Sherridane leva le nez de son livre, lorsqu'une ombre se présenta devant elle « Tu as reçu ça. » Une toute petite lettre, dans une toute petite enveloppe, pile à sa taille de Fæ. Elle prit le mini objet et le posa sur son pupitre à côté du livre qu'elle étudiait « Tu vas bien, Wilbur ? », « Ca va. J'attend avec hâte notre prochaine sortie. », « N'y compte pas trop. La précédente a été un échec cuisant... Et nous avons perdu des frères et des sœurs. Je ne pense pas que je m'emmêlerai... » La blonde pensa alors à Andzrej. Le connaissant, il foncerait surement dans la bataille, sans sourciller « ...enfin je ne sais pas. Je verrai le moment venu. » En réalité, elle n'était pas sûre qu'il soit comme ça. Ferait-il preuve d'inconscience... ? Peut-être. Au final, elle ne le connaissait pas tant que ça.

Un homme arriva, le regard sévère, la mine foncée « Que faites-vous là ? L'entrée des Archives est régulée pour... », « Je m'en vais. Je venais transmettre un message. » Sherridane ferma le gros livre, dont la reluire craqua sur la fin « J'ai fini. Wilbur est venu me chercher. Aller... » La Fæ descendit de son tabouret un peu trop haut pour elle, quitta son pupitre en prenant le vélin et se transforma pour venir s'asseoir sur l'épaule du faucon « Désolé. Les Frères d'ici ne sont pas très... », « Je pense qu'ils ont peur que des débutants brûlent tout le savoir qu'ils ont réuni ici. », « Humpf, ils sont stupides. Tu ne ferais pas ça Wilbur, hum ? » Elle haussa les épaules avant de braquer son regard sur sa joue qui paraissait énorme, sous cette taille « Bien sûr que non, Sherridane. »

Le Bélua était assis contre un arbre, dans le cloître du domaine religieux. Il attendait que la Fæ finisse de lire, pour l'entendre parler. Il la connaissait pas coeur et savait qu'elle ne pourrait pas retenir sa langue...
« C'est bizarre... Je suis convoquée par une des conseillères à la Reine. Enfin je crois que c'est une des conseillères... », « Il y a marqué qu'elle était conseillère ? », « Euh... Non. », « Alors elle ne l'est pas. », « Elle a marqué 'au nom de la reine'.  », « Alors il n'y a pas vraiment de questions à se poser. » Sherridane lu la lettre plusieurs fois, se disant qu'elle n'avait jamais rencontré ni la reine, ni le conseil des Fæs. Elle avait hâte d'être là-bas, de savoir ce que ses congénères faisaient « Je dois être là-bas au lendemain de la prochaine pleine lune. Je suis tellement pressée ! Quand est-ce ? », « Dans quatre jours. Il faut que tu te prépares. D'après ce que tu me dis, ça a l'air d'être un  évènement important. », « Ah bon ? », « Tu es convoqués par la Reine je te rappelle. », « Ah oui. » Sherridane était trop heureuse et stressée pour réfléchir correctement.

Les quatre jours passèrent trop lentement pour la petite Fæ. Elle se perdit dans des livres, tournait en rond, bien trop curieuse de savoir ce qu'il se passait là bas, chez les Magiciens. Elle était impatiente, ne pouvait pas attendre, elle avait peur de savoir et en même temps elle voulait à tout prix découvrir ce qui se cachait derrière cette lettre.
Quand le soleil apparu dans le ciel, le quatrième jour, elle partie sans prendre de petit déjeuner. Wilbur failli la manquer, voulant la suivre à son insu. Elle vola pendant quelques heures, se perdit plusieurs fois, puis fini par trouver le Lac. De là où elle était, elle chercha des rochers qui pouvaient accueillir quelques personnes de son envergure. La lettre était très claire : un peu à l'écart du village des Magiciens, près de gros récifs qui touchaient le lac.

Ses pieds finirent par se poser sur l'herbe verte et fraîche. En effet, quelques Fæs étaient là, mais peu, hélas. Elle devait être particulièrement en avance... Ou peut être pas. En fait elle n'en savait rien, elle était juste contente de se retrouver ici. S'avançant vers le groupuscule de miniatures, elle attendit poliment que certains finissent de parler pour se présenter « Bonjour... Je m'appelle Sherridane, j'ai reçu la convocation... » La blonde était très timide. Devant des personnes bien plus élevées qu'elle, pour la plupart, elle se trouvait ridiculement petite « Je... Suis en avance... » Sa voix hoquetait un peu sous le stress, mais elle prononça correctement ces mots.

Mots : 745

Gains:

Rosée du Matin était tout excitée depuis des heures, virevoltant entre toutes les fleurs de son jardin pour leur raconter la grande nouvelle. La rouquine avait reçu une étrange convocation, l’invitant à se rendre au Lac de la Transparence et ce, sur ordre de la Reine. Rosée n’était pas sûr de bien saisir toute la prestance d’une telle demande, mais cela devait être un événement exceptionnel. Son amie Bouton d’Or était déçue et faisait un brin la moue ; elle n’avait guère reçu une telle convocation et n’en comprenait pas la raison. Assise sur une pierre, elle agitait nerveusement les ailes. Pas à cause de la colère, mais de la curiosité qu’elle était obligé de contenir. Elle adorerait voyager avec son amie Rosée.

« Promis, je te raconterai tout en détail dès mon retour, fit la petite rouquine en revenant près de son amie.
— Je sais ça, mais j’voulais aussi aller là-bas, soupira aussitôt l’autre Fae
— Nous irons une autre fois, tous ensembles
— Mais ça  à l’air tellement mieux d’y aller sur ordre de la reine
— C’est peut-être chacun son tour », répondit l’ingénue Rosée en penchant la tête pour mieux réfléchir.

Elle n’y voyait pas d’autre explication et celle-ci sembla convaincre Bouton d’Or. De toute façon, elle ne resterait pas seule, Asiminier serait là pour lui tenir compagnie. Il aurait bien aimé venir, mais il était trop encombrant pour être emmené par une seule Fae. L’Orisha était musclé et surtout, handicapé ; contraint d’être porté à défaut de l’être par ses jambes. Seul Fruits des Bois avait l’honneur d’accompagné la petite Rosée, car il lui fallait bien un protecteur pour ce long voyage. Puis, il était le seul à pouvoir lui fournir les munitions nécessaires à son lance-crottes en cas d’attaque. Armée de son épine de rose, Rosée prit une dernière fois le temps de s’admirer dans le reflet de l’eau. Si jamais elle rencontrait sa reine, il lui faudrait être irréprochable. Coquette toujours, elle se devait de l’être plus encore. Longue chevelure flamboyante domptée après des heures d’acharnement et une quantité étonnante de brindilles. Pour s’éloigner de l’apparence d’un  hérisson, elle avait pris soin de décorer chaque pique de framboises, de cerises et de fraises. Les fruits dévorés par le gourmant Fruits des Bois avaient été remplacés par des fleurs colorés. Dans l’hypothèse où son compagnon serait repris d’une fringale vorace, elle s’était tressé des bijoux en fleurs pour avoir des décorations en réserve. Le résultat eut probablement été le même si la Fae avait chu dans un verger…

« Tu es la plus jolie des Fae, la complimenta Asiminier, toujours admiratif des talents de la rouquine pour s’habiller et se coiffer. Rosée le remercia tout en tournant sur elle-même pour vérifier que son pétale de platycodon était correctement mis et ne comportait aucun défaut. Elle avait pris soin de cueillir la plus belle, offerte généreusement par la plante ravie de pouvoir aider la petite fae.

Fruits des Bois grinça des dents pour rappeler à Rosée le temps qui s’écoulait. Il fallait mieux ne pas être en tard, d’autant plus que le jardin de la fae était situé sur une île suspendue et qu’il appréciait moyennement les chutes libres.

« Je suis partie ! s’exclama-t-elle aussitôt pour rassurer son ami avant de faire des grands signes à toutes les plantes, arbres et arbustes de son jardin. Je te laisse veiller sur mon jardin Bouton d’Or.
— Pars rassurée, je m’en occuperai bien. Je ferai fleurir celle qui tarde !
— Oh oui, un jardin tout fleurir, ce sera trop joli. Et toi Asiminier, fit-elle en se tournant vers lui, tu as la charge de mon buisson chéri, je le trouve déprimé. Peux-tu lui parler, tu es un homme, tu trouveras peut-être de meilleur mot que moi
— Rassures-toi, je ne bougerais pas de ses racines et lui compterai mille histoires ! » répondit le paralysé, non sans humour que la fae ne saisis pas puis qu’elle se contenta d’un large sourire satisfait et tranquille.

Curieuse et rassurée, la petite fae profita d’un transport de passage pour se rendre sur le sol yinois et rejoindre le lac. Elle battit des ailes frénétiquement pour virevolter rapidement et rattraper le temps perdu. La curiosité lui donner des forces, elle souhaitait comprendre. Chose guère aisé pour la petite Rosée qui vivait constamment dans un conte de fae…

Arrivée près du lieu de rendez-vous, Rosée eut la surprise de voir d’autre fae. Surprise autant par ce petit monde que par sa vitesse, elle calcula mal son point d’arrêt. Il faut dire que la fae n’était pas très douée en mathématique. Elle roula dans l’herbe en souhaitant éviter ses consœurs et fut stopper dans sa course par le rocher. Rosée se redressa aussitôt pour faire bonne figure et attrapa la cerise que Fruits des Bois avait ramassé pour la remettre dans sa chevelure. Elle secoua quelques mèches, cherchant à remettre de l’autre dans sa coiffure.  Les heures passées ne furent pas inutiles puisque le tout avait plutôt bien résisté au choc, mais ça, il n’y avait que la fae pour le savoir. Rapidement, elle regarda autour d’elle, cherchant qui pourrait être sa reine. Rosée avait peu de connaissance sur sa hiérarchie.

« Bonjour amies Faes, lança-t-elle joyeuse à l’attention de toutes ses consœurs présentes. Je suis Rosée du Matin et lui, elle se retourna, cherchant du regard son ami à quatre pattes et deux ailes. Fruits des Bois ! C’est ma boucle d’oreille cerise que tu manges là ? l’interrogea-t-elle en touchant les longues oreilles pointues pour y constater l’absence d’une cerise.
— Crunch ! fut la seule réponse du concerné. Après tout, elle lui avait dit ne pas manger les fruits dans ses cheveux, elle n’avait jamais parlé de ceux qui pendaient à ses oreilles…
— Je suis là sur ordre de la reine », fit-elle pas reprendre en utilisant les termes usité dans sa convocation. Elle ignorait si cela avait son important ou pas. Rosée ignorait beaucoup de choses, mais gardait constamment le sourire.

~996 mots
Gain: + 1 point d'intelligence & +1 Aetheri

« Hé, chérie! » Brusquement, l’interpelée se retourna, son regard s’assombrissant dès qu’il croisa le visage de Chayns. « Encore vous? » La Fæ mit les mains sur ses hanches, alors que le jeune homme sourirait. « Quand allez-vous enfin me laisser tranquille? » Rajouta-t-elle en relâchant un soupir, las. Se rapprochant plus près – trop près – de la petite créature en voletant innocemment, l’Illuminæ vint enrouler un bras autour de sa taille, lui provoquant instinctivement un petit mouvement de recul. Le sourire du Fé s’élargit. « On ne laisse jamais une belle dame toute seule, voyons! » Elle grimaça. « Si vous n’avez rien d’autre à faire, partez! J’ai des choses importantes dont je dois m’occuper. » - « Ça tombe bien chérie! C’est aussi mon cas. » Second soupir de la part de la jeune femme. « Alors, que faites-vous encore ici? » Affichant un air béat, il sortit un bout de papier froissé de sa poche, qu’il montra avec fierté au visage de la Brune, dont les traits tirés trahissaient son irritation grandissante, qui s’envola à l’instant où ses yeux noisette lurent le passage " Sur ordre de la Reine " inscrit sur la feuille. « Que…? » Sa surprise était telle, que la Fæ en était à court de mots. Sans douceur, elle arracha la lettre des mains de Chayns, lisant à toute vitesse ce que contenait le message. À la fin de sa lecture, la jeune femme semblait troublée. « Une missive… de la part de la Reine… pour vous… » - « Épatée, hein? » Elle ne parvenait toujours pas à le digérer. « Je n’arrive pas à croire que tu en as reçu une. » Le Fé était aussi fier qu'un paon. « Alors, ça vous tente de sortir avec moi? » - « Non merci. » À cette réponse catégorique, il afficha un air dépité, presque bougon, en croisant les bras. Génial. Maintenant, il devait trouver un autre moyen pour l’impressionner, rien qu’un tant soit peu. De son côté, la jeune Fæ paraissait désespérée au vu de tant de stupidité, et pourtant, elle se garda de lui cracher la réplique : ça n’en valait vraiment pas la peine. « Tu commences à me tutoyer? M’en voilà charmer. » À bien y penser maintenant, elle regrettait de ne pas l’avoir fait. « …Peu importe. Si je peux vous donner un conseil – elle était revenue au vouvoiement, juste pour le décourager un peu - essayez de mieux entretenir vos lettres, à l’avenir. Surtout si c’est de la part de notre Souveraine : montrez-lui un peu respect! » Adoptant une pose pensive – si tant il réfléchissait vraiment – Chayns finit par hocher de la tête, arquant un petit sourire désolé. « Ouais, pas d’soucis, ça ne se reproduira plus. » Puis, il redessina sa mimique joyeuse, presque stupide, sur la commissure de ses lèvres, les yeux brillants. « Le Lac de la Transparence, c’est une chouette place, non? » La jeune femme acquiesça, légèrement surprise d’entendre des paroles sensées sortir de la bouche de l’Illuminæ – quand même bien elle se méfiait de son regard : avec lui, on ne savait jamais. « Parfait pour un rendez-vous amoureux. » - « Vous n’êtes pas possible! » S’exclama-t-elle en roulant les yeux, soupirant à nouveau. « À ce que je sache, vous êtes le seul convié là-bas. Au lieu de perdre votre temps et le mien, pourquoi ne vous préparez-vous pas à partir? Votre voyage sera long. » - « Tu es si méchante! Dire que je voulais te proposer de m'accompagner… rien que pour un petit bout de chemin. » La Fæ poussa un grognement méprisant. « Je passe mon tour, merci. » Chayns laissa échapper un petit rire, ce qui eut aussitôt fait d'hausser un sourcil curieux à la Brune : qu’y avait-il de si drôle? Sincèrement, le jeune homme s’était attendu à recevoir cette réponse négative, et pour une raison qui lui était propre, il trouvait ça hilarant. « Ne sois pas si dure envers moi. Ces temps-ci sont dangereux, tu sais. Ne veux-tu pas aider un de tes semblables à se rendre là-bas pour accomplir son devoir, quel qu’il soit? » Bien que ça lui faisait mal de l’admettre, il avait gagné un point. Ces fanatiques extrémistes qui se revendiquaient messagers de l’Originel semblaient se terrer à tous les coins à présent, sans compter les histoires de partisans des Aetheri qui se faisaient décimer à cause de leur croyances et de leur foi. Le monde était dévoré par la folie ainsi que la peur. Et la Fæ n’échappait pas à ce sentiment d’insécurité général qui empoisonnait les esprits – quoiqu’on puisse se demander sérieusement si le jeune homme faisait juste abstraction à la tendance, ou il était trop stupide pour s’y laisser emporter – et honnêtement, ça la mettait mal à l'aise de laisser le Fé partir tout seul, malgré sa répugnance pour le personnage. Quoi qu’il en soit, la Brune finit par accepter, presque à contrecœur, l’offre de Chayns, qui lui décrocha un immense sourire en guise de remerciement.

––

« Enfin arrivés… » Le Fé s’écrasa dans l’herbe en lâchant un long soupir, sous le regard légèrement courroucé de Maya – sa compagne de route temporaire. « Un peu de contenance, voyons. Si la Reine vous voyait comme ça! » Chayns grogna, mais il se résigna tout de même à se redresser, voletant timidement jusqu'aux côtés de la jeune femme, qui sourit. « Je ne me rendrais pas plus loin avec vous. » Même si la curiosité la dévorait, cette affaire ne la concernait pas. « Votre point de rencontre se trouve un peu loin, vous ne pouvez pas le manquer. » Sans un mot, la Fæ fit demi-tour, alors que l’Illuminæ se relevait. Volant maladroitement jusqu'au lieu de rendez-vous, il vint se mêler au petit groupuscule réuni près du rocher, le regard dans le vague.

Et étrangement, il était silencieux.

950 mots

→ 2 pts de Charisme
→ - 1 Sympan

C'est rare que j'accepte de raconter mon histoire avec mes propres mots, mais ce qui va suivre à en quelque sorte changé ma vie, alors je me devais d'en parler moi-même ! On dit souvent de moi que je suis un simple d'esprit ou que je suis un peu fou et bizarre sur les bords.. Mais au fond, je ne suis qu'un pauvre gars nés dans un corps qu'il ne comprenait pas, dans un jardin qui ne l'a pas aidé à comprendre. J'ai passé la majeure partie de ma vie plongé dans un monde que seul mes yeux pouvaient voir, imaginé par ma tête malade. Sans rencontrer quelqu'un capable de m'expliquer qui je suis, d'où je viens, et quel est le rôle qui est le miens. Ou peut-être l'ais-je tout bêtement oublié depuis le temps... Ma mémoire n'est plus ce qu'elle était, et si je me souviens de ce que j'ai fais la veille tout seul, c'est déjà pas mal. Personne n'as jamais vraiment prêté attention à moi... Après tout, qui s'intéresse à un fae dans un jardin de revendeur de drogues ? Même pas les miens, et il a fallut que quarante deux années de ma vie s'écoulent pour qu'enfin je rencontre l'un de mes semblables. Mais même encore aujourd'hui, il m'arrive d'oublier ce que je suis... Et qui est là pour me le rappeler ? Personne, pas même Michel avec deux L et un E à la fin. Ça ne me ressemble pas de penser à tout ça, et de me dire que c'est bête de ne rien connaître de son peuple hormis le rôle qui est le miens auprès de mon jardin. Mais aujourd'hui, alors que mon monde a faillit s'effondrer tout autour de moi, j'ai pas pu m'en empêcher. Alors je regarde les étoiles, parce qu'elle sont loin, belles et brillantes, et je cherche des questions, et des réponses aussi, mais sans trop savoir ce que je veux trouver vraiment. Et j'aurais pu rester comme ça longtemps si un oiseau n'était pas venu se poser devant mon nez avec un grain de riz entre le bec.

Il a l'air de vouloir que je le prenne, alors je le prends, et j'essaye de lire ce qui est écrit dessus même si mes yeux sont tout flous. Ça me prends du temps pour tout comprendre, parce que je ne suis pas non plus très frais, mais quand tous les mots prennent leurs sens dans des phrases, j'ai le regard qui pétille. C'est un rendez-vous, donné par une fae très importante, qui veut que moi, le petit Olwë inconnu, vienne au Lac de la Transparence. J'ai mon petit cœur qui bats très vite, parce que c'est toujours fort de se sentir important, et je regarde à droite et à gauche à la recherche de quelqu'un avec qui partager ma joie, mais il n'y a personne. Mais ce n'est pas grave, je n'arrive même pas à être déçus. Et sans prévenir qui que ce soit - je ne suis pas très prévoyant comme garçon - je m'envole à tire d'aile un peu au hasard pour rejoindre la terre. Après tout, si je me perds, les fleurs m'indiqueront le chemin, non ? Je ne sais pas combien de temps me prendra le chemin, mais je fais très vite, de peur d'être en retard. C'est rare que ça m'arrive de ressentir ça, mais j'avais envie de faire bonne impression, que pour une fois, on ne me regarde pas bizarrement, et que comme ça, je me ferais peut-être un ami comme moi. Je ne sais même pas pourquoi on m'appelle - ça a peut-être été dit sur le grain de riz, mais l'oiseau avait faim alors je le lui ai donné à manger - mais je m'en fiche un peu. Tout ce qui compte, c'est que j'ai été choisis. Et jamais je ne me suis autant sentit Illuminae. C'est important, non ? Savoir qui on est ? Oui... J'en suis certain. Je suis Olwë Ayasca, directeur des Protecteurs du Bonheur. Et je suis un fae. Un vrai ! Et fier de l'être !

730 mots

+1 Charisme
+1 pour les Aetheri

De nombreuses fae et illuminae s'étaient rassemblés et avaient répondu à l'appel de celle qui s'était présenté sous le nom de Sharlhayne, une envoyée de l’Edelweiss Éternelle en personne. Olwë n'en croyait pas ces yeux et restait émerveillé quelques minutes devant ce balais incessant d'allées et venues d'être aux ailes semblables aux siennes. C'était la première fois dans toute son histoire qu'il se retrouvait en présence des siens, de son peuple qu'il connaissait si mal, et cette soudaine proximité lui fit monter le rouge aux joues et un frisson le long de l'échine. Il faut dire que pour ce bourgeon d'opium qui ignorait il y encore un an qu'il pouvait s'épanouir, une telle nouveauté était très impressionnante. Olwë ferma les yeux et les rouvrit plusieurs fois avant d'accepter que tout ceci était réel, et qu'il était réellement un membre d'un tout, quelqu'un d'important pour son peuple, et pas seulement un étrange étranger. Une fois ses émotions contrôlées, il se fondit dans l'assemblé et tâcha de faire bonne impression et d'écouter au mieux le discours de la grande fae. Se concentrer sur autant de mots compliqués prononcés en aussi peu de temps était très difficile pour lui, mais malgré tout, il réussit à en saisir l'essentielle, puisque la pensée de la dame se rapprochait de la sienne. Olwë aussi était profondément pacifiste et, plongé pourtant en plein milieu de la guerre, il avait délibérément choisit de s'exposer à d'éventuels danger pour la sauvegarde de tout un chacun, les partisans de Sympan comme ceux des Aetheri. Décision, qui, croyait-il encore, lui avait valu de perdre le Sanctuaire et de chercher exile ailleurs.

Aussi, quant il fallut se saisir des besaces et partir en mission, il arborait un air grave et sérieux, conscient de l'importance de son action. Olwë aimait les enfants et ne voulait que leur bien. Il croyait sincèrement au bien fondé du culte de Phoebe mais aussi d'autres Aetheri et espérait lui aussi que les jeunes bambins entendraient raison. Depuis peu, il était également devenu créateur de contes de fae et comptait bien user de son don de duplication autant que possible. Mais bien qu'il était tout concentré à sa tâche, une partie de son esprit ne pouvait oublier que quelque part, des enfants du monde entiers n'auraient pas la chance des petits magiciens, et que c'était injuste. Les faes seraient-elle venues si nombreuses si on les avaient envoyées chez une race bien moins clémente que ces manipulateurs de la magie bleue ? Il ne pouvait pas répondre à cette question, mais elle la préoccupait. Puis il se rappela des mots de Michel avec deux L et un E à la fin, qui lui répétait souvent qu'un murs se construit sur des bases solides, pierres après pierres. Peut-être que convertir en premier les magiciens était plus facile, mais il fallait bien commencer par quelque part... C'est donc pleins de détermination qu'Olwë s'envola vers les premières maisonnées.

La première qu'il visita était encore habitée des deux parents, si bien qu'il décida de se faire le plus petit possible et de se glisser par le trou de la serrure. Il navigua prudemment dans les airs, se méfiant des violents courant d'air, et parvint enfin à ce qui lui semblait être une chambre d'enfants. Elle comportait deux petits lits ainsi que deux commodes sur lesquelles reposaient des poupées de chiffons. Le fae souria devant ce paysage attendrissant, puis se dirigea droit vers les oreilles des deux couches. Sous le premier, il ne trouva rien et se contenta de déposer le Conte de la Fille de la Lune, qui retraçait l'histoire d'une enfant abandonnée et élevée par Phoebe elle-même. Mais sous le second, en revanche, une petite dents l'attendait. Ne sachant trop que faire, il tourna en rond à la recherche d'une solution et finit par chance par se rappeler de cette vieille tradition, celle de la petite souris qui prenait les dents de lait et laissait un cadeau si elle n'avait pas de caries. L'illuminae chercha alors rapidement dans son sac une histoire qui racontait cette histoire-là, et il la déposa à la place de la quenotte, qu'il prit avec lui. Puis de nouveau, se faisant le plus petit possible, il s'enfuit rapidement par la fenêtre laissée entrouverte et se dirigea vers une autre maisonnée richement décorée de fleurs.

Cette fois-ci, nul parents à l'horizon, mais un petit garçon posé devant un feu de cheminé, et qui semblait fort contrarié. Soucieux de son bien être et faisant fit de toute prudence, Olwë grandit jusqu'à prendre la taille d'un petit chat et s'approcha de lui. « Pourquoi tu pleure tout petit ? » Le garçonnet renifla bruyamment et leva des yeux humides. « Qui tu es toi ? » « Je suis un conteur et un fae ! Je viens donner de la joie à tous les enfants tristes comme toi ! » Le petit le regarda de longues minutes, puis entre deux sanglots, parvint à lui révéler que ses parents n'étaient pas rentrés depuis qu'ils protégeaient le temple de Suris. Olwë, tout bouleversé, chercha loin dans sa sacoche une jolie histoire à lui raconter. « Si tu veux, je peux rester un peu avec toi ! » Les larmes cessèrent aussitôt de couler, et l'Ayasca prit tout son temps pour lui raconter les aventures d'un petit garçon qui s'ennuyait fort dans sa maison. Lorsqu'il eut finit, le petit avait pleins de belle images dans la tête et pleins d'idées de jeux amusants ! Olwë lui dit alors qu'il devait visité d'autres enfants comme lui, mais lui promit de revenir le voir pour à nouveau lui lire des histoires. Le fae était heureux de remplir sa mission comme il le fallait, et il fila droit vers sa prochaine destination.

1004 mots

Chayns observait du coin de l’œil ses semblables réunies. Quelques-unes se présentèrent juste au moment où il rejoignit la petite troupe : l’une d’une voix timide et l’autre d’une voix enjouée. Ravalant un gloussement, il fixa – brièvement – tour à tour celles qui avaient parlées, un sourire collé au bout des lèvres. Au fond, il ne se moquait pas d’elles : c’était mignon, tout simplement. Mais c’était à s’y méprendre facilement. D’un point de vue personnel, il n’oserait jamais rire d’une fille – disons que ça facilitait vachement la drague quand sa cible était de bonne humeur – cependant, son habituel visage espiègle demeurait trompeur, surtout lorsqu’on ne le connaissait pas. Enfin, en vérité, il n’y avait pas vraiment de différences. Mais peu importe. Brisant le court silence, une Fæ finit par hausser la voix, se présentant au nom de Sharlhayne, envoyée de la Reine. L’Illuminæ était légèrement déçu que l’Edelweiss Éternelle en personne ne soit pas venue, mais son désappointement ne dura pas bien longtemps. Lorsqu’il leva les yeux vers leur interlocutrice, son cœur rata un battement. Cette femme était belle, très belle même. Trop belle… Pile à l’image de sa voix cristalline qui imposait le respect. Il s’attarda longuement sur le visage de Sharlhayne, buvant ses mots avec un sourire niais et les yeux brillants. Ça y est, j’ai enfin trouvé mon âme-sœur. Écoutant attentivement son monologue, le Fé serra inconsciemment le manche de sa lance à la mention de Delta, puis toucha son bout tranchant à celle de Sympan. Malgré tout le respect qu’il nourrissait à l’égard de la Déesse Phœbe, cette arme le liait toutefois à une autre promesse qu’il avait faite aux anciens Esprits du Temple, et qu’il n’était pas prêt de rompre de sitôt. Et puis, Sharlhayne marquait un point : depuis l’apparition de Delta, tout  s’était effondré comme une pile de cartons. Les conflits s’étaient multipliés, ont empirés et désormais, on ne pouvait même plus se promener à sa guise sur les Terres sans risquer de tomber sur une bande d’illuminés qui revendiquait leurs horreurs sous le nom de l’Æther Originel. Fini ce temps où il vagabondait pour séduire des Orines ou des Elfes : le monde était cruel. Au moins, Sharlhayne faisait preuve d’une sorte de compréhension – qui était très rare de voir de nos jours – en axant ses actes dans la non-violence, quoique l’Illuminæ n’ait pas rechigné à embrocher quelques hommes hérétiques. Et il insistait sur " juste les hommes ", car sa " morale " lui interdisait de s’en prendre aux belles demoiselles. Mais distribuer des livres à des enfants Magiciens, c’était bien aussi. Que risquaient-ils après tout? Décidément, cette Fæ le charmait à bien plus d’égard qu’auparavant – et ce n’était pas si peu dire en la matant. Sa personnalité était simplement… rayonnante! Chayns ramassa une besace, puis prit de la hauteur en lançant un dernier regard à Sharlhayne, le sourire aux lèvres, avant de s’éloigner pour de bon.

Son vol avait été lent et maladroit, mais le jeune homme parvint à rejoindre la zone d’habitation, où il se posa sur un toit, à bout de souffle, le visage orienté vers le soleil. Aveuglé, il plissa les yeux tout en cherchant à reprendre une respiration normale, le front dégoulinant de sueur. Pourtant, il ne s’attarda pas bien longtemps, décollant presque aussitôt de son perchoir alors qu’il s’y était à peine étendu. Puis, il pénétra dans la maison en se faufilant par le trou de la cheminée – le Feu était éteint, c’était déjà ça – où il se mit à scruter les lieux. Son regard tomba sur un duo de gamines identiques, qui le dévisageaient d’un air partagé entre la curiosité et l’émerveillement, sans toutefois oser faire un geste. « Regarde Wen! C’est une luciole! » Ignorant le petit surnom peu flatteur qu’elles lui avaient refilé, Chayns se rapprocha lentement, déposant sa besace au sol sous leur regard insistant. Ensuite, l’Illuminæ fouilla dans le sac, où il en tira un livre à la couverture poussiéreuse, souriant amicalement – où ce qu’il croyait, sincèrement, amical. « J’ai un cadeau pour vous, les mio… les filles, j’veux dire. » Sérieux, il était bien plus doué avec des femmes d’âge mûr – pas trop quand même – qu’avec des petites gamines. Et en ce moment, il improvisait sur tout ce qui lui passait par la tête pour se montrer le plus… agréable possible. Par chance, il n’y avait pas de parents en vue. « Mais avant de vous le donnez, je dois clarifier un truc : je ne suis pas une luciole, mais un Fé. C’est pas pareil. » - « Pardonnez-nous monsieur le Fé. » Décidément, il les trouvait bien à l'aise, de parler comme ça à un inconnu. De l'innocence juvénile peut-être? Qu'importe en vérité: ça rendait juste son boulot plus facile. « Appelez-moi Chayns. » Puis, il regarda tout autour lui. À part ces enfants, la maison lui semblait vide. « J’ai un peu de temps devant moi. » Leur avoua-t-il. « …Vous voulez que je vous raconte une histoire? » Les yeux des gamines brillaient. Lui, il se demandait toujours pourquoi il avait dit ça. Enfin, c’était une part de la job, mais… « Oui! » Il soupira. Impossible de revenir sur ses mots désormais. Et conformément à sa promesse, il leur fit une courte lecture, puis partit en leur laissant le conte merveilleux entre leurs mains d’enfants.

890 mots

Nombre de mots + gains:

Force fut de constater que beaucoup semblait avoir reçu un ordre de la reine et Rosée se demanda si toutes connaissaient le visage de leur reine. Rosée du Matin avait parfois la mémoire défaillante et éprouvait des difficultés à identifier celle qui pouvait être la reine de toutes les Faes. En toute logique, elle élimina les Faes mâles, mais gardait un œil sur ces derniers. Certains étaient plutôt ravisant et Rosée aurait bien discuté avec eux, histoire de faire plus ample connaissance avec les siens.  Elle avait rarement eu l’occasion d’en voir autant.

Cependant, l’heure n’était pas à la discussion entre copines, car la plus charismatique de toutes prit la parole. Rosée se concentra pour l’écouter, bouche bée et yeux écarquillés. La Fae était magnifique, gracieuse et prestigieuse, de quoi enchanter la petite tête de la rouquine. Elle se présenta sous le nom de Sharlhayne, une envoyée de la reine. Cela devait être formidable comme rôle et la petite fée ne put s’empêcher d’espère un jour être à sa place. Recevoir une mission de la part de sa reine, être écoutée par de nombreuses fées, être d’une élégance féerique…

« Cruuunch, couina soudainement le souriceau dans ses oreilles aussi discrètement que possible pour ne pas se faire remarquer
— J’te jure que je l’écoute ! Elle parle de la souffrance », lui confia-t-elle pour démontrer qu’elle écoutait Sharlhayne, même si cela se faisait partiellement.

La fae profita d’une pause de l’auditrice pour se concentrer plus sur ses paroles que sur son physique. Elle éprouvait quelques difficultés à comprendre l’entièreté de son discours, mais en retient le principal : distribuer et raconter des histoires. Au moins, la mission qui leur était confié s’avérait simple et facile à réaliser. Rosée appréciait l’idée et surtout les besaces magiques qui retinrent toute son attention.

« Elles peuvent s’adapter à notre taille ? répéta-t-elle. C’est chouette ça. S’exclama-t-elle en se faufilant à son tour vers les deux faes qui distribuaient les besaces contenant les livres. Comme annoncé par Sharlhayne, elles étaient légères.

« Oh ! Elles sont fabuleuses ses besaces, lança-t-elle à l’attention des faes lorsqu’elle en prit une. Je peux la garder après la distribution des livres, dites ? Ce serait super pratique pour transporter des fruits, Fruits des Bois à toujours faim et les fruits, c’est lourd, surtout les pastèques !
— Crunch ! confirma le petit souriceau en battant des ailes joyeusement
— Rooh, puis on sait mettre plein de chose dit donc , commenta-t-elle en regardant l’intérieur, rempli de divers livres à la gloire des Aetheri. C’était fou la quantité que l’on pouvait mettre dedans !
— Euh…. Rosée… Commença timidement l’un des faes
— Vous connaissez mon prénom ? Rooh, je suis connue !
— Oui, mais…. Les autres sont déjà parties, parvint-il à prononcer en pointant du doigt les dernières faes qui s’envolaient vers les chaumières pour accomplir la mission donnée par Sharlhayne.
— Nom d’une pâquerette ! J’suis en retard, s’exclama la fée en battant énergiquement des ailes. Attendez-moi ! » lança-t-elle en espérant faire un bon de chemin avec quelques faes.

Cependant, la plupart étaient déjà fort loin et la petite fae chercha après un enfant à qui donner un livre. Elle dû faire quelques battements d’ailes en plus pour trouver des petits hommes à qui raconter des histoires. Les autres faes avaient à cœur de faire la mission de Sharlhayne et il lui fallait chercher plus loin des enfants sans livres. Rosée du Matin finit par trouver une chaumière inoccupée ou presque, un enfant jouet avec un animal en bois. Doucement, elle s’approchant de lui en espérant qui ne la prendrait pas pour jouet supplémentaire.

« Bonjour, je suis une Fae ! Je m’appelle Rosée du Matin, se présenta-t-elle gentiment. J’ai des histoires plein ma besace magique, tu veux un conte ? demanda-t-elle tout en cherchant dans le sac un livre.
— Je n’aime pas les histoires… lança le petit garçon, en prenant la fée au dépourvu.
— Il n’aime pas les histoires ? s’étonna-t-elle en se retournant vers Fruits des Bois, je fais quoi dans ce cas-là ? lui demanda-t-elle.
— Crunch… fit le petit souriceau en haussant les pattes.
— Tu ne veux pas que je te conte une histoire ? réessaya-t-elle.
— J’aime pas qu’on me lise les histoires non plus.
— Et les chansons, tu aimes les chansons ? demanda-t-elle en dernière tentative.
— Oh oui, j’adore les chansons, mais papa et maman préfèrent le calme
— Et papa et maman, ils sont là ?
— Non, mais ils ne devraient pas tarder à revenir !
— Alors, je vais te chanter une histoire et si la chanson te plait, tu garderas le livre ? »

L’enfant hocha la tête et s’installa confortablement par terre, jambes croisées pour écouter la petite fae. Elle attrapa les livres et sélectionna celui qui comportait des illustrations, plus facile pour comprendre l’histoire et la chantonner. L’histoire parlait de nombreux dieux qui étaient toujours là pour aider une fillette. Le garçonnet semblait apprécier la voix de Rosée, car il se dandinait au rythme de ses paroles. Paroles qui restaient dans sa tête, car il continua de chantonner quelques phrases, même lorsque la rouquine eut fini l’histoire. Comme promis, l’enfant pris possession du  livre et alla le cacher sous son oreiller pour le livre en toute discrétion. Ravie, la petite fae le quitta en se faufila dans l’ouverture d’une fenêtre pour joindre une autre chaumière.



~890 mots

Sherridane ne bougea pas. Dès que la jeune femme vêtue de blanc parla, elle se figea et tendit l'oreille, curieuse. Elle ne voulait absolument rien raté ! Cette Sharlhayne était particulièrement loquace et c'était très agréable de l'écouter. Sherridane était comme ça après tout, subjuguée par tout ce qu'elle voyait, la coterie ne lui ayant pas encore enlevée toute son âme d'enfant. D'ailleurs la mission des plus pacifiques lui plaisait grandement. Enfin un peu de paix, enfin un autre moyen que le sang et les larmes pour une gloire éphémère. La blonde remit une mèche de cheveux derrière son oreille, emportée précédemment par le vent. Ce que disait sa congénère était on ne peut plus vrai : Delta n'avait fait que jeter du venin sur les terre du Yin et du Yang. Tout allait bien du côté des croyances, alors pourquoi un soulèvement tel que celui-ci... ? La Fæ était à des réflexions très basiques. Pour elle il y avait le Bien, le Mal et voilà. Aucun besoin d'éclaircir des idées ou de comprendre des points de vues. Sa façon de pensée était basique, des plus communes. En bref, c'était madame tout le monde et quelqu'un comme Sharlhayne n'avait généralement aucun mal à embobiner quelqu'un comme elle.

Sherridane fut séduite par l'idée d'enseigner aux tous petits par le biais de contes. Après tout, quoi de mieux que des histoires fantastiques et enchanteresses, pour faire comprendre aux plus jeunes comment fonctionne le monde et la religion ? Elle ne voulait pas forcément décrier Sympan ou Delta en fin de compte. Ce qui l'intéressait c'était l'initiation et non pas la propagande ou encore le sabotage de l'ennemi. La Fæ se sentait chevaleresque, empreinte d'une mission d'importance capitale, qui lui permettrait de rétablir un semblant d'ordre. Ce genre de responsabilité ne lui faisait pas peur, au contraire, elle se sentait pousser des ailes !
Appliquant les ordres à la lettre, elle ne regarda même pas ses congénères et attrapa une besace toute légère pour voler jusqu'au grand village qui hébergeait une bonne partie du peuple des magiciens. De sa petite taille de mignonne, elle alla de carreau en carreau, essayant de distinguer des foyers un peu propice aux ouvertures d'horizon. Bien que ce n'était pas clairement indiqué sur leur porte, elle tenta d'entrer dans quelques unes des maisons. Aucun propriétaire ne repoussa la petite Fæ tant elle fit preuve de discrétion.
Elle déposa deux livres par maisonnée, se disant que plus il y en avait, mieux c'était, jusqu'à voir un petit enfant jouer avec des cubes de bois, visiblement seul. Sherridane passa par l'entrebaillement de la fenêtre, avant de voleter devant le visage du petit monstre sage.

« Bonjour toi... ! » L'enfant leva la tête vers elle. Il devait avoir quatre ans... Peut être cinq... Ou six ? En fait, aucune idée. La Fæ avait une très très mauvaise estime de l'âge des gens. Mais bon, il était petit, c'était ce qui comptait « Euh... Bonjour... » En fait, peut être sept, voir huit. Et ce n'était pas des cubes de bois. Ses jouets étaient en fait des sortent de... Petites figurines grossières et gravées. La Fæ ne pouvait affirmait qu'il jouait réellement... « Et donc ? Vous voulez quelque chose ? », « Euh... Oui oui ! Je m'appelle Sherridane et je lis des petites histoires aux enfants. C'est enrichissant et très ludique. », « Je ne suis pas un enfant, j'ai onze ans et demi. », « Ah ! Bien sûr. J'ai un livre... Pour les grands alors. Ceux qui savent lire et écrire, mais qui ne savent pas encore tout... ! » Elle sourit, sortant un bouquin de la besace. Il n'était pas très épais, mais il avait plus d'allure que les autres, un peu trop colorés « Hum... Et vous voulez me lire une histoire ? » Dans la pièce d'à côté on entendit d'un coup, une petite brailler. Le garçon se leva rapidement, et alla la voir, lui parlant ainsi gentiment et avec attention. Sherridane le suivit dans cette pièce à la lumière un peu plus tamisée « C'est ta petite sœur ? », « Oui, elle a quatre ans mais elle a du mal à dormir. On pense qu'elle fait des cauchemars. » En effet, l'enfant dans le petit lit se calma en voyant son frère.

La Fæ s'approcha de tout ce monde, se grandissant par la même occasion. Bien qu'elle surprit le garçon, elle amusa la petite. Ses boucles blondes s'agitaient sous ses rires et elle tendit les bras comme pour toucher la Fæ. Sherridane lui donna sa main, avec laquelle elle joua « Bha, si vous lisez des histoires, lisez-lui en une, avec un peu de chance ça la calmera et elle finira sa sieste. Je suis à côté. » Le garçon était particulièrement mature pour son âge. Il quitta alors la pièce, laissant les deux filles toutes seuls « Eh bien ma petite... Nous allons voir si mes histoires sont si soporifiques... »

Mots : 844

Chayns referma le livre à la couverture rugueuse, exhalant l’oxygène contenue à l’intérieur de ses poumons. Le silence s’immisça entre les murs du petit salon, alors que l’enfant ouvrait de grands yeux, à la fois émerveillé et curieux. « C’est tout? » L’Illuminæ hocha de la tête en replaçant la besace déposée au plancher sur son épaule. L’expression du petit Mage Bleu se décomposa, affichant une moue qui trahissait sa déception. Il croisa les bras. « Mais je veux savoir comment la colombe parviendra à arrêter le méchant corbeau… » Le jeune homme étira un sourire en coin – qui se voulait amical, quand même –, tendant la main pour venir ébouriffer la tignasse charbon du garçon. Le Fé était satisfait de lui-même, par les quelques prouesses qu’il avait réussi à réaliser jusqu’à maintenant. C’était plutôt simple lorsqu’on comprenait le truc avec ces gosses. Il suffisait juste de lire un passage particulièrement croustillant de l’ouvrage, puis s’arrêter avant le dénouement pour nourrir un semblant de curiosité et d’intérêt pour l’enfant, vis-à-vis de l’histoire. Pourtant, c’était bel et bien la toute première fois que l’Illuminæ se servait de ce stratège depuis qu’il vagabondait, de maison en maison, dans l’enceinte du village. Mais comme le disait le fameux dicton, mieux valait tard que jamais. Et sérieusement, il ne regrettait rien, comme si, au final, ça n’avait pas réellement d’importance. Après tout, il ne se cassait pas la tête aussi : ce petit garnement n’était que le premier sur une liste d’enfants qu’il visiterait, et dont il comptait faire bénéficier de sa stratégie qu’il considérait impeccable. Son sourire espiègle s’élargit. « Si tu y tiens tant à connaître la fin, je pourrais t’offrir le livre en cadeau. » - « C’est vrai? »

Le Fé acquiesça. De toute façon, il n’avait jamais eu l’intention de le garder, simplement parce que ça faisait partie des instructions de Sharlhayne. Et on ne disait jamais " non " à une jolie Dame, n’est-ce pas? Plus encore, quand son seul et unique souhait était de charmer cette même demoiselle. Sa chance se tenait juste là : rien qu’un peu plus, et la jolie Fæ tomberait certainement dans ses bras pour le remercier de ses services. De justesse, Chayns parvint à étouffer un ricanement, et effaça le sourire stupide qui s’arquait petit à petit sur la commissure de ses lèvres. Il était alléché par ce désir utopique qui lui envoutait l’esprit. Était-ce donc cela, tombé en amour? Plus il y songeait, plus sa certitude semblait se concrétiser davantage. « Bien sûr! À une condition. » Rajouta-t-il en écartant l’ouvrage de la portée des mains du petit Mage. Le jeune garçon baissa soudain les yeux en faisant la moue. « Si c’est des pièces que vous voulez… » - « Non, j’veux pas d’argent. » D’où ce gosse sortait cette idée d’ailleurs? « Juste, promets-moi que ça restera un secret. Entre nous deux. Donc pas un mot à tes parents, OK? » Le regard du jeune Magicien s’illumina de nouveau. Même s’il ne comprenait pas vraiment le pourquoi du secret, il accepta la condition. « D’accord, je vous le promets! » Alors que le Fé tendait le bouquin à l’enfant, la porte d’entrée s’ouvrit à la volée sur trois individus – deux hommes vêtus d’un uniforme et une femme. Un silence lourd, mais surtout tendu s’infiltra dans la maison, sous les regards déroutés du petit Mage Bleu et de Chayns, qui lâcha un rire nerveux. Des gardes… et la maman peut-être? Génial. Mais que foutaient-ils ici? Le jeune homme prit soudain un air blasé. Qu’importait en vérité : quoiqu’il advienne par la suite, l’Illuminæ avait le pressentiment qu’il n’allait pas apprécier. Pas du tout.

« Tristan, donnes-moi immédiatement ce livre s’il te plait. » La femme se détacha des deux soldats en avançant à grande jambées vers son fils, qui ne s’était toujours pas remis de sa confusion. « Mais… pourquoi maman? » Elle ne lui répondit pas. Son regard dévia plutôt vers le Fé, qu’elle lorgna d’un regard sévère, presque incendiaire. « Emmenez cette personne loin de mon enfant. » La Magicienne s’adressait aux hommes restés à l’entrée, mais ses iris noisette, froids, ne se détachaient pas du visage inexpressif de Chayns. Ce dernier soutint la colère qui dansait au fond de ses prunelles, étrangement calme. « C’est pas c’que vous croyez. » Tenta-t-il d’une voix légèrement hésitante. Il se préparait déjà à reprendre sa forme originelle, mais l’un des gardes, plus rapide que lui, vint empoigner doucement, mais fermement, son poignet pour l’empêcher de fuir. « Ça ne vaut plus la peine de chercher des excuses. Nous savons ce que vous et vos semblables tentez de faire; vous n’êtes pas la première Fæ que nous parvenons à attraper. » L’Illuminæ se retourna pour faire face au Mage. « Est-ce que j’ai la tête d’une fille? Je suis un Fé, bon sang! Un " F-É "! » La prise du garde se raffermit et son visage se durcit. « Peu importe, vous venez avec nous… » - « S’il vous plait, ne… ne l’arrêtez pas! Il… il ne faisait rien de mal! » Ouais, c’était vrai! Excepté inculquer des croyances à un gosse qui allaient à l’encontre de celles de son propre peuple lors d’une situation de guerre, mais à part ça… « Ne dit rien mon cœur. C’est bientôt terminé. » Tristan semblait prêt à rétorquer, mais le regard que sa mère lui lança l’arrêta rapidement. Le Fé poussa un soupir, mais honnêtement, il n’était pas surpris : la réaction du jeune garçon avait été à prévoir. « Rendez-vous sans faire d’histoire et nous n’utiliserons pas la méthode forte contre vous. » - « Ça va, j’avais compris. » Maugréa-t-il. Il n’avait rien qu’il puisse faire, il était impuissant de toute façon. Sans un mot, Chayns se laissa conduire jusqu’à la périphérie du Lac, où ses yeux rencontrèrent ceux des autres Fæs ayant eu la même chance que lui : c’est-à-dire, un sacré paquet.

965 mots