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 Jeune Ombre en détresse [RP privé Aaliah]

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Sam 27 Fév 2016, 19:59


Les arbres, le calme et les oiseaux du matin. Le léger vent, les odeurs volatiles, et le silence des pas dans l’herbe. Sans oublier la magie flottant dans l’air. C’était à cette délicate nature que ressemblait le quotidien de Neloo, ou du moins ce qu’on aurait pu en voir de l’extérieur. Le jeune Ombre se fondait parmi les troncs minces de la Forêt aux Milles Clochettes, faisant partie du lieu avec une harmonie apparente.
Néanmoins, dans son esprit, le monde se révélait tout autre, terni par le prisme poussiéreux de la mélancolie qui l’habitait. Imperméable au monde extérieur, il ne ressentait ni le vent sur sa peau fine, ni les senteurs variées des bois. L’Ombre n’éprouvait plus la faim non plus. Au début, il avait voulu forcer cette sensation, en chassant quelques oiseaux. Mais finalement, il n’y avait jamais touché, écœuré à l’idée de manger, et avait abandonné les cadavres des volatiles tués pour rien. Le dégoût qu’il éprouvait envers lui-même à ces moments là se retourna aussi contre les oiseaux, pour lesquels il développa une haine aigue. Au-delà de cette aversion, la présence des arbres eux-mêmes l’oppressait ; tandis qu’autrefois, lorsque Neloo était arrivé dans la forêt, elle l’avait apaisé. De même, la solitude qu’il avait enfin trouvée en ce lieu commençait à le rendre fou : le silence qui englobait sa vie le laissait penser, bien trop penser. Et ainsi, la spirale dépressive l’engloutissait. Alors de terribles angoisses prenaient Neloo – Je n’ai pas peur de la mort, non, mais peur de n’avoir rien fait avant celle-ci -, l’absence de volonté paralysait son corps, rendant douloureux chaque mouvement – Je suis si faible... -, et il ne trouvait alors refuge que dans la scarification. Il ne se concentrait pas plus sur les motifs qu’il dessinait dans sa chair que sur la souffrance physique que cela lui causait. Et ça soulageait la torture psychologique qu’il s’infligeait à lui-même. Pourtant, il avait parfois croisé quelques voyageurs. Mais si ceux-ci troublaient le calme qui l’étranglait, l’Ombre supportait si peu les autres hommes qu’il avait toujours fini par fuir lâchement leur présence. Qu’il était idiot ! Il était soit un dément à cause de la solitude, soit une bête sauvage au contact d’autres personnes… Il se haïssait pour tout ce qu’il était. Incapable ! Et il crachait des injures aux oiseaux perchés dans les branchages.

Un jour finalement, il réalisa que s’il avait jadis trouvé la paix dans cette forêt, c’était peut-être simplement que la découverte de nouveaux lieux le tranquillisait. Au moins, cela l’occupait suffisamment un temps pour ne pas trop réfléchir. L’idée de voyager le séduisit tellement qu’il désira subitement réaliser son envie ; ce qui demeurait assez rare et surprenant pour être souligné. Il se redressa lentement, réveillant ses membres frêles, et scruta les directions que lui offrait la clairière où il se trouvait. Puis il en choisit une au hasard, et sans même savoir s’il avançait plutôt vers le Nord ou vers le Sud, et il se mit à marcher.
Neloo progressait extrêmement lentement, bien que ce fût la vitesse maximale à laquelle pouvait se déplacer son maigre corps. Il glissait tel un spectre, sans un bruit et sans s’arrêter. L’Ombre n’avait rien de menaçant, néanmoins son regard fou, ses cheveux ébouriffés, et sa pâleur auraient quelque peu dissuadé de l’approcher de trop près…

Enfin la lisière du bois se dévoila à sa vue, à moins de vingt pas devant lui. Là, la brise était plus forte, comme les troncs de plus en plus éparses la rompaient peu. Elle agitait les pans déchirés de l’ample chemise, autrefois si blanche, que portait Neloo. Au cœur de la forêt, il s’en était peu rendu compte, mais ici la pression qu’exerçait le lieu sur lui s’alourdissait, puissante. Plus il se rapprochait de l’orée de la Forêt aux Milles Clochettes, plus celle-ci le retenait en elle. L’Ombre était littéralement happé par le lieu. Ce qu’il lui restait de force et de volonté était amenuisé à chaque pas, et il finit par avancer à quatre pattes, s’accrochant aux racines et aux brins d’herbes avec ses ongles, pour ne pas faire volteface et retourner à l’ombre des feuillages. Bientôt, il fût à plat ventre sur le sol, incapable d’avancer, la tête dans la poussière, les doigts incrustés de terre et de sang. Bien sûr, Neloo ne savait pas qu’il était une Ombre, ne connaissait même pas l’existence de cette race, et donc ne pouvait se douter du sort dont il était victime. En effet, une des malédictions des Ombres interdisait les jeunes suicidés de s’éloigner du lieu de leur mort. Ainsi, Neloo pensait se battre contre son manque maladif de volonté, et que tout ceci était dans sa tête.
Soudain, il sentit s’approcher quelque chose, droit devant, pas encore à portée des arbres. Neloo releva difficilement son visage couvert de terre, puis il fixa de deux yeux hébétés la silhouette féminine qui s’avançait vers lui.

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Aaliah Z'Odra
~ Ombre ~ Niveau I ~

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◈ Parchemins usagés : 2211
◈ YinYanisé(e) le : 22/02/2011
◈ Âme(s) Soeur(s) : On ne peut conquérir un coeur qui abrite l'amour d'un défunt...
◈ Activité : Bâtisseuse d'empire
Aaliah Z'Odra
Jeu 03 Mar 2016, 16:47



« Je m’en occupe ! »

Cette phrase l’avait autant surprise que le reste des Ombres présentes et pour cause… Le caractère tempétueux de la Gardienne du Sceau de la Nature n’était plus un secret pour personne, sauf peut-être pour les très jeunes Ombres. Et si Aaliah progressait dans le domaine de l’empathie, jouer les assistantes pour une nouvelle arrivée en détresse était loin d’être son passe-temps favori. C’était même une tâche qu’elle fuyait en tout impunité sans chercher à se cacher puisque son statut de Gardienne lui permettait de remplir bien d’autres responsabilités un brin plus importantes. Aussi, toutes les Ombres présentes la regardaient l’air quelque peu inquiet. Non pas qu’elles s’inquiétaient de la santé mental de la Gardienne, mais plutôt qu’elles éprouvaient une certaine empathie par l’Ombre qui allait faire sa connaissance.

« Vous êtes sûre Dame Aaliah ? D’autres Ombres sont plus disposées pour effectuer cette tâche, n’avez-vous pas d’autres responsabilité plus importantes à mener à bien?
Ces tâches-là attendront bien quelques instants, lui répondit-elle aussitôt en chassant d’une main la proposition implicite de son interlocuteur de donner cette mission à une autre. Je suis toute aussi bien disposée qu’une autre, si ce n’est plus, pour informer une Ombre de sa situation.
B… Bien… » bégaya l’Ombre qui n’osa pas contredire sa Gardienne.

La jeune femme disparut aussitôt à travers les méandres de la brume épaisse pour atteindre la forêt aux mille clochettes, lieu de résidence imposé à la nouvelle Ombre tant que celle n’avait pas encore la faculté de s’éloigner de son cadavre. Si Aaliah tenait personnellement à retrouver cette nouvelle venue, ce n’était pas dans un but empathique, mais bien à cause des oiseaux… Leur mort étrange lui avait été confiée. Quelque chose les chassait, mais pas pour se sustenter.  Il lui avait fallu peu de temps pour faire la liaison entre ces mots, le lieu hanté par un fantôme selon certaines rumeurs de passant effrayés et le suicide récent d’un homme en ce lieu… Aussi, elle s’était dépêchée de proposer son soutien à cette Ombre perdue, histoire de pouvoir lui faire la morale. Depuis quelque temps, elle n’appréciait guère la violence faite aux animaux gratuitement. Cela la mettait dans de bien mauvaise disposition pour dialoguer, mais elle ferait un effort pour ne pas effrayer l’Ombre. Il ne fallait pas non plus que l’Esprit de la Mort lui tombât dessus par après pour avoir malmener une des leurs.

Aaliah arqua un sourcil devant l’Ombre qui tentait désespérément de quitter son lieu de décès. L’homme ne savait pas encore qu’il y était, ou plutôt ce qu’il était devenu… Le fardeau, la malédiction, il ignorait encore tout cela. Elle s’avança vers lui, en secouant la tête devant tant d’effort inutile. Il était tombé bien bas pour ramper dans la boue. Déjà qu’il n’avait pas bel allure, bien que les jeune Ombre avait rarement aspect gracieux, en cause peut-être le fait qu’elle n’avait pas vraiment une apparence définie. Aaliah se demanda alors durant un bref instant si elle avait eu une allure aussi minable le jour de son suicide… Probablement. Heureusement pour elle, cela remontait maintenant à si loin, qu’elle ne s’en souvenait plus et que rare était encore ceux qui aurait pu s’en souvenir également. L’honneur était sauf. L’Ombre avait depuis acquis assez de charisme et d’assurance pour paraître élégante, tant en apparence que dans ses gestes. Elle s’arrêta, un rictus de mépris sur les lèvres lorsque le jeune homme révéla sa vilaine tête terreuse du sol.

« Pitoyable ! » lâcha-t-elle en secouant lentement la tête devant une tête spectacle.

Comme phrase d’accueil et d’approche, il y avait mieux, mais l’Ombre n’était pas là ménager le suicidé. Beaucoup disait qu’il fallait être empathique, faire attention aux termes utilisés, avancer prudemment dans la discussion… Aaliah préféra allait directement à l’essentiel ; elle détestait perdre son temps en futilité, surtout lorsqu’elle pouvait l’utiliser à meilleure escient.

« Vous espériez aller où comme ça ? Vous vous êtes entaillé les veines, vous ne pouvez pas quitter votre cadavre d’un claquement de doigt. Alors faudra entendre encore un peu avant de sortir de cette forêt, lui fit-elle remarquer avant de passer au sujet suivant. Puis, faut arrêter de s’en prendre aux oiseaux et autres animaux de ce lieu. Ils ne vous ont rien fait, juste les vers qui doivent faire bonne chère de votre dépouille mortelle, mais ça, c’est un cycle naturel. »

L’Ombre le dévisagea un instant de ses yeux sombres, se demandant s’il avait assez d’intelligence pour comprendre ce qu’elle venait de dire. Aaliah n’aimait pas les longs discours, même si elle tentait de progresser dans ce domaine, comme dans tant d’autres. Puis, se rappelant qu’elle devait se montrer polie, elle décida d’arquer un furtif sourire qui disparut aussitôt.

« Vous êtes devenu une Ombre, vous n’avez plus besoin de dormir, boire ou manger. Donc, la chasse aux oiseaux, vous oubliez sinon je vous hante chaque jour de votre éternité et croyez-moi sur parole, vous n’apprécierez pas ma présence dans de telles circonstances, elle lui lança un regard sombre pour lui faire comprendre qu’elle ne plaisait pas, avant de chasser une mèche de cheveux vers l’arrière pour revenir à un autre sujet, la raison pour laquelle les autres de races la savait présence en ce lieu. Je suis Dame Aaliah Z’Odra, Gardienne du sceau de la nature, et par conséquent, l’une de vos supérieures hiérarchiques. Je suis venue pour vous guider dans votre nouvelle vie d’errance, de fardeau, de malédiction, de dépression… tout ça, fit-elle avec une certaine lassitude. L’Ombre était Ombre depuis longtemps, son fardeau, elle avait appris à vivre avec et sa maîtrise de l’illusion lui permettait d’apprécier un peu mieux les choses qui l’entourait. Donc, si vous avez des questions, c’est le moment de les poser, je suis toute ouïe et disposée à y répondre, alors profitez-en, tant que je suis d’humeur clémente… »

Certes, il était permis de douter de la clémence de son humeur, mais l’Ombre pouvait être encore plus irritable et glaciale dans ses paroles. Aussi, elle se considérait comme plutôt calme et serein en cet instant. Elle aurait pu être bien plus brutale, lui crier dessus, mais elle avait toute de même une mission d’information à remplir. Elle lui hurlerait dessus peut-être après, s’il ne faisait pas d’effort pour être aimable et respectueux, que cela soit envers elle ou la nature alentour. Aaliah tapota légèrement le sol du pied, histoire de montrer à l’Ombre qu’il n’avait pas intérêt à prendre trop de temps pour lui poser ses premières questions.

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Dim 06 Mar 2016, 13:20


Jamais il n’avait vu autant d’allure dans une seule personne. Neloo était déjà étalé au sol, toutefois il lui semblait s’être enfoncé encore un peu plus dans la terre sous l’effet de la prestance de la nouvelle venue, qui le dominait de toute sa hauteur. S’il n’arrivait guère à distinguer les expressions de son visage plongé dans l’ombre, il sentait peser sur lui un regard froid, sévère mais non moins empreint d’une certaine splendeur. Abasourdi, Neloo ne comprit immédiatement qu’une seule chose d'après l'attitude de la femme : cette rencontre n’était pas le fruit du hasard.

Elle s’adressa alors à lui, et ses mots coulaient jusqu’à Neloo, sans qu’il en saisisse le sens véritable. « Pitoyable ! » lui avait-elle lancé ; et Neloo ne réagit pas, lui-même convaincu depuis bien longtemps que cet adjectif le décrivait bel et bien. Ensuite, la jeune femme mentionna les oiseaux morts pour rien. Ha, cette sale vermine ! Toutefois, puisqu'elle paraissait profondément exaspérée à ce sujet, et qu’elle le maîtrisait complètement, Neloo sût qu’il vaudrait mieux lui présenter ses excuses. Rien ne servait à justifier ses petits meurtres, quand bien même il n’avait pas chassé depuis bien des Lunes. Elle parla aussi de cadavre, de la forêt, et de ses insomnies… Face à l’aura qu’elle dégageait et à son omniscience, Neloo crût d’abord qu’il s’agissait d’un oracle ou d’une prêtresse, et que ses paroles n’étaient que de vagues présages, une quelconque malédiction pour venger les oiseaux. Puis, elle l’appela « ombre ». Inutile de lui rappeler, Neloo le savait déjà : il n’était que l’ombre d’un être vivant, mi-homme mi-bête. Cependant, si ces mots ne trouvaient aucun écho en son maigre esprit, il n’osait faire le moindre geste. Il manque quelque chose, ce n’est pas normal, que fait-elle ici ?
Mais la jeune femme se présenta alors comme une dame, Dame Aaliah, Gardienne du sceau de la nature. Neloo ignorait totalement ce rang. Néanmoins, s’il avait déjà croisé des voyageurs dans ce bois, jamais aucun ne s’était révélé être d’un tel grade, pour sûr. L’hébétude en lui laissa place à la méfiance, tandis qu’il assimilait peu à peu ce que racontait Aaliah. Ma supérieure hiérarchique ? C’était donc une Bélua. Ainsi, comme en témoignaient la détermination dans sa voix, et le fait-même qu’une telle femme se trouvât ici, elle venait pour lui. Pour lui ? Quel intérêt Neloo pouvait-il bien représenter pour elle ? Mais avant tout, comment pouvait-elle savoir tout cela à son sujet ? Et voilà qu’elle exigeait de lui qu’il posât toutes ses questions…

Cependant, il savait qu’il ne pouvait lui demander tout cela, puisqu’elle semblait déjà s’impatienter. Neloo comprit qu’il ne raisonnait pas assez rapidement pour elle, bien qu’elle eût parlé clairement. Apeuré à l’idée de trop faire attendre Aaliah, Neloo se releva aussitôt, terreux et tremblotant, pour s’asseoir jambes croisées à même le sol. La tête rentrée dans les épaules et ses oreilles lupines plaquées en arrière, il considéra Aaliah de bas en haut avec un regard aussi soumis que craintif. Il avait l’air d’un vrai animal sauvage. Vite, il se remémora le discours de son interlocutrice, rassembla ses esprits, et organisa toutes ses interrogations. Il baissa les yeux. Il se lança alors, balbutiant :
« J-Je suis Noïko Neloo, ou juste Neloo. Peut-être le saviez-vous déjà. C’est que vous semblez me connaître. La dépression, le manque d’appétit et de sommeil, et…les oiseaux, c’est bien moi. » Il tenta de la regarder dans les yeux, le temps de prononcer rapidement un « Je n’y toucherai plus, je vous le promets ma dame. » Puis il rebaissa immédiatement le regard vers les brins d’herbe à ses pieds. « C’est bien aimable à vous de vouloir m’aider, Dame Aaliah, mais personne ne peut plus rien pour moi. Le fardeau, comme vous l’appelez, de la mélancolie m’a pris il y a longtemps, et il ne m’abandonnera pas de si tôt. J’attends alors de mourir ici, et m’entailler les veines est la seule distraction qui me reste. Alors, je comprends que vous ayez des obligations envers votre race, bien que je croyais les Bélua moins sociaux, mais je vous en prie, laissez-moi ici. »
Soudain, Neloo réalisa qu’il n’avait fait part d’aucune de ses interrogations. Il s’était contenté de repousser sa supérieure… Il n’avait même pas vraiment réfléchi, et le fil de sa pensée s’était tout naturellement déroulé à travers ses mots. Grossière erreur, pensa alors Neloo. Il avait comme l’impression d’avoir désobéit à l’ordre d’Aaliah, même si elle l’avait simplement formulé comme une invitation à poser des questions. Il trembla à l’idée de l’agacer en lui ayant fait perdre son temps. Il reprit donc vivement :
« J’ai néanmoins quelques questions… C-Comment pouvez-vous savoir pour ma…dépression, mon errance ? Elles ont toujours fait parti de moi, cependant, vous avez parlé d’une nouvelle vie. Que voulez-vous dire ? Mais surtout, que me voulez-vous ? Je ne suis rien. » Sa dernière phrase mourut en silence entre ses lèvres pâles.

Il s’inquiétait sérieusement. Bien que la dame semblait dépourvue de mauvaises intentions, Neloo s’en défiait. Il sentait de la gravité émaner des révélations d’Aaliah, mais il ne comprenait pas de quoi il s’agissait : Je passe à côté de quelque chose, je n’aime pas ça.

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Aaliah Z'Odra
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Aaliah Z'Odra
Dim 06 Mar 2016, 21:31



« Hum… » fit l’Ombre en écoutant le jeune homme s’enfoncer un peu plus encore dans la médiocrité.

Intérieurement, Aaliah se demandait à quel moment elle avait parlé dans une autre langue. Par à partir des oiseaux, en tout cas, puisque ça, il l’avait compris. Au moins, lui promit-il de ne plus jamais y retoucher. C’était déjà un bon point. Son esprit semblait avoir volontairement fuit ses propos sur sa mort. Interloqué par cet ingénu qui ignorait tout de sa situation, elle le laissa parler sans l’interrompre alors même qu’elle lui avait demandé de simplement poser des questions. Elle arqua un sourcil étonné lorsqu’il la compara à une Bélua. D’un côté, cela la flattait qu’il pût la confondre avec l’un des siens, d’un autre, cela lui faisait comprendre que cet homme était loin, très loin de connaître sa situation présente. D’ailleurs, ses questions ne laissèrent aucun doute sur l’état de sa perdition. Il s’étonnait de ses connaissances sur sa dépression.

L’Ombre inspira même si cela ne lui était guère nécessaire pour respirer, afin de réfléchir à ses prochaines paroles. Assurément, elle n’avait pas était assez clair dans ses propos. Cependant, elle ne pouvait pas se laisser défaire par tant d’innocence, les autres Ombres risquaient de l’attendre au tournant si elle revenait pour quémander de l’aide. Certes, elle n’avait encore jamais vraiment guidé une Ombre dans sa nouvelle vie, mais cela ne devait pas être si difficile pour laisser cette tâche à des Ombre de rang inférieur.

« Nous allons reprendre, je crois que vous m’avez mal comprise… finit-elle par lâcher après quelques instant de réflexion mentale. Premièrement, je ne suis pas une Bélua… même s’il peut m’arriver de me faire passer pour cette race. L’avantage de pouvoir se transformer de temps à autre en animal, pensa l’Ombre, mais mieux valait ne pas trop embuer l’esprit du jeune Neloo. Deuxièmement… Inutile d’attendre la mort, fit-elle en plaçant son regard au même niveau de l’Ombre, espérant ainsi faire passer correctement son message. Mon très cher Neloo… commença-t-elle sur un ton qu’elle renduit doux grâce à sa maîtrise de l’illusion et qui n’annonçait rien de bien rassurant pour la suite. Vous êtes déjà mort, votre petite distraction à porter ses fruits, vos veines n’ont pas tenu le coup. Vous en faites plus partie du monde des vivants, ni de la race des Béluas. Vous êtes une Ombre… Comme moi. Je suis ici pour vous guider dans votre nouvelle errance et je ne veux rien d’autre que vous aider »

Portant son regard au loin, l’Ombre s’interrogea si elle devait lui reparler de son cadavre qui devait pourrir certainement quelque part. S’il ne pouvait s’éloigner de la forêt, c’était parce que son enveloppe de chair était là. Il était d’ailleurs étonnant qu’il ne s’en fût pas rendu compte. Il devait être dans une grande dépression ou vraiment très loin dans une folie pour ne pas avoir remarqué ce détail, probablement de taille. Aaliah passa une main dans ses cheveux, réfléchissant à ces paroles précédents. Il lui semblait avoir oublié quelque chose.

« Ah oui, fit-elle en repensant à son oubli. Une Ombre, c’est ce que l’on devient lorsqu’on se suicide. Je sais, il serait sympathique de prévenir, mais c’est ainsi. Celui qui s’ôte volontairement la vie, se condamne à une vie éternelle d’errance où la mort et délivrance qu’il cherchait tant à trouver lui est interdite. C’est pour cela que manger ne vous intéresse plus. Votre tâche désormais, et lorsque vous serez apte à quitter se lieux, sera de nous aider à faire vivre notre race en engendrant d’autres Ombres à travers le suicide qui vous imposerez à certaines personnes. »

Vu comme cela, le monde des Ombres n’était pas très accueillant, c’était un fait. Cependant, Aaliah ne voyait pas pourquoi elle enjoliverait certaines choses, même si le peuple des Ombres risquait de connaître des changements dans l’avenir. Puis, pour rassurer le jeune Neloo, elle prit une derrière fois la parole.

« En fait, vous aviez raison sur un point, fit-elle en penchant la tête pour se remémorer les paroles de Neloo. Vous n’êtes rien. Du moins, vous n’êtes plus rien. Aux yeux du reste du monde Yinois, vous n’existez plus… Revenons donc à ce qui m’amène près de vous : avez-vous des questions sur votre nouvelle condition ? »

Aaliah arbora un sourire qui se voulut rassurant, même si la situation n’en méritait pas. Il n’y avait rien de joyeux à apprendre que l’on était mort et condamné à la fois. L’Ombre espérait juste qu’elle n’aurait pas à le lui répété une nouvelle fois. S’il n’avait pas encore comprit, alors, elle lui mettrait le nez dans son cadavre pour que son esprit réalisât son état. Sûr, elle le ferait réellement ! Aussi, elle croisa les bras et attendit calmement, comme si de rien n’était, que le jeune Ombre manifesta ses questions.

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Mar 08 Mar 2016, 01:10

À l’instant-même où Aaliah eût prononcé ces mots, ceux-ci ne cessaient de résonner entre les tempes de Neloo : Vous êtes déjà mort, déjà mort, déjà…m o r t. Alors, l’évidence se tissa peu à peu, de plus en plus palpable pour son esprit, à travers les morceaux de réalité que mentionnait Aaliah. Désespérément, Neloo tentait de repérer le moindre grain de sable qui aurait pu enrailler l’engrenage faisant coïncider les faits avec ces révélations. Déjà, déjà mort…  Remettre en cause les dires de la jeune femme demeurait la seule idée qui n’avait même pas effleuré la surface de ses pensées. Cela reviendrait à se soustraire à son autorité ; et cette résistance relevait de l’absurde tant la pression qu’elle exerçait sur lui s’intensifiait à chaque instant – du moins lui semblait-il.

Puis, vaincu par les intonations aussi douces que persuasives de son interlocutrice, il abandonna. Il sût qu’il ne pouvait mourir. Plus jamais. Sa propre vie, et donc sa mort, ne lui appartenaient plus. Pire, elles s’étaient toutes deux dérobées à lui sans qu’il ait pu jouir de la liberté de cet instant tant espéré. L’instant crucial où il était enfin passé à trépas avait été…gâché ! Et lui qui avait sottement cru jusqu’à présent que plus rien ne lui restait entre les mains ! Maintenant, sans plus aucune emprise possible sur son existence, il avait vraiment tout perdu. Une vie de souffrances, de tortures tant physiques que mentales, pour rien. Il semblait à Neloo qu’il tombait infiniment dans un puits sans fond, contre les parois duquel étaient accrochés ses derniers espoirs. Néanmoins, il ne pouvait se raccrocher à ceux-ci, qui s’évaporaient entre ses bras, et il chutait à toute allure vers le néant. Quand enfin il s’extirpa de ce vertige, une large boule creusa son ventre pour s’y faire une place, suivie d’une plus petite dans la gorge. La première cavité, douloureuse, fit ressurgir en Neloo de nombreuses angoisses viscérales, tandis que la seconde lui donna terriblement envie de pleurer.

Neloo serra les cuisses contre sa poitrine avec ses bras, et baissa la tête pour enfouir son visage dans ses genoux. Bientôt, de grosses larmes terreuses roulèrent en silence le long de ses maigres joues. Aaliah avait achevé ses explications. Le nouvel Ombre avait vaguement écouté la suite, trop occupé par les maux qui s’accumulaient en lui, mais il avait compris l’essentiel : il appartenait désormais à une race méconnue de tous, les besoins vitaux ne s’appliquaient plus à lui, et surtout, il ne pouvait plus mourir. Cette dernière idée resurgit violement en lui, jusqu’à lui donner la nausée. Neloo se mordit la lèvre jusqu’au sang, et secoua la tête avec fureur de gauche à droite, comme pour refouler ce qui était maintenant bien plus qu’une simple constatation : l’immortalité faisait partie de lui. Cette chose qui l’empêchait de mourir était là, dans son corps. Il devait la détruire.

Dans un élan de frénésie extrême, il empoigna la dague qui pendait à son cou, tourna la lame vers lui, et enfonça furieusement l’arme jusqu’à la garde dans son torse. À six reprises, il s’acharna à percer un trou dans sa chair, mais à chaque fois, il ne rencontra aucune résistance. Il voulut alors s’ouvrir entièrement les veines des avant-bras, mais lorsqu’il les considéra, ses membres avaient disparus ! Ces derniers n’étaient plus qu’une vague forme sombre, fumée dense mais translucide. Immatériels. Invulnérables à la blessure. Neloo sembla se calmer un instant, à bout de souffle. Puis, il cessa de respirer, net ; et cela ne perturba pas son organisme le moins du monde. Encore une fois assailli par la rage, il poussa un hurlement, renversa la tête en arrière, et sentit les larmes chaudes s’agglutiner sous ses yeux.

De sa vue troublée, il distingua les contours d’Aaliah, ce qui lui rappela soudain sa présence. Quel imbécile il devait faire. Il avait attendu la mort toute sa vie, sans avoir le courage de se tuer purement et simplement ; et à présent qu’il apprenait être éternel, il tentait vainement de s’assassiner. Et ce devant une dame !

Fixant Aaliah, Neloo se concentra tant bien que mal pour contenir ses pleurs – qui, cependant, continuèrent à s’écouler –, ne cessant de déglutir difficilement. Enfin, il se mit à parler d’une voix rauque :
« Excusez-moi… Je crois bien q-que rien de pire ne pouvait arriver. C’est difficile à accepter. » Sa gorge nouée l’empêchait d’articuler correctement. Un sanglot secoua sa poitrine. Il attendit que celui-ci passe avant de reprendre : «  Qu’est-il arrivé à mon corps ? Enfin, je… je veux dire à ça.  ». Il se désigna maladroitement. « Avant, j-j’avais bien cru que c’était m-mon corps, mais on ne p-peut plus a-appeler ça c-comme ç-ça, n’est-ce pas ? » Il fit encore une légère pause, pour se calmer. « Et puis, que faire pour échapper à cette condition. Pas à cette malédiction, mais à ça ! » Cette fois, il fit un large geste englobant la forêt. « Si je ne peux sortir… Quel but à tout ça ? La vie d’Ombre, c’est errer encore et encore, comme dans ma vie passée, mais en sachant que celle-ci n’aura pas de fin ? »

Neloo réalisa qu’il venait d’utiliser le terme « Ombre ». Cela lui arracha un ricanement nerveux, et un affreux rictus se figea sur visage.

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Aaliah Z'Odra
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Aaliah Z'Odra
Mar 08 Mar 2016, 22:17




Bon... Au moins, il avait pris conscience de sa situation. Telle était la pensée d’Aaliah en ce moment qui, toutefois, se demandait si elle n’avait pas était un peu trop directe. La Gardienne avait du mal à doser correctement ses paroles. Elle haussa les sourcils, ouvrant des yeux étonnés devant la réaction de Neloo. Certes, elle savait qu’il ne sauterait guère de joie, mais elle ne s’était pas attendue à une telle réaction. Aussi, la jeune femme recula d’un pas. Une manière de dire à quiconque viendrait à venir en ce lieu : non, je ne connais pas cette personne. Elle avait honte pour lui de le voir pleurer et ne pouvait s’empêcher de regarder alentour si personne ne pouvait la reconnaître. Elle passerait pour quoi ? Une tyrannique ? Une persécutrice ?

Aaliah fit un second pas en arrière lorsqu’elle vit la jeune Ombre tenter de se suicider une nouvelle fois… Et ce, à plusieurs reprises. Assurément, elle n’était pas faite pour guider les nouvelles Ombres dans leur vie d’errance. Heureusement, personne n’était pour voir sa brillante prestation. Encore que, le hurlement soudain de Neloo risquait d’attirer l’attention. Il risquerait de la faire passer pour une égorgeuse de cochon à rager ainsi ! Déjà qu’il l’avait fait sursauter avec ce cri des entreilles. Elle fronça les sourcils, prête à lui hurler dessus à son tour, mais parvint à se contenir. Cela n’aurait pas amélioré la situation et puis, la jeune Ombre semblait retrouver son calme. Aussi, elle écouta ses mots tout en se convainquant intérieurement qu’elle était là pour l’aider et le guider, et qu’elle devait rester calme et sereine. *Calme et sérénité, Aaliah, tu es une Gardienne, tu sais maîtriser tes émotions !*

« Alors, tout d’abord sache qu’il y a toujours moyen de vivre pire... », commença l’Ombre en évitant toutefois de lui dire que s’il tenait à mourir réellement, il lui restait la possibilité de se rendre à Utopia dès qu’il serait assez fort pour quitter son lieu de décès. Là, il comprendrait le terme « vivre pire ». Il n’était guère agréable de sentir l’anti-magie annihilée tout ce qu’il restait d’une existence.
Psychopathe ! fit alors une voix derrière elle. Faire déprimer une Ombre.... C’est qu’on l’a entendu hurler de loin !
Grand-père, qu’est-ce que tu fais ici ? répondit la jeune femme en tapotant le sol d’agacement. Je suis en mission là, ça ne se voit pas ?
Honnêtement… non »

Enervée, la jeune femme attrapa le bras de son défunt grand-père qui ne chercha pas à échapper à sa poigne. Ombre de nature également, il aurait pu devenir brume et fuir au loin, mais il n’était pas de ce genre-là. Il appréciait se comporter normalement, comme pour oublier sa race. Aaliah l’emmena à la lisière de la forêt, là où elle était certaine que le jeune Neloo ne pouvait tendre ses oreilles pour les écouter, puisqu’il était encore incapable pour le moment de s’éloigner du lieu de son suicide. Du moins, espérait-elle avoir calculé correctement les distances…

« T’es pas en mission là ? Parce que ce n’est pas très professionnel de laisser une nouvelle Ombre toute seule après lui avoir annoncé sa mort. C’est très déstabilisant. Il doit souffrir et toi, tu l’abandonnes… Une vraie psychopathe !
Tais-toi, fit l’Ombre en se frottant les yeux de lassitude. C’est toi qui vient me déranger en plein mission pour me traitée de psychopathe.
Demande son avis à Neloo… Il ne va certainement pas te décrire comme une charmante jeune femme
Je me fiche de ce qu’il pense de moi ! Répondit aussitôt l’Ombre énervée. Je suis là pour lui dire ce qu’il est et ce qu’on attend de lui, à point c’est tout.
Ah oui ? Sûr que tu te feras encore une belle réputation quand il racontera à toutes les autres Ombres la manière dont tu lui as apprise la nouvelle.
Je… fit l’Ombre, avant de réaliser qu’il n’avait pas faux. Il serait capable de lui faire une mauvaise réputation ce Neloo ! Déjà que si on apprenait qu’il avait tenté de se suicider à six reprises après qu’elle lui eût annoncé sa mort… Bon, ben, je vais retourner près de lui et le rassurer sur son avenir.
Puis, n’oublie pas, c’est une ancien Bélua… Maintenant c’est une Ombre, lança son grand-père sur un ton désinvolte. Bélua… Ombre, ça me rappelle quelque chose. Si tu veux des membres pour ton futur empire, faut peut-être commencer à amadouer les nouvelles qui rejoignent notre race, sinon elles voudront te fuir tout le reste de leur vie... Et leur vie est longue. Après, tu sais ce que je pense de ton projet, t’en parles beaucoup, mais il n’y a rien qui avance…
Je te prouverai que je peux faire de grande chose grand-père ! Et ton pessimiste concernant mon empire tu te le gardes pour toi ! Tu m’exaspère ! ragea l’Ombre avant de tourner les talons pour rejoindre Neloo et mener à bien sa mission première.
Psychopathe ! » murmura le vieillard en disparaissant dans la brume. Sa voix raisonna à travers les branchages, traversant la forêt pour suivre la jeune femme.

Son grand-père aimait la pousser à bout en restant persuader qu’elle ne pourrait jamais mener à bien ce qu’elle entreprenait. Certes, elle ne faisait pas toujours les choses de manière correcte, mais elle arrivait de temps à autre à les remettre dans l’ordre. Arrivée à la hauteur de Neloo, elle s’excusa rapidement de son absence, sans fioriture, ni explication. Elle était partie discuter, c’était tout. Recevoir des excuses d’Aaliah était déjà un privilège en soi.

« Bon, revenons à votre mort, reprit l’Ombre avant de réaliser qu’elle manquerait définitivement de tact. Etre une Ombre, ce n’est pas si terrible… au début, peut-être, après… c’est une question d’habitude et de maîtrise. Et ça, fit la Gardienne en montrant son propre corps. C’est notre apparence. Notre corps ne nous définit plus, nous ne sommes que brume, mais notre illusion nous permet de lui offrir celle que l’on veut. Pour illustrer ses propres, la jeune femme repris son apparence initiale et disparut dans les Ombres avant de revenir auprès du jeune homme. Cela nous permet de voyager à travers les ombres et de nous rendre où bon nous semble rapidement. La vie d’Ombre est bien plus complexe que cela, mais vous le découvrirez en évoluant au sein de notre race. Pour le moment, vous ne pouvez quitter ce lieu, mais lorsque vous aurez trouvé la force nécessaire en vous, vous y parviendra. Il vous faudra alors vous assurer de l’équilibre de notre population…
Ah ben, ça, c’est joliment dit, mieux que la première fois, se permit de commenter une voix rocailleuse, montrant implicitement qu’il écoutait depuis au moins le début de la conversation. Aaliah avait en effet était bien plus directe, même si elle doutait que le jeune Ombre avait retenu la phrase «  pousser les gens au suicide » au vue de la réaction que la prise de conscience de sa condition avait provoqué. L’Ombre soupira
Grand-père, nous nous passerons de tes réflexions, merci ! fit la jeune femme sans même prendre la peine de chercher du regard son ancêtre. A tous les coups, il restait caché dans la brume. Etes-vous rassurez sur votre but, Neloo ? »

Elle lui aurait bien demander s’il avait d’autres questions, mais cela risquait de faire répétitif, aussi, elle avait opté pour une autre formulation qu’elle voulait courtoise et rassurante, histoire de casser un peu la mauvaise image que Neloo pouvait se faire d’elle au vu de ce début d’entrevue.


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Jeune Ombre en détresse [RP privé Aaliah] CLDAsI2

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Dim 27 Mar 2016, 17:22


Neloo n’avait pas remarqué les mouvements de recul d’Aaliah. Il ne concevait pas un instant que ses cris, ou le moindre de ses actes, auraient pu impacter le réel. La scène, depuis l’arrivée de la Gardienne, flottait hors de la réalité, hors du temps, et n’était que brume dans l’esprit du jeune Ombre – et elle le resterait certainement toujours. Si Neloo réalisait peu à peu les importantes conséquences du récent événement sur sa vie, il ne parvenait à le relier au monde réel. Ce monde qui s’étendait tout autour d’eux, et qui continuerait à vivre comme à son habitude, lui. Or, dans la tête de Neloo, plus rien n’existait, pas même la forêt, en dehors d’Aaliah. Il se cramponnait à sa présence, comme si elle demeurait la dernière chose encore vraie ici.


Aaliah avait tout juste repris la parole quand une voix profonde la coupa net. Le jeune homme ne comprit pas quoi exactement le ramena avec violence à la réalité, suspendant immédiatement sa respiration et ses larmes. Peut-être était-ce le fait qu’il reprit soudain conscience du reste du monde. Peut-être était-ce la discrétion dont avait fait preuve le nouveau venu : on n’avait pas entendu un craquement, ni même un souffle. Ou bien le fait que l’homme s’était adressé à Aaliah avec familiarité, la jugeant. Pire, il l’avait interrompue ! En vérité, jamais Neloo n’avait rencontré quelqu’un du rang d’Aaliah. Il émanait d’elle une telle prestance qu’il en avait oublié qu’elle n’était pas un Aether, ou chef de race, et qu’on eût pu avoir une autorité supérieure à celle de la Gardienne. En tous cas, quelque qu’en fut la raison, Neloo releva vivement la tête, curieux de voir qui était assez audacieux pour s’exprimer de la sorte envers Aaliah. Les yeux encore humides, Neloo ne distinguait que vaguement l’homme. Simplement, il vit un personnage peu ordinaire, vieux mais pas trop, barbu, et se tenant fermement sur ses jambes.


Lui et Aaliah échangèrent quelques mots secs. Neloo comprit par cet échange que le vieil homme, grand-père d’Aaliah, désapprouvait… En fait, il ne saisit pas bien ce que le nouveau venu désapprouvait, mais il semblait ne pas se ranger à l’avis de sa petite-fille. D’ailleurs, cette dernière l’emmena prestement hors de la forêt.

Soudain délesté de la présence d’Aaliah, Neloo eu le vertige, son cœur tomba dans sa poitrine. Il se sentait vidé de la pauvre énergie qu’il lui restait. Il aurait presque eu envie de dormir. Non pas que la fatigue l’eût gagné – cela ne lui était pas arrivé depuis des lustres et ne risquait pas de se reproduire de sitôt -, mais simplement il voulait fuir cette situation, oublier ce qu’il lui arrivait, fermer les yeux pour ne plus les rouvrir. Pourtant, son regard restait figé à la lisière du bois, où Aaliah et son grand-père avaient une conversation animée, sans lui porter attention. Neloo ne s’était pas interrogé sur les raisons qui avaient poussée Aaliah à aller discuter plus loin, et il ne cherchait pas particulièrement à entendre leur dispute. Seulement, si la distance était trop grande pour la voix de la dame, celle du vieil homme portait jusqu’au jeune Ombre. Préoccupé par sa nouvelle condition, il rangea sa dague, essuya la terres mêlée aux larmes sur son visage, recoucha ses oreilles de loups dans ses cheveux –depuis quand étaient-elles dressées sur sa tête ?-, calma sa respiration, sans se soucier des bribes de discussion que lui transmettait la voix de l’aïeul. Ou du moins, pas avant qu’il eût été question d’un empire. L’empire d’Aaliah.

La dame serait donc une affranchie ? Visiblement, elle ne lui avait pas tout dit. Qu’attendait-elle véritablement de lui alors ? Etait-elle là, comme elle l’avait prétendu, pour l’aider, ou lui avait-elle menti sur ses véritables intentions ? De ce qu’il entendit de plus, son ancienne race n’était pas sans rapport avec cette histoire. C’était donc pour ça qu’elle était venu le voir, lui en particulier ? Etait-elle une amie des Béluas, ou au contraire venait-elle le chasser ? Son instinct, réprimé jusque-là, lui fit sentir une menace, lui hurla de fuir tant qu’il le pouvait. Il se dressa sur des jambes tremblantes, et du se tenir à un arbre pour faire demi-tour. Avant de s’élancer, il jeta un regard en arrière vers Aaliah. Trop tard ! Elle revenait vers lui ! Il eût la forte impression que sa fuite n’aurait pas été tant appréciée, et que, de toutes manières, elle aurait été vaine : on l’aurait aisément rattrapé. Alors, il fit volte-face, se figea, raidit, et regarda vraiment Aaliah dans les yeux pour la première fois. Il ne vit aucune émotion transparaître dans ses prunelles, une telle dame devait avoir appris à dissimuler ses états d’âmes aux inconnus. Le grand-père, lui, avait disparu.

La discussion aurait pu reprendre là où elle s’était arrêtée, mais c’était sans compter sur les inquiétudes de Neloo au sujet de la vérité sur Aaliah. Cependant, avant qu’il eût le temps d’ouvrir la bouche, Aaliah s’excusa. Elle était devenue beaucoup plus douce, calme, rassurante... Ses intonations paisibles balayèrent alors les doutes du jeune Ombre, et avec eux la petite voix qui lui recommandait de se méfier. Il n’eût plus la force, ni même la volonté, de s’opposer à l’autorité d’Aaliah qui avait repris toute son emprise sur lui, et il écouta attentivement ce qu’elle avait à lui apprendre. Il comprenait bien qu’elle était la seule à pouvoir l’aider pour le moment, et mieux ne valait pas cracher sur ce soutien. Elle lui expliqua l’Illusion, les ombres, son rôle au sein de la race... Elle avait déjà plus ou moins mentionné tout ça, mais à présent que Neloo avait repris ses esprits, ces informations trouvèrent enfin un sens dans sa tête.


Soudain, la voix du vieux se fît entendre. Si Aaliah ne sembla pas étonnée, Neloo sursauta. Il eût beau scruter entre les arbres, sur ses gardes, il ne vît personne. Clairement, il n’aimait pas ce vieux. Il ne voyait pas ce qu’il avait à voir avec l’affaire. De plus, Neloo le tenait désormais pour responsable des doutes qu’il avait émis envers Aaliah. Alors que de toute évidence, elle est là pour m’aider, n’est-ce pas ?! Et puis, tel l’oisillon couvert de duvet qui prend comme mère le premier être sur lequel se pose son regard, Neloo avait pris comme protectrice Aaliah. Il ne serait sûrement pas allé jusqu’à dire qu’il l’appréciait, non, mais elle incarnait un certain modèle, du moins. Aussi cet homme, qu’il eût été son véritable grand-père ou non (l’idée même qu’Aaliah ait pu avoir de la famille était étrangère à Neloo), ne s’attirait pas la sympathie de l’Ombre, à contrarier de la sorte son maître. Heureusement que ce dernier ne se laissait pas faire face à ce malotru !


Quand elle lui accorda de nouveau la parole, Neloo pensa d’abord à lui présenter sa gratitude. Lui-même ne savait pas trop s’il en avait envie, mais cela ferait certainement bien. Il se ravisa néanmoins, tant son imprévisible interlocutrice aurait pu curieusement réagir à ce genre de révérence. Alors, il hocha la tête une fois, de manière appuyée.

« Il faut que j’aille retrouver mon corps, le cacher, articula-t-il doucement d’une voix qu’il trouva étonnamment bien assurée. Le laisser pourrir à l’air libre n’est pas une bonne idée. Sans compter que ça risque d’effrayer des voyageurs. »

Il repensa à sa rencontre avec Babelda et Javaah. Lui et ces deux voyageuses avaient été victimes d’épouvantables hallucinations collectives dans la forêt. Ils avaient par hasard trouvé sa dépouille au pied d’un arbre, mais avaient cru à une de ces horribles illusions. Maintenant, il comprenait qu’il n’en était certainement rien. Il pensait se souvenir de l’endroit, et il pourrait y retourner brûler ce qu’il restait de son corps. En parlant de corps…

« Je dois aussi apprendre à contrôler ma nouvelle apparence. Pour me fondre parmi les autres. » Neloo considéra sa main. Elle n’était plus un simple nuage, mais conservait un aspect fantomatique. « Seulement, quand je serai prêt, je n’aurai aucune idée d’où aller. Le seul endroit où ma présence est tolérée est chez ma mère. Mais je ne peux pas y retourner à présent. Elle doit me croire mort depuis le temps. » Il ravala un sanglot à l’idée que sa mère n’avait pas tort sur ce point, et qu’il ne la reverra jamais. « Mon retour l’achèverait. Je m’acquitterai de mon devoir d’Ombre avec honneur, je vous le promets dame Aaliah, si vous voulez bien m’indiquez sur quelles terres on peut trouver notre peuple.»


Quelque part, Neloo était soulagé de pouvoir appartenir à une race, enfin. Ne plus être une créature bâtarde, mais compris par les siens, eux aussi des âmes poussées au refuge du suicide. Bien sûr, la mélancolie ne l’avait pas quitté, elle faisait trop partie de lui pour qu’un simple changement de race l’eusse fait fuir. Sa poitrine serait toujours aussi creuse, lui semblait-il. Cependant, il voulait croire à cette nouvelle vie, où une activité lui était promise. Cela lui permettrait peut-être de s’oublier à la tâche, au lieu de s’abandonner à la langueur.  

Neloo eût soudain l’envie de retrouver sa solitude d’avant, sa forêt, afin de pouvoir penser tranquillement en se tailladant la peau. Une profonde tristesse l’envahit quand il réalisa que, même une fois Aaliah partie, tout aurait changé. À présent, il avait un peu de volonté à réaliser ses objectifs, à sortir de la forêt. À moitié abattu à l’idée de ne plus pouvoir s’envelopper dans la dépression, à moitié apaisé par ses espoirs, il attendait qu’Aaliah lui donnât la dernière information qu'il avait demandé, avant que de prendre congés de lui. Enfin, il espérait que c'était ce qu'elle ferait. Car, même si Neloo ne demandait qu'à partir, Aaliah n’était certainement pas le genre de personne à qui on tournait le dos impunément.

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Aaliah Z'Odra
~ Ombre ~ Niveau I ~

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Aaliah Z'Odra
Sam 23 Avr 2016, 21:30




Le jeune Ombres semblait un peu mieux assimiler les informations concernant sa nouvelle nature et les missions qui seront désormais les siennes. Aaliah était rassurée de le voir dans un état plus calme. Elle espérait ainsi qu’il parlerait d’elle en bien ou du moins, qu’il n’entacherait pas plus sa réputation de femme au très mauvais caractère. La gardienne était un brin susceptible et rare était ceux qui ne se faisaient pas hurler dessus lors d’une discussion. Même si elle cherchait à conserver une certaine sérénité pour paraître aimable aux yeux de Neloo, il ne put s’empêcher d’arquer les sourcils effrayé à l’idée que ce dernier allât cacher son corps. Sa nature revint aussitôt au galop.

« Avez-vous donc si peu de dignité pour vous-même ? » lâcha-t-elle mécontente, réalisant après coup que, contrairement à elle, ce dernier n’avait pas de famille pour s’occuper de l’inhumation de son corps. Elle fit semblant de tousser pour chercher à prendre une autre voix, plus familière et douce. Surtout, lorsque le jeune Neloo aborda le sujet délicat de sa mère et qu’il ravala un sanglot. Aaliah avait presque oublié sa propre douleur lorsqu’elle avait connu cette douloureuse peine d’être mort et à la fois vivant… et encore, les Ombres étaient maudits pour leur acte.

« Il serait effectivement délicat de revenir auprès d’elle, lui confirma-t-elle plus pour briser le silence qui s’installait entre eux plutôt que par réel intérêt pour la famille de Neloo. Du moins pour le moment, un jour peut-être, sous une autre identité» ajouta l’Ombre pour atténuer la douleur de la perte d’une mère.

L’avantage d’être une Ombre était que le temps n’était plus une fatalité. Se fondre dans la masse avait également un avantage. Celui d’observer et revoir parfois des gens du passé sans que ceux-ci s’en rendît compte. Puis, l’on ne savait jamais ce que le destin réservait. Aaliah avait bien retrouvé la trace de son ancien aimé. Certes, la rencontre ne fut pas des plus romantiques et sa présence lui était insupportable, mais les faits étaient là. Celui qu’elle pensait ne plus jamais revoir pouvait parfois apparaître devant elle. Généralement, il était accompagné du Chaman… Chassant une mèche de cheveux en même temps que ses souvenirs, l’Ombre reporta son attention sur Neloo. Il avait accepté son rôle et la fatalité de son acte avec une aisance étonnante. Aaliah avait mis bien plus de temps pour accepter son propre suicide tout comme la mort de son aimé. Elle avait erré seule, cherchant  le meurtrier et sa vengeance. Si elle avait un jour réussi à croiser son chemin de l’assassin d’Eldarius, sa vengeance ne fut jamais accomplie. Il avait un jour disparu et puis, un autre jour, ce fut au tour de sa peine. Probablement parce qu’elle maitrisait mieux l’illusion d’Edel et les émotions que celle-ci pouvait lui faire croire. Elle passa une main dans ses cheveux pour défaire un nœud imaginaire que le vent aurait fait en soufflant dans sa tignasse pour dompter son esprit un peu trop vagabond. Cela expliquait la raison pour laquelle elle refusait bien souvent d’aider les nouvelles recrues. Cela lui rappelait trop ses propres souvenirs, pourtant bien lointain.

« Quand l’heure sera venu pour vous de quitter ses lieux, se serait ravie de vous conduire parmi les nôtres… ou d’envoyer une amie, il m’arrive d’être fort occupée » ajouta-t-elle en réalisant que le jour où il serait venu pour Neloo de quitter son lieu de décès, elle ne ferait peut-être plus partie du royaume des Ombres. « Inhumer son propre corps est difficile… Et plus encore quand on est fait de brume. Je vais vous aider à donner à votre ancien corps une dernière demeure digne. Une épitaphe est toujours intéressante si vous ne souhaitez pas que des voyageurs piétinent votre tombe. Et puis, ainsi, si une question vous à l’esprit, ce serait encore là pour y répondre. A moins que vous souhaitez être seul pour vous recueillir… »

Aaliah se souvenait qu’elle appréciait peu d’avoir de la compagnie quand elle se recueillait naguère encore sur la tombe de son aimé. Après, les instant où elle appréciait la compagnie était rare… Elle n’était donc pas vraiment un exemple. Certains appréciaient d’être épaulés dans ses moments difficiles. Peut-être était-ce le cas pour Neloo et l’Ombre ne voulait pas vraiment le laisser si cela lui était pénible. Une façon de lui montrer qu’elle serait là pour l’aider s’il avait besoin d’elle. La jeune femme espérait par ce geste redorer son blason et casser sa réputation d’asociale glaciale.  

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Dim 22 Mai 2016, 12:35


Même si en apparence Aaliah lui laissait le choix,  Neloo se sentait pris au piège, et la volonté de résister à la jeune femme lui manquait. Il demeurait muet, les bras ballants, le regard posé sur le sol. Quand Aaliah eût terminé de lui proposer – ou plutôt imposer, du point de vue de Neloo – son aide, le jeune Ombre la regarda, soupira doucement, et lâcha : « C’est par là-bas… Je crois… ».

À la vérité, il ne savait absolument pas il allait. Il suivait simplement cette force que le liait tout entier à la forêt. Si sa condition l’empêchait de quitter son lieu de mort, l’origine de l’attraction émanait certainement de l’endroit précis où la vie l’avait abandonné. Et, si rien de fabuleux ne s’était produit, son cadavre devrait toujours s’y trouver.

Neloo se laissait donc envahir par l’attraction, progressant en ligne droite à travers les broussailles. Puisqu’il n’était que fantôme, les branches épineuses qui d’ordinaire lui auraient lacéré les jambes semblaient être la caresse d’un courant d’air sur la peau. Il se trouvait dans un état second, perdu dans ses pensées, en essayant de démêler le vrai du faux tant les événements de cette journée paraissaient irréels. Au fur et à mesure de la marche, Neloo s’accommodait de la présence d’Aaliah. Et même, quelque part, elle le rassurait. L’ancien Bélua jouait avec sa nouvelle apparence, essayant de disparaître dans l’ombre, ou de donner une consistance brumeuse à sa main. Peu habile, il tenta de demander à la Gardienne : « Comment faîtes-vous pour contrôler votre apparence ? ». Parfois, il posait d’autres questions (Une Ombre peut-elle un jour trouver le repos de l’âme ? Quels dieux prient les Ombres ? Pourrait-il un jour sentir à nouveau la douleur physique, ou même la faim ?...), mais n’écoutait que d’une oreille les réponses, et ne régissait aux dires de la jeune femme que par de discrets hochements de tête, se contentant d’avancer dans la végétation. À un moment même, il voulut interroger Aaliah sur les raisons de son propre suicide, puis se ravisa vite, et préféra lui demander comment elle vivait sa situation à présent.

Soudain, l’Ombre cessa sa marche. Sous l’effet de la puanteur, il se couvrit immédiatement le nez et la bouche de sa main et s’arrêta de respirer par réflexe. Bien vite, il ressentit que l’air ne lui manquait pas, et ne reprit plus sa respiration dès lors.

Doucement, il s’avança vers une masse reposant à moitié contre un rocher, source évidente des effluves de putréfaction. Plus il s’avançait, plus la masse apparaissait humanoïde. Sur le visage du mort, Neloo reconnut des traits familiers. Familiers, mais étranges… La bouche était tordues, les yeux voilés – même l’iris dorée ne brillait plus -, les joues creusées, les cheveux hirsutes collés sur le front avec du sang séchés… Pas de doute, c’était bien lui, c’était son corps.

Neloo sentit monter en lui une profonde haine pour cette chose, cette affreuse et honteuse chose à même le sol qui avait été lui autrefois, mi-homme mi-bête, enveloppe de douleur recouverte de cicatrices et de sang séché, dont des parasites avaient commencé à se nourrir. Cette colère sourde, qui l’avait toujours rongé de l’intérieur, explosa enfin après tant d’années frustrations : Neloo frappa du poing sa carcasse à la tempe. Le crâne bascula sur le côté avec un craquement. Les chairs de la nuque se déchirèrent, laissant apparaître l’intérieur du corps, grouillant… L’Ombre aurait voulu se frapper encore, jusqu’à en perdre sa rage. Néanmoins son inconscient protesta vivement, lui donnant l’impression d’être pris de nausée, bien que cela fût impossible.

Il s’accroupit, face à son corps, la tête entre les mains, tentant de se calmer. Si son corps était là, devant lui, alors pourquoi souffrait-il encore tant ? Ce trou béant, au plus profond de sa poitrine, était toujours douleur, et la noirceur de ses pensées ne s’était pas envolée. S’acharner sur ce cadavre ne servirait à rien. Ce n’était plus qu’un vulgaire morceau de viande putréfiée. Ce n’était pas lui, plus lui. Cette rage sourde n’était dirigée que vers lui-même, il lui faudra la supporter, encore, comme toujours. Cacher le cadavre n’était qu’une formalité, une mesure pour ne pas effrayer les voyageurs.

Alors, autant s’y atteler tout de suite. Neloo avait remarqué quelques pas plus loin un arbre dont les épaisses racines aériennes entremêlées constitueraient un bon cercueil. Il suffirait de recouvrir les bouts trop visibles par des feuillages, de la mousse ou des ronces. Il n’y avait plus qu’à déplacer le corps. Neloo savait exactement comment s’y prendre, pour une fois qu’il pouvait se rentre utile…

Toujours accroupi, il se remémora ces nuits passées au cimetière quand il habitait encore avec sa mère. Neloo se concentrait. Les yeux fermés, il précisa à l’attention d’Aaliah, dont il avait presque oublié la présence : « Je sais faire se déplacer les morts. »

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Aaliah Z'Odra
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Aaliah Z'Odra
Lun 21 Nov 2016, 19:34





Aaliah avait tendance à être un brin autoritaire et elle sentit au comportement de Neloo que sa proposition d’aide avait plutôt retentit comme un ordre venu d’un supérieur hiérarchique. Un fait bien souvent reproché, mais auquel l’Ombre y attachait peu d’importance.  De toute évidence, il lui faudrait apprendre à temporiser ses propos auprès de ses semblables pour éviter que ceux-ci ne bégayât par après.  Elle arqua toutefois un sourcil devant l’hésitation du jeune, ne pouvant s’empêcher de se demander à quelque moment elle avait paru autoritaire. A moins que son  hésitation eut d’autre origine. En le regardant bien, il semblait ne pas savoir quelle direction prendre pour retourner près de son corps. Heureusement qu’un lien attractif existait entre le corps et la brume qu’était devenu Neloo, sinon il eut été capable de le faire le tour de la forêt…

Silencieuse, autant pour ne pas le troubler que pour éviter de le terroriser plus, elle suivi le jeune Ombre dans son sillage. Tout comme lui, elle ne prit pas la peine d’éviter les branchages qui se trouvaient sur son chemin. La Gardienne savait retrouver sa nature brumeuse lorsque cela lui était nécessaire. Puis, comme elle l’avait supposé, Neloo vient à briser le silence en l’interrogeant sur sa capacité à contrôler son apparence.

« Cela viendrait avec le temps et la maîtrise de ce que nous sommes » lui répondit-elle alors vaguement. Il n’y avait pas vraiment de réponse concrète pour cette question. Le contrôle de leur apparence variait d’un individu à l’autre, suivant ses capacités magiques, mais nul doute que Neloo y parviendrait un jour à son tour. Sur le trajet, d’autres questions fusèrent hors de ses lèvres au rythme probablement de ses pensées. L’Ombre remarqua rapidement qu’il n’accordait à ses réponses qu’une vague oreille peu attentive, mais elle continua malgré tout. C’était une manière de maintenir un dialogue entre eux et de rendre la traversée de la végétation moins longue. Elle lui confia alors que les Ombres pouvaient mourir, principalement à cause de la magie. Il existait une autre manière de disparaître, mais Neloo était encore trop jeune pour entendre le sacrifie d’une Ombre pour le requiem, aussi elle resta vague sur le sujet. Il en allait de même pour les Aetheri priés. Aaliah était plutôt mal placée pour aborder le thème de la religion et les Ombres demeuraient avant tout un peuple maudit par les dieux. Quant à la douleur physique et la faim, la jeune femme lui parla de sa propre expérience. Un jour, tout cela, elle avait pu le ressentir à nouveau ; lorsque la magie avait perdu de son intensité et quitté son corps. D’Ombre, elle était redevenue Humaine pour un instant. D’autres n’avaient pas eu cette chance et s’étaient effacées de la surface des Terres du Yin et du Yang. Il n’était donc pas exclu que Neloo pût un jour connaître la douleur et la faim, à travers une période sombre de magie ou par l’acquisition d’un pouvoir. L’Ombre avait bien recouvré la capacité à dormir…

Etre une Ombre n’était pas facile, entre la déprime constante et le fardeau imposé par leur suicide, il était difficile d’y voir un côté lumineux. Longtemps, la jeune femme avait erré, perdue, avant de trouver un semblant d’équilibre encore bien fragile. Gagner en puissance lui avait permis d’apprendre bien des choses et de vivre son statut d’Ombre d’une autre manière. Aaliah s’arrêta, surprise par la réaction de Neloo pour se défendre contre la puanteur que lui renvoyait son corps en décomposition. Heureusement, il comprit rapidement et par lui-même qu’il n’avait pas besoin de respirer cet air nauséabond. La Gardienne pencha la tête sur le côté, observant alternativement le corps décomposé et l’Ombre à qui ce dernier appartenait. C’était une situation à laquelle elle n’avait jamais dû être confrontée ; sa famille s’était chargée de ses obsèques et s’était une tombe qu’elle avait dû hanter avant de pouvoir fuir le cimetière. Curieusement, Aaliah se demandait ce que cela faisait d’être confronté à son cadavre ; surtout lorsque ce dernier avait encore de la chair. Un squelette eut certainement meilleure allure.

En tous les cas, cette vision de la mort ne plut guère à Neloo qui s’empressa de fracasser son propre crâne. La jeune femme arqua un sourcil étonné tout en grimaçant devant le son produit. Elle se retint toutefois de rappeler à la nouvelle Ombre qu’elle battait sa chair d’origine. A sa mort, Aaliah avait eu besoin d’hurler, il semblait avoir besoin de se défouler pour accepter sa nouvelle vie.

« Moi je peux les ramener à la vie… selon un délai imparti, il va de soi,  répondit-elle à la remarque de Neloo qui l’informa de sa capacité à déplacer les morts, plus pour indiquer que avait suffisamment vécu et assez de pouvoir pour ne pas craindre de voir un corps manger par les asticots se mouvoir seul. Puis, j’ai connu une époque où les morts revenaient d’eux-mêmes vagabonder sur nos terres, rajouta-t-elle en se remémorant la sombre période où des zombies avaient envahi les Terres du Yin et du Yang à cause d’un sorcier un peu trop emballé par ses expériences inédites. Alors je vous en prie, faites donc, mais je ne ramasse pas les morceaux qui se perdront en cours de route… »

Elle voulait bien l’aider, mais ramasser les morceaux du corps d’une Ombre présente encore sur les lieux… Ils n’avaient pas été assez présentés pour se permettre une telle familiarité. Aaliah n’aurait pas apprécié qu’un parfait inconnu posât ses mains sur ses membres, aussi putrides fusent-ils. Au mieux, elle autoriserait une personne dont elle était certaine de sa confiance et de son respect pour ses restes. Elle supposa qu’il en était de même avec Neloo et puis, la Gardienne était bien trop brusque pour tenir en mains des lambeaux de chair en décomposition. Par réflexe, autant que par prudence, elle recula de quelques pas pour laisser une distance de sécurité au cas où la maîtrise des morts de Neloo n'était pas des meilleures. La Gardienne ne savait pas pourquoi, mais elle le sentait relativement mal le coup du: « je déplace mon corps par magie ». Avec la magie, cela foirait un coup sur deux.

« Au fait, vous l'avez déjà utilisé avant ce pouvoir? » ne put s'empêcher de l'interroger l'Ombre, inquiète toutefois devant les mouvements maladroits que le corps ensorcelé produisait.

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