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 Et la sieste alors ? | Orion Nevrakis

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Astriid
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Lun 04 Mai 2020, 23:17

Et la sieste alors ? | Orion Nevrakis Fm3t
Et la sieste alors ?





Tap. Raide dans le fauteuil rembourré en face de mon lit, je tourne calmement une page de mon livre. Tap tap tap. Je me retiens de lever les yeux au ciel et ignore cette piètre tentative de ma soeur pour me faire réagir. Elle est sur des charbons ardents depuis notre retour à l'auberge où nous attendons le retour de Laysa et elle est manifestement décidée à m'ennuyer pour faire passer le temps. Je réajuste mes lunettes sur mon nez et porte une attention sans faille aux caractères sous mes yeux. Ma Créatrice m'a offert des manuels d'étude sur la médecine, pour m'acheter ou pour me faire plaisir, je suis incapable de pénétrer ses pensées et honnêtement, la réponse m'indiffère. Tap tap tap! Le cliquetis de ses longs ongles sur le vieux bois râpeux de la table commence à me porter sur les nerfs et je ferme les yeux momentanément, imaginant mes mains serrant son long coup ivoire. Douce illusion car cette nuit n'est pas la nuit où je pourrai m'en prendre à cette insupportable buveuse de sang. Je suis beaucoup trop faible pour elle mais je suis patient et je n'oublie pas. En attendant, cette vision suffit pour me détendre. De toute manière, même si j'en avais la force, Laysa ne tolérerait pas que nous nous battions et Selyne a déjà pris une gifle de la part de notre Créatrice en dépassant les bornes avec moi. C'est peut-être l'unique fois où j'ai esquissé un sourire. Sourire est un bien grand mot, un rictus ou une légère torsion des lèvres serait plus juste. Avoir des émotions est fatiguant et je m'efforce d'en ressentir le moins possible en me plongeant dans d'épais grimoires assommants sur l'anatomie humaine.
Selyne cesse enfin son manège, elle s'est probablement fatiguée toute seule, ça ne serait pas étonnant. Elle part s'allonger sur mon lit et je grimace, si elle laisse son lourd parfum de cocotte dans mes draps, je suis bon pour une insomnie la prochaine journée...
Une chose que j'apprécie depuis ma nouvelle condition de vampire est de vivre la nuit, tout est plus calme, comme si le temps s'arrêtait chaque soir pour nous offrir ce moment unique, réservé aux Enfants de la Nuit. Bien sûr, nous ne sommes pas les seules créatures de la nuit mais j'apprécie la sensation de solitude que la nuit apporte. La solitude m’apaise et j'aime profiter de ces moments pour... Comme pour me rire au nez, des éclats de voix bruyants se font entendre sous la fenêtre, probablement un groupe de jeunes Spectres alcoolisés qui termineront la soirée la joue dans le vomi. Pour le moment, ils en sont au stade Grognements d'animaux décérébrés.

Un bruit de talons se fait entendre dans le couloir jusqu'à ma chambre et Selyne se redresse brusquement, mettant de l'ordre dans sa tenue tandis que Laysa entre dans la chambre, sans frapper comme à son habitude. Je ne prend pas la peine de lever les yeux vers elle et Laysa ne relève pas mon impolitesse. Elle a compris assez tôt que je n'aimais pas les contacts visuels et ne me reprend que lorsque nous rencontrons des personnes importantes. Elle apporte avec elle une odeur de fumée de cigare et de whisky, résidus de sa soirée, je sens presque sa bonne humeur d'ici, se répandant en vagues chaleureuses jusqu'à moi. Dégoûtant. Elle traverse la pièce rapidement pour poser une main sur mon épaule et m'embrasser sur la joue. Je déteste qu'on me touche, surtout quand je lis mais je ne dis rien. Avec un peu de chance, elle me lâchera si je ne réagis pas.
Selyne ne peut se retenir de caqueter. «Il a failli attaquer un pauvre garçon dans la rue, en plein milieu de la foule.» D'une voix calme, je rétorque : «Ah oui, tu veux dire après que tu m'aies perdu ?» Elle s'étouffe presque de rage ce qui me fait ricaner. Notre Créatrice claque la langue, désapprobatrice. «J'attend de vous une attitude bien plus digne. Mathilda est aussi à Pabamiel cette nuit et devrait arriver d'un instant à l'autre. Elle m'a dit dans son mot qu'elle avait quelque chose à me montrer. Je n'ai pas encore eu l'occasion de te présenter, si tu peux essayer d'être un minimum agréable et courtois Dorian, j'apprécierai grandement.»
Je lève les yeux vers ma Créatrice, elle n'a pas la beauté flamboyante de Selyne, elle a même une apparence banale avec son éternelle longue robe noire qui n'arrive pas à cacher sa silhouette squelettique, ses cheveux noirs lisses lui tombent jusqu'au milieu du dos, elle me fait penser à un corbeau. C'est plus le charisme magnétique qui attire le regard sur elle et impose le respect, elle parvient à garder un sourire taquin de jeune fille au coin de ses lèvres. Elle ne cache pas son plaisir à revoir sa vieille amie. Je tente de me rappeler ce que cette Mathilda fait mais je suis trop fatigué pour essayer longtemps et je soupire légèrement. Ignorant mon désintérêt, elle échange avec Selyne les rencontres de la nuit et les potentielles ouvertures sur le marché à Spectre tandis que j'opte pour une petite sieste, bercé par leurs voix et les mouvements de Laysa dans ma chambre qu'elle s'active à rendre présentable pour la venue de Mélanie. Ou est-ce Martine ? Je sombre dans l'inconscience, la tête un peu penchée sur le côté quand de petits coups sont frappés à la porte de ma chambre. Et ma sieste alors ? Je frotte mes yeux et passe ma main dans mes cheveux en me levant pour accueillir l'amie de ma Créatrice. Elle est accompagnée d'un jeune homme aux cheveux blancs plus petit que moi. Je me fais violence pour croiser rapidement leurs yeux pour tenter de ne pas paraître impoli et tente une phrase d'introduction. «Bonsoir euh Martine, je suis Dorian Lang, le nouveau fils de Laysa, enchanté de vous rencontrer, vous et votre compagnon.» Selyne glousse et ma Créatrice se fige, un sourire horrifié sur le visage. Je comprends que je n'ai pas dit ce qu'il fallait. Alors qu'un silence gênant s'éternise dans la chambre, alourdissant l'atmosphère, des gémissements se font soudainement entendre dans la chambre adjacente à la mienne. Des grognements rauques s'y ajoutent ainsi qu'un cognement rythmique sur le mur, plombant un peu plus l'ambiance. Je garde un visage de pierre et étudie attentivement la peinture derrière les nouveaux arrivants tandis que ma soeur tente désespérément de contenir son fou rire, la main sur sa bouche.

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Et la sieste alors ? | Orion Nevrakis Aoyv
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Lun 11 Mai 2020, 22:35


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Et la sieste alors ?



Seul le claquement des sabots sur les pavés dérangeait la sérénité de cette belle soirée dans les rues de Pabamiel. Je me surpris à somnoler un peu, bercé par le balancement de notre calèche sillonant la capitale de l'Empire.
J'étais intéressé à l'idée d'accompagner ma mère pour cette visite chez une de ses clientes et amie car j'étais curieux d'en apprendre plus sur son métier de négociante en pierres précieuses. J'étais par contre un peu moins enclin à faire bonne figure pour les mondanités qui allaient en découler. Je m'imaginais déjà comme troisième roue du carrosse, condamné à devoir écouter ragots et discussions interminables. Ma créatrice semblait par contre ravie de revoir une de ses amies. Elle me fit de nouveau des recommandations pour cette nuit tout en essayant de me faire voir les bons côtés de cette rencontre.

« Orion je compte sur toi pour te montrer courtois et sage ce soir. Alors enlève de ce visage cet air ennuyé. Et redresse toi sur ton siège ce n'est pas le moment de roupiller ! Laysa est une ancienne amie qui connait du monde à Merhoneän. De plus, elle a deux enfants avec qui tu pourrais bien t'entendre. Tout d'abord une fille nommée Selyne... Et dans ses lettres elle m'a parlé d'un nouveau né... Un garçon cette fois-ci. Vous avez certainement des choses en commun à commencer par l'âge ! » me disait-elle d'un ton asssuré. C'est étrange comment Mathilda pouvait se révéler maternelle et rassurante dans ses bons jours...

J'avais tourné la tête vers elle pour l'écouter. Je vis son regard se perdre dans le lointain.
« Tu ne dois pas encore le voir... Et moi-même à ton âge j'ai mis beaucoup de temps à le réaliser mais... Sache qu'une transformation en vampire ne condamne pas à une vie éternelle de solitude. Bien au contraire l'éternité offre tous les possibles... » Pensif, je pris le temps de méditer ce qu'elle venait de dire. Je savais ce que je devais à Mathilda, elle m'avait sorti d'une vie d'humain qui se serait certainement terminée dans le caniveau ou avec une corde autour du cou. Mais en ce moment j'étais perdu, c'était déjà si difficile de contrôler ses nouvelles pulsions alors faire des projets d'avenir... Ce n'était pas trop dans mes priorités. Je savais seulement que je voulais m'endurcir. J'avais une revanche à prendre sur la vie. Je ne voulais plus faire partie du camp des victimes, craignant chaque jour pour sa vie. Cette seconde naissance m'ouvrait en effet de nouvelles possibilités, mais je ne savais pas encore comment les saisir...

Nous étions certainement non loin de notre destination lorsque soudainement un groupe de soudards nous bloqua le passage. Un groupe de jeunes alcoolisés titubaient tant bien que mal sur la route, à gueuler des grognements d'animaux et des chansons paillardes. Notre calèche s'arrêta et très vite les chevaux commencèrent à montrer des signes de nervosité en hénnissant et piétinant sur place. Notre cocher tenta de faire une manoeuvre pour ordonner à l'attelage de contourner mais sans succès. Je vis le visage de ma mère prendre un rictus sombre en l'espace de quelques secondes.  
« Faites les dégager et tout de suite ! » lança Mathilda. Le pauvre cocher se retourna vers nous, l'air désemparé. « Vous avez un fouet dans la main non ? Frappez cette vermine pour les faire déguerpir ou je vous vire sur le champ ! » l'ordre siffla de manière impitoyable.
Avant que je puisse donner mon avis sur la question, je vis le fouet faire un grand mouvement rotatif dans les airs avant de frapper un des ivrognes dans le dos en un claquement sec. Le garçon beugla comme un cochon que l'on égorge et une petite fleur de sang se fit jour sur le blanc de sa tunique.

Immédiatement l'odeur métallique du sang m'emplit les narines et je portai la main à ma bouche sentant déjà mes crocs sortir. Un second coup de fouet alla sur les chevaux cette fois et la calèche fit un bond en avant. Le groupe d'amis arriva plus ou moins à s'enfuir, et très certainement qu'aucun de ces jeunes gens n'allait se souvenir de la provenance d'une égratignure dans le dos de leur camarade. Mathilda se mit à me caresser les cheveux et fredonna une mélodie, choses qu'elle avait pris l'habitude de faire pour me calmer. Peu à peu je pus reprendre contrôle de moi-même alors que l'odeur sanguine se dissipait. Après une dernière embardée notre attelage arriva enfin devant la porte de la résidence de Laysa.

+++

Je n'aurais pas forcément misé sur une amitié entre Laysa et Mathilda au premier abord. Les deux femmes ne dégagaient pas du tout la même énergie. Tout d'abord si on comparait les physiques, Laysa ressemblait plus au stéréotype que je me faisais des vampires. Très mince, presque squeletique, avec des cheveux lisses couleur de jais. Ma mère était quand à elle mince aussi mais avec certaines formes plus pulpeuses, et sa longue chevelure châtain bouclée lui descendait plus bas que les épaules. Elle portait également du maquillage pour se donner un teint plus proche de la rose que celui de l'albâtre. Mathilda marchait également nimbée dans un nuage de parfum floral.
Mon regard se tourna aussi vers les enfants de Laysa. La jeune femme devait être Selyne. Une grande beauté dont le teint vampirique lui donnait l'air d'une poupée de porcelaine. Un jeune homme plus grand que moi prit la parole et se présenta... C'était donc lui le fameux nouveau né. Sa faute pour nommer ma mère dessina un léger rictus sur mes lèvres tandis que les sourcils de Mathilda se haussèrent mais elle conserva son sourire aimable comme si de rien était. Ainsi donc je passai aussi pour le compagnon ?

« Merci... mon garçon. » Mathilda insista sur le "mon garçon" d'une voix mielleuse pour rappeller au fils son statut d'enfant. « Et voici... »

« Son fils. Je m'appelle Orion. Ravi de vous rencontrer. » Dans ma volonté de me montrer confiant je réalisai que j'avais coupé la parole à ma mère. Je m'inclinai de manière un peu nerveuse devant nos hôtes.
Ce fut ensuite... Des bruits étranges... Il se passa un long moment de silence que ma mère finalement décida de rompre. Transformée en petite tornade, Mathilda sortit le coffret à bijoux qu'elle avait emmené avec elle pour montrer à son amie. « Ma chère amie lorsque j'ai vu cette parure j'ai su qu'elle devait te revenir... Elle correspond tout à fait à ce que tu aimes. Et j'ai aussi pensé à toi Selyne regarde moi ces boucles d'oreilles...  »
Je restai là, debout sans trop savoir que faire... En soupirant légèrement je décidai d'engager la discussion avec le grand à lunettes. Il avait vraiment une dégaine d'intello...

« Donc euh... Toi aussi t'as été transformé récemment ? » Il est vrai que c'était la première fois que je rencontrai un nouveau-né comme moi. Donc j'avais une certaine curiosité à son égard.

« Vous conservez un garde-manger vivant à côté ou comment ça se passe ? » Je demandai en hochant la tête en direction du mur. Assez naïvement j'étais loin de m'imaginer ce qu'il se passait à côté.
Puis ensuite de manière un peu sans gêne je commençai à faire le tour du propriétaire. L'examen des bijoux par ces dames allait prendre un certain temps je le crains... Je remarquai l'entrée d'une chambre avec plein de livres dedans et aucun accessoire féminin à l'intérieur. Ça devait être la chambre de l'intello ! En sifflotant j'allai m'asseoir sur le lit puis j'entrepris de me passer la main dans ma chevelure pour me recoiffer ou bien au contraire pour y ajouter du flou (impossible de me faire aider de mon reflet dans ma nouvelle condition). C'était une de mes manies lorsque je n'avais rien à faire.
« Tu as l'air d'aimer lire... » Doux euphémisme au vu des énormes grimoires...

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Astriid
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Ven 15 Mai 2020, 23:23

Et la sieste alors ? | Orion Nevrakis Fm3t
Et la sieste alors ?



En voyant que mon erreur sur le nom de l'amie de Laysa ne soulevait pas de cris outrés de poules en colère, je m'autorisai un léger soupir de soulagement. Attirer sur moi les foudres de vampires mal lunés n'étaient pas dans mes plans de la nuit, surtout quand je sortais d'une sieste. Toutefois, je ne pu m'empêcher de tiquer devant l'hypocrisie que la femme montra et son ton mielleux me rappela insidieusement Selyne quand elle léchait le sol devant Laysa. M'habituer aux manières élaborées des Enfants dans la Nuit était proprement emmerdant et je persistai dans mon attitude bornée en gardant un visage impassible. J'avais déjà offensé une dizaine de codes en moins de temps qu'il n'en faut pour les énoncer alors autant continuer dans ma lancée. De la même manière, c'est à peine si je regardais l'autre nouveau-né quand il se présenta. Je n'avais que faire d'un morveux au visage blafard dont la moue insolente m'irritait déjà fortement. Si c'était ça que l'amie de Laysa voulait nous montrer, ils auraient pu s'épargner le voyage. Un coup d’œil rapide vers sa créatrice me suffit pour signer un avis définitif sur elle et il n'était pas favorable. Derrière un visage d'ange, je devinai une fourberie exécrable et je ne m'étonnai plus que Selyne soit en pâmoison devant la vampire. Beurk. Elle se tortillait presque devant la vampire, cherchant à se faire bien voir. Mes yeux se perdirent dans les boucles de la longue chevelure de l'amie de ma Créatrice, une vue familière qui réveilla une douleur amère dans mon ventre et j'eu soudain un goût de bile dans la bouche. Je luttais pour ne pas laisser le désespoir m'enlacer de ses bras cruels. Ce n'était pas exactement le bon moment pour faire une crise de panique. Je me concentrais sur ma respiration et fixai un point sur le mur avant d'être capable d'à nouveau prêter attention à ce qu'il se passait autour de moi.
Avec beaucoup trop d'énergie à mon goût, la Créatrice d'Orion se déplaçait dans la pièce, envoyant une vague de son parfum jusqu'à mes narines que je fronçais subrepticement. Pouah, avait-on idée de se noyer ainsi dans de telles odeurs aussi futiles, je me demandais comment son fils pouvait supporter ça. S'ensuivit un insupportable chaos de cris et d'excitation tandis que Laysa et Selyne s'extasiaient sur les breloques sans intérêt que la vampire avait ramenées. Dans mon champ de vision, je voyais qu'Orion semblait s'amuser au moins autant que moi quand, horreur, je le vis se lancer pour tenter une conversation avec moi. Si le pauvre garçon cherchait un ami, il se trompait lourdement et je fis comme si je n'avais pas entendu sa question. Peut-être qu'en l'ignorant, il ferait de même avec moi, c'était une technique qui avait fait ses preuves jusqu'à cette nuit. Il pouvait bien se mettre sa curiosité là où je pensais. J'adressai une prière rapide à Lubuska pour qu'elle me sauve de la situation mais elle fut balayée car le nouveau-né reprit la parole, apparemment pas déstabilisé par ma froideur à son égard. A ses mots, je retins un sourire moqueur. C'était donc un idiot. Probablement doublé d'un puceau. Sa Créatrice était bien cruelle de lui avoir offert le Baiser avant qu'il ait pu profiter de la vie comme il se doit. J'imagine qu'il dut se lasser de mon absence de réaction car il se mit à déambuler, prenant rapidement ses aises, allant jusqu'à se balader dans ma chambre. Je fulminais et lançait un regard assassin à sa Créatrice qui ne gérait pas davantage son nouveau-né. Les trois femmes étaient à présent assises, se chuchotant les derniers secrets, ne nous prêtant aucune attention et j'eu le désagréable sentiment que nous étions traités comme des enfants qui pouvaient s'amuser entre eux pendant qu'elles discutaient de sujets de grandes personnes. Bien obligé de suivre le jeune garçon pour surveiller ce qu'il fabriquait dans ma chambre, je le trouvais installé sur mon lit et ce fut ça, je crois, la goutte de sang qui fit déborder mon verre. Je lâchai sèchement : «J'espère que tu n'as pas oublié ton doudou si tu veux dormir ici.»
Maintenant que nous avions changé de pièce, nous étions seuls et un silence inconfortable s'installa à nouveau. Je maudis ma capacité à créer des silences gênants et ce fut à mon tour de ne pas savoir quoi faire. Nous n'entendions plus que de loin les jacassements de nos familles respectives et je levai le nez en regardant tout sauf Orion. Je sentis presque des doigts fantômes pousser le creux de mes reins comme si Laysa m'encourageait à faire un effort de sociabilité. Je soupirai et songeai que ce devait être reposant d'être mort. Je me dirigeai vers la table basse pour saisir un livre. Etre dos à lui me permettait d'éviter d'avoir à le regarder et je parlais aussi plus facilement quand je ne voyais pas mon interlocuteur. «J'ai été transformé il y a quelques mois.» Les mots étaient sortis malgré moi et j'ouvris le livre dans mes mains, regardant sans les voir les formules mathématiques alambiquées qui précédaient à la création d'une potion pour éradiquer un ver solitaire. «J'ignore comment tu l'as vécu mais ce fut une libération pour moi.» C'était le maximum que je pouvais faire et je ne voulais pas l'encourager à me poser des questions sur ma vie d'avant. Cette vie n'existait plus à mes yeux. Je me faisais un devoir d'éradiquer soigneusement toute mémoire que j'eusse pu avoir. Je me tournai vers le nouveau-né et choisit de dériver sur un autre sujet. «Tu comptes passer l'éternité à vendre des bijoux toi aussi ?» Je ne cachais pas le dédain dans ma voix. En réalité j'étais assez curieux sur les raisons qui auraient pu l'amener à accepter de rejoindre les Enfants de la Nuit. Mon regard fut attiré par ses cheveux en bataille et je ne pu résister au sentiment incontrôlable de remettre de l'ordre dans ce fouilli. Sans réfléchir je m'approchai pour remettre en place les cheveux blancs indisciplinés. Ils étaient soyeux sous mes doigts et j'obtins rapidement l'effet désiré, il avait toujours l'air décoiffé mais au moins il n'avait plus l'air de sortir d'une sieste de cinq heures. Je reculai d'un pas pour admirer mon oeuvre et émit un grognement satisfait.

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Sam 30 Mai 2020, 16:48


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Et la sieste alors ?


Je n'avais pas d'intérêt particulier pour ce Dorian, ce qu'il pouvait faire de sa vie m'était bien égal. De même, sa créatrice n'était que l'amie de la mienne, le lien s'arrêtait là. Cette rencontre n'avait pas de grande conséquence pour nous donc je ne comprenais pas son hostilité évidente à mon égard. Ma philosophie était plutôt de savoir retirer le meilleur de toute situation. Même la plus chiante.
Ma simple présence dans sa chambre semblait l'exaspérer au plus haut point. J'avais détecté tout cela dans son comportement... Ma précédente vie d'humain, vivant de vols et de rapines, m'avait rendu très observateur envers le language corporel des gens. Il fallait toujours être à l'affut de possibles réactions de la cible pour mieux la détrousser sans se faire repérer... Ainsi même s'il n'avait rien dit jusqu'à présent, je voyais la crispation sur son visage.
En l'occurence, j'avais décidé de me foutre royalement du fait qu'il n'aime ou non ma conduite. Son agacement pourrait même commencer à m'amuser... Voilà qui ajouterait du piquant à cette rencontre qui s'était annoncée bien ennuyante. Une part de moi devait adorer jouer les sans-gêne.

Je dus presque me retenir de ricaner lorsque je vis sa réaction au fait que je m'installe sur son lit. Néanmoins sa remarque cinglante m'atteignit plus que je ne le pensais. Lui qui était aussi un nouveau-né osait me rabaisser au statut d'enfant qui aurait besoin d'un doudou.
La remarque fit aussi étrangement mouche et me vexa un peu car Dorian ne savait pas que je dormais parfois dans le lit de ma mère. Suite à ma transformation, mes nuits étaient encore agitées donc la présence de ma créatrice à côté de moi pour dormir me rassurait. J'aimais aussi qu'elle me caresse les cheveux pour m'endormir...
Certes, physiquement j'avais l'air un peu plus jeune que lui et ma seconde naissance m'avait peut-être rendu plus enfantin sur certaines choses mais ce n'était pas une raison pour me prendre de haut. Il se prenait pour qui le rat de bibliothèque ?

« Je ne pense pas que je vais rester dormir ici pour la journée je te remercie. » Je sifflai d'un ton venimeux. « Entre toi et ta soeur il ne dois plus rester beaucoup de place dans ce lit... Je suis certain que pendant la journée tu aimes dormir en tétant le sang de ta soeur directement au sein !  » rétorquais-je d'un air malicieux.

Un long silence s'ensuivit bientôt et je voyais que Dorian faisait comme si je n'étais pas là. Je soupirai lourdement, faisant entendre mon ennui profond. J'aurais pu essayer de briser la glace mais le peu que j'avais vu de lui m'avait refroidi. Si ce mec attendait en silence que l'on se sépare enfin, ça allait pour moi. Pour m'occuper, j'ouvrai un grimoire au hasard pour le feuilleter. Ce n'était même pas sur des sujets de magie (chose qui aurait pu m'intéresser) mais de la médecine. De plus certains dessins sur le parchemins étaient franchement déguelasses et pourtant j'étais beaucoup moins sensible à l'anatomie des êtres vivants depuis que j'étais devenu vampire. Il n'y avait même pas de quoi se mettre en appétit.
Je fus presque surpris lorsque Dorian prit de nouveau la parole...
« Moi aussi... Transformé depuis quelques mois... Je ne sais pas combien exactement. J'ai l'impression que bientôt en tant que vampire le temps va perdre de son importance à mes yeux... » Je marmonnai sans lever la tête pour le regarder. Déjà la transformation m'avait laissé comme une loque pendant des nuits voire des semaines. Par contre j'imaginais bien Dorian compter avec précision depuis combien de jours voire depuis combien de minutes et secondes il était un vampire...

Par contre sa phrase suivante éveilla mon intérêt. Le levai enfin la tête du livre, sans chercher à cacher l'étincelle de curiosité dans mes yeux. « Une libération ? A ce point-là ? » C'est vrai que c'était un mot très fort pour décrire la chose. « Mais qui étais-tu et que faisais-tu pour que tu puisses désirer le Baiser à ce point ? » J'ignorais comment on pouvait voir le Baiser comme une libération... Je n'espérais pas trop de réponse... Je doutai que Dorian me considère comme un confident potentiel. La preuve en est que s'il me disait des choses croustillantes je me ferais un mâlin plaisir de tout répéter à Mathilda sur le chemin du retour.
Pour moi cela avait été une échappatoire à ma vie d'avant mais je ne voyais pas pour autant le fait de devenir vampire d'une manière si positive. Cela avait été plus pour moi un moyen de survivre, d'échapper pour toujours à ceux qui m'exploitaient.
A croire que l'entente entre nous deux serait difficile... Le dédain de Dorian pour le métier de Mathilda était palpable. « L'éternité certainement pas ! Je ne me sens absolument pas obligé de choisir la même carrière que ma créatrice.  Pour l'instant je suis juste reconnaissant envers elle de m'apprendre ce métier. Pour le coup il s'agit déjà d'un vrai métier, c'est plus que je n'aurais pu espérer de ma vie d'avant...»
En effet, même si je ne souhaitais pas faire le même métier que Mathilda lorsque je serai plus indépendant, je n'avais pas aimé le ton de Dorian envers ce métier. Je réalisai après coup que j'avais moi aussi sous entendu ma vie d'avant dans mes mots... J'espérais qu'il ne me poserait pas trop de questions dessus...

La suite me laissa... carrément étonné. Je ne pus cacher cette surprise lorsque Dorian passa sa main dans mes cheveux. C'était pour moi un contact assez intime et à part moi il n'y avait que ma mère que touchait mes cheveux. Pris au dépourvu je me laissai faire. Je ne savais pas trop s'il avait fait ça par maniaquerie de les remettre en ordre ou je ne sais quoi... Et à vrai dire je m'en fichais. Je balbutiai des sons imcompréhensibles, partagé entre les souhaits contradictoires de le faire dégager et de le remercier de m'avoir remis ma chevelure en ordre.

Pris d'une impulsion soudaine, je voulus faire un test. C'était quelque chose qui me trottait dans la tête depuis quelques temps et ce que venait de faire le jeune vampire m'incitait à tenter l'expérience. En une seconde, je fis un pas dans sa direction. Puis avec un sourire coquin, je me mis sur la pointe des pieds pour me mettre à sa hauteur afin de l'embrasser sur la bouche. Mon bras gauche alla dans son dos pour le maintenir contre moi et ma main droite alla plutôt mettre du désordre dans sa propre chevelure de corbeau et caresser sa joue.
La sensation était... fade en réalité. Ma bouche caressait la sienne, le contact était vaguement agréable mais on était très loin du feu d'artifice. A l'intérieur de moi je ne sentais rien, aucune excitation particulière. Le calme plat. Ce type n'avait même pas d'odeur particulière à part la lessive de ses vêtements. Vraiment rien d'intéressant.
Ce test était un échec cuisant. Après quelques instants je rompai le contact, le sourire malicieux changé en rictus amer et désabusé.
« Ma créatrice avait raison alors concernant l'absence de désir chez les vampires... Je n'ai rien senti... Ou alors c'est juste de ta faute à embrasser comme une merde ! »

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Astriid
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Jeu 04 Juin 2020, 22:08

Et la sieste alors ? | Orion Nevrakis Fm3t
Et la sieste alors ?





Dorian Lang

Race : Vampire (Douria)
Taille : 185cm
Âge apparent: 25
Niveau : I | Rahzdens

Spécialités :
- Agilité : 6
- Force : 5
- Charisme : 7
- Intelligence : 5
- Magie : 3
J'ignorai encore les raisons qui m'avaient poussé à m'approcher du morveux pour le recoiffer, un instinct paternel enfoui, mes insomnies qui m'amenaient à agir bêtement ou simplement mon côté pointilleux qui ressortait au plus mauvais moment. Toujours est-il que mon geste n'était pas guidé par une quelconque tendresse pour le jeune vampire qui s'était montré au moins aussi odieux que moi. Ses remarques perfides avaient glissé sur moi comme de l'eau et je n'attachais pas d'importance à ses piques creuses qui visaient simplement à se défendre. Il ne pouvait pas me blesser autant que je ne le faisais moi-même ou autant que la vie l'avait déjà elle-même fait et j'avais montré assez explicitement que je me préoccupais assez peu de ce qu'il pouvait dire ou penser. En fait je voulais juste qu'il sorte de ma chambre avant que je ne m'énerve. Il était beaucoup trop curieux et s'il s'attendait à ce que nous bavardions allègrement comme nos Créatrices de nos expériences mutuelles, il se fourrait le doigt dans l’œil. Rien ne fut donc plus simple que d'ignorer ses questions indiscrètes. Si nos Créatrices étaient amies, rien ne nous prédisposait à faire de même. Laysa m'avait confié que son amie était d'une lignée différente de la notre, je n'allais donc pas faire le moindre effort pour lui paraître agréable.
Le Rahzdens sembla avoir l'exact chemin inverse de pensée car je le vis se lever et s'approcher de moi, déterminé et une lueur sournoise dans les yeux. Le regard interrogateur, je ne reculai pas car rien ne me préparait à la suite des événements. Avec horreur, je sentis ses lèvres s'écraser sur les miennes et ses mains me maintenir contre lui. Trop surpris pour réagir tout de suite, je me laissais faire tout en m'interrogeant : les vampires n'étaient-ils pas censés ne plus ressentir les attractions de la chair ? Qu'est-ce qui lui prenait ? Apparemment amnésique, je songeai que je ne pensais pas non plus lui avoir envoyé de signal qui criait que j'avais envie de lui, plutôt l'inverse en fait.
Je ne savais pas pour lui mais de mon côté, le contact ravivait en moi d'anciens souvenirs ainsi que la réalisation que je n'avais pas été intime avec qui que ce soit depuis la mort de Suna, il y a plusieurs mois de ça. Mais loin de ressentir une vague de désir comme j'aurai pu du temps où j'étais Lyrienn, je ne ressentis à la place qu'un profond dégoût et le vague sentiment d'embrasser un cadavre aux lèvres froides qui tentaient d'imiter les brûlants baisers que d'autres races pouvaient partager. Il ne se passait absolument rien en moi, le néant total, aucune sensation dans le bas-du-ventre ni même une gêne d'être aussi proche d'une autre personne. En réalité, je le laissai faire et j'analysai avec une curiosité scientifique les différences de réaction de mon corps de maintenant. Une telle attaque m'aurait probablement émoustillé ou m'aurais au moins fait rougir et je constatai avec fascination l'absence totale de sursaut de désir en moi. Je ressentais au moins autant d'envie de répondre à son baiser que d'avaler des serpents. Lorsqu'il passa sa main dans mes cheveux, je le repoussai violemment avant d'essuyer ma bouche et de tenter de me recoiffer en le questionnant du regard. Je pris cette fois quelques pas de recul pour pouvoir prévoir une éventuelle nouvelle attaque surprise. Sa remarque lourde d'amertume me fit comprendre qu'il cherchait encore les réminiscences de son passé, et probablement continuer à me faire chier aussi. J'allais répondre avec acidité quand une voix sucrée s'éleva, me coupant dans mon élan : «Mmh ? Qu'est-ce qu'il se passe ici ?». Laysa se tenait à l'entrée de ma chambre, nonchalamment installée contre le chambranle de la porte et la douceur de sa voix contrastait avec la noirceur de ses yeux. Je restai figé sans bouger, comme pris sur le fait, ma main toujours à ma bouche pour en effacer le contact avec cet insupportable morveux. J'eu alors une idée et un sourire mauvais monta involontairement sur mes lèvres tandis que je me rapprochait d'elle. «Rien du tout, je crois que je lui ai tapé dans l'oeil.» dis-je d'un ton léger en scrutant le visage de ma Créatrice. Je vis avec un plaisir vicieux sa bouche prendre un pli dur et et un éclair furieux passer dans ses prunelles carmin. Je n'avais pas manqué de remarquer depuis le temps que je vivais avec elle qu'elle était très possessive et ne tolérait pas qu'on s'approche de moi. Si en temps normal, sa jalousie étouffante était malvenue, je comptais ici l'utiliser à mes fins. «Espèce de sale petit vermisseau, comment oses-tu...» siffla-t-elle d'une voix basse et menaçante, elle fit un pas en avant, les yeux étincelant de colère, tandis que je me calais contre le mur, les bras croisés pour voir la suite des événements. Je ne m'inquiétais pas vraiment pour Orion, sa Créatrice allait certainement intervenir avant que Laysa n'arrive sur lui mais je n'étais pas contre lui faire une petite frayeur sans avoir à lever le petit doigt. Ironiquement, il aurait mieux valu que nous en venions aux mains car alors Laysa nous aurait laissé faire en pensant que ça ne pouvait que me rendre plus fort.

913 mots



Et la sieste alors ? | Orion Nevrakis Aoyv
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Ven 10 Juil 2020, 20:19


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Et la sieste alors ?




Pour être franc je m'attendais à une telle réaction de la part de Dorian. C'est vrai que j'envahissais son espace, que je l'avais pris par surprise pour ce baiser qui ne m'avait rien fait sentir en fin de compte. Une manoeuvre pour rien mais intérieurement cette mauvaise farce me faisait bien marrer. J'étais plutôt fier de moi. Je ne le serai pas pour longtemps. La voix doucereuse de Laysa se fit entendre en provenance de la porte de la chambre. J'allais répondre avec aplomb et hypocrisie que tout se passait pour le mieux et que Dorian était un garçon absolument admirable mais je fus devancé par ce sale cafteur.
Il connaissait bien sa mère sans nul doute, et lui dit en substance ce qu'il s'était passé. Pas dans les détails mais c'était bien suffisant pour que la vampire comprenne d'elle-même. En un sens je n'étais pas étonné qu'il balance tout ce Dorian, avec son air supérieur et "monsieur je sais tout" il devait être le fayot en chef de sa maman chérie. Ses paroles semblèrent toucher une corde sensible et immédiatement le visage de Laysa se transforma... Il se crispa et se pinça et ça lui donnait franchement l'air d'une harpie avec ses longs cheveux noirs filasses. Tout d'un coup elle faisait bien son âge... 1500 ans ?
Je jetai un regard franchement agacé et méprisant à Dorian mais tout à coup mes sens se mirent en alerte. La vieille folle s'avançai vers moi, et l'éclat noir de ses yeux était terriblement menaçant.
J'eus une réaction instinctive de défense. C'était primal, animal. Mes crocs sortirent d'un coup et j'émis un son assez caractéristique. Ca ressemblait au sifflement d'un serpent ou au feulement d'un chat. Mes muscles tendus à l'extrème, prêts à bondir même si mon subconscient me hurlait qu'il s'agissait d'une menace au dessus de mon niveau actuel.
Cette Laysa était décidément aussi tarée que son fils. Les chiens ne font pas des chats. Pas étonnant qu'elle ait choisi Dorian comme son rejeton vampirique.

« Allons ma chère amie ce ne sont que des petits jeux d'enfants... Et puis vous devriez savoir Dorian que la condition de vampire prémunit contre les bas instincts physiques et sexuels. »

Mathilda était arrivée sur ces entrefaites avec un ton presque plus chantant et enjoué qu'à l'accoutumée, comme pour compenser la froideur et la colère de Laysa. Ma créatrice ne montrait aucun énervement apparent. Elle était certainement contrariée que je sois insulté car à travers moi elle l'était aussi mais elle ne le montra pas. Ce qui suivit était néanmoins une menace sous un voile de douceur. Mathilda posa sa main sur l'épaule de son amie dans un geste qui pouvait sembler réconfortant et apaisant, mais il s'agissait aussi du language corporel de ma mère pour rabaisser ou infantiliser quelqu'un. Comme si elle pouvait appuyer sur l'épaule pour faire lentement rapetisser la personne.

« Ce n'est pas si grave... Orion va présenter des excuses et arrêtera d'embêter Dorian à l'avenir. Malgré mon éducation mon fils peut parfois être un peu brute avec les êtres sensibles et délicats...
Ma chère, nous n'allons pas nous énerver pour si peu n'est-ce pas ? Ce serait regrettable... J'accorde beaucoup de valeur à notre amitié... »


J'étais franchement impressionné par ma mère. Elle venait de balancer cette menace dissimulée au museau de Laysa et d'envoyer une pique à Dorian au calme avec un sourire chaleureux. Se battre n'était pas forcément le but de la manoeuvre mais j'imaginais que les deux femmes étaient d'un niveau comparable et qu'un combat en règle ne se ferait pas sans dégats des deux côtés (en plus de faire assez de grabuge pour ameuter la garde de Pabamiel).
Quant à moi, je donnai à mon visage le meilleur faux air innocent que j'étais capable d'offrir.

« Je te prie de m'excuser Dorian. Je n'aurais pas dû faire cela sans ton accord. Et ne t'en fais pas je n'ai pas craqué pour toi malgré ton charisme absolument indescriptible... »

Bon j'en faisais carrément des caisses mais plus c'est gros plus ça passe hein ? Je sortis de la chambre en passant devant les deux femmes. Mathilda me suivit comme pour me protéger au cas où une attaque dans le dos pourrait survenir.

« Nous n'allons pas vous déranger plus longtemps toi et ta famille... Sache que si finalement tu es intéressée par les bijoux je serais ravie de te faire un prix d'amie. Orion, va dire au cocher de préparer l'attelage à partir puis revient saluer nos hôtes. »

Je m'exécutais, bien content et soulagé de sortir de cette athmosphère de tarés. Personne n'avait besoin d'ennemis lorsque l'on a des amis pareils !
Je revins quelques temps plus tard pour saluer la famille Lang de vpière, espérant qu'il n'y avait pas eu de nouveau coup de théâtre...

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