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  ♦ Le Conte du Voleur : L’As de Pique ♦ [PV : Wriir]

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Dim 04 Sep 2016, 23:27


« Fais attention Rosie, ne saute pas trop haut, tu risquerais de te casser une tige. » prévint l'une des nombreuses marguerites.

La jeune Fae se pencha et prit dans ses bras la petite fleur avec une délicatesse infime avant de caresser du bout du doigt l’un des nombreux pétales qui ornaient le cœur jaune. Elle acquiesça. Ce n’était pas la première fois qu’on lui déconseillait ses cascades, devenues un mode de déplacement car dépourvue d’ailes. Rose-Alysse s’écarta en laissant tranquille la fleur à peine éclose et prit son élan. D’autres plantes vivaces se mirent à l’acclamer haut et fort. Les lupins et les jonquilles constituaient le chœur principal de cet écho motivant. La Fae fit quelques pas en arrière et en deux, trois mouvements s'élance et fit plusieurs bonds avant de rejoindre la balustrade du balcon qui donnait sur son ancien jardin. Elle se rattrapa tant bien que mal sur le bord, en s’égratignant les bras comme à chaque passage. Une fois debout sur la pierre, Rose-Alysse se retourna pour saluer ses amies qui profitaient au même titre qu’elle du plein soleil la fenêtre grande ouverte. La Fae s’en allait travailler la terre dans un coin de l’île, perdu, ignoré de tous les domestiques. C’était son endroit secret, sa cachette, qui et elle l’espérait de tout son cœur, deviendrait un jour le nouveau sanctuaire de ses amies les fleurs. Mais avant, il fallait rendre l’endroit agréable pour que la terre accueille de nouveau Celles qui l’avaient élevées. C’était un travail de longue haleine que de rendre une terre fertile. Mais la Fae, en toute conscience, était persuadée que cela était faisable. Donc ne prenant pas en compte le facteur de l’impossibilité, elle se donnait comme objectif d’y passer une bonne partie de son après-midi, à chaque fois qu’elle en avait l’occasion. La chose était malheureusement rare ces derniers temps ; souvent appelée à l’étranger, la Fae se devait de partir pour rejoindre l’inconnu, mais pas cette fois.

Comme à son habitude, elle se laissa porter par le vent parfois capricieux, tantôt clément. N’ayant pas une aptitude pour deviner la météo – à part discerner les nuages et le soleil, Rose-Alysse ignorait les autres messages – elle se fiait à son instinct, le seul qui lui disait « Attrape-toi à une branche, n’importe laquelle » au risque de se voir perdue dans l’Océan bordant l’île. C’était ainsi qu’elle rejoignait son lieu à elle, au gré du temps. L’endroit se perdait dans un maquis, non loin de la plage et de la forêt. Les arbustes étaient assez nombreux pour protéger le passage d’éventuels Géants. Seuls les rats venaient importuner la Fae qui les chassait aussitôt, avec les moyens du bord. Sa petite épée Chardon, travaillée dans un métal inconnu des humanoïdes, l’aidait dans cette tâche. De toute façon les rongeurs ne restaient jamais très longtemps, ils comprenaient bien vite qu’ils avaient affaire à une petite teigne, plus têtue qu’eux. Rose-Alysse se remettait au travail ensuite, enlevant cailloux, pierres, retournant la terre. A son échelle, ce travail qui aurait pu prendre une heure à la taille d’un Géant, prenait plusieurs après-midi entières.

Quand elle eut terminé ce qu’elle avait à faire pour l’après-midi, Rose-Alysse eut la drôle de sensation qu’on l’épiait de haut. Cela ne pouvait pas être des rongeurs, des rapaces alors ? La Fae avait en horreur les faucons et les éperviers, elle se méfiait d’eux car à chaque instant ils pouvaient la prendre pour une proie. Elle se hâta de ranger le petit matériel qu’elle avait récupéré depuis des jours sur son chemin et alla se perdre dans la végétation, jusqu’à  voir l’énorme bâtisse démesurée de la Collectionneuse. L’endroit ne représentait plus le même danger qu’auparavant. C’était différent et Rose-Alysse n’avait pas les mots pour décrire ce qu’elle ressentait en voyant le manoir. Tout ce qu’elle devait savoir était simple. Ses plantes étaient retenues captives à l’intérieur, pour une durée indéterminée. Si cette maison les accueillait, la Fae s’y sentait comme « chez elle » aussi. D’ailleurs elle se pressa de grimper jusqu’au balcon en s'aidant des plantes grimpantes. Le ciel était devenu aussi gris que ses iris, le vent faisait battre des volets mal retenus. La Fae, dans un moment d’hésitation, perdit l’équilibre et tomba.


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Lun 05 Sep 2016, 18:07

Comme à chaque nouvel endroit que je visitais, je mettais un point d’honneur à ne pas utiliser la voie des ombres pour m’y rendre. Ce moyen propre à notre race ou presque permettait de voyager à une vitesse incroyablement rapide, tout en s’affranchissant des contraintes physiques : conditions météorologiques, retards dans les moyens de transport classiques, coût de ces derniers et ce en évitant une mauvaise compagnie par-dessus le marché.

Pourtant, j’avais déjà eu l’occasion d’aller à l’endroit où je comptais me rendre à présent. J’avais déjà foulé les terres de l’endroit nommé « L’Antre de la Dame », conviée par sa propriétaire même pour une activité aventureuse et sanglante. Typique de la race de celle qui en était la propriétaire, quel que fût le patronyme qu’elle s’affublait là-bas.
Cette fois-ci, je voulais visiter ces lieux en simple voyageur, curieux badaud osant s’aventurer là où les Esprits que personne ne voyaient hurlaient des sévices ou de la mort brutale dont ils avaient été victimes.

Le Destin me permit de trouver une formidable excuse pour me rendre sans éveiller les soupçons. Dans le port où se trouvait le bateau permettant la traversée jusqu’à l’île, un homme richement vêtu abordait la population aléatoirement pour solliciter de l’aide suite à un vol commis là-bas. Je fis partie de ce lot-là, l’écoutant attentivement alors que l’individu promettait une récompense à la hauteur de notre efficacité à débusquer le voleur. Prenant une mine intéressée par l’appât du gain et le goût de l’aventure, je pris le document qu’il me remit pour embarquer ensuite dans un bateau en partance vers l’Antre de la Lady.

Pendant la traversée, les contes et légendes n’enlevèrent en rien le folklore local. Il y avait une grande part de vérité, mais les marins opérant la traversée aimaient rajouter une légère touche d’exagération pour rendre l’ambiance plus effrayante encore. Ça devait faire fonctionner le commerce probablement.

Je pensais comme la première fois arriver à bon port sous un temps clément, mais une véritable tempête m’attendait patiemment pour mener la vie dure aux marins, luttant ardemment pour éviter au navire de se retourner ou se fracasser contre les rochers de la côte. Non sans mal et avec un retard certain, nous parvînmes finalement jusqu’à la rive et immobiliser le bateau sous des trombes d’eau zébrées d’éclairs. La tempête avait laissé d’autres esquifs à quai, et tant que les caprices des éléments ne s’étaient pas taris, voilà mon nouveau lieu de villégiature.

Je montrais le document qui m’avait été remis à la personne qui portait le même uniforme que celui en ville, et je pus en apprendre un peu plus. Il s’agissait de divers livres d’une grande valeur, dérobés par le très connu « As de Pique ». Fort de mon inculture sur les grands noms, ce pseudonyme ne me parlait absolument pas et l’homme en uniforme, déçu de mon utilité future en ne sachant pas cette évidence, me relata un peu le parcours « professionnel » du sieur, et ses prouesses à dérober peu importe l’endroit ou la puissance du volé : rien ne semblait lui faire peur. Son identité restait secrète, rendant ses méfaits plus difficiles encore à anticiper, et sa signature ne donnait guère plus d’indices.

L’homme me confia un badge rouge sang que je devais impérativement garder sur moi, au cas où on viendrait à me demander la raison de ma présence dans telle ou telle pièce. J’opinais nonchalamment en le fourrant dans ma poche. Vérifiant que le principal avait été dit, je pris congé et me dirigeais vers la demeure principale. Le temps sur l’île y était plus clément, la tempête semblant clairement magique pour dissuader toute personne de rentrer ou sortir au bon gré de sa propriétaire. Seul le vent semblait continuer de souffler assez fort pour que les bourrasques fassent plier certains arbres frêles et chanter les feuillages épais.

Après plusieurs centaines de mètres la large demeure dont la silhouette m'était familière se dessinait à l'horizon. A l'image de sa propriétaire, elle mêlait autant la fascination que la crainte. L'architecture était majestueuse, mais cette impression de grandeur nous rendait l'image de n'être que des petites fourmis entre les pattes d'un lion.

La forêt laissée à l'état sauvage renforçait un peu plus cette impression de puissance maîtrisée autour d'une nature indomptée que je quittais pourtant à regret : j'avais toujours préféré les espaces verts aux murs froids.

Une volée de marches invitaient à pénétrer par la grand' porte, mais je décidai de faire le tour de la bâtisse pour y trouver - sait-on jamais - un indice sur la façon dont s'était pris le voleur pour dérober ces livres. Une fenêtre cassée laissait des débris, un cadavre fraîchement tué laissait une âme ou un Esprit bavard, tout était bon à prendre selon ses propres capacités.

Pourtant, au lieu d'aller à la rencontre d'un indice, ce fut le contraire quand un objet percuta mon crâne, y posant mes mains par réflexe pour voir autant la cause que la conséquence de cette chute, et sentit une forme pas très lourde ni très grosse remplir le vide de mes mains jointes.

Fronçant les sourcils, je portais mes mains dans mon champ de vision, pour y trouver ... une Fae ?!! Je n'avais jamais eu l'occasion d'en voir une d'aussi près, aussi sans l'étouffer, je gardais mes mains suffisamment closes pour qu'elle ne s'enfuit pas.

Je m'adossais contre le mur, lui adressant la parole :

- Que fait une Fae en train de tomber sur les gens ici ? Tu "habites" ici ?

Je ne savais pas pourquoi, peut-être était-ce dû à sa taille minuscule, mais je ne m'imaginais pas la vouvoyer.
Post n°1 : 956 mots.

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Lun 05 Sep 2016, 19:24


La hauteur était importante pour sa taille mais sans doute pas pour un homme. Elle eut le temps de se retourner sur elle-même, d’être malmenée quelques secondes par le vent avant de réaliser sur quoi – ou plutôt, sur qui – elle allait tomber. Elle atterrit dans une  touffe épaisse de cheveux emmêlés et bruns. Il y eut un choc qui momentanément lui coupa la respiration et instinctivement elle s’agrippa comme elle put à la chevelure avant d’être enlevé de son emplacement. Quand elle fut à la hauteur du visage du Géant, sa vision était encore trouble et devant ses yeux une myriade de lucioles et d’étoiles dansait en cercle en faisant la ronde. La Fae avait bien trop la tête ailleurs pour se rendre compte du danger potentiel dans lequel elle était. Etre dans la main d’un humanoïde était synonyme à tout instant de mort, car il suffisait à l’homme de serrer le poing pour comprimer sa cage thoracique. Quand elle reprit une respiration normale et que sa tête finit par lui causer la nausée, la créature sans aile posa un œil intrigué sur ce qui la maintenait si haut au-dessus du sol. Et sentant l’haleine du sujet, son cerveau ne fit qu’un tour pour qu’elle se mette à se débattre comme une furie. Ses jambes se secouèrent pour donner des coups de pied dans le vide, ses mains frappèrent le membre de celui qui la tenait. Elle essaya même de le mordre, mais sa peau était si dure et si inflexible qu’elle ne put en attraper ne serait-ce qu’un morceau et laissa un petit filet de bave à la place. Chardon était coincé dans sa ceinture et malheureusement pour elle, bloquée au niveau de la taille, elle ne pouvait pas la prendre. Rose-Alysse ignorait qui il était, ce qu’il faisait, d’où il venait et elle n’en avait rien à faire. La seule chose qui avait de la valeur à ce moment était la liberté qu’on venait de lui ôter. Il finit par parler. Le Géant avait un ton étrange. Personne ici ne lui avait parlé comme ça – d’ailleurs Rose-Alysse ignorait si les humanoïdes étaient aptes à faire preuve de curiosités ou d’amitiés sans une pensée malhonnête derrière. Elle haussa un sourcil, l’écoutant, calmée brièvement et reprit de plus belle quand il termina de poser sa question.

Sa fatigue venant à bout, la Fae décida au tout et pour tout, de rentrer en état de thanatose. Son corps se raidit, sa tête se balança en arrière et tous les muscles de son corps se décontractèrent. Une odeur qui aurait pu en surprendre plus d’un fut lâchée et à contrecœur le vent qui soufflait fort l’emporta. Elle resta dans cette position en essayant d’avoir l’état d’une poupée de chiffon. Inutile à présent, il suffisait au Géant de la balancer loin par terre. Si cela se produisait, elle pourrait s’enfuir à sa guise et revenir plus tard, quand elle serait sûre d’elle. Elle ne bougea plus pendant un moment – qui lui sembla être une éternité. Son cœur palpitait toujours. Elle était apeurée car il ne desserrait pas. Elle ouvrit un œil gris sur lui, se mouvant légèrement. La patience n’était pas son fort et ne faisait certainement pas partie de ses atouts.

Au-dessus d’eux, un domestique vint secouer les tapis. La servante battit le tissu, puis un second, avant de se rendre compte que quelqu’un était sous la fenêtre. Elle remarqua l’homme mais pas la Fae qu’il avait dans les mains. En entendant sa voix, la petite Fae se crispa. Elle n’aimait pas cette femme, ni les autres d’ailleurs.

« Vous êtes là pourquoi ? » cria la mauvaise femme à cause du vent et de la hauteur. « Vous avez un laisser-passer sur vous ? » Le brin de sa voix était formel ; il n’était ni accusateur, ni curieux.

Que faisait-elle dans cette pièce ? N’avait-elle pas le droit de s’y rendre maintenant ? La petite Fae tiqua. Elle n’aimait pas les domestiques, mais encore moins quand ils venaient alors qu’elle était là. Si elle avait été libre de ses gestes et si elle possédait encore ses ailes, elle se serait envolée jusqu’au balcon et l’aurait chassé à coup de Chardon dans les fesses. Néanmoins, la Fae était dans les mains de l’individu qui la retenait et était - par la même occasion - toujours en train de simuler la Mort. Elle se devait de garder la couverture, jusqu’à ce que le Géant se lasse.

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Mar 06 Sep 2016, 18:34

De façon générale, la probabilité que quelque chose nous tombe sur la tête, à part quand un Aether décidait de détruire un continent entier alors qu'on y était encore, était faible. Après tout, avec un peu de prudence et un minimum de chance, l'objet inerte avait de plus de probabilités de tomber à côté que sur notre crâne.
En l'espèce, que ce soit non pas une chose mais un être, volant de surcroît, était une accumulation de coïncidences heureuses ou malheureuses selon de quel côté on se trouvait.

Mes doigts étaient écartées et liées entre eux, seules les tranches de mes pouces étaient séparées pour me permettre de voir ma prise. Visiblement, elle n'aimait pas du tout la situation dans laquelle elle se trouvait, et je pouvais bien le comprendre. Je la voyais vainement se débattre entre mes paumes, énervée ou paniquée à l'idée de se retrouver prisonnière d'un inconnu qui devait bien faire vingt fois sa taille. Elle ne manquait pas d'ardeur assurément, aussi vainement qu'elle tentait de s'échapper de mon emprise.

Le seul moment où elle se calma fut celui où je lui parlais. Son attention fut alors focalisée sur les mots qui sortaient de ma bouche, et je pensais avoir capté son intérêt et la calmer pour établir un simili lien entre elle et moi. Le discours se mua très vite en monologue, tant je n'eus en retour qu'un silence pesant et une Fae qui tomba raide morte dans mes mains. Du moins en donnait-elle l'apparence car elle était tombée sur la pire race qui soit pour simuler une mort. Les Faes avaient une spécificité propre à eux quand leur heure était venue. Ca ne lui permettait pas pour autant de me duper, et j'allais lui faire comprendre que sa tentative était vouée à l'échec quand une sorte de neige qui piquait le nez m'atterrit dessus. Les grands coups secs au dessus de ma tête me firent vite comprendre qu'une servante battait un tapis dont la poussière venait de changer de domicile, en l'occurrence ma tête et ma veste.

Remuant mon nez pour éviter d'éternuer, cette dernière m'interpella de toute sa hauteur, m'interrogeant sur les raisons de ma présence ici.

- Je ne sais pas si vous êtes habilitée à connaître la raison de ma présence ici, sans vouloir vous vexer. Mais j'ai ce dont vous parlez oui, répondis-je du même ton qu'elle avait elle-même employé. Je n'étais pas dédaigneux, mais je n'allais pas obéir aux injonctions d'une inconnue qui ne prenait même pas la peine de dire bonjour. Question de principe. Si vous voulez bien m'excuser, terminais-je en m'éloignant de la fenêtre où elle se trouvait.

Je fis quelques pas jusqu'à être hors de portée de la mégère, avant de remettre mes mains face à mon regard. La fée était toujours immobile, inconsciente.

- Sage mais vaine tentative Fae, je sais que tu n'es pas morte et tu ignores si je suis ton ennemi. Je ne compte pas faire de toi ma prisonnière, je déteste ce concept à dire vrai. Je me disais que si tu habitais ici, en tout cas si tu connaissais le coin, tu aurais pu m'aider à chercher celui qui a volé quelque chose ici.

Je me trouvais désormais devant l'entrée, à une dizaine de pas au moins du parvis. Le coin était désert, seul le vent nous fait l'honneur de sa présence. Je n'allais pas l'encombrer de ma présence, ni perdre mon temps si elle ne voulait pas se montrer coopérative. Après tout, elle avait peut-être plein de choses à faire, des choses de Faes que les Grands ne pouvaient comprendre et elle ne souhaitait qu'une chose : Que je lui fiche la paix et la laisse vivre sa vie dans son coin avec ses fleurs.

J'ouvrais alors mes deux paumes, la libérant de ma prison de chair.

- Si tu ne veux pas m'accorder ton aide, je comprends, tu peux partir, je ne te retiens pas. Je me disais que si tu habitais là et que nous retrouvions ces livres volés, la propriétaire pourrait être contente de notre efficacité et nous récompenser tous deux. Bah, je me débrouillerai bien tout seul, c'est un passe-temps comme un autre.

Je souris plus pour moi-même, me dirigeant lentement vers l'entrée, les paumes toujours ouvertes.


Post n°3 : 752 mots.
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Mar 06 Sep 2016, 20:32


Il n’abandonna pas sa prise facilement. La Fae commença à subir de douloureuses crampes au niveau des côtes et des reins, à force de maintenir sa position de gymnaste.  La tête toujours renversée, les cheveux pendant dans l’air capricieux, Rose-Alysse se demanda quand est-ce qu’il la lâcherait. Feignant la mort autant qu’elle le pouvait, ne se retenant pas de respirer non plus, la Fae se mit à compter silencieusement les pétales uns à uns dans sa tête. Un pétale… Deux pétales… Trois pétales… En espérant que le temps passe plus vite ainsi. Le palpitant de Rose-Alysse reprit de plus belle quand il se déplaça suite au dialogue écourté entre lui et la servante. De là où elle était, elle voyait un monde renversé défiler sous ses yeux et elle eut beau les fermer, elle pouvait quand même percevoir le rythme de la balance s’exercer sur son corps. C’en devenait écœurant d’osciller de la sorte et quand bien même le Géant ne se montrait point brutal à son égard. Il s’arrêta. Les organes de la Fae étaient tous renversés dans son abdomen ; dès qu’il lui fit comprendre que sa comédie était inutile, elle se releva doucement, le visage verdit, ne sachant plus trop où donner de la tête. Les phrases du Géant auraient pu la laisser pantoise si en cet instant elle n’était pas préoccupée à savoir où étaient son foie, son estomac et ses intestins. Elle ne put décidément poser un œil sur lui que lorsqu’il desserra l’étau de sa prise. Elle se sentit de nouveau respirer et s’aida de la paume du Géant pour se redresser. Ses pas tanguèrent un peu sur la chair rigide de l’individu. Elle leva une de ses mains pour se tenir la tête et écarter quelques mèches de cheveux. Une grande bouffée d’air frais fut nécessaire au bon replacement de sa partie gastrique et enfin elle s’étira comme éveillée d’un long et épuisant sommeil.

Finalement ses yeux se posèrent sur lui alors qu’il lui proposait de partir. Elle ne l’avait pas remarqué plus tôt, mais son regard se dissociait en deux couleurs distinctes. D’un côté, il avait un bleuet et de l’autre une rose rouge. Elle pencha sa tête sur la droite, ne comprenant pas vraiment comment cela était envisageable d’avoir des yeux différents. Puis elle songea aux fleurs, au temps… Elle regarda ailleurs alors qu’il devait sans doute attendre une réponse de sa part. A vrai dire, elle avait compris l’essentiel. Les mots de l’homme avaient du sens et puisqu’il n’avait montré aucune animosité à son encontre jusque-là, la Fae pointa du doigt une direction au hasard.

« Là-bas. » Elle l’observa et décida d’entreprendre une expédition périlleuse : elle fit la funambule en marchant sur son avant-bras et en escaladant ensuite son biceps pour enfin arriver à la hauteur de son oreille. Elle attrapa le cartilage et s’y pencha pour lui parler. « Pourquoi tu as des yeux différents ? Tu en as volé un ? »

L’histoire du vol des contes ne l’avait pas ému plus que ça, d’ailleurs, elle s’en fichait royalement. La seule chose qui l’inspira et qu’elle réutilisa de ce qu’il lui dit fut le mot « Vol » qu’elle n’avait pas eu très souvent l’occasion d’entendre. La collectionneuse pouvait perdre bien des choses, tant que ses fleurs étaient sauves… En songeant à elles, la Fae se releva sur l’épaule du Géant en s’agrippant à la crinière. Son regard se posa sur la bâtisse.

« Ce n’est pas ma maison. » lui avoua-t-elle. « Il y a mon jardin. Elle me l’a pris alors je suis là. »

Son mutisme s’était mué ; bien qu’elle ne pouvait avoir confiance en un géant, la présence de ce dernier ne l’incommodait pas. De lui ne dégageait pas la même sensation qu’elle avait eu auprès de la Collectionneuse, de plus, il l’avait relâché sans lui ôter un membre, ou deux. Ce qui faisait une nette différence. A la force de ses bras, elle entortilla deux mèches et se balança devant le visage de l’homme. Elle put poser son regard dans l’œil bleu. L’iris était bordé d’un trait sombre qui accentuait les prunelles du Géant.

« Pourquoi tu passes ton temps ici ? Ce n’est pourtant pas un endroit pour passer son temps. »


Un mouvement malhabile après, elle était sur l’épaule jumelle qu’elle n’avait pas encore visitée. Elle tenta d’attirer son regard en secouant une autre mèche de cheveux. Son doigt lui indiqua la même direction que tout à l’heure.

« Il faut aller là-bas. Là-bas, tu rentreras chez toi et tout ira bien pour toi. Au revoir, Sieur Géant. »


C’était le conseil le plus avisé qu’elle pouvait lui donner. Elle ne bondit pas cette fois car le vent soufflait fort. Au lieu de s’évertuer à faire un saut, elle descendit grâce aux plis des vêtements et fut gênée dans sa descente à cause d’une Poche. Elle pénétra l’endroit, curieuse et gratta de l’ongle un objet rouge qui faisait la moitié de son corps. Malheureusement pour elle, la Fae perdit de vue la sortie et se mit à se débattre entre les tissus comme une souris piégée.

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Mer 07 Sep 2016, 09:08

Cette petite créature était pour le moins étrange. A dire vrai, leur race était un mystère à lui seul. Comme de si petits êtres avaient pu mériter leurs places parmi les plus grands. J'étais bien placé pour savoir qu'il ne savait pas se fier aux apparences loin s'en fallait, mais j'avais le besoin impérieux d'en savoir plus sur cette race inconnue du grand nombre dont je faisais partie. La providence m'avait fait tomber un étonnant cadeau dont sa détermination à m'en désintéresser en simulant sa mort ne fit au contraire qu'attiser ma curiosité.

Pour autant, ce n'était pas en l'emprisonnant entre mes mains que je pourrai la rendre coopérative, aussi lui indiquais-je que son feint trépas était inutile, mais que je lui rendais également la liberté tout en lui indiquant les raisons de ma présence ici. Avec un peu de chance, elle pouvait partager ma soif de curiosité à trouver un coupable ou tout simplement y trouver un intérêt en m'aidant.

Quand elle s'anima enfin, ses prunelles trahissant l'effort nauséeux qu'elle avait dû déployer pour simuler sa mort, je vis son minuscule doigt pointer une direction que suivit mon regard. Je ne vis rien de particulier, peut-être me montrait-elle la direction où elle vivait, au delà de mon champ de vision, à moins qu'elle souhaitait simplement distraire mon attention pour s'enfuir, hypothèse qui se confirma quand je jetais un regard vers mes mains. La Fae n'y était plus. Je me mis à sourire de m'être fait berner aussi facilement, quand je sentis mon oreille gratter et un léger poids sur mon épaule. Écarquillant les yeux d'étonnement, il s'agissait tout bonnement de la Fae dans un exercice d'escalade de mon corps. Je n'aurai jamais cru possible d'imaginer cela un jour !! Tout autant que la question existentielle qu'elle me posa.

- Volé un œil ?... Non, j'ai toujours eu des yeux de couleurs différentes, c'est un trait de ma race. C'est comme si je te demandais pourquoi tu es si petite. Tu n'aimes pas ?

Je ne m'étais jamais demandé l'effet que pouvait avoir mes iris vis-à-vis de mes interlocuteurs. Je pensais ce trait sans importance, pourtant ce fut la première chose que cette petite créature remarqua et l'interrogea à ce sujet.
Servant de monture de luxe à la demoiselle, celle-ci m'expliqua, si j'avais bien saisi en tout cas, que la maison détenait son ... jardin ?? que la propriétaire des lieux lui avait dérobé.

- Comment peut-on voler un jardin ?... Ca se détruit, mais ça ne se vole pas un jardin si ?... Je ne concevais pas qu'on puisse déplacer un jardin avec fleurs et arbres, pour le mettre à l'intérieur d'une demeure. Même si avec la magie, l'inconcevable devenait normal.

Toujours est-il que question situation saugrenue, voilà que mes cheveux servaient de balançoire à la Fae qui se déhanchait devant mon nez, suffisamment près pour que j'en vienne à loucher pour que ma vision soit nette en la regardant.

- C'est confortable mademoiselle ? Tu ne comptes pas me faire des tresses comme prochaine étape hmm ? Ce serait bien le genre, surtout après lui avoir soufflé cette idée stupide. Sinon je suis ici car j'ai un goût prononcé pour l'aventure. Je sais que les lieux ne sont pas très fréquentables, ça ne signifie pas qu'il faille l'éviter. Sinon autant vivre dans une grotte comme un reclus non ? Pour joindre l'utile à l'agréable comme je te disais, la maîtresse des lieux s'est faite voler des livres que je compte bien retrouver. S'ils ont été volé, c'est qu'ils ont de l'importance. C'est toujours bien d'apprendre des choses au fil de ses voyages non ?

Malgré ma demande d'aide dans cette quête originale, la Fae me pointa la même direction que là où elle était censée habiter mais pour une toute autre requête : je devais m'en aller. Ce n'était pas mon intention, et la tempête faisant rage m'en aurait empêché, sauf à me téléporter ailleurs. Me farcir tout ce voyage et braver les éléments pour le quitter sous les recommandations d'une Fae, sans façon !

- Hé bien au revoir également, Fae dont j'ignore le nom. Si elle préférait partir, je n'avais aucune raison valable pour l'en empêcher. J'assouvirai ma curiosité d'en savoir plus sur cette race une autre fois. Je la laissais donc quitter mon champ de vision, focalisé à présent sur les marches menant jusqu'à la porte d'entrée.

Devant la double porte un homme dans la même tenue que les précédents, s'interposant poliment pour me demander le but de ma visite. Je fouillais alors la poche où se trouvait le badge rouge qui m'avait été remis, tombant nez à main avec la Fae qui n'avait rien trouvé de mieux que d'élire domicile là !! Passées les quelques secondes de surprise, je fis un sourire de circonstance en sortant le badge en veillant à ne pas écraser ou emmener la Fae avec, et pénétrer dans le hall principal, à l'image de sa façade extérieure : majestueux et inquiétant à la fois.

A peine eussé-je fait quelques pas que je fus alpagué par une servante, les mains chargés de linge de maison en boule, celle-là même qui se trouvait à l'étage un peu plus tôt.

- Vous là !! Vous étiez dehors tout à l'heure ! Vous n'auriez pas vu une Fae, aussi petite que bête comme ses pieds ! Elle fait la tire au flanc alors que je voulais lui donner du travail !

- Une Fae ? répondis-je en réfléchissant. Ca existe ça, les Faes ? Je pensais qu'on n'en trouvait que dans les contes pour enfants moi ... Désolé, je crains fort de ne pas avoir vu ce que vous cherchez, si tant est que ça existe. Par contre, où se trouve la bibliothèque de la maison je vous prie, j'ai moi aussi un travail à accomplir.

La servante me regarda d'un air incrédule, partagée entre l'idée que je me moquais d'elle ou d'un profond abruti qui découvrait pour la première fois le monde.

- Mouais, c'est là bas, vous montez ces escaliers, vous suivez le couloir, et c'est la quatrième porte à droite. Porte bleue et argentée.

- Oh, merci bien, je m'y rends de suite dans ce cas !

Partant le sourire aux lèvres, je grimpais les marches sans hâte. Arrivé sur le palier, je fis encore quelques pas avant d'insérer ma main dans la poche et en ressortir l'intruse.

- On visite ?... Je t'ai sauvée d'une corvée, toujours pas décidée à ne pas m'aider ?

Post n°4 : 1 148 mots.
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Mer 07 Sep 2016, 11:33


Rose-Alysse tenta de se défaire de son emplacement pour au final se retrouver comme dans la main de l’homme : la tête à l’envers à n’en plus savoir où étaient les pôles. Elle comprit rapidement qu’il n’allait pas la sortir de là puisqu’il se mit à marcher, beaucoup plus vite cette fois que précédemment. La présence de la Fae devait être si insignifiante qu’il n’en avait cure, du moins pour l’instant. Le cœur de Rose-Alysse fit un nouveau tour dans sa poitrine. Le ballottement n’était pas aussi désagréable que lorsqu’elle était dans sa main puisque la poche dépendait essentiellement du corps de l’homme, beaucoup plus stable. C’était une approche différente de se faire promener, bien que la Fae ne sut pas vraiment si elle appréciait cette manière-là ou non. Puis il glissa sa main à l’intérieur de sa poche. A ce moment-là, la Fae tenta de lui attraper un doigt pour s’en sortir, en vain. Elle eut toutefois l’occasion de se redresser pour avoir le choix d’être allongé ou assise. Elle choisit de se coucher dans la poche une fois qu’il eut pris l’objet, ce qui était beaucoup plus agréable qu’être dans une position où dodeliner était synonyme de maux de ventre. Elle réfléchit à ce qu’il lui avait dit ; après tout elle n’avait que ça à faire pour passer son temps, en plus de compter les pétales. Dans son dos, quelques grains la démangèrent, elle se retourna pour trouver les éléments indésirables et trouva des petites pierres qu’elle se mit à examiner au toucher puisqu’elle ne voyait rien, aveuglée du fait d’être dans le noir complet. Rose-Alysse percevait des brides de conversation et continuait de jouer avec les petits cailloux, à n’en pas douter, il parlait à la domestique qu’elle n’aimait pas. Quelle épine elle était celle-là ! Pourtant il vint à feindre l’ignorance de son existence et la Fae se demanda pourquoi. Elle émit des « hého », puis des « ohé ! » pour qu’il remette sa main dans sa poche. Peut-être qu’il ne l’avait vraiment pas senti et qu’il ne se doutait pas un seul instant qu’elle se trouvait dans l’endroit.

Tout d’un coup, le corps de la Fae se mit à bondir suite à l’agitation de la poche. Elle sauta de haut en bas, puis de bas en haut, toujours repoussée par le tissu tantôt tendu puis flexible. Quand il remit sa main dans le vêtement, Rose-Alysse n’eut pas la force d’attraper son doigt, ni rien d’autre, tellement le voyage l’avait fatigué. A force d’avoir lutté contre les rebonds, le bas de son dos se mit à lui faire mal. Cependant, alors qu’elle pensait qu’il  ne ressentait pas sa présence, il la tira de sa poche avec une délicatesse distincte de sa dernière prise en main. La Fae se retrouva dans sa paume illico, rencontrant cette fois l’air froid et sec de la demeure. Elle tenta de se relever et manqua de tomber sur le côté sans chercher à se rattraper. Elle s’étala sur l’autre flan, les cheveux ébouriffés. Ses yeux ne purent se poser sur l’homme qu’une fois qu’elle eut ôté cette partie de son visage. Elle remua son nez, cligna plusieurs fois sans chercher à bouger et lui dit, vaincue plus par le voyage que par sa position vis-à-vis de la servante :

« Merci… Oh… Euh… D’accord… »

Elle leva son doigt comme pour poser une condition et finalement abandonna, laissant son bras tomber sur le côté. Une fois qu’elle eut repris ses esprits, elle dit, sans le regarder :

« J’aime les couleurs. Les roses rouges ne sont pas mes fleurs préférées car elles piquent, mais les bleuets sont sympathiques. »

Rose-Alysse ne chercha pas à savoir s’il avait compris ou non, pour elle c’était évident qu’elle parlait de son regard particulier. Elle redressa le torse seulement. Sa tête instable eut besoin d’un temps avant de trouver une position correcte sur les épaules.

« C’est quoi une grotte ? Je te conseille de vivre dans un jardin, à défaut d’avoir ton là-bas à toi. Tu verras, c’est très agréable. Beaucoup plus que de venir ici. Puis si je suis petite… Bin… »

Un petit sourire s’élargit sur les lèvres de la jeune Fae. Elle n’avait pas la réponse à vrai dire. Même si les Faes étaient réputées pour être de la taille de fruits, Rose-Alysse était plus proche d’une fleur à peine épanouie. Elle commença à faire tanguer son corps, le regard planté dans le sien, puis se laissa choir de tout son long dans le vide en oubliant qu’elle n’avait plus d’ailes. Elle fit plusieurs gestes pour arrêter la gravité avant que son être ne rencontre brutalement la mosaïque du carrelage. Une magie éclairée, dans un ton de doré léger, enveloppa le corps de la Fae. La chrysalide se brisa quelques secondes après pour laisser place à une jeune fille haute comme trois pommes, face contre terre. Le choc n’était jamais très agréable. Rose-Alysse se mit d’abord à quatre pattes puis se releva. Son visage était rouge et du sang perlait de son nez jusqu’à tracer un sillon vermeil. Elle vit l’homme – qui était resté plus grand qu’elle – en double et fit quelques pas avant de retrouver une position normale. En levant ses yeux, elle découvrit l’endroit. Dans sa tête résonna de multiples histoires et son cœur se mit aussitôt à vibrer. Le lieu regorgeait de secrets, si bien qu'elle se sentit toute étourdie. Elle découvrait comme l'inconnu la pièce. La bibliothèque était immense, un étage n’avait pas suffi à la Collectionneuse pour étayer les œuvres qu’elle gardait précieusement.  

La Fae s’essuya le nez en laissant une tâche mauve sur sa tunique effilée et surtout salie par la terre, d'un bleu vif, qui bordait le haut de ses épaules jusqu’au-dessus des genoux. Elle portait également des souliers légèrement pointus, une commodité quand on est comme elle obligé de marcher au lieu de voler.

« Ici, on m’appelle la Fae. Sinon, je suis Rose-Alysse, Sieur Géant. » Sa voix devint fluette et légère, chantant le dernier mot « En-chan-tée ~. »

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Mer 07 Sep 2016, 21:12

Une fois la Fae partie, non sans un léger regret qui s'évaporerait bien vite, je franchissais rapidement les quelques marches menant à l'entrée, montant patte blanche - avec un badge rouge, logique. Un badge, et une intruse qui semblait s'amuser à jouer les cachottières et se dissimuler dans des endroits qu'elle pensait probablement sûr. Pourquoi me dire au revoir pour se cacher dans le pire endroit qui soit ensuite ? Une poche, la première chose où l'on mettait ses mains.

Je ne tenais cependant pas à montrer sa présence au garde, estimant non seulement que l'endroit et la personne n'étaient pas appropriés, mais que je pourrais en tirer quelque avantage si je montrais que je pouvais être un allié de passage.

La sévère servante me facilita la tâche, espérant qu'à travers le tissu de ma poche elle puisse capter le principal de ma discussion avec cette femme qui ne semblait pas l'apprécier pour deux sous. Je ne voyais pas trop ce qu'une Fae aussi petite pouvait bien aider à l'intendance d'une aussi grande maison - à part peut-être débusquer la poussière dans les endroits inaccessibles, armée d'un coton tige comme balai ? - mais je ne tenais pas non plus à le savoir, et demandais plutôt où se trouvait la bibliothèque, parfait endroit pour commencer mes investigations.

Une fois les escaliers montés, et l'assurance qu'à brève distance il n'y avait aucune âme qui vive, je sortis la Fae visiteuse de ma poche, pour une fois n'était pas coutume la poser contre ma paume. A voir son état, elle semblait mal en point, réalisant soudain qu'elle avait dû être bringuebalée dans ma poche pendant que je montais les marches d'un pas assuré. Je lui laissais reprendre ses esprits, justifiant ma précision du mauvais pas dont je venais de lui faire grâce. Entre ma compagnie et celle de la sœur-sourire et son linge, j'étais persuadé que la Fae n'y perdait pas au change.

Si ses premiers mots furent des remerciements, que j'accueillis avec un fin sourire, la suite fut bien plus décousue. Pourquoi me parlait-elle de son amour des couleurs, et plus particulièrement des roses qui piquent et des bleuets sympathiques ? Je fronçais les sourcils, l'air pour le moins perplexe.

- Un bleuet peut être .... sympathique ? Pourquoi me parles-tu de fleurs là à cet instant précis ?... Il n'y a pas de roses ou de bleuets sur le palier que je sache. Je balayais le couloir pour m'en assurer quand même, ne décelant rien de végétal dans les parages.

Je n'avais déjà pas la logique que l'on pouvait normalement s'attendre d'une personne de mon âge, mais celle du petit être se dressant devant moi dépassait mon entendement pragmatique. La Fae semblait passer du coq à l'âne, posant des questions qui devaient lui sembler essentielles à ses yeux, mais totalement incongrues pour une première rencontre avec un étranger au beau milieu d'une île maudite. A y réfléchir, je sentais qu'elle allait me plaire : j'avais le chic pour attirer des rencontres atypique après tout. Sa prochaine question ne manqua pas de confirmer cette première impression.

- Une grotte ? C'est une cavité en pierre, sombre, humide, souvent reculée de tout. Ce n'est pas très joyeux d'y vivre, et on y rencontre pas âme qui vive pour nous tenir compagnie. Je ne suis pas sûr que tu aimerais y vivre.

Cela étant, en y réfléchissant bien, Umbrae était une grotte aménagée pour que nous puissions y vivre à l'abri des vivants. Mon moral s'assombrit soudainement, et je mis quelques secondes avant de chasser ces idées noires.

- Nous avons un point commun je crois. J'adore la Nature, bien plus que les endroits faits de pierres mortes. De là à avoir mon jardin personnel, c'est une autre histoire.

Nous nous dirigeâmes alors vers la bibliothèque, qui comme la servante l'avait indiqué, se situait bel et bien à la quatrième porte à droite. De ma main libre j'ouvris l'un des battants de la porte bleue argentée, et une fois à l'intérieur, la Fae se laissa tomber en arrière sans prévenir, et je n'eus pas le temps de la rattraper qu'elle s'écrasait au sol. Proportion faite de sa taille et de la distance entre ma main et le sol, la chute n'avait rien d'anodine. Un halo magique l'entoura, générant un phénomène que je n'avais jamais vu auparavant. Le cocon l'entourant se brisa et apparut à la place une jeune fille aux proportions bien plus "humaines" que la Fae que je venais de laisser tomber.

Mes yeux étaient semblables à deux soucoupes, alors que la demoiselle venait de décupler de dix fois sa taille en un presque battement de cils. La seule chose un peu plus comique que magique était sa posture, face contre terre, le nez ensanglanté par sa chute qu'elle essuya tant bien que mal avec sa manche. Je lui tendis un mouchoir.

- On va éviter de salir ses habits pour rien, le sang est difficile à laver. J'étais de plus en plus amusé et curieux de la suite des événements.

Une fois en état présentable dirons-nous, elle se présenta enfin. Rose-Alysse.

- Si je comprends bien, tu piques à moitié c'est ça ?... Moi je m'appelle Wriir, enchanté également, concluais-je dans un fin sourire.

Je regardais la bibliothèque, immense, puits de savoir en tout genre, antre de recueils collectés vraisemblablement depuis des décennies, si ce n'est plus. Je posais mes mains sur les hanches, l'air songeur.

- Bon, d'après celui qui m'a donné ce badge, le livre volé avait pour titre "Le Conte des Songes et des Mystères". Je n'ai pas la moindre idée de son contenu, mais on peut devenir qu'il a une grande valeur pour le voleur. Soit pour sa rareté, soit pour son contenu. D'ailleurs le titre laisse supposer qu'il y a peut-être de la magie à l'intérieur.

Je me tournais alors vers Rose-Alysse.

- Tu le connais toi ce livre ? Je te propose qu'on cherche où il y a un trou dans les étagères, les livres devaient probablement être là. Avec un peu de chance, on pourrait trouver quelque chose non ?
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Ven 09 Sep 2016, 00:21


Rose-Alysse prit le mouchoir qu’il lui tendait et le porta directement au nez, pressant le tissu contre les narines ensanglantées.

« Merchi. » dit-elle d’une voix nasale.

Elle pencha la tête sur le côté. Elle ne comprit pas la subtilité du jeu de mot et sourit lorsqu’il avoua être lui aussi enchanté.

« Wy ? Wy ! C’est jolie Wy. Oui un bleuet peut être sympathique, surtout le matin. »

Les prunelles grises de la Fae suivirent les mouvements de l’homme. Quand elle finit de se presser le nez, elle laissa tomber le mouchoir au sol et s’avança au côté de Wriir. Elle haussa les épaules, ni le livre ni ses suppositions n’étaient familières avec Rose-Alysse.  

« Peut-être qu’il lui a pris pour l’embêter. »

Elle regarda tout autour d’elle, elle ne se sentait pas rassurer. Les pensées de la Fae étaient en la faveur du voleur. Aller à son encontre n’était peut-être pas ce qu’elle souhaitait le plus car il avait eu, selon elle, raison. Raison de venir ici, raison de prendre quelque que la Collectionneuse aimait. Elle lui avait pris son jardin après tout.

« La magie est partout ici. Je- … »

Un petit rire s’échappa de Rose-Alysse, qui se changea bientôt en un fou rire. Elle venait de comprendre ce qu’il avait dit à propos de son nom. Le nez retroussé de la Fae se remit aussitôt à saigner, sous l’émotion.

« Oui je pique !!! Mais comment, c’est un secret. »


Un secret qu’elle gardait à sa ceinture, la voix malicieuse, dans un format minuscule. Une aiguille à l’échelle humaine, une arme mortelle à la taille d’une Fae. De nouveau, elle posa son regard autour d’elle. La demeure de la Collectionneuse était impressionnante. Se souvenant de la définition d’une grotte selon Wriir, Rose-Alysse ajouta :

« Ce que tu as dit tout à l’heure Wy… C’est un peu ici. Ici, c’est la Grotte de la Dame. Surtout… »

Elle frissonna et s’arrêta en plein milieu de la phrase. Un voile de souvenirs jaillit devant ses yeux. La pièce dans laquelle elle avait été longuement enfermée, des jours et des nuits, sans jamais distinguer la lumière du soleil ressemblait à une grotte indéniablement. Enfin la Fae haussa un sourcil, à l’homme aux yeux différents.

« Une pierre ça peut mourir Wy ? Oh, regarde, là-bas ! »

Distraite par un l’air de musique ambiant qui semblait provenir de partout et de nulle part à la fois, la Fae fut toutefois attirée à proximité d’une colonne décoratrice de la salle éclairée. Elle s’y dirigea. Il y avait une multitude de secrets dans ce lieu atypique qu’elle était incapable de traiter. Elle s’aventura vers ce qu’elle pensait être à l’origine de la chanson qui était très certainement joué dans sa tête et arrivée au pied de l’œuvre d’ébéniste, elle ne sut pas où la situer. Chaque livre à ses côtés murmurait des paroles incompréhensibles au stade de la Fae, dans un langage de naguère qu’elle ne pouvait pas deviner.

« Wy, je ne comprends pas. (Elle se retourna.) Pourquoi ils chantent ? »

Un goût métallique se glissa sur ses papilles. Elle porta une main à son nez machinalement et vit le sang. Elle sortit sa langue et goûta le liquide puis tenta de l’enlever en effectuant un geste lingual en rotation. Par la suite, elle se perdit dans ses pensées. Elles n’étaient pas nombreuses pourtant, juste présentes. Sa tête était suivie d’un bourdonnement pressant, l’endroit en devenait effrayant.

« Il y a trop de livres. Pas de chance possible ici. Autant chercher un arbre dans une forêt. »

La petite fille aux longs cheveux roses vint quérir la main du Géant pour lui indiquer la sortie de la bibliothèque.

« Cette Grotte est trop chantante. Allons ailleurs, d’accord Wy ? Suis-moi. »

Une porte claqua, des voix inconnues s’élevèrent. Un petit groupe de Géants venu concurrencé dans les recherches du Conte s’avancèrent. Ils ne remarquèrent le duo qu’après avoir franchi une bibliothèque. L’un des quatre membres, une femme à la chevelure brune coiffée en bataille, s’arrêta et pallia de tout son corps la sortie possible. Ses acolytes étaient vêtus en habit d'étude alors qu’elle portait une tenue d’aventurier, comme Wriir. Rose-Alysse s’imagina qu’elle était la tête forte du groupe.

« Bonjour n’est-ce pas. Vous êtes aussi à la recherche du Conte volé ? » Elle semblait connaître déjà la réponse, alors elle dit tout en continuant dans les présentations. « Nous sommes venus de Caelum dans l’espoir de mettre la main dessus. Voici Vick, Arthur, Kaol et je suis Opale. »

Rose-Alysse se refugia derrière Wriir. Attirée par la tête rose de la Fae, la certaine Opale s’avança. L’intention de son regard changea. Il n’y avait aucun concurrent en face d’elle, juste des perdus.

« Excusez-nous, nous allons enquêter sur les lieux. Si vous pouviez sortir d’ici maintenant, ça nous éviterait de perdre un indice. Merci. »
« Oh m*rde, regarde-là celle-là, elle saigne. Elle a dû déjà salir les lieux. On est arrivé à temps. »

Les deux autres étaient trop captivés dans la beauté du lieu pour se préoccuper de Wriir et de Rose-Alysse. La Fae était devenue l’ombre de l’homme, si il bougeait, elle bougeait, essayant de calquer ses pas du mieux qu’elle le pouvait. Les yeux gris souris de la fille se mouillèrent bientôt. Une lumière indicible attira le regard d’Opale qui s’était projeté sur un rayon de livres. La femme s’approcha de Wriir rapidement.

« Quelque chose a brillé ici, je ne suis pas folle ! Où est La Petite ? » Elle fronça les sourcils, ne trouvant pas l’astuce à ce manège. « Où est-elle ? » Son regard devint accusateur, elle se recula, se souvenant de la précaution qu’il fallait opter avec un étranger. « Nous trouvons toujours les Voleurs ; même quand le Voleur est une Enfant. Un crime reste un crime quelque soit la taille ou l'âge de l'auteur. »


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Sam 10 Sep 2016, 18:35

J'avais mon univers, sombre et tourmenté, mais je n'étais pas le seul à avoir mon "monde" particulier. Celle de la Fae semblait plus onirique, décalé, illogique même alors qu'elle confirmait la sympathie que pouvait avoir un bleuet le matin.

- Il y a des "r" dans mon prénom en fait. WRiiR. Je marquais un temps de silence, la regardant de haut en bas. Après ce qu'elle venait d'accomplir, était-ce vraiment important ? Enfin, Wriir, Wy, peu importe, je ne suis pas trop regardant sur ce genre de choses.

En l'espèce, il nous fallait trouver le livre volé. Il n'y avait à proprement parler aucune chance que nous le trouvions ici, sur les lieux même du vol, mais pour aboutir aux conclusions, il fallait déjà connaître le commencement. Je ne m'attendais juste pas à faire face à une aussi grande collection d'ouvrages .... par où commencer ?

Je pensais qu'en tant qu'habitante des lieux, Rose-Alysse allait m'aider un minimum, mais je fis chou blanc. Elle n'aimait pas l'endroit, elle évoquait la mort des pierres et en plus elle entendait des voix. J'essayais d'ordonner mes pensées avant de lui répondre de façon un minimum construite.

- Alors, comment dire .... C'est sûr qu'en le prenant, il a dû l'embêter, mais vu apparemment sa réputation, soit il fait ça par défi, soit par appât du gain, mais je doute qu'il soit motivé uniquement pour embêter les propriétaires volés. Il n'est pas à son premier coup d'essai.

Restait à savoir comment il était arrivé ici, comment il était parvenu à atteindre la bibliothèque sans se faire repérer.

- Il faut supposer qu'il n'a pas quitté l'île avec cette tempête, sauf s'il arrive à se téléporter, auquel cas, autant dire que nos chances pour retrouver ce livre sont nulles....

Quand je la vis rire, je fronçais les sourcils en cherchant la cause autour d'elle, sans rien voir de concret qui puisse le justifier, avant qu'elle ne s'exprime et que je fasse le rapprochement avec une remarque que j'avais prononcée il y a plusieurs minutes avant. Je devais sacrément revoir mon sens de l'humour si je n'étais compris que bien après. Je lui rendis le sourire avant de poursuivre mes investigations.

- Il ne s'agit pas vraiment d'une grotte ici Rose-Alysse, mais plus de sa demeure. Elle est décorée, équipée, habitée, entretenue, une grotte n'a rien de tout ça. Mais je vois ce que tu veux dire : c'est de la pierre oui, comme dans une grotte. Pierre qui ne meurt pas non, pas à ma connaissance en tout cas.

Je répondais distraitement à toutes ses interrogations, finissant par trouver un trou entre deux livres. Je posais une chaise sur une table, ne trouvant pas d'échelle pour y accéder, et vu mon sens inné de l'équilibre, je me vautrai non sans avoir tenté de garder l'équilibre le plus possible sur la table, m'étalant comme une crêpe, dans un joli fracas de deux solides qui s'entrechoquaient : la lourde table avait cependant gagné cette bataille. Me redressant en me massant le dos, je répondis dans une grimace à la Fae :

- Je n'entends aucun chant, à part les grincements de mes os douloureux.... Tu entends quelque chose toi ? Plusieurs fois elle fit des réflexions en ce sens, parlant d'une pièce chantante, gorgée de magie, et bien qu'étant un être d'essence magique, je n'arrivais pas à percevoir ce qu'elle semblait ressentir. Avait-elle perdu la tête, ou détenait-elle une perception dont j'étais dépourvu ?...

- Il faudra que tu m'expliques d'ailleurs comment tu as fait pour te transformer d'un minuscule être en ce que tu es devenue à présent. C'est une sacrée magie ! Chercher des livres était une chose, étancher ma curiosité en même temps n'était pas incompatible.

De ce que j'avais pu voir au niveau de l'interstice signalant le livre manquant avant ma chute, je n'avais rien vu de probant, aucune trace qui de toute façon ne nous aurait guère mené vers le voleur. Quand Rose-Alysse proposa d'aller voir ailleurs, en soi je n'étais pas contre, mais :

- Pour aller où ? lui demandais-je. Peut-être connaissait-elle un endroit plus intéressant dans mon ... notre enquête ?

Nous n'eûmes pas le temps d'arriver jusqu'à la porte quand un groupe d'individus, dont l'un d'eux faisait sauter avec son pouce un badge rouge identique au mien, fit irruption, bloquant par la même la seule issue possible. Ils eurent au moins la courtoisie de décliner le motif de leur venue ici et leur identité.

- Effectivement, nous sommes également à sa recherche. Je me nomme ... je marquais une demie seconde d'hésitation, avant de reprendre Wy, et elle c'est Rose-Alysse.

Je laissais Rose-Alysse se laissait submerger par sa timidité, prenant les commandes de la conversation. Quand la brune nous somma presque de quitter les lieux, nous ne nous fîmes par prier alors que je la remerciais d'un signe de tête et avançais tranquillement, suivi comme mon ombre - amusant en y songeant - par la Fae.

Alors que je pensais que nous allions atteindre sans encombre la sortie, leur chef s'approcha vers nous à vive allure, après avoir débité une phrase incompréhensible. Je pivotais vers elle, les sourcils froncés. Apparemment dans cette bâtisse, j'avais l'air d'être le moins bizarre.

- Quelque chose a brillé ? Quel est le rapport avec la .... "Petite" ?... Finalement, c'était une bonne chose qu'elle se soit mis derrière moi, j'avais la nette impression au ton employé que les choses allaient se gâter. Je ne fus pas surpris d'avoir raison, mais n'en fus pas moins étonné de l'accusation qui fut portée contre celle qui m'accompagnait.

- Vous êtes depuis quelques minutes à peine et vous avez déjà trouvé le voleur, en la personne d'une enfant. La bonne affaire pour résoudre pour bâcler une énigme en pensant toucher la récompense. De deux choses l'une dans ce cas : soit elle est coupable, auquel cas vous avez intérêt à prouver vos accusations et brandir l'objet du vol, soit elle est innocente. Dans les deux cas de figure, elle reste avec moi : pour toucher la récompense, ou pour cesser de perdre mon temps avec vos délires.

Je ne craignais pas tant les quatre individus face à moi, mais la réaction de celle qui se trouvait derrière. Si elle était aussi imprévisible dans ses gestes que ses paroles, je pouvais m'attendre au pire.
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Dim 11 Sep 2016, 22:40

Elle l’écoutait à moitié, dissipée dans sa contemplation du lieu inconnu, fixant tout autour d’elle comme si il s’agissait d’un endroit unique, effrayant et particulièrement déroutant. Ses pupilles cerclées d’un rose nacarat se posèrent un instant sur Wriir qui souligna l’erreur de la Fae pour lui faire comprendre qu’elle prononçait mal son prénom. De bonne volonté, la Fae répéta, sans succès. Sa langue refusait de rouler le prénom de Wriir. De ce fait, elle accentuait toujours la voyelle, en insistant dessus. Il abandonna. La Fae eut l’air désolée, même si un sourire bordait son visage. Laisser de nouveau à l’abandon, son attention ne fut utilisée que lorsque les quatre partenaires rentrèrent dans l’immense bibliothèque. Cachée derrière Wriir, la Fae avait fini par perdre son apparence empruntée pour être une nouvelle fois cette petite créature, si petite qu’un simple pas de Géant pouvait l’écraser.

Rose-Alysse essaya de faire attention aux pas de Wriir, car elle se cachait principalement entre ses jambes, le dos face à l’intérieur d’une de ses chaussures. La prétendue Opale eut beau chercher d’un œil alerte la Fae, elle ne revit pas sa tête rose. Frustrée, la magicienne se releva pour faire face à l’homme. Elle n’aimait pas quand quelque chose lui échappait. Même si la Petite fille n’avait rien avoir dans l’affaire, elle avait disparu comme par enchantement. C’était une énigme à résoudre, au même titre que le Conte volé. Ses trois compères la regardèrent, interloqués. Ils n’avaient cure d’une gamine. Face à la barrière qui se dressait entre elle et l’enfant, la femme se désista.

« Bien, vous avez raison. Je me suis précipitée. Je n’aurai pas dû. » Elle tenta de formuler un semblant de pardon, qui eut du mal à sortir de ses lèvres. « Excusez-moi. Je vais reprendre ma route. Si vous pouviez quitter les lieux toutefois, cela nous aiderait. » Les yeux mauves de la Magicienne cherchèrent une dernière fois l’enfant et vaincue, elle retourna auprès de ses acolytes de fortune.

Rose-Alysse avait disparu. Elle n’était plus entre les jambes de Wriir. Elle avait parcouru du chemin, escaladant de la force de ses maigres ressources les affaires de la bonne femme, s’asseyant sur le baluchon qu’elle trimballait. Chardon était de sortie, aujourd’hui. La fine lame dont le métal était inconnu des Géants de ce monde était assez résistante pour percer aussi bien la chair que le bois d’un arbre vigoureux. Un instant, la Fae jugea l’arme qu’elle maniait fébrilement. Ses mains tremblaient après l’ascension douloureuse d’un tissu de mauvaise qualité. Soudain, un cri s’éleva. La magicienne bondit dans tous les sens, piquée au niveau de la hanche. Rose-Alysse n’eut pas le temps de la blesser une deuxième fois, elle fut aussitôt projetée avec une force surprenante contre une étagère de bibliothèque et fit tombée par inadvertance un livre important sur elle. Le conte la bloqua pour se relever.

La femme continua de bondir, ne sachant pas où le mal se situait exactement. Elle abandonna sur le sol toutes ses affaires, d’abord son sac chargé, ensuite sa veste. Elle souleva le dernier tissu qui la gênait, provoquant ainsi le rougissement de l’un de ses compagnons. Elle leur lança un regard mauvais tant elle souffrait.

« Mais venez m’aider ! » rugit-elle. L’un d’eux, le plus chétif visiblement, vint l’aider.

Il tira d’un coup sec l’arme de la Fae, qui était restée dans sa chair. Le fait de l’enlever tira une longue complainte de la part de la femme. Si la lame était d’apparence lisse à la vue d’un Géant, à la taille d’une Fae l’arme comprenait plusieurs dents, rendant tout effort douloureux. Un autre de ses coéquipiers se précipita pour l’aider à éponger le sang qui sortait d’une toute petite blessure profonde. Une fois l’aiguille enlevée, Opale l’attrapa d’un geste vif pour l’examiner et la brandir en tant que témoin face à l’homme qui protégeait jadis la Petite Fille aux cheveux roses.

« Ce n’est pas drôle. Pas drôle du tout. »


Elle lui lança l’épine, en guise de mauvaise foi et se rhabilla de suite après qu’on ait pansé sa blessure. La Magicienne était jeune mais la sévérité de ses traits la vieillissait. Le regard énervé de la femme chercha une explication. Elle reprit, avec son groupuscule, ses activités au plus vite. Chercher une solution dans les livres face à l’énigme qui se présentait à elle était sans doute ce qu’il y avait de plus plausible.

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Mar 13 Sep 2016, 21:04

Quand les quatre individus affichèrent leurs intentions de trouver impérativement le conte volé, la belle affaire. Cette histoire de vol était un formidable prétexte pour moi de visiter le manoir, qui sait y découvrir quelques secrets sur sa propriétaire, qui au vu de son caractère lors de la chasse à l'homme, allait faire parler d'elle très prochainement. Elle n'avait pas le tempérament d'une passive.

En attendant d'en savoir plus sur la démone, je composais avec une fée malicieuse et décalée et un quatuor avide de trésors. Alors que nous quittions la pièce Rose-Alysse et moi, la magicienne qui nous interpella se lança dans une invective. S'ensuivit alors une incompréhension que je ne compris que quelques minutes plus tard. Tournant le dos à la scène, je n'avais pas de suite réalisé que la Fae avait de nouveau repris sa minuscule forme. Je la pensais derrière moi, apeurée par les accusations assez tranchées du chef de leur groupe.

Aussi me lançais-je dans une mini plaidoirie en faveur d'une enfant qui aux yeux de tous, sauf moi, avait tout bonnement disparu de la pièce où le livre avait été dérobé.

La femme formula des excuses - à ma grande surprise même si elles n'étaient pas prononcées de gaieté de cœur - ne cherchant plus à appréhender ma compagne d'infortune malgré les accusations portées contre elle. Je n'allais pas chercher plus loin, mais ne put m'empêcher de lui donner un conseil qui valait ce qu'il valait.

- Personne n'est exempt d'erreur, mais ce genre d'accusations pourrait un jour vous causer de plus sérieux problèmes vous savez. Nous comptions quitter la pièce, nous vous laissons tranquilles oui. Qu'elle tombe sur un démon, ou juste un sanguin, et sa magie bleue ne pourrait peut-être la défendre de tout !...

En me tournant, je réalisai enfin que la Fae n'était plus à côté de moi, me faisant bloquer l'espace de quelques secondes sur place, fronçant les sourcils de cette disparition soudaine. J'ouvris légèrement la bouche alors que je reprenais ma marche, me demandant si je n'allais pas adresser des excuses à la femme avant de me dire que j'avais mieux à faire, quand un cri retentit derrière moi, me faisant une fois n'était pas coutume me retourner.

La femme se tenait la hanche, l'air de véritablement souffrir, pourtant à première vue, rien ne semblait expliquer. La voilà qui se mettait à se déshabiller, se frottant tout en piaffant presque sur place. Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas pourquoi, ni comment elle s'était faite cela, tandis qu'un livre tombait tout seul au sol. Quand la Fae m'avait dit l'endroit était rempli de magie, voulait-elle parler de cela ?... A moins qu'il ne s'agisse d'un petit malin invisible ?

Je regardais, non sans un amusement passif, la scène qui se déroulait devant moi. Ce genre d'effeuillage ne m'avait pour ainsi dire jamais été donné, surtout que les couches d'habits se mêlaient à une douleur d'origine inconnue. Je balayais la salle de mon regard d'Ombre, voulant m'assurer qu'il n'y avait pas un septième larron et a priori ce n'était pas le cas. En focalisant mon attention vers le livre, j'aperçus non pas de la magie mais la Fae qui s'était faite une tente via le bouquin, sans trop pouvoir s'en dépêtrer. Tandis que la femme se retrouvait presque les fesses à l'air sous le regard gêné ou sulfureux de ses comparses mâles, je me dirigeais vers le livre, le soulevant tout en attrapant Rose-Alysse, la fourrant dans sa poche avant de reprendre sa position de départ dans la pièce.

La mage était en train de se faire soigner tout en regardant l'arme du crime, avant de m'observer d'un regard mauvais et me la balancer à la figure un petit objet qui ressemblait en y regardant de plus près à une épée taille réduite.

Je regardais la dame :

- Je ne suis pas responsable de cela, mais vous devriez rapidement vous habiller, le monsieur derrière vous a dû mal à se contenir en voyant vos fesses.

Certes, j'avais légèrement exagéré, mais c’eut le mérite de les distraire quelques secondes après un cri indigné poussé le temps de m'éclipser avec ma mini cargaison.

Je poursuivais mon chemin en m'éloignant suffisamment de la bibliothèque, avant de sortir la Fae de sa poche, l'air un peu en colère.

- Pourquoi avoir fait cela, c'était inutile. Très drôle certes, mais inutile. En attendant, je garde cela, lui montrant alors ce qui devait être son épée, et je te la rendrai une fois que nous aurons trouvé le livre. Je ne sais pas pour toi, mais rien que pour leur faire fermer leur clapet à ces quatre prétentieux là.

Je la regardais un instant avant de poursuivre : Tu allais m'emmener vers un autre endroit ? Cela concerne le livre ou ça n'avait rien à voir ?...

Une odeur parvint jusqu'à nos narines, visiblement la cuisinière des lieux était en train de cuisiner un gâteau, ou quelque chose de sucré. J'attendais la réponse de la Fae, espérant que cette fois nous allions nous diriger vers une piste sérieuse.
Post n°7 : 894 mots.
Désolé, je n'avais pas compris dans ton précédent post que tu t'étais transformée de nouveau en mini Rose-Alysse, j'ai essayé de rattraper le coup dans cette réponse-ci.
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Jeu 15 Sep 2016, 01:23


« Tonnerre de Suris, fils de…Ah ! (Opale poussa d’un coup de hanche le magicien qui s’occupait de la soigner. Ses joues étaient rouges, teintées par la honte.) Et vous aussi à ce que je présume ! Ah bon sang de bonsoir, ça fait un mal de chien ! »

Quelques jurons plus tard, la Magicienne releva son caleçon pour se recouvrir. Elle ne daigna plus adresser un œil à l’inconnu, préférant retourner sagement dans les recherches du Conte volé. Rose-Alysse put l’entendre lancer des insultes à ses compagnons qui ne lui avaient décidemment rien demandé. La Fae se retrouva subitement tiré de sous le livre qui la maintenait prisonnière et sans avoir le temps de se rendre compte dans quelle main elle était, tomba dans une poche qu’elle connaissait. Sa tête fut cognée contre le badge rouge qui habitait les tissus. En vain, la Fae tenta de grimper et comme pour la première fois, ne sut pas distinguer la sortie. Elle s’assit, de nouveau ballotée dans ce transport express qui lui donnait la nausée. Elle essaya de ne pas y songer … Jusqu’au moment où Wriir fit irruption, la soulevant jusqu’à ce qu’elle soit à même de discerner son visage. Rose-Alysse se couvrit les yeux pour se protéger de la lumière momentanée mais quand elle vit le regard énervé de l’homme, elle ne put s’empêcher de se planquer de nouveau derrière ses mains. Comme des lances, les mires de Wriir la transpercèrent. Peureuse, la jeune Fae se mit à trembler, craignant une sentence irrémédiable, semblable à la privation de ses ailes. Sauf qu’elle n’en avait plus. Que pouvait-il lui prendre d’autres ? Sa tête, ses bras, ses pieds ? Une pression forte pourrait avoir la capacité d’étouffer la Fae. Tout comme la Collectionneuse, Wriir était un géant. Et les Géants pouvaient être cruels.

Elle se mit à pleurer. Être grondée était étrange car Rose-Alysse ignorait qu’elles pouvaient être les intentions de l’homme. Allait-il l’enfermer, la déposséder d’un membre ou pire ? Ses couinements se transformèrent très rapidement en une tristesse mouillée. Elle avait beau caché ses yeux, les larmes ne cessèrent pas de couler.

« Pitié… (Elle tremblait toujours.) Oui… - Oui, oui, oui… (Elle se mit à hoqueter, ce qui l’empêcha de prononcer une phrase intelligible) Oui… O-o-ou-ou-oui… D’a-d’a-d’a-d’a-ccord… » Elle obtempéra rapidement.

A ce qu’elle comprenait, il lui rendrait son arme si elle l’aidait. Ce qui voulait dire, qu’il ne la tuerait pas. Cette pensée ne la rassura pas pour autant. Les images trop vives dans son esprit de la torture subie défilaient à une vitesse incroyable dans son imaginaire, ce qui l’épouvanta d’autant plus. Elle ne put se soustraire l’idée qu’il tenterait de lui dérober quelque chose. Subitement, sa taille rapetissât. Elle perdit quelques millimètres sous l’émotion et se raccrocha comme elle le put aux doigts de Wriir pour ne pas tomber à plat ventre sur le sol, comme la dernière fois. Quand elle réussit à calmer son hoquet, ses yeux se posèrent sur l’œil bleu du Géant. Il y avait encore un voile humide qui rendait flou la vision.  

« Je-je ne sais pas… (Elle renifla et s’essuya les joues de plusieurs revers de bras.) Je-je sais juste qu’un livre volé ne peut pas être à sa place… Sinon il ne serait pas-pas-pas… volé… Le-le mieux… Je pense est-est… (elle prit une grande inspiration) d’aller voir la Géante qu’on-on-on a vu… tout à l’heure… Elle-elle… remarque tout… Si-si-si… Si il y avait quelque chose, une saleté dans cette bibli-bli... Bibliothèque, elle l’aurait trouvé… Elle-elle… nettoie tout… »

Les gens venus de Caelum pouvaient encore chercher longtemps dans la bibliothèque propre. La servante et d’autres nettoyaient régulièrement : tout indice visible devait sûrement être aux ordures à présent. Rose-Alysse cligna plusieurs fois pour chasser la tristesse et abaissa son regard – car tenir la tête toujours en arrière n’était pas très agréable – mais surtout pour éviter l’œil inquisiteur de Wriir. Une odeur rappelant à la Fae le miel chauffé dans la ruche sous le soleil du zénith l’interpella. Son nez se mit à fureter l’origine et son ventre quémanda de quoi le remplir correctement. Les gargouillis firent mal à Rose-Alysse qui opta pour changer de position dans la main du Géant.


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Ven 16 Sep 2016, 09:55

Alors que je franchissais la porte me faisant sortir de la bibliothèque, je dus contenir mon sourire en entendant ce qui se passait derrière moi. La prestance du leader de leur groupe en avait pris un sacré coup. Non seulement la magicienne ne s'attendait pas à se faire blesser par un ennemi invisible, mais surtout encore moins à devoir se déshabiller devant ses subalternes et dévoiler une lingerie pour le moins ... rétrograde. Non contente de dévoiler bien malgré elle une intimité qu'elle aurait bien garder comme telle, qui eût cru que les culottes taille haute et bouffantes en bas avaient encore des adeptes ? Visiblement au cœur de la cité des magiciens, les dessous secrets de la ville n'étaient pas ce à quoi on pouvait s'attendre.

Le plus urgent cependant pour moi était de m'occuper du cas Rose-Alysse. La Fae s'était transformée sans même me prévenir - je ne pouvais certes guère lui reprocher, peut-être avait-elle déjà dû faire face à des étrangers retors et hostiles - mais au lieu de se tenir tranquille et s'éloigner de la menace, elle avait contrattaqué et enfoncé son épée dans la chair de la magicienne. Qu'est-ce qui lui avait pris ?...

Prenant garde à ne pas l'écraser, je la sortis de son étui de tissu, plaçant ma main devant mon visage de sorte que nous pouvions avoir un face à face digne de ce nom. Était-ce mon regard mécontent, ma voix plus sèche qu'à l'accoutumée, l'émotion submergea vite la demoiselle dont les yeux se chargèrent de petites perles de rosée salées, bredouillant des excuses et une acceptation pleine et entière à tout ce que je pouvais lui dire. A la bonne heure, j'étais persuadé qu'elle pourrait se montrer utile si elle arrêtait de faire n'importe quoi n'importe quand.

- Ca ne sert à rien de pleurer. Tu exposes tes faiblesses et les autres en profiteront. Si tu ne peux empêcher tes larmes de couler, fais en sorte de le faire à l'abri des regards.

Les larmes m'énervaient, me dérangeaient même. Les rares fois où j'avais été soumis à cette émotion en tant qu'Ombre, était sous le coup d'une émotion trop forte pour la contenir. Je me sentais faible, pitoyable, vulnérable, et je détestais cette impression. Si je fouillais plus loin dans mon passé, on m'avait interdit de pleurer alors qu'esclave je me faisais torturer et humilier. La haine et ma rage de poser mes mains faméliques autour de la gorge de mon tortionnaire s'étaient alors nourries de cette tristesse, de cette rancœur contenue.
Au lieu de cela, la Fae si seulement la chose était possible rapetissait un peu plus encore, et seul un œil aguerri ou averti pouvait déceler sa présence. J'avais intérêt à poser les bonnes questions avant qu'elle ne finisse par adopter la taille d'un grain de poussière !

Elle suggéra entre deux sanglots de se rapprocher de la gouvernante, celle-là même qui cherchait la petite créature qui trônait sur la paume de ma main. Ce n'était pas une mauvaise idée. Les individus avaient tendance à mésestimer les petites gens, tapies dans l'ombre pour leur confort. C'était là leur erreur : il n'y avait pas que les murs qui avaient des oreilles. Je me mis à réfléchir, cherchant à tourner les choses à mon avantage, quand j'eus une idée pour faire d'une pierre deux coups. En détaillant le couloir dans lequel nous nous trouvions, des vases remplis de fleurs coupées étaient disposés de chaque côté de chacune des portes d'entrée des pièces qu'il desservait. Affichant un sourire satisfait, je concentrais mon pouvoir dans ma main libre, avant de la diriger vers chacun des vases. A chaque fois que ma main pointait dans la direction de l'un d'eux, celui-ci tremblait un peu, avant qu'une boule compacte aqueuse n'en sorte, et ne vienne grossir celle qui se formait au dessus de ma main. J'obtins une boule d'eau de taille raisonnable après avoir purgé l'ensemble des vases du couloir. Je rebroussai alors chemin et dirigeai la boule vers l'interstice de la porte de la bibliothèque, modelant l'eau de telle sorte à donner l'apparence qu'elle sortait de cette pièce. Une imposant flaque s'étalait désormais dans le couloir, et je simulai une mine contrariée.

- Bien, allons voir cette gouvernante à présent ! Je descendis les escaliers accompagné de la Fae, à la recherche de la femme à tout faire. Le souci était qu'elle pouvait être partout. La demeure était immense et d'ici que nous la retrouvions, le quatuor d'en haut pourrait déjà décider de s'en aller et voir le piège aquatique que je leur avais tendu. Penser à cela ne résolvait pas notre souci de trouver rapidement la gouvernante, aussi me tournais-je vers la mini-demoiselle.

- Vu la taille de cette bâtisse, autant chercher une aiguille dans un océan - je n'étais plus sûr de l'expression subitement - Je te propose de nous rendre en cuisines si tu sais où elles se trouvent, vu l'odeur il doit sûrement y avoir quelqu'un. Peut-être sait-elle où se trouve notre charmante femme à tout faire.

Post n°8 : 890 mots.
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Lun 19 Sep 2016, 00:45


Wriir lui déconseilla aussitôt de pleurer, lorsque les premières grosses larmes de la Fae coulèrent sur ses joues rebondies. Rose-Alysse l’écouta, acquiesçant dans l’instant qui suivit la remarque du Géant. Elle ne devait pas pleurer, même si ravaler ses larmes n’étaient pas la chose la plus agréable à faire, la jeune Fae essaya. Elle renifla, s’essuya de plusieurs revers de bras ses yeux mouillés et tenta un redressement. Après l’essai, elle prit une grande inspiration et se calma tranquillement. Enfin, le Géant opta pour aller rencontrer une nouvelle fois la gouvernante. La Fae escalada le bras de l’homme pour rejoindre son épaule et s’asseoir dessus, en faisant attention à bien se tenir au tissus qui servait de vêtement à Wriir. Il fit quelque chose avec ses mains. Une forme translucide se modela entre ses deux paumes, avant de glisser dans des jarres et sur le sol, pas loin de la grande bibliothèque.

« C’est quoi ? » A en étudier la forme et la transparence, Rose-Alysse y voyait de l’eau. Mais étant un géant, et comme tous les autres géants, il pouvait avoir créé quelque chose d’autre. Un truc que la Fae ignorait. « C’est de l’eau ? Pourquoi ? » Questionna-t-elle. Au pire, il pouvait la reprendre. « Oui euh… Euuuuh… Par-là. » Elle lui indiqua une direction et se reprit immédiatement. « Euh… Non par-là… » Elle se gratta la tête. Elle s’y était déjà rendue, mais sous cette perspective, jamais. Elle aurait su reconnaître les coins et les meubles, les interstices et les pans des murs. « Euh… On a qu’à suivre l’odeur. Ca sent bon le miel. » Elle ferma les yeux et ne sut pas situer la provenance de l’odeur tout de même. « Par-là ! » Elle pointa du doigt une direction, avant d’avouer « En fait, je ne sais pas. Je… Je n’y suis jamais allée sur l’épaule de quelqu’un. Ca doit être difficile d’être grand. On doit souvent se perdre. Attends, je vais descendre. »

Cette fois, la Fae ne s’essaya pas au saut périlleux. Son nez s’en souvenait encore et le haut de sa tunique aussi. Alors elle se mit à quatre pattes sur l’épaule de Wriir et s’agrippa comme elle le put à la veste, avant de se laisser aller jusqu’au sol, en utilisant les plis et les objets comme appuis, puis en quittant la veste pour le pantalon, etc. Une fois au sol, la petite Fae s’avança jusque sous une table basse. Elle regarda attentivement les indices qui l’entouraient et se rendit compte qu’elle n’était jamais allée dans ce couloir. Elle sortit, pour que Wriir la voie et fit des grands gestes.

« Par-là ! »

Elle trottina jusqu’à marcher sur des carreaux dont la forme et la couleur lui rappelaient un chemin. Elle se renseigna plusieurs fois si Wriir l’apercevait bien en s’arrêtant et en se retournant et une fois qu’elle le voyait, elle continuait. Au final, la Fae déboucha sur un couloir un peu plus étroit que les autres, sans meubles au sol. Elle se colla contre le mur et observa l’étage inférieur ; une pièce ouverte où l’on voyait sur le sol les ombres à portée créer par un foyer entretenu. Rose-Alysse entendait des voix mêlées à un brouhaha de cliquetis de métaux et de travail à la chaîne. Son regard gris se posa une dernière fois sur Wriir avant d’entreprendre une descente de pierres grossières qui servaient de marche. La voix de la gouvernante était belle et bien présente ; plusieurs rires fusèrent. Une fois au palier, la Fae hésita à avancer. Elle était terrée sur le côté droit de l’entrée et observait timidement le travail des servantes. La pièce était tout simplement immense. D’un côté, du linge pendait à cause du mauvais temps, de l’autre côté, d’énormes tables en bois massif occupaient la pièce, là où la viande, le poisson et les légumes étaient travaillés. Plusieurs plats étaient en attente, comme si la maison était pleine de vie. La gouvernante s’occupait du linge de maison étendu, parlant avec deux autres collègues de sujets qui dépassaient la Fae.

« J’irais bien m’acheter quelques-uns de leurs sous-vêtements en Avalon. A voir les lingeries de la Maîtresse, ils sont de bonnes qualités. »
« Ah oui, et avec quel salaire ? »
« En économisant pour sûr ! »
« Mais, à quoi servent de beaux linges si on a personne à qui les montrer, hum ? »
« Tais-toi. »
Les deux autres rirent.
« D’ailleurs, j’ai entendu dire qu’ils vendaient à présent d’autres objets intéressants… Des visiteurs me l’ont appris. »
« Car des visiteurs te parlent, à toi ? »
« Bah, oui. »
« Qui est là ? »

Elles cessèrent leur conversation et se retournèrent vers l’entrée des Cuisines. Rose-Alysse en avait profité pour se retrouver sous la table. Elle les observait.


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♦ Le Conte du Voleur : L’As de Pique ♦ [PV : Wriir]

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