La nuit était sur le point de tomber sur le continent du matin calme, alors que la jeune femme marchait d'un pas lent entre les étales de la rue commerçante. Elle était venue en ce lieu en quête d'emplettes, notamment pour se ravitailler en vivres. La bélua repensait aux événements auxquels elle avait dû faire faire face, ces derniers temps. Il est vrai que son quotidien avait été fort comblé dernièrement, au grand déplaisir de celle-ci. Au moins, sa blessure était en phase de guérison, et si cette fois elle y faisait attention, elle ne la dérangerait plus. Le dernier choc qu'elle avait subie sur son épaule avait rouvert la plaie de toute part, et il avait fallu énormément de temps avant qu'elle ne commence à cicatriser. La lancière tâtait sa blessure de ses petites mains gantées. Elle se sentait légèrement engourdie, et la sensation du toucher sur sa plaie était forte déplaisante. La jeune femme grimaçait, elle se sentait stupide d'avoir essayé d'appuyer dessus afin de tester sa douleur. A présent, si elle évitait de s'empêtrer dans toutes sortes d'ennuis, comme à son habitude, elle pourrait récupérer en paix. Jaagd sortit son oiseau de ses vêtements et positionna aux creux de sa main ouverte. Cette fois-ci elle ne l'avait pas relâché comme elle le faisait auparavant lorsqu'elle venait en ville, elle tenait à le garder auprès d'elle pour une fois au moins.


La bélua donnait des petites coups de doigts sur le bec du geai bleu qui essayait de la pincer à son approche. Toutes ces manœuvres étaient leur petit jeu, qui faisait parti de leurs jours paisibles. Alors que'elle se dirigeait vers le marchand chez lequel elle achetait sa viande séchée habituellement, la lancière entendait depuis un moment déjà un homme qui ne cessait de crier. Jaagd interrompu sa marche afin de concentrer son attention sur l'événement qui se déroulait à quelques pas de sa position. La jeune femme posa son regard sur l'homme qui s’exclamait devant le rassemblement « Approchez, approchez ! Soyez les bienvenus ! Venez donc admirer la Bête qui fait don de sa présence pour vous en cette belle soirée ! ». La lancière ne comprenait pas vraiment l’intérêt de cette attraction, et leur sens en général. A quoi cela pouvait-il bien servir ? Elle ne tarderait sûrement pas à le savoir. Assaillie par sa curiosité insatiable, la jeune femme approcha discrètement de la cage en prenant soin de ne pas trop s'approcher de la foule. Elle ne manqua pas de remarquer les deux gardes qui étaient postés à chaque extrémités de cette geôle.


Puis ses yeux vinrent se poser sur son contenu. Au premier abord, elle ne pu définir de quoi il s'agissait. Elle s'approcha de la cage de quelques pas pour s’apercevoir que la chose qui y était enfermée ressemblait quelque peu à un homme. Il était difforme au point qu'il en était méconnaissable et semblait être très irrité. A l'approche de Jaagd, le monstre montra soudainement des signes d'agitation et les spectateurs s'affolèrent aussitôt. Les gardes intervinrent à l'aide de leurs armes qu'ils abattaient sur lui. « Allez, allez, dispersez-vous ! Je suis navré messieurs dames, mais revenez plus tard ! » s'écriait l'homme sur un ton de stress apparent. La jeune femme ne comprenait pas ce qu'il se passait, elle ne réalisait tout simplement pas. Les paroles du crieur la firent revenir à elle, et elle s'éloigna de la cage. Tandis qu'elle tournait les talons afin de s'en aller, son regard croisa celui de la bête.


Dès cet instant, quelque chose chiffonna la bélua. Elle avait l'impression que quelque chose clochait, mais elle ne parvenait pas à savoir de quoi il s'agissait. Elle ressentait une sorte de familiarité, mais elle pensa aussitôt que c'était impossible, pour la simple et bonne raison qu'elle ne connaissait pas cette chose, dont elle ignorait toujours la nature. La confusion était à son comble, et la lancière ne savait pas comment réagir à tout cela. Jaagd posait sa main gauche contre un mur dont elle pu sentir l'humidité. Elle ne savait pas comment interpréter ce qu'il venait de se passer. Était-elle en proie à la fatigue au point qu'elle ait des hallucinations ? Ce qu'elle avait ressenti lui paraissait bien réel, mais là encore l'incompréhension dominait. Alors qu'elle essayer de se reprendre ses esprits afin de réfléchir plus clairement, elle entendu des bruits de pas provenant de derrière elle.

Mots:

La jeune femme sentit soudainement une source de chaleur se posant sur son épaule droite, probablement provenant d'une main. Jaagd était fort troublée de ce qu'elle avait pu voir dans le regard de ce qui pourrait être un homme, que l'on appelait monstre, bête. Elle pouvait en quelques sortes comprendre ce qu'il ressentait, étant une bélua, mais jusqu'à un certain degrés seulement. Lorsqu'elle fut sortie de ses pensées, elle sentit enfin cette main chaleureusement posée sur son épaule. Pendant un instant, elle sursauta avant de se crisper et se retourner brusquement prête à se défendre à l'aide de sa lance qu'elle pointa vers cette étrange jeune femme. Le regarde de la lancière se posa alors sur le visage de celle-ci. C'était une femme de toute beauté, dont on ne pouvait sentir aucune agressivité contrairement à la bélua qui était constamment sur le qui-vive. L'inconnue prononça quelques mots d’inquiétude à l'égard de la jeune femme. Jaagd ignorait les intentions de cette femme, et ne pouvait que s'en méfier, telle était sa nature. Elle recula de quelques pas ne serait-ce que pour assurer sa sécurité et celle de la mystérieuse jeune femme. En surprenant ainsi la lancière, elle s'était mise en danger car Jaagd aurait pu se servir de sa lance contre elle par pur réflexe, en faisait un geste brusque par exemple.


Au bout de quelques instants, la bélua abaissa son arme avec précautions avant de plonger son regard empli d'un mélange peu commun de tristesse, de peur, de méfiance tout en étant inexpressif à la fois, dans celui de l'inconnue. La femme qui lui faisait face semblait elle aussi troublée, était-ce parce qu'elle avait faillie se faire agressée par la bélua ? Ou bien avait-elle assisté à une scène telle que celle à laquelle la jeune femme venait d'assister ? Ses prochaines paroles parlèrent d'elles-mêmes. Elle demandait à la lancière si elle avait aussi été témoin de cet horrible affront perpétré par le marchand et ses gardes qui exhibait une bête, soit disant. Jaagd était effectivement présente sur les lieux lors des faits. Elle ne savait pas si c'était une bonne chose de faire part ses pensées qui lui avaient traversées l'esprit lorsqu'elle croisa le regard de l'hypothétique homme. La bélua essayait de cerner le comportement et les traits de son interlocutrice. Elle semblait être quelqu'un de plutôt bienveillant, mais elle ne pouvait en avoir l'intime conviction. La mystérieuse femme semblait vouloir l'aide de la lancière afin de découvrir ce qui se cachait derrière toute cette mascarade.


Ces temps-ci, Jaagd avait l'impression de croiser de nombreuses fois la route de personnes, se démarquant comme elle. Tous ses échanges l'épuisaient, elle ne parvenait tout simplement pas à s'habituer. Cependant, il était aussi vrai qu'elle était assez curieuse au sujet de ce soit disant monstre, et l'idée d'enquêter là dessus lui avait déjà traversé l'esprit. Seulement, il y avait encore trop de zones d'ombres dans cette histoire, et elle ne voulait pas s'embourber là-dedans avant d’éclaircir certaines choses. Au vu de la question de cette femme, elle savait au moins que ce qu'elle venait de vivre n'était pas une hallucination, ou alors elle serait collective. En y réfléchissant, cela ne semblait pas en être une, sinon les autres l'auraient sentie. Il y avait seulement eu un mouvement de panique au sein de la foule, rien de plus. Quoi qu'il en était, la jeune femme devrait attendre que le marchand revienne exhiber son attraction. Hélas, Jaagd n'avait pas prévu de rester longtemps en ville, comme à son habitude, elle retournerait probablement sur le continent naturel. Mais elle ne pouvait se permettre un aller-retour ainsi. Elle allait devoir passer la nuit sur le continent du matin calme. Elle pouvait très bien se rendre à l'auberge pour y passer la nuit, en attendant leur retour.


Tandis qu'elle sortit de ses pensées, elle plongea à nouveau ses mirettes rouges, à peine visibles de part son masque, dans celles de la femme. La bélua la fixa un moment comme ça, avant de fermer les yeux puis de se prononcer : « C'est aussi mon cas... ». Aussitôt qu'elle donna sa réponse, elle tourna les talons en direction d'une ruelle de laquelle on pouvait voir l'emplacement où se situait la cage avant que le monstre ne fasse fuir la foule. La lancière s'appuya contre un mur, croisa les bras en y bloquant sa lance, puis ferma les yeux. La jeune femme attendait patiemment le retour du marchand, qui ne risquait pas de pointer son nez avant le lever du jour. Elle avait décidé de passer la nuit à attendre, car l'idée d'aller à l'auberge la rendait malade, cela ne lui traversait même pas l'esprit. C'est donc dans le froid et l'humidité que la bélua passerait la nuit, à attendre que le crieur se montre, avec son horrible marchandise.

Mots:

Tandis qu'elle attendait que la nuit passe, elle pouvait sentir un regard imperturbable se poser sur son masque, ce qui l’oppressait au plus haut point. Au bout d'un certain temps, la nuit fut plus tranquille et la tension se relâcha lorsque la femme qui l'avait suivie s'endormie. La bélua scrutait la cage de son regard écarlate, tandis que la bête était sans défense seule. Mais elle ne voulait pas intervenir à ce moment précis, ce serait équivalent à se jeter dans la gueule du loup. La jeune femme voulait tout d'abord s'assurer de cette chose étrange qu'elle avait ressentie en croisant son regard, semblable à de la similarité. Sans compter qu'elle voulait avoir des informations sur l'obtention de cet étrange personnage. Elle attendait silencieusement dans le froid, de temps à autres elle quittait la cage de ses yeux pour se poser sur l'inconnue qui dormait à côté d'elle. Ce comportement l'intriguait quelques peu. Comment peut-elle dormir en présence d'une inconnue ? N'a-t-elle pas peur qu'on l'attaque ? Se demanda-t-elle alors que son regard parcourait son corps. Jaagd s'adossa contre le mur froid qui la cachait des regards curieux. En pleine nuit, il y avait seulement quelques traîne la patte qui parcouraient les rues, ce qui arrangeait la jeune femme.


Lorsque le soleil se leva, elle se redressa avant de faire face à la cage. La bélua n'avait pas fermé l’œil de la nuit, et pour cause, elle avait veillé sur la bête enfermée ainsi que sur l'inconnue qui avait passé la nuit auprès d'elle. L'on pouvait entendre le cliquètement des chaînes retentir dans la rue commerçante et le crieur venait tout juste d'arriver sur les lieux. La lancière s'avança aussitôt qu'il fut installé près de la cage. La femme qui avait suivi Jaagd s'empressa de demander ce qu'elle comptait faire. Tandis qu'elle marchait calmement en direction de son objectif, son œil en coin se posa sur son interlocutrice. Elle n'avait pas l'air très forte, et si la bélua tentait une attaque directe, cela pourrait la mettre en danger. Elle pouvait d'ores et déjà sentir une forme de stress émaner d'elle, peut-être n'avait-elle jamais fait cela auparavant. Puis elles arrivèrent devant la marchand qui fut surpris de les voir arriver si tôt, alors que le spectacle n'avait pas encore commencé.


La jeune femme appréhender déjà son approche, elle allait devoir redoubler d'efforts pour en savoir plus, et lancer le dialogue d'elle-même, ce qui était contre nature pour elle. « Bonjour... C'est une bien belle monstruosité que vous avez là... » dit-elle tandis que son expression tiquait. Ce n'était pas habituel pour elle de converser, mais là, elle devait se comporter en une personne qu'elle n'était pas. « Bonjour mesdames ! Qu'est-ce qui vous amène en ce charmant lieu ? Venez-vous voir ma bête fantastique ? Il est vrai qu'elle est monstrueusement impressionnante, n'est-ce pas ? » lança-t-il tandis qu'il roulait de la langue. Il était clair qu'il s'agissait là de poudre aux yeux. Cet homme voulait tout simplement impression ces chères demoiselles, peut-être afin qu'elles lui tombent dans les bras. Il scrutait leurs corps de la tête aux pieds avant de se faire interrompre par la voix de la lancière qui allait devoir inclure l'inconnue dans le dialogue afin de ne pas attirer son attention sur le fait réel qu'elles ne connaissaient pas. « Nous nous demandions depuis un moment... Comment avez-vous fait pour vous procurer une telle bête ? » demanda-t-elle sur un ton impressionnable.



La jeune femme se devait de jouer la comédie pour soutirer des informations sur la nature de cet homme. « Eh bien mesdames, figurez-vous que je me suis décarcassé pour cette petite trouvaille ! Voulez-vous en parler autour d'un verre ? » lança-t-il tandis qu'il posa ses mains sur les épaules des deux femmes. Jaagd grimaçait au touché, ainsi qu'à l'idée de retrouver avec lui. Fort heureusement, elle portait un masque qui remplissait agréablement sa fonction. La bélua acquiesça : « Avec plaisir... » provoquant un large sourire sur le visage du crieur. « Dans ce cas allons-y mesdames, suivez-moi, c'est par ici ! » annonça le marchand alors qu'il les entraînait en les tenant par la taille. La lancière venait de se mettre dans de beaux draps, tout en embarquant une inconnue dans cette histoire. Pourtant, elle l'avait en quelques sortes voulu, ayant d'elle-même demandé l'aide de la bélua pour voler au secours de cet homme déguisé en bête, et elle s'était réellement enfoncée dans ce bourbier en décidant de suivre la bélua. Elles n'avaient pas le droit à l'erreur, sans quoi elle ne pourraient venir en aide à ce pauvre homme qui portait des chaînes tel un animal féroce.

Mots:

La jeune inconnue avait joué le jeu, au grand étonnement de Jaagd. Elle ne pensait pas que cette femme se laisserait entraîner dans un jeu qui pourrait s’avérer très dangereux, au vu de sa carrure qui laissait supposer qu'elle n'était marquée par les stigmates du combat. Tandis que l'homme les emmenait en direction de l'auberge, la bélua grimaçait quelques peu. Elle n'aimait pas cet endroit, le peu de fois où elle s'y était rendue, cela ne lui avait apporté que des problèmes pour surenchérir ceux dont elle se couvrait déjà. D'un autre côté, elle n'avait pas le choix, et c'était principalement de sa faute si l'homme les prenait pour cible à présent. La jeune femme avait usé de tous ses atouts de charme pour inciter l'homme à parler de sa petite trouvaille. Ce que Jaagd ne pouvait pas vraiment faire, au vu de son visage dissimulé. Cependant, cet ornement éveillait souvent la curiosité et l'excitation chez certaines personnes. Elle ne pouvait qu'espérer que ce soit aussi le cas ici. Dans le cas contraire, elle n'aurait d'autres choix que de se reposer sur sa nouvelle coéquipière, ce qu'elle voulait éviter à tout prix.


Quelques longues minutes qui parurent durer une éternité plus tard, le trio arriva devant l'auberge, dans laquelle l'homme pressa le pas pour y entrer. Il semblait très fière de lui devant autrui qui le jalousaient de part les deux jeunes femmes qui se tenaient à ses côtés. Il n'y avait pas grand monde, au grand plaisir de la bélua, qui préférait le calme à la zizanie. Le groupe ne tarda pas à s’asseoir à une petite table, parfaitement mesurée pour eux. Le crieur commanda quelques boissons, qui étaient alcoolisées de toute évidence. La lancière tiquait, elle n'avait encore jamais bu de l'alcool, préférant l'utiliser le plus rarement possible, et ce, uniquement sur ses plaies. Cependant, elle allait devoir prendre sur elle, tout comme l'autre jeune femme qui ne semblait pas y prendre de quelconque plaisir. Elle souleva très légèrement le masque de façon pouvoir apporter de façon délicate et prudente le verre à ses lèvres. Le reste de son visage étant toujours dissimulé, l'on ne pouvait apercevoir que la partie inférieure de celui-ci, un court instant. La jeune femme gardait un œil sur l'inconnue tandis que l'homme lui jetait quelques regards aguicheurs. Si jamais les choses débordaient, la bélua n'aurait d'autre choix que d'intervenir, après tout elle avait embarqué cette femme dans cette histoire, sans lui demander son avis.


Au bout de quelques instants où seule la musique jouée par les musiciens de l'auberge se faisait entendre, l'inconnue rentra dans la vif du sujet en demandant au marchand de raconter l'obtention de sa bête. Jaagd qui avait le regard posé sur sa coéquipière changea de cible pour venir poser ses mirettes écarlates sur l'homme. Elle observait toutes les expressions qu'il abordait tandis que le crieur étalait ses explications. Le territoire des animaux sauvages... ? Il... se disait-elle tandis que ses pensées s’interrompirent brusquement lorsqu'elle entendu un nom qui lui était familier. Le rocher au clair de lune... ?! Ses dents et ses poings se resserraient tandis qu'il poursuivait son récit. Le schéma qui se dessinait dans la tête de la lancière la contrariait au plus haut point. Elle espérait de tout cœur que ses craintes n'étaient pas avérées, dans le cas contraire, elle aurait du mal à garder son sang froid. Alors que l'histoire qu'il racontait et le déroulement des événements commençaient à prendre forme, il interrompu son récit pour demander à la jeune inconnue de lui raconter son histoire. Il était évident qu'il essayait de se la mettre dans la poche, mais elle ne semblait pas être dupe au point de boire ses paroles telle une admiratrice.


Elle s’exécuta et raconta donc assez brièvement son histoire. La bélua n'était pas spécialement curieuse mais elle tendu tout de même l'oreille. Cela dit, elle trouvait son geste être la stupidité incarnée, car les paroles de la femme n'étaient pas à l'abri du mensonge. Peut-être avait-elle inventé cette histoire, après tout, qui révélerait son passé ainsi, sans aucune gêne ? De plus, devant un inconnu, dont les mauvaises intentions se sentaient de loin au point d'en être aussi palpables que ses doigts boudinés. Lorsque la femme mentionna son savoir en rapport avec la danse, il décida de la faire passer en pratique, en l'invitant à se donner en spectacle devant tous les individus présents au sein de l'auberge. La femme se leva pour prendre place sur la petite scène tandis que les musiciens commencèrent à jouer. La lancière la laissait faire à sa guise, seule elle pouvait décider de son propre sort et jusqu'où irait ce petit jeu. Puis à force de la regarder, elle se sentait comme aspirée par la beauté de sa danse. Son esprit était totalement monopolisé par celle-ci, comme si elle tenait l'existence même de toutes les personnes présentes dans cette salle et pouvait décider de leur sort.


Au bout de quelques instants, Jaagd revint à elle probablement dû au fait que ce qu'avait dit l'homme la chiffonnait trop pour se perdre dans la prestation de l'inconnue. Elle posa une main sur son masque tandis qu'elle se leva de table avant de se diriger vers la sortie, ce qui suscita tout de suite la surprise du marchand : « Mais enfin... ! Où allez-vous ? » s’exclama-t-il ne voulant pas non plus décoller de sa chaise, admirant le spectacle donné rien que pour sa petite personne par cette femme. Une fois dehors, la bélua se précipita dans une ruelle non loin de l'auberge avant de coller son dos brutalement contre le mur. Contrariée par le récit de l'homme elle se plongea dans un ouragan de réflexion afin de lever les zones d'ombres sur cette histoire, sur ses doutes.

Mots:

Au bout de quelques longues minutes où la jeune femme était adossée au mur, serrant les dents et les poings, elle essayait de faire le vide dans tête pour réfléchir clairement. De plus, elle ne devait pas laisser ses sentiments la dominer sans quoi cet acte se solderait par une transformation incontrôlée. La bélua soufflait longuement, c'était sûrement le seul moyen de canaliser cette colère qui bouillait en elle. Cet homme... Il est allé chasser sur le rocher au clair de lune... se disait-elle. Rien qu'à l'idée qu'une telle chose ait pu se produire, elle tapait du poing contre le mur, ruinant au passage l'unique instant de calme qu'elle avait pu faire venir par son dur labeur. La lancière ne parvenait tout simplement pas à se maîtriser tant sa colère envahissait chaque parcelle de son être. Elle n'éprouvait pas de réel attachement envers sa race, cependant, elle ne pouvait supporter que ceux de son espèce puissent être traités ainsi. Certes, ils étaient mi-homme, mi-bête, mais avant tout ils étaient humains et étaient loin d'être dénués de sentiments. Chaque jeune Bélua était étrangement dépendant à son ressenti et le plus souvent, leur côté bestial ressortait lorsqu'ils ne parvenaient plus à se maîtriser. Jaagd n'échappait pas à la règle.


Alors que la jeune femme chutait inexorablement au point de se noyer dans son propre désespoir, elle entendu de petits bruits de pas se dirigeant vers la ruelle où elle se trouvait. Elle se saisissait de sa lance avant de se retourner brusquement. La bélua écarquilla les yeux lorsqu'elle posa ses mirettes écarlates sur la personne qui lui faisait face. C'était cette jeune femme avec qui elle avait entreprit de sauver le prisonnier. Elle abaissa aussitôt sa lance lorsqu'elle se rendit compte de ce qu'elle faisait, puis l'inconnue prit la parole. La jeune femme semblait troublée, elle avait sûrement eut peur de la situation dans laquelle la lancière l'avait délaissée. C'est à ce moment là que Jaagd se rendait compte qu'elle avait égoïstement abandonné sa partenaire sur le coup de la colère, elle avait été aveuglé par ce sentiment nocif au point d'en oublier l'existence de cette femme. Elle sentit une source de chaleur envelopper sa main gantée tandis que celle-ci poursuivait son discours. La jeune femme écarquillait les yeux au contact que cette femme avait initié avant de baisser légèrement la tête. Tout au long de la conversation, elle n'avait pas détourné son regard écarlate de celui de cette femme, pourtant elle se sentait coupable de ce qu'elle venait d'accomplir. Elle l'avait abandonnée à son sort alors que celle-ci n'avait rien d'une guerrière, la situation aurait pu mal tourné et elle n'aurait sûrement rien vu car elle s'était précipité hors de l'auberge.


Le regard de la bélua s'assombrissait au fur et à mesure que ses pensées se prolongeaient selon ses actes. Elle ferma les yeux un instant tandis qu'elle serrait le poing avant de se tourner complètement pour faire face à son interlocutrice. « Je suis désolée... Je vous ai lâchement laissée à la merci de cet homme... Je... Je suis vraiment désolée... » disait-elle tandis qu'un air accablant déformait son visage et emplissait ses yeux de remords. La lancière savait pertinemment que des excuses ne changerait rien à son erreur, qui aurait pu être fatale à cette pauvre femme. La blonde semblait s'être rendue compte que quelque chose chiffonnait la bélua, sûrement en rapport direct avec les dires du marchand. Elle exprimait le souhait réel et sincère de venir en aide à ce pauvre homme qui était toujours enchaîné à l'heure qu'il est. Omettre des éléments importants en rapport avec leur objectif pouvait mettre en danger la femme autant que Jaagd, et remettre en question la réussite de la tâche qu'elles s'étaient donnée.


C'était une chose que la lancière voulait à tout prix éviter au vu de la situation, de plus elle avait déjà mit en danger sa partenaire à plusieurs reprises... Cette fois-ci, elle avait la chance d'éviter cela, et elle la saisissait. « L'homme qui a capturé la chose... Ou la personne qui se trouve dans la cage a dit s'être rendu non loin du Rocher au clair de Lune pour se le procurer. Lorsque j'ai vu cette bête enfermée tout à l'heure... J'ai senti quelque chose... D'humain en lui. Je ne sais pas encore pourquoi... Mais je pense avoir une idée de ce qu'il pourrait être... » expliqua-t-elle tandis qu'elle observa attentivement le comportement de son interlocutrice avant de reprendre : « Le rocher au clair de Lune se situe en territoire Bélua... Et cette chose, cet homme... Malgré son apparence... Il a quelque chose en lui qui me fait penser à un humain... Je pense qu'il pourrait appartenir aux Béluas... » poursuivait-elle tout en maintenant son regard dans celui de la femme. C'était bien première fois que Jaagd faisait part de son ressenti ainsi, ses mots étaient maladroit et elle ne parvenait pas à cacher son malaise, mais elle était plus ou moins parvenue à mettre des mots sur sa pensée. Quoi qu'il en était, elle lui devait bien une explication avec ce qu'elle venait de lui faire subir. Cependant, elle n'avait pas fait part de sa propre appartenance raciale qui se rapprochait étrangement de celle de cet homme enfermé, si toutefois elle n'était pas dans l'erreur. Cela dit, il y avait une chose qui les différenciait, un détail qui n'avait pour le moins pas échappé à la lancière, bien qu'elle l'avait omit à son interlocutrice. Au bout de quelques instants où le silence régnait purement et simplement, elle fit à nouveau entendre sa voix calme avant de s'éloigner de l'inconnue : « Je vais aller libérer cet homme... Vous feriez mieux de partir et vous mettre à l’abri. » annonça-t-elle tandis qu'elle commença à diriger son pas vers l'emplacement de la cage appartenant au marchand. Elle avait fait part de ses intentions pour rassurer en quelques sortes cette femme qui se souciait du devenir du prisonnier, ainsi elle n'aurait pas besoin de se mettre en danger pour lui rendre la liberté, puisque la bélua s'en chargerait.

Mots:

Tandis que la jeune femme faisait face à l'inconnue aux cheveux blonds, elle ne manqua pas de remarquer la colère de celle-ci. Cela dit, il y avait de quoi. Après tout, la bélua l'avait abandonnée dans cette auberge, avec ce marchand méprisant. Cependant, lorsque la lancière évoqua les béluas, la femme ne semblait pas connaître cette race. De ce fait, Jaagd écarquilla les yeux. Il était rare de croiser la route de quelqu'un qui ignorait jusqu'à même l'existence de cette race. En principe, les gens qu'elle avait rencontrés jusqu'à maintenant en savaient plus ou moins sur eux, certains ne connaissaient que le strict minimum, d'autres possédaient des connaissances approfondies concernant ces êtres. Là encore, ce fait lui rappelait que chaque individu possédait des éléments plus ou moins apparents qui les différenciait des autres. Une chose était sûre, soit elle se trouvait face à l'une de ses personnes qui ignorait tout de sa race, soit elle feignait l'ignorance pour ne pas éveiller les soupçons de la jeune femme. Quoi qu'il en était, il valait mieux répondre aux interrogations de l'inconnue, de plus elle lui devait bien ça et cela ne lui coûtait rien en soi.


La bélua prit une plus ou moins grande inspiration avant d'entamer ses explications : « Oui... C'est une race magique qui est à la fois humaine, à la fois bête... De ce fait, ils ont la possibilité de se changer en animal qui correspond à leur totem. » expliqua-t-elle calmement tandis qu'elle plongeait son regard écarlate dans celui de son interlocutrice. Alors qu'elle pensait en avoir finit avec celle-ci et pouvoir se retirer plus avant afin de libérer ce fameux bélua, la jeune blonde semblait ne pas comprendre la raison pour laquelle la lancière ne désirait pas sa présence pour cette lourde tâche qu'elle s'était confiée, insistant sur le fait qu'elle voulait venir en aide à cet homme, elle supplia Jaagd de la laisser venir. Enfin, elle ajouta à cela le fait qu'elle était désireuse de connaître le nom de la bélua qui grimaçait alors que celle-ci menaçait de piquer une crise. La jeune femme poussa un long soupir avant de faire à nouveau entendre sa voix calme : « Mon nom est Jaagd... Et que vous veniez ou non... Sachez qu'il y aura probablement un ou plusieurs affrontements... Je préférerais que vous n'y preniez pas part, mais il ne tient qu'à vous de prendre ce risque. » rétorqua-t-elle d'une voix plus que sérieuse.


Alors que la lancière essuyait les mœurs de cette femme qui semblait fort mécontente du comportement de celle-ci, toutes deux purent apercevoir le marchand qui passa non loin de la ruelle dans laquelle elles se trouvaient pour rejoindre la cage où était enfermé la bête. La blonde suggéra à la bélua de se hâter afin d'aller libérer l'homme, en proposant par la même occasion à la guerrière d'immobiliser l'homme pour qu'elle puisse se saisir des clés de la cage. Seulement, l'un des points relevés dans les paroles de celle-ci interpella la lancière qui fronçait les sourcils. En effet, l'homme, la bête, pouvait s'avérer dangereux et il allait falloir le maîtriser afin d'éviter tout dommages collatéraux. La femme finit par prendre le bras de Jaagd, lui offrant un sourire aussi tendre que chaleureux, sûrement pour la rassurer. La jeune femme se crispa. Les contacts physiques la mettant extrêmement mal à l'aise, il n'était jamais aisé pour elle d'accueillir ce geste qui n'avait rien d'anormal. Cependant, elle n'offrait aucune résistance, ses actes n'étaient pas toujours en accord avec ses pensées lorsqu'une telle situation se présentait à elle.


A mesure qu'elles avançaient en direction de leur objectif, la bélua appréhendait l'affront avec le marchand. Non pas parce qu'il pourrait être fort ou quoi que ce soit, mais plutôt parce qu'elle était en compagnie d'une femme qui ne semblait pas réellement disposée à se défendre en cas d'attaque imminente, ce qui était en soi un fardeau sur tout champs de batailles. Elle allait devoir faire non seulement attention à sa propre sécurité mais venait s'ajouter à cela celle de l'inconnue. En l'espace de quelques instants, les deux jeunes femmes atteignirent la cage faisant à présent face au marchand qui les accueillait l'air surpris néanmoins jaugé par un sourire. A peine leurs regards se croisèrent que la lancière usa de sa téléportation pour apparaître derrière le crieur avant d'entraver tout mouvement en positionnant la hampe de sa lance sur la gorge de celui-ci. Ainsi la jeune blonde pouvait se saisir en toute sécurité des clés de la cage. Une fois l'emprise relâchée, la bélua asséna un coup sur la tête de l'homme afin de l'assommer, ainsi leur fuite était couverte. C'était hélas sans compter sur les gardes du marchand qui se précipitèrent en direction de la place de la rue commerçante lorsqu'il entendirent le gémissement exagéré du marchand. A leur vue, Jaagd usa de sa main libre pour éloigner la blonde de l'affrontement imminent qui allait se dérouler entre les gardes et la lancière. Pendant un instant, elle scrutait les deux hommes armés. Elle ne pouvait que grimacer face à la situation. Ces hommes étaient en supériorité numérique, en terme martial, cela faisait considérablement pencher la balance du côté de leur victoire. Enfin, elle pointa la lame de sa lance sur ses adversaires avant d'entamer un combat dont elle ignorait l'issue.

Mots:

Alors que la jeune femme avait enfin daigné donner son nom, la blonde la complimenta sur celui-ci, sommant qu'il lui allait bien selon elle. Cette femme tenait absolument à accompagner et accomplir cette tâche qu'elle s'était confiée aux côtés de la lancière, ses paroles n'en démentirent pas un traître mot. De ce fait, les deux jeunes femmes sortirent de la ruelle sombre dans laquelle elles se trouvaient pour enfin faire face au marchand. Jaagd le maîtrisant, la jeune blonde en profita pour subtiliser le trousseau de clés qui se trouvait dans l'unes des poches de celui-ci tandis que les gardes du crieur ne tardèrent pas à arriver en nombre. La bélua assomma rapidement le marchand avant de se mettre en travers de la route des gardes, pointant sa lance dans leur direction. Elle ne pouvait se permettre d'échouer... Sans quoi, non seulement elle y perdrait la vie, mais la jeune inconnue aussi. Ils n'hésitèrent pas à se ruer sur la jeune femme qui demeurait sur la défensive, les empêchant de passer le pas pour atteindre Orchidée qui mit un certain moment avant de trouver la clé de la cage au vu du nombre de clés qui ornaient le trousseau.


Une fois la grille de la cage ouverte, à nouveau, la jeune blonde se démenait pour trouver la clés des menottes de la bête tandis que la lancière retenait toujours les gardes, usant de téléportation lorsque l'un d'entre eux parvenait à passer afin d'asséner un coup à la blonde qui fut rapidement paré par la lance de la jeune femme. Le fer battu des épées s'entrechoquait avec la lance de Jaagd qui grimaçait au vu de la difficulté dû au surnombre de ses adversaires. Enfin, la femme parvint à défaire les liens de la bête qui bondit hors de la cage avant de se ruer sur les hommes armés. La bélua sentit un courant d'air dans son dos alors que la bête passait près d'elle à une allure folle pur s'attaquer aux gardes. Aussitôt qu'elle assistait au massacre imminent de ces hommes, la lancière se téléporta derrière la bête, l'emprisonnant entre sa lance et son corps, amputant alors ses mouvements, la bête se débattait pour se défaire de l'emprise de celle-ci. La jeune femme retenait l'homme de toutes ses forces alors qu'il la secouait brutalement de part et d'autres. « Arrêtez ! Reprenez-vous ! » lança-t-elle en maintenant sa voix de façon à ne pas crier. « Nous allons vous aider... Je vous promets qu'il ne vous arrivera rien... » continua-t-elle tandis qu'elle plongeait son regard écarlate dans le sien. Pour la première fois de sa vie, elle espérait de tout cœur que cette bête qui était en fait un homme ne puisse ignorer son appartenance raciale, sa vrai nature.


Pendant de longues minutes, la bête se débattait ne détachant pas son regard de celui de Jaagd. Puis au bout de quelques minutes qui parurent durer une éternité, comme si le temps s'était arrêté autour d'eux, le bélua monstre cessa tout mouvement. La jeune femme relâcha alors lentement son emprise avant de le guider en direction de la jeune blonde. De temps à autre, elle se retournait vers les gardes. Certains étaient blessés, d'autres morts. S'il y avait bien une chose qu'elle n'aimait pas, c'était de voir les gens mourir ou les tuer. Une mort telle que ces hommes avaient eut droit l'insupportait en elle-même, et elle n'avait hélas rien pu y faire. Cette faiblesse qui la rongeait de l'intérieur lui tambourinait dans tout le corps, l'assaillant frénétiquement de coups. La bélua était la seule à blâmer pour n'y avoir rien changé. Ces événements lui rappelait considérablement ce qu'elle avait vécu, ce soir là où elle marchait en bordure d'un village elfe, ce soir là où l'on avait accusée elle et un autre de meurtre. Ils avaient été poursuivis une bonne partie de la soirée et celle-ci s'était finalement achevée par une bataille, qui ne dissimulait en réalité que la violence d'un massacre, entre les villageois et un vampire des plus sadique.


Ce soir là, elle n'avait pu clairement se positionner dans un camp, et elle avait assisté à l'éradication la plus totale de pauvres innocents, sans pouvoir sauver ne serait-ce qu'une seule âme. Elle demeurait impuissante face à la situation, tout comme en ce jour. Rapidement, ses remembrances furent interrompues par le début de cette course folle qu'était la fuite qui incarnait la liberté de cet homme qui avait été enfermé à tort dans cette cage. L'idée qu'une personne soit enfermée de part sa véritable nature ne pouvait que la rendre malade. Tandis que la jeune femme courait à toutes jambes au coude à coude avec la blonde et la bête, elle prit soudainement la femme par le bras, de sa main libre tandis que l'homme les suivait de près, l'entraînant dans une ruelle, un détours qui n'était pas prévu initialement afin d'embrouiller les sens de leurs poursuivants. Au bout d'un certain moment, une idée traversa l'esprit de la bélua qui décida d'en faire part à ses compagnons. « Continuez en direction du jardin du savoir... Une fois là-bas, cachez-vous... Je vous y rejoins. » annonça-t-elle avant d'interrompre sa course soudainement pour faire face à leurs assaillants. Cette manœuvre servirait de diversion pour couvrir la fuite de l'homme, autant que d'Orchidée qui était devenue une fugitive en le libérant.

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Tandis que la jeune femme essayait de faire entendre raison à la bête, la blonde n'hésita pas à lui faire savoir que le temps pressait, criant et adoptant un air des plus sérieux. La bête ne tarda pas à se calmer et en enfin, la lancière pu relâcher son emprise qui l'avait bien secouée, pour ensuite se diriger vers sa coéquipière qui les attendait avant d'engager une course folle pour leur vie. Alors que le petit groupe empruntait une ruelle, le fait que la jeune blonde arrivait à sa limite quant à ce que ses jambes pouvaient endurer n'échappa pas à la bélua qui ne tarda pas à proposer aux autres de se séparer. Il était dans son intention de servir d'appât afin de faire gagner du temps à ses compagnons en fuite. Cependant, la nouvelle compagne d'infortune de Jaagd ne semblait pas vouloir en démordre. Abandonner la jeune femme à son sort semblait être hors de question pour elle. Durant un court instant leurs regards se croisèrent tandis qu'une larme coulait le long des pommettes de la blonde. La lancière écarquilla légèrement les yeux avant de froncer les sourcils et de baisser la tête avant de se tourner vers leurs poursuivants.


Sa décision était prise, elle ne pouvait laisser une femme aussi frêle qu'elle se battre. De ce fait, elle endosserait toute responsabilité quant à sa sécurité. Elle se portait garante de son bien-être, une chose bien inhabituelle pour la bélua qui n'avait pas l'habitude que des inconnus se soucient de son sort et de se soucier elle-même du bien être d'une quelconque personne avant ce jour. Au bout de quelques instants où le temps semblait s'être arrêté entre les deux jeunes femmes, la bête se saisissait de la blonde pour l'emmener avec lui en direction du jardin du savoir. La lancière eut le loisir d'entendre sa compagne d'infortune crier tandis que la bête l'emmenait sans prendre en compte son avis. C'est mieux ainsi... se dit-elle tandis qu'elle faisait tournoyer sa lance avant de la pointer droit sur ses adversaires. Dès lors, un affrontement qui parut durer une éternité commença. Les hommes armés se ruaient sur la bélua qui se défendait à l'aide la hampe de sa lance. Ils étaient quatre, la situation étant bien pire qu'auparavant quand elle s'était trouvée face à des gardes en surnombre. Cette fois-ci, il y en avait deux de plus. Comment allait-elle faire pour venir à bout de tant d'hommes dont elle ne connaissait encore l'étendue de leur puissance.


Tandis que ses adversaires ne se faisaient pas prier pour se ruer sur elle, la jeune femme bloquait les coups et enchaînait à maintes reprises des téléportations pour subtiliser sa posture. Ainsi, elle pouvait prendre le dessus sur au moins l'un d'entre eux qui se fit assommer par la contre-taille de sa lance. Plus que trois... se dit-elle tandis qu'un autre homme abattait son arme sur elle avec une force incontestable. La bélua para la coup avec difficulté tant sa propre puissance ne semblait pouvoir rivaliser avec celle de son adversaire. Alors les métaux qui constituaient leurs armes s'entrechoquaient avec l'arme de la lancière, l'enchaînement des coups qu'elle recevait l'acculait contre un mur et l'un des hommes abattit à nouveau sa lame sur elle. Jaagd leva aussi sa lance, la plaçant à l'horizontale pour user d'un appui sur ses membres afin de stabiliser sa force. Bien que cette manœuvre s'avérait efficace, ainsi elle ne pouvait se défendre que sur une ouverture. Aussitôt qu'elle se trouva dos au mur, un autre homme en profita pour faire glisser sa lame sur l'un des flancs de la jeune femme qui ne put parer le coup.


La lame sectionna ses vêtements, fendant sa peau par la même occasion. La lancière ne pu s'empêcher de grimacer au vu de la douleur que cette blessure lui infligea. Elle failli rompre son parage tant l'équilibre ne se faisait plus entre ses flancs, l'un étant d'ores et déjà à vif tandis que la bélua sentait le liquide chaud s'écouler le long de son corps. Elle dirigea son regard sur son flanc gauche tandis qu'une plaie béante l'ornait, un liquide aussi écarlate que ses yeux en sortait pour venir souiller ses vêtements et caresser sa peau. Puis, elle posa à nouveau ses mirettes sur l'homme qui ne semblait rompre son offensive, essayant de l'écraser par le poids de sa force ajoutant à cela le poids de son arme. Jaagd étant acculée contre un mur, elle ne pouvait ni reculer ni repousser son adversaire à l'aide d'une de ses jambes, rompant ainsi sa position, le parage s'en retrouverait lésée et sa défense percée. Il ne restait plus qu'une option. La lancière se téléporta soudainement derrière l'homme lui laissant volontairement le temps de se retourner pour lui asséner un grand coup de contre-taille dans le bas de son ventre. Son adversaire s'écroula au sol, recroquevillé sur lui-même, se tordant de douleur tandis que ses camarades se ruaient de colère sur la jeune femme.


Aussitôt qu'elle pu se débarrasser de celui-ci, elle réitéra sa téléportation pour s'éloigner de ses adversaires restants. Plus que deux... se dit-elle tandis qu'elle haletait, son corps déchiré entre fatigue et douleur. La jeune femme peinait à se tenir droite et à maintenir sa vision qui se troublait progressivement. Ne pouvant ignorer l'état dans lequel elle se trouvait, il allait falloir qu'elle en finisse le plus rapidement possible si elle ne voulait pas s'écrouler à la merci de ces hommes. La bélua enchaînait les téléportations de manière frénétique afin de tromper les sens de ses adversaires avant de le leur asséner une multitude de coups non mortels afin de les mettre hors d'état de nuire. Il lui fallut un certain temps avant de venir à bout de ces deux hommes. Au bout de longues minutes qui parurent durer une éternité, Jaagd faisait face à ses adversaires qui jonchaient au sol. Tiraillée par la douleur, elle tourna difficilement le dos à ceux-là pour enfin se diriger en direction du jardin du savoir. Alors qu'elle marchait elle pu entendre la voix d'un homme.


Elle ne pu distinguer clairement ce qu'il disait ni poser une idée sur cette voix, cependant elle ne pu s'empêcher de reconnaître un son de cliquètement. Un son qu'elle connaissait hélas que trop bien pour ne pas réagir. Elle s'approcha rapidement afin de savoir de quoi il retombait et aperçu la blonde et la bête qui se trouvaient face à plusieurs hommes. Alors que ses mirettes écarlates se baladait de visages en visages, elle s'arrêta sur l'un des hommes qui était légèrement plus petit que ceux qui se tenaient à ses côtés. C'était le marchand. L'homme qui avait fait de cet homme, cette bête, un prisonnier dont il était le tortionnaire exclusif tandis qu'il l'exposait au grand jour devant les foules bien trop divertie par cette horreur. Le son qu'elle avait reconnue était celui des épées de ces hommes sortant de leur fourreau pour venir menacer la vie de ses deux individus. Lorsqu'elle assista à cette scène la lancière fronça les sourcils ne pouvant garder son calme face à leur vies qui étaient misent en suspens de la sorte. Jaagd usa à nouveau de sa téléportation pour venir parer l'une des épées qui était pointée droit sur la blonde. A la vue de la silhouette de la jeune femme qui se mettait en travers de leur entraves, entre Orchidée et leurs lames, les hommes écarquillèrent les yeux. Elle ne laisserait pas ces hommes toucher ne serait-ce qu'un seul cheveux de cette frêle jeune femme, et il en valait de même pour cette bête à laquelle elle avait promis son aide qui le mènerait à la liberté. Tandis qu'elle défiait ces adversaires du regard, elle ne pu s'empêcher de grimacer face à la douleur de sa blessure qui la tiraillait, envahissant chaque parcelles de son corps.

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