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 ◊ La forme la plus extrême de possession reste la destruction ◊ [ Solo - Libre ]

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Dim 13 Nov 2016, 18:30


La belle couvrit son visage d'un voile noir, d'un sombre plus ténébreux que le péché des hommes. Ses lèvres, qu'elle mordait en croisant les regards désabusés de ses proches, étaient d'un rouge éclatant. Ses phalanges, des perles de toute beauté, firent baisser ses yeux vers le collier qui décorait sa poitrine et les escaliers sur lesquels claquaient ses talons. Ses bagages attendaient dans le carrosse qui l'amènerait jusqu'aux portes d'Avalon. Sa pureté lui pesait, empiétant sur la quête d'un bonheur impossible. Elle pleurait un temps révolu, et peinait à s'en détacher. Elle assistait malgré elle à la déchéance de sa famille, vouée à sa perte depuis le jour où la corruption commença à les ronger. Ils avaient quitté, il y a de cela trop longtemps, le manoir de ses rêves, celui qui accueillit son enfance et sa jeunesse, et qui les vit perdre, l'un après l'autre, leurs ailes blanches. Il tombait en ruines, de même pour ses anciens occupants. La belle s'était laissée persuader que la vie serait meilleure à présent. Elle les avait suivis, prise d'un espoir qui n'avait pas lieu d'être. Sa longue robe, fournie de plusieurs couches de tissu transparent, la déguisait en la même créature qu'était devenu son frère. Vil, perfide, malveillant. Des plumes grisâtres qu'elle lui avait arrachées, restaient entreposées dans un coffre, macabres mais précieuses. Autrefois blanches, elles étaient pour elle comme un trophée, un qu'elle considérait aussi morbide que l'attachement qu'elle leur portait. Elles trônaient désormais dans une de ses boîtes à bijoux, de même pour la broche dont il lui avait fait cadeau. Depuis ce jour, il n'était plus le même. Ils s'étaient perdus de vue. Par choix et non par accident. Elle dénotait en elle un dégoût profond qui grandissait aussi chez le jeune homme. Chaque regard croisé, chaque parole qu'ils échangeaient était mortelle. Jusqu'à ce qu'il prenne ses distances, et que l'indifférence les submerge.

À la sortie, un serviteur la salua, chargeant le reste de ses possessions. Son ton était austère, et ses manières pleines d'une politesse méprisable. Nul ne vint pour lui présenter ses hommages. Blessée, elle se résigna. D'une posture fière, l'ange fit volte-face. Une larme se formant au coin de l'oeil, elle souleva ses jupons. Elle entendit les portes s'ouvrir derrière elle. Elle soupira d'un espoir angoissant. Son frère en sortit, d'un pas arrogant qui lui était désormais attribué. Il lui saisit le bras, la hâtant de se réfugier dans le carrosse. Habillé d'un tailleur assez juste au corps, au noir ténébreux et dorures soigneusement brodées, il la fit entrer dans le compartiment, intimant à son cocher une destination que la blonde ne sut distinguer.

'' Dépêche. On n'a pas de temps à perdre ''

L'homme prit place et lança les chevaux dans une course effrénée. Celle-ci ne cessa qu'une fois à l'entrée des bois qui entouraient les chemins de terre battue, uniquement utilisés par de pauvres paysans et des voyageurs itinérants. Les feuillages étaient d'un vert menaçant, et les nuages lourds d'orage ne filtraient que trop bien les rayons ensoleillés. La belle restait à la fenêtre, ses mains liées autour de la bague qui décorait son annulaire tandis que l'anxiété l'anéantissait. Le frère ne daigna pas dire mot jusqu'à ce qu'ils se trouvent profondément encrés dans l'étendue forestière, et attendit que l'on exécuta ses instructions telles qu'il les avait stipulées. Le cocher arrêta la voiture, prenant ensuite le cheval pour s'en aller. Inokentia, ahurie, ne réagit pas. Il bondit sur elle, s'assurant de fermer les rideaux écarlates de part et d'autre du petit espace reclus. Il s'approcha d'elle, la détaillant de ses yeux ambrés indomptables qu'il avait toujours arborés, mais dont on sentait de plus en plus l'intensité. Elle vit un rictus déformer sa bouche, et une dent mordre sa lèvre jusqu'au sang. Une séparation infime les empêchait de se toucher, retenait le jeune homme par des chaînes embrasées, l'empêchait de succomber à ce doux poison qu'exhalait la bouche de la petite femme. La violence de ses gestes pouvait la briser, s'il lui laissait libre cours.

'' Pourquoi t'a accepté ? '' cracha-t-il haineux pour rompre le silence.

Intimidée par sa posture, la blonde avait perdu en consistance, également domptée par l'attraction qui les unissait. Ses bras tremblaient sous le poids de sa frêle anatomie, reposant à peine sur le dossier en cuir sombre, alors que son dos se cambrait. Il la dominait de toute sa carrure, réduisant les quelques centimètres qui les séparaient à néant. Il l'embrassa avant qu'elle ait pu formuler un semblant de réponse. Il vint dévorer ses lèvres pâles mais juteuses sans hésitation. Il y fit une entaille, tachant leurs joues du liquide dont il se délectait. Une de ses mains vint entourer la taille de la donzelle, quasiment allongée sur le divan de fortune. Leurs souffles se firent lourds, et l'attente interminable jusqu'à ce qu'il l'achève une fois de plus.

'' À qui est-ce qu'il t'a offert ? '' rétorqua-t-il au silence qu'elle avait laissé planer.

Inokentia porta ses mains à la chemise entrouverte sous ses yeux, effleurant la peau d'albâtre qu'elle dissimulait. Ses bras l'entourèrent bientôt, cherchant un confort inhabituel mais désirable. Ses yeux longèrent sa peau claire, ses muscles sculptés dans la pierre, en s'attardant sur ses mains calleuses qui pouvaient tout lui donner et tout lui prendre. Elle se laissa émerveiller par les boucles qui tombaient sur son visage viril, déchiré par la colère et une possessivité avare qu'ignoraient tous deux par principe. La blonde cherchait la passion dans ses gestes, un attachement certain, la maladive jalousie qu'elle voulait le voir exercer. Elle cherchait les mots d'amour qu'elle croyait receler, dont elle avait soif. L'homme, tiraillé par ses émotions, s'acharna sur les mèches sublimes de l'ange.

'' Tu vas me répondre, oui ? Pour qui il s'est pris ? hurla-t-il.
- Père… voulait que je me marie. J'ai refusé. Elle commença à sangloter. Des mots qu'elle voulait effacer pleuvaient, comme pour la forcer à accepter sa destinée.
- Mais te voilà fiancée, sale… ! Sous le joug du désir inavouable, il déchira sa chemise noire. Il porta sa bouche au creux de sa nuque, la léchant dans un premier temps pour y déposer un baiser carnivore, ses dents appréciant la chair tendre qu'il croquait.
- Que peux-tu… bien vouloir de moi, Yvän ? articula-t-elle, dans un cri de tristesse et douleur.
- Tout ! Tu es à moi. Tu l'as toujours été ! avouait-il enfin.
- Tu… ! Comment oses-tu ?! fit la belle en le repoussant. Cherchant à sortir de la voiture, elle se fit plaquer au sol.
- Et comment oses-tu me fuir !
- Je ne suis pas un objet ! Et encore moins ton jouet. Tu n'as aucun respect p… Il frappa son visage, sans aucune retenue apparente. La peau sur ses doigts se trouva amochée, la joue de la belle marquée d'un hématome.
- Après tout ce que j'ai fait pour toi, tu me parles sur ce ton ?! Tu es à moi, quoiqu'il advienne de toi ! Tu es à moi, corps et âme. Je serai celui à te libérer. Je serai celui à te rendre prisonnière ! Il voulait tout d'elle, et ce sans exception. Il était avide, avare, égoïste, pernicieux. Il ne se contenterait jamais. Il ne serait jamais rassasié. Je viendrai récupérer mon tribu, et toi tu t'offriras à moi. Voilà notre contrat. Mais jamais tu n'en parleras, à quiconque... '' Il l'embrassa, comme pour conclure le pacte les unissant, deux seuls partisans rendus esclaves de leur addiction. Il lui arracha sa promesse, la dissuadant de la briser, bien que la jeune femme eut été secrètement soulagée d'être liée, enchaînée par lui.

Il fit d'elle l'objet souffrant de ses désirs, de ses besoins primaires. Il connut pour la première fois la satisfaction d'enlacer ce corps, de l'avoir entre ses bras pour lui insuffler des émotions tordues et innommables. Et connut aussi ce regard débordant de haine, d'une peine rancunière face à son agresseur. Il l'abandonna comme pour morte gisant entre ses haillons sombres, lâche personnage qu'il était. Sans le moindre remord, il se l'était enfin appropriée. Jamais personne ne sut les paroles déchirantes qui furent échangées dans cette forêt. Jamais personne ne fut spectatrice d'un quelconque rapprochement entre les deux suite à cet affrontement mémorable. Jamais personne ne put se douter du mal qu'il avait gravé sur sa peau à cette occasion. Il affirma auprès de qui voulut l'entendre que le carrosse s'était fait attaquer par des brigands. Il fit témoigner auprès de ceux qui voulurent crier vengeance, le cocher qu'il avait soudoyé afin de narrer exactement les mêmes âneries. Il souffla à la jeune femme ces mensonges, sans que jamais elle n'eut à les reproduire. On l'accueillit comme la victime qu'elle était. On la fit transporter au manoir de la famille qu'elle intégrerait sous peu. Elle se rappela simplement des bras forts qui la soulevèrent et du léger baiser qui se posa sur son front. Elle ne sut que bien des lunes plus tard de qui il s'agissait…

Mais il s'agit là de l'histoire d'un autre temps. Lorsque leurs coeurs battaient encore, et que le sang coulait encore dans leurs veines. À ce jour, le temps s'est arrêté. Ils sont, tous deux, prisonniers de cet instant. De cette seconde qui aurait pu tout faire basculer, plonger leur monde dans le chaos ou leur faire vivre le tabou d'un amour intense. Si seulement ils avaient eu le courage de tendre la main, et de faire preuve d'honnêteté. Car il est plus difficile de faire parler son coeur, que de le taire à jamais, que de lui faire violence et l'infliger à des innocents.

◊ 1 739 mots

[ Inokentia x Yvän ]
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Sam 17 Déc 2016, 17:48


L’ennui n’a de comparable que la douleur qu’il apporte. Sans être friande des douceurs de la violence, la belle souffrait de son existence au coeur des belles paroles que lui soufflait son futur époux. Ce sourire était un faux, une façade qui cachait le miroir de son âme, dégoulinant de larmes. Elle se faisait violence à chaque touché, chaque invitation à un bonheur dont elle ne se jugeait pas digne. Il n’y a d’homme plus dévoué et plus bienveillant à qui elle voulut s’offrir, d’homme qui la chérit d’avantage que cet inconnu. D’une pureté qu’elle ne connut à aucun autre ange avant lui. Il veillait sur elle, la baignait de sa lumière candide. Après son rétablissement, il l’avait amenée à cheval sur des plaines luxuriantes et à travers de larges bosquets aux milles merveilles. Il lui fit connaître la beauté d’une nature paisible, contrairement à celle consumée des capitales polluées où s’amassent tristesse, pauvreté et désespoir. Il la présenta à ses semblables sous le titre qui la désignait, qu’elle incarnait au mieux, au dépit des représailles, au dépit des objections que pourraient formuler des parents sévères. En d’autres mots, il était à elle. Il l’aima, dès le premier instant. Il fit d’elle sa reine, sa gouvernante. Il fit d’elle une amie, une amante, une femme, une épouse. Sans connaître ses antécédents, sans ne jamais fendre ce voilage mensonger qu’elle gardait en permanence. C’était un homme bon, aux mœurs plus que respectables. Mais une question existentielle revenait sans cesse. Dès qu’elle l’observait. Dès qu’elle se postait à la fenêtre et le voyait s’éloigner pour une fastidieuse partie de chasse. Dès qu’elle entendait sa voix grave mais douce s’adresser à elle d’une humilité et indulgence décuplés par son émoi. Une question et une seule.

Pourquoi ?

Pourquoi moi ? Pourquoi toi ? Pourquoi m’aimer ? Pourquoi ne pas me haïr ? Pourquoi ne pas me refuser ? Pourquoi cette bonté ? Pourquoi me l’adresser ? Pourquoi être aussi bon ? Pourquoi m’accepter telle que je suis ? Pourquoi chérir une femme comme moi ? Pourquoi tout défier pour un rêve éphémère ? Pourquoi m’adorer ainsi ? Pourquoi… ne puis-je pas t’aimer ? Pourquoi ne puis-je pas faire de toi l’élu ? Pourquoi ne puis-je pas te haïr ? Pourquoi ne puis-je pas te refuser ? Pourquoi ne puis-je pas accepter ta bonté ? Pourquoi ne puis-je pas te l’adresser ? Pourquoi ne puis-je pas réciproquer ? Pourquoi ne puis-je pas t’accepter ? Pourquoi ne puis-je pas te chérir ? Pourquoi ne puis-je pas tout défier pour un rêve éphémère à tes côtés ? Pourquoi ne puis-je pas t’adorer, comme tu le fais si  bien ? Pourquoi… Pourquoi lui ? Pourquoi cette vipère ? Pourquoi cet homme qui me possède ? Pourquoi vouloir être sienne ? Pourquoi vouloir son amour ? Pourquoi le vouloir jusqu’à gâcher ma vie ? Pourquoi être sa victime ? Pourquoi faire de lui mon bourreau ? Pourquoi le laisser faire ? Pourquoi le laisser me détruire ? Pourquoi en faire ma seule et unique faiblesse ? Pourquoi l’aimer… comme je le fais ?

Nombreuses étaient les variantes. Nombreuses étaient les dérivés que son esprit avait créés. Nombreuses étaient les histoires qu’on lui avaient narrées, les chevaliers qu’elle s’était imaginée mourir pour leurs donzelles, des princes qu’elle avait vus remuer ciel et terre pour la main d’une belle dont ils ignoraient l’amour.

Elle s’effondra devant les vitres luisantes, engloutie par des rayons lumineux. Ses genoux endoloris par la chute, criaient au contact des dalles de pierre onctueuses. Sur ses joues perlaient des gouttes d’eau salée, par milliers. Elle serrait avec violence la bague du supplice, celle qui lui arbora et lui montra que la bonté existait encore. Elle hurlait sa peine, elle hurlait à l’avenir qu’elle avait façonné la maudite passion dont elle abdiquait. Elle jurait aux cieux de vivre pleinement cette vie qu’on lui arrachait et sans ne jamais courber volontairement l’échine face à lui. Elle s’arrachait les tissus de sa jupe, les manches transparentes qui drapaient ses deux bras, pliée par la souffrance que son coeur lui infligeait. Qu’elle aurait aimé pouvoir se fourvoyer, pouvoir lui faire croire ces beaux scénarios. Elle promit de ne jamais se déchoir, de ne jamais le laisser faire d’elle la créature qu’il était devenu. Toutefois, que toujours elle jouerait de ses propres règles. Elle supplia force et ambition, en attendant que le démon vienne frapper à sa porte, chercher l’âme qu’il s’était promis de réclamer.

◊ 744 mots

[ Inokentia ]
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