Cela faisait maintenant plusieurs heures que la bélua marchait en direction de Naga. Alors qu'elle s'était rendue en ville afin de se ravitailler en eau et nourriture, elle malencontreusement entendu un conversation entre un homme et une femme. « Lorsque l'on deviendra des maîtres élémentals, nous pourrons obtenir notre propre fée, comme nos aînés. » annonçait le jeune homme d'un ton enjoué tandis que le femme était pleine de doutes. « Ca s'annonce périlleux... Aller jusqu'à Naga et subir les mœurs de ces petites farceuses... Je ne sais pas si je suis prête pour ça. » « Ne t'inquiète donc pas ! A deux nous sommes plus forts, on s'en sortira ! » reprenait-il en posant ses mains sur les épaules de la jeune femme. Jaagd se souvenait alors d'un livre qu'elle avait pour le moins survolé. Il parlait du lien qu'unissait un élémental à sa fée élémentaire. Il est vrai que le récit de ce fameux livre, en y ajoutant les dires de ces jeunes qui étaient pour ainsi dire des élémentals en plein apprentissage, ne laissaient pas de marbre la lancière dont la curiosité fut aussitôt piquée. La jeune femme n'allait pas pour autant leur poser des questions ou quoi que ce soit d'autre, non, elle userait de son courage inébranlable et se rendrait d'elle même en ce lieu qu'était Naga.


Lorsqu'elle eut fini de remplir sa gourde et de se fournir en viande séchée, elle se mit en route vers sa destination. Elle n'avait absolument aucune idée de comment elle atteindrait son objectif, et combien de temps elle mettrait à atteindre Naga, mais cela faisait tellement d'année qu'elle parcourait librement les continents qu'à présent, elle sentait bien moins les douleurs que procurait la marche. Les heures passaient, le paysage défilait devant les yeux attentifs de Jaagd, qui veillait à ne pas emprunter autre chemin que celui qui la mènerait à cette fameuse jungle. Tout ce qu'elle pouvait espérer, c'est qu'elle y parviendrait sans trop d'encombres, saine et sauve. De temps à autres, elle s'arrêtait pour s'hydrater, sans oublier son oiseau qui se tenait sur son épaule depuis qu'elle était sortie de la zone citadine. Afin de passer le temps, Ipiky chantait à cœur joie. Ce chant avait pour propriété d'apaiser les personnes qui l'entendaient, la bélua n'échappant pas à la règle. Mais elle restait malgré tout partagée entre sa prudence et la détente perpétrée par son compagnon.


Au rythme auquel elle avançait, elle arriverait bientôt à destination, et pour le moment rien n'était venu perturber la tranquillité de son périple. Cela faisait maintenant une bonne heure qu'Ipiky avait cessé de chanter, et pour cause, il se reposait tout simplement, tandis que son corps était bercé par les pas de la lancière. La bélua s'arrêta quelques instants et s'assit sur un rocher. Elle aussi avait besoin d'un peu de repos, et elle en profita pour laisser l'air venir fouetter la partie inférieure de son visage qu'elle découvrait de son masque tout en prenant soin de fermer les yeux. Elle se perdait quelques minutes dans ses pensées. Cela faisait de nombreuses années à présent qu'elle avait découvert pour la première fois son visage. Malgré le temps, elle n'avait pas réellement évoluée, si ce n'est corporellement et culturellement. Mais sa peur était restée telle quelle. Cela pourrait paraître ridicule pour certaines, mais oui... Jaagd avait non seulement peur de ses parents, de son passé mais aussi de son propre visage. Au bout de quelques instants, elle interrompu le fil de sa pensée et se leva de son appui. Il était temps de reprendre la marche, si elle voulait toutefois atteindre Naga avant la nuit.


Lorsqu'elle passa le portail qui séparait Aeden de Naga, la jeune femme eut l'impression de changer de monde. Il y avait de la verdure et une sylve à perte de vue, dans laquelle la bélua s'enfonça après quelques instants d'hésitation. Ce lieu incarnait en tout point ce qu'appréciait la lancière, le calme de la forêt et sa faune qui souligne le tout. Alors qu'elle était obnubilée par le paysage, son émerveillement fut interrompu par une voix féminine qui perça le silence. Etait-ce bien à la bélua qu'elle s'était adressée ? Jaagd se retourna afin de poser les yeux sur cette jeune fille aux cheveux  ardent. Pendant quelques instants, la lancière se contenta de toiser de la tête aux pieds son interlocutrice. Elle était accompagné d'un homme aux cheveux sombres qui devait avoir la trentaine, détail qui échappa à la jeune femme. Puis, elle revint à elle. Cette inconnue lui avait posé une question à laquelle Jaagd ne su répondre. Elle trouvait plus que suspect le fait d'aborder une inconnue en lui demandant de se joindre à elle. Pour quelle raison voudrait-elle que la bélua l'accompagne ? Certes, il était question de prudence, surtout en terre inconnue. Ce qu'avait dit la fille était juste, à plusieurs ils seraient mieux capable de gérer la situation, si elle venait à se dégrader. La lancière se souvenait des propos des jeunes élémentals. Les fées élémentaires avaient la fâcheuse habitude de faire des farces aux gens, en quelques sortes pour les tester. La jeune femme réalisait qu'elle avait plusieurs entendu ce genre de propositions. S'allier afin de réduire le danger. Alors c'est ainsi que les gens gère ce genres de choses ? L'unité fait la force, selon eux ? Peut-être ont-ils raison... se disait-elle.


La bélua finissait par apprendre une nouvelle chose sur l'attitude des gens dans sa généralité. Elle plongea ses mirettes rouges dissimulées sous son masque dans les yeux de la jeune fille qui semblait attendre sagement sa réponse. Elle réfléchissait aux mots de la fille et remarqua un autre comportement humain. Les gens disent leur nom à tout va... Probablement une formule d'usage ? Je suppose que je dois faire de même... Jaagd finissait par acquiescer d'un geste de la tête avant de se présenter brièvement : « Mon nom est Jaagd. ». Il ne restait plus pour ce groupe aux allures étranges qu'à s'enfoncer dans cette immensité qu'était la jungle de Naga.

Mots:

La jeune femme voyait bien qu'elle attirait l'attention, sans pour autant en connaître la raison. Au bout de quelques instants de silence, la marche reprit et le silence fut brisé par les quelques mots sortant de la bouche de la fille aux cheveux ardent. Elle avait dit s'appeler Lilith, et toutes ces formules d'usages épuisait Jaagd au plus haut point. Très vite, la fille assaillait la bélua de questions. Elle ne savait pas pourquoi cette fille lui posait tant de questions, cela attisait sa méfiance. La lancière pouvait se contenter de répondre au strict minimum, mais rien que cela la dérangeait. Ma race... ? Pourquoi me demande-t-elle cela ? Il y a forcément une raison... pensa-t-elle. Il était fort probable que la jeune femme réfléchissait tout simplement trop, et qu'il n'était question là que de curiosité. Malgré son temps de réflexion, elle ne parvenait pas à se décider. Cela pourrait être dangereux de dévoiler sa nature, non ? Ou alors... Elle n'a pas dit à quelle race elle appartenait non plus. Il vaut mieux éviter la question... décida-t-elle tandis qu'elle garda le silence. L'homme qui l'accompagnait ne cessait de la reprendre, en vain peut-être, mais il paraissait d'autant plus raisonnable qu'elle.


Les deux étranges personnages discutaillait sur ce long débat qu'incarnait la curiosité. La bélua était de nature curieuse elle aussi, tout comme son interlocutrice semblerait-il. Jaagd analysait toutes paroles qui sortaient de leurs bouches, ils dévoilaient, peut-être à leur insu, certains de leurs traits de personnalité. La jeune fille se confirmait être impatiente, tout comme elle venait de le dire. L'homme qui l'accompagnait avait dû en voir des vertes et des pas mûres aux côtés de cette petite effrontée. Elle n'avait pas l'air pour autant méchante, peut-être trop curieuse à vrai dire. Pour le moment, la lancière n'en apprenait guère plus sur les deux individus qui se tenait à côté d'elle. Jaagd adaptait son pas au rythme de ces deux-là tandis qu'ils discutaient. Puis, soudainement, la fille s'éloigna de son compagnon pour venir s'approcher de la bélua qui se crispa aussitôt. Elle resserrait son emprise sur sa lance, prête à se défendre si besoin est. Le comportement de la fille ardente rendait la lancière plus que nerveuse. Alors que ses lèvres articulaient quelques mots, Jaagd restait sur le qui-vive tout en écoutant ce qu'elle avait à dire. Cette fois, elle engageait la conversation sur le but de leur venue, qui semblait similaire à celui de la jeune femme.


Elle ferma ses yeux un instant puis plongea son regard dans celui de son interlocutrice. « En quelques sortes. » répondait-elle sur un ton calme et inexpressif. Ses yeux quittèrent ceux de la jeune fille pour parcourir son armure, puis elle leva la tête pour regarder devant elle avant de reprendre : « Peut-être. ». Alors que l'homme qui l'accompagnait s'interposait de plus belle, la fille rétorqua tout adressant un sourire à Jaagd. La bélua plongeait dans ses pensées tandis que son regard se perdait dans la vide. Jaagd... Cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu ce nom... Toute personne devrait avoir l'habitude d'entendre son nom, mais ce n'était pas le cas de la jeune femme. Seuls ses parents avaient fait usage de son prénom, et elle ne l'avait jamais donné à quiconque depuis sa fuite. Lorsqu'elle entendait ce nom, son cœur se serrait, ce nom qui était pourtant le sien.

Mots:

A peine fut-elle sortie de ses pensées, que le duo se disputait à nouveau. Elle n'était pas vraiment étrangère à cela non plus, Jaagd en était pour ainsi dire, la cause. Fort heureusement, l'homme qui accompagnait la fille était bien plus subtil en matière d'approche et pouvait habilement jauger la tension qui se faisait ressentir. Au bout de quelques instants, il prit la jeune fille à part, probablement afin de lui toucher quelques mots en rapport avec sa curiosité mal placée. Cependant, la fille aux cheveux ardent ne semblait pas très réceptive aux mises en gardes de son compagnon. Peut-être la bélua devait-elle intervenir afin de rassurer l'homme qui semblait s’inquiéter de son comportement. Mais là encore, elle ignorait de quelle façon s'y prendre et se plongea à maintes reprises dans ses réflexions afin d'envisager une solution au problème.


Tandis qu'ils discutaient, se saisissait de sa gourde et exerça une courte pression à l'aide de son palais sur sa langue afin d'émettre un léger claquement qui attira aussitôt l'attention de son oiseau, qui sortit la tête du col des vêtement de la jeune femme. Elle versa un peu d'eau dans sa main gauche et la mit au niveau d'Ipiky afin qu'il puisse s'y abreuver. Puis elle rangea sa gourde lorsqu'elle eut finit. Le geai bleu se positionna sur l'épaule de la lancière qui inclina la tête légèrement sur le côté afin de veiller sur lui, d'un œil bienveillant. L'oiseau pinçait l’extrémité du masque de la bélua, dans l'optique de vouloir lui pincer les joues, sûrement. Jaagd sentait son masque pencher légèrement à répétitions, mais veillait à bien le remettre en place de sa main libre, en cas de besoin.


Quelques minutes après, les deux individus revint au niveau de la bélua et la jeune fille engagea sans plus attendre la conversation. La confusion s'emparait d'elle tandis que la fille parlait. Jaja... ? Java... ? Ja-chou... ? Mais de quoi parle-t-elle... ? Se demandait-elle tandis que le discours se poursuivait. Les étranges surnoms qui venaient de lui être attribués la troublaient énormément. Elle avait beau clamer que la raison de sa présence était de procurer une fée, il était tout simplement impossible pour Jaagd d'endiguer sa méfiance. C'était probablement son trait le plus apparent, et ce depuis sa plus tendre enfance. Elle pouvait néanmoins essayer de baisser son hostilité, afin de rendre ce périple moins épineux. Cela allait lui demander une quantité d’efforts non négligeable, et la lancière ne pouvait qu’espérer que ses partenaires ne piétinerai pas tout cela. Enfin, malgré sa grande méfiance, elle ne pensait pas que le danger viendrait de l'homme, qui avait plutôt l'air calme et posé, en comparaison de la fille qui l'accompagnait.


Les dernières paroles prononcées par celle-ci mettait en sursis tout ce à quoi la jeune femme était en train de réfléchir. L'homme la reprit aussitôt en confirmant qu'il s'agissait là d'un piètre humour. Jaagd prit son courage à deux main et décida de calmer les tensions : « Ne vous en faites pas, ce n'est pas grave. » rassura-t-elle tandis qu'elle souffla légèrement ses mots. Il était assez évident qu'elle se forcait. Il ne lui était jamais arrivé d'avoir recours à tel stratagème, et devait encore travailler la forme et le fond. Au moins avait-elle essayé, et pouvait en retirer du mérite, cependant, elle était loin d'être orgueilleuse et ignorait l'ampleur de ce qu'elle venait d'accomplir.

Mots:

Le petit groupe marchait calmement tandis que Jaagd observait les alentours. Elle ne s'était jamais rendue dans une jungle auparavant, cela la changeait des forêts. Alors qu'elle marchait à côté des deux personnages, la bélua revérifiait son stock de vivres. Cela devrait suffire pour ce voyage, mais il faudra que je me ravitaille quand j'en aurais fini ici. Se disait-elle tandis que la jeune fille fit à nouveau entendre le son de sa voix pour rétorquer à la lancière qu'il ne fallait pas s’inquiéter pour eux, ils n'en viendraient pas aux mains donc. Puis les deux individus repartirent de plus belle dans leurs chamailleries. Ils n'étaient pas très distants avec la jeune femme, l'une lui parlait comme si elle la connaissait depuis des années, tandis que l'autre restait tout de même poli et attentionné à son égard.


La chaleur envahissait les lieux, Jaagd commençait elle aussi à avoir chaud, mais elle ne pouvait se permettre d'enlever une couche de vêtements comme ils venaient de le faire. Après tout, elle ne portait rien de plus que des sous-vêtements en dessous de son haut bordeaux en col de châle. Elle allait devoir faire avec, peu importe les circonstances. Puis, la fille aux cheveux ardent lança une remarque à Jaagd avant de relancer cette même question, concernant sa race. Ah... Encore ça... ? Pourquoi veut-elle tant le savoir... ? Je ne pourrais pas éluder la question indéfiniment. Pensait-elle tandis qu'elle fronça les sourcils. La bélua ferma les yeux un instant avant de se prononcer : « Pourquoi cette question ? ».


Soudain la fille sembla perdue dans ses pensées avant de remettre cette histoire de surnoms sur la tapis. N'ayant personne qui l'avait appelée ne serait-ce que par son prénom, la lancière était loin d'être habituée aux surnom, contrairement à cette jeune fille. Mais, d'un autre côté, cela ne la dérangeait pas plus que cela. C'était en premier lieu, les contacts physiques qui la rendait bien plus nerveuse et elle veillait donc à garder une certaine distance sans paraître trop suspecte afin de ne pas dévoiler de faiblesses. De ce fait, Jaagd ne broncha pas sur le fait qu'on lui attribue un surnom et ne s'attarda pas sur cela.

Soudain, une lueur attira l'attention du groupe qui s'arrêta net. Pendant un moment, ils ne bougèrent pas d'un iota. Puis la jeune fille se jeta littéralement sur son compagnon, probablement afin de prendre de la hauteur. Ce fait fut confirmé par ces deux-là qui se querellaient à nouveau. L'homme reprenait l'attitude de la fille tandis qu'elle rétorqua en taquinant celui-ci. Il eut droit à sa vengeance, et pour cause, il la laissa tomber de tout son poids au sol avant d'afficher un air gêné auprès de la lancière qui les regardait tout simplement, sans réaction spécifique. Le pauvre bougre était dans l'embarras le plus total par la sauvagerie de cette fille téméraire et Jaagd le voyait bien. Elle en venait à se demander comment deux êtres aussi opposés avaient pu finir ainsi, à voyager côte à côte. Ils avaient beau se chamailler sans relâche, leur relation ne semblait pas en souffrir, bien au contraire.


Tandis que la jeune fille riait aux éclats, elle remontait sans gêne sur l'homme dans le but d'atteindre la branche d'un arbre qui se situait un peu plus haut. Aussitôt qu'elle fut montée, elle proposa à la bélua de la rejoindre par le biais de son compagnon qu'elle semblait utiliser à sa guise. La confusion, la gêne, tout cela envahissait l'esprit de Jaagd. Elle ne pouvait tout simplement pas dépendre de quiconque, et ce, pour quoi que ce soit. En scrutant les alentours, et l'écart qui séparait la branche du sol, elle réfléchissait à un moyen de monter. Souvent, sous sa forme animale, elle grimpait aux arbres. Quoi de plus normal pour une panthère. C'était gravée en leur instinct : Grimper aux arbres pour y attendre leur proie, ou bien pour y élire refuge afin d'y dormir en tout sécurité. Néanmoins, se remémorer tout cela était bien futile, elle était sous sa forme humaine et ne contrôlait pas encore suffisamment sa transformation pour s'en servir à souhait. De plus, elle ne voulait pas risquer de se faire démasquer, ou de se retrouver nue devant eux. Elle allait devoir faire sans.


Au bout de quelques minutes de réflexion, une idée lui traversa l'esprit. Elle regarda sa lance, et à nouveau cette branche. Puis, la lancière prit de la distance afin de prendre de l'élan avant de courir et sauter en utilisant son pouvoir de téléportation pour gagner en hauteur tout en positionnant sa lance à l'horizontale. La lame et la hampe passaient toutes deux par dessus la branche tandis que le corps de Jaagd restait en dessous. En tenait sa lance d'une main seulement pendant la course et le saut était pas aisé, au vu du poids de l'arme. Mais lorsque celle-ci passait au dessus de la branche, elle saisissait l'autre extrémité de la lance de sa main libre. A présent, elle était suspendue à la branche, et se rendait compte qu'elle avait mal positionné sa main qui s'était entaillée sur la lame. Cela n'allait pas lui faciliter la tâche pour se balancer d'avant en arrière afin de pouvoir refermer l'emprise sur la branche à l'aide de ses jambes. Elle s'était pour ainsi dire, compliqué la vie. Voilà quelques instants qu'elle balançait la partie inférieure de son corps avant de positionner fermement les pieds sur la branche. Il le lui restait plus qu'à positionner avec précautions ses mains, afin de remonter le reste de son corps.

Mots:

La jeune fille s'était avancée afin d'aider la bélua à grimper, qui fit abstraction de cette tension qui l'envahissait afin de se laisser faire. Une fois en haut, Jaagd laissa échapper un léger soupir. La fille aux cheveux ardent s'approcha d'elle afin de lui délivrer une petite remarque, probablement venant du fond de sa pensée lorsqu'elle assistait au manège comique de la jeune femme qui s'était débrouillée tant bien que mal pour grimper à l'arbre. S'ils avaient pu voir le visage de la lancière à ce moment là, ils auraient pu constater tout son embarras quant au fait qu'une partie d'elle venait d'être dévoilée au grand jour, en particulier par la fille. Cette manie ne s'appliquait pas qu'à cet homme, mais à tous. Que ce soit une femme, un homme et peu importe sa race. Jaagd ne pouvait tout simplement pas dépendre des autres, autant le service puisse être insignifiant, elle ne se le permettrait pas.


Les deux se querellaient encore, sans trop s'attarder cette fois-ci. La jeune fille se saisissait d'un fruit tandis que la bélua la regardait. Que va-t-elle faire avec ça ? Se demanda-t-elle tandis qu'elle la fixait d'un air interrogatif. Puis elle le lanca sur son compagnon, à la grande surprise de la lancière. L'homme avait de quoi être dépité, à vrai dire. Jaagd resta tout simplement bouche bée devant ce geste, dont elle ne comprenait pas le but. Mais... Pourquoi a-t-elle fait cela ? Quel est le but de lancer un fruit ainsi sur quelqu'un... ? Toutes ces questions pour le moins futiles, mais néanmoins nécessaire à la compréhension du comportement humain, fusaient dans l'esprit de la jeune femme. Aussitôt que la fille ai lancé ce fameux fruit, elle invita son compagnon à les rejoindre qui refusa catégoriquement. D'après ses dires, Jaagd pouvait déjà émettre quelques hypothèses : Soit il avait le vertige, soit il n'aimait tout simplement pas cela, ou bien il se fichait des fées... Peut-être même les trois.


Rapidement, leurs chamailleries ne tardaient plus à cesser et la jeune fille portait son attention sur la bélua qui attendait patiemment en les regardant tel un enfant serait attentif devant ses découvertes. La fille fit l’éloge de la lancière avant de mentionner sa blessure, qui aurait pu certes être évitée. Cette fameuse blessure qu'elle s'était infligée en grimpant et dont elle avait d'ores et déjà oublié l'existence , après tout ce n'était pas son genre de se soigner. Souvent elle oubliait les blessures bénignes, et pour ce qui était de celle qui étaient plutôt graves, voir mortelles disons qu'elle faisait le minimum tel qu'arrêter l'hémoragie si toutefois il y en avait, sinon elle laissait faire le temps et n'était certainement pas de ceux qui se ménagaient durant leur guérison. La lame avait séctionné son gants et l'on pouvait apercevoir l'entaille sanglante sur sa main gauche, dont le sang gouttait pour venir tâcher le sol. Fort heureusement, elle était droitière et se servait de sa main gauche que lorsqu'elle faisait usage de sa lance dans un but martial, où elle devait alors se servir de ses mains pour compenser le poids.


Soudain, de lourdes entraves s'emparaient de la jeune femme et ne manquèrent pas de lui couper le souffle. Ses yeux s'écarquillaient tandis qu'elle resserrait son emprise sur sa lance, sa main gauche prête à intervenir entre ces chaînes et son corps. La bélua était sur le point de se débattre lorsque celles-ci disparurent. Puis, les excuses de la fille parlèrent d'elle-mêmes, ce qui en quelques sortes, rassura la lancière. Elle se réjouissait de ne pas avoir eu à se débattre, car étant en équilibre sur une branche, cela aurait pu être dangereux, sachant qu'elle serait obsédée par le fait de se libérer, elle aurait probablement chuté. Tandis qu'elle reprenait son calme, la fille se releva et la marche reprenait, tout du moins sur les branches. Au bout de quelques minutes, elle pouvaient enfin apercevoir leur objectif. Elle tâchaient de rester discrètes tandis que la jeune fille interrogea Jaagd sur ses motivations. La bélua remua la tête de droite à gauche pour nier avant d'argumenter : « Par curiosité. » répondait-elle sur un ton calme. Sa réponse était certes brève, mais elle n'en restait pas moins honnête.

Mots:

La réponse de Jaagd semblait surprendre la jeune fille, tout en ayant l'air suffisamment satisfaite de celle-ci, elle dévoila ce qui semblait être un point commun. La bélua tournait légèrement la tête pour diriger son regard vers son interlocutrice. Tandis que la fille expliquait ses motivations, la lancière fronçait les sourcils. Elle essayait de se souvenir de ce qui était écrit dans le livre des fées et des élémentals qu'elle avait lu auparavant. Elle se souvenait à la perfection de certain détails, mais d'autres lui échappaient encore. Le lien qui unit ces deux êtres... C'était quoi ? Il me semble qu'il était question d'éléments mais... Nous ne sommes pas élémentals, alors... Qu'est-ce qui pourrait faire qu'elles nous choisissent ? Ses questions la taraudaient. Toutes ces questions en amenèrent rapidement d'autres, qui étaient simples mais essentielles. Est-ce que je veux qu'une fée m'accompagne ? N'était-ce pas juste de la curiosité ? Si l'une d'entre elles me choisissait... Qu'est-ce que je pourrais bien en faire ? Elle ignorait toutes les réponses et cela la chiffonnait au plus haut point. Sans compter qu'Ipiky pourrait être jaloux et l'embêter... Jaagd poussa un long soupir avant de poser son regard écarlate sur ses futures proies.


Puis la fille aux cheveux ardent lança une réplique sarcastique sur le manque de parole de la lancière qui leva un sourcil suite à sa remarque. Il était vrai qu'elle n'était pas très loquace. Souvent, les gens lui faisaient remarquer, elle en venait parfois à se demander si en société, il était normal d'être bavard. A ses yeux, le peuple parlait beaucoup, et cela la rendait quelques peu nerveuse. Certains avaient beau tenir des discours chaleureux et rassurants, elle ne parvenait pas à aiguiller cette partie d'elle, peut-être ne pourrait-elle jamais changer. Enfin, la jeune fille mentionna à nouveau la race de Jaagd. Elle ne savait toujours pas pourquoi elle s'acharnait tant à vouloir la connaitre. Et elle ne pouvait plus écarter la question dorénavant. La lancière préférait attendre de voir comment les choses évolueraient avant de prendre une décision sur le fait de se mettre à nu ainsi devant cette personne.


Puis elle mit un terme à la discussion pour revenir à ce pour quoi elles étaient toutes deux venues en ce lieu. La fille bondit pour atteindre l'endroit où se tenaient les petites créatures luisantes. La bélua décida de la suivre aussitôt puis elle eut de nouveau l'impression de changer de monde, tel son émerveillement atteignait le summum. L'un des fées venait se poser au creux des mains de la jeune fille, qui se montrait tout à fait réceptive. La lancière regardait attentivement les différences entre ces petites créatures. L'on pouvait toutes les distinguer les unes des autres, sans grande difficulté. Et au vu de leurs couleurs, il n'y avait plus aucun douté sur leurs éléments maîtres. La jeune femme posa ses mirettes rouges sur l'une des fées. Elle était bleue, probablement dû au fait qu'elle maîtrisait l'eau. Alors qu'elle la fixait, elle se sentait comme apaisée par ses gestes qui glissaient dans le vent, son calme. De toutes les fées c'était probablement sur celle-là que Jaagd passa plus de temps à scruter, à admirer. Peut-être avait-elle en elle quelque chose que la bélua recherchait au plus profond d'elle, sans même le savoir.


Soudain, la fée qui s'était posée entre les mains de la jeune fille fit usage de son élément et lui lança des éclairs en plein visage. Ce qui ne manqua pas de la faire chuter en arrière, tout en entraînant Jaagd avec elle. Fort heureusement, elle avait sorti ses chaînes pour se rattraper aux branches. La lancière s'était quant à elle, accrochée à l'une des branches à l'aide de sa main gauche. Elle sentit une vive douleur et se rendit compte qu'elle s'était aidée de sa main blessée. La jeune femme serrait les dents tandis que tout son bras tremblait sous son poids, sans oublier sa lance qui se trouvait dans sa main directrice. La fille injuriait l'auteur de ce coup foireux avant de se soucier de la bélua. Jaagd gémissait tandis qu'elle essayait de remonter son corps. Tentative futile au vue de son état, sans compter qu'elle manquait encore de force dans ce bras. Il fallait qu'elle trouve une solution au plus vite, elle ne tiendrait pas longtemps ainsi. La bélua tentait de garder son calme et d'endurer la douleur tandis que ses yeux faisait des aller-retour entre sa position et les alentours. Puis ils vinrent se poser sur les chaînes de la jeune fille. Ses yeux s'écarquillaient avant de froncer les sourcils. « Vos chaînes... Entourez la hampe avec » dit-elle tandis qu'elle tendait son bras droit en direction de la fille. « Il va falloir que vous m'aidiez à lancer la lance à l'autre bout pour qu'elle puisse se planter dans la terre et nous en servir pour traverser... A nous deux, on devrait pouvoir avoir assez de force pour qu'elle s'y plante suffisamment profond pour supporter notre poids. » expliquait la jeune femme tandis qu'elle serrait son emprise sur la branche et sur sa lance tout en grognant de douleur. Le plan de Jaagd consistait à se servir de sa lance comme d'une tyrolienne improvisée, les chaînes reliant leur point de chute vers leur position actuelle. Il ne restait plus qu'à prier pour que cela fonctionne, sans quoi, plus dure sera la chute pour ces deux-là.

Mots:

Tandis qu'elle était suspendue dans le vide, tenue pas son seul bras qui se raccrochait de toutes ses forces à la branche. Jaagd pouvait d'ores et déjà sentir le sang couler. Ses forces commençaient à s'amenuiser, il ne faisait plus aucun doute qu'elle ne tiendrait plus longtemps. Elle levait la tête pour regarder son interlocutrice qui semblait contrariée par la situation, quoi de plus normal au vu de leurs difficultés causées par une simple petite fée, à elle seule. La fille aux cheveux ardent exposa le problème, le plan de la lancière n'était en effet pas sans failles, et elles risquaient de ne pas en venir au bout. La bélua plissait les yeux fortement avant de serrer les dents. La douleur qui se saisissait de sa main était réellement insoutenable, des échardes de bois venait se loger dans la paie tandis que tout le poids de son corps, y compris de sa lance se reposait sur cette seule et même main. Son bras tremblait frénétiquement et elle ne parvenait pas à faire cesser ce petit manège qui l'agaçait. Elle ne supportait pas le fait qu'une inconnue la voit faiblir ainsi.


Puis, la jeune fille fit entendre sa voix d'un ton calme et posé. Elle expliquait ce qu'elle allait faire, prenant garde à ne pas effrayer la bélua. Il est vrai que la meilleure solution pour approcher et traiter avec quelqu'un de sauvage, étant un animal ou non, était de le considérer tel un animal sauvage. Quelque part, la jeune femme se sentait comme rassurée, sereine. Après tout, que ce soit sous sa forme humaine ou animale, elle conservait ce même trait. Le fait d'être sauvage, méfiante, était ce qui la représentait le mieux à ce moment précis. La fille émit l'idée de lâcher prise à la lancière, qui tiquait au vu de cette proposition. Ce n'était pas un grand pas qu'elle lui demandait, c'était un bond colossal. Confier sa vie ainsi, dépendre d'elle, tout cela était en contradiction avec Jaagd. Le fait que leur vie allaient être en quelques sortes liées l'une à l'autre confirmait qu'elle ne risquait pas la trahison. Après tout, qui serait prêt à perdre la vie pour nuire à quelqu'un ? Ce serait complètement stupide. La lancière ferma les doucement les yeux un instant, puis prit une grande inspiration avant de vider ses poumons de tout l'air qu'elle venait d’emmagasiner. Le souffle lent, elle ouvrit à nouveau les yeux avant d’acquiescer d'un signe de la tête la proposition de la jeune fille.


La bélua se rapprocha du mieux qu'elle pu de la fille. Elle allait devoir se laisser faire, ayant les deux mains prises, l'une par sa survie, l'autre par son outil. La fille pouvait dès à présent placer les chaîne autour de sa taille sans problèmes, la jeune femme n'opposerait pas de résistance. Elle se montrait docile, malgré le fait qu'elle fronçait les sourcils à l'approche de ses mains. Personne ne l'avait jamais touchée, et elle craignait ce que cela pouvait engendrer. Elle fermait de force les yeux, puis les rouvrait, trop anxieuse de ce qu'il pourrait arriver. Ce sentiment se mélangeait d'une pointe de curiosité. L'homme avait peur de l'inconnu, Jaagd n'échappait pas à la règle, et pourtant l'homme explore, découvre, créer. L'exploration, peut-être était-ce un aspect de la vie que la lancière trouvait à son goût. Tandis que la jeune femme surveillait les faits et gestes de la jeune fille, à la fois d'un œil ouvert et fermé, tel un fauve se préparant à plonger dans le limbes du sommeil, la fille continuait ses explications en montrant avec précautions le fonctionnement de son plan.


Enfin, la fille termina ses explications par un avertissement. Il fallait se décider au plus vite, sans quoi elle ne tiendrait plus longtemps et les mènerait à la chute. Elle en profita pour proposer à la jeune femme de la tutoyer, cela resserrait probablement leur lien. Jaagd repensait aux premières choses qu'elle avait apprit concernant le langage, lorsqu'elle avait observé les humains. La tutoiement illustrait le rapprochement entre deux êtres, bien qu'elle ignorait pas mal de chose concernant les relations, les attitude à adopter, elle avait comprit l'essentiel de cette démarche. Hélas, elle n'avait pas vraiment le temps d'y réfléchir ou de tergiverser. De nouveau la bélua régulariser et calmait sa respiration avant de plonger son regard empli à la fois de détermination et de peur dans celui de la jeune fille, avant de lâcher prise. Le corps de la jeune femme était à présent suspendu dans le vide dans sa totalité. Jaagd se cramponnait aux chaînes, elle n'avait pas vraiment peur du vide, ayant plus ou moins l'habitude des hauteurs que ce soit dans les montagnes ou autre, mais elle ressentait tout de même le besoin de s'accrocher, de s'assurer.

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