Seule dans sa chambre, Lilith avait fini par s’allonger sur le lit, atterrée. Comment avait-elle pu rester dans pareille situation ? Quatre murs au sein desquels, volontairement, la rouquine s’était jetée. C’était une plaisanterie ? Une angoisse telle qu’en temps normal, la rouquine aurait simplement et purement penser à étriper quiconque lui aurait imposer pareil vécu. Et à présent, allongée sur le lit… La rouquine savait que c’était bien elle qui se l’imposait. La main sur les yeux, la pirate tentait d’évacuait toute cette pression. D’ailleurs, nerveusement, elle bougeait la jambe pour se calmer. Cette oppression sur elle la rendait folle. D’un coup, quelques coups résonnèrent contre sa porte. Lilith se redressa lentement, toujours assommée par l’étroitesse de la pièce. La rouquine se leva alors péniblement pour se diriger vers l’entrée. Toutefois, elle n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit que l’invitée avait déjà pris la liberté de prendre possession des lieux. Norah…
Lilith lui fit un signe de tête pour la saluer à nouveau, dans la mesure où elle était toujours privée de parole. Lorsque la démone s’immisça dans sa chambre, elle posa une question à laquelle la rouquine ne pouvait évidemment apporter de réponse. Aussi, elle se contenta d’un haussement d’épaule pour signifier son indifférence. A vrai dire, s’ennuyer n’était pas vraiment la première chose à laquelle l’orisha avait songé. La rouquine n’était néanmoins pas tout à fait mécontente de ne plus être seule.
Les bras croisés, la jeune pirate observa d’ailleurs cette dernière faire un pas vers elle sans cacher un sourire d’amusement. Elle tenta de riposter avant de froncer les sourcils constatant qu’aucun son ne sortait de ses lèvres… Ce n’était qu’une question de temps… Du moins elle l’espérait… Mais rater un échange de ce type alors qu’elle aurait pu en faire des échanges verbaux plus qu’intéressant l’exaspérait.
Ce n’était plus un affront que lui avait fait leur hôtesse, mais simplement même une torture… Une privation de liberté de la sorte.. C’était… terrible. Privée de jeux de mots ou de toute autre façon de réagir… La pirate la laissa caresser ses lèvres avec un léger sourire. Mais… Au juste, elle voulait tromper l’ennui de quelle manière, la démone ? Entre l’invitation dans sa chambre et les attouchements naturels que cette dernière tentait auprès d’elle…
A mesure de ses paroles légères, ses gestes le devinrent encore plus. Si la capitaine ne doutait pas de son pouvoir de séduction, elle n’en attendait pas tant… Pauvre petite…. Elle sentait donc négligée ? C’était si triste…
Son sourire devint plus taquin alors qu’elle s’inclina face à elle pour lui indiquer qu’en effet, la démone pouvait lui être reconnaissante qu’elle ait fait les frais de l’attention de la maîtresse de maison. Lilith pencha la tête sans chercher à se reculer lorsque la démone se mt à jouer avec ses cheveux. Soit cette dernière jouait à merveille, et aucune trace de bluff n’était visible sur son visage, soit… Eh bien soit en effet, ses propos ne dissimulaient rien d’autre que ce que la récente capitaine ne pouvait que comprendre…
Aussi, profitant de son mutisme qu’elle espérait toujours temporaire, Lilith se contenta de lui adresser un sourire enjôleur et saisit la main tendue par son interlocutrice avant de claquer la seconde sur le fessier de la démone en lui adressant un clin d’œil. Non pas que la compagnie de Norah ne soit pas divertissante, mais à l’évidence, sans l’art de la parole, et sa volonté de se montrer taquine.. Il ne manquerait que de peu le fait de passer une nuit sans doute inoubliable, mais absolument pas dans ses projets réels… Elle ouvrit alors la porte et l’invita à sortir pour lui indiquer qu’elle souhaitait retrouver son ami, espérant tout de même que Norah la suive. Donner les détails d’une quelconque explication serait sans doute bien plus complexe… Il ne restait à présent qu’à tirer Azraël des griffes de leur hôtesse.
Et en effet, un peu plus loin, ce dernier était toujours en compagnie d’Abelas. La veuve noire avançait toujours aussi majestueusement devant eux, terriblement envoûtante. Sans laisser le temps à Azraël de répondre, la dame de la maison finit par répondre la parole. - Simplement dans un endroit à l’abri de toute autre distraction, jeune homme… Vous n’avez pas de quoi vous plaindre…
Azraël eut un court instant un sourire béat, avant de se ressaisir… En effet, comment allait les deux autres ? C’était une question qu’il avait du mal à évacuer..
- J’aimerai autant ne pas être séparé du reste du groupe… - C’est juste le temps de quelques heures… - Même… C’est…
L’hôtesse s’approcha d’eux et passa ses mains sur son torse. - Je t’assure que tu ne le regretteras pas…
Alors que les deux hommes longeait l’éternel couloir à la suite de la maîtresse des lieux, ils ne tardèrent guère à arriver face à trois portes. La femme s'accommoda de celle qui se situait à gauche d'une main douce. Elle se tourna aussitôt pour poser les yeux sur le jeune alfar, un sourire enjôleur aux lèvres.
« Je t'en prie, entre donc. Il s'agit là de ta chambre après tout. »
annonça-t-elle. Le garçon s’exécuta d'un pas hésitant, empreint d'une certaine appréhension. La veuve noire se positionna dans le dos de celui-ci, plaçant ses mains sur chacune de ses épaules.
« Ne t'en fais pas, tout ira bien. »
ajouta-t-elle, plus pour chasser les doutes engendrés par la peur de son interlocuteur. Enfin, la maîtresse fit quelques pas en arrière afin de rallier la couloir, avant de fermer la porte derrière elle.
« Quant à vous, suivez-moi, c'est juste à côté. »
intona-t-elle avant de se diriger vers la deuxième porte, qui ornait le centre du mur aux côtés de ses sœurs. D'un geste aussi leste que délicat, elle l'ouvrit, avant de saisir la main d'Azraël pour l'inciter à entrer. « J'ose espérer que vous trouverez cette suite à votre goût. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites-le moi savoir. » déclara-t-elle avant de tourner les talons.
Quelques pas suffirent à creuser la distance entre l'homme et la porte, que la femme se fit une joie de fermer une fois qu'elle l'eut passée pour rejoindre le couloir. Puis, elle se dirigea à nouveau vers la chambre où elle avait laissé Abelas, frappant de quelques coups à la porte avant de tourner lentement la poignée. A cela, l'adolescent ne pu s'en retrouver que d'autant plus surpris. Après tout, il ne s'attendait pas à la voir arriver de si tôt.
« Tout va bien ? »
demanda-t-elle un sourire qui se voulait être rassurant aux lèvres.
« J'imagine que tu dois avoir peur… Seul dans cette pièce… »
continuait la veuve.
« Ne t'en fais surtout pas… Je vais rester avec toi jusqu'à ce que tes paupières daignent se fermer... »
proposa-t-elle avant d'approcher son interlocuteur d'un pas lent qui ne pouvait que donner l'impression que le temps ne s'écoulait désormais plus qu'au ralentit, si toutefois il s'écoulait encore. Les mains sur le torse du garçon, elle le débarrassa d'une couche de vêtement avant de déboutonner avec délicatesse son haut qui ne tarda guère à lui faire défaut à son tour, tombant au sol pour dévoiler son torse nu. Quelques instants durant, la femme observa chaque détail que sa peau voulait bien lui montrer avant de le pousser avec douceur afin de le faire chuter sur l'imposant lit qui trônait au centre de la pièce.
De leur côté, la jeune femme et l'orisha étaient bien décidées à quitter leur prison dorée que représentaient leurs chambres. De ce fait, la démone tendu une main à la fille ardente qui ne tarda guère à la saisir avant d'user de sa main libre pour un geste plus ou moins surprenant, qui ne manqua gère d'arracher un léger rire à Norah. Enfin, les deux jeunes femmes pouvaient s'accommoder du long couloir qu'avaient emprunté leurs comparses un peu plus tôt. Une à une, elles ouvraient chacune des portes qui ornaient les murs bordant leur passage, sans pour autant que le résultat en soit fructueux, essuyant ainsi à maintes reprises un échec cuisant . Ce n'est qu'au bout de longues minutes qu'elles arrivèrent à leur tour devant les trois fameuses portes. La démone croisa alors les bras tandis que ses yeux effectuaient quelques aller-retours entre celles-ci.
« Il serait problématique d'entrer dans la mauvaise chambre, et que notre chère maîtresse des lieux nous entendent… Sans aucun doute, elle adopterait de toutes nouvelles intentions. »
expliqua-t-elle.
« Séparons-nous. Je te laisse t'occuper de cette chambre. »
proposa-t-elle en montrant la porte de gauche.
« Quant à moi, je m'occupe de celle-ci. »
fit-elle, un sourire des plus carnassier fendant son faciès.
« Celle qui tombe sur le gros morceau crie un bon coup… Il faut savoir partager. »
ajouta-t-elle, guettant son interlocutrice du coin de l’œil, un sourire taquin aux lèvres.
Quelques instants où seul le silence régnait prirent fin lorsque la démone poussa la porte, dévoilant ainsi le paysage qui différait entre chaque chambre de ce manoir, qui donnait l'impression de changer de monde à chaque clignement de paupière. Rapidement, ses mirettes furent attirées par un élément qui perturbait le décor. Une silhouette masculine qui n'était autre que celle du compagnon de la fille ardente se tenait là. Nulle autre personne à l'horizon… Il était seul. Un léger soupir de satisfaction s'échappa d'entre les lèvres de la jeune femme, avant que celle-ci ne passe une main dans ses cheveux.
« Eh bien… Si je suis tombée sur vous, et que nous sommes seuls… Cela veut dire que... »
fit-elle, ne prenant guère la peine de finir sa phrase.
« Une véritable surprise ! »
s'exclama-t-elle tandis que ses bras s'élancèrent dans les airs d'une gestuelle théâtrale.
« Vraiment… J'avais l'impression d'ouvrir un paquet surprise… Qu'y-a-t-il à l'intérieur ? Ouvrez-le donc pour le savoir ! »
continuait-elle tandis que ses gestes se poursuivaient de manière à imager ses paroles. Tout, jusqu'à sa voix elle-même s’imprégnaient pleinement de son rôle. La démone laissa échapper un léger rire avant de reprendre contenance, les bras croisés sur sa poitrine. Un sourire enjôleur se dessinait sur ses lèvres sulfureuses tandis qu'elle dévorait l'homme du regard.
« Dommage que le temps et le moment ne se prêtent pas à ce que nous puissions faire plus ample connaissance, vous et moi... »
Azraël était toujours dans ce couloir, sans doute à se demander pourquoi il se trouvait là… Comment avait-il pu se laisser embarquer dans cette histoire ? Avec un gosse et Lilith… La mâchoire serrée, les poings fermés, il fut dans l’incapacité pourtant d’empêcher ce qui était en train de se produire. Et d’un geste de tête, il ne put que valider ce qui venait de se produire.
- T’en fais pas, gamin, tout ira bien, ouais…
Il n’en savait absolument rien.. Mais pour autant… Il l’espérait… les démons.. Les Enfers.. Etait-ce réellement anormal de se trouver dans une telle situation… Cette race n’était que le mal incarnée, des pourritures… Et pourtant, il suivait, sans broncher. Hypnotisé par la veuve noire, il se laissait guidé sans même réfléchir. Il se laissa même prendre la main, crispé, mais pour autant, incapable de prendre de la distance. A son tour, il pénétra dans sa chambre, et, une fois la porte fermée, il passa la main sur son visage. Il fallait qu’il sorte d’ici… Qu’il se ressaisisse..
A quelques pas de là, Lilith déambulait dans les couloirs aux côtés de Norah. Malgré le sourire flottant sur son visage, elle ressentait une forme d’inquiétude… Finalement, elle se rendait compte que si, de son côté, le réprouvé avait toujours su être là pour elle, l’inverse n’était pas vrai. Et perdre son ami pour un simple jeu lui retournait l’estomac bien plus qu’elle ne l’aurait pensé.
Par réflexe, Lilith haussa les épaules en écoutant la démone. - Mouais… Bah écoute… Vu les lieux, au pire, nous pourrions être là pour profiter d’un peu de bon temps.
Surprise de pouvoir enfin émettre un son, la pirate porta sa main à sa gorge. - Bordel… Ca a été les minutes les plus longues de ma vie… Je ne suis pas faite pour être muette…
C’était presque une renaissance tant la rouquine se sentait soulagée. Lilith adressa un sourire enjôleur à son interlocutrice et prit un ton proche de la réprimande.
- Et tu as fait la vilaine fille toi… Tu me provoques lorsque je ne suis pas en position de te répondre ? Tu avais donc peur d’une riposte éventuelle, ma belle ?
Le rire de la rouquine retentit alors qu’elle fixait la porte.
- Tout dépend ce que tu appelles le gros morceau… Et je ne sais absolument pas partager, je suis très exclusive, tu l’apprendras sans doute si on se voit assez de temps…
Après un nouveau rire, la jeune orisha pénétra dans la chambre désignée par Norah. Le regard habitué à l’obscurité, la scène qu’elle avait devant elle l’ulcéra. Un abus de ce type et à cet âge… Lilith sentit son sang bouillir. Pour rien au monde, la capitaine ne se serait considérée comme une justicière… Et à vrai dire, si l’adolescent s’avérait être consentant, la situation l’aurait sans doute plutôt amusée qu’autre chose. Toutefois, cet abus, cette violation de la liberté d’agir qui lui était si chère prenait clairement le dessus au point de rendre les choses difficilement supportables. Aussi, les mains posées négligemment autour de sa ceinture pour se saisir de ses dagues le plus rapidement possible en cas de besoin. L’effet de l’aliénation s’était dissipée en même temps que son mutisme.
- Bah alors ma vieille, je ne savais pas que les puceaux t’attiraient tant que ça…
Elle se rapprocha d’elle pour passer ses mains sur ses épaules, simulant un massage qui se voulait bien plus menaçant.
- Abelas… Ta mère doit t’attendre dans la chambre d’à côté, tu devrais t’y rendre.
Le ton employé ressemblait davantage à un ordre qu’à un conseil tant la colère prenait le dessus. Quant à la qualification de « mère », il visait davantage à infantiliser plus encore le jeune alfar qui lui semblait beaucoup trop perdu… Lui qui rougissait pour des simples cheveux ébouriffés…
- Je ne crois pas vous avoir invitée, et au contraire je vous ai logée et nourrie. Vous devriez être reconnaissante… - Mais je le sais… Et je suis prête à vous démontrer ô combien je le suis…
Le ton de la rouquine devenait plus suave, tandis qu’une nouvelle fois, elle réitira sa demande à l’intention de l’adolescent.
- Dis-moi mon chou… Ce serait bien que tu te presses un peu.. Au pire tu peux dire que je suis tombée sur le gros morceau… Elle comprendra…
Quoique fasse l’alfar, la chambre adjacente n’était pas en reste… En effet, le réprouvé se tenait toujours la tête entre les mains et se redressa d’un bond lorsqu’une personne pénétra dans sa chambre. Il n’en revint pas de croiser le regard de la démone. Son regard se durcit lorsqu’il croisa celui de Norah.
- Une surprise. En effet…
Il la laissa mener sa danse théâtrale et, une fois que celle-ci eut terminé, un sourire malsain se dessina sur son visage tandis qu’il saisit la démone par les épaules pour la faire basculer sur le lit et la surplomber. Il la bloqua un instant entre ses bras et lui adressa un sourire féroce. Cette partie de lui-même qu’il refoulait s’exprimait cette fois bien plus librement.
- Je doute que vous souhaitiez sincèrement que nous fassions connaissance de façon approfondie.. Vous souhaitez réellement voir à l’intérieur… Ça peut se faire… Et ce sera sans doute réciproque… En revanche, je risque d’avoir une interprétation bien plus littérale…
Il se redressa alors, libérant Norah de son étreinte et lui tendit le bras pour qu’elle le saisisse.
- Maintenant, si vous le permettez et si cet interlude est bien terminé, il me semble que nous avons beaucoup à faire.
Alors que les deux jeunes femmes se tenaient devant les portes qui les mèneraient à leur objectif, Norah instaura un plan se sûreté, auquel contre toute attente, la fille ardente répondit de vive voix. La jeune femme écarquilla légèrement les yeux tandis que sa comparse semblait tout aussi surprise de ce revirement.
« Eh bien… Il semblerait que tu aies retrouvé la parole. L'oiseau pourra de nouveau chanter. »
lança-t-elle sur un ton légèrement taquin. C'était une étrange comparaison, bien trop poétique pour sortir de la bouche d'un être de son acabit. Aussitôt, Lilith s'empressa de réagir aux précédentes boutades de la démone. Norah ne pu s'empêcher d'éclater de rire.
« Oh non… Loin de moi cette idée. Je me ferais un véritable plaisir que d'écouter ce que tu as à dire. Puis… Tu n'étais pas réellement sans défense me semble-t-il. »
répondit-elle tandis que ses yeux parcourait de nouveau la silhouette de son interlocutrice, un sourire ornait ses lèvres en juste réponse à celui de la pirate. Enfin, les deux jeunes femmes se concentrèrent plus avant sur la raison de leur venue. La jeune femme esquissa un léger sourire en coin tandis que la fille énonçait un fait la concernant.
« Je n'en doute pas un seul instant. Espérons que je puisse un jour l'entrevoir de mes yeux. »
rétorqua-t-elle avant d’emboîter le pas.
Rapidement, la jeune femme pénétra dans la chambre et se retrouva face au compagnon de la fille ardente. A sa grande surprise, lorsqu'elle eut fini son interaction théâtrale, l'homme la saisit par les épaules avant de la faire chuter sur le lit. Tandis qu'elle se trouvait être prisonnière de ses bras, elle demeura quelques instants les yeux grand ouverts. Puis, un sourire vint enfin fendre son faciès.
« Eh bien… Vous êtes bien entreprenant tout d'un coup. Serait-ce là une réponse à mon souhait, qui nous vient du plus profond de vous ? »
demanda-t-elle conservant cette expression carnassière.
« Je vous assure qu'il s'agit là d'un désir profond qui n'est autre que le mien. Je veux vous connaître, sans que le moindre détail ne puisse m'échapper. »
annonça-t-elle redoublant d'ambition. Enfin, le réprouvé se redressa avant de tendre une main, que la démone se fit un plaisir de saisir avant de s'approcher de lui de manière à ce que quelques centimètres seulement séparent leurs silhouettes. Ses mirettes étaient droitement plongées dans les siennes.
De son côté, l'alfar n'était guère mieux loti. Cerné entre les griffes menaçantes de la veuve noire qui n'était autre que ses mains qui parcouraient son corps avec une douceur et une assurance certaine. Soudain, la porte s'ouvrit, laissant apparaître la silhouette de Lilith dans l'encadrement, avant que celle-ci ne s'avance plus avant. Sans trop tarder, elle invita l'adolescent à sortir de la pièce tandis qu'elle s'employait à masser leur hôtesse. Le garçon se montrait d'autant plus hésitant. L'emprise que la maîtresse de maison avait sur lui luttait de concert face aux paroles de la fille. De plus, quand bien même il était impuissant et ne pouvait qu'incarner un fardeau, Abelas n'avait nullement envie d'abandonner la fille ardente à la veuve noire. Malgré l'attirance qu'il pouvait ressentir à l'égard de l'hôtesse, il ne pouvait s'empêcher de sentir une forme de danger émanant de sa personne. A nouveau, Lilith renouvela sa demande. Ce n'est qu'à l'annonce du terme dont elle avait fait usage qu'il pu se décider. Si Norah pouvait d'une manière ou d'une autre porter secours à la fille, dans ce cas, il n'hésiterait pas un instant. Aussitôt, il se redressa rapidement avant de montrer son approbation d'un signe de tête à son interlocutrice, entamant par la suite une course folle en direction de la chambre adjacente.
L'adolescent ouvrit la porte d'une manière pour le moins brutale avant de s'engager dans l'encadrement. La jeune femme dirigea aussitôt son regard sur son compagnon et un léger sourire ne tarda guère à se dessiner sur ses lèvres.
« Eh bien… Tu en as mis du temps, Abe. »
lança-t-elle d'un ton taquin. L'alfar à bout de souffle tenait tant bien que mal d'exprimer sa détresse par des gestes tout aussi maladroits que ses mots.
« Lilith… Elle m'as dit… Elle…- »
bégayait-il. Un léger rire s'échappa d'entre les lèvres de la démone.
« Respires, voyons… Tu vas manquer d'air sinon. »
fit-elle ne dissimulant rien de l'ironie. Le garçon prit une grande inspiration et quelques instants suffirent à ce qu'il reprenne le peu de contenance qui lui était possible de faire preuve dans une telle situation.
« Lilith est en danger... Elle est avec... »
il marqua une pause, se souvenant des mots de celle-ci.
« Elle m'as dit de te dire... Qu'elle était tombée sur le gros morceau. »
annonça-t-il quelques peu secoué. Dès lors, un sourire des plus carnassier fendait les faciès de la jeune femme.
« Tiens... Je ne l'ai pas entendue crier pourtant. »
rétorqua-t-elle faussement, d'un ton taquin empreint d'ironie.
« Eh bien… Il semblerait que pour l'heure… Nous ayons un peu de travail. »
lança-t-elle tandis qu'elle guettait Azraël du coin de l’œil.
Sans plus tarder, le trio se dirigea vers la porte de la chambre adjacente, qui se trouvait être entrouverte, tout du moins pas correctement fermée. Norah conservait cette même expression tandis qu'elle enfonça la porte d'un grand coup de pied en hurlant de joie, comme si le temps était à la fête. Enfin, ils pouvaient désormais s'engager dans la chambre où un lit trônait au centre. La jeune femme réduisit la distance qui la séparait de la fille ardente et de leur hôtesse de quelques foulées.
« Je ne dirais que pas qu'il s'agit là d'un plaisir que de vous revoir, très chère… Ce serait vous mentir. Laissez-moi donc vous éclairer. »
fit-elle un léger sourire en coin. La démone effectua alors une courbette d'un geste théâtral.
« C'est un véritable déplaisir que de vous revoir, ma chère. »
annonça-t-elle, un sourire colossal aux lèvres. Abelas grimaçait, pas convaincu qu'il s'agissait là d'un agissement des plus pertinents. Tous ignoraient les capacités de la veuve noire, et mise à part leur supériorité numérique, ils conservaient nul avantage. Il dirigea ses mirettes verdâtres sur la fille ardente, quelques peu inquiété par sa proximité avec la maîtresse des lieux. Le regard de Norah s'attarda à son tour sur Lilith.
Alors qu’Azraël surplombait toujours la démone, son visage se durcissait. Sa réponse ne le surprit que peu tandis qu’il continuait à se fermer.
- Vous ne voyez que ce que vous avez envie de voir et interpréter la réalité au simple gré de vos envies. Libre à vous. Mais ne me mêlez pas à ces fadaises, encore moins en interprétant de la façon la plus farfelue qui soit mon comportement.
Son sourire devint alors plus mauvais lorsque Norah continua à s’exprimer. - Et bien, il faut croire que ce désir profond n’est pas réciproque, vous, comme toute votre race, vous n’avez rien à faire sur ces terres. Depuis quand un démon s’intéresse-t-il à quelqu’un d’autre ? Je doute que ce soit le cas. Dans votre cas, vous collectionnez les amants comme autant de trophées. Vous voulez me connaître ? Eh bien vous apprendrez au moins une chose… Ca… Je m’en fous royalement.
A peine débout que la démone entamait une nouvelle fois cette relation de proximité qu’il n’entretenait guère. Il la dévisageait avec cette forme de fureur et il eut à peine le temps de se retourner pour ne plus prêter attention à cette dernière que le jeune alfar fit irruption dans la chambre. Si le réprouvé parut dans un premier temps soulagé par une intervention tierce bienvenue, tout de suite, il se mit à blêmir au nom de la rouquine.
- Lilith ?!
Un nouveau regard assassin se forma à nouveau à l’intention de Norah.
- Vous tenez vraiment à faire de l’humour aussi malvenu maintenant ?... Abelas.. Qu’est ce qu’il se passe ?
Les premiers mots en guise de réponse le mirent dans une colère noire, et il pointa du doigt la démone.
- Je te jure que si vous m’avez fait perdre un temps précieux qui aura la moindre conséquence sur elle… Qu’importe les moyens, mais vous le paierez. Très cher.
Le ton était glacial tandis qu’il empoigna le jeune garçon sans écouter un mot supplémentaire de Norah.
- Où est-elle ?
Tout de suite, l’Alfar les guida vers sa propre chambre, devinant à présent à peu près l’échange de bons procédés qui avait pu se produire quelques temps auparavant entre les deux jeunes femmes. Il poussa un soupir de soulagement, alors qu’il constatait que visiblement, rien n’avait pu se produire. Lilith haussa un sourcil en apercevant son compagnon, légèrement étonnée de sa présence.
- Bah alors mon grand, t’as passé un peu de bon temps avec ta nouvelle amie ? - Ouais… C’est ça oui… préféra t il grogner tout en taisant tout ce qui pouvait se rapporter de près ou de loin à l’incident précédent.
Pour cette raison, il préféra croiser les bras et se taire face à l’attitude provocatrice de sa dernière acolyte, laquelle occupait à présent l’espace auprès de la veuve noire. Celle-ci parut d’ailleurs fort contrariée de se retrouver avec l’ensemble de ses invités qu’elle avait pourtant pris soin de séparer quelques minutes plus tôt.
- Je peux vous renvoyer la politesse, très chère. Votre présence ici-même n’était pas escomptée. Et ce n’est pas la seule qui est de trop en ces lieux..
Son regard se porta alors sur la capitaine qui continuait pourtant à arborer une attitude particulière à son égard, celle-ci n’ayant pas supporté l’abus précédent dont elle avait été témoin. Pourtant, ce fut à Norah qu’elle adressa ses prochains mots, en riant.
- Si tu ne t’écoutais pas parler sans arrêt ma jolie, peut-être que tu aurais eu l’occasion d’entendre le son de ma voix…
Lilith lui adressa alors un clin d’œil et s’installa sur le large lit en croisant les jambes.
- J’ai l’impression qu’il y aurait sans doute un malentendu entre nous, chère hôtesse. Je ne sais pas pourquoi, mais il y a une sensation de malaise qu’il conviendrait sans doute de dissiper.
Le réprouvé quitta sa posture pour se rapprocher de son amie. Ces lieux… il en avait entendu parler.. La courte présentation de Norah lui revint en tête, ainsi que certaines des légendes qu’il avait pu entendre durant son enfance. Préoccupé par bien d’autres maux à l’époque, cela avait bien entendu était le cadet de ses soucis…
- La veuve noire… C’est donc vous… Cette maison est réputée pour ne laisser sortir personne.
En haussant les épaules, l’orisha grimaça légèrement.
- Ca risque de poser souci.. Je suis plutôt claustrophobe…
Si elle le présentait sur le ton de l’humour, cette peur n’en était pas moins réelle.
- Il y a sans doute un moyen de trouver un arrangement. En revanche, Az… Le mutisme… C’était bien moi qui en avait souffert.. Pas toi, ça aurait été sympa d’en parler plus tôt ! - Je t’avais dis de ne pas venir ici, c’était suffisant…
La maîtresse des lieux s’interposa alors avec un sourire énigmatique.
- Taisez-vous… Ici, je suis seule décisionnaire… Et, soit vous resterez avec moi… Soit vous me comblez.
Alors que l'homme l'emprisonnait encore, ses arguments ne surprenaient en rien la démone, qui conservait ce même sourire carnassier. Puis rapidement, le jeune alfar vint les interrompre. Dès cet instant, le réprouvé semblait être plongé dans une colère noire. Aussi, il ne manqua guère de faire parvenir à la jeune femme son ressenti, qui se contenta d'hausser les épaules, n'imaginant pas un seul instant l'utilité de se défendre au vu de la rage dont son interlocuteur faisait preuve. Enfin, l'adolescent les mena à la chambre adjacente où se trouvait la fille ardente, ainsi que la veuve noire. Les réactions s'enchaînaient les unes après les autres tandis que la maîtresse de maison jeta un froid sur ses invités. Rapidement, Lilith répondit à la boutade de Norah, lui arrachant un léger sourire. L'idée que cette fille ait autant de répondant séduisait et amusait la démone au plus haut point. Puis, lorsque le compagnon de l'orisha émit l'idée que leur hôtesse puisse être la veuve noire, la jeune femme ne pu s'empêcher d'applaudir.
« Eh bien… Vous m'impressionnez. »
fit-elle simplement. Quant à lui, Abelas grimaça légèrement. Par la suite, la veuve noire fit taire ses invités de sa seule voix. Leur imposant sa volonté.
Aussitôt, l'homme désigna Norah qui ne pu s'empêcher de grimacer à cette idée. Elle laissa échapper un long soupir, conservant un léger sourire flottant sur ses lèvres.
« Donc… C'est à moi que revient tout cet honneur ? Je suis flattée, vraiment... »
lança-t-elle ironiquement. La jeune femme approcha la maîtresse de maison de quelques pas.
« Dans ce cas, madame, laissez-moi vous combler. »
intona-t-elle, amenant la main de son interlocutrice à ses lèvres.
« Si vous voulez bien me suivre... »
finit-elle, s'écartant de quelques pas pour inciter de sa main la veuve à s’exécuter. Tandis qu'elle traversait la chambre d'un pas lent pour rallier la porte, la démone adressa un regard au réprouvé avant de disparaître dans l'obscurité du couloir. Le jeune alfar, lui, serrait poings et mâchoire. Une tension qui paraissait éternelle demeurait en lui, tant son existence et son souffle en lui-même paraissaient suspendus au dessus du vide, tout comme ils pourraient l'être dans le temps.
« Si elle échoue… Si elle la déçoit… Elle devra mourir... »
articula-t-il nerveusement, la peur envahissant ses mots.
« On ne l'appelle pas la veuve noire pour rien... »
ajouta-t-il. De toute évidence, l'adolescent se trouvait être fort contrarié de la tournure des événements. Les poings toujours fermés, tremblants, tandis qu'un dilemme harcelait son esprit perturbé.
De son côté, la jeune femme s'accommodait habilement de la situation. D'un geste aussi leste que délicat, la démone servait un verre de vin à son hôte, avant de s'asseoir à ses côtés au bord du lit. Les deux femmes trinquèrent.
« Je suis curieuse de savoir comment allez-vous vous y prendre… Pour me satisfaire. »
s'essaya la veuve. Un sourire des plus carnassier vint fendre le faciès de Norah.
« Ma chère... »
commença-t-elle, posant son verre sur la commode.
« Je ne vais pas vous satisfaire... »
continuait la jeune femme tandis que sa main vint caresser la joue de son interlocutrice.
« Je vais vous combler. »
finit-elle, faisant basculer la maîtresse de maison sur le lit. Cette fois-ci, c'était la démone qui surplombait la veuve. Elle approchait lentement son visage du sien, frôlant ses lèvres avant de descendre sur son cou, puis sa poitrine. Norah laissait à chaque entreprise, chaque mouvement, un moment de suspension où le temps lui-même semblait s'écouler en sa faveur. Elle descendait progressivement, jusqu'à tomber nez-à-nez face aux vêtements qui paraient sa partenaire. La démone ne voyait en eux que des obstacles, et de ce fait, lorsque son regard rencontrait le tissu de qualité qui recouvrait sa peau, une légère grimace et un sourire en coin suffisaient à compléter le geste dont elle usait pour l'en débarrasser. Pourtant, l'heure n'était pas aux réjouissances, du moins pour l'instant.
Ellipse
Les secondes qui perlaient rendaient l'attente insoutenable pour Abelas. Depuis un moment déjà, il faisait les cent pas au milieu de cette chambre qui lui paraissait bien vide. Il n'avait désormais que trop le temps de penser. Un temps dont il n'avait encore jamais disposé, et dont il ne souhaitait pas voir l'arrivée. Attendre n'était rien en soi. Lorsque le sort ne vous pendait pas au nez. Hélas, l'adolescent ne parvenait d'ores et déjà plus à raisonner ainsi.
A peine Azraël eut-il le temps d’évoquer le nom de « veuve noire » que Norah se mit à applaudir, furieux, il se retourna vers elle pour lui parler froidement.
- Si vous nous aviez décrit précisément ce qu’était cette maison, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Tout ça….
D’un signe de main, il désigna l’environnement. - C’est uniquement votre faute !
Un peu surprise de voir, le réprouvé en colère, Lilith se mit à côté de lui pour lui pincer la joue. - Bah alors, mon grand, y a un truc que tu digères pas ?
Mis à part le fait qu’ils se trouvaient tous en Enfer, endroit qu’il exécrait, entouré de démons, envers lesquels son animosité ne pouvait être plus violente… Il dégagea la main de la pirate, agacé. - Li, c’est vraiment pas le moment…
En effet, la veuve noire manifestait ses envies et désirs ouvertement, indiquant à quel point elle menait la danse. Sans doute pour cette raison, pas une seconde l’homme n’avait hésité à proclamer Norah volontaire pour combler les besoins de leur hôtesse. Ignorant l’ironie de la riposte de la démone, Azraël haussa alors les épaules, indifférent. - Vous avez assez manifesté votre intérêt sur la chose pour que ce soit votre droit d’être désignée.
Lilith croisa les bras face à cet échange particulier, ayant du mal à reconnaitre son compagnon tandis que leur alliée se manifestait auprès de la veuve noire pour se mettre à son service. - Tu as le sens du dévouement, ma chère amie… Amuse-toi bien !
Un sourire ironique se dessina sur les lèvres de l’orisha tandis que la démone emmenait leur maîtresse de maison. La porte se referma alors que le réprouvé s’était dirigé vers une fenêtre, décidé à ignorer le reste du monde. Immédiatement, le sourire de la rouquine s’envola alors qu’elle se dirigea vers son comparse. D’un coup, elle lui attrapa le bras pour qu’il se retourne, et lui parla sur une voix bien plus dure qu’à l’accoutumée.
- Très bien, tu vas me dire ce qui te prends, Az ? T’es jamais comme ça. Tu restes posé, et je ne pensais pas que tu désignerais qui que ce soit pour une tâche de ce genre. On aurait pu échanger ensemble avant que tu ne prennes une décision unilatérale. - C’est bon, c’est sa faute, elle nous a emmené dans ce merdier. Elle assume. Tu vas pas prendre sa défense alors qu’elle était ravie en partant, non ? - Attends, mais qu’est-ce qu’elle t’a fait pour que tu sois comme ça ? - C’est une démone, ça se passe d’explication… Et pour info… Tu devrais réagir de la même façon ici, avec tous ceux que tu rencontres… Depuis quand tu te bats pour les faibles et les opprimés ?
Ahurie à sa réaction, Lilith écarquilla les yeux. - Un démon ? Faible et opprimé ? je lâche l’affaire… Quand tu seras décidé à me parler convenablement sans sortir un ramassis de c*nn*rie, on en reparlera.
Agacée, la capitaine tenta de se changer les idées en se plaçant près du jeune garçon. Ce dernier paraissait terriblement inquiet pour son amie. Cela le rendait réellement touchant. D’ailleurs, les quelques mots qu’il prononça allèrent bien dans ce sens. - T’en fais pas, chouchou, elle n’avait pas l’air inquiète. Et dans ce genre de circonstance, l’assurance peut être un véritable atout. Et puis, je doute que ce soit la seule fois que tu aies pu la voir s’isoler de la sorte, non ?
Elle lui ébouriffa les cheveux avant de se relever. Lilith n’en attendait pas moins de la démone, et, en soit, ne se souciait guère de la réussite ou non de l’opération. Il s’agissait surtout d’un contretemps fâcheux auquel la pirate ne tirait aucun avantage. Machinalement, elle se dirigea vers la porte pour l’ouvrir, ne supportant définitivement pas les endroits clos.
- On aurait pu attendre à l’extérieur tout de même…
Rester trop longtemps en place comme ça faisait monter en elle un degré de mauvaise humeur important qui prenait bien le pas sur l’ensemble de ses réactions. Adossée dans le couloir, elle ferma les yeux un instant, appuyant sa tête sur le chanfrein de la porte. Presque immédiatement, toutes les images liées à la mutinerie lui revinrent en tête. Rack, la noyade… Et Rain. Sans logique, sans rien. Juste comme un message de haine à son attention pour lui rappeler l’offense non punie qui était toujours là, ancrée en elle. Il fallait qu’elle sorte d’ici… Et vite. Enfin, des pas commencèrent à raisonner dans le couloir jusqu’à ce que se détache une silhouette familière se détache de l’obscurité. - C’est toi, ma belle ? Qu’est ce que tu as foutu ? Non pas que je veuille les détails… Mais tout de même… L’attente fut longue… J’espère que cela en valait le coup !
Alors que l'adolescent semblait bouleversé, ne parvenait guère à s'accommoder de ce moment de suspens éternel, la fille ardente l'approcha. Ses paroles se voulaient être rassurantes, et auraient sûrement eut l'effet escompté si l'alfar en savait tout autant qu'eux sur sa comparse. Il baissa légèrement la tête.
« Je sais, mais… Quand bien même cela aurait pu l'inquiéter… Norah n'est pas de ceux qui le montreront… Tout comme elle n'a même pas cherché à se défendre concernant notre venue ici. »
répondit-il, refermant ses doigts sur la paume de son autre main.
« C'est la seule qui ne m'as pas tourné le dos… Il est hors de question qu'elle ne meurt... »
ajouta-t-il tout bas. Ces paroles étaient sûrement plus pour lui-même au fond. Enfin il sentit la main de son interlocutrice se poser sur sa tête avant d'ébouriffer ses cheveux. Quelque part, même si son ressenti quant à cette rencontre était encore indécis, il appréciait cette jeune femme. Elle lui faisait penser à Norah, en un sens. Puis, Lilith s'avança avant de sortir de la chambre. Abelas hésita à la suivre. Son corps tremblant semblait être pris d'un mal qui nuirait à tout contrôle que le garçon voudrait exercer. Il était paralysé par la peur.
De son côté, la jeune femme venait tout juste de s'accommoder de la tâche qui lui avait été confiée par le compagnon de la fille ardente. Un sourire exquis flottait sur les lèvres de la veuve noire.
« Eh bien, décidément… Si je m'attendais à cela... »
fit la maîtresse de maison, se redressant sur le bord du lit pour saisir une coupe de vin.
« Vous doutiez de moi ? »
interrogea Norah, un léger sourire en coin. Son interlocutrice étouffa un rire.
« Moi-même, je ne peux tout savoir, mais… Je dois avouer que l'inattendu me séduit bien plus que toute autre chose que cette terre pourrait m'offrir. »
rétorqua-t-elle, toujours plus sûre d'elle. La démone s'approcha lentement de la veuve, avant de l'inciter à lui faire face d'une main sur l'épaule.
« Alors… ? Allez-vous m'accorder ma victoire ? »
demanda-t-elle, tandis que l'impatience faisait bouillir le sang qui coulait dans ses veines. La veuve baladait ses lèvres sur le cou de la jeune femme. Un sourire carnassier vint fendre le faciès de celle-ci. Norah savait d'ores et déjà que la victoire lui appartenait. Elle avait gagné.
Enfin, d'un sourire, la maîtresse de maison libéra toute emprise sur ses invités. A son tour, la démone se redressa pour se rhabiller. Puis elle se dirigea vers la porte qu'elle ouvrit d'un tour de main.
« Ce fut un véritable plaisir que de vous rencontrer. »
fit-elle simplement avant de franchir l'encadrement de la porte. D'un pas lent, la jeune femme s'engageait dans le long couloir où plus aucune lumière ne brillait désormais. Rapidement, une voix interpella Norah. Le souffle d'un rire étouffé s'échappa d'entre ses lèvres.
« Ne m'en parles pas, j'ai la migraine rien que d'y repenser. »
lança-t-elle d'un ton empreint d'ironie tandis qu'elle vint affaisser sa main sur son front.
« Cela dit, j'ai une bonne nouvelle… : Nous allons pouvoir sortir d'ici sans avoir à se soucier de quoi que ce soit. »
ajouta-t-elle un sourire en coin. Aussitôt que le garçon eut entendu sa voix, il se précipita hors de la chambre. Puis, s'arrêta net lorsqu'il vit la démone. Abelas laissa échapper un léger soupir de soulagement. Se rendant compte qu'il avait faillit agir sous le coup de l'émotion, il détourna quelques peu le regard. La jeune femme, quant à elle, lui adressa un sourire taquin.
« Bah alors ? Je t'ai manqué, mon chou ? »
demanda-t-elle, croisant les bras sur sa poitrine. A cela, l'adolescent ne pu s'empêcher de pester dans son coin.
Enfin, les mirettes de Norah revinrent sur le bout du couloir.
« Eh bien… Il est temps de sortir, je suppose. »
suggéra-t-elle avant de lever le pas. Il ne fallut guère plus de quelques minutes à l'étrange cortège pour évacuer l'imposante demeure. A présent, l'air frais caressait leur peau et stimulait leurs sens. Rapidement, la jeune femme vint entourer le garçon de ses bras.
« Bon… ! On va avoir besoin d'un verre nous, hein ? Pourquoi pas l'auberge, hmm ? »
lança-t-elle, remuant l'adolescent dans bout à l'autre.
« Tu parles… C'est surtout toi qui en a besoin oui… Puis de toute façon, même si je disais non tu irais quand même. »
rétorqua-t-il aussitôt.
« Oooh… Mais c'est pour ça que je t'aime, mon petit Abe. »
enchérit la démone étirant un large sourire. Enfin, elle relâcha son emprise pour faire face aux deux autres.
« Quant à vous… Eh bien, ce fut un véritable plaisir que de faire votre rencontre. J'espère vous revoir de tout cœur, peu importe le lieu. »
commença-t-elle. Norah réduisit la distance qui la séparait de Lilith de quelques pas. D'une main délicate elle vint caresser ses cheveux, les laissant glisser entre ses doigts.
« Vraiment… Tu as des cheveux envoûtants… J'en serais presque jalouse. »
souffla-t-elle.
Munie de bagues articulées au bout de chacun de ses doigts, elle fit tomber quelques mèches de cheveux de son interlocutrice au creux de sa main, qu'elle retira aussitôt avant de l'agiter devant les yeux de la pirate.
« Permets-moi de conserver un souvenir de notre palpitante rencontre. »
poursuivit la démone, un sourire des plus taquins aux lèvres. Puis, elle recula de quelques pas afin de conserver une vue d'ensemble sur ses compagnons. Son regard s'attarda quelques instants sur le réprouvé.
« Ce fut une rencontre agréable, que j'espère voir se poursuivre. »
annonça-t-elle.
« Eh bien, sur ce… A nouveau, je vous souhaites un agréable séjour aux enfers. »
continuait-t-elle, courbant l'échine. La démone leva l'espace d'un instant les yeux sur la pirate, laissant ses mirettes se balader entre l'homme et la fille.
« Prenez soin de vous, tous les deux. »
fit-elle simplement. Décidément, ce type de rencontre étaient aussi rarissimes qu'elles pouvaient séduire Norah au plus haut point.
Assise sur le lit à côté du jeune alfar, Lilith écouta ses craintes en haussant les épaules.
- Et alors ? Beaucoup agissent ainsi. Ce qui compte, ce n’est pas tant ce qu’elle ressent, mais le message qu’elle fait passer. Ne t’inquiète pas tant que ça. Tu verras avec elle à son retour et tu pourras même la recadrer.
Lorsqu’il évoqua la mort de la démone, la capitaine grimaça. La peur de la mort, en particulier à l’heure actuelle, ne faisait pas partie de ses préoccupations, toutefois, il ne s’agissait pas de faire une propagande de ses propres opinions. Après un léger sourire, elle se tourna vers le réprouvé qui continuait de se murer dans le silence.
- Az, arrête de bouder, mon chou, occupe-toi du petit.. Tu sais que je n’ai que des idées de m*rde lorsqu’il faut réconforter quelqu’un..
Dubitatif, l’homme poussa un soupir et prit la place de la rouquine alors que celle-ci se dirigeait dans le couloir.
- T’es un peu jeune pour déjà penser à ceux qui peuvent te tourner le dos ou mourir. Ne t’en fais pas, Abelas.. C’est bien trop tôt pour que tu aies ce genre de préoccupation.
Pour autant, le réprouvé n’avait pas eu l’occasion de pouvoir s’appliquer cette propre philosophie. Silencieusement, ils se tinrent alors compagnie jusqu’à ce que les voix de la gente féminine retentirent. Lilith ce mit à rire en écoutant la démone.
- Tu sais que la migraine, c’est avant qu’on la prétend… Après… Ca ne sert à rien.. Je connais quelqu’un… Enfin, deux personnes qui seront satisfaites de cette situation.
A ce moment, là, le gosse passa en trombe devant l’orisha qui se mit à rire face à son hésitation.
- Tu vois que tu n’avais pas à t’en faire, gamin.. Ta mère est bien revenue en un seul morceau.
Après un clin d’œil à Norah, la rouquine attrapa le bras du réprouvé pour pouvoir sortir enfin de l’étrange bâtisse. Lorsque le vent frais se mit à fouetter leur visage, Norah se rapprocha d’elle pour la faire leurs adieux. La pirate adressa un franc sourire au binôme.
- Je ne doute pas que ce sera le cas un jour… Le plaisir fut partagée, même si le souvenir le plus inoubliable sera sans doute celui de la veuve noire.
Muré dans le silence, Azraël croisait les bras, indifférent et prêt à partir. Pourtant, il ne put s’empêcher d’hausser un sourcil lorsque la démone complimenta les cheveux de Lilith. Et, ahuri, il fixa cette dernière arborer fièrement son butin sans être en mesure de ne souffler un traitre mot puis éclata de rire. Interdite face à l’agression capillaire, la rouquine rongea son frein en voyant son allié se tenir les côtes.
- Eh bien… Si ces quelques mèches représentent le souvenir le plus palpitant de cette journée… Je doute que ton petit amusement ait été à la hauteur de tes espérances. Imagine si j’avais donné de ma personne… - C’est en tout cas le plus beau souvenir que vous pouviez m’offrir…
Ignora l’intervention de son ami, la capitaine salua Norah et Abelas.
- Comme dit… Je t’assure que nous nous reverrons…
Et cette fois, elle se vengerait de ce « souvenir » volé.
A peine éloigné, Azraêl passa son bras autour de l’épaule de l’orisha, moqueur.
- Moi aussi, j’aime tes cheveux… Je peux t’en prendre un peu…
Il enroulait une mèche autour de son doigt alors que la pirate lui adressait un regard sombre.
- Ca va, Az.. - Mais elle a raison… Ils sont envoûtants.. - Az… menaça t elle.
Fièrement, il tapota sur la tête
- Tu me gaves, tu veux pas un peu refaire la tête, là ? En fait, c’était pas plus mal d’avoir un peu de silence ! - On a terminé, on quitte les enfers, et en plus… Maintenant, je peux te taquiner… souffla le réprouvé.
D’un coup vif, elle lui frappa le bras, le poing fermé, et haussa les épaules, pleine d’une mauvaise foi totale.
- C’est bon, Az… J’ai compris le message… Si je la recroise, cette fille, ce sera à charge de revanche, tu sais que j’ai la rancune particulièrement tenace. Bref, on y va… Notre petit détour nous a pris pas mal de temps, et je n’ai pas vraiment envie de retarder mes retrouvailles avec Rain…
Un sourire plus carnassier se dessina sur ses traits tandis que le réprouvé semblait enfin retrouver une forme de sérénité.
