Le chemin vers Stenfek était encore bien long. Néanmoins, Caëm marchait d'un pas tranquille sur le petit sentier de la forêt bordant les terres d'émeraude. Il lui était inutile de se presser. Il n'avait rien à perdre à contempler  l'épaisse végétation qui le ceignait de part et d'autre. Elle semblait avoir poussé de manière totalement chaotique. Des ronces épaisses sortaient parfois des fourrées pour lui barrer le chemin et lui en faire voir un autre tandis que les branches drues le couvraient du soleil de milieu de journée.
Lorsqu'il était petit il avait lu tout un tas de petits articles sur cette forêt mystérieuse dans la bibliothèque du manoir de ses parents. Elle était apparemment enchantée. Tout ceux qu'elle considérait comme nuisible étaient voués à s'y perdre et à sombrer dans la folie, alors que tous ceux qu'elle estimait bienvenus sur les terres fleuries de l'ouest trouvaient le chemin le plus rapide et le plus agréable pour la traverser. Le bélua se sentait dans son élément. Bien qu'il ne se soit jamais aventuré ainsi dans des bois aussi luxuriants, le seul fait de s'y promener en se sentant accueilli le rendait heureux. Certes, il n'aurait jamais pu y galoper librement mais cela ne le dérangeait pas. De toute manière il ne contrôlait pas assez bien sa forme animale.

Il entendit le bruit étouffé de cascades au loin. Il était justement assoiffé et dégoulinant de sueur, de l'eau fraîche était tout ce qu'il lui fallait. Il en profiterait également pour se reposer un peu et manger le reste des baies qu'il avait cueillies la veille. Il accéléra un peu le pas en suivant le petit chemin de terre qui bifurquait de manière trop anguleuse pour qu'elle soit naturelle. Il le mena à une minuscule trouée dans laquelle quelques rochers disposés en escaliers faisaient mousser l'eau cristalline d'un ruisseau. Il finissait sa course dans une espèce de cuvette qui en évacuait visiblement l'eau par infiltration. Il y avait juste assez de place pour s'y baigner et un banc de rocher totalement lisses venaient faire office de petite plage. Une percée dans les frondaisons laissait plonger les chauds rayons du soleil dans le petit étang, le chauffant à une température idéale pour que le bélua puisse s'y baigner sans trop avoir froid. Ce cadre idyllique avait l'air invraisemblable. Si jamais il devait le conter à quelqu'un, on le traiterai de menteur à coup sûr.

Se sentant soudainement aussi sale qu'un chien errant, il ne se fit pas prier. Il entra dans le petit havre singulier et ôta aussitôt tout ses vêtements, qu'il étendit sur le petit banc de pierre. Alors nu comme un vers, il prit son élan et sauta dans le petit étang.
Il devait bien faire trois mètre de profondeur pour deux mètre de diamètre. Caëm s'amusa alors à tournoyer sous l'eau en faisant attention à ne pas s'écorcher sur le fond rocheux pour délier ses muscles. Il sentait son âme d'enfant resurgir tant il y prenait plaisir. Quand il était plus jeune il allait souvent nager avec Glave dans le fleuve Varenda pendant l'été. Il en garde d'ailleurs de très bons souvenirs. Ils s'amusaient à sauter du rocher le plus haut pour prouver leur courage de petits béluas.
Mais ici l'eau était limpide comme celle du lac de Transparence tandis que les eaux du Varenda étaient pleines de limon. Cela était beaucoup plus appréciable. Le voyageur se mit à faire la planche et se laissa aller à la rêverie. Les terres d'émeraudes n'étaient plus très loin, il le sentait. Qu'allait-il donc lui arriver? Le début de son voyage avait été jusqu'à cet instant sous le joug de la bonne augure. Il n'y avait aucune raison que cela s'arrête. Satisfait de sa baignade, il alla s'asseoir prêt de ses affaires pour se laisser sécher.

HRP:

Voilà que je venais à peine de sortir de mon village, que je me sentais perdue… Ma mère venait de mourir et mon cœur saignait comme s’il pleurait. Je me sentais mal car j’aurais voulu revenir dans mon village pour la prendre dans mes bras. Seulement, la seule façon de revenir dans le village était d’avoir un maitre pour avoir accès à ce village. Il fallait que je revienne dans mon village lorsque j’aurais trouvé mon maitre. Mais ce n’était pas une tâche aisée et je savais que je pourrais mettre beaucoup de temps pour en trouver un qui me conviennent mais surtout qui sache répondre à mon énigme que j’avais créé spécialement pour lui. Je rougissais un peu, car je rêvais qu’un homme réponde bien à mon énigme, je serais heureuse d’avoir un maitre avec mon pouvoir de lien. « Ah, il faut vraiment que j’arrête de penser à un maitre pour l’instant, je suis bien contente d’être sorti du village. » Oui, je ne connaissais que le village depuis ma naissance, et j’étais tellement heureuse de connaitre autre chose que les Orines. Je courrais dans le chemin, je me sentais libre. Mes cheveux volaient au vent alors que je courrais sur le chemin sortant de mon village. Quelques moments après, la lourde tâche de trouver un maitre, reprit à nouveau mes esprits. Il fallait que j’en trouve un qui veuille bien de moi.

Mais j’avais envie du temps devant moi, je n’étais pas prête d’abandonner tous les efforts que ma mère avait placé en moi. Après des heures de marche, je décidais de faire une petite pause pour manger quelque chose, ou bien pour admirer la faune et la flore. J’étais près d’une rivière, et j’avais bien envie de plonger, mais je me retenus lorsque j’entendis une voix non loin de moi. Je m’approchais doucement de cette personne pour savoir qui c’était au juste. Je restais un petit buisson pour l’observer en restant dans l’ombre. Je regardais à gauche et à droite en espérant que personne ne puisse me voir dans cette situation qui était vraiment gênant mais j’avais envie de savoir. Ma mère me disait toujours que j’étais trop curieuse comme jeune fille. Je restais bien derrière le buisson touffu et je pus voir une personne.

Cette personne était allongée dans l’herbe près de ses vêtements qui étaient assez bonne qualité, pas comme les miens. Je continuais de regarder cette personne et je me rendis compte bien vite, qu’il ne s’agissait pas d’une femme comme moi, mais d’un homme ???? « AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!! » Je me levais d’un seul coup de mon buisson avec ma tête entre mes mains. C’était la première fois que je voyais, que je rencontrais un homme. Ma mère m’avait toujours dit que je devais faire attention à avec les hommes, je devais de bien connaitre leur personnalité avec de leur proposer mon énigme. Je restais statique pendent quelques secondes ! J’étais en train de regarder un homme, et un homme nu !!! « Tu es … Tu es … Tu es … NU !!!! Tu es tout nu … »

La pression retomba aussitôt et je sentis que mon corps était en train de me lâcher subitement. La pression m’avait fait perdre mes moyens et je m’évanouie d’un seul coup devant cet homme, qui devait être aussi gêné que moi maintenant. Je tombais par terre, près de lui…. Et je fermais les yeux quelques minutes pour réfléchir à ce que j’allais faire maintenant et comment réparer ma bêtise vis-à-vis de cet homme. C’était la bonne question du jour. Et à peine que j’étais sortie de mon village, que je me trouvais déjà nez à nez avec un homme. Devrais-je déjà lui poser mon énigme ? Non, je ne pensais pas que ce soit bien le faire alors que je ne le connaissais pas du tout. Non non, je ne devais reprendre mes esprits et peut-être fuir à toute vitesse de cet endroit pour m’éloigner de la gêné occasionnée. Que devais je faire maintenant pour me faire pardonner de cette interruption ... Je déglutinais et j'essayais de reprendre mes esprits calmement, mais c'était peine perdue déjà.

Le bruit de l'eau qui s'écoulait le tendait. Il n'avait jamais rien éprouvé de tel depuis le début de son voyage. Mais si un instant aussi simple que celui-ci lui suffisait à reposer son esprit, alors il devrait en vivre bien d'autres. Il faut dire qu'il était encore dans les montagnes enneigées à l'ouest de Dithys quelques semaines plus tôt. Il n'avait pas eu une seule nuit tranquille pendant sa traversée. Le froid était insupportable, même dans les abris qu'il arrivait à dénicher. Il soupira. Il espérait que Stenfek ne soit pas décevante. Cette ville l'avait toujours beaucoup fait rêver. Le commerce semblait y être florissant, et il espérait bien trouver quelques travaux pour commencer à se constituer des économies pour pouvoir voyager plus confortablement.

Un buisson s'agita à sa droite. Lorsqu'il se redressa, il vit une jeune et jolie jeune femme en sortir. Ses vêtements étaient crasseux et déchirés par endroit, mais malgré cela, elle présentait bien. Des égratignures sans doute dues aux ronces couraient sur ses jambes tandis que ses cheveux étaient remplis de petit débris végétaux. Il lui sourit et lui fit un signe de main amical. Cela devait bien faire un mois qu'il n'avait pas vu la moindre personne. Mais au lieu de le lui rendre, elle hurla:

- AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!! Tu es … Tu es … Tu es … NU !!!! Tu es tout nu …

Puis elle sembla s'évanouir. Décidément, cette fille avait le sens du spectacle. Sa réaction ne le surpris pas tellement, mais il se demanda tout de même pourquoi les autres races étaient aussi pudiques. Il n'avait jamais choqué personne de cette manière chez lui. Une baignade tout ce qu'il y a de plus normal. Profitant des quelques secondes de répit que lui offrait la jeune inconnue évanouie, Caëm se rhabilla prestement et passa un peu d'eau sur son visage. Après un petit moment d'appréhension, il s'accroupit près d'elle en lui secouant l'épaule.

- Allez, lèves toi. Je ne peux pas te laisser ici toute seule. Je vais aller cueillir de baies, comme ça tu pourras te laver pendant ce temps. Tu en as visiblement bien besoin. Prends ton temps surtout, je risque de prendre du temps.

Alors que j’étais en train d’observer un homme qui était tout nu, j’étais tombée automatiquement dans les pommes. Ma mère m’avait toujours dit que je ne devais pas voir des hommes dans cette situation, cela pouvait gêner ces personnes et donc avoir du mal à communiquer pour le reste. Je ne me sentais pas très bien dans ce moment, et je n’avais qu’une envie c’était de partir très loin de cette personne et courir encore et encore jusqu’à que je ne puisse plus respirer. Mais peut-être qu’il y avait un autre moyen pour présenter ses excuses avant que cela ne soit trop tard pour moi. Je croyais qu’il allait me tuer à cause de ce que j’avais fait. Non Non, je devais rester calme, je devais réfléchir à quelque chose pour éviter la mort. HI ! La mort, je n’avais pas envie de mourir moi ! Qu’est que je devais faire ?

Je respirais un bon coup et je commençais à réfléchir. Je restais allonger jusqu’à que cet homme me parla en me disant que ce n’était pas bien que je reste comme cela. Et donc, il partait chercher quelque chose pour me donner à manger et pour aller mieux, comme ça, j’aurais le temps de me lever. Il était vraiment que cela faisait plusieurs jours que je marchais à rechercher de mon maitre, mais il fallait que je pense à ma toilette, comme me le disait si souvent ma mère. Elle me disait que je devais être belle, respecter ma toilette pour attirer des hommes pour leur poser mon énigme que j’avais dans ma tête tout le temps. Je me relevais doucement vers lui, et je n’avais pas eu le temps de lui dire que je n’en avais pas besoin, mais il était déjà parti… « Mince. Eh ! Attends, tu n’es pas obligé de faire cela … » Je lui avais crié cela, mais il était beaucoup de trop loin pour qu’il m’entende. Je soupirais mais je décidais de prendre son conseil à la lettre. Donc, je décidais de me déshabiller pour me laver et profiter de l’eau pour me laver. Je regardais à gauche et à droit pour vérifier qu’il n’y avait personne près de moi. J’avais peur du monde extérieur et j’avais l’impression qu’il y avait toujours une personne qui m’observait au loin. Je ne savais pas me battre, mais je ne savais que séduire les hommes et danser comme si j’étais ma vie qui en dépendait. Je ne connaissais pas le fait de combattre, je n’avais pas de pouvoirs offensives, je n’avais qu’une dague au cas où qu’un homme vient me faire du mal mais rien d’autres sinon.

Une fois que j’étais dans l’eau, je profitais de ce moment de tranquillité pour me détendre au maximum avant que cet homme ne revienne et que je prenne la route pour continuer mon voyage. Non seulement, je devais me trouver un maitre, mais j’avais envie de voyager, de connaitre beaucoup de personnes ainsi que de rencontrer d’autres Orines. Nous, les Orines, n’étions pas si nombreuses, il était compliqué de retrouver une consœur dans ce monde. Mais j’avais envie de connaitre l’une de mes sœurs ! Je me lavais le dos et les bras dans l’eau qui était si bonne. Je restais à regarder la nature, à réfléchir de mon côté. Je me reposais quelques instants, le temps que cet homme ne revienne… J’avais le temps alors … Je fermais les yeux et je me posais contre un rocher pour rester tranquille …