S’égarer dans un village à cause des mauvaises indications que lui avait fournies Camilla, c’était tout de même assez humiliant. Il suspectait la prédatrice de l’avoir implicitement mené dans ce trou à rats pour ne pas répartir les gains qu’ils s’étaient promis en coulant à flots ces trois bateaux pirates. Il la savait assez douée pour se charger des cargaisons toutes seules, mais là n’était pas la question. Il s’était fait rouler, point à la ligne. Elle pouvait jouer tant qu’elle le souhaitait avec ses nerfs, elle finirait par perdre la main, Zane étant nettement plus chevronné dans tout ce qui touchait à la fortune. Habituellement, il trouvait toujours le moyen de se dégoter quelques belles sommes sympathiques en voyageant et en s’arrêtant fréquemment dans les tavernes ; elles qu’il aimait nommer comme étant les mines d’or de l’ivresse. La chaleur que dégageait l’astre solaire était assez nuisible sur son teint pâle, alors pour se poser à l’ombre, il s’infiltra grossièrement dans la maison la plus proche. Parler d’infiltration étant alors plus qu’erroné, le démon avait franchement enfoncé la porte à coups de pieds stratégiques – ou presque – afin d'arracher les gonds. Une fois à l’abri entre ces quatre murs, c’est un geignement d’angoisse qui fit naturellement vriller sa tête vers une vieille femme visiblement en désaccord avec son invitation.

Le visage avare en regrets, il s’avança spontanément vers cette dernière qui ne cessait de reculer, jusqu’à ce qu’elle se fasse interrompre par la présence du mur. Apeurée, elle tremblotait comme une feuille sur le point de céder à la course des enfants. Amusant, mais légèrement exaspérant comme cri. Il était temps de mettre un terme à sa vie, sauf qu’avant de pouvoir lui arracher le cœur sans pitié, deux hommes intervinrent en lui immobilisant le bras par la magie au dernier moment. L’œil se détournant sur le côté, il resta de marbre quand il comprit qu’il avait à faire à deux sorciers aux capacités relativement moyennes. « Pas touche. Nous avons besoin d’elle et de sa maison, alors fout le camp d’ici si tu ne veux pas de problèmes. » La bonne blague. Tourné ainsi, il aurait pu se décrocher la mâchoire rien qu’en gloussant trop fort. Sans réellement forcer, il gonfla ses muscles pour défaire les liens magiques, et de cette manière, surprendre l’un des sorciers en lui ôtant la tête de son corps. Mêler la propagation de la vélocité à sa force démoniaque était quasiment toujours fatale pour ceux qui s’y frottaient. Peu d’individus sur terre étaient capables de s’en réchapper indemnes.

Comprenant bien vite qu’il n’avait pas les outils à disposition pour lui tenir tête, le dernier sorcier devint blanc comme un linge après avoir renoncé à toute tentative. « OK… OK… pas la peine de se fâcher pour si peu… laisse-moi te raconter une histoire. Il y a de ça trois ans, un… » « Chuuuut. » Oui, mais non. La patience n’était pas le fort du Monarque. De plus, il n’avait aucune envie d’entendre la chute grotesque d’un récit à dormir debout. Les conclusions étaient toujours plus attirantes en termes de contenus, à l’exception de celles qui comportaient des morales. Il détestait les morales. En fin de compte, le sorcier lui parla d’un parchemin perdu dans la prison qui se trouvait non loin d’ici. D’après ses dires, il renfermait la position d’un bidule qui rendait son possesseur invulnérable. Le doute était permissif quant à savoir ce qui aurait poussé les enchanteurs à laisser un quelconque pactole dans des geôles. Certes, il s’agissait d’un repère comme un autre pour ces derniers, mais ceci n’expliquait pas tout. Le fait est qu’il accepta cependant de s’y rendre pour le vérifier par lui-même. Si le mage noir avait pensé s’en sortir avec ça, il s’était mis le doigt dans l’œil. En quittant la demeure, une seconde tête gisait sous les pieds de la grand-mère.

Au crépuscule, le démon avait hâtivement pris les devants de son expédition. L’efficacité de son talent étant au rendez-vous, il se trouvait d’ores et déjà à l’intérieur du palace obscur, là où tous les malfaiteurs avaient réussi à écrire une partie de leur histoire sur l’épais livre des hommes les plus détestables. Les cachots renfermaient effectivement beaucoup d’individus suspicieux qu’il se serait fait une joie de libérer si seulement il n’était pas en quête d’un bon gros bijou, mais qui sait si ceux-ci n’allaient pas devenir ses alliées dans un avenir proche. Toutefois, dans sa progression unilatérale qui visait à fouiller chaque recoin du pénitencier, le démon se retourna à plusieurs reprises. Il était persuadé que quelqu’un le pistait, mais chaque fois qu’il essayait de le surprendre, plus rien. « Si je vous trouve, je vous mords ! » Cette prison était peut-être hantée, allez savoir.

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Contre toute attente, le Démon émancipait pas à pas les prisonniers en déracinant d’une poigne de fer les barreaux de leurs cellules. Il avait fini par émettre l'idée que les recherches iraient beaucoup plus vite en les impliquant dans sa campagne d’exploration. À partir de là, deux camps s’opposaient. Il y avait ceux qui étaient suffisamment brillants pour odorer son pouvoir — ce groupe-là l’aidait chaleureusement sans contester quoi que ce soit — et il y avait les autres qui n’étaient pas assez clairvoyants pour comprendre qu’ils pouvaient perdre la fonction d’un membre en une fraction de seconde. Tout homme avait ses propres faiblesses, mais la bêtise était la pire de toutes. Ces têtes brûlées virent leurs espérances de vie diminuer drastiquement. Derrière son passage, des têtes épatées restaient collées contre les murs, tandis que des corps méconnaissables parsemaient le couloir comme les résidus d’un puzzle auquel on renonçait d’un revers. Dramatique, mais propre au cycle d'existence. La petite armée qu’il avait menée à son service se focalisait sur la trouvaille de l’artefact. C’est à ce moment précis qu’il croisa le chemin d’un autre homme qui semblait presque aussi infaillible que lui. Il s’était arrêté pour observer ses talents martiaux, information la plus précieuse chez les guerriers.

S’il se débrouillait passablement bien du point de vue de la technique, il péchait sévèrement sur la politesse et le choix du vocable. C’est avec une profonde nonchalance — les mains dans les poches — qu’il se rapprocha de l’énergumène en se frottant la nuque d’un air lassé. « Je ne suis qu’un simple voyageur, égaré par le destin et la dérision pour apporter un peu de fraîcheur à mon corps en manque d’exercice. » À quoi bon lui révéler son identité maintenant ? Il saurait bien assez tôt à quel type de créature il avait à faire. Par ailleurs, Zane n’avait aucun malaise à répertorier cet individu comme étant potentiellement neutre. Il aimait faire le mal, mais pas assez pour générer le désarroi et la destruction. « Et toi ? Qui es-tu, camarade ? » Substantif tout à fait correspondant, loin d’être choisi au hasard. Tant qu’il tolérait la présence de quelqu’un, ce dernier se classait dans la section « bonne ». La possibilité de passer dans la « mauvaise » catégorie était permanente. Elle pouvait intervenir n’importe quand, d’où la nécessité de ne jamais lui tourner le dos. Après réflexion, ce garçon allait pouvoir lui être utile. Se caressant la base du menton, il détailla la silhouette du personnage avant d’être plus clair dans ses intentions. « Il se trouve que le sort m’a mené ici pour faire la découverte d’une pierre précieuse ou d’un objet dans le style. J’imagine qu’à deux nous pourrions aller beaucoup plus vite. Les soldats que j’ai recrutés ne sont pas très… débrouillards. » Il jeta un œil vers les contrevenants, amusé de les voir examiner les endroits les plus insolites, comme s’ils avaient un jour la chance de pister quoi que ce soit dans les toilettes ou entre deux fissures. « Tu auras ta part, j’en fais le serment. » Pari osé de croire de telles promesses, mais c’est là où se situait l’intérêt.

Il pouvait parfaitement agir en solo, mais après ce qu’il venait de lui apprendre, ils seraient forcés d’être des concurrents. Or, Zane n’était pas réputé pour faire de cadeau à quiconque. D’une certaine façon, lui avouer la présence d’un objet précieux le contraignait à accepter son offre, sans quoi il serait dans l'obligation de l’éliminer maintenant. Quoi qu’il en soit, la réponse se fit souffler par une importante détonation. Quelques secondes après, une grande partie du mur situé derrière eux s’effondra. « hm. Il semblerait que nous ne soyons pas seuls. » Évidemment. Deux prisonniers un peu trop curieux s'engouffrèrent dans la brèche. Après un long silence, ils revinrent aussi vite, expulsés brutalement contre la cage, leur dos se rompant sous le choc. Un homme petit, mais bien taillé se montra. Ses poignets étaient dotés de grandes lames sûrement capables de trancher n’importe quelle matière à porter. Quand il les vit tous les deux, il pencha sa tête comme un chien le faisait à l'égard de l’incompréhension. « URAAAAAAAAAAA » ce furent ses seules paroles — autant dire qu’il avait tout d’un grand poète — lorsqu’il fonça sur eux avec l’intention de les tuer. Zane se déplaça instantanément devant l’impudent, bloquant les deux lames punitives avec son énorme biceps. Le métal s’enfonça de quelques centimètres, mais c’était loin d’être suffisant pour s’enliser davantage. « Mauvaise pioche, gamin. » Sans l’ombre d’un scrupule, il agrippa le bras de l’attaquant pour le lui arracher telle une fougère récalcitrante. Le hurlement passé, il balança ce dernier en direction du vampire. Qu’il en fasse ce qu’il veut. Au cours de son assassinat, il en avait profité pour dérober un objet à l’étrange individu. Il s’agissait d’une plaque rectangulaire qui brillait à intervalles réguliers. Cela ressemblait à une sorte de carte enchantée. Il se tourna vers le jeune. « Alors ? Associé ? »

À présent qu’ils étaient d’accord pour besogner dans le même service, le Démon n’avait plus à s’en faire pour les fadaises. Si son collaborateur rompait le contrat d’une manière ou d’une autre, il se ferait une joie de lui faire passer cette envie par son érudition tortueuse. Beaucoup étaient ceux qui avaient essayé de l’estamper, mais très peu étaient encore en vie à ce jour. En échangeant un radieux sourire avec son nouvel ami, il lui prodiguait sa confiance le temps qui lui serait le plus convenable. Les deux hommes ne seraient pas trop de deux pour explorer l’imposante construction qui devait fourmiller aussi bien de vétilles que de tanières clandestines. Dans ce type de caverne ou des désaxés mentaux étaient couramment bridés, il existait souvent plusieurs niveaux munis de sécurités distinctes afin de concilier les criminels de bas étage avec les plus ravageurs. Ce n’était pas la première prison qu’il visitait, et sûrement pas la dernière, mais s’il y a bien une chose dont il était assuré, c’est que les rebelles les plus indociles se trouvaient régulièrement confinés au sommet ou au contraire dans les profondeurs hadales. Pour le coup, il suivit simplement son allié du moment en le talonnant. Lorsque son outil insolite brillait, Zane s’arrêtait pour frapper subitement un mur ou détruire ce qui se trouvait sur son passage.

C’était un jeu assez amusant dans le sens où ce qu’il avait acquis ne lui révélait pas avec adéquation ce qu’il devait en faire, c’est pourquoi il testait sa fonctionnalité un peu de façon hasardeuse. « Dis-moi, t’es bien un Vampire, hein ? T’es pas un chic type, ça, c’est certain, mais t’es clairement pas assez infect pour appartenir aux autres camps. J’ai toujours voulu savoir. Ça fait quelle impression de s’émoustiller qu’avec le sang ? » Le ton était volontairement taquin. Pour un païen de la luxure, l’absence de sexualité le rendait assez indiscret sur cette forme de jouissance. Il se demandait surtout comment c’était envisageable et s’ils ressentaient la même chose en buvant le sang d’une loutre par exemple. Allez savoir, Zane n’était pas scientifiquement au courant de tout. Il faudrait qu’il pense à s’enquérir de l’avis de son camarade Devaraj un de ces jours. Il avait sûrement déjà fait des tests aussi sordides que ça par le passé. En tout cas, la prison était relativement calme pour un édifice qui était censé claustrer un mana de cette valeur. Toutefois, quelque chose attira son attention lorsqu’il accabla l’objet qu’il avait en sa possession. En touchant n’importe quoi, il ouvrait certaines portes qui accusaient un renforcement dans les murs opposés aux cachots. Il s’agissait visiblement de cellules d’isolement plus sécurisé, sauf que personne n’était à l’intérieur. Drôle de mécanisme. « Non seulement j’ai trouvé ce truc complètement au hasard, mais en plus il ouvre des trucs absolument inutiles. Attend voir. » Zane passa subitement devant le Vampire en le décalant sur le côté.

La pièce était immaculée de blanc, absente du moindre ameublement. C’était assez déprimant pour un Démon qui préférait les couleurs plus sombres à celles-ci. Quoi qu’il en soit, une petite bouche d’accès se présentait dans le côté droit d’un des murs. « Hey ! Viens par ici, Jean-Edouard ! Tu vois ça là-haut ? » Il lui désignait la découpure puis baissa les yeux vers lui. « Tu l’ignores peut-être, mais les Vampires sont rompus à se transformer en chauve-souris en vidant leur esprit. Tu pourrais faire un effort en essayant de grimper jusqu’en haut. » Sa pièce métallique continuait de s'allumer, mais son intensité et sa fréquence semblaient de plus en plus signalées. « Qu’est-ce qu’il me veut celui-là ? » Il le secoua dans tous les sens comme pour faire cesser ce qu’il prenait comme une déficience, mais tout à coup la porte derrière eux se clôtura. Dans l’ombre de la petite grille, le visage d’un homme au large sourire se montra. Il semblait ravi par sa capture, contrairement à Zane qui demeurait plus indifférent qu’autre chose, essayant à maintes reprises d’ouvrir l’entrée avec son appareil. « C’est inutile. Vous êtes mes nouveaux prisonniers. Cette cellule est suralimentée d’antimagie, par conséquent, vous ne pourrez pas fuir. Shishishishishi. Et même si vous y parvenez, vous… » La porte céda sous un énorme coup de pied, écrasant le personnage douteux par la même occasion. « Je trouve les gens très incivils ces derniers temps. Pas toi ? Tiens… ils sont réveillés, ceux-là ? » Les résidents de l’asile s’étaient déraidis et marchaient d’une manière un peu boiteuse. À croire qu’ils étaient fâchés pour une quelconque raison. « Tu veux bien t’en occuper ? Je vais fouiller leurs chambres, on ne sait jamais. » Effectivement, ils ne savaient pas.

Défi réalisé:

Ce compagnon de route devait avoir beaucoup d’humour pour prétendre qu’il avait le droit de se moquer de lui par des railleries aussi légères. Zane se portait volontaire pour lui apprendre la vie, mais pas tout de suite. Il n’avait pas spécifiquement besoin de ses services pour tomber sur l’outil de ses songes. Toutefois, il gagnait un peu de temps en le trimbalant avec lui. Ce Vampire s’apparentait un peu comme à un chien duquel il utilisait l’odorat pour soutenir ses recherches. Pour le moment, il n’était pas des plus efficaces à ce sujet d’ailleurs. « On ne t’a jamais appris à parler décemment aux Démons ? Tes connaissances sur le monde devraient pourtant t’indiquer que tu n’es pas en position de faire le malin. » Le Diable lui adressa un adorable sourire plein de sous-entendus. Sans crier gare, il arracha la porte d’une cellule - comme s’il venait de prendre un fruit - qu’il décocha sur son partenaire. Même si ce dernier avait tout juste eu le temps de l’éviter, ce ne fut pas le cas du mur opposé qui soufra de quelques dommages importants. Ils devaient avant tout se concentrer sur la tâche qu’ils s’étaient eux-mêmes imposée s’ils souhaitaient sortir d’ici avant l’aube. Au moment où son camarade se battit contre les prisonniers, il chercha dans chaque recoin qui pouvait receler une carte ou un indice quelconque, mais malheureusement ses investigations se soldèrent toutes par un échec. Lorsqu’il se retourna, son pote de cellule avait manifestement complété sa mission « poing dans la face ».

Le Démon ria à sa remarque. « L’ennui avec mon charisme ahurissant, c’est que les blaireaux dans leurs genres sont autant attirés par moi que les femmes qui en demandent toujours plus. J’espère pour toi que tu connaitras ce plaisir à de ces jours, gamin. » Il adopta consciemment ce terme que les adultes appréciaient très peu en général. Le fait est qu’il était un enfant à côté de lui, et ça, son caractère impulsif n’y changerait rien. Il devait laisser place aux plus grandes personnes que lui pour s’occuper des grosses peines. Toutefois, lorsque ce dernier l’appela par un sobriquet tout à fait ridicule, le Monarque apparut subitement devant lui, le visage délicatement déversé sur le côté. « Fallait le dire tout de suite si tu voulais qu’on se batte. J’aurais accepté ta requête sans discussion. Je te laisse quinze secondes d’avance. » Et sur ces bonnes paroles, il lui aliéna effectivement un peu de répit pour fuir. Lorsque la dernière seconde s’écoula, il plongea dans les ombres afin de voguer au travers de celles-ci. Il rattrapa très vite le Vampire, émergeant d’un endroit pour lui faire barrière avec son imposant corps. Cependant, il était loin de vouloir s’arrêter au simple jeu du chat et de la souris. La bête enroba ses deux mains dans des gants de pierre afin de renforcer ses attaques déjà monstrueuses. Avec une précision déconcertante, il frappa brusquement entre les pieds du Vampire, ce qui démantela en conséquence le sol pour les faire tomber à l’étage inférieur. Intentionnellement – ou pas – il se prit un coup dans l’estomac de sa part, mais il ne ressentit aucune douleur quant à ça.

« Hé hé. Maintenant que j’ai vu de toi quoi t’étais capable, faisons grimper la température. » Il l’avait jaugée. Il était assez doué pour ne pas craindre la plupart des adversaires qu’il rencontrait. Malheureusement pour lui, il n’avait pas encore conscience du fossé qui pouvait séparer un homme fort d’un homme surpuissant. L’eau et le ciel avaient bien moins d’écarts à côté de ça. Usant de ses capacités bellicistes, le prédateur entama la rixe en variant plusieurs styles distincts. Il ne se contentait pas de faire pleuvoir les coups comme un bourrin de service. Non, ses techniques étaient un savant mélange de tout ce qu’il avait appris depuis. L’avantage fut assuré dès les premières secondes. Ses droites et ses gauches se malaxaient dans une position irréprochable. Se battant uniquement avec ses poings pour ne pas le déstabiliser davantage, le Démon gardait une certaine maitrise pour ne pas l’anéantir accidentellement. Le dernier coup qu’il plaça engendra malgré tout une puissante bourrasque qui le projeta derrière un mur. La poussière qui avait été propulsée ne lui permettait pas de voir ce qu’il était advenu de la créature. Néanmoins, lorsqu’elle se dissipa, une machine étrange se révéla. Elle s’apparentait à une grosse coquille d’œuf dans laquelle reposait un corps nu engourdi. Il était branché à celle-ci par de nombreux câbles. « T’as de la chance, cousin. On dirait bien qu’on est tombé par hasard sur un indice de taille. » Il s’approcha de l’immense coquille qu’il toucha avec sa paume. « Tu sais ce qu’on dit chez les Démons ? Qu’une omelette c’est meilleur sans œufs. C'est une image pour signifier qu'on peut faire de la fumée sans feu. Tu piges ? » Il faisait évidemment référence à la forme du contenant. En s'approchant du mystérieux réceptacle, il écarquilla les yeux. Ce qui se trouvait à l'intérieur.... il savait. Les brides d'un souvenir disparu lui revinrent progressivement en tête. Il n'était pas étranger à cette chose. C'était lui. Encore et toujours lui. Ses plans changèrent brusquement : du temps à perdre à la recherche d'un artefact fictif, il n'en avait plus. Sans même s'adresser au Vampire qui devait toujours se trouver dans les parages, il quitta la prison en créant une ouverture d'une médisante pichenette. Il disparut dans le ciel juste après.