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 ■ Somnia et Artes [Elevation] ■

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Sam 09 Avr 2016, 12:05


C’était une magnifique journée, une comme tant d’autres dans les landes éternellement ensoleillées d’Emeraude. Les vastes plaines d’herbes folles et de fleurs sauvages se prélassaient sous la douce chaleur de l’Astre du jour, baignées de ses rayons bienfaiteurs, nimbées de sa grâce. Le printemps était sans fin et soulageait les esprits contrariés de leurs tourments. Du moins, il parvenait à apaiser les chagrins qui pouvaient l’être mais il existait certains maux contre lesquels l’impérissable belle saison ne pouvait rien. Allongée sur une méridienne au velours pâle, la jeune femme feignait de se reposer les yeux en cette heure matinale, bercée par les battements réguliers de la vieille horloge. Réveillée depuis peu, elle regrettait déjà de s’être tirée de ses draps et surtout, de ses songes. La vie avait une saveur amère à ses lèvres, un goût de sang et de rouille. Le temps était venu à bout de sa patience, avait usé son flegme. La lassitude s’était emparée d’elle, au point de la faire basculer peu à peu dans un état second ; sa force et ses convictions rongées par l’amertume d’une existence devenue fade. Les bonheurs passagers n’étaient plus que de pointes diffuses de lumière dans le décor terne et morne. Le sourire de ses enfants ne suffisait plus à la convaincre de rester. La pensée était abominable et en être consciente rajoutait des peines à la tendre Lily-Lune, éprise de ce sentiment coupable d’être une mauvaise personne qui cherchait à échapper à ses responsabilités. Souvent, elle se surprenait à contempler, au beau milieu de la nuit, ses jumeaux qui dormaient paisiblement dans leur berceau. Elle les aimait. Seulement, cet amour infini ne consolait pas sa douleur. Etait-ce mal ? Etait-ce si grave ? Elle ne se sentait pas capable de moins les aimer, qu’elle soit ici ou ailleurs, mortelle ou autre chose. Dans un soupir, la Vénus rouvrit doucement les yeux. Elle était attendue au Palais où les affaires courantes s’entassaient dans un coin de son bureau. Elle ne désirait plus un quotidien comme celui-là. Elle était fatiguée de ce monde et de ces complots, qui s’enchaînaient dans son dos sans qu’elle puisse intervenir. D’une démarche désabusée, elle alla s’asseoir devant sa coiffeuse pour s’emparer d’une brosse, et démêler ses longs cheveux noirs. A quel moment son destin avait-il prit une tournure aussi sombre ? Elle se souvenait d’un temps où elle était heureuse, où elle traversait les épreuves et en ressortait plus forte. Rien n’avait jamais été vraiment rose, ne serait-ce que ses amours. Elle avait toujours entretenu des histoires délicates avec les hommes dont elle s’était entiché, maladroite dans ses passions et incapable d’oublier ses exaltations passées et d’en soigner un cœur ravagé. Elle s’était imaginé un bel avenir avec un Magicien, qu’il réduit en charpie en devenant Sorcier et en commettant des horreurs qu’elle n’avait pas même soupçonnées. Elle avait cru l’euphorie revenue face au désir naissant que suscitait un Génie, mais les ardeurs n’avaient pas eu le temps de naître qu’il s’était déjà volatilisé. Elle avait vu en un Rêveur l’homme de ses jours et de ses nuits, mais leur plaisir avait été volé aux noces, par le caprice d’une femme qui avait décidé d’un meilleur époux pour elle. Elle s’était faite à cette union qu’elle n’avait pas voulu, estimant qu’elle aurait pu tomber sur un compagnon moins complaisant. Cet homme-là n’était pas un étranger. Elle le connaissait depuis bien longtemps et il s’était complu autrefois dans l’idée de lui arracher un baiser, des joues rouges, un sourire. Elle s’était laissée aller à ses frémissements, désireuse d’être heureuse. Elle ne pouvait nier le délice de certains instants qu’ils avaient passés ensemble sous les draps ou dans des bois. Elle éprouvait pour son mari des sentiments réels, nés par hasard, renforcés par erreur, mais réels. Il était parti, lui aussi. Lily-Lune n’aurait pu l’ignorer. Ils ne pouvaient avoir de secret, l’un pour l’autre. Quelles raisons valables avait-elle de vouloir rester ? Elle n’en voyait aucune. Plus rien ne la retenait. Elle souhaitait s’en aller et connaître le renouveau, obtenir un savoir impensable, une puissance incommensurable, se libérer de ses chaînes mortelles. Elle ne comptait pas quitter les siens, sa famille, ses proches. Elle avait juste dans l’idée de s’élever dans sa condition, de devenir autre chose, quelque chose d’indéfinissable, d’indescriptible, de nouveau. Elle ignorait comment faire, ce qu’elle était supposée accomplir mais elle était certaine d’une chose : elle ne restait pas une humaine bien longtemps.

Lui avait réussi. Jun était l’incarnation de la Mort et de la Guerre. Il était un Dieu. Il aspirait à le devenir depuis longtemps. Lily-Lune songeait à cette échappatoire et ses mille et une possibilités depuis bien des ans, elle-aussi. Aujourd’hui confortée dans ce qu’elle savait, appuyée par des connaissances nouvelles, elle était décidée. Elle avait fait son temps.

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