-20%
Le deal à ne pas rater :
-20% Récupérateur à eau mural 300 litres (Anthracite)
79 € 99 €
Voir le deal

Partagez
 

 [Quête Event 2016] Libérer la foi [Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Ven 22 Avr 2016, 23:57

Djinshee venait tout juste de sortir d’Aeden. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas fait un tour avec Enderah, et elle comptait bien en profiter. Mais elle n’avait pas fait vingt mètres que cette dernière avait rugi. Elle avait alors dégainé son épée, mais n’avait eu le temps de s’en servir, qu’on s’était jeté sur elle. Sonnée, elle n’avait pas pu voir le visage de son agresseur. Elle n’avait vu qu’une masse, tentant de l’assommer.

   Elle battit des bras. Son épée lui avait échappé des mains. Elle n’entendait plus la panthère. Elle s’enflamma, s’attendant à un cri de la part de son assaillant, mais non. Un ricanement suivi d’une insulte, puis un violent coup dans la tête.

 
   Elle était serrée, oppressée. Si serrée qu’elle en avait mal. Elle avait mal aux bras, aux jambes, à la tête… partout. Le mouvement de ballotement lui faisait lâcher des gémissements. Elle avait vraiment mal… Elle respirait avec difficulté. Elle était paralysée et engourdie. Elle était dans un endroit sombre, allongée – bien que le terme ne fût pas correct – la joue contre le bois de… d’un moyen de transport non-identifié. Une violente secousse la réveilla complètement. Elle serra les dents, voulut se redresser. Impossible. Elle était ligotée. Même un saucisson n’avait jamais été aussi bien emballé. Elle tourna la tête avec difficulté pour repérer une masse noire inanimée. Enderah. Sa température corporelle explosa. Elle tenta une nouvelle fois de bouger les bras. Mais… ça ne brûlait pas ?! Le bois de l’embarcation non plus ?! Elle reprit son apparence humaine et appela le félin. Pas de réponse. On l’avait bien assommée… ou… non. Personne n’aurait pu la tuer. Elle était déjà suffisamment difficile à mettre dans cet état…

   Qui étaient ces salauds ? Ils avaient trop bien fait leur travail… Mais quel travail ? Que lui voulait-on ? Le véhicule s’arrêta. Des bruits de pas provenant de l’extérieur. Un cliquetis métallique. La lumière du jour s’infiltra dans la geôle par l’ouverture de la porte, qui s’agrandissait. Djinshee ferma les yeux, aveuglée par l’intensité de celle-ci. On l’attrapa par les pieds et on la fit glisser dehors. Le choc avec le sol dallé fut aussi délicat que le reste. La jeune femme ne put retenir son juron.

   -Tiens la donzelle est réveillée.

   -Qu’est-ce que ce vous foutez ? S’écria-t-elle.

   Elle faisait son possible pour ne pas ponctuer sa phrase de « aïe ». Ils n’étaient vraiment pas tendres. Ils l’avaient redressée en la prenant par l’un des liens, au niveau du cou.

   -Elle est mignonne, hein ?

   Son acolyte acquiesça en souriant. Son visage était caché par sa large capuche. Quant à celui qui la tenait, un air sadique illuminait ses traits. Yeux bleus, cheveux bruns et courts, un homme qui semblait savoir jouer de ses charmes. Il portait des ailes noires. Un Déchu. Un exemple parfait de Déchu, en fait.

   -Qu’est-ce que vous voulez ? Répéta la jeune femme.

   L’homme s’approcha de son visage, tandis qu’elle le reculait. Elle tourna la tête, mais cela ne l’empêcha pas de l’embrasser au coin des lèvres. Ses cheveux s’embrasèrent, ainsi que ses orbites. Il rit.

   -Allons, calme-toi. Tes flammes ne m’atteignent pas, ma jolie.

   -Vas te faire voir et libère moi, sale enflure !

   Elle reçut une gifle.

   -C’est qu’elle ne sait pas se taire, la petite… Tu me diras, il faut bien qu’ils ouvrent leur grande gueule. On ne défend pas les Aetheri avec des arguments. Il s’approcha encore de ses lèvres. Puisqu’il n’y a pas d’arguments. Seulement des mensonges.

   Elle rata sa tentative à le frapper avec un bon coup de tête. Ce qui lui valut une autre gifle. Elle l’incendia du regard.

   -Va falloir la mater un peu.

   -Dis-toi que ça fera une bonne offrande. Avec la panthère, le jackpot.


   Il ricana.

   -Une belle nuit blanche qui m’attend, aussi…

   -Va crever…

   -Tu es sûre de vouloir jouer au plus malin ? Viens voir… Puis, en s’adressant à son ami. Tu t’occupes de la panthère.

   Il la traîna sur quelques mètres. Elle se rendit alors qu’il subsistait un son particulier, depuis quelques temps… Il n’y avait aucune ville à proximité, seulement un hameau. Elle tressaillit. Le bruit des vagues. La mer. Un quai. Un navire.

   -Lâchez-moi.

   Le Déchu éclata de rire. C’était la réaction qu’il attendait. Il allait être servi. Elle était un cas extrême de sa race. Il monta sur le petit ponton qui avait été dressé et rejoignit le pont. Djinshee se tortillait, même si elle savait qu’elle n’avait pas grands espoirs. Il pouvait à tous moments la balancer par-dessus bord si le cœur lui en disait. Il la laissa par terre, comme un vulgaire chiffon, alla ouvrir une trappe. Autour d’elle, des marins s’activaient, ou s’attardaient sur elle. Elle leur lançait à tous un regard assassin. Elle mémorisait leur visage. Ils mourraient tous. Enderah fut déposée près d’elle. Ils l’avaient portée à plusieurs.

   Elles furent toutes deux jetées dans la cale. Djinshee grogna. Le Déchu sauta à l’intérieur et s’agenouilla près d’elle. Il prit son menton entre ses mains.

   -Si tu es sage, tu auras le droit à un jour de plus en vie… Et un peu plus de temps en ma compagnie… Tu verras, tu ne le regretteras pas. Dit-il sur un ton grave et sensuel.

   Sur ce, il retourna sur le pont et referma la trappe.

   Silence.


   Djinshee était dans l’obscurité totale. Elle n’avait pour seule compagnie Enderah, inconsciente, et le bruit régulier des vaguelettes s’écrasant contre la coque… Elle avait honte de l’admettre, mais elle était terrifiée…

~917 mots~
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 05 Mai 2016, 23:19

L’équipage avait largué les amarres. Le navire n’avait au départ pas trop bougé. Mais une fois au large, les vagues s’étaient mises à le pousser de toutes parts. Il tanguait, à présent. Djinshee se sentait mal. Elle ne se souvenait pas avoir été aussi terrorisée. Elle ventilait s’impressionnantes quantité d’air. Sa respiration faisait un bruit angoissant. Cela lui faisait mal aux côtes et pressait ses bras, déjà endoloris. Seule une épaisseur de bois la séparait de l’eau, de toute cette eau froide et mouvante qui s’étendait à perte de vue… Cette idée la hantait. Elle ne pouvait pas prendre feu sous peine de faire couler le vaisseau, et le reste de ses pouvoirs ne servaient à rien. Elle ne voyait pas le nœud principal qui la maintenait ligotée, si bien que sa télékinésie était plus qu’inutile.

   Bien sûr, sa peur et son oppression physique et morale étaient accentuées par le mal de mer. Il faisait totalement noir, et même si elle n’en avait pas peur, ça n’améliorait rien. Il était difficile de faire pire, en matière de situation précaire.

   Enderah grogna. La jeune femme ne la voyait pas, mais cela lui suffisait pour savoir qu’elle était réveillée. Elle l’appela. Sa voix n’était qu’un souffle, court, vite fauchée par sa panique. Le félin gronda. Sa mâchoire puissante était maintenue fermée par un cordage. Elle était aussi immobilisée que l’Elémentale.

   Elle avait l’impression que son cœur allait exploser dans sa poitrine. Si ça continuait, elle succomberait d’une crise cardiaque… au fond d’une cale de bateau, ligotée comme un bout de viande prêt à rôtir – drôle de coïncidence. Quelle classe.

   La trappe s’ouvrit. Djinshee ferma les yeux pour les protéger de la lumière. Son compagnon gronda encore.

   -Toujours en vie ? Demanda une voix familière, qui réveilla le peu de colère qui osait encore se manifester.

   -Sors-moi de là…

   Elle ne demandait que ça. Elle préférait largement être échouée en plein milieu du pont que de rester ici. Le Déchu rit.

   -Tu as cassé ta belle voix, à respirer comme ça.

   -Sors-moi de là ! S’époumona-t-elle, avec le peu d’air qu’elle pouvait inspirer à la fois.

   -Tu as si peur que ça ?

   Il ne devait pas avoir imaginé qu’un Elémental de Feu craigne autant l’eau. Elle ne répondit pas, trop occupée à chercher l’air, qui allait et ressortait de ses poumons sans pour autant être consommé. Le sourire de l’homme s’atténua, et il s’agenouilla près d’elle. Enderah tenta de bouger, sans succès.

   -Tu veux faire un tour dans ma chambre personnelle, peut-être ?

   C’était un pervers dans tous les sens du terme. Il lui demandait de faire un choix assez terrible.

   -Sors-moi… de là… avec la panthère…

   Il fit un signe de négation, puis la porta à l’aide de ses liens.

   -Désolé, ma jolie, mais ça ne va pas être possible pour ton chat.

   Il l’installa sur son épaule, sortit de la cale.

   De l’air frais ! Djinshee pouvait respirer. Elle rêvait d’en prendre de grandes bouffées, mais sa position était horrible, son ventre était pressé. Cette parcelle de liberté s’envola bien vite. Le Déchu passa à l’intérieur. Il la déposa sur un grand lit, ferma la porte et se défit de sa chemise.

   -Tu te sens mieux ? Profite, c’est la dernière fois que tu te sentiras aussi bien…

   Il dénoua lentement les cordes, apparemment indestructibles, qui la maintenaient, puis l’embrassa sur le cou. Tous les membres de la jeune femme étaient engourdis. Elle arrivait à peine à les bouger. Ils étaient lacérés et ankylosés. Une main glissa sur sa cuisse, remontant lentement. Elle plia violemment sa jambe, qui vînt frapper la côte. Il gémit, mais ne sembla pas prendre compte de ce coup. En fait, ça l’amusait, à la vue de son expression. Il se redressa un peu, et elle en profita – elle essaya – pour faire de même. Mais ses bras étaient faible et il la maintînt allongée. Elle bloqua son visage avec sa main lorsqu’il voulut d’embrasser à nouveau, et le projeta contre le plafond. Elle roula sur le bord du lit et le laissa s’écraser sur le matelas. Elle se releva, se jeta sur lui et lui envoya son poing en pleine tête. Il grogna, l’attrapa par le bras, et la tira vers lui. Elle lui donna un autre coup tandis qu’il reprenait le dessus et la paralysait. Il répondit à ses coups de poings. L’un dans la joue.

   -Tu ne sais pas t’arrêter, hein ! Siffla-t-il, les dents serrées. Je vais t’aider, tu vas voir…

   Le second, dans la tempe, lui fit perdre conscience.

 
   Lorsqu’elle se réveilla, elle s’était re-transformée en saucisson. Mais elle avait encore plus mal à la tête. C’était insupportable. Elle avait l’impression qu’elle allait exploser d’une seconde à l’autre. Elle était couchée sur quelque chose de froid, dur et… humide. Sa température corporelle haussa fortement, lui donnant encore plus envie de laisser son élément se manifester. Ce qu’elle fit. Ses paupières étaient lourdes, et elle n’avait pas envie de résister à son propre instinct.


   Où était-elle ? Il faisait sombre, il y avait une odeur de renfermé… Une grotte ? Elle plissa les yeux. Des barreaux… Elle avait plus ou moins déjà vécu cette situation, dans le Désert. Pas besoin de réfléchir pour comprendre qu’elle était dans une cellule… Et d’après les formes qu’elle discernait, ils étaient trois…

~885 mots~
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 16 Mai 2016, 19:04

Elle considéra ses deux colocataires. Deux femmes, les quatre membres reliés au mur, assises dans un même coin. Les cheveux emmêlés, elles la regardaient sans broncher.

   -J’aimerais bien savoir pourquoi je suis la seule à être ligotée comme ça ? S’irrita-t-elle.

   La première femme, d’une trentaine d’années peut-être, entrouvrit la bouche, la referma, puis se décida enfin à parler.

   -Je crois qu’ils ont dit que tu étais dangereuse…

   Dangereuse, vraiment ? Qu’avait-elle fait pour obtenir ce titre ? Elle n’avait rien fait ! La scène du navire lui revînt. Elle ne se souvenait pas avoir été si dangereuse. Après tout, son geôlier l’avait maîtrisée en assez peu de temps.

   -Vous pourriez me détacher ?

   Les deux inconnues échangèrent un regard incertain. Djinshee soupira, et leva les yeux au ciel.

   -Vous pensez vraiment que je vais m’en prendre à vous ?

   -Tu es trop loin.

   La télékinésie entra en jeu. L’Elémentale se déplaça jusqu’à elle. Elle restait peu convaincue. Qu’avait-elle à gagner, cette inconnue, après tout ? Elles allaient crever dans tous les cas, donc bon… Sa camarade n’avait pas dit un mot depuis le début.

   -Je vous aiderai à vous évader…

   La brune haussa les sourcils, comme si elle venait de raconter la plus grosse idiotie de l’univers. Elle devait penser que c’était impossible. Alors soit elle ne connaissait pas l’espoir, soit elle était suicidaire, soit elle avait vu le « système de sécurité » des lieux, et il était extrêmement sophistiqué. Djinshee insista. Il était hors de question qu’elle reste dans cet état. C’était ridicule, ça lui faisait mal, ça l’empêchait de respirer normalement, et en plus, elle ne pouvait rien faire. Après quelques secondes d’hésitation, elle obéit. Les nœuds étaient serrés. De longues minutes s’écoulèrent pour qu’enfin le cordage daigne bouger un peu. L’Elémentale essayait de ne pas la presser pour que son travail reste efficace. Elle surveillait l’entrée. Un geôlier pouvait arriver à tout moment.

   Cliquetis métallique. Usant de sa télékinésie, Djinshee revînt vite à la place où elle s’était réveillée. Une femme qu’elle n’avait encore jamais vue entra. Elle avait tout d’une guerrière confirmée, plus pour le bourrinage que pour le combat dans toute la splendeur de son art. Elle se contenta de vérifier que tout allait bien, puis repartit aussitôt. La rousse reprit sa place près de la prisonnière, qui termina le travail au bout de quelques minutes. Elle fit bouger ses membres endoloris, les frictionna, pour être sûre que le sang circulait partout. Elle se leva doucement, puis s’étira. Elle se dirigea alors vers les barreaux de leur prison. Elle en fit tinter un. Ça ressemblait à du métal, tout ce qu’il y avait de plus normal.

   -Et nous, alors ? S’impatienta la femme qui venait de la libérer. Tu nous as fait une promesse, il me semble.

   Djinshee se tourna vers elle.

   -Je tiens toujours mes promesses, ne t’inquiète pas. Attendez juste un peu…

   Ses mains s’enflammèrent. Elle empoigna la serrure. Toute sa concentration était sur ses mains. Progressivement, la température augmenta. Elle se ressentit rapidement dans tout le reste de la pièce. Le métal rougeoyait. Elle tira dessus, de plus en plus fort. La serrure se tordit un peu, puis, soudainement, céda. La jeune femme manqua de tomber à la renverse. Un sourire satisfait s’afficha sur son visage, tandis qu’elle ouvrait la porte de la cellule.

   -Vous avez le choix, dit-elle à voix basse, réfléchissant au plan qu’elle allait devoir concevoir au fur et à mesure de leur évasion, soit je vous libère maintenant, au risque de quelques 
brûlures, soit vous attendez que je trouve les clefs… Vous savez où elles sont ?

   -Non. Mais maintenant que tu as défoncé la porte, mieux vaudrait nous libérer tout de suite.

   -C’est vrai.

   Elle tendit les chaînes de ses bras, et invita son amie – était-elle muette ? – à faire de même. Djinshee s’agenouilla et commença l’opération. Elle voulait éviter de leur faire mal. D’une part parce que se faire brûler, ça n’était pas terrible, mais aussi et surtout pour éviter les cris de douleur, qui auraient vite fait de retentir. Les deux femmes faisaient le guet. Elle ne coupa pas le bracelet, seulement les mailles qui les reliaient au mur. Elle posa une main sur la bouche de la brune lorsqu’elle la toucha par inadvertance. Le travail terminé, elle se releva et éteignit ses doigts. Elle remarqua que les deux inconnues transpiraient. Elle, n’avait naturellement, pas ressenti de gros changements.

   -Si vous avez des informations sur comment ça se passe derrière cette porte, dites-le maintenant.


   Silence. Le message était on ne peut plus clair : comme elle, elles n’avaient rien vu. Sur ce, elle attendit qu’elles fussent debout pour passer à la suite…

~779 mots~
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 04 Juil 2016, 19:14

Elle entrouvrit la porte et jeta coup d’un œil à l’extérieur. En tendant l’oreille, elle n’avait pas entendu le moindre bruit et s’était permise ce risque. Il s’avérait qu’elle ne s’était pas trompée. Il n’aurait manqué plus que ça… Elle l’ouvrit un peu plus. L’objectif était simple et complexe : trouver la sortie. Le problème ne s’arrêtait pas au simple fait qu’elle ne savait pas où se trouvait celle-ci. Non, elle ignorait jusqu’à sa situation sur une carte. La seule chose dont elle était quasiment sûre, c’était qu’elle n’était pas sur le Continent Dévasté, où il n’y aurait pas eu ce foutu voyage en bateau.

   Elle s’engagea dans le couloir. Autre information, pour trouver la sortie, elles allaient devoir monter. Du moins, c’était ce qu’il semblait, aux vus de l’humidité de l’endroit. C’était très désagréable, d’ailleurs. Le souterrain semblait relativement récent. La pierre avait été creusée, les coups – de pioche, probablement – étaient encore bien marqués. Un frisson la parcourut lorsqu’elle vit une goutte d’eau couler timidement le long de la paroi. Elle leva les yeux. Ca suintait de partout, en fait. Elle accéléra un peu la cadence. Derrière elle, les deux femmes l’imitèrent sans un mot. Elle entendait leurs bruits de pas. L’une, la muette, était pieds nus. Djinshee avait l’impression que le claquement régulier de sa peau contre le sol glacé était assourdissant. Par-dessus son épaule, elle lui lança un regard dur. La femme en parut paralysée, mais son amie la prit par le bras pour l’inciter à continuer. L’Elémentale s’arrêta à la première porte qu’elle croisa. Lentement, elle se baissa pour regarder à travers la serrure. La première et seule chose qu’elle vit furent des barreaux. Ce devait être une pièce comme la leur, contenant une cellule, et de ce qu’elle pouvait voir, cette dernière n’était pas occupée. Usant de sa télékinésie, elle déverrouilla la porte. Il aurait été bête de laisser quelqu’un ici. Mourir pour la gloire de Sympan… Il n’y avait rien de plus inutile, si ce n’était nuisible, et jusqu’à preuve du contraire, Djinshee n’aimait pas les choses inutiles, et encore moins celles qui étaient nuisibles. Heureusement – parce qu’elle n’avait pas envie de se trimbaler toute une ribambelle de gens potentiellement bruyants, et parce que c’était toujours ça de moins pour Sympan – la pièce était déserte. Le petit groupe continua son chemin.

   Ce ne fut pas la seule salle contenant une cellule qu’elles croisèrent. En fait, elles trouvèrent un homme dans la suivante et le libérèrent. Cependant, il leur posa plus problème qu’autre chose : il prétendait vouloir s’évader seul. Les trois femmes insistèrent pour qu’ils restent groupés. Djinshee dût le menacer pour qu’il cède. Son attitude la désespéra, tant elle était immature. Elle dût passer du temps à le surveiller, jusqu’à ce qu’ils s’approchent d’une nouvelle salle d’où s’échappaient des voix. Ils devaient être une bonne dizaine, peut-être plus. Toujours était-il que c’était suffisamment animé pour deviner qu’il s’agissait de geôliers.

   Un écho régulier parvînt à leurs oreilles. L’Elémentale se retourna, car les bruits d’un pas de course venaient de cette direction, puis fit un tour sur elle-même. Elle attrapa deux bras au hasard et les entraîna dans un coin à l’ombre. Elle étendit cette dernière sur leurs silhouettes. L’homme s’approchait toujours, et il fut bientôt visible. Il avait l’air âgé. Le dos de la jeune femme effleura la paroi mouillée. Chacun de ses muscles de crispa, et elle ferma les yeux pour maintenir sa concentration. L’homme arriva enfin à leur niveau. Il ouvrit à la volée la porte de la pièce occupée.

   -Prenez des armes, y’en a qui s’sont barrés ! S’écria-t-il.

   Il y eut pour toute réponse un silence, rapidement brisé par des protestations qui allaient toutes dans le même sens : c’est pas possible !

   -La serrure a carrément été fondue, faites gaffe !

   -On prend quoi comme arme ? Demanda quelqu’un.

   -N’importe, tiens, ça !

   Un tintement retentit. Djinshee resta concentrée malgré sa soudaine envie de faire irruption et de récupérer ses biens, qui devaient être là.

   -Allez-y ! Je vais voir de l’autre côté.

   Et ils partirent tous dans la précipitation. Elle attendit qu’ils soient tous assez loin pour sécher son dos, puis mettre fin à sa magie. Elle alla sans hésiter vers cette pièce à présent vide de monde.

   De nombreuses armes prenaient leur appui contre les murs, la pointe de la lame vers le sol. Elles arrivaient quasiment toutes à une hauteur similaire… Sauf son épée double. Elle s’en équipa, rassurée, puis entama la recherche de son poignard. Les autres prisonniers étaient aussi entrés. Elle leur conseilla de prendre de quoi se défendre.

   -Le gars est parti.

   Djinshee releva la tête vers la femme.

   -Il est parti. Répéta-t-elle.

   -Et tu l’as laissé faire ?

   -On ne l’a pas vu faire. Il n’était plus là quand l’ombre a disparu.

   Mais quel idiot, ce mec… Il allait peut-être les mettre dans un bordel pas possible.

   La porte claqua brusquement. Elles sursautèrent. L’Elémentale se prépara aussitôt à attaquer. C’était le vieil homme qui avait prévenu tous ses alliés de leur fuite. Il tourna la clef dans la serrure.


   -Ne faites pas semblant, vous n’allez pas m’attaquer. Dit-il calmement. Il sourit un peu. Et moi non plus. Je suis là pour vous aider.


~872 mots~
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Ven 26 Aoû 2016, 22:58

Djinshee fit un pas vers le vieil homme. Elle tenait fermement son épée dans sa main droite, levée.

  -Pour nous aider… Répéta-t-elle. Et puis quoi, encore ?

  Quel plan avait-il inventé pour leur tendre un piège ?

  -Si cela peut vous rassurer, je m’appelle…

  L’Elémentale le prit par le col et le plaqua contre le mur. Il n’imposa aucune résistance.

  -Ce n’est pas en dégotant un nom que vous allez gagner la confiance de qui que ce soit ici. Si vous voulez nous aider, alors prouver-le. Concrètement.

  -Je vous l’ai dit, vous n’allez pas m’attaquer, dit-il en riant, et si vous pensez que me pousser contre un mur relève d’une attaque, alors je me demande bien ce que vous faites de vos journées, pour être aussi naïve.

  Il lui tapait sur le système. Elle l’aurait bien frappé, mais il avait l’air de savoir pas mal de choses. Même s’il était un ennemi, peut-être pourrait-elle obtenir quelques informations.

  -Croyez-moi, ce n’est pas en répétant que je ne vais pas vous attaquer à tout bout de champ, que…

  -Que vous n’allez rien faire, au contraire. Je sais, je ne dois pas le dire une troisième fois, sinon c’est votre poing que je me prends.

  Long silence. Djinshee le scrutait, impassible.

  -A quoi vous jouez ?

  -Je ne joue pas. Je vais vous aider à sortir. Mais comme vous l’avez si bien dit, il faut que je vous le prouve.

  -Alors je vous écoute. Mais dépêchez-vous.

  -Les poignards, dont celui que vous cherchez sont rangés dans le tiroir, là-bas. Il désigna le meuble du menton. Si l’une de vos amies veut bien aller le chercher… Il continua plus bas, pour que seule l’Elémentale l’entende, tandis que l’autre jeune femme s’exécutait, un peu hésitante. Le votre sera le cinquième qu’elle sortira. Au moment où elle vous le rendra, son amie – qui n’est pas muette, au passage, elle finira par parler – va éternuer. Elle a froid, vous comprenez, et ça fait un moment.

  Le cinquième poignard que la jeune femme sortit fut donc le bon. Elle le tendit à Djinshee, et la muette éternua. La femme de Feu fixa le vieillard, stupéfaite. Un devin. Elle relâcha son étreinte.

  -Pourquoi vous faites ça ?

  -Je vous ai vues, vous trois, et votre panthère, prendre la fuite. Or, il me semble que la seule façon pour que cela se réalise, est d’avoir un allié, en l’occurrence, moi. C’était impossible autrement.

  -Vous allez faire ça, alors que vous êtes pour Sympan ?

  -Je sais par expérience que tenter de modifier l’avenir peut s’avérer néfaste… Notamment pour moi. Et puis bon, les Aetheri ou Sympan… Je mourrai un jour ou l’autre, vous savez…

  Djinshee soupira. S’il souhaitait implorer de la pitié, il se mettait le doigt dans l’œil. Elle n’allait pas le lâcher d’une semelle.

  -D’accord, alors c’est quoi la suite ? Où est la panthère ?

  Le vieux les convia à attendre quelques secondes, sous prétexte que les adorateurs de Sympan trouveraient d’ici peu l’autre prisonnier, et seraient ainsi occupés. Ils entendirent des pas précipités de l’autre côté de la porte, puis des exclamations. Silence. Les trois femmes sortirent à la suite de l’homme. Ce dernier allait vite et discrètement. Il savait ce qu’il faisait. L’Elémentale n’aimait pas ne pas savoir où elle allait, mais elle n’avait pas vraiment eu le choix, surtout qu’elle n’avait pas envie de moisir ici.

  Il les emmena dans un nouveau passage, et leur indiqua la cellule dans laquelle avait été enfermée la bête. Il fit passer Djinshee devant.

  -Vous n’avez pas de clefs ?

  En théorie, défoncer des serrures ne la dérangeait pas, mais il y avait plus discret…

  -Ce n’est pas moi qui me charge de ça.

  -Alors à quoi vous servez ?

  Faisait-il exprès de la faire douter comme ça ? Elle voyait bien que ce n’était pas un imbécile. Ca l’énervait de devoir collaborer avec quelqu’un peu digne de confiance. Néanmoins, elle s’exécuta. Il était hors de question de laisser Enderah dans sa cage. Les deux portes lui cédèrent, avant qu’elle puisse enfin la libérer. La panthère était nerveuse, elle grondait, notamment après ceux qu’elle ne connaissait pas. Elle reçut quelques caresses, qui ne firent cependant rien de son humeur.

  -La suite, demanda sèchement l’Elémentale, comment on sort de ce trou ?

  Elle s’était attendue à devoir le suivre, mais il n’en était rien.

  -Il va vous falloir rebrousser chemin. Vous ne quittez jamais ce couloir, même s’il tourne, vous allez jusqu’au bout. Là-bas, il y a un escalier qui descend. Il parlait de plus en plus bas, et de plus en plus vite. Il mène à un souterrain relié au continent.

  Un souterrain ? La jeune femme ouvrit la bouche, mais fut interrompue. Le vieux leur fit un signe de la main, comme s’il voulait les chasser. Plus loin, des geôliers arrivaient. Djinshee attrapa Enderah par l’une de ses plaques, posa une main sur son museau pour qu’elle se taise et la tira avec elle, au fond de la pièce, là où on ne risquerait pas de les voir tout de suite. Les deux femmes firent de même, mais restaient à distance du félin.

  -Qu’est-ce que tu fais là, toi ?

  -Ils sont partis avec la panthère ! S’écria le vieux, complètement perdu.

  -Et t’as rien fait ?

  -Je viens tout juste d’arriver, la porte était déjà ouverte, et…

  -TAIS-TOI ! Tu mens mal, le vieux. Je sais même pas qui a accepté à ce que tu te joigne à nous. Allez, ramène-toi !

  Le vieil homme disparut, comme aspiré par la porte. Il était toujours en train de « négocier » lorsqu’ils s’éloignèrent. La porte fut violemment claquée. Elle se rouvrit d’elle-même dans un misérable grincement.

  Bon… Il était l’heure de partir.

~955 mots~
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 04 Sep 2016, 15:48

Djinshee marchait vite. Elle avait plus qu’hâte de trouver ce soi-disant tunnel, même si elle avait du mal à y croire. Si celui-ci traversait l’océan, c’était qu’il devait être à une profondeur colossale… Elle préférait ne pas penser aux détails de tout ça pour le moment. Si c’était leur seule issue, alors il faudrait la prendre, pas la peine d’angoisser pour un rien…

   -Sérieusement, vous y croyez ? S’emporta l’une des femmes, derrière elle.

   L’Elémentale s’arrêta et se tourna vers elle, lui faisant signe de faire moins de bruit.

   -Pas plus que vous, mais on n’a rien à perdre à aller voir.

   -Si, du temps.

   -Du temps pour quoi ? S’ils nous trouvent, on les tue, c’est pas compliqué.

   Les deux femmes soupirèrent sur un même ton agacé. Djinshee reprit la marche, Enderah à ses côtés. Elle suivait les instructions qu’on lui avait données : aller tout droit, dans ce même couloir. Rien de plus simple à priori, si ce n’était qu’elle ignorait si elles trouveraient des fanatiques sur leur chemin. C’était une possibilité. Elle ne savait pas combien ils étaient à vivre dans ce souterrain, et même apparemment sur cette île, d’après le vieux, mais ils avaient l’air d’être un certain nombre. Ce qui était sûr, c’était qu’ils étaient bien plus que ceux qui l’avaient faite prisonnière dans le Désert. Elle s’amusa à se rappeler le carnage qu’elle avait fait. Elle aurait pu en laisser un peu plus à Sephiel, mais bon. C’était fait.

   Des voix retentirent derrière elles. Les geôliers n’étaient pas encore visibles, mais ils couraient en leur direction. Enderah gronda immédiatement. Ils accélérèrent, leur pas étaient ponctués par quelques exclamations. Djinshee tira la muette par le bras, la força à s’assoir sur le dos de la panthère, puis prit son amie par le bras. Elle courait. Il n’était plus question d’être discret, mais rapide. Elle usait par petits à-coups de sa vitesse accrue. Le tunnel n’était plus loin. Elle le sentait et elle l’espérait de tout son cœur. Si elle pouvait éviter de se battre, ça serait l’idéal. Elle était fatiguée. Cet endroit était fatiguant. Leurs poursuivants sonnèrent une alarme. « M*rde ». Toute la population de l’île allait rappliquer. Des pas provenaient aussi de l’avant, à présent. Inutile de foncer droit dans le piège. Elle ralentit le pas et dégaina son épée dans un soupir. Elle fit descendre la muette du dos du félin, et lui tendit son poignard. Elle ne faisait presque jamais cela. Cependant, ici, leur aide serait la bienvenue. Et à défaut de savoir s’en servir, les deux femmes pourraient au moins se défendre.


   Les premiers fanatiques firent leur arrivée côté tunnel. Djinshee les regarda avec un certain ennui. Elle tendit le bras dans le sens opposé pour demander à Enderah de s’occuper de l’autre côté. Elle laissa ses cheveux s’enflammer, espérant que cela l’encouragerait à se battre, puis fonça. Les lames s’entrechoquèrent. Djinshee devait faire vite, trouver le plus d’ouvertures possibles. Elle était seule contre six hommes bien équipés, visiblement habitués à la défense. Elle pivota, donnant à son arme un mouvement circulaire et rapide. Elle coupa un bras, et tous les autres parèrent. Le sang gicla. Son corps prit feu avant qu’elle n’ait pu être éclaboussée. Elle se revigora un peu. Ses adversaires avaient un peu reculé. Ils ne devaient plus savoir comment s’en prendre à elle. L’un d’eux souleva brusquement le bras et elle se retrouva projetée en arrière. Elle atterrit lourdement sur Enderah, qui ne bougea pas d’un pouce avec le choc. Cette dernière continua même à se battre. Elle serait bien venue en aide à sa maîtresse, mais elle était tout juste en train d’éventrer quelqu’un. L’Elémentale se releva tant bien que mal. Elle était toujours en flammes. Des cris de protestation se firent de plus en plus clairs. Son regard se dirigea immédiatement vers les deux femmes. La muette était en pleurs, gémissait, terrifiée, cachée derrière son amie qui menaçait les soldats avec le poignard. A son tour, Djinshee les projeta quelques mètres plus loin. Elle s’avança ensuite en leur direction, sa main serrant son épée avec force. A leur niveau, elle la leva et d’un coup sec, la planta dans le cœur du premier, suivi du deuxième. Elle aurait pu les brûler, elle serait allée plus vite. Cependant, s’ils étaient dans un souterrain, mieux valait ne pas gaspiller l’air respirable. Elle n’avait pas la moindre idée de comment était aéré cet endroit. Les quatre derniers se redressèrent précipitamment. Elle s’occupa de deux d’entre eux. Ils bloquaient ses coups avec une agilité étonnante, qu’elle avait rarement vu. Ils ne lui laissaient pas la moindre chance. Ses occasions de les vaincre étaient minces, et elle n’avait pas le temps de les utiliser. Alors qu’elle relançait une nouvelle attaque, elle sentit un objet froid s’enfoncer dans sa hanche. Aussitôt, son corps s’enflamma. Elle lâcha son épée et sa main vînt chercher la lame qui l’avait transpercée. Ce n’était pas un endroit mortel, mais bordel, ça faisait un mal de chien ! La douleur lui faisait toujours perdre ses forces… Autour d’elle, on gueula qu’il ne fallait pas la tuer. C’était qu’ils voulaient les sacrifier à n’importe quel prix… Elle fit un pas en avant pour retirer la lame, se retourna. Elle tenta d’attraper l’insolent par le coup mais n’y parvînt pas. Elle était pliée en deux. Elle entendit le juron que cracha sa camarade immobile. Elle vit des fanatiques entourer les deux femmes tandis qu’on lui donnait un coup dans la tête à l’aide d’un pommeau. Impossible de la toucher, elle était toujours sous sa forme élémentaire. Elle tomba à genoux, puis s’étendit par terre. Elle appela Enderah, haletante, pour lui demander d’arrêter. Le félin rugit contre ses assaillant, résista plusieurs fois. Il était hors de question qu’elle se laisse faire. Djinshee n’insista pas. Elle restait ainsi sans bouger, irritée de s’être fait avoir si facilement. Mais ça lui permettait de récupérer, de réfléchir à un nouveau plan. Elle irait chercher ses camarades dans quelques instants…

~998 mots~
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 02 Oct 2016, 18:25

Elle avait encore mal. Sa blessure se refermait trop lentement à son goût, et c’était en continuant comme ça qu’elle allait perdre toute ses forces. Elles n’étaient déjà pas bien grandes… Les dents serrées, elle chercha un appui. Ses yeux parcoururent les murs, à la recherche d’une torche. Si seulement il y en avait eu une là, juste au-dessus d’elle… Mais non, il fallait qu’elle soit dix mètres plus loin… Il fallait qu’elle se redresse, se déplace jusqu’à elle tout en restant sous sa forme élémentaire pour ne pas que tous ces abrutis ne l’approchent de trop… Elle sentit une force invisible la décoller du sol auréolé de noir. Elle tenta d’abord de rester collée par terre, puis battit des bras, pivota pour se défaire de la télékinésie. Les mouvements qu’elle faisait pour se retourner, se défaire de l’emprise lui causaient des douleurs abdominales atroces, et elle criait comme une tarée qu’on s’apprêtait à égorger. Elle répliqua par le feu lorsqu’on voulut la faire taire par les armes. Elle brûla les cheveux d’un homme, qui semblait être celui qui avait voulu la transporter dans les airs. La télékinésie céda et elle fonça immédiatement vers la torche, en titubant. Elle n’était plus qu’à un mètre… Elle n’était plus loin, et tant mieux parce qu’elle était à bout. Son corps était affaibli, elle n’était plus concentrée sur autre chose que cette torche à la noix, cette simple flamme au bout d’un bâton. Elle était si concentrée qu’elle en oublia de brûler. Elle reprit sa forme humaine et sentit aussitôt un poids la plaquer violemment contre le sol. Du choc s’ensuivit d’un hoquet douloureux. Elle était à deux doigts de vomir. Elle prit du temps pour réussir à reprendre sa forme élémentaire. L’homme sur elle hurla – dans ses oreilles – et roula sur le côté. Sa main de feu glissa vers lui pour le faire taire. Elle l’attrapa par l’épaule, la serra fort, se traîna vers lui pour enfin atteindre son cou. Il lui cassa les oreilles. Autour d’eux, les fanatiques se rassemblaient. Elle lança une boule de feu au hasard dans l’assemblée. Elle qui n’avait pas voulu gaspiller l’air de ces souterrains, elle avait suivi son plan à merveille… Elle se reconcentra sur sa victime, qui prenait pas mal de temps à mourir. M’enfin, le principal était qu’elle meure. Elle avait autre chose à faire, elle était crevée. Sa blessure lui faisait un peu – un peu – moins mal à présent, mais c’était peut-être avec l’habitude. Elle reçut un coup de pieds dans les côtes lorsqu’elle tenta de se redresser. Elle retomba mollement par terre et plaqua ses deux mains contre sa bouche. Elle allait vomir, elle allait vomir… voilà. De nouveau, elle se sentit décollée du sol. Elle tendit aussitôt le bras vers la torche. Celle-ci s’arracha de son socle et vola jusqu’à elle. Enfin, elle aurait pu voler jusqu’à elle si l’un de ses assaillants ne s’en était pas emparée. Elle perdait totalement le contrôle. Elle n’avait pas d’armes – d’ailleurs, voir son épée par terre la faisait enrager – et elle était à bout. Il y avait une solution, il y en avait forcément une ! Son cerveau tournait à plein régime, tandis qu’on l’éloignait de l’homme qui la narguait avec cette foutue torche. Son corps s’éteignit. Des ricanements retentirent autour d’elle. Des ricanements de victoire… Il y avait une solution. Elle pourrait bien utiliser sa magie, quelque chose qui ne lui coûterait pas grand-chose…


   Les cloches. Ca ils ne comprendraient pas. Elle ferma les yeux. Elle n’utilisait jamais ce pouvoir. Par les Aetheri, qu’est-ce qu’il était stupide, ce pouvoir… Elle ne comprenait toujours pas comment est-ce qu’elle avait pu réussir à l’acquérir… Le premier tintement retentit, timide, puis un autre le seconda, puis encore un autre, et un autre... Le tout se transforma en un vacarme insupportable. Djinshee sentit l’agitation qui gagnait le groupe de fanatiques. Elle se transforma soudainement en sapin. Le mage qui la portait dû en être très surpris, puisqu’il la lâcha. A peine tombée, l’Elémentale bondit et fonça tant bien que mal vers une nouvelle torche. Le couloir était peu à peu envahi par toutes sortes de personnes, hommes et femmes, qu’elle poussait sans aucun respect. A son geste, on répondait par des exclamations outrées, parfois par des insultes assez ridicules, car ils ne comprenaient pas sa précipitation. Ces invocations étaient vraiment exaspérantes, mais au moins, elles ralentissaient aussi ses ennemis. Haletante, Djinshee s’appuya contre le mur. Il ne lui restait plus qu’à lever le bras… Elle sourit de soulagement. Un sentiment de plénitude la submergea, les maux s’atténuèrent, sa respiration se calma. Elle pensait avoir l’habitude de la torche, la méthode à priori simple et devenue peu originale pour se régénérer ; elle n’avait jamais autant morflé pour en atteindre une.

~794 mots~
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 20 Nov 2016, 12:43

 -Mademoiselle, pourriez-vous… vous… éteindre, s’il vous plaît ?


   -Mais qu’est-ce qu’il fait chaud !


   -Qu’est-ce qu’il se passe ?


   -Par tous les Dieux, qu’on nous fasse sortir d’ici ! L’air est irrespirable !


   -AAAAAHH !!! Un… il y a du sang et des cadavres…


   Cette dernière phrase refroidit le tumulte ambiant, qui continuait néanmoins d’être un tumulte. Après un moment de flottement, il s’intensifia. Les cloches continuaient allègrement leur concert dissonant.


   -Poussez-vous ! POUSSEZ-VOUS ! Hurlaient les fanatiques, hors d’eux.


   La foule protestait sur leur passage. Djinshee reprit une forme convenable. Elle vit des armes se lever et des sifflements secs résonner dans le tunnel. La jeune femme fut emportée par le mouvement de panique. Elle résista, sans grand succès puis se plaqua contre le mur. Ils allaient dans le mauvais sens. Elle avait une épée à récupérer. Elle pourrait ensuite aller chercher Enderah, ses camarades et son poignard. Elle fit apparaître quelques flammes sur ses mains, balaya l’espace autour d’elle. Devant sa position agressive, ses invocations la contournaient comme la peste. D’autres restaient figés, terrifiés, persuadés que leur fin était venue. Sa progression était lente. Si elle pouvait éviter de recroiser ses assaillants, ça n’était qu’à son avantage. Le parcours d’une quinzaine de mètres tout au plus fut long et éprouvant. Elle restait les jambes fléchies, à moitié baissée. Elle se pencha enfin pour récupérer ses biens et fit aussitôt demi-tour. Bon, maintenant, les autres. Elle rêvait de brûler ou faucher tout ce qui se mettait en travers de son chemin. Elle se réservait ce plaisir pour le retour, lorsqu’il leur faudrait quitter cet endroit infâme. Certains muscles crispés commençaient à devenir douloureux. Elle pressait les gens comme elle le pouvait. Le concert de ses propres cloches commençait sérieusement à la saouler. Vite, vite. Allez… Lorsque la densité de la foule diminua, elle se redressa et entama un sprint. Elle courait sans trop réfléchir. Elle pensait à peu près savoir où trouver ses camarades. Elle avait compris la géographie des souterrains. Elle tourna et manqua quelques fois de glisser à cause de l’humidité. Elle croisa un groupe allant en sens inverse, décapita l’un, brûla l’autre au cou, éventra le troisième, tourna pour faire subir le même sort au quatrième, et ainsi de suite. Elle reçut deux entailles aux bras, mais tînt bon et ne prit le temps de se soigner qu’une fois qu’ils furent tous éliminés et qu’une mare de leurs sangs mêlés s’étendait sur la pierre. Elle fonça de nouveau. Son cœur battait à tout rompre, elle défonçait chaque porte qu’elle voyait, tuait si nécessaire. Elle prit beaucoup de temps, il lui semblait, pour retrouver ceux qu’elle cherchait. Les fanatiques n’avaient même pas séparé Enderah des deux femmes. Elles étaient toutes les trois enchaînées, et surveillées par cinq adorateurs de Sympan. Djinshee ne joua pas aux discrètes et les tua un à un comme son instinct décidait de les tuer. C’était assez dégueulasse. Une boucherie. Cinq steaks hachés saignants. Il n’y avait pas vraiment meilleure description possible. Elle ne reprit pas son souffle et s’attaqua aussitôt aux liens des prisonnières, faisant fondre les chaines en plein milieu, sauf pour la panthère qui ne craignait pas d’être brûlée.


   -Je vous ferai ça propre plus tard. On se casse.


   Elle tira les deux femmes par le bras, les força à monter sur Enderah et reprit sa course. La panthère suivait parfaitement, elle n’avait même pas besoin de faire d’efforts pour aller à sa vitesse. Djinshee prépara ses mains. Elle était trop essoufflée pour pouvoir sourire, mais elle avait hâte… Elles s’approchaient du tumulte. Bientôt, l’Elémentale put voir la foule, en proie d’une affreuse panique. Il y avait pas mal de cadavres par terre. C’était parti… Djinshee tendit ses mains devant elle. Un rayon incandescent transperça la masse humaine. Elle répéta plusieurs fois l’opération, plaisante de par son efficacité. Elle avançait toujours aussi vite, enjambant les corps, alla au-delà. A partir d’ici, elle ne connaissait plus rien. Mais elle trouverait. Elle était déterminée, plus que jamais.


 
   -Nous y voilà… Haleta-t-elle.


   Bizarrement, elle était refroidie. Ella avait les yeux rivés sur le plafond du large tunnel qui était censé les ramener à la liberté. Il… Il y avait un océan, au-dessus, c’était ça ?


   -On y va ?


   -Euh… Oui…


   -Ne me dites pas que vous avez peur…



   Djinshee lui lança un regard noir. Evidemment que si, elle avait peur. Mais était-il nécessaire de se décrédibiliser ? Un peu hésitante, elle s’engagea dans le passage. Bon sang… Que foutait-elle ici ? Bon sang, bon sang… et si… et si ça s’effondrait ? Bon sang… Alors voilà, elle défonçait des pro-Sympan, et les Aetheri la balançaient sous l’eau ? Elle avait du mal à rester calme. Sa respiration était irrégulière. Bon sang… Et quelle longueur faisait ce tunnel, au juste ?


~798 mots~
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Quête Event 2016] Libérer la foi [Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Apres la pluie, le Beau temps ( Quête évent solo )
» Sur un arbre perché... [Event I - Quête Solo Aaliah Z'Odra]
» ¤ A mort! [Quête solo partie III event] ¤
» Et les eaux les engloutirent [Quête solo Event]
» Quête solo, Évent II : le temps tourne
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Ouest-