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 ♣ Mortem (Élévation) ♣

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

✞ Æther de la Mort ✞
◈ Parchemins usagés : 5272
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2012
Jun Taiji
Mer 10 Juin 2015, 13:52




I. Le Voyage

Par le passé, je m'amusais. Que je sois bon ou mauvais, j'avais toujours trouvé en ce monde mille sources d'intérêts. J'étais né humain, dans un passé si lointain qu'il en était presque oublié aujourd'hui. J'avais été l'un des Gardiens Éternels de l'Au Delà, veillant sur une partie du monde ignorée de tous. J'avais été trompé par une femme, m'attirant dans ses filets avec une élégance machiavélique. Mon esprit avait cohabité dans l'âme de ses descendantes, me laissant seul juge de celle qui serait à même de la ramener parmi les vivants. J'étais devenu Ange, m'élevant jusqu'à atteindre presque le statut d’Élu des Cieux. J'avais été Rehla, observant les Terres du Yin et du Yang avec mélancolie, détenteur d'un savoir que je ne pouvais révéler à autrui. J'avais été Sorcier, gouvernant la race tout en abattant mes sombres projets sur le monde. J'avais été Génie, le prince des Cauchemars, Némésis de celui des Rêves. J'avais été Ombre, m'élevant en tant que Gardien du Sceau des songes. Et puis, le Destin avait fait de moi un Chaman, le Suprême de l'Au-Delà, le Maître des Esprits. Oh oui, ma vie avait été si longue, si remplie, qu'elle pourrait donner le vertige à bien des Souverains. J'avais jouis de ma force, jouis de mes pouvoirs et de mon autorité. Sur la balance du bien et du mal, je ne savais pourtant guère où je me situais exactement. Avais-je été plus cruel que bon ? Je savais depuis longtemps que ceci n'était que relativité. Bon pour qui ? Mauvais pour qui ? La réponse était complexe et, finalement, elle n'importait que peu. Ces dernières années, la flamme qui me liait aux autres s'était éteinte. Je ne voyais dans les rapports entre les Hommes que très peu d'intérêt, qu'une longue agonie pour mon esprit. Mes pensées allaient au delà de celle des simples Mortels. Je me fichais de l'argent, je me fichais de ce que j'allais manger pour dîner, je me fichais même de tous les sentiments qui pouvaient me tirailler le cœur. Cette impression ne faisait que me plonger dans une mélancolie des plus déroutantes. Bien sûr, j'aimais mes enfants, j'adorai faire preuve d'ironie et de sarcasmes et j'agissais en conséquence de mon rang, mais, finalement, je savais au fond de moi que cette vie là, celle de Jun Taiji, le Roi marié à la plus belle femme du monde, celle de Jun Taiji, le père de plusieurs enfants naturels, adoptés ou magiques, celle de Jun Taiji, l'homme, ne me convenait plus. J'avais envie d'autre chose, d'une grandeur toute différente, d'une grandeur qui dépassait celle des Titans que l'on élevait en héros. Aussi, étais-je prêt à tout quitter, femme et enfants, statut et titre, biens matériels et immatériels. Tout ce que je voyais dans cette existence de Mortel, en réalité, n'était plus qu'un gouffre sans fond dans lequel je tomberai lentement, prisonnier d'une vie qui me paraissait plate. Le temps n'avait plus la même saveur pour moi. Je voyais les Hommes évoluer, les Hommes se succéder sans que, pourtant, rien ne change jamais. Le Monde n'était qu'une ritournelle infinie. Les guerres succédaient à la paix qui succédaient à d'autres guerres plus anciennes et, toujours, un ou plusieurs êtres pensaient pouvoir changer le monde, que cela soit en bien ou en mal. J'avais été l'un d'eux mais, à présent, je me voyais différemment. Quoi que je fasse, quoi qu'ils fassent, le monde serait toujours représenté par une balance en parfaite équilibre. Bien sûr, un plateau se baissait parfois, mais cela ne durait jamais car tout n'était que symétrie, que temporaire. Si le mal triomphait à un moment, le bien ne pouvait faire que prendre sa revanche. Oh oui, j'étais las de participer aux activités mortelles, las de combattre les Démons qui faisaient trembler les Terres du Yin et du Yang, las de combattre les Anges et leurs principes vertueux. Et quand je regardais mon reflet dans la glace, bien que jamais mes traits n'aient changé, bien que je sois toujours resté aussi jeune, je ne voyais qu'un vieillard. Mon regard trahissait mon âge, mes cernes trahissaient mes craintes et mes chimères. C'était le moment, je le savais, je le sentais. Le moment d'aller trouver Mitsuko qui me murmurerait ce que je devais faire, où je devais me rendre, pour qu'enfin mon véritable Destin s'accomplisse. Car si je me montrais digne de mes ambitions, alors, demain, je mourrai en tant que Jun Taiji pour renaître en tant qu'Ezechyel.

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Sam 26 Sep 2015, 18:16




« Toi voyageur ! Donne nous tes biens ! ». Mon regard se posa sur l'homme qui était devant moi, entouré de son groupe de bandits de grands chemins. Sortir du Château Malkavian m'avait fait comprendre que l'état de ce monde s'était dégradé durant mon absence. La terre grondait au loin et il semblait que tout n'était que catastrophes et morts. Mes interlocuteurs n'avaient plus que la peau sur les os. Ils essayaient néanmoins de garder la face, de se montrer impressionnants. Pour qui me prenaient-ils ? Je murmurai entre mes dents. « Nous allons dire que je n'ai rien entendu... ». Je fis quelques pas pour reprendre ma route. Ils avaient là une chance de s'en sortir vivants, je ne l'offrais que très rarement, et la suite me rappela pourquoi. « J'ai dit, donne nous tes biens ! ». La capuche qui couvrait ma tête me donnait des airs d'ermite sans doute, des airs d'être faible et perdu dans les Montagnes peut-être. L'Homme devenait stupide avec le temps, perdant ses instincts élémentaires, dont celui de survie. N'importe quel animal se serait écarté en face de moi si j'avais été de son espèce. Eux non, pire, ils me provoquaient. Je soupirai en m'arrêtant et finis par me retourner, enlevant la capuche qui couvrait mon crâne. Mes yeux contemplèrent chacun d'eux et je me mis à rire doucement, de ce rire qui voulait simplement dire que quand il se terminerait, je les tuerai sans aucun ménagement. Je n'aimais pas perdre mon temps et, bien que le détachement qui m'habitait soit grand, je n'avais aucunement l'intention de leur expliquer les fondements de leur stupidité. Le silence régnait à présent, entrecoupé par un homme qui murmura mon nom comme s'il avait devant lui le plus grand cauchemar de son existence. C'est ce que j'avais représenté pour ce monde jadis. Calme, je chuchotai alors : « Vous devriez courir. ». Le temps qu'ils comprennent fut trop long à mon goût et d'un mouvement lent – car après tout, avec de tels écervelés, il n'était nullement utile de se presser – je sortis l'estoc enflammée de son fourreau. La lame forgée par l'ancienne Impératrice du Tout brillait d'une lueur rougeâtre. Quelques pas, quelques mouvements de bras et ils furent tous décapités. Je m'accroupis, essuyant la lame sur les vêtements de l'un d'eux, restant là un moment à songer au nombre d'écervelés qui croiseraient de nouveau ma route. Ils furent assez nombreux dans les Montagnes, comme s'ils s'étaient donnés rendez-vous dans le seul but de m'empêcher d'avancer. Il y eut même d'étranges créatures en métal que j'engloutissais sous un brasier ardent. Le métal fond, là est d'ailleurs l'une de ses seules faiblesses.

Quoi qu'il en soit, je tuais sans en tirer la moindre satisfaction. Il s'agissait simplement pour moi d'avancer dans mon voyage, d'écarter les obstacles qui se mettaient sur mon chemin le plus rapidement possible. Leur offrir la mort m'évitait de longues explications et les délivrait de nourrir l'idée utopique qu'ils pourraient un jour se venger. Et, comme si l'odeur du sang qui couvrait mes mains avait un effet salutaire vis à vis de mon état mental, quand je sortis du territoire des Montagnes, je ne rencontrais personne d'autre. Mon principal problème était le suivant : Lux In Tenebris avait, jadis, corrompu mon esprit, au point de me rendre fou. Mes traits avaient alors changé et le mal m'avait habité entièrement. Il est stupide de penser que les êtres commandent le mal ou le représentent, ils ne sont que ses pantins. J'avais été ce pantin et mon être entier en gardait les traces. Lorsque je tuais trop d'individus, je sentais son poison se distiller dans mes veines petit à petit, comme s'il avait le pouvoir de briser en milliard de morceaux cette neutralité que j'avais cherché à obtenir, comme s'il avait le pouvoir de me rendre fou de nouveau. Pourtant, j'en étais certain, j'étais prêt. Voir Mitsuko me le prouverait. Je finis par ouvrir mes ailes d'un blanc immaculé. Le vent soufflait avec violence sur le paysage mais j'étais assez fort pour lui résister un temps. S'il s'avérait que le voyage formait l'esprit, alors je devais le faire en son entier. Néanmoins, après quelques heures de lutte avec l'élément, je revins sur cette idée trop philosophique pour ma patience et finis par me téléporter. Après tout, j'avais vécu des siècles et des siècles, j'avais sans doute assez voyagé. Enfin, ça, c'est ce que je croyais, car un Æther attendait le bon moment, celui où nous pourrions faire quelques pas ensembles à travers le temps.

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Jun Taiji
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Jun Taiji
Lun 16 Nov 2015, 22:05




Devant la porte d'une petite maison aux abords du Lac de la Transparence, je me demandai s'il s'agissait d'une blague. Ainsi donc Mitsuko aurait-elle décidé de fuir ici, loin du monde des Ætheri, loin du monde des Grands ? Cela me semblait si invraisemblable que je mis un certain temps avant de tourner la poignée de la porte. Poussant doucement le battant de bois, je sentis instantanément toute ma magie me quitter d'un seul coup. Je n'étais plus qu'un homme et j'en compris la cause lorsque je la vis. J'avais vécu en son être des années durant, je la connaissais aussi bien que je me connaissais. J'avais admiré ses traits tellement de fois, je les avais aimé à tant d'occasions et haït à tant d'autres. La Mitsuko que je connaissais était certes parfaite mais, à présent, il ne faisait aucun doute qu'elle était Humaine. La perfection glaciale de son visage avait fait place à une perfection emplie d'humanité. Elle semblait si fragile, si vivante. Je m'approchai d'elle, laissant tomber la barrière que je m'appliquais à mettre entre elle et moi. Elle me paraissait si petite, si faible. Sa prestance était toujours là mais elle n'était plus la même. Autour d'elle semblait exister une aura de calme, une aura bienfaisante. C'était tellement déstabilisant dans le fond. Moi qui étais habitué à faire face à une femme forte, cruelle, intouchable, je me retrouvais totalement démuni. Je me mis à la regarder, passant mon index sous son menton. « Je suis fatigué. » finis-je par murmurer. Fatigué d'être fort, fatigué de lui faire la guerre. « Moi aussi. ». La réponse me fit presque tressaillir. Toute ma vie, je m'étais battu pour être à sa hauteur. En elle, j'avais dû contrecarrer le mal qui la détruisait petit à petit. Ange j'avais voulu être digne d'elle. Sorcier j'avais voulu me hisser à la hauteur des Ætheri juste pour l'annihiler. Tous les efforts que j'avais fait jusqu'ici n'avaient jamais servi à rien. Elle ne m'avait jamais aimé comme je le souhaitais. J'avais voulu la faire souffrir mais j'étais fatigué de tout ça. La vérité c'est que je l'aimais et que je devais accepter le fait que son cœur appartienne à un autre. Je finis par l'attirer à moi, refermant mes bras sur elle. Elle ne se défendait pas. Nous nous connaissions sans doute trop. Mitsuko savait quelles étaient mes intentions à son égard. Je plaçai mon visage dans ses cheveux, me courbant pour les atteindre avant de sourire. « Que dirais-tu si nous vivions ici tous les deux, loin de tout ? Nous pourrions faire un potager et élever quelques animaux... ». Elle était collée contre moi, comme si, à ce moment précis, j'étais sa seule bouée de sauvetage. Je savais que Zéleph avait disparu, je savais que si elle en était arrivé là, ce n'était pas forcément par plaisir. Seule, je ne pouvais lui refuser mon aide, même si j'étais condamné à être à jamais la cinquième roue du carrosse. « Nous ne pourrions pas. Ici, je me meurs à chaque instant. L'ennui m'assaille, mon impuissance me tue. Nous ne sommes pas faits pour cette vie. Ni toi, ni moi. Jun... ». Elle m'entoura de ses bras. Je relevai un peu la tête, ne sachant que penser. C'était la première fois que nous étions si proches. Je n'avais rien fait pour, pourtant. C'était incompréhensible. J'avais passé mon existence à chercher un moyen de l'obtenir et à présent que j'abandonnais mes prétentions, elle était capable de tendresse à mon égard. « Je sais. » dis-je simplement. Je compris qu'elle ne m'aiderait sans doute pas pour la mission que je m'étais fixé. Humaine, elle ne devait plus avoir accès aux secrets des Ætheri. Cela dit, si mes pas m'avaient conduits à elle, c'était sans doute pour une raison. « Tu t'es décidé ? » demanda-t-elle alors. « Oui. ». « Alors je suppose que le sort en est jeté. ». Je savais que dans l'Immortalité, elle et moi ne serions plus jamais séparés. Nous étions les deux faces d'une même pièce. Pile la mort, face la vie. Je la serrai un peu plus contre moi. « Et si j'échouais ? ». Elle releva son visage, me regardant un instant avant que sa main ne vienne caresser ma joue. « Tu n'échoueras pas. De nous deux, tu es celui qui acceptera le mieux cette condition. ». « Je peux rester ici un moment ? ». « Bien sûr. ».

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