La neige recouvrait la propriété de l'Antre de la Dame depuis quelques jours déjà. Les tapis de fourrures avaient trouvé de nouveau leur place sur le sol et les cheminées de la demeure luisaient de flammes qui dansaient en chœur, leurs chorégraphies se répercutant sur les murs. Le soleil venait à peine de se coucher mais déjà les ombres de la nuit essayaient-elle de régner en Reines. De nombreuses bougies avaient été allumées dans la pièce où se trouvait la maîtresse des lieux. L'ambiance tamisée lui convenait à merveilles. Elle aurait pu souhaiter que le lustre brille de mille feux mais elle aimait se perdre dans une lumière douce et envoûtante. Et puis, elle n'avait guère besoin de précision pour ce qu'elle faisait. La Dame Rouge se trouvait assise devant sa coiffeuse, un fin tissu de soie recouvrant sa peau. Le noir était transparent et, dans le miroir, il était possible d'apercevoir l'auréole de ses seins. Sa gorge était nue, le col ne se reliant qu'au niveau de sa poitrine, la robe de chambre attachée à sa taille par une ceinture faite de la même matière. Quelques motifs brodés venaient protéger sa peau, ici et là, des regards indiscrets. Dans une pièce adjacente, un violoniste s'entraînait, usant de tout le talent qu'il possédait pour ne pas commettre d'impaires. L'index de la Dame parcourait un ouvrage. Parfois il s'arrêtait à un nom. Alors, elle posait le volume sur la table, avançait lentement sa main vers la plume qui trônait dans son encrier avant de la poser sur le parchemin et de le barrer avec langueur, une pointe de satisfaction sur le visage. Les Taiji étaient nombreux mais à force d'efforts, elle en viendrait à bout. Cela n'était qu'une question de temps.

Puisqu'elle se trouvait dans ses appartements et que personne ne pourrait la déranger si ce n'était ceux qui étaient au courant de sa véritable identité, elle avait repris sa forme originelle. Son poignet se dirigea vers la barrette qui tenait ses cheveux, ceux-ci tombant en cascades sur ses épaules dès lors qu'ils purent connaître la liberté. Elle sourit devant son reflet, posant l'objet sur la table, près du carnet. La Dame Rouge avait décidé de donner un peu de répit au Monarque Démoniaque ces derniers temps. La construction de sa petite rébellion était presque au point mort mais elle trouvait bien plus important de se concentrer sur ses descendants que sur le reste. Elle avait néanmoins quelques idées qu'elle se plairait à mettre en œuvre d'ici peu. Il lui fallait des esclaves, beaucoup d'esclaves, pour construire les bases de ce qui serait bientôt une imposante cité. Le moyen de les obtenir était des plus simples. Elle était riche et elle savait depuis longtemps que la fortune pouvait tout acheter, contrairement à ce que certains idiots pouvaient penser pour se donner bonne conscience. Si elle ne payait pas en or et en pierres précieuses, elle pouvait acheter n'importe quoi qui ferait le bonheur de ceux qui acceptaient d'entrer à son service. Et puis, en réalité, s'ils préféraient s'entêter, elle pouvait également acheter n'importe quoi qui ferait le malheur de ces derniers. Que ce soit poliment ou par la menace, elle arrivait toujours à ses fins. Là encore, ce n'était qu'une question de temps.

La Dame finit par fermer l'ouvrage après quelques longues minutes à le consulter. Elle essayait de réunir les assassinats de façon méthodique afin de perdre le moins de temps possible. Certains Taiji étaient si faibles qu'elle n'avait aucun besoin de faire le déplacement. Il suffisait d'envoyer une femme ou un homme compétent accomplir la mission à sa place. Néanmoins, pour les plus puissants, elle devrait faire appel à une stratégie plus sombre et efficace. Puisqu'elle avait convaincu l'Esprit de Loki de l'aider à la tache, il semblait qu'elle pourrait jouir d'un retour complet de sa puissance d'ici quelques lunes. Certains de ses descendants, néanmoins, ne pouvaient pas trouver la mort. C'était notamment le cas d'Enzel qui était lié à elle par un lien qu'elle ne saurait briser. Elle devrait le garder en vie, peu importe où le Fae se trouvait actuellement. Plongée dans ses pensées, elle caressait lentement ses cheveux. Elle avait autorisé certains de ses plus proches fidèles à la déranger quand ils le souhaitaient. Aussi, elle n'entendit pas tout de suite le cliquetis de la porte qui annonçait la visite d'un homme qu'elle avait beaucoup aimé goûter. Il n'était qu'à l'aube de sa vie pour elle mais elle avait des projets pour lui. Elle espérait que la puissance du Réprouvé grandirait vite pour qu'il puisse la satisfaire de bien des manières.

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