originalité de vos écrits

Votre message devra faire 720 mots minimum et 1800 mots maximum. Vous avez jusqu'au jeudi 08 Décembre 2016, 23h59 pour poster (heure française). Vous n'avez aucune idée que Sympan a gagné.

Participants


Lhyaerae (Ondins) - Callidora (Orines) - Helly (Béluas) - Nostradamus (Sorciers) - Morphée (Génies) - Alaster (Déchus) - Mancinia (Humains) - Cassiopée (Orishas) - Annabeth (Elfes) - Rackham (Alfars) - Séléna (Élémentals) - Khartasielle (Anges) - Caleb (Magiciens) - Bellatrix (Chamans) - Faust (Réprouvés) - Jezabel (Démons) - Kaemon (Faes).  

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http://yinandyangpower.forumactif.com/t34795-jun-taiji#679068
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Dim 06 Nov 2016, 23:50

Il dort encore ? demanda un homme dont le visage était balafré d'une large cicatrice. Son regard gris délavé était fixé sur le nouveau d'un air désapprobateur.  Ce qu'ils s'apprêtaient tous à faire était déjà bien complexe alors si, en plus, ils devaient supporter un gringalet fainéant à bord, il y avait de quoi rendre son chapeau de pirate mille fois. L'homme avec qui il discutait hocha la tête en même temps qu'il leva les sourcils, un sourire méprisant sur les lèvres. Il n'y avait pas de place pour les traîne-savates ici. Les hommes ne comprenaient pas pourquoi le capitaine avait accepté ce bon à rien mais beaucoup murmuraient qu'avec le futur qui les attendait, sans doute ce dernier avait-il perdu la raison. L'un d'eux soupira bruyamment, ne faisant, à son grand désespoir, même pas bouger l'endormi qui, visiblement, devait faire de beaux rêves. Un sourire, en effet, venait de naître sur les lèvres du Déchu, disparaissant parfois entre deux ronflements bruyants.
Il paraît que cette femme est sans failles. Elle est très dure en affaire et gère l'île d'une main de maître. Ses opposants n'osent pas la contredire alors nous... Il marqua une pause, passant sa main derrière sa tête en soupirant de nouveau. Ah la la, si tu veux mon avis, on est encore bien barré... fit l'homme d'un air las.
C'est une femme, un coup de queue et elle sera bien plus à même de faire des affaires. Le pirate qui venait d'arriver se mit à rire grassement à son propre commentaire. Je les connais, moi, ces femmes sèches comme un vieux morceau de pain rassi. Suffit de les faire jouir et elles passent de frigides à gloutonnes.
Tu riras moins quand elle te mettra la corde au cou, répliqua sèchement celui qui n'avait pas encore parlé. Sur le navire, peu prenaient le problème à la légère. Ils allaient tous se mettre dans la gueule du loup et ils n'étaient pas sûrs d'en ressortir. Mais que devaient-ils faire ? Assassiner le capitaine et rentrer chez eux ? Beaucoup y avaient pensé. Le problème c'est que celle qui se faisait appeler l'Impératrice ne les laisserait pas vivre tranquillement dans leur coin. Elle avait juré d'éliminer tous les pirates et, d'après le peu d'informations qui étaient connues sur elle, elle entendait bien mener à bien sa promesse. Une belle femme aux griffes tranchantes, voilà ce qu'elle était.
Et l'autre qui roupille encore. Sérieusement... réveillez moi ce bon à rien et jetez le par dessus bord ! L'énervement vis à vis d'Alaster grandissait de plus en plus. Un homme aussi oisif ne pouvait obtenir le respect des hommes d'équipage. Pourtant, malgré ce penchant quasi-maladif pour le sommeil, le Déchu possédait un don on ne peut plus pratique. À chaque fois qu'il se réveillait – du moins, lorsque sa magie lui faisait l'honneur d'y mettre du sien – les scènes qui s'étaient déroulées autour de lui durant son sommeil lui revenaient plutôt clairement. S'il n'arrivait pas encore à visualiser ces dernières, il entendait néanmoins distinctement les conversations. Elles revenaient dans son esprit, comme un cheval au galop, lui donnant parfois de violents maux de tête, comme si l'animal lui avait mis un bon coup de sabot. En tout cas, comme si le Déchu de la Paresse avait soudain eu une révélation, il se redressa mollement, regardant d'un air encore ensommeillé les trois hommes qui l'entouraient.
Hum... Et vous dites qu'elle est impitoyable ? Ce commentaire, totalement inattendu, hébéta complètement les membres de l'équipage. Par la suite, la vie d'Alaster sur le navire prit un virage à trois-cent-cinquante degrés. Au début, les hommes pensèrent qu'il avait fait, jusqu'ici, semblant de dormir à chaque fois. Aussi, bien vite, une sorte de jeu naquit entre les pirates ; il fallait bien s'occuper le temps d'arriver et chasser ses angoisses. À tour de rôle, ils guettaient chaque endormissement du Déchu et entreprenaient d'avoir des discussions ou de faire des choses étonnantes près de lui, attendant qu'il se réveille pour savoir s'il avait pu capter leurs singeries. Très vite il s'avéra que le nouveau, le fainéant comme ils l'appelaient, possédait un don peu commun qui fit sa réputation. Accepté par les siens sans qu'il n'ait rien, ou si peu, à accomplir, il fut bientôt mis au parfum de bien des plans et appelé par le capitaine pour l'accompagner sur la terre ferme. Ce dernier voyait en lui un atout. Personne ne se méfiait d'un endormi et il pensait qu'en l'utilisant à bon escient, il pourrait apprendre bien des choses sur la fameuse Impératrice.

Le capitaine, Alaster et quelques hommes furent reçus sur l'île, non sans des regards haineux les accompagnant. Logés dans une auberge en attendant que la gérante puisse les recevoir, personne n'osait les approcher. Les pirates étaient bannis et considérés comme des monstres. Entretenir des rapports courtois avec eux serait s'exposer au joug de la dame de fer. Le fait est que le Déchu de la Paresse avait tendance à traîner des pieds et à s'endormir dans des endroits improbables, devenant presque inexistant pour ceux qui parlaient – un peu trop – aux tables voisines. Le nouveau pirate n'était pas un homme moche. Généralement, on le remarquait mais, à vrai dire, son flegme naturel en décourageait plus d'un. Il apprit, ainsi, plusieurs choses qui, au fil des heures, commencèrent à former des idées dans son esprit. Certaines informations devaient être complètement fausses. Le berger ne croyait pas forcément aux rumeurs, surtout lorsqu'elles portaient sur des personnes influentes. La jalousie pouvait remuer bien des langues, folles assurément. Un soir, alors qu'il fixait les lumières des rues depuis sa fenêtre, il se demanda s'il devait utiliser ce qu'il avait appris. Si cette femme était aussi inébranlable que les hommes le disaient, alors elle n'hésiterait sans doute pas à tuer sa propre famille. Il était au courant à propos de l'enfant qu'elle avait eu, élevée par un couple. Le souci c'est qu'il ne pouvait pas savoir si l'Impératrice protégeait sa fille ou si elle avait voulu, purement et simplement, se débarrasser de celle-ci. Tapotant sa tempe du bout de son index et de son majeur, il réfléchissait, luttant contre le sommeil. Cette femme avait quelque chose de fascinant. Que voulait-elle ? Pourquoi avait-elle décidé de condamner les pirates ? Remettaient-ils en doute son autorité ? Il doutait que l'avoir par les sentiments serait une bonne chose. Il ne la connaissait pas mais les rumeurs en disaient long. Ce qui devait l'intéresser c'était... le pouvoir. En lui proposant une alliance, sans doute auraient-ils leur chance ? Curieusement, il garda ses pensées pour lui.

Le jour de l'entretien, le capitaine, Alaster et les hommes qui les accompagnaient avaient pris soin de se vêtir convenablement. Les domestiques de l'Impératrice ne les auraient, de toute façon, pas laissé déambuler en guenilles chez elle. Après de brèves présentations où le Déchu resta muet, admirant les courbes de celle qui avait su s'ériger en maîtresse des lieux, les vraies discussions commencèrent. Elle lui disait vaguement quelque chose, sans qu'il ne puisse savoir pourquoi. Ses yeux éveillaient en lui une certaine tendresse dont il n'arrivait pas à retrouver la source. Ce n'était cependant ni le moment de penser à ses sentiments,  ni celui de rester la bouche entrouverte, perdu dans des contrées qui ne lui appartenaient pas. Le capitaine avait déjà entamé les négociations, essayant d'utiliser les informations qu'il avait lui-même réussi à dégoter. Devant l'inébranlable silhouette, il finit par en arriver aux menaces. Un fin sourire se dessina sur le visage de porcelaine de leur hôte. Pris d'un frisson soudain, le Déchu comprit qu'il devait immédiatement remédier à la situation s'il ne voulait pas finir ses jours ici.
Veuillez excuser cet homme, ma dame. Je crois que la peur qui nous habite tous quant à notre sort nous empêche de voir clair dans tout ce jeu. Parce que c'est un jeu, pour vous, n'est ce pas ? demanda-t-il en espérant qu'elle lui donnerait raison. Il n'avait jamais été bien rapide. Généralement, il était même le dernier à donner son avis. Cependant, sans doute ses actes et ses paroles étaient-ils mûrement réfléchis. Il espérait que la conclusion qu'il avait pu tirer des racontars ferait mouche.
Continuez, dit-elle en posant ses yeux sur lui. Elle ne parlait pas beaucoup, comme si elle n'en avait pas besoin pour faire entendre sa voix. Elle l'impressionnait. Entre lui et elle, il y avait un fossé véritable.
Le jeu du pouvoir. Je pense que vous condamnez la piraterie car elle nuit à l'autorité. Votre position, vos vêtements... tout en vous relève de la perfection. Vous n'êtes pas femme qui aime ne pas contrôler le jeu auquel elle joue. L'impertinence, la révolte, l'absence de règles... Vous voulez éliminer ce qui pourrait vous faire du tort. Pourtant, je suis certain que la piraterie pourrait vous apporter bien plus que ce que vous pensez.
Ah oui ? Vous pensez entrevoir des possibilités que je n'aurai pu apercevoir ? Elle marqua un courte pause, se déplaçant lentement dans la direction de l'homme. Sa main frôla sa joue et il tressaillit. Vous êtes encore jeune... trop jeune. Je sais ce que l'on dit de moi. Mes conseillers aiment à semer le doute chez la population de l'île. Ils pensent que je ne suis pas assez maline pour m'en rendre compte, que je suis bien trop occupée à écraser qui me résiste dans le bas peuple pour envisager un instant que ceux qui m'épaulent pourraient me trahir. S'ils savaient... Son sourire s'effaça pour laisser place à une expression des plus neutres qui, cependant, si l'on s'y attardait légèrement, révélait tout de même une certaine cruauté. Je contrôle ce qui me sied de contrôler et malheureusement pour vous, vous êtes échec et mat depuis bien longtemps. Vous n'avez pas les clefs pour jouer au jeu auquel je m'adonne. Elle se retourna, tournant le dos au Déchu et à ses compagnons, preuve qu'elle ne les craignait pas. Elle rit doucement puis conclut. C'était bien essayée, je dois l'admettre. Cependant, vous avez perdu cette bataille. La mort vous attend et elle est irrésistible. Personne ne peut fuir son destin. Vous ne ferez pas exception. Ses paroles claquantes résonnèrent dans la tête d'Alaster, lui glaçant le sang. Il avait perdu. La négociation était finie et tous allaient mourir.

Dans ces derniers instants, alors que la corde enchantée lui serrait la gorge, il fixa la silhouette blonde qui le regardait, se posant une unique question : qu'aurait-il dû faire pour qu'elle lui cède ?

1733 mots
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Ven 25 Nov 2016, 21:31

Lhyæræ était accoudée au bastingage. Elle soupira après plusieurs minutes de silence. Que faisait-elle encore là, sur ce navire où tout le monde l'ignorait sans exception, alors qu'elle pourrait retourner sans se retourner dans les bras accueillants de l'océan ? Ici, elle n'était rien. Les pirates ne la regardaient presque pas, trop occupés pour lui jeter un coup d’œil, même de travers. À chaque fois qu'elle avait essayé de poser des questions, elle n'avait eu aucune réponse, bel et bien considérée comme une moins que rien. Que faisait-elle ici ? Elle avait beau chercher, elle l'ignorait. Quelque chose la retenait là, certes, mais quoi ? D'un geste lent, elle remit ses cheveux qui voletaient au vent derrière ses oreilles. Ils restèrent quelques secondes en place avant de retrouver leur liberté. Les yeux de l'Ondine se posèrent sur l'horizon. Il faisait presque nuit et d'épais nuages gris masquaient les derniers rayons que le soleil aurait pu offrir à la terre. Elle pensait à quelqu'un dans sa tourmente mais n'arrivait pas à déterminer qui. Un homme lui tenait à cœur mais l'épreuve avait effacé son image. Elle n'était plus qu'une femme sur un navire, ignorant tout de la mission qui se profilait. Soudain, son œil fut attiré par une forme dans l'eau : une Sirène. Celle-ci était venue se moquer de sa condition. Dans le langage poétique et chantant des Filles de l'Eau, elle lui asséna des paroles amères, la traitant presque de Gælyan. Les sonorités envoûtantes du Valærian n'auraient pu effacer l'outrage. Seulement, l'Ondine lui révéla un futur bien sombre, lui avouant que vu la tempête qui se préparait, le navire sur lequel elle se trouvait aurait tôt fait de rejoindre le fond des abysses. Lhyæræ n'était pas spécialement attachée au bateau. Elle se fichait de la vie de ces hommes et femmes. Lorsque le ciel cracherait sa rage, elle n'aurait qu'à sauter rejoindre son père et ses vagues acérées. Seulement, le rire moqueur de sa semblable ne lui plut pas. Emplie d'un orgueil qui, visiblement, ne trouvait guère uniquement sa place dans ses relations avec les bipèdes, la jeune femme serra les poings, bien décidée à ce que les noires prévisions de sa consœur ne se réalisent pas. Le problème c'est qu'elle n'était rien pour ces hommes, rien pour le capitaine, qu'un passager clandestin que personne ne connaissait. Elle eut beau s’époumoner, personne ne la crut. Comble de l'horreur, certains commencèrent à rire, d'autres préférant continuer de l'ignorer. Lhyæræ commençait à enrager. « Bipèdes idiots et bornés... » siffla-t-elle entre ses dents, furieuse. Au moment où l'un des pirates, las de ses propos, voulut la faire taire en levant la main sur elle, le ciel se déchaîna, un éclair zébrant la nuit tout en colorant les nuages. Le calme tomba sur le navire. Quelques minutes plus tard, le pont était submergé par l'eau qui ne cessait de venir le titiller, comme un chat avec une souris. L'océan jouait avec ces être stupides qui pensaient avoir les moyens de le braver, de le traverser sans subir sa colère. Quand tout fut fini, ce fut le capitaine en personne qui vint se planter devant l'Ondine. À la fois en colère et apeurée, elle crut qu'il venait terminer ce que le premier avait tenté de faire mais, au lieu de cela, il lui sourit, lui faisant signe de le suivre. Le navire n'était plus que l'ombre de lui-même. Une voile avait été fendue en deux, la coque en amont abîmée et l'eau qui s'était infiltrée dans la cale devait être évacuée en vitesse sous peine de couler d'ici quelques heures. Dans sa cabine, il lui expliqua l'objectif de l'opération tout en essayant de remettre en place, patiemment, les objets qui n'avaient pas résisté à l'assaut des vagues et du vent.

« Hé ! Tu fais quoi toi ? » fit un pirate en fixant Lhyæræ qui se déshabiller tranquillement sur le pont. Le capitaine et deux de ses hommes étaient partis quelques temps plus tôt. D'un air agacé, elle tourna ses mires sur l'intéressé, les abaissant sur sa bedaine proéminente. Le capitaine lui faisait confiance. Une partie des hommes l'avait acceptée. L'autre partie ne cessait de la houspiller. « Mêle toi de ton cul, Gælyan. » répondit-elle froidement. On pouvait clairement deviner le mépris dans sa voix. Elle détestait les bipèdes, cordialement. Le petit gros sembla un instant choqué par sa phrase. Lhyæræ était sûre qu'elle était correcte. Elle sourit, s'amusant de la situation qui était, cela dit, plutôt dangereuse. Elle ne tenait toujours pas sur ses jambes correctement, même si elle avait fait quelques progrès. Elle devait faire attention, elle le savait, mais l'état de son caractère faisait qu'elle en éprouvait beaucoup de difficultés. Aussi, sans plus attendre, nue comme un ver, elle sauta dans l'eau. Orgueil mal placé ou raison, elle se disait que le capitaine et ses hommes ne réussiraient jamais cette mission sans aide. Pourquoi voulait-elle l'aider ? Sans doute que ses cheveux foncés et ses yeux vairons lui rappelaient-ils, inconsciemment, quelqu'un.

Avoir des renseignements sur la dame de l'île, celle qui se faisait appeler l'Impératrice – encore une à l'orgueil particulièrement développé sans doute – n'était pas si difficile. Les Filles de l'Eau avaient des réponses et faire marcher le bouche à oreille maritime semblait, à Lhyæræ, la meilleure chose à faire. Sur la terre ferme, personne ne ferait attention à elle, elle et son accent étrange. Ce qu'elle apprit sous l'eau ne lui sembla pas exploitable. Des rumeurs, rien de sûr, rien de viable, voilà tout ce qui lui avait été murmuré. Elle avait entendu des histoires à l'eau de rose, une grossesse déçue, quelques mouvements rebelles morts dans l’œuf, rien qu'elle aurait pu utiliser. Et puis, à dire vrai, ce n'était pas dans le caractère de l'Ondine de faire dans la dentelle. Elle était une furie de l'océan, un être que l'intelligence, parfois, préférait délaisser. Aussi, une idée germa dans son esprit, une idée très mauvaise mais la Sirène n'était sans doute pas assez vive d'esprit pour se rendre compte de sa folie. Cette femme, l'Impératrice, habitait sur une île non ? Bien. Elle, elle possédait les mers. « Posséder » était un grand mot mais il semblait à Lhyæræ que les Bipèdes jouaient à un certain jeu où l'objectif était de gagner en manipulant l'adversaire, en lui faisant croire des choses fausses ou en dissimulant les vraies. Voilà à quoi elle allait jouer.

Quand elle arriva sur l'île, elle constata avec une certaine appréhension que le reste du corps des hommes qui accompagnaient le capitaine servait à présent de nourriture à des chiens, leurs têtes plantées sur des piques à la vue de tous. Elle chercha un homme ou une femme importante, consciente qu'elle ne pouvait décemment pas entrer chez l'Impératrice toute seule. Se plantant devant un garde, elle le fixa avec le même mépris qu'elle avait offert au pirate plus tôt. « Le peuple des mers m'envoie parler à votre chef. ». Elle marqua une pause et commença à trouver le temps long. « Sachez que le peuple des mers n'est en aucun cas patient. ». L'homme disparut un instant puis revint. Son signe de main la fit sourire, un sourire qui disparut bien vite lorsqu'elle s'aperçut que la salle d'attente portait très bien son nom. Le temps s'écoula lentement, très lentement. Personne ne vint ni lui donner à manger et à boire, ni lui fournir la moindre information. Au bout d'un moment interminable, une silhouette apparut ; l'Impératrice. Lhyæræ se leva, ayant bien du mal à ne serait-ce que regarder la dame dans les yeux. Pourtant, elle avait préparé son intervention. Sa stratégie ne pouvait que fonctionner. « Je viens parler au nom des miens. Vous êtes ici sur une terre bordée par l'océan et le peuple des mers n'est pas favorable à vos façons de faire vis à vis des pirates. Continuez et les vagues viendront détruire tout ce que vous avez mis tant de temps à construire. ». L'autre leva un sourcil avant de sourire puis rire. « Le peuple des mers viendrait m'attaquer, vraiment ? Allons. S'il vient, croyez moi, cela ne se passera pas comme la guerre qu'a mené l'Empereur Noir sur les plages de sable fin. ». Elle marqua une pause. « Quant à vous, vous auriez mieux fait d'écouter votre raison au lieu de laisser parler votre orgueil et cette haine maladive pour les Gælyans. Aujourd'hui, votre imprudence vous coûte votre vie. ». Le noir, total.

1402 mots
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Sam 03 Déc 2016, 19:02

« Prenez garde. Mieux vaut rester vigilent. Nous ne sommes pas les bienvenus et ce Royaume serait enchanté de nous voir nous balancer au bout d’une corde. » - « Hum. Rappelez-moi : pourquoi nous aventurons-nous sur les terres d’une femme qui a juré notre annihilation complète et sans remord ? » Le Capitaine me gratifia d’un regard mauvais, une expression dont l’unique objectif était de me faire comprendre que mon intervention n’était ni juste ni opportune. Peu impressionné par cette démonstration de bestialité primaire, je me parai d’un sourire à la candeur volontairement douteuse. « Le nouveau veut faire de l’esprit, les gars. » railla-t-il, acclamé par ses hommes qui se gaussaient. « Tu ne peux pas comprendre, matelot. » - « Le monde est vaste. Se jeter dans la gueule de l’Impératrice risque de précipiter notre fin. » - « Elle aspire à nous voir mort ! Tous ! » - « Oui, oui. J’ai bien compris. L’idée la plus judicieuse, pour vous, est donc d’aller lui demander de nous laisser tranquille en tapant du poing et sans argument. Je prends des notes : cette méthode me semble imparable. » - « Pour qui tu te prends ? » s’écria-t-il, non sans me donner mille et un noms d’oiseau au passage, tout en posant la main sur le fourreau de son épée. « Les insultes et la violence comme unique réponse. Dire que cette Dame veut notre extermination car elle estime que nous ne sommes ni civilisés ni digne de confiance ! Je me demande où elle va chercher tout ça. » Je pouvais percevoir un changement notable dans le teint de mon cher Capitaine, qui devenait si rouge qu’il allait sûrement attirer tous les Vampires du coin. « Tu te crois plus malin que tout le monde, n’est-ce pas ? Pourquoi avons-nous mis à sac tous ces villages sur notre passage, à ton avis ? Nous allons acheter la paix, ou l’influencer grâce à ce que nous apprendrons de ceux que nous passerons au fils de nos lames. » - « La corruption ou le chantage ? Par le vol et le meurtre. Nul doute qu’elle sera conquise. » - « Tu crois que nous allons perdre cette bataille, matelot ? Tu te trompes. » Mon sourire se fit plus large et franc. Le rictus troubla mon Capitaine, qui me dévisageait sans savoir si j’étais fou ou suicidaire. Dans l’esquisse impertinente d’un salut, je tournai les talons, déclamant à cet équipage qui ne me connaissait pas et ne m’appréciait pas davantage que j’allais récolter quelques informations sur notre hôte. J’étais face à un grand échiquier et on me demandait de jouer une partie dont je connaissais déjà l’issue. Qu’à cela ne tienne, j’allais procéder selon mes propres règles.

« Bonjour ! » lançai-je joyeusement à une jeune femme qui se figea, lorsque je bondis devant elle. Les lèvres entrouvertes, elle ne me répondit pas, déconcertée par mon arrivée et mon ton. J’étais conscient que je donnais l’impression de m’être échappé d’un asile mais cela ne me gênait pas outre mesure. Les gens craignaient mes réactions et devenaient plus coopératifs. « Surtout, ne pensez pas à votre Impératrice et à l’estime que vous lui portez. » articulai-je en croisant les bras. « L’Impératrice ? Qu’est-ce que vous … » - « Merci. Vous êtes trop aimable, surtout ne changez rien. » la coupai-je, avant de reprendre ma route. J’avais déjà pu profiter du flot intempestif de ses idées partagées concernant la charmante Dame de ce Royaume, et n’avais pas besoin de plus. Je ne m’étonnai guère de sa popularité chancelante et de la peur qu’elle inspirait à ses sujets. Elle avait dû prendre tant d’autres décisions barbares et sévères, pointant du doigt les vices des autres en prenant soin de faire oublier les siens. Songeur, je déambulais dans les rues, peu soucieux des regards froids que l’on me jetait. Guidé par mon instinct, je finis par tomber devant la devanture pittoresque d’une petite taverne. En bon Rehla que j’étais, j’estimai que c’était un signe du Destin et poussai la porte. « Du rouge, s’il vous plait. » demandai-je à la vieille femme derrière le comptoir. Elle me dévisagea un instant, méfiante, mais revit rapidement sa position lorsque je fis glisser une pièce d’or. « Un verre de rouge donc. » - « La bouteille. Je me débrouille. » Elle haussa les épaules et me tendit ma commande. Cela fit rire l’homme, installé sur un tabouret juste à côté de moi. « Quelque chose à oublier, mon grand ? » - « Non. Je ne prétends à aucune excuse pour boire. » Ses éclats furent de plus belle, et il leva son verre. « Vous vous plaisez ici ? » - « Quoi, vous envisagez de rester ? » - « Non mais j’ai tout de même le droit de poser la question ? » - « Tu es un drôle de type, tu sais ? » - « Ce n’était qu’une petite question. J’ai une autre requête : racontez-moi toutes les petites dépravations de votre Impératrice. » - « Qu’est-ce qui te fait croire que je sais quoi que ce soit ? » - « Tous se sait, ici. » - « Ce n’est pas faux. » Il marqua une légère pause. « Surtout que son amant passe souvent dans les parages. »

Quelques heures s’écoulèrent ; des heures que j’occupai à écumer les parages à la recherche de petits détails croustillants sur la vie de l’Impératrice. Il suffisait d’un rien pour faire parler les gens, et j’étais plutôt doué dans l’art d’engager une discussion et de la dévier d’une façon qui m’intéressait. Pourtant, tout cela était vain et à mesure que j’avançais, la lassitude me gagnait. Sans aucun égard pour les règles de bienséance et de courtoisie, je pris donc l’initiative d’aller voir l’Impératrice, installée dans un charmant salon d’extérieur, sur une terrasse suspendue au bord d’une falaise. « Bonjour. » murmurai-je, assis sur un fauteuil en face d’elle. Je n’ignorais pas à qui appartenait la plastique que j’avais sous les yeux. Comment aurais-je pu ? « Bonjour. » répondit-elle en refermant l’épais ouvrage qu’elle feuilletait. « Comment êtes-vous entré ? » Je n’avais pas été annoncé. « Par les fenêtres. J’adore les fenêtres. Les portes sont tellement traditionnelles. » - « Qu’est-ce qui m’empêche de vous faire regretter cette audace ? » - « La curiosité ? » suggérai-je en posant mon menton dans une main. Elle sourit. « Vous êtes venu me persuader de ne pas éliminer votre engeance. » - « Je viens vous l’ordonner, à vrai dire. » Elle haussa délicatement les sourcils. « Je suis votre beau-père, après tout. » - « Pardon ? » Je ne pouvais pas me permettre ce comportement face à l’Originale – du moins j’essayais de me convaincre que je n’étais pas assez stupide pour cela – mais je pouvais bien m’accorder quelques écarts avec cette Dame faite de chimères. « Changeons les règles : je n’accepterai ma mort que si vous m’appelez papa, tout de suite et maintenant. » - « Avez-vous bu ? » - « Un peu. Vous avez de très bonnes cuvées. Je crains que les réserves aient été impacté par ma venue. » - « Votre attitude ... Est-ce une plaisanterie ? A qui croyez-vous parler ? » - « Oh, mes excuses. Vous vous attendiez certainement à l’exercice de quelques pressions ? Il est vrai qu’il y aurait de quoi vous faire chanter. Vous n’êtes un Ange que dans l’apparence et votre existence décousue est la preuve de la santé bancale de votre âme. Je ne vous le reproche pas. Désirez-vous que j’évoque vos amours, votre famille, votre folie ou votre cruauté ? Peu importe, n’est-ce pas ? Vous reconnaissez la grandeur et l’habilité mais ne vous ferez pas prier pour les écraser. »  

Je me relevai lentement. « Toutefois, je sais que vous aimez être surprise et prise au dépourvu. Laissez-moi vous contenter à cet égard. Je devais vous démontrer mon intelligence, les rouages de mon esprit. J’ai usé de mille et un stratagèmes pour apprendre les épisodes de votre vie, mais à quoi bon ? Vous ne céderez pas. Vous n’êtes pas ce genre de femmes. Vous êtes partie de tellement loin pour arriver où vous en êtes. Comme si vous pouviez changer d’avis sur des banalités. Pour ma part, je considère que l’intelligence réside aussi dans la résignation, dans la jugeote d’abandonner face à une cause perdue d’avance. Pourquoi devrais-je épuiser mes forces pour une quête dont je sais que la fin ne me sera jamais favorable ? Je ne me pense pas assez sot pour me débattre dans les sables mouvants. Ainsi, ma Dame … » Je fis une légère révérence. « Permettez-moi de vous couper dans votre mouvement. » Elle s’apprêtait à mettre fin à mes jours. Dans un sourire, je fis quelques pas en arrière. Ce fut le sourire aux lèvres que je me jetais dans le vide. Je n’avais jamais eu dans l’idée de finir mon existence, fusse-t-elle une illusion, enchaînée au bout d’une corde.

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Dim 04 Déc 2016, 17:45


La Coupe des Nations - Annabeth

La nuit était calme. Je souris aux étoiles, comme si j'attendais d'elles une quelconque réponse. Parfois, je me laissais aller à rêvasser. Mon imagination avait toujours été fertile et je voyais mon corps s'envoler avec agilité vers les cieux, tenu à la taille par un homme qui avait tout d'un prince charmant. Galant, il m'offrait de son temps et de son attention dans une danse féerique sur laquelle les cieux veillaient avec soin. Il était plus grand que moi, ce qui n'était pas difficile en réalité, et savait guider mes pas mieux que personne. Dans mes pensées, rien ne pouvait plus m'atteindre, ni l'odeur forte des hommes d'équipage qui ronflaient au loin, ni le trouble qui était mien. J'ignorai ce que je faisais ici mais vivais la situation avec une fatalité plutôt douce. Je devais être là, j'en avais la certitude. Mes parents m'avaient souvent murmurée que le destin se réalisait toujours, qu'il suffisait de l'attendre. Ils me répétaient souvent que rien n'était dû au hasard et, qu'un jour, à mon tour, je comprendrais. « Raa on n'avance pas ! ». Je sursautai. Un homme se tenait à mes côtés, observant avec agacement le faible mouvement de l'eau. Sortie de mes chimères, je me mis à l'observer. Il ne m'avait pas vu ; j'étais bien trop petite et insignifiante. Il se faisait simplement quelques commentaires à haute voix, se fichant pertinemment qu'une oreille indiscrète relève ses jurons. Je fixai à mon tour l'océan, ne pouvant que lui donner raison. J'aimais pourtant ce calme et écoutais sans m'en rendre compte la mélodie des cieux qui résonnait dans mon esprit telle une musique inconsciente. Je me sentais bien.

« Vous avez besoin d'aide ? » demandai-je enfin après un temps. Il sembla alors me voir pour la première fois. Je ne passais souvent inaperçu. Il me fixa de haut en bas, comme s'il cherchait en moi quelque chose de particulier. Il plissa les yeux puis sourit. « Oui ! Vous aussi vous êtes une fille de l'air ! Vous allez pouvoir m'aider. J'ai usé de presque toute ma magie pour nous porter ces derniers jours mais celle-ci s'épuise vite. Avec vous à mes côtés, nous pourrons sans doute faire un petit miracle. ». Il semblait aussi enthousiaste que j'étais perplexe. « Une fille de l'air ? ». Ma voix avait résonné, douce et faible. « Oui, je vois l'air en vous. Vous savez le contrôler ! Ne faites pas votre timide ! ». Il partit dans un grand rire. Sans doute était-il le pirate le plus courtois de ce navire mais sa propension à raconter des choses incompréhensibles m'effrayait grandement. « Venez ! ». Il me prit par la main, soudain démonstratif d'une certaine joie de vivre. Je ne connaissais rien de cet homme, rien de la mission que nous devions effectuer mais je me laissai embarquer dans son délire. Les jeux d'enfant n'avaient aucun secret pour moi et je n'avais qu'à faire comme si nous étions en train de jouer. Au final, rien de tout ceci n'était vrai et même si je ne pouvais pas le savoir consciemment, ma nature de Rehla faisait en sorte de me guider au mieux. Cet inconnu vint se positionner derrière la voile la plus grande et me fit signe de me placer devant lui. Il me montra les mouvements et, ensemble, nous créâmes le sens d'un vent venu de nulle part. Mes cheveux bouclés voletèrent autour de mon visage et le navire s'anima, reprenant peu à peu de la vitesse. Avais-je contribué à cette prouesse ? Je ris, me laissant prendre au jeu. J'étais très loin de me douter que cette capacité que j'avais à m'inventer un monde et un rôle m'accorderai la confiance du capitaine dès que cet homme si spécial lui aurait expliqué que je l'avais aidé. Je n'étais, dans le fond, qu'une petite femme prise dans un univers inconnu.

Lorsque je pris connaissance de notre mission, je ne pus m'empêcher de porter l'une de mes mains à mes lèvres. Elle n'était pas basique et il ne faisait aucun doute que nous courrions sans doute à notre perte. J'ignorai le rôle que je pourrai jouer dans ce dédale. Des informations sur l'Impératrice devaient être glanées ici et là car le capitaine se doutait qu'elle ne serait pas facile à convaincre. Je n'étais ni une guerrière ni une diplomate ni une espionne. Comment faire ? Il avait dans l'idée de s'infiltrer préalablement sur les terres pendant la nuit en passant par l'eau. Une fois sur la berge, il suffirait simplement de trouver des vêtements locaux, de se disperser et de discuter avec la population, l'air de rien. Tout mon être refusait cette idée mais j'y fus forcée, incapable de faire entendre mon refus à qui que ce soit.

Nager dans les eaux froides fut pour moi une épreuve terrible et, plusieurs fois, je bus la tasse. J'arrivais donc mouillée, tremblante et frigorifiée sur une plage attenante à une cité qui ne me disait rien qui vaille. Le temps que je réfléchisse à une quelconque stratégie, mes alliés étaient déjà partis. Seule, je laissai mes pas me guider, accélérant parfois le rythme lorsque j'entendais un bruit effrayant. Je ne savais pas quoi faire et passai dans un petit bois, m'accrochant dans des branches basses, avant d'atteindre une propriété. L'une des portes fenêtres était légèrement entrebâillée. J'entrai donc par cette dernière, le cœur battant, avant de me prendre dans les rideaux et de tomber par terre, emportant dans ma chute un pot rempli d'eau, sans doute fait pour se laver. « Hé ! ». Une jeune fille venait d'apparaître, en tenue de nuit. Ses cheveux blonds étaient lisses et descendaient en cascade jusqu'à ses reins. Ses grands yeux verts se fixèrent sur moi, au début inquiets puis rassurés lorsqu'elle eut l'assurance que je ne représentais aucun danger. « Qui es-tu ? » me demanda-t-elle sans détour. Elle devait être plus jeune que moi mais avait bien plus de force de caractère. « Je m'appelle Annabeth. ». Je n'avais pas envie de lui mentir. « Tu vis ici toute seule ? ». « Souvent oui. Mes parents adoptifs viennent ici la journée mais le matin et le soir je suis seule. ». « Tu n'as pas peur ? ».

Cette dernière question déboucha sur une conversation qui dura jusqu'au petit matin. Les réponses s'enchaînaient au rythme des questions que je posais à cette jeune fille, curieuse d'en apprendre plus sur elle. Lorsque je me rendis compte de qui elle était la fille, je me dis que je ne pourrai pas laisser passer une telle aubaine. Je n'avais pas envie de la manipuler et, de toute façon, j'aurai été bien incapable de le faire, mais je voulais essayer de la convaincre de l'importance du combat qui était le mien afin qu'elle m'accompagne parler à sa mère. Je pensais qu'elle pourrait faire bien plus de miracles que n'importe qui et cela me semblait être une bonne stratégie. Mes parents auraient donné beaucoup pour ma sœur et moi. Il fallait que mon entreprise réussisse.

Après avoir discuté des heures, elle m'apprit l'existence d'un passage secret qui menait au palais de l'Impératrice. Nous l'empruntâmes. Elle n'était pas certaine de pouvoir négocier le sort des pirates mais au moins celui de mes amis et de moi-même. Pourtant, les choses ne se passèrent pas comme prévu. À peine étions nous entrées dans le souterrain que des gardes se saisirent de nous et nous séparèrent. Je devinais qu'il reconduisait la jeune fille chez elle. Quant à moi, mon sort serait moins enviable. Les derniers mots que j'entendis furent ceux qui m'apprirent l'échec de la stratégie du capitaine. « Vos amis sont morts en essayant d'attaquer l'Impératrice. ». « Non je ! ». Je voulais jouer sur le fait qu'ils ne connaissaient peut-être rien de moi, qu'ils devaient faire erreur mais je compris à leurs regards qu'il n'y avait aucun doute possible. Ils savaient. Les autres avaient parlé, sous la torture sans doute. Me recroquevillant sur moi-même, je compris que c'était la fin, que j'avais perdu ce jeu avant même d'avoir pu poser correctement mes pions sur le plateau. D'autres avaient scellé mon destin.

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Mar 06 Déc 2016, 13:22

« Écartez -vous, sinon, je vous garantis que ma sœur vous fera payer votre insolence. ». Cette réplique à elle seule demanda beaucoup d'efforts à Séléna. Elle n'avait pas l'habitude de s'affirmer et était même plutôt le genre de femme à préférer donner raison à autrui pour éviter les conflits. Sans doute était-ce sa robe et ses bijoux précieux qui lui donnaient un peu de courage. Quand bien même, elle n'aurait pu tenir ainsi longtemps. Ses jambes tremblaient doucement sous sa robe. Néanmoins, quand l'homme, finalement, s'écarta, elle en éprouva un sentiment plutôt grisant qui ne dura que quelques secondes. D'un côté, elle était heureuse d'avoir réussi, de l'autre elle était désolée pour lui. Elle n'aimait pas tromper autrui. Elle n'avait pourtant pas le choix. Du dernier acte qu'elle allait jouer auprès de l'Impératrice dépendrait le sort de milliers d'individus. Alors, elle se remit à marcher dans le long couloir jusqu'à atteindre la porte qui scellerait son Destin. Devant celle-ci, elle inspira profondément. Elle pouvait encore reculer. Elle avait peur. Et si tout le monde s'était trompé ? Et si elle ne lui ressemblait pas tant que cela, pas assez pour créer chez elle un doute raisonnable ? Séléna ferma les yeux tout en baissant légèrement la tête. Elle repensa au déroulement de la journée, aux sacrifices qu'il avait fallu faire. Non, elle ne se désisterait pas. Elle n'en avait pas le droit.

Anxieuse, elle finit par tourner la poignée, pénétrant dans un grand bureau. La table centrale était en bois vernis et les dessins que la vie avait laissé sur lui se retrouvaient magnifiés par la lumière qui filtrait de la cheminée et des bougies qui avaient été disposées ici et là. La seconde d'après, les yeux verts de Séléna rencontrèrent les émeraudes de l'Impératrice. Elle en eut le souffle coupé. Bien entendu, la gérante de l'île était d'une prestance manifeste mais ce n'était pas celle-ci qui troublait la jeune femme. Leur ressemblance ne faisait aucun doute. « Je euh... ». Ce n'était pas simplement quelques traits en commun, bien au contraire. Il lui semblait voir se dessiner devant elle son futur, lorsque le temps aurait légèrement vieilli ses traits. L'Élémental en eut les larmes aux yeux d'incompréhension. Elle déglutit difficilement, ne détournant pas son regard, comme si elle attendait de l'Impératrice un semblant d'explication. Au lieu de cela, l'autre lui posa une question qui ressemblait, entre ses lèvres, bien plus à un ordre. « Et si vous me racontiez comment vous êtes arrivée ici, très chère ? ». « C'est que j'ai... ». Elle tremblait, incapable d'encaisser cette apparition. Il lui faudrait du temps. L'Impératrice sourit et parut même compréhensive, tendant ses mains devant elle pour saisir une théière. Doucement, elle fit couler le liquide brûlant dans les deux tasses qui étaient disposées sur un petit plateau. Il n'y en avait pas plus, deux précisément, comme si tout qui se déroulait avait depuis bien longtemps était prévu. Le bruit du thé eut comme mérite de faire reprendre contenance à Séléna. « Depuis le début ? ». Il paraissait à présent vain à ses yeux de lui mentir, de lui affirmer qu'elle était réellement de sa famille. « Il serait malaisé de commencer par la fin il me semble. ». « Oui euh... Vous avez raison, c'était une question bête et... ». L'Impératrice haussa un sourcil, semblant s'impatienter. En réalité, peut-être pensait-elle à une toute autre chose. Elle avait été comme ça. Ce temps était néanmoins révolu depuis bien longtemps et elle espérait que Séléna grandirait, vite. Il lui était insupportable de se voir dans cet état d'hésitation et de soumission. Oh bien entendu, elle n'était qu'une création d'un Æther légèrement dérangé, mais tout de même. Elle sourit néanmoins, tendant la tasse vers son interlocutrice tout en lui faisant signe de s'asseoir en face d'elle. L'Élémental obéit et but une gorgée avant de se lancer. « Je ne me rappelle plus comment je suis arrivée sur ce navire. Le pavillon noir m'a tout de suite effrayée, de même que l'odeur musquée qui se dégageait de certaines zones du bateau. Il y avait des femmes et des hommes qui... Enfin, ils faisaient des choses... ». Évoquer ce qui pouvait se passer de charnel entre les êtres avait l'air de la mettre extrêmement mal à l'aise. Elle se racla la gorge et reprit. « Tous buvaient comme si la fin de leur monde allait bientôt sonner. Ils ne faisaient pas réellement attention à moi au début car je restais dans mon coin. Ils parlaient beaucoup et je compris qu'ils s'apprêtaient à commettre de grosses erreurs. Au début je pensais... enfin, disons que je n'ai pas tout de suite parlé de mes doutes concernant ce plan mais... se rendre dans une île se revendiquant contre les pirates tout en étant soi-même membre de cet ordre me semblait suicidaire. J'y ai beaucoup réfléchi les jours suivants sans faire part à qui que ce soit de la stratégie que j'envisageais. Disons que je n'avais que ça à faire... Je n'arrivais pas à être utile à quoi que ce soit d'autre et l'équipage avait depuis longtemps abandonné l'idée que je pourrai ne serait-ce que balayer le pont. J'étais malade, la mer me donnait la nausée... ». L'Impératrice sourit, sourire qui disparut derrière la tasse qu'elle porta à ses lèvres. « C'est quand nous avons croisé un navire marchand qui partait de vos terres que j'ai réalisé qu'il serait parfait... Je ne pouvais plus garder mes idées pour moi et je réussis à coincer le capitaine dans sa cabine. ». « À coincer ? ». « J'ai euh... ». Elle baissa les yeux. « J'ai demandé à deux femmes de m'aider... Elles devaient le distraire et l'attacher à son lit pour que je puisse lui parler. Il n'était pas connu pour être très patient ou pour porter attention aux dires d'autrui alors je me suis dit que j'avais plus de chances comme ça, comme le temps était compté, et que... ». « Certes. ». Séléna rougit, se rappelant de la scène où elle avait dû se concentrer sur le visage du capitaine pour ne pas tomber sur d'autres parties de son anatomie. Il lui en avait voulu pour le traquenard mais avait été conquis par ses idées. « C'est donc ainsi que vous êtes entrés sur l'île. ». « Oui... Je pensais que nous aurions plus de chances en prenant possession du navire de marchands et en habillant les hommes comme vos hommes après un brin de toilettes et un rasage en bonne et due forme. Mais il y a eu un événement légèrement... Enfin... C'est que, lorsque l'un des marchands m'a vue, il m'a prise pour vous. Nous l'avons donc interrogé. ». « Et vous avez décidé de vous faire passer pour une membre de ma famille et de marcher sur mes terres la tête haute. ». « Oui. ». Séléna inspira. « Je pensais pouvoir le faire et au début les choses fonctionnèrent bien. Nous avons réussi à accoster, à louer des chambres dans les auberges et à colporter la rumeur de ma venue. ». « Seulement, juste avant que vous ne vous mettiez en route pour mon palais, une femme a fait une blague déplacée sur les pirates et l'un de vos hommes d'équipage ne l'a pas supporté. ». Il était mort à l'heure actuelle, lui et quelques autres qui avaient voulu lui porter secours. « C'est ça. Mais le lien avec moi n'a pas été fait. ». « Les habitants de mes terres sont idiots. ». « J'ai donc pu pénétrer ici, les gardes ne me résistant pas longtemps. Il suffisait que je les menace de votre courroux s'ils ne m'obéissaient pas... ».

L'Impératrice se leva et se dirigea vers la cheminée, continuant l'histoire. « Vous êtes donc à présent devant moi pour me convaincre de laisser la vie sauve aux pirates de ce monde. ». Séléna se leva, sentant un léger vertige la saisir. La maîtresse des lieux se retourna, fixant ses yeux émeraudes sur la frêle silhouette qui l'accompagnait depuis de longues minutes. « Je dois avouer être agréablement surprise par l'audace et l'ingéniosité de votre stratégie. ». Elle sourit avec une forme de tristesse que Séléna ne comprit pas. « Vous n'êtes cependant pas encore prête, votre présence ici le prouve. Vous ne pouviez pas ignorer que j'étais au courant de votre venue. Je n'ai pas de sœur et, si les gardes et les villageois l'ignoraient et ont  été trompés, ce n'est pas mon cas. Vous n'êtes pas idiote... Vous avez remarqué que je faisais semblant de boire le thé qui se trouve dans ma tasse. ». Elle marqua une pause, soupirant en se rendant compte qu'elle avait sans doute surestimé Séléna. « Non... Vous n'aviez pas remarqué. ». Elle pinça ses lèvres. « Je suis sincèrement désolée. ». Le corps de l'Élémental se mit à trembler doucement. Elle sentait les vertiges revenir. « J'espère que vous apprendrez de cette défaite. ». Séléna sentit quelque chose remonter dans sa gorge et, prise d'un spasme plus important que les autres, du sang fut éjecté d'entre ses lèvres. Elle se mit à tousser plusieurs fois, totalement déboussolée. Quelques secondes plus tard, son corps chuta au sol et elle mourut.

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Mer 07 Déc 2016, 14:33

Elle écoutait à peine les insultes et les brimades et ne se souciait guère des railleries et des plaisanteries. L’équipage avait déployé des efforts d’imagination pour lui faire comprendre que sa présence n’était pas la bienvenue. Ils l’avaient abaissé aux tâches les plus ingrates et elle exécutait les ordres sans broncher, quoi que les dents serrées. Plongée dans un mutisme prolongé, elle frottait le pont, les prunelles rivées sur le vieux bois du navire. « Vampire des Mers. » marmonna un Pirate aux cheveux gris, avant de cracher près de la Sirène. Dans un léger soupir, elle serra les doigts autour du chiffon. Elle vouait une telle haine envers ses vauriens. Il lui était insupportable d’être parmi eux et de défendre leur cause. Néanmoins, elle n’avait pas le choix et devait endurer les attitudes déplorables de ses compagnons d’infortune. Elle éprouvait le désir ardent d’enfoncer son bout de tissu dans la gorge de ses rustres mais devait se raviser, dans un trait de sagesse. Elle n’aurait pas le dessus sur un vaisseau entier, pas sous cette forme. Elle se complaisait toutefois dans les travers morbides de son imagination, qui se figurait la mort lente et suffocante des flibustiers. « Nous approchons des côtes du Royaume de l’Impératrice. » murmura un Réprouvé à l’oreille de son Capitaine. « Cette femme a juré notre perte. Est-ce réellement judicieux … ? » Le regard sévère, il acquiesça lentement. « Elle serait capable de nous traquer jusqu’aux confins des mers et des océans. Nous n’avons pas le choix. » Jézabel leva les yeux au ciel. Elle n’avait pas encore réfléchi à la stratégie qu’elle allait mettre en place contre la Souveraine de la contrée mais elle était certaine d’avoir plus de chance de réussir qu’eux. Ils étaient tellement grossiers, si indélicats. Ils n’avaient aucune chance de plaire à la Maîtresse des Lieux, même si le Capitaine et son second avaient un semblant de bonne manière. Ils seraient certainement pendus haut et court avant même d’avoir franchi le seuil du Palais. Toujours aussi silencieuse, Jézabel descendit du bâtiment. Personne ne se souciait d’elle. Elle partit de son côté sans que personne ne fasse attention à son absence.

Loin de posséder l’allure inconvenante et vulgaire des Pirates, Jézabel parvenait sans mal à mystifier les habitants et à leur faire croire qu’elle n’était qu’une voyageuse. Avec ses grands yeux clairs et son visage de poupée, elle ressemblait davantage à une petite princesse en détresse qu’aux immondes personnages que décrivaient l’Impératrice. Ainsi, elle choisit de se mêler à la populace qui flânait sur les marchés. Attentive, elle prêtait l’oreille aux conversations et aux rumeurs, désireuse d’entendre parler de la femme qui occupait toutes ses pensées. Elle ne tarda pas à entendre quelques mots clefs qui l’incitèrent à s’arrêter près d’un marchand de tissu. « Est-ce que vous imaginez cela ? C’est tout à fait inconvenant. » - « L’Impératrice cache bien son jeu. A votre avis, qui est le père ? » - « Cet homme alcoolique, je suppose. Quel scandale … » Ils tournèrent légèrement la tête vers la Sirène, qui s’était faufilé près des étalages avec une discrétion discutable. Du bout des doigts, elle effleura les soieries. « Très bon choix, ma Dame ! Ces étoffes viennent de la Citadelle Blanche. Elles sont d’une qualité à couper le souffle ! » - « Oui, elles sont merveilleuses. » répondit-elle tout bas, son timbre coloré par l’accent de ses origines. « Ah ! Vous n’êtes pas d’ici. » - « C’est la première fois que je viens sur cette lande. » - « Soyez la bienvenue parmi nous ! J’espère que vous vous plairez ici, quel que soit la durée de votre visite. » - « Je l’ignore encore. » - « Vous feriez mieux de ne pas trop vous attarder. » Il continua, la voix soudainement plus basse. « Vous risquez de le regretter. » Jézabel aurait souri, si elle avait pu se permettre une telle audace. Il était facile de faire parler les gens qui brûlaient de conter ce qu’ils savaient. « Ces terres me paraissent paisibles. » - « En apparence, seulement. Tout le monde a trop peur de hausser le ton. » - « Que craignent-ils tant ? » - « L’Impératrice est une femme … de caractère. Elle instaure la paix par le sang et la terreur. » - « C’est monstrueux. » - « Je ne vous le fait pas dire. Si vous saviez le sort qu’elle réserve à ceux qui se mettent sur son chemin … » Il soupira. La femme se pressa d’ajouter : « Elle cherche à se présenter comme quelqu’un de parfait mais elle est loin de l’être. Elle a eu un enfant avec un homme qu’elle n’aurait pas dû fréquenter, et elle a confié la petite à un couple qui l’élève. »

Jézabel médita un instant sur les révélations qu’elle avait obtenu et s’intéressait particulièrement à la fillette qui vivrait quelque part, cachée. Cela faisait plusieurs longues minutes qu’elle songeait, n’ayant jamais été des plus rapides à prendre une décision. Elle ne faisait guère attention aux quelques sacs qui trainaient à ses pieds, contenant les achats qu’elle avait effectué pour entretenir sa couverture. Elle ne regardait pas à la dépense, pour s’être allégrement servie dans les coffres de son Capitaine. Pourquoi l’Impératrice avait-elle abandonné son enfant ? Deux hypothèses s’affrontaient dans l’esprit de la Sirène, si elle partait du principe que cette rumeur était fondée. Peut-être avait-elle choisi d’éloigner sa descendance de la scène politique pour la préserver et qu’elle ne soit pas un instrument de pression ? A moins qu’elle ne ressente simplement pas la moindre affection pour sa progéniture et qu’elle l’ait abandonné aux premiers venus. Cela étant, la femme avec qui elle avait discuté s’était épanché sur des détails et affirmait que les parents d’adoption étaient payés pour leur labeur. Pourquoi dépenserait-elle la moindre pièce d’or pour un être dont elle ne se préoccupait pas ? La piste était plutôt intéressante. Satisfaite de ses trouvailles, Jézabel s’en alla faire de nouvelles rencontres. Des conseillers avaient été évoqué et elle était prête à parier qu’ils n’étaient pas tous favorables à leur Dame. Il lui fut plutôt facile de dénicher l’un de ses hommes d’influence, et ils se promirent une aide mutuelle pour parvenir à leurs fins respectives. Ensemble, ils remontèrent les indices, jusqu’à tomber sur une maison qui semblait être celle qu’ils cherchaient. Déterminée, Jézabel demanda une audience avec l’Impératrice et elle fut reçue dans la journée. Pourtant, à la dernière minute, la jeune femme fut prise d’hésitations, remettant en cause le bienfondé de sa décision. Elle n’était pas certaine qu’il faille jouer au plus fin avec l’Impératrice ou que celle-ci cède sur un simple chantage. Elle envisagea brièvement de fabuler et de faire croire à son interlocutrice qu’elle avait empoisonné l’eau du puit de la chaumière où se trouvait – supposément – sa fille mais elle n’était pas convaincue non plus par l’efficacité des menaces qui, au contraire, risquaient de mener à une réponse d’autant plus cinglante.

« Vous doutez. » remarqua l’Impératrice, la moquerie sous l’apparente douceur. « J’avais tant de choses à vous dire. A présent, il m’apparaît que tout est vain. » - « Pourquoi ? » demanda-t-elle dans un sourire. « Vous savez ce que j’ai à vous dire, n’est-ce pas ? » - « Votre tentative est plutôt émérite, à ceci près que vous auriez dû faire preuve de plus de prudence. » Jézabel hocha doucement la tête. Elle se remémora la silhouette d’un homme, qu’elle avait croisé une première fois dans un couloir juste avant de parler avec le conseiller qui l’avait épaulé, et qu’elle n’avait pas remarqué assez tôt dans le hall du Palais. Un autre conseiller, à n’en pas douter, mais qui œuvrait pour son Impératrice. « Je me dois de vous prévenir : le reste de votre équipage a déjà été interpellé. » - « Je vois. » Sa gorge était nouée. Elle avait choisi de mettre le nez dans les affaires personnelle de l’Impératrice. De toute évidence, elle en payait le prix. Perdue dans ses pensées, Jézabel scrutait la femme aux cheveux blonds. Son teint devenait blême au fils des secondes. Le souffle court, l’Ondine posa ses mains sur son ventre. Son corset se resserrait peu à peu, l’étouffait et lui brisait les os. Elle sombra dans l’inconscience, bien avant de tomber dans le néant de la mort.

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

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◈ Parchemins usagés : 11263
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mer 07 Déc 2016, 15:35

Mancinia voguait sur une immensité céruléenne, à mille lieues de la terre, à bord d'un oiseau de bois laissant dans son sillage de longues traînées blanchâtres. Ce n'était pas seulement un tableau agréable à imaginer, mais aussi très surprenant à regarder. Au coeur de cette banquise vaporeuse à travers laquelle le navire évolue en toute liberté, un froid saisissant embaumait son corps au point qu'un mince filet de vapeur s'échappait de sa bouche. Silencieuse, emmitouflée dans des vêtements chauds, traversant le pont au milieu de la nuit, l'Humaine ne regrettait en rien cette étape de son voyage. Car la vie n'était faite que d'expéditions vers l'inconnu. Seuls les plus malins noteront que ceux-ci s'accompagnent de dangers immuables et les plus lucides accepteront de vivre chaque instant auprès du Silence Éternel. Elle-même l'avait fait. Dans la vie, tout n'était qu'une question de choix. Se positionnant dans un coin, Mancinia se dissimula de la pâleur lunaire pour réfléchir au calme. Ce n'était qu'une précaution. Personne ne lui adressait la parole. Personne ne s'intéressait à elle. Ce n'était qu'un morceau de chair supplémentaire, tout au plus agréable à regarder. Elle n'en avait cure. Elle n'avait pas envie de changer l'avis des autres. Ce n'était pas nécessaire vu sa situation temporaire sur ce navire et, surtout, dans cette existence illusoire.

C'était agréable de croire posséder une puissance que l'on n'avait pas. Pauvre enfant de l'ancienne noblesse maritime, dépossédée de ses biens et ayant vu les siens périr dans les flammes causer par le seul ordre de traquer et de tuer tous les Pirates de ces eaux. Une chose assez particulière pouvait dépeindre de l'ancienne richesse dont elle était la seule inventrice : un collier d'or serti d'un rubis. Il n'aurait pas été aussi important s'il n'était pas plus intéressant que sa personne. Lui seul méritait qu'on le protège. Un stratagème ingénieux pour causer la perte de la Meurtrière. Un petit sourire naissait sous son écharpe, dissimulé à ceux qui aurait eu la lubie de la regarder. Tout n'était que mensonges. Elle avait seulement eu envie d'aider, s'inventer une vie consacrée à la vengeance envers le Monstre et lui permettait de le faire sans que plus personne ne s'intéresse sur ses origines.

N'y toucher pas.

Sa phrase suffit à arrêter dans son élan l'homme qui la toisait de son regard vitreux. Il venait sans doute lui coller son pied dans la cuisse pour la réveiller, alors qu'elle s'était endormie à la belle étoile comme si de rien n'était. Elle serait sans doute morte si la température n'avait pas grimpé à l'approche des terres intérieures, mais elle demeurait dissimuler sous l'ombre du mat pour éviter de tous les envoyer par le fond.

Ce n'est pas le moment de roupiller en oubliant notre mission !
C'est moi la volontaire.
Ce n'est pas comme si les cadavres pouvaient pleurer une disparue. C'est uniquement pour cette raison que l'on t'a choisie !
C'est surtout que mon idée était meilleure que la vôtre.

Un grognement fût sa seule réponse. Quel était l'intérêt de survivre à son coup d'éclat ? Ce vaisseau traversait désormais les territoires riches de l'Impératrice ayant fait le serment de les détruire. Ils ne tarderaient plus à accoster.

Ne vous y fiez pas. Elle est peut-être impressionnante avec sa grande gueule, mais ce n'est qu'un cul comme un autre.
Elle n'est pas capable de tenir un homme dans son lit et d'élever son héritière elle-même. Comment pourrait-elle gérer une nation sans savoir gérer sa propre maison ?
Rappelle-le-lui quand tu pendilleras au bout d'une corde.
Encore faut-il qu'elle m'attrape, sourit-elle.

Si tout se passait mal, ce ne serait pas une corde qui la tuerait, mais la morsure des flammes incandescentes qui la consumerait en prenant la vie de celle qui voulait enterrer la liberté. Quoi qu'il en soit, les négociations n'étaient pas encore rompues et activer cette farce ne serait qu'en ultime recours. Comme celle qui les gouvernait, ces terres étaient remplies de contrastes, celles où l'homme doit lutter sans cesse pour sa survie. Pouvait-on espérer meilleur cadre ? Mancinia baissa les yeux vers son collier : le rubis se muait en une couleur cuivré. Personne ne verrait rien si elle le dissimulait sous sa tunique.

Impératrice.

Ce titre fut presque craché. Aucun Pirate ne pouvait plus avoir de respect pour une telle personne, aussi époustouflante et royale soit-elle. Rien dans son maintien ne trahit la moindre émotion. Mancinia doutait qu'elle accepte quoi que ce soit venant d'une bande de ruminants. Se doutait-elle d'une diversion ? Se doutait-elle de ce qu'ils allaient lui faire ? Dans les faits, une guerre les exterminerait tous, cette femme en ressentirait à peine les effets. Jamais leur honneur n'implorerait. Ils étaient les saccarifiables et ils ne regrettaient rien. Au bout de longues minutes oppressantes, l'Impératrice se redressa de son trône et descendit d'un pas aérien.

Je peux le faire.

Son regard avait l'éclat d'un mépris inqualifiable.

Ployez devant moi, léchez le sol et jurez-moi allégeance.

Un sourire sinistre apparut sur son visage devant le mutisme de ses interlocuteurs.

Non ? demanda-t-elle en haussant un sourcil. C'était pourtant une offre généreuse. Je peux vous proposer autre chose.

Elle tendit son bras vers l'une de ses enceintes, conduisant droit vers l'intérieur de la ville.

Cinq minutes. Vous avez cinq minutes pour me divertir et surtout, essayez de tenir le plus longtemps possible.

Ça se résumait à ceci : elle avait franchi la ligne et ils devaient lui faire la guerre. Tout ceci de manière purement légitime. Dans ce pays, ceux qui étaient honnêtes et faisaient des efforts n'étaient pas récompensés. C'était un mirage que les plus crédules croyaient.

J'attends.

Mancinia fit un pas, hautaine et souriante, penchant sa tête sur le côté.

Essayez de m'attraper.

Tournant les talons avec une maîtrise qui aurait brisé la cheville d'un maladroit, elle se mit à courir. Vite. Attrapant le bras d'un de ses camarades, surpris de ce qu'elle faisait avant de suivre son rythme en rageant dans sa barbe.

T'es débile ou quoi ?! On l'avait à portée de main ! Tu devais actionner le piège !
C'est une chance pour vous de fuir. Et fuir loin. Moi, elle va m'attraper et croire avoir remporté la partie. Même si elle ne meurt pas, elle va me sentir passer.

Quelques-uns d'entre eux n'eurent pas de difficulté d'atteindre l'extérieur en attendant que les Gardes se lancent à leurs trousses. On se mit dès lors les poursuivre de part et d'autre du grand fleuve, au travers des nombreuses cultures. Courant le long des canaux, aux pieds des palmiers ensablés, Mancinia essayait de semer ses poursuivants dans une course effrénée. Elle était plus agile que la plupart de ses amis, essayant de disperser ses poursuivants. Les affrontements sont sanglants, car le carmin éclate brutalement dans les airs. Blessée par un coup en traitre venu de derrière, l'Humaine chancela avant de se faire attraper et traîner le long de la route sous les murmures des habitants, horrifiés, compatissants ou méprisants. Sa blessure était dérisoire quand on la propulsa aux pieds de l'Impératrice, tranquillement assise en train de boire une tasse de thé. La pitié n'était jamais entrée dans son esprit. Mancinia souriait malgré ce qui l'attendait. Quel jour merveilleux pour braver l'enfer ! Dans son esprit, dans une étincelle, s'étala le souvenir de son cri rageur. Peu importe ce que ça me coûtera ! Tuez juste cette s*l*pe ! Elle savait ce qu'on attendait d'elle au cours de cette mission. Elle savait qu'il n'y avait plus aucun retour en arrière. Pour quoi faire après tout ? Il ne restait plus que des cendres. Sa haine était encore plus monstrueuse que sa crainte de l'au-delà et du Jugement.

Ne pas craindre la Mort. Il n'y avait pas de mieux comme recrue. Il n'y avait rien de mieux comme diversion. Ils ne seraient pas nombreux, mais cela ferait son effet. Il y aurait des sacrifices par millier. Pourrait-elle régner sur un tas de poussière ? Maintenant, ou dans cent ans, elle tomberait. C'était une certitude parmi les siens et c'est pourquoi elle était ici.

N'importe qui finit par s'agenouiller, sourit-elle. Avec toute cette salive, tu n'auras aucun mal à nettoyer cette salle répugnante. Je garderais comme animal de compagnie si le résultat me plaît.
Tue-moi et force mon cadavre à s'agenouiller si tu en es capable.

Elle n'avait aucune honte à la tutoyé. Elle ne reconnaissait pas sa légitimité.

Penses-tu pouvoir m'épargner comme si j'étais un simple pion ? Laisse tomber, t'as pas eu de pitié pour les miens !

Mensonges. Elle n'avait plus rien à défendre qui lui soit personnel.

Ouais, tu les as tous assassinés et c'est pourquoi je suis ici. Je ne suis pas la première, ni ne serait la dernière.

Mancinia haussa les épaules devant le visage de marbre de son interlocutrice.

Ça n'a pas d'importance que tu ne t'en souviennes pas. Tu as tellement de sang sur les mains que tu te noierais sous les souvenirs de ceux que tu as tué.
Oh ! dit-elle dans une petite exclamation exagérée. Ils sont tous morts dans d'atroces souffrances pendant que tu fuyais, c'est ça ?

Elle fit un pas en avant, l'oppressant un peu plus. Elle n'eut aucun geste à faire pour que l'un des Gardes dans son dos lui plante une lame entre les deux côtes.

C'est terminé.

C'est ici que ça s'arrête. La jeune femme avait l'impression que la salle se refroidissait à chacun de ses pas. C'est ici que ça se finit. Son sourire s'écorche. Elle sentait le poids de cette catin écraser sa carcasse. Ce n'est pas le moment d'avoir peur. Ses esquives ne pourraient la sauver. Mancinia ressentait la morsure chaude du poison se répandre dans ses veines. Avait-elle gagné assez de temps ?

Essaie encore !

L'Impératrice sourit. On aurait pu croire ce sourire amical. Quelle excellente comédienne.

Maintenant, donne-moi ton coeur.

Même si son organe s'agitait dans sa poitrine, même si ses membres se raidissaient, même si sa température interne chutait au point de ne plus savoir respirer en attendant que le coup vienne prendre sa vie, Mancinia avait conscience que le décompte avait commencée. La chaleur ambiante de ce pays avait fait son office. Celle de son corps aussi. Quand l'Impératrice lui arracha son collier du cou, son sourire s'élargit. Jamais elle ne saurait si leur plan avait réussi, mais elle était parvenue avec ce qu'elle devait y emmener. Qu'importe ce qu'il adviendrait. Les Maléfices sont tellement durs à combattre lorsqu'ils étaient enfermés dans des choses anodines. Sans doute réchapperait-elle au souffle qui s'en dégagerait quand le mécanisme serait enclenché, peut-être qu'il n'y aurait aucun dégât sur ce marbre blanc autre que son sang. Néanmoins, on ne douterait pas que cette rencontre eu été explosive pour l'une et l'autre !


1 790 mots


[Coupe des Nations - 2016] - Intelligence Chriss10
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Jeu 08 Déc 2016, 20:27

Faust était en train de faire des noeuds avec grand peine. Il n'avait guère le choix que de faire semblant de s'entraîner pour se préparer à cette mission. Il avait juré qu'il y parviendrait et il était hors de question d'échouer. Pas maintenant. Certains devaient se demander pourquoi il se donnait une pression pareil, avait-il peur ? Non, ce n'était pas parce que des hommes puants et effrayants se moquaient ouvertement de son inhabilité et qu'il désirait montrer de quoi il était capable. Ça n'avait rien à voir avec les pseudo-ordres que l'enfant avait reçus. Il s'agissait d'un véritable plan de docilité pour préparer son évasion. Tout ceci lui demandait des précautions pour pouvoir s'échapper du navire sans être vu et prendre la direction opposé lorsque ces gros bras décideraient d'en découdre avec une partie de la Garde Impériale. Ce n'était guère intelligent de défier leur ennemie sur son territoire, de favoriser les combats sanglants à la survie de tous les Pirates écumant les mers. Peut-être pensaient-ils ne pas avoir le choix ? En tout cas, ce n'en serait que plus restreint encore. Pourquoi était-il présent s'il ne partageait par leurs ambitions ? C'est évident, voyons ! Faust désirait rencontrer l'Impératrice, pourquoi se donner autant de peine sinon ? C'était dans ce but qu'il avait accepté d'être aussi mal traité par une bande d'adultes peu scrupuleux de son âge et de son utilité. C'était dommage pour eux, car le Déchu était convaincu de pouvoir la faire changer d'avis.

Comment ? Faust l'ignorait. Mieux valait y aller au talent, car se poser trop de questions n'aidait personne quand la situation était désespérante, quoiqu'il avait le vain espoir de réussir sans rassembler des charges trop lourdes pour lui. Il avait une envie irrépressible de la voir depuis qu'il avait entendu sa description et, même si une femme aux longs cheveux blonds et au regard émeraude pouvait être un hasard, le garçon désirait ardemment croire que sa mère et elle n'était qu'une seule et même personne. Que l'homme hors des carcans de la noblesse était Monsieur Zéleph et que l'éventuel enfant qu'ils avaient eu était sa soeur. Sans doute rêvait-il un peu trop ? Il ne le saurait qu'en s'échappant d'ici, ce qui ne devrait plus tarder vu que les terres se rapprochaient de plus en plus. Faust n'avait pas l'intention de s'enfuir devant l'immense puissance de la Régente ou d'entrer dans le jeu de ces personnes rustres et ridicules, se lançant dans le conflit qui opposait les Pirates à cette femme redoutable. Pourquoi d'ailleurs ? Ils le traitaient comme un moins que rien, bon à ranger les cordes ou éplucher les pommes de terre. Non. Il ferait en sorte d'être reçu par cette Impératrice et de mettre les choses au clair. Quand le tumulte des armes se fit entendre, Faust n'eut plus le choix et ouvrit ses sombres ailes noires pour sauter du navire et amortir sa chute dans le sable.

Sans attendre, l'enfant se mit en route d'un pas pressant. Courir ne lui donnerait pas l'image innocente dont il désirait se recouvrir pour la rencontrer, mais malheureusement pour lui, les soldats étaient suspicieux de tout ce qui leur était étranger et n'eurent aucune pitié à lui sauter dessus pour l'arrêter. Même ses exclamations d'innocence ne pouvaient le sauver de leur méfiance, on lui mit un bandeau sur les yeux et on l'incarcéra dans un charriot avec d'autres détenus pour le conduire au Palais. Ainsi fût-il attrapé, mais il demeurait un prisonnier heureux. Sans doute n'y avait-il pas meilleur moyen pour atteindre son but ? Combien de temps s'écoula ? Ce fût long. Son corps s'affaiblissait au fur et à mesure. Devait-il perdre espoir ? Non. Après tout, de temps en temps, ils entendaient des voix à l'extérieur, mais un silence mortel régnait ici. A croire que tous avaient accepté leur sort. Pas lui.

Toi, le mioche, viens ici. L'Impératrice veut te voir.

Aetheri, êtes-vous là ? Sans doute le soldat devait dévisager le garnement ayant un sourire jusqu'aux oreilles. On le conduisit de l'extérieur bouillant vers l'intérieur du Palais, on le fit traverser de longs corridors avant de lui ôter ce qui entravait sa vue. Et la chose qu'il vit était plus éblouissante que l'astre solaire, tout en lui étant familier à la fois. Faust ne pouvait pas se tromper. Il avait envie de croire que cette épreuve était la sienne.

Je voulais seulement voir si mes ennemis étaient sérieux en envoyant un enfant au combat. Je ne sais pas ce qui est le pire, que ce soit vrai ou que je le vois.
Je savais que c'était vous !

Loin de s'émouvoir de ses paroles, elle balaya la salle de sa main en se redressant.

Mettez-le à la potence avec les autres !

Le soldat ne semblait pas à l'aise avec cet ordre, espérant au moins qu'elle l'épargnerait après une bonne correction.

Mais, Mère, attendez !

La femme posa sur lui un regard glacial qui eu tôt fait de l'immobiliser sur place, avant qu'il ne se reprenne.

Je n'ai pas d'héritiers.

Entendre ceci était peut-être son test, mais comment pourrait-elle admettre à voix haute les vérités ?

Nan, ce n'est pas vrai ! Je suis ici, après tout !
Tu es seulement là sur mon ordre et...
C'est bien ce que je dis !

Faust l'avait interrompu en plein milieu de sa phrase, mais ce fût loin de provoquer le courroux de l'Impératrice.

Tu es intéressant, toi, avec ton sens de l'humour.
Vous souriez parce que vous savez que c'est vrai.

Un éclat dans son regard trahissait sa réflexion devant le regard honnête du garnement. A quoi pensait-elle ? Il ne saurait le dire, cela ne changea rien au fait qu'elle congédia son Garde. Après tout, ce n'était qu'un gamin, à la moindre tentative, elle n'aurait qu'à le balayer hors de l'existence. Faust remarqua les regards des suivantes de l'Impératrice quand l'ordre de les laisser seuls et d'apporter du thé fût livré. Le silence dominait, d'un côté glacial et de l'autre plus chaleureux, l'un et l'autre se regardait. Était-elle réellement sa mère ? Une illusion ? Quand on leur apporta les boissons, Faust n'attendit pas que l'eau eu refroidi et bu quelques gorgées sans attendre. Le Déchu avait remarqué les regards sombres autour de lui. Jalousie et haine étaient souvent entremêlées et ce thé avait quelque chose d'étrange dans sa composition.

Une des Dames à vos côtés ne vous aime pas, cela se lit dans son regard. Beaucoup de monde ne vous aime pas ici. Moi, je vous aime. Même si je me suis allié aux Pirates, je ne verserais pas de poison dans la tasse de quelqu'un surtout si elle est ma mère.

Elle le scrutait sans mot dire.

Nos tasses sont...Vous le savez, n'est-ce pas ? Moi, je l'ai deviné, mais j'ai pas envie que vous soyez obligé de me tuer de vos mains.

Une légère douleur se rependit dans son corps qui se mit à trembler.

Vous savez, la peur vous aideras pas à conserver le pouvoir. L'amour, si. Si les gens ne vous aiment pas, ils ne vous protégeront pas quand vous aurez besoin d'eux. L'amour m'oblige à vous protéger parce que je sais que vous n'êtes pas insensible. C'est écrit au fond de vous et...

Faust était fatigué. Il avait des fourmillements au bout des doigts et la tasse de thé s'échappa de ses mains pour se répandre sur le sol avec un petit fracas. L'Impératrice pourrait le sauver si elle le souhaitait, mais pourquoi le ferait-elle ? Faust n'était pas son fils. Il avait seulement envie d'entretenir l'illusion d'une vie qu'il n'avait plus et dont il rêvait de retrouver. Et maintenant, il devait payer.

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Jeu 08 Déc 2016, 20:45


Le monde tournait à l’envers. Ou bien était-ce une fausse impression due à la position plus qu’inconfortable, à laquelle les pirates avaient contraint la bélua.
Ficelée, la tête en bas, elle se balançait au-dessus de la grand-voile ne loupant rien de ce qu’il se passait en contrebas. Tout l’équipage s’était regroupé sur le pont principal pour débattre des possibilités qui s’offraient à eux. Le destin avait scellé leurs sorts, dans une promesse d’exécution prochaine qui avait figé le visage de chacun d’entre eux, dans un masque de consternation. Une sentence dure et irrévocable qu’Helly peinait à comprendre et qui lui avait valu cette posture non moins discutable.
Curieuse par nature, ses questions sans fin avaient quelque peu érodé la patiente du capitaine qui avait alors ordonné qu’on la hisse au côté du pavillon noir.
Si l’espoir semblait avoir déserté les cœurs des hommes d’équipage, la jeune femme n’en avait pas moins terminé avec ses questions. Elle les ruminait, les tournant sans fin dans son esprit, quitte à en avoir la migraine. Captive de ses pensées, elle ne remarqua pas le jeu dans la corde et chuta brusquement jusqu’au pont. Elle s’arrêta à quelques centimètres des lames de bois, dans la cacophonie des ricanements et des moqueries des pillards des mers qui la libéraient enfin.
Pour l’heure, sa voix s’était tue au profit d’un silence éloquent. Habituée des sarcasmes, la bélua n’ignorait pas qu’il valait mieux feindre l’impassibilité plutôt que de répondre directement. Contre toute attente, le capitaine s’était décidé à embarquer une poignée d’hommes pour rejoindre le port. Sa décision d’aller à terre, affronter directement la femme qui avait jugé leur perte, n’en était pas moins courageux. Quoiqu'un peu présomptueux de croire qu’une telle femme lui accorderait une audience, surtout en vue de l’heure aussi tardive.

- Tu crois que je fais erreur ? Souffla-t-il plus pour la rhétorique que par inquiétude.
Dans la barque, assise à ses côtés, Helly sondait son cœur à la recherche d’une réponse. Juger cet homme était facile. Son apparence et ses manières rustres, ne permettaient pas de se tromper sur la présomption de l’étroitesse de son esprit. Pourtant, le fait même qu’il choisisse de débarquer à terre, indiquait une profonde remise en question de sa part. Elle l’avait observé durant le voyage et son caractère de vieux boucanier laissait largement présager qu’il aurait préféré sombrer dans les profondeurs des océans, plutôt que d’implorer la pitié d’une femme.

- Le bien vient parfois après des erreurs… Souffla-t-elle enfin.
L’homme tordit ses lèvres dans sa barbe grisonnante avant de ricaner.

- Tu es bien une femme… S’étrangla-t-il dans un raclement de gorge gras. Tu crois que tout peut-être réparer. Les hommes détruisent, les femmes reconstruisent… C’est pourquoi vous donnez la vie et nous la prenons sans vergogne…
Elle ferma ses yeux dans un soupir de lassitude et reprit sur un ton monotone.

- Espérons dans ce cas que cette « impératrice » ne vous la prenne pas prématurément… Quoi que vous ayez en tête, précisa-t-elle, n’oubliez pas que vous êtes responsables du sort de bien des hommes.
Le capitaine balaya les paroles de la jeune femme d’un revers de la main avant de se hisser à terre.

- Reste donc là, femme.
- Vous ne m’amenez pas avec vous ? S’offusqua Helly de cet ordre.
Plusieurs marins ricanèrent avant que le capitaine ne s’approche d’elle en l’attrapant par l’épaule, dans une tentative pitoyable à feindre son empathie.

- Et me risquer à ce que tu poses tes éternelles questions en usant la patience de cette noble femme ? Bien sûr que non… Je t’ai amené à terre pour que tu couvres nos arrières en allant… Chercher du rhum, provoqua-t-il l’hilarité générale.
Hors d’elle, l’enfant de Phoebe serra sa mâchoire.
En temps normal, la bélua se serait déjà envolée loin des tumultes de toute cette histoire, abandonnant ces arrogants et prétentieux à leur propre sors. Mais quelque chose l’en empêchait ; une sombre idée, un élan inexplicable qui la clouait au sol et la condamnait à démêler les nœuds de toute cette affaire.

Derrière elle, le vacarme d’une taverne la fit sortir de ses pensées. Elle n’avait rien d’autre à faire et puisque le capitaine avait ordonné de trouver du rhum, autant s’exécuter…
L’établissement était infâme ne laissant que peu de doute concernant la clientèle qui officiait en ces lieux; Des soiffards et des escrocs en tous genres, se défiant, dans des goulées alcoolisées gargantuesques et beuglant à tue-tête qu’ils étaient les rois du monde.
La jeune femme s’avança vers une table, s’affalant dans le même élan sur un tabouret. Elle observa les hauteurs de la ville, à la recherche des lumières du palais et recentra son attention sur les octogones du coin.
Non loin d’elle, un homme peu affable vidait des chopes de bière, les unes après les autres. Elle l’avait entendu parler avec les ivrognes des tablées voisines. Il se disait important, un peu comme tous les soulards mais quelque chose avait accroché le regard de la bélua. Dans les plis du tissu de sa chemise se trouvait un mouchoir. Ce simple détail n’échappa pas à l’œil aiguisé d’Helly, qui fronça ses sourcils en constatant que le tissu était d’une noble manufacture. Si l’homme semblait rustre, cette pièce de tissu apportait du crédit à ses paroles.
Elle s’avança jusqu’à lui et se laissa tomber sur le banc à ses côtés.

- Tu te dis importants mais tous ici le prétendent.
L’homme observa la jeune femme avec méfiance avant de vider son verre et de le faire claquer sur la table.

- Tu te crois intéressante mais toute ici le prétendent
Helly étira ses lèvres amusées par sa façon de faire.

- Disons que… J’ai de quoi faire des affaires et je cherche quelqu’un qui pourrait être intéressé.
- Des affaires? Ricana-t-il. Tu m’en diras tant.
La bélua plissa ses yeux sondant son interlocuteur avec sérieux. Elle chercha vainement sur son visage une faille à exploiter avant d’afficher un sourire audacieux.

- De la contrebande… Tu sembles être un fin amateur d’alcool. Je t’offre de quoi écumer ta soif en contrepartie de renseignements.
L’homme la dévisagea dans un masque de neutralité, hésitant brièvement à considérer son offre.

- Une femme, dans ce taudis qui m’offre à boire… C’est louche. De toute manière cela ne m’intéresse pas.
Helly s’accouda à la table tout en pianotant de ses doigts sur la surface usée par le temps.

- Très bien… J’imagine que la femme à qui appartient ce mouchoir doit avoir les moyens d’épancher ta soif.
L’homme arqua un sourcil avant de se redresser plus que méfiant.


-Co… Comment ? Baragouina-t-il en vérifiant sa chemise.
Il s’empressa de cacher la pièce de tissu et se pencha vers elle.

- Toi tu es un peu trop maligne ou curieuse à mon gout.
Helly s’empressa de sourire constatant que son observation avait fait mouche. Elle ignorait comment exploiter cet élément mais l’homme lui fournit bien vite une piste en reprenant à la hâte.

- La propriétaire dudit mouchoir n’a que faire de ma soif… Et je serai toi, je me méfierai… Elle n’apprécie guère lorsqu’une demoiselle m’approche…
- Vraiment ? Je n’ai pas peur d’une jeune femme de bonne famille, rétorqua Helly par provocation.
L’homme l’examina un instant avant de reprendre.

- Je suis sûr que tu aimerais ses cachots.
La jeune femme, d’abord interloquée, finit par comprendre que peut-être, il y avait là de quoi creuser un peu plus, l’incitant à poursuivre.

- « Ses » cachots ? Tu as pris le mouchoir de la fille du geôlier… C’est très vilain dis-moi, se moqua-t-elle en se reculant légèrement.
- Très drôle. Madame fait de l’humour… Mais la femme dont je parle en a très peu… Et tu finiras comme ces pirates qu’elle a condamnés…
- Voilà qui est intéressant… Tu es donc l’amant de l’impératrice…
L’homme se releva d’un bond faisant regretter quelques secondes Helly d’avoir présumé de ses compétences de stratège. Il la toisa d’un regard noir avant de plaquer ses lourdes mains sur la table devant elle.

- Tu parles trop femme. Tu poses beaucoup trop de questions… Donne-moi une bonne raison de ne pas te briser le cou ?
Helly baissa son visage en secouant la tête. Elle étouffa un sourire avant de relever son regard vers l’homme.

- Je fais partie de ces « pirates » et mon offre est plus que sincère… Si tu es l’homme que tu prétends être, je te propose de travailler pour toi. Tu pourrais te constituer un capital. L’argent de la contrebande est très lucratif crois-moi et prétendre à obtenir les faveurs d’une telle femme ne se fait pas sans un certain niveau social…
L’homme s’avança brusquement dans un geste leste, qui décontenança la bélua. Il l’avait saisi par la gorge et l’avait ramenée face à lui.

- Qu’est-ce qui te fait dire que j’ai besoin de cela avec elle ?
- J’ess… Essaye… Juste de… Sauver… S’étouffa-t-elle.
- La parole d’un pirate ne vaut pas grand-chose…
- Celle… D’un ivrogne… Non plus… Je t’aiderai… Je t’aiderai… À la conquérir…

L’homme se contenta de la fixer sans un mot. Ses yeux reflétaient le visage déformé par l’étranglement de la jeune femme. Elle convulsait presque à bout de souffle et lui, il semblait hésiter. Ses doigts se desserrèrent quelque peu avant qu’une main gracile ne se pose sur la sienne. Une jeune femme blonde, d’une grande beauté le dévisageait avec compassion. Dans ce jeu de regard, il n’y avait plus de place au doute et rien ne pouvait plus s’immiscer entre eux, pas même la volonté d’Helly de se défaire de son bourreau. Elle observait cette inconnue, sans comprendre ses intentions, jusqu’à ce qu’elle prenne la parole.

- Il n’a pas besoin de me conquérir… Chanta sa voix claire. Mon cœur lui appartient déjà.

Avant même qu’Helly ne puisse sourciller, la jeune femme au regard émeraude avait levé sa main dans un petit geste gracieux, mettant un terme au plaidoyer de la bélua. Fauchée par la volonté de l’impératrice, Helly expirait son dernier souffle, le regard fixe, les pupilles figés dans l’éternité.


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Jeu 08 Déc 2016, 22:27


 
   

Il est difficile de se faire entendre ou même comprendre de quelqu’un qui n’en à que faire de votre présence. Voilà ce que je semble destiner à subir pendant cette épreuve. Les raisons qui m’ont poussé à y participer n’ont que peu d’importance, et ce que j’attends de celle-ci encore moins, pourtant installé sur un des nombreux barils présents sur le pont, contenant je ne sais quel alcool me suppliant de le sortir de sa prison, il m’est impossible de ne pas y songer et surtout de ne pas tout remettre en question. Les minutes filent et les secondes semblent pourtant durer des heures, mes ongles viennent battre frénétiquement le bois, et incapable de contrôler ce geste pourtant puéril, je perçois mon sang se réchauffer, malgré la faible température ambiante. Le reste de mon corps se décide à suivre mon humeur, mes muscles se contractent d’impatience, je vois une once de colère pointer le bout de son nez ainsi que quelques touches de regrets, mes yeux se plissent, je peux le sentir au ridule qui apparaissent au coin des yeux ainsi qu’à la façon dont ma tête me lance. Cela fait un certain moment que je ne cherche plus à capter les regards qui pourraient m’être jetés à la dérobé puisqu’il n’y en a aucun. Je semble leur être imperceptible, pourtant combien de fois ces bougres me sont-ils rentrés dedans ? Un trop grand nombre de fois, je le crains. Peu importe ma position, je finis toujours par me sentir de trop, par gêner un homme venu chercher à boire, encombrer un autre cherchant son arme, ou bien ralentir la course d’un troisième passant simplement par là. Les premières minutes, entamer la conversation me semblait la meilleure des idées, à présent cela m’apparait bien ridicule.

Je les entends discuter de cette femme qui parait exercer un pouvoir presque impensable, dictant et imposant sa loi et décidée à éradiquer chaque pirate peuplant les mers, et les terres.

A leur façon de chuchoter, j’en viens à me demander si ma présence ne leur est pas insupportable. Le manque de confiance en moi est évident, la raison l’est beaucoup moins.

« Je sais ce que je fais ! » Je ne sais si c’est la voix du capitaine ou la manière dont il ne cesse de taper du poing sur une des rambardes du bateau qui me sors de mes pensées, mais très rapidement mes yeux se posent sur lui. Imposant, large d’épaule, les lèvres pincées, les yeux mi-clos, personne jusqu’à présent n’avait paru apte à lui manquer de respect, pourtant un fou semble s’y être attelé. « Nous n’avons pas le choix ! Cette audience est notre dernière chance, je le crains fort, et cela m’est difficile de le reconnaitre. Je refuse ce sort qui nous est réservé ! » Je ne parviens pas à comprendre l’objet de la dispute, je ne suis pas au courant de tout, je ne parviens qu’à capter quelques brides de conversations ici et là, de temps à autre. Et alors que la curiosité me brule de l’intérieur et me force à agir, un des hommes de l’équipage se décide à rentrer en action. Tout s’enchaîne, tout part d’un simple coup lancé à la volé, et voilà que bientôt les hommes en viennent tous au main. Je ne sais pas qui est le premier à basculer, en tout cas le sifflement de crainte que cela engendre ne me rassure pas. « Et m*rde ! Dépêchez-vous de le remonter ! Je ne tiens pas à perdre un homme d’une manière aussi stupide que par noyade ! Nous sommes des pirates pas des gamines de dix ans ! » Ils s’affairent tous à lui lancer une corde, à l’appeler, mais aucun n’est capable de sauter pour aller le chercher. La mer est pourtant clémente, quoi que la navigation ne fait pas partie de mes talents, peut-être est-ce un temps trop instable pour risquer sa vie pour sauver celle d’un autre ? Pourtant je me lance instinctivement à la mer pour repêcher le pauvre malheureux, non s’en mal. Le courant est bien plus fort que prévu, l’eau s’introduit dans ma bouche jusqu’à me bruler la gorge, mes yeux me piquent et mes muscles se fatiguent bien trop rapidement, l’homme que je tente de retenir bien malgré lui, pèse bien plus que prévu. Arrivé aux abords du bateau, des cordes pleuvent autour de moi, des mains se tendent toute plus impressionnante et forte que les autres, et rapidement nous revoilà sur le pont, l’un dégoulinant et assommé, et moi simplement trempée et épuisée.

« Hey bien, hey bien. Qu’avons-nous péché là ? Il semblerait que nos filets aient harponné un imbécile et une sirène, ou plus exactement un gros poisson ! Ce soir, messieurs si nos têtes n’ont pas sauté, je vous garantis un festin de roi ! » Alors que je n’arrive pas à reprendre ma respiration, ces imbéciles, qui jusqu’à présent semblaient décider à se battre jusqu’à la mort, trouvent le moyen de faire de l’humour dans un moment comme celui-ci. Je crains le pire concernant cette prétendue audience.

Allongée à même le sol, les yeux clos, je n’entends plus que leurs ricanements, jusqu’à sentir deux bras puissant me relever pour me remettre sur pieds. Mes yeux s’ouvrent rapidement sur le capitaine s’approchant de moi, l’air sérieux. « Tu es brave, stupide mais brave. Il n’y avait qu’une femme pour tenter quelque chose d’aussi insensé, une femme ou un pirate. » Comment prendre cette phrase ? Je n’en ai toujours aucune idée.

« Je laisse quelques hommes ici, pas que je ne fasse pas confiance à cette femme. » Il insiste sur le dernier mot. « Mais … Je ne lui fais pas confiance. » Irritée, n’est pas vraiment le mot pour caractériser l’état dans lequel je me trouve. Après ce malheureux accident, l’ambiance s’est détendu, mais voilà que la notion de confiance revient pointer le bout de son nez.

Voilà plusieurs minutes que le capitaine et quelques membres de son équipage sont parti demander audience à celle qui se fait appeler l’impératrice. On a refusé que je les accompagne, on a refusé que je reste sur le bateau et voilà bientôt qu’on me refuse de m’en aller, c’est à n’y plus rien comprendre. Pourtant échapper à leur vigilance se révèle bien plus facile que prévu, les hommes se détournent de leur objectif si rapidement, qui plus est des pirates. Me voilà donc, à arpenter les ruelles de ce royaume. Les gens affichent un large sourire parfois gâcher par une ombre dans leur regard. Contrairement à mon arrivé sur le bateau, celle-ci ne semble pas passer inaperçu. Les coups d’œil se succèdent, les chuchotements aussi, et bientôt la plupart des gens se retournent sur mon passage, sans afficher le moindre gène. Je ne préfère pas en tenir rigueur et mettre cela sur le compte de la nouveauté, de l’étrangère qui foule leur terre.

« Vous savez la vie n’est pas toujours facile en ces terres... » Le silence qui suit ses paroles, me laisse de glace et me donne des frissons. « Nous ne devrions pas parler de cela. Vos amis ne devraient pas tarder à revenir. » Je la regarde, légèrement décontenancé. « Quels amis ? » Son faible sourire suffit à briser mes dernières bonnes résolutions. « Ceux qui ont demandé audience à l’impératrice. » « Ah oui ! Je n’y pensais plus, j’étais complètement intriqué par votre histoire, par vos histoires, à tous. » L’inquiétude sur leur visage, la tristesse dans leur regard, la pâleur de leur peau et la maigreur de leur corps y étaient pour beaucoup. Plusieurs heures sont passées depuis que le capitaine et ses hommes ont demandé faveur, pas un n’est revenu. Les gens de ce royaume ne sont pas les créatures étranges que je croyais trouver en entrant dans cette taverne, bien au contraire. Leur histoire est à la fois si belle et si affreuse, courte et pourtant si longue, tragique et pleine de joie. Leur vie vient à peine de commencer, mais les douleurs et les craintes qu’ils doivent déjà subir les a fait vieillir plus que de raison. Les sentiments d’injustice, de colère, de dégout me prennent aux tripes, me donnant des idées parfois stupides, parfois brillantes, mais se sont les plus insensées qui prennent le pas. « Pourquoi ne faites-vous rien ? Je veux dire… Vivre dans la peur, est-ce une vie pour vous ? Ne ressentez-vous donc pas le besoin d’agir ? Qu’est-ce qui vous retient ? La crainte de mourir ? De souffrir ? N’est-ce pas ce que vous êtes déjà en train de vivre ? Avez-vous… » « Vous devriez aller vous reposer. Eric vous a préparé une chambre en haut. »

Sa réponse brève, net, presque raide ne m’a pas alerté et pourtant… Le lendemain matin j’étais jetée au pied de l’impératrice, à la vue de tous, servant à la fois d’exemple et de martyr. Elle ne parle pas, ne dit rien, les autres le font pour elle, ses conseillers, je suppose. « Vous avez voulu fomenter le peuple contre sa reine, pour cela vous serez jugée, vous et vos camarades pirates. Vous n’êtes rien, et ne serez rien de plus qu’un exemple, personne ne connait votre nom et personne ne le connaîtra. Vous avez cru bon vos amis et vous de détourner l’attention de l’impératrice par un quelconque moyen mais vous êtes et serez toujours des pirates, des êtres abjects et répugnants. » La mort nous attend. Mon envie d’aider ce peuple, nous a porté à notre perte. La peur de mourir n’a jamais été ce qui l’est retenez de faire quelque, la peur de faire souffrir sa famille, voilà le vrai problème. Y-a-t-il toujours des batailles perdues d’avance ? Ai-je fait preuve de beaucoup trop de pitié ? Ai-je été stupide de vouloir aider un peuple qui… Ce n’a jamais été mon combat et ne le sera donc plus.



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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

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◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Jeu 08 Déc 2016, 22:35

Tu te redressas sur un coude et passas une main dans ses boucles brunes, geste doux témoignant d'un faux attachement à l'égard de la fille de joie. "Répète moi ça ?" Satisfaite d'enfoncer avoir saisi ton intérêt, elle pencha la tête et prit une position aguicheuse. "Alors comme ça, les gamines t'intéressent plus que les jolies filles ?" Tu lui attrapa le menton et la força à te regarder. Tu la sentis frissonner sous l'intensité de ton regard. "Elles ont au moins le mérite d'être plus docile que toi." La fille de joie se libéra de ton emprise et sortie de sous les draps. "Ce ne sont que des bruits de couloirs, mais il paraitrait qu'elle ait une mioche, quelque part sur cette île... Une faille de paysan en aurait la garde depuis sa naissance... Je ne sais pas si elle a un coeur, mais si elle en a un, c'est sans doute avec elle que les moins honnêtes la feraient céder..." Elle regarda autour d'elle, comme si elle venait de révéler un lourd secret. Puis, se dandinant joyeusement devant toi, consciente que son corps aux formes généreuses ne te laissait pas indifférent, elle se rapprocha de toi. "Il ne manquerait plus que ces pirates la prennent en otage, et ils auraient la reine à leur pied... Heureusement qu'ils sont trop idiots pour apprendre ce genre de chose..." Un sourire s'étira sur ton visage peu rassurant. Bien sûr, elle ne savait pas à qui elle parlait. Tu t'étais présenté comme un voyageur venu sur cette île depuis déjà plus d'un mois. Tu avais dégotté des vêtements convenables, autres que ceux avec lesquels tu t'étais réveillé sur le navire, et le déguisement avait suffit : personne n'oserait relier le gentilhomme que tu étais aux brigands des mers, venus sur ces terres il y a quelques jours... "Heureusement, en effet..." Tu attrapas la femme par les hanches et l'attira à toi, près à refaire des folies.

Le plus difficile était de démêler le faux du vrai. Cette catin t'avait apprit beaucoup de choses, mais tu doutais de toutes leurs véracités... Ce n'était sans doute que des histoires, que des ragots qu'Elle s'était attiré en prenant le pouvoir de cette îlot... L'impératrice... Tu étais impatient d'enfoncer pouvoir la rencontrer... Mais la raison de votre venue ici ne te laissais guère de raisons de te réjouir. La tête de tous les pirates était demandée, et même si tu étais parvenu à berner le petit peuple, tu doutais que tu ais échappé à la surveillance qu'elle avait dû envoyer à vos trousses en vous voyant débarquer sur son territoire. Que cela te plaise ou non, tu étais dans le même sac que ces répugnants mercenaires des mers. Il faudrait que tu trouves un moyen de les sauver tous pour pouvoir t'en tirer également... Ça, ou alors une façon de te tirer en douce loin de ce merdier le moment venu...

La piste la plus vraisemblable restait l'anecdote sur son enfant. Curieux d'en apprendre d'avantage, tu te mêlas à la populace. Il te restait deux semaines avant que les pirates ne puissent rencontrer l'impératrice, lors de l'audience qu'elle leur avait accordé. C'était peu, mais tu restais confient, sur de tes capacités et de ton charme. Tu commenças donc par enquêter auprès des villageois, mais s'ils se montraient chaleureux devant ton allure, ils se braquaient bien vite lorsque tu leur demandais des renseignement sur leur gouvernante, et sur cette histoire d'enfant abandonné. Soupçonneux, ils refusaient alors de te répondre et, généralement, refusaient de t'adresser à nouveau la parole. La venue des pirate avait finit par faire le tour de l'île et sans doutes avaient-ils trop peur que leur tyran les pense de votre côté. Tu continuas ainsi, sans grand succès, prêt d'une semaine sans que rien n'avance. La méfiance liait les langues, comme si le moindre mot les condamnait au même sort que le vôtre. Mais tu ne voyais pas quelle autre alternative s'offrait à toi.

Jusqu'à ce qu'un beau jour, tu repères un coin de forêt où les enfants du village aimaient à se retrouver. Si tu ne pouvais pas soutirer d'information des adultes, les marmots se montreraient peut être plus coopératifs. Tu te rendis ainsi tous les jours dans les bois, leur apportant des friandises ou d'autres cadeaux pour faire tomber leur vigilance et gagner leur confiance. Tous se retrouvaient pour jouer, sauf une. Une fillette qui restait toujours à l'écart, observant ses camarades sans jamais oser les approcher. Farouche, elle prenait la fuite à chaque fois que tu essayais, toi aussi, d'aller à sa rencontre. Il te fallut la prendre par surprise pour parvenir à lui parler : un jour, alors qu'elle regardait les autres enfants jouer à chat, tu t'approchas discrètement d'elle. "Bonjour" En t'entendant, elle s'apprêta à fuir mais, d'une voix apaisante, tu la retint. "Non non n'ai pas peur... Je ne te veux pas de mal..." Curieuse, elle te scruta intensément. "Tu veux quelques bonbons ? Je ne les ai pas tous donnés." Tu sortis de ta poche les friandises promises et les tendit vers la fillette, qui les prit d'une main tremblante. "Je m'appelle Nostradamus, et toi ?" "Louisette" murmura-t-elle du bout des lèvres. "Enchanté Louisette... Je peux te poser une question ?" Tu attendis qu'elle hoche la tête pour continuer. "Pourquoi ne vas-tu pas t'amuser avec les autres enfants ?" Elle chuchota une réponse que tu n'entendis pas et tu lui demanda patiemment de répéter. "Maman et papa ne veulent pas que je les approches... Ils disent que ma marraine m'en voudrait et qu'ils se feraient disputés si Elle venait à apprendre que je restait avec eux..." "Ta marraine ?" demanda-tu, intéressé. L'enfant hocha à nouveau la tête. "Oui, l'impératrice."

Vous vous retrouvèrent tous les jours, au même endroit. Petit à petit, tu finis pas en apprendre plus sur elle et sa famille. Que l'impératrice lui rendait parfois visite. Qu'elle avait des frères et soeur mais qu'elle était la seule à ne pas pouvoir jouer avec les autres, et à attirer Son attention. Tu devais te retenir pour ne pas la kidnapper sur un coup de tête et l'enfermer dans un coin jusqu'au jour de l'audience. Ce serait idiot car l'impératrice serait prévenue et elle te retrouverait : c'était après tout son domaine. Mais tu parvins à te contrôler et tu menas un jeu plus habile. Tu la persuada de t'accompagner pour une ballade. Le jour précis de votre rencontré avec l'Impératrice. Tu retrouvas les pirates devant le palais où l'on devait vous recevoir. "Eh bien matelot, on s'est prit d'attachement pour cette fillette ?! Désolée mais c'est pas le genre de la maison ! Il faudra la laissé sur terre." Puis le capitaine partit dans un grand rire gras, se moquant de toi. Tu te contentas de sourire et de serrer ta main sur le poignet de l'enfant qui essayait de se défaire de ta poigne, voulant sans doute s'enfuir loin de tous ces hommes rustres et effrayants. "Cette fillette, capitaine, est peut être notre seule moyen de rester en vie." Étonné, le marin te regardas étrangement et était sur le point de répliquer quelque chose, mais on ne lui en laissa pas le temps : un homme venait les chercher pour les mener devant Elle. Tu pourrais prouver tes dires.

Voyant là où tu la menait, Louisette avait commencé à essayer de partir. "Je ne dois pas aller la voir, Marraine sera furieuse si elle me voit entrer !" se plaignait-elle. A bout de patience -tu avais tout de même du jouer la comédie pendant plusieurs jours- tu la secoua violemment. "[color=#350825]Arrête de chouigner et avance !" Te voyant si différent de d'habitude, elle n'osa protester. Bientôt, on vous fit entrer dans une vaste salle, où l'impératrice attendait votre arrivée sur son trône. Ses yeux se posèrent immédiatement sur l'enfant que tu gardais prêt de toi, et qui n'osait regarder autre chose que ses pieds. Le capitaine commença à parler, essayant de défendre votre cause, mais l'attention de la dame était toute la tournée sur sa filleule... Avant que le pirate n'ait finit son monologue, elle se leva et avança droit vers toi, dépassant son invité qui brassait de l'air inutilement. S'adressant à toi, elle ordonna : "Relâchez cet enfant." Tu ne pus retenir un sourire. Tu l'avait enfin devant toi, cette grande femme qui faisait frémir les dompteurs des mers... Tu ne pouvais nier sa puissance et son autorité mais elle n'était après tout qu'une mortelle... Elle avait comme tout le monde ses petites faiblesses. Tu tenais l'un d'elles entre tes mains. "Voyez-vous, je pensais plutôt la garder auprès de moi... Un moyen de m'assurer que ma tête ne tombera pas sous votre joug. Vous pouvez faire ce que vous souhaitez des autres, ils m'importent peu, mais je partirais d'ici vivant et... avec pourquoi pas quelques pièces d'or..." Un sourire froid te répondit. "Et pourquoi vous offrirais-je ce privilège ?" Tu posas une main sur l'épaule de la fillette, que tu remonta le long de son cou avant de dévoiler sa nuque aux yeux de tous. Une tâche noire y avait prit place. "Je suis le seul à pouvoir lever la malédiction que j'ai posé sur votre enfant..." Du bluff, bien évidement : tu n'étais pas assez puissant pour faire une telle chose. Ta malédiction ne ferait que l'étrave légèrement, lui donnant une malchance pendant quelque jours. Mais tu parvint à semer le doute chez ton interlocutrice. Pourtant au bout de quelques secondes où vous vous affrontez en duel visuel, elle finit par rire. "Je dois avouer que vous avez jouer finement. Vous êtes le premier à avoir découvert Louisette... Mais je doute que vous ayez osé faire une telle chose à ma fille... Si vous avez été assez malin pour la trouver, vous devez déjà avoir compris que je ne vous laisserait jamais partir vivant après lui avoir fait une telle chose... Je n'ai donc aucune raison de vous laisser en vie."

La flèche traversa ton oeil avant que tu ne comprennes ce que ses paroles signifiaient.
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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

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Eerah
Jeu 08 Déc 2016, 23:46

— Allons, chantez, camarades ! N’est-ce pas là une formidable occasion de faire entendre aux créatures de la mer ce qu’un cœur d’hommes vaillants peut produire ?
— Rackham, pour la dernière fois, ferme-la et va astiquer le pont !

L’Humain fit une moue distinguée et sauta à bas du bastingage. Décidément, les pirates étaient loin d’être aussi fanfarons que ce que les contes et histoires voulaient bien raconter. Lui qui s’attendait à composer des vers à propos de rhum, de femmes et d’or ; voilà qu’en vérité la vie de pirate n’était foncièrement pas plus intéressante que celle de mousse à bord d’un navire assermenté. Bon, il exagérait quelque peu. Au moins pouvait-il se vanter de ne jamais avoir vu autant de jambes de bois, cache-œil, créatures exotiques en tout genre et tatouage aux motifs douteux. On ne demandait à personne d’observer les règles de bienséances usuelles quand on se mettait à table, et on se lançait plus de blagues grasses que d’ordres. Mais tout de même : et les chants ?! Fallait-il que de tous les navires pirates de ces mers, il soit tombé sur le seul qui ne comporte pas un seul mélomane parmi ses rangs ? Cela avait peut-être à voir avec le discours qu’avait prononcé le capitaine quelques jours plus tôt. Peu avant de prendre la mer, il avait expliqué à ses hommes qu’ils partaient tous pour un petit royaume côtier tenu d’une main de fer par une impératrice dont la haine pour les pirates n’avait d’égal que sa prétendue inflexibilité. Nonobstant ces traits de caractères pourtant peu idéaux pour entamer la conversation avec une fière engeance de la piraterie, il avait fait fi des protestations de ses hommes en expliquant qu’il s’agissait peut-être là de leur seule chance de mettre un terme à la traque qu’elle semblait sur le point de mettre en œuvre afin de pendre haut et court tous les matelots qui naviguaient sous pavillon noir. L’aventure était trop belle pour ne pas être tentée, on aurait pu s’étendre sur des pages entières en prose au sujet de leur héroïque procession : c’était d’ailleurs ce qu’il avait commencé à faire, le soir même où il avait entendu cette histoire, préparant ainsi sa première saga en temps qu’apprenti barde. La vérité c’est qu’il était curieux de savoir comment le capitaine comptait négocier avec cette femme. Il imaginait encore des scénarios plus rocambolesques les uns que les autres lorsque sonna la fin de son service, et il profita du temps normalement réservé à sa pause déjeuner pour aller interroger l’homme à l’origine de cette épopée. Du dos de la main, il frappa deux fois à la porte de la cabine du capitaine.

— Entrez.

Il s’exécuta puis fit pivoter le panneau derrière lui. Devant lui, la grande carcasse d’un homme forgé par et pour la mer surplombait une lourde table en chêne sur laquelle s’étendaient plusieurs plans, lettres écrites en autant de dialectes inconnus. À côté de lui, Rackham faisait réellement office de gringalet. Malgré son très jeune âge, il n’était pas le moins vieux des membres de l’équipage, mais n’en menait pas large face à l’homme mûr qu’était le capitaine.

— Hé bien ? Parle, gamin.
— Capitaine, commença l’Humain, je voulais savoir comment vous comptiez vous y prendre pour convaincre l’impératrice du bien fondé de notre survie à tous ?

Le géant redressa la tête comme pour regarder dans le vague, et se retourna lentement, avant de s’adosser à la table.

— Et toi, comment tu ferais ?

Choqué qu’un homme de son rang puisse lui demander son avis, avant de se rappeler que la piraterie n’avait pas le même rapport à la hiérarchie que d’autres organisations plus légales, il répondit toutefois avec aplomb :

— J’imagine que je chercherai un moyen de la convaincre qu’elle a plus à perdre en nous exterminant qu’en nous laissant vivre. Je lui ferai prendre conscience qu’au-delà de notre besogne de pirate, nous sommes aussi et surtout un rempart pour les populations côtières et insulaires contre les créatures qui vivent dans l’océan et qui ne demandent à se répandre sur terre. J’ajouterai qu’elle gagnera probablement à faire de nous des corsaires et que ce n’est pas en réprimant la piraterie qu’on peut la contenir, mais plutôt en l’amenant à travailler de concert dans un même objectif.

L’homme marqua un arrêt, sourcils levés, surpris d’entendre autant de mots sortir de la bouche d’un si jeune garçon, et dans le bon ordre, qui plus est. Il sembla réfléchir un instant, en se prenant le menton entre deux doigts, et lui fit finalement signe d’approcher. Rackham ne se fit pas prier, et en approchant, jeta un œil intéressé à la quantité impressionnante d’informations à portée de main.

— Tu n’es pas si loin de ce que je pourrai lui dire, alors. Mais puisque je vois que tu sais t’exprimer et qu’à l’inverse d’une majorité de clampins dans ce navire, tu essayes de voir un peu plus loin que le fond de ta bourse, tu vas peut-être pouvoir m’aider. Quel âge as-tu ?
— Dix-sept ans, monsieur.
— Par les Ætheri, jura-t-il, j’ai connu une époque où ceux de ton âge étaient plus intéressés par le dessous des jupons que par ceux de la politique.
— Que je sois damné si je n’ai d’attrait pour les deux !

Le capitaine rit et fut bientôt rejoint par son matelot, à qui il administra une claque amicale dans le dos, qui manqua de faire tousser le jeune homme. Il reprit plus sérieusement :

— Bien, très bien. Tout ce qu’il me manque pour parfaire mon argumentaire, expliqua-t-il, c’est quelques informations sur notre interlocutrice. Vois-tu, il est inutile de commencer le dialogue avec quelqu’un si tu n’es pas en mesure de pouvoir t’attendre à une réponse en particulier.
— Et si on sait ce qu’elle pourra répondre, il nous sera plus facile de contrer avec un contre-argument déjà préparé, continua Rackham.
— Exactement. Avant d’aller la rencontrer, nous allons accoster à quelques miles de la ville où elle réside, et je vais envoyer quelques hommes récolter ce qu’ils peuvent à son sujet avant de les rejoindre.

Il jeta un œil à l’Humain, avant d’ajouter :

— Que dirais-tu d’en faire partie ?

Celui-ci sourit largement, répondit sans attendre :

— Avec joie, capitaine !
— Parfait. Alors, voici ce que j’ai déjà pu apprendre…

-----------

La ville n’était pas si grande que ça, et pourtant Rackham s’y serait perdu s’il n’avait pas procédé par étape, allant de tavernes en tavernes. Chaque fois qu’il le pouvait, il se faisait passer – et à raison – pour un jeune barde en quête de quelques piécettes. Il sortait son Luth et passait entre les table en jouant de ses plus beaux accords, et en profitait pour glisser une oreille çà et là, espérant tirer quelques informations précieuses pour son capitaine. Puisqu’il ne pouvait s’attarder trop longtemps auprès des consommateurs sans paraitre suspect, il fut obligé de passer plusieurs fois, de rassembler des morceaux de conversations avec d’autres afin d’établir un semblant d’idée complète, mais le résultat n’était pas si décousu. Il avait appris ainsi que le peuple était relativement partagé quant à l’Impératrice, mais qu’aux vues du travail exemplaire qu’elle abattait pour les garder hors de tout danger, elle était plus indispensable qu’autre chose. Plusieurs femmes avaient mentionné l’existence d’une fille quelque part sur l’île, commentant sans vergogne la mauvaise mère qu’elle devait être mais concluant tout de même que son poste ne devait lui laisser que peu de temps libre, et qu’avec l’ivrogne qu’elle était obligée d’entretenir – et qui, sacrilège, n’était pas son mari – elle ne devait pas avoir la vie simple. Il était étonnant de constater à quel point chaque commentaire s’accompagnait souvent d’un contre-argument, comme si personne n’osait réellement remettre en cause son jugement et sa façon de faire. Ce n’est qu’après quelques auberges que Rackham déchiffra l’ambiance générale qui régnait sur la cité ; l’impératrice impressionnait et rebutait par ses méthodes, mais elle était surtout maîtresse dans l’art de se faire respecter par la peur. On disait même que le cercle de conseillers qui l’accompagnait dans ses décisions n’était là que pour donner une fausse impression de démocratie, et qu’elle était la seule à réellement tenir les rênes de son pays. Le jour pointait à l’horizon lorsque l’Humain s’estima satisfait de ce qu’il avait récolté ; il partit en direction du point de rassemblement désigné à l’avance, et y arriva un peu avant les autres. Sur les trois hommes qui l’avaient accompagné jusqu’à terre, il n’en vit que deux arriver, la mine déconfite :

— Charlie a été attrapé par la garde, il sera pendu demain à l’aube.

Rackham, optimiste, rétorqua :

— Pas si nous avons bien fait notre travail. Le capitaine sera bientôt là, et nous irons voir l’Impératrice ; je suis certain que nous arriverons à la convaincre.

Et en effet, le capitaine arriva. Sans perdre de temps, chacun fit son rapport, et lorsqu’il eut tout intégré, il fit signe à Rackham de le suivre.

— Tu viens avec moi. Tu es jeune, ça ne pourra que jouer en notre faveur, peut-être se refusera-t-elle à tuer un enfant.

Sans rebondir sur la qualification d’enfant qui n’était pas pour lui plaire, le barde ne releva pas non plus la probabilité non nulle qu’ils finissent tous les deux au bout d’une corde. Ils marchèrent jusqu’au petit château qui constituait le palais de l’Impératrice, et malgré les regards méfiants et les premières insultes qui fusèrent, parvinrent à obtenir une audience. En entrant dans la salle du trône, Rackham fut frappé par la simplicité et l’écrasante présence qui émanait de celle que l’on nommait Impératrice. Elle était radieuse, une des plus belles femmes qu’il ait jamais vues, et il sentit rien qu’à sa façon de se raidir qu’il en était de même pour le capitaine. Personne ne parla jusqu’à ce qu’elle décide finalement de prendre la parole.

— Vous êtes ma foi courageux d’être venus jusqu’ici pour mourir. Je croyais qu’il était du crédo des capitaines de ne sombrer qu’à la barre de leur navire, et pas au fond de l’une de mes geôles ?
— Ma Dame…
— Impératrice, le coupa-t-elle.
— Impératrice, nous sommes ici afin de trouver un arrangement qui nous éviterai à chacun de perdre du temps, de l’argent et des hommes dans un affrontement inutile.

La tension était palpable, Rackham faisait de tout son possible pour ne pas se dandiner et rester immobile, debout devant une telle femme. Elle se toucha la joue du bout des doigts et sourit :

— Continuez…
— Nous pensons qu’il est de votre intérêt de ne pas chercher à tout prix à nous éliminer, car nous sommes, au-delà de ce que le monde a fait de nous, des hommes de conviction, valeureux et fiables. En y mettant le prix, peut-être qu…

Nul n’entendit jamais la fin de sa phrase. Un chuintement discret, et c’est avec un sourire de plus en plus fade que Rackham tourna la tête vers son capitaine, qui venait de la perdre. Mortifié, il regarda sa boite crânienne rouler au bas des quelques marches qui menaient au trône de l’impératrice.

— Bien, lâcha froidement la souveraine.

Il sursauta en entendant sa voix, et tourna de nouveau son regard vers elle.

— Je n’aime pas ceux qui viennent prier pour mon pardon en pensant pouvoir en tirer plus que la vie. Dis-moi, est-ce ce que tu es venu demander également ?
— Non, Impératrice ! répondit-t-il précipitamment.
— Je t’écoute, alors.

L’Humain déglutit, et s’avança, dépassant le cadavre chaud de son capitaine.

— Impératrice, bien que je ne sois qu’un nouveau-né à la fois dans ce monde et dans celui de la piraterie, je ne peux résolument croire que la solution à vos problèmes ne réside qu’en une extermination pure et simple.
— Ah, et pourquoi donc ? N’êtes-vous pas en mer pour piller, voler et vous approprier ce que d’autre ont obtenu à force de travail ?
— Certes si, Impératrice, mais derrière tout pirate se cache surtout un homme qui s’est vu voler sa chance d’obtenir un jour ce qu’il désire par le travail ou la foi. Le continent vit des heures sombres et chaque royaume doit faire ce qui est nécessaire pour garder le nez en dehors de l’eau, parfois aux dépends des plus démunis, qui n’ont comme autre refuge que le crime. Vous qui dirigez un pays, vous ne pouvez être mieux placée pour savoir que l’équilibre entre paix et révolte est fragile, et qu’il suffit d’un rien pour que la balance ne se renverse.

Silencieuse à présent, la femme née du rêve l’observait avec attention. Encouragé par cette absence de réplique, il poursuivit :

— Plutôt que de nous pourchasser, engagez-nous ! Faites de nous les nouveaux soldats d’une armée maritime dont la puissance n’aura d’égal que la diversité ! Il y a parmi nous des hommes, des femmes, des pères qui se débattent avec leurs problèmes, des mères qui se battent pour leurs enfants. Ne pensez-vous pas qu’ils valent la peine qu’on leur laisse une chance de faire mieux que ce que le monde leur a donné à faire ?

Elle se leva, et descendit les quelques marches qui les séparaient. Une sueur froide coula dans le dos de l’humain, qui ne brisa pas le contact entre leurs deux regards. Arrivée devant lui, elle se pencha à son oreille, et susurra :

— Bien essayé.

L’instant d’après, une douleur intense suivit d’un noir absolu, sans fin.
2216 mots. Désolé !


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Jeu 08 Déc 2016, 23:52

Le soleil tâchait ses joues de rayons lumineux. Callidora laissa une main se promener sur son visage pour en chasser l’air marin. Cette effluve saturée de sel lui donnait une curieuse impression, et elle mourrait d’envie de s’abandonner au sommeil. Seulement, les instructions du Capitaine étaient claires, et aucun des matelots ne tenait à subir sa colère. La brune se contentait donc de laver les planches rongées par les vagues du pont, ses méninges vagabonds en libre promenade. Son corps se déplaçait en mouvements machinaux sur lesquels elle n’avait pas la moindre prise, et elle se contentait d’accomplir son travail sans poser de questions. Depuis son réveil quelques heures plus tôt, elle ne se souvenait pas de grand-chose, et pourtant, elle devait comprendre ce qu’elle faisait là. Dès qu’un grain de sable s’unissait à la plage infinie du Temps, la question s’éveillait en elle. « Pourquoi ? » Plus belle et plus douloureuse encore serait la réponse, un murmure perdu entre les quatre vents qu’elle n’entendrait sans doute jamais. Le bruissement de l’océan recouvrait tout. Ses mains déversèrent un énième seau sur le plancher. Ce manège avait suffisamment duré. D’un geste empreint d’ennui, elle se décida à chasser l’indélicate poudre blanche qui se perdait au creux de ses boucles noires. « Je veux voir le Capitaine. » L’autre la considéra d’un œil mauvais avant de ricaner, lui adressant le généreux conseil de se remettre au travail.

Certains jours, la stupidité des êtres qui croisaient son chemin ne l’amusait pas le moins du monde. L’ennui, lorsque tout semblait se déployer en inexorables cascades, c’était que tout se rassemblait immanquablement pour défaire les nœuds et tracer des lignes droites qui n’excitaient pas l’imagination. Cela la laissait perplexe, et elle savait que sa curiosité ne tarderait pas à s’éteindre. Faudrait-il qu’elle passe sa vie à chasser sa hantise de toujours ? Sans se départir de son calme, elle tendit les doigts vers le rustre. La fermeté qui marquait sa voix avait quelque chose d’inhabituel qu’elle ne remarqua même pas. « Crois-tu sincèrement que ces mains dont tu ne pourras jamais rêver la caresse sont faites pour laver le sol ? » L’homme ouvrit la bouche et ne rencontra que le vide. Tout à sa stupéfaction, il s’écarta en se demandant qui était cette drôle de demoiselle. La porte de la cabine pivota. Le chef de la joyeuse compagnie s’avachissait dans un fauteuil, bercé par le roulis. La patience fit son œuvre. Au réveil, il hurla de tous les côtés, pestant dans un langage inintelligible contre celui qui avait osé faire entrer une inconnue. Seulement, la jeune femme possédait des atouts qui faisaient cruellement défaut aux membres de l’équipage. Après lui avoir soigneusement fait comprendre que sa place n’était pas parmi les matelots, elle s’engagea sur une pente glissante qui égayait autrefois ses journées : la récolte d’informations. Le bateau se destinait à un voyage sans retour, et il ne fallait pas lire dans les étoiles pour le comprendre. Heureusement, il suffisait de quelques paroles pour que la vanité d’un homme se trouve contentée.

Dès lors que la côte fut en vue, la brune se porta volontaire pour explorer la ville et leur permettre de trouver un refuge en toute sécurité. Officiellement, du moins. La compagnie se figurait que se mêler à la population locale suffirait à faire changer d’avis la maîtresse des lieux. Au vu du caractère de la dame et de ses récentes découvertes, Callidora savait que ce ne serait pas assez. L’autorité ne cédait pas face à l’intimidation. Il fallait  avoir les moyens de ses exigences, et l’équipage ne possédait rien qui puisse faire envie à la fameuse Impératrice. Rien, ou presque. Comme la jeune femme l’avait escompté, les soldats ne tardèrent pas à débusquer les pirates qui ne résistèrent pas pour prouver leur bonne volonté. Le séjour par les cachots ne dura qu’une nuit. Le lendemain, la sentence leur fut annoncée par l’Impératrice en personne. « Avez-vous quelque chose à dire avant votre pendaison ? » La brune éclata de rire, s’attirant des regards noirs. Un éclat de peur luisait dans les prunelles d’un des chiens de garde de la reine. Ses compagnons d’infortune espéraient encore échapper à leur condamnation. Elle s’en moquait. « Qu’aurez-vous à dire, le jour de la vôtre ? » Un sourire malicieux flottait sur ses lèvres. Qu’elle garde le silence n’était jamais bon signe, et qu’elle prenne la parole ne l’était pas non plus. L’Impératrice se leva pour s’approcher. L’insolence de la brune ne laissait personne indifférent.

Comme un rapace autour de sa proie, elle tournait autour de la jeune femme avec des yeux de glace. Avec mépris, elle lui releva le menton. « Vous croyez-vous maline à jouer les rebelles alors que vous mourrez de peur comme les autres ? » Les sourcils de Callidora se haussèrent sans qu’elle ne baisse la tête. Céder était la marque des faibles, et elle ne l’était pas. « Sans vouloir vous offenser, vous êtes mal placée pour une telle critique. Qui dirige son peuple à la pointe d’un couteau pour ne pas subir sa révolte ? » Parler était impossible aux autres. L'effroi nouait leurs entrailles sans délier leurs langues, et la jeune femme le comprenait aisément. La maîtresse des lieux dégageait quelque chose de sombre. Et pourtant, ce n'était rien à côté des ténèbres qui brûlaient en elle sous le masque de l'innocence. Elle ne la craignait pas. Ce n'était qu'une comédie. « Jouer les rebelles ne vous mènera à rien. » Ses épaules tressautèrent en un geste las. Peut-être s'agissait-il de sa dernière consolation, en fin de compte. Ou peut-être que non. « Qu’importe le jeu quand la fin approche ? Peut-être avez-vous besoin que je vous rafraîchisse la mémoire. Faire pendre des pirates ne réglera jamais votre problème. La seule chose que vous désirez encore sans en avoir le droit est ce qui rythme nos vies.  On appelle cela la liberté. Parce que vous en avez été privée, vous en privez votre peuple, et vous craignez qu’il finisse par le découvrir. » La pression autour de sa mâchoire se renforça. Manifestement, elle avait touché juste. « Cela dit, votre hypocrisie n’est rien. Après tout, votre penchant pour les hommes douteux n’est plus un secret depuis longtemps. Je me demande pourquoi personne ne vous a encore remis à votre place. Pendez-nous, si cela vous chante. Ce que vous avez perdu, vous ne le trouverez qu'à travers votre propre mort. Malheureusement, le suicide irrite votre fierté, et votre lâcheté ne se console que dans la peur de vos sujets. Mais dites-moi... Tous les grands de ce monde se croient-ils des dieux parce qu’ils ne sont plus libres ? » Sa tête bascula sur le côté. Son interlocutrice se pencha à son oreille pour formuler une réponse à peine audible et teintée de vérité. « Seulement les idiots. » L’Impératrice resserra la corde autour de son cou. Quelques secondes, et la brune sentit le vide s’ouvrir sous ses pieds. Au moins s’était-elle amusée.


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