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 [Quête] Le regard des autres est le reflet de ton âme | ft. Lorelaï

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Ven 06 Mai 2016, 21:53

Le regard des autres est le reflet de ton âme |  ft. Lorelaï« Ely … » Un espèce de gémissement, un sifflement peut-être, répond à l’appel de la réalité « Ely bordel ! Lève-toi ! » Tu te redresses, des courbatures plein le dos et tente lentement d’ouvrir les yeux. Subissant une violente agression oculaire, tu passes ta main sur ton visage pour le couvrir, puis tenter d’attraper ce voile de fatigue qui t’empêche d’ouvrir plus les yeux. Non, tu n’as vraiment pas envie de rester assis sur ton couchage. Tout ce que tu veux, c’est te rallonger, te recroqueviller sur toi-même et profiter de la chaleur douillette que ton manteau de tissus t’offre, lorsque tu t’efforces de le serrer contre toi pour que l’air extérieur – tiède et humide – ne vienne pas tout gâcher. « Eleazar, nom d’un chien ! » Un violent taquet t’arrive droit sur l’arrière de la tête et t’éjecte violemment du nuage de béatitude dans lequel tu t’étais logé.

Tu as envie de gueuler aussi fort que lui et surtout lui rendre ce qu’il vient de t’envoyer. Mais lorsque tu sors de tes vapes, ce n’est pas l’envie de frapper Enzo qui te prend en premier lieu. Surpris de voir toutes les personnes avec toi collées aux parois de la cale, tu les imites rapidement et trouve une écoutille par laquelle jeter un œil. Les terres ne sont plus loin. Il était temps. Depuis que vous avez fui le continent du matin calme, vous n’avez qu’une envie tous les deux : avoir les deux pieds sur terre. Lorenzo n’a jamais eu le pied marin, toi non plus semble-t-il. A peine avez-vous eu le temps de vous remettre du choc de la fuite – ça fait toujours drôle quand le ciel vous tombe littéralement sur la tête – que vous deviez déjà vous préparer à de longs jours de navigation, entassés par dizaines dans cette cale. Après les premiers vomissements ; la fatigue, les nerfs à bout et la faiblesse s’en étaient pris à vous pour calmer une bonne fois pour toutes vos ardeurs.

Il vous aura fallu encore quelques longues heures pour enfin arriver à quai. Un lieu inconnu, peuplé de gens aussi perdus que vous … Mais un lieu semblant plus sûr que le précédent. Contrairement à certains, vous n’avez pas le luxe de vous payer une chambre à l’auberge. Un repas décent non plus. Alors vous exploitez l’abus de faiblesses de quelques vendeurs peu scrupuleux –jouant  de la misère des autres pour se remplir les poches – pour les révéler au grand jour, déclencher un petit scandale et embarquer votre dû à la sauvette. Vous n’avez aucun scrupule à leur voler de la nourriture, puisqu’eux ne semblent pas crever de faim. Contrairement à beaucoup d’autres. A l’image de la plupart d’ailleurs, vous ne passerez pas deux jours dans le port d’accueil, préférant trouver refuge ailleurs.

Les deux amis que vous êtes peuvent compter l’un sur l’autre et il vous faut bien ça pour survivre. Après plusieurs journées passées à errer, pour trouver un endroit posé où vous refaire une santé – et les poches – vous arrivez dans une petite ville. Celle-ci semble aussi dépeuplée que celle que vous avez quittée ; ce qui promet quelques habitations faciles à occuper, sans risquer de vous faire déloger. C’est lors d’une nuit passée ici que tu perds le sommeil. Incapable de t’endormir, tourmenté par bien des maux, ton propre mal-être en particulier. Tu pars marcher dans les rues vides, habillé de tes éternelles loques et d’un lourd manteau en tissus. Occupé à murmurer quelque chose d’inaudible, que tu espères toutefois entendu par les Etoiles, tu t’arrêtes soudain, surpris par quelque chose.

Sur le côté de ton chemin, tu perçois quelque chose, allant à la même vitesse que toi. Cette chose, il semble bien … Que c’est toi-même ! Cela fait longtemps que tu n’as pas vu ton reflet et tu te trouves vite intrigué par ton double. La première chose qui te choque, c’est ta tête. Tu as une mine affreuse, Eleazar ! Rapidement, un autre détail te fait réfléchir : comment tu as pu ignorer un miroir si large, passer devant sans le remarquer ? Il est énorme et doit valoir son pesant d’or ! Tandis que tu commences déjà à imaginer le poids et le volume de la bourse qu’il pourrait valoir, ton double se met à bouger, sans que tu n’aies fait quoi que ce soit. Intrigué, tu t’approches un peu plus et laisse tes doigts effleurer la paroi du miroir. Mais au moment où ta peau entre en contact avec ce qui n’est définitivement pas une surface rigide, ton bras se fait littéralement happer par ton double. Ton corps le suit avec une facilité déconcertante et tu te retrouves à terre, après une bonne roulade sur le sol.

Plus angoissé qu’intrigué par ce qui vient de t’arriver, tu cherches immédiatement à faire demi-tour. Mais là où il y avait ce fichu miroir, il n’y a plus rien à présent. Si ce n’est un bout de chemin de terre, bordé d’un voile de pénombre que tu peux toucher des doigts. Une matière duveteuse, légère mais étrangement glacée et très épaisse. Peu amateur des sensations que la matière t’inflige, tu décides tant bien que mal de faire ton bout de chemin, les bras croisés sur ton manteau serré contre toi. Trop conscient de la situation pour être en plein trip, tu avances en te demandant où tu te trouves.

Ce que tu ignores encore, c’est qu’il importe peu de savoir où tu te trouves. L’important, c’est de savoir ce que l’endroit où tu te trouves te veut, à toi.

[928 mots]
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Lun 16 Mai 2016, 13:52




Le regard de l'autre est le reflet de ton âme




Ils l'avaient fait.

Elle, ce microbe affaibli sur le point de rendre les armes, avait finalement pris le parti de la résistance. Elle avait réussi.

A l'époque où son quotidien ne se résumait qu'à flotter tristement entre quatre murs, elle s'était accoutumée à l'idée d'un avenir morne et solitaire, à un chemin de vie plus sombre encore que ce que la Nature avait fait de ses yeux, et à une soif éternelle - incomprise, intarissable. Si l'inconnu n'était pas miraculeusement survenu, s'il n'avait pas choisi de se pencher sur son histoire – et Suris seul savait pourquoi elle avait retenu son attention –, elle se serait donné la mort en prison. Corps maigre couché au sol, le dos osseux collé contre la paroi humide. Son estomac aurait pris possession de ses sens, ses pleurs n'auraient eu d'oreille que le néant, et elle aurait fini par se nourrir de son propre sang, jusqu'à la dernière goutte.

Mais voilà qu'on avait choisi de la laisser vivre, qu'on lui avait offert la possibilité de racheter le temps qu'elle avait perdu et si elle ne savait toujours pas qui se cachait derrière cette voix grave et mystérieuse qui avait si soudainement occupé toute sa tête. Elle sentait, au fond, qu'en confiant son destin à un inconnu auquel elle devait maintenant la vie, elle avait esquissé les lignes d'une redevance éternelle. Ce qui s'était passé aujourd'hui la suivrait toute sa vie, elle en était certaine.


« Ralentis, c'est bon, on est loin, maintenant. »


Elle avait oublié qu'elle courrait. Quitter le Cœur Bleu n'avait pas été une mince affaire, et ils s'étaient frotté plus d'une fois à des figures de l'autorité qui, Dieu merci, n'avaient pas fait assez attention à eux. Lorelaï n'avait physiquement rien de menaçant.

Elle était épuisée, et se courba, les paumes sur ses genoux, pour reprendre haleine.

« C'est fini... C'est fini... »

Une sensation inhabituelle de triomphe vint la submerger à mesure qu'elle emplissait ses poumons d'air. Elle ne put s'empêcher de constater la pureté de l'air environnant, dont la fraîcheur poignante envahissait son espace thoracique. Des gouttes de sueur perlaient le long de son visage, de la naissance de son front à la falaise de sa mâchoire, et ses longs cheveux roux lui collaient à la peau.

Ces cheveux... Ces cheveux... Elle les détestait. Aussi loin qu'elle puisse se souvenir, elle les avait toujours eu longs. Cette masse, en plus d'être inconfortable et lourde, était empreinte de l'odeur de sa chambre, de sa mère. A cette seule pensée, Lorelaï se mit à trembler de rage. Elle n'en voulait plus, elle ne voulait plus ressembler ne serait-ce qu'un peu à la larve ostracisée qu'elle avait été.

La rousse se redressa, et ses longs doigts fins se refermèrent sur le manche de la dague qu'elle avait accrochée à sa taille. D'un coup sec, le regard planté au loin, elle arracha l'arme à sa protection et, de l'autre main, tira une mèche de ses cheveux, qu'elle finit par trancher sans hésiter. Elle fit la même chose pour le reste de la chevelure, ses gestes étant aussi précis qu'ils lui étaient dictés par une force indéfinissable qui lui venait du plus profond des entrailles.


« Il y a... Il y a un miroir qui vient d'apparaître. »
annonça Jathu, perplexe, tout en s'approchant de la chose, museau en avant.

Effectivement, un immense miroir, au cadre orné de pierreries venait d'apparaître devant Lorelaï. Un quidam passant par là aurait pu se laisser prendre par l'illusion d'optique, car l'on aurait cru que cette dernière se regardait dans le miroir, à mesure qu'elle se coupait les cheveux. La fille ne sembla pas comprendre où son nouveau compagnon voulait en venir, trop obsédée par l'idée de délivrer sa nuque du poids de ses souvenirs.


« Détourne le regard ! »
hurla le renard, comme s'il venait de comprendre quelque chose.

Elle n'eut pas le temps de saisir même une bribe de l'avertissement, son corps fut soudain sous l'emprise d'une brise des plus agréables, comme s'il s'envolait. Ses pieds ne touchaient plus le sol, elle en était persuadée, et sa nuque désormais libérée était doucement caressée par le vent. Comme dans un rêve, elle se sentait portée par la force d'un Élément, qui se plaisait à faire valdinguer son corps dans les airs, la tête tantôt en bas, tantôt en haut.

C'est alors que la gravité sembla la rappeler à l'ordre et une poussée d'adrénaline naquit en son sein, tandis que sa masse reprenait sens. Elle dégringolait, encore et encore, doucement, puis, assez vite pour qu'elle ne finisse par pousser un petit cri, jusqu'à ce qu'elle atterrisse sur quelque chose de dur. Plus exactement, ses deux jambes étaient disposées de chaque côté de ce qu'on aurait pu prendre pour une... nuque... ? Venait-elle réellement de tomber sur les épaules de quelqu'un ? Sa main vint discrètement fureter la chose, jusqu'à découvrir sous ses doigts une chevelure assez dense.

Lorelaï poussa un cri, comme pour se débattre, tout en calculant ses mouvements afin d'éviter une chute trop brusque. Sauf qu'elle perdit inévitablement l'équilibre et se rétama douloureusement parterre, aux pieds de celui sur qui elle était tombée. C'est alors qu'une grosse masse, aux extrémités poilues, vint lui heurter l'abdomen. Jathu venait de lui tomber dessus, lui aussi.

La jeune femme était sonnée, et sur le point de perdre connaissance.

Que diable venait-il de se produire ? Où était donc passé cet air pur qui lui avait fait tant de bien ? Cette douce pelouse qui avait daigné caresser ses pieds ?

« Aïe... »




1000 mots.

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Lun 16 Mai 2016, 16:30

Tu continues à errer, encore et encore, à n’en plus finir. Depuis combien de temps es-tu là, sur ce chemin où rien ne semble se passer ? Tu as perdu la notion du temps, mais pas que. Etrangement, la faim, la soif … Tu ne ressens plus rien. Comme si le temps était suspendu et que tu te trouvais là, piégé au milieu. Un sentiment d’infinie solitude, parfaitement effrayant. Tu as bien essayé quelques fois de passer de force dans cette brume tangible, mais le seul résultat que tu en as retiré fut un cuisant échec. Comme si la Mort elle-même refusait que tu traverses le voile. En réalité – peut-être l’apprendras-tu un jour – cela ne fait que quelques dizaines de minutes que tu es en ces lieux, si l’on peut considérer cet endroit comme … Eh bien un endroit, un lieu existant vraiment. Ce dernier ne t’a encore rien fait, seuls ta névrose et ton penchant naturel à l’autodestruction suffisent à te rendre dingue. Ne supportant pas la simple idée d’être bloqué sur ce chemin brumeux, ne serait-ce qu’une minute de plus, tu te mets à supplier les Etoiles. Qu’elles te viennent en aide, qu’elles fassent quelque chose … N’importe quoi ! Mais vite, très vite, avant que tu craques un peu plus, un peu trop.

Tu te mets à crier, hurler à pleins poumons, dans un silence des plus pesants. Même ta voix se rit de toi, cette garce. Cela fait bien longtemps qu’elle a fui, mais tu espères toujours, dans ta naïveté, qu’elle te reviendra comme par magie. Quel sot, quel abruti tu peux être quand tu t’y mets ! Alors que tu sombres bien trop vite dans le désespoir pour que c’en soit naturel, que cela respecte un tant soit peu les canons d’un être normalement constitué – qui aurait commencé par chercher une vraie solution au lieu de se faire dessus à l’idée d’être seul pour le restant de ses jours – , alors que … Alors que tu touches le fond et que tu sembles prêt à creuser encore un peu plus – masochiste –  ; voilà qu’un miracle se profile à l’horizon ! Bon, d’accord, pas vraiment à l’horizon… Admettons. A défaut d’en avoir un dans les environs, considérons les cieux, qui brillent de par leur absence, aussi. Soit. Ton miracle donc, il te tombe littéralement d’en haut. Oui, la gravité fonctionne encore, tout comme ton sens de l’équilibre. Nous disons donc d’en haut, sans que tu le vois arriver. Pour un Rehla, tu ne vois vraiment rien venir toi.

Un poids se révèle sur tes épaules. Non, pas la culpabilité, elle attendra son tour, comme tout le monde ! Un poids qui se concentre sur le haut de ton dos et vient exercer une force que tu peines à réceptionner. Tu accuses le coup et te courbe en avant, les muscles atrophiés de ton dos tendus à l’extrême, tout comme les muscles d’une de tes jambes qui a eu la bonne idée de se placer correctement – devant toi – pour faire passer toute cette force dans le sol, sans te faire flancher. Comme quoi, tu es capable de quelque chose quand tu veux ! Le poids à peine absorbé, tu restes surpris par la masse qui se trouve sur toi. Etrangement chaude et tatillonne. Oui, peu importe ce qui vient de te tomber dessus, c’est en train de te tripoter la crinière ! Tu effleures à peine l’éventail des possibilités, de tout ce qui peut se trouver sur ton dos, que ce qui se trouve actuellement sur ton dos lâche un cri et se met à gigoter. Surpris, tu lâches le même cri de jeune fille effarouchée, heureusement pour toi personne ne peut l’entendre. Si tu n’avais pas été muet, tu aurais fait une merveilleuse soprano !

Un instant, tes bras croisent ses jambes et, au lieu de t’en saisir pour vous stabiliser, tu en tires une pour faire descendre d’un étage ce-que-tu-ne-veux-pas-savoir se trouve sur toi. Résultat, le poids pas-si-mort s’écrase au sol et t’entraine dans sa chute. Boulet. Les sens déséquilibrés par ce rodéo improvisé, tu peines à te redresser. Et t’as mal. Sous tes yeux se révèle une tignasse cramoisie, qui finit par s’en prendre une autre, plus grosse – de tignasse cramoisie – dans le ventre, la face ou tu ne sais quelle partie de ce qui semble être un corps. Instinctivement, tu tentes de prendre tes distances et trébuche en arrière, sur ce sol vierge de toute trace de vie, végétale ou animale. Soudain, tu l’entends, cette voix. Oui, c’est bien un gémissement, une complainte que tu viens de percevoir. Le quoi serait donc bel et bien un qui ? Intrigué, tu t’avances à quatre pattes et tire doucement sur la fourrure à la couleur trop cuite. Tu ne sais pas trop ce que tu es en train de retirer mais, une chose est sûre : le truc qui se trouve dessous ressemble définitivement à une personne ! Immédiatement soulagé d’avoir une sorte de compagnie, tu te rues sur elle pour la secouer un peu. Beaucoup. Mais qu’est-ce qu’elle fait, la sieste ? Est-ce vraiment le moment ?

« EH OH, ON S’REVEILLE ! » Que ta pensée vient lui hurler. Plein d’espoir, tu envisages de lui mettre une bonne claque pour la faire revenir à la réalité. Mais quelque part entre la peur de t’en prendre une en retour et la peur de l’achever – ce qui ne serait pas arrivé avec ta force de mollusque à l’agonie dans sa coquille – l’endroit semble répondre à la remontée en flèche de ton moral. La brume autour de vous se dissipe et vous permet d’y voir plus clair, plus loin. Il semble même faire jour, soudainement. Peut-être que traverser le miroir avait un sens, finalement … Non, pas pour toi, qu’on s’entende bien là-dessus ! Mais le reflet de ta psyché semble bel et bien t’ouvrir de nouvelles possibilités en ces lieux inconnus.

Reste à voir ce qu’il en sera des effets de sa psyché sur l'environnement ; à elle, ta compagne d’infortune que tu viens d’accueillir comme il se doit. Ou pas.

[1026 mots – Pour info, toutes les paroles d'Ely sont des pensées.]
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Dim 22 Mai 2016, 18:36




Le regard de l'autre est le reflet de ton âme




Une douleur lancinante la prit à la joue, et cette dernière se mit à brûler, brûler si fort qu'elle crut un instant que le côté droit de son visage était en feu. C'est alors qu'une masse molle et humide vint envahir son visage, répandant sur sa peau un liquide tiède et collant qui apaisa la douleur. Cette succession de sensations n'avait strictement rien d'agréable, bon dieu.

« Réveille-toi, sale gosse ! »
braillait silencieusement cette voix familière qui, à défaut de lui vriller les tympans, lui broyait trop souvent l'esprit. Ses pensées, comme anesthésiées, divaguèrent. Cette voix... Oui... Hm... Un renard, peut-être ? Oh, ce devait être ça, au vu de l'odeur putride qui se dégageait de sa gueule. Gueule apparemment penchée tout près de son visage que... qu'une langue était en train de lécher avidement !

Avec violence, Lorelaï sortit de sa torpeur, et repoussa Jathu d'un geste vif, l'expression dégoûtée. Un peu déboussolée, elle s'essuya le visage à pleines mains, les fesses toujours à terre.

« Il est quelle heure ? J'ai dormi longtemps ? » marmonna-t-elle, se frottant les yeux. Selon toute vraisemblance, elle avait tout oublié, y compris sa dégringolade. Lorelaï était persuadée de s'être seulement assoupie – et pourtant, la douleur qu'elle ressentait au niveau de l'arrière-train lui soufflait qu'il ne s'agissait pas là de toute la vérité. Elle se releva avec peine et se mit à avancer. Raté. Elle buta sur quelqu'un, et son nez se retrouva collé à une poitrine plate d'homme. Prise de panique, la jeune femme recula de quelques pas et faillit tomber à nouveau.

« Calme-toi c'est bon, il s'agit d'un jeune homme. Il était là quand on est arrivés. Enfin, quand on est tombés plutôt. Tu ne te souviens pas du miroir ? »


Jathu n'était pas encore parvenu à comprendre pourquoi il entendait certaines des pensées de ce dernier, pensées dirigées et sélectionnées, qui avaient une allure de paroles.

« Miroir... » répéta-t-elle, encore un peu à l'ouest. Oui. Ça lui revenait. « C'est donc ça. C'est vous ! » ajouta-t-elle, pointant l'individu du doigt. « Où sommes-nous et que nous voulez-vous ? »

« Te casse pas la tête, il n'a pas prononcé un mot depuis tout à l'heure. Même quand il t'a secouée. »


« Quand il m'a... quoi ? »

« Pour te réveiller. Laisse tomber. »


Agacée, elle voulut revenir à la charge afin de lui extraire ne serait-ce qu'un mot de la bouche, mais Jathu la coupa dans son élan.

« Un chemin. Je crois qu'il y a un chemin qui vient d'être tracé. Il faut sûrement le suivre. »


« Mais... Mais je n'ai pas du tout envie de suivre ce chemin bizarre qui sort de nulle part, je veux retourner là où nous étions ! Je suis sûre que c'est de sa faute à lui ! » répliqua la rousse qui, habituellement discrète, n'arrivait décidément pas à contenir sa colère – sauf qu'elle fut à nouveau interrompue. Une voix au timbre espiègle retentit et envahit l'espace de façon presque divine.

« Madame, Monsieur, bonjour, bonsoir, et bienvenue dans le miroir le plus surprenant, le plus éblouissant et le plus révélateur de toute le cosmos : j'ai nommé le miroir... d'Alyss ! » Des applaudissements surgirent du néant. « Félicitations, chers gens, vous êtes libres, enfin, libérés de ce monde sans foi ni loi qui règne à l'extérieur ! Je me présente, je suis Scient, et je suis là pour vous guider, car le miroir d'Alyss sait accueillir comme il se doit ! » De nouveaux applaudissements éclatèrent, accompagnant avec fougue le rire narquois du dénommé Scient. « Veillez simplement à noter ces quelques petits détails, afin que votre séjour ici se déroule pour le mieux – oh c'est minuscule, vraiment, trois fois rien. Ici, vous êtes mis à nu car le miroir voit tout, sait tout, entend tout. Vous l'avez compris : plus le droit au mensonge, aux petites cachotteries, aux non-dits... ou vous en subirez les conséquences, vous êtes prévenus ! De même... le miroir d'Alyss est fait d'amour et d'eau fraîche : aimez-vous les uns les autres et vous éviterez de le vexer ! »

Sur ces paroles, le bras droit de Lorelaï se trouva ligoté et son corps mince tiré vers quelque chose, rendu aussi vulnérable qu'un aimant. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que le jeune homme venait de subir le même sort : leurs bras mutuels étaient à présents attachés, collés l'un à l'autre et il était visiblement impossible de se défaire de l'étreinte.

« Il vous faudra être bon public, car le miroir d'Alyss a beaucoup d'humour et aime taquiner ses invités ! Enfin... n'oubliez pas : ce n'est pas vous qui trouverez la sortie, c'est la sortie qui vous trouvera ! Au revoir, bonne journée, bonne soirée, bonne nuit, adieu ! »

La voix se noya dans un torrent de rires terrifiants et d'applaudissements enthousiastes. Après s'être débattue, après avoir tenté, en vain, de cisailler le lien qui la maintenait collée au jeune homme avec ses ongles, la jeune femme abandonna. Elle se mordit la lèvre, inquiète et prise d'un mauvais... très mauvais pressentiment. C'est alors qu'elle entendit quelque chose grouiner près d'eux.

« Vous avez entendu le cochon, vous aussi ? »

Elle ne croyait pas si bien dire, puisqu'il s'agissait, en réalité, de Jathu qui, sans le savoir, s'était entièrement métamorphosé en gros porc bien dodu.




942 mots.

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Lun 27 Juin 2016, 20:15

« J’peux même te dire que tu ronfles sacrément fort ! » Est-ce de la mauvaise foi qui émane de tes pensées ? Sûrement ! Tu ignores où tu es, qui elle est, ce que vous faites là … Et tu t’en fiches. Un peu. L’important pour toi, c’est de revenir dans ce patelin minable, retrouver Enzo et quitter les lieux au plus vite. Trop empêtré dans tes propres pensées pour voir ce qui se trame devant toi, tu ne calcules guère les gestes de l’inconnue, même pas lorsqu’elle te fonce littéralement dessus. C’est une manie chez elle ou quoi ? « Eh, oh … Tu vas te calmer oui ? » Et c’est toi qui dit ça … C’est l’hôpital qui se fout de la charité là !

« Quoi, moi ? » Tu te saisis de sa main, fait progresser de quelques degrés l’arc de cercle dessiné par son doigt tendu, jusqu’à ce qu’il pointe correctement vers toi « On t’a jamais dit qu’il était malpoli de pointer les gens du doigt ? Et puis quitte à être malpolie, autant l’être jusqu’au bout. » Tu t’approches un peu plus, jusqu’à ce que le bout de son doigt touche ta poitrine. Si Enzo était là, il s’en serait déjà écroulé de rire, ou de surprise. Toi, le Rehla meurtri par tout ce que ce monde t’a infligé – qu’on appelle le Karma, la Justice ou un retour des choses parfaitement mérité – voilà que tu provoques une parfaite inconnue … Ta témérité n’ayant d’égal que ta bêtise, il semble bien que ce saut entre les dimensions t’ait aussi causé un bond dans le temps. Si le petit enfoiré que tu étais a décidé de refaire surface à la première incartade venue, il y a fort à parier que tu y perdras plus que la parole ; et très rapidement qui plus est !

Elle continue à palabrer, parler de toi c’est certain … Mais pas en te parlant à toi … Comme si elle discutait … Non … Ah ben si, il semblerait bien qu’elle ne soit pas seule dans sa tête ! Tu sais maintenant où vous êtes : chez les fous ! C’est ça : Ely, tu es officiellement cinglé ! Bienvenue au club ! Et voilà qu’elle continue son argumentaire, sa crise de panique qui te hérisse le poil – on en parle, de ta propre crise de panique quelques minutes auparavant ?! – et surtout à te remettre la faute dessus. « LE DOIGT, BORDEL ! TU VAS LE POINTER CORRECTEMENT OUI ? » Voilà que tu lui cries dessus en lui chopant de nouveau la main « T’es bigleuse ou juste abrutie ? ». Non, tu n’as toujours pas compris que son regard vide et pointant ailleurs n’était pas lié à quelques lacunes mentales. Et puis, de vous deux, c’est toi l’abruti. C’est certain !

Comme si être interrompu était une chose courante en ce monde étrange – de fous, avouons-le – voici qu’un autre événement vient vous couper la parole. Tu ne sais pas de quoi il s’agit, d’où ça vient mais une chose est sûre : ça te file les jetons ! Tu écoutes et tente de comprendre tout ce qu’il vous annonce, convaincu de pas grand-chose sauf du fait que tu devrais éviter de l’ouvrir si tu tiens à ta peau ! Sauf que ledit Scient n’y tient pas vraiment à votre peau et qu’il n’a aucun problème à vous voir rapprochés jusqu’au point de non-retour. Tu ne comprends rien à ce qui t’arrive et tente de t’écarter de la demoiselle … Tout ça pour mieux la tirer un instant vers toi et manquer de vous faire chuter tous les deux ! La demoiselle s’y essaye à son tour et tu sens sa tentative passer « AIE ! MAIS ARRETE BORDEL, CA FAIT MAL ! »

Quelque chose vous interrompt de nouveau et ton regard croise le sien – Ou s’y essaye. Ha, ha. – puis un éternel Silence s’interpose entre deux Moments, pour finalement passer son chemin et vous laisser revenir à cette étrange réalité. « Le quoi ? » Tu jettes un œil aux alentours et remarque que la boule de poils a bien grossi. Et s’est faite tondre aussi, à blanc. Tu sursautes et fais un pas en arrière … Et tu sens que ça te dire dans le bras. Elle est toujours là ?! Tu soupires et engages, par une pensée un peu plus posée « Puisqu’on va passer un moment ensemble je le crains, autant faire les présentations … Eleazar, enchanté. Enfin … Autant qu’on le puisse quoi. J’te tends pas la main, mais l’cœur y est. »

Peut-être qu’en définitive, tu n’as pas changé. Tu es toujours le même gamin curieux, téméraire au possible, qui restait seulement caché derrière ses peurs et les jugements que les autres auront posés sur toi. Mais puisqu’ils ne sont pas là, les autres, tu peux être toi-même. Et tu l’es. Est-ce que cela ne te fait pas du bien – ne serait-ce qu’un petit peu – à l’idée de ne pas avoir à te mentir à toi-même, rester prostré dans ton mal-être et t’enfoncer dans ton Spleen ? – car c’est ce que tu fais depuis des mois, maintenant tu es au courant … Ou pas, il te reste toujours à te l’avouer et l’accepter.

« J’te propose d’avancer … De toute façon on ne peut pas vraiment aller ailleurs, le chemin mène tout droit. » Il y a de la lumière et la vue semble même se dégager un peu plus. C’est déjà ça. « Et … Il est obligé de nous suivre le cochon ? Il me fiche la trouille à grouiner comme ça ! »

Non, tu n’as vraiment pas changé.
Tu es toujours le même enfoiré.
[927 mots]
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Mar 28 Juin 2016, 18:17




Le regard de l'autre est le reflet de ton âme



Il y avait chez cet homme quelque chose de particulier : muet comme une carpe, elle saisissait chez lui néanmoins – dans son comportement et sa gestuelle – une forte envie, voire un besoin de s'exprimer. Un flot de paroles cinglantes vint alors envahir son conscient. Surprise, et décontenancée par cette intrusion subite et cette voix qu'elle ne connaissait pas, elle asséna un coup de genou dans la cuisse du jeune homme par réflexe. Elle voulut lui répondre, mais son esprit tourmenté ne lui en laissa pas l'occasion : il était en déroute.

« Cochon ? »
marmonna Jathu en pensée, quand il finit par grouiner malgré lui, faisant sursauter sa graisse au passage. Transformé en cochon, soit, mais cette révélation ne l'empêcha pas de devenir blême.
« Non ce... Non... »
Consterné, il se mit à cavaler un peu partout, comme s'il s'attendait à  ce qu'un changement survienne, proportionnel à ses prouesses physiques. Il n'en fut rien – et Lorelaï, d'ailleurs, ne put retenir un rire acerbe à l'entente de ses petites pattes ridicules foulant le sol en totale détresse. Jathu, quant à lui, interrompit sa course et grogna – un grognement bien différent et bien moins intimidant que d'habitude – afin d'exprimer son mécontentement. C'est alors qu'ils entendirent le garçon se présenter et quand Jathu observa le jeune homme et la façon dont il avait posé ses yeux sur Lorelaï, il comprit qu'il tentait un contact. Prête, enfin, à lui adresser clairement la parole, Lorelaï tourna la tête vers le brun, qui n'était qu'à une petite dizaine de centimètres de son visage. Bien qu'elle ne puisse rien voir de la maigre distance qui les séparait, Lorelaï sentait le souffle de son interlocuteur et se borna à ignorer leur proximité.

« Eleazar donc, c'est ça ? Tu ne... parles pas ? » Sans le contrôler, elle lâcha un soupir. La communication était un art qu'elle ne maîtrisait que difficilement en temps normal, et il fallait - bien évidemment - qu'elle se retrouve à devoir échanger avec plus handicapé qu'elle. « Je m'appelle Lorelaï. » Elle aurait pu trouver ça particulièrement déstabilisant que de parler dans le vide, mais ses quelques discussions avec Jathu lui en avait donné l'habitude. Elle se souvint alors des provocations qu'il lui avait adressées tantôt. « Et oui monsieur, je suis bigleuse, effectivement. Plus que ça, je ne vois rien du tout. » articula-t-elle en montrant ses grands yeux argentés, l'air agacé. « Parfait, ça fait de nous une bonne bande de gens faibles. » acheva-t-elle, le sarcasme pendu aux lèvres. « Et puis, le cochon là, c'est  Jathu. Je te conseille de lui parler autrement, il a tendance à mordre... quand il ne grogne pas. » Définitivement vexé et achevé, Jathu ne répondit rien et se terra dans un silence obstiné.

Pour une raison qu'elle était incapable de comprendre elle se permettait une insolence qu'elle ne se connaissait pas, et cette mascarade, au lieu de la divertir, l'exaspérait au plus au point. Son tempérament habituellement conciliant s'était évaporé et elle avait une envie folle d'exploser – quoiqu'elle se contentât de hausser le ton légèrement. « Je veux bien marcher moi, allons-y, oui. Mais t'es qui en fait ? Je veux dire... qu'est-ce que tu fais ici ? Et on est où, là ? » Elle continua de tirer sur ses liens quand elle réalisa qu'elle ne faisait que les resserrer davantage. « Argh. » marmonna-t-elle dans un accès de colère. Soit. Ils n'avaient apparemment pas le choix. « Le chemin mène tout droit d'accord, mais qu'est-ce qu'il y a sur les côtés ? C'est comment ici ? Allez, décrivez-moi l'endroit, profitez-en puisque vous pouvez apparemment vous infiltrer dans ma tête comme bon vous semble ! »

Lorelaï n'avait jamais été d'aussi mauvaise humeur, même lorsqu'il s'était agi de traverser bien pire. Quelque chose dans cet énervement lui paraissait anormal, ne lui ressemblait pas, mais ça la soulageait assez pour qu'elle n'ait aucune envie de le refréner. A mesure qu'ils marchaient, elle sentait sous ses plantes un sol mou qui prenait la forme de leurs pieds à chacun de leurs pas.  L'endroit n'avait rien de semblable à ce que ses parents avaient pu lui raconter des divers territoires du Yin et du Yang ; tout était bien trop artificiel, et l'ensemble de l'endroit paraissait régi par une magie des plus manipulatrices. Réalisant que Jathu n'avait plus rien d'un renard, elle ravala sa salive, imaginant qu'elle pouvait, à son tour, se transformer selon le bon vouloir d'une puissance supérieure, puisque tout était apparemment possible.

C'est alors qu'une pensée terrifiante vint la hanter : et si tout ça n'avait été qu'un rêve ? et si elle n'avait jamais été contactée par cet homme mystérieux, et si Jathu n'était finalement rien qu'un tour que lui avait joué son imagination frustrée ? Elle serait encore et toujours en train de nager dans la plus grande des illusions.

« Ah, d'accord, j'ai compris. Vous n'existez pas, en fait, rien ici n'existe. » murmura-t-elle enfin tout bas, comme pour se protéger de la plus terrible des farces.

Alors... Elle ne s'était pas enfuie. Elle s'était contentée de se réfugier dans ses Espoirs, s'était attribuée la beauté du Rêve, en avait fait sa Réalité. A l'image de son arrivée ici, elle tombait de haut.





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Mar 09 Aoû 2016, 18:54




Le regard de l'autre est le reflet de ton âme



Il lui suffit de prononcer ces mots pour que le vent ne se lève. La température se rafraîchissant soudain, Lorelaï se rapprocha par réflexe de l'homme comme pour capter un peu de sa chaleur humaine. Or, le vent ne se contenta pas de siffler plus fort, il redoubla en puissance et les frappa de plein fouet au visage. Impossible de garder une allure décente, la bourrasque les ralentissant considérablement.

Encore et toujours persuadée qu'il ne s'agissait là que d'un rêve, Lorelaï se mit à parler toute seule, sans plus s'intéresser à ses voisins. « J'ai froid. J'ai froid... » Peut-être s'était-elle débattue dans son lit, au point d'avoir jeté ses couvertures ? Après tout, ce ne serait pas sa première nuit agitée – loin s'en faut. Ce soir-là, il devait faire particulièrement froid et humide, climat somme toute fréquent au Lac de la Transparence – les vents naissaient du ventre du chemin de Lynn.

C'est alors qu'une musique fluette, mais néanmoins envoûtante, vint chatouiller leurs oreilles, et la peau fine de la jeune femme se trouva traversée de frissons. Cette musique, apparemment bien réelle, semblait en totale et parfaite adéquation avec le vent. Ils ne faisaient plus qu'un seul et même souffle, à la fois doux et violent, léger et puissant. Leurs corps tout entier, le sien et celui du jeune muet, semblèrent se prendre au jeu mélodique malgré eux, et s'envolèrent doucement jusqu'à quitter le sol. Puis, dans un rythme plus ardent, ils se mirent à tournoyer. « Qu'est-ce qu...  » mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase et ponctua cet embryon d'un petit cri, car leurs corps ne leur répondaient plus. Ils se contentaient d'obéir aux lois agitées du vent et de la musique qui les entraînaient dans une valse des plus désagréables.

Lorelaï n'avait jamais dansé, et n'avait d'ailleurs pas prévu de s'y mettre. Cette expérience ne ferait que la dégoûter davantage de cet art qu'elle avait toujours inconsciemment rejeté. Danser suppose une connaissance affûtée de son corps, une confiance en soi, un abandon tels qu'elle se sentait incapable d'atteindre ne serait-ce qu'une once de ces objectifs. Or, ce jour-là, quelqu'un d'autre avait décidé pour elle, et son corps maigre se mouvait sans sa permission, presque collé à celui d'un homme qui ne l'avait pas choisi non plus.

« Lorelaï... Lorelaï... Tu crois donc naïvement qu'il s'agit d'un rêve, hmm ? Tu sais pourtant combien je suis susceptible. » La voix, féminine et sensuelle, résonnait dans le vide immense et Lorelaï eut un instant de vertige. « Pourtant, toi qui ne vois pas, tu sais bien que tes rêves sont faits d'images,  tu peux en discerner les couleurs, les contours de ce que ton esprit te projette. Ici, pauvre petite, tu es aussi aveugle que dans la plus banale des réalités. » Une nouvelle bourrasque vint la frapper si fort qu'elle se cogna le front contre le crâne de son partenaire de « danse ». « Ne sous-estime ni ne fuis ma réalité, Lorelaï. Ne m'insulte jamais plus comme tu viens de le faire. » La voix se mit à gronder, sourde et redoutable. Soudain, le vent redoubla son allure si puissamment que les liens qui jusqu'alors unissaient les deux jeunes gens se rompirent et le petit corps de Lorelaï se trouva propulsé dans les airs. Elle atterrit lourdement une poignée de minutes plus tard, sur un terrain tout aussi inconnu que les autres et poussa un cri de frayeur. Elle n'en pouvait plus de tomber.

Elle se crut seule, à nouveau, et ne prononça pas un mot, trop terrifiée à l'idée de voir sa solitude se confirmer. C'est alors qu'un museau froid vint se nicher sous son genou plié.

« Jathu... » murmura-t-elle, baignée d'un soulagement tel qu'elle crut tomber dans les pommes. Le sol était toujours mou, mais elle le sentait parcouru de fils fins, plus fins encore que de l'herbe.

« On dirait des... »

« Poils. Oui. Relève-toi. Il faut sortir d'ici. »


A peine eut-elle le temps de se redresser sur ses frêles fémurs qu'un cri d'oiseau gigantesque leur vrilla les tympans. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, la créature leur fonçait dessus, ailes déployées, et Lorelaï se retrouva sur son aile à laquelle elle s'accrocha, perdue, comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort.




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[Quête] Le regard des autres est le reflet de ton âme | ft. Lorelaï

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