Le monde menaçait de s'effondrer pour la jeune fille qui ne voulait pas croire à ce qui était entrain de se passer. Du plus profond d'elle, sa raison elle même réfutait une thèse aussi absurde. Ce qui était donc son frère s'avança à son tour et prit parole. Le regard décontenancé de la jeune femme vint s'ancrer dans le sien, tandis qu'il lui racontait rapidement les faits. Yulenka poussa un profond soupire de soulagement lorsqu'il lui affirma que son père n'avait pas trompé sa mère. Comment en aurait-il pu être autrement ? Mais par contre l'explication qu'il lui donna la laissa complètement pantoise. Un enfant "crée" par une mère folle ? Un demi-frère ? Mais par l'enfer ! Elle n'y comprenait plus rien ! C'était comme si on avait soumis une vérité à son cerveau, dans une langue inconnue. Elle se retrouvait comme deux ronds de flanc, incrédule et perdue. De nouveau, son regard vint chercher réconfort dans celui de son père, avec une expression qui signifiait clairement "SAUVE MOI JE VAIS DEVENIR FOOOOLLE". A sa décharge, il y avait de quoi le devenir.... Une fois que le bélua fut sortie de sa propre stupeur, et percutant son manque de tact, il vint rejoindre sa fille pour tout lui expliquer. Affirmant de nouveau qu'il n'avait jamais trompé sa mère, il lui raconta l'histoire improbable d'Orphée. Yulenka n'en revenait pas.

-Quand je pense qu'on trouve à redire sur ma santé mentale.... Il y a des gens bien plus psychotiques que ce que j'aurais pu croire.

Néanmoins le calme était revenu. La tension s'était effondrée comme un château de carte en pleine tempête, pour le plus grand bonheur de tous. Yulenka esquissa un petit sourire triste en entendant son père dire qu'il ne pourra surement jamais aimer une autre femme comme il avait aimé sa mère.

-Il n'y avait qu'une femme au monde comme maman.... Je suis contente qu'elle soit celle qui aura eu le droit à ton amour le plus pur et sincère.

Au fond d'elle, elle savait que cela n'empêcherait pas son père d'en aimer une autre. D'une manière différente que celle de sa mère, certes. Mais il n'était pas fermé à l'amour. Ce dernier pouvait toujours se décider à frapper à sa porte et rentrer chez lui sans prévenir. Elle veillait au grain pour qu'aucune femme mal intentionnée ne profite de son grand cœur pour le parasiter et se faire entretenir. Il avait déjà assez souffert ainsi, il ne méritait pas de payer une seconde fois. Elle porta son regard de nouveau vers Orphée.

-Je suis enchantée.... Pardonnez ma réaction, j'avoue avoir été un peu prise au dépourvu. J'ai donc.... Un frère.

Demi, pas demi, chez elle ça ne faisait strictement aucune différence. Un frère c'était un frangin point final. Les liens du cœur avait autant leur importance que les liens du sang. Elle fixait le déchu ne sachant pas quoi dire ni comment réagir, et finalement elle lui avoua.

-C'est un peu étrange comme sensation, j'ai un peu de mal à réaliser.... Mais entrez donc, ne restez pas sur le pas de la porte. Prenez place où vous voulez. Vous comptez vous installer ici ? Il y a une chambre d'ami, mais je pense que papa pourra vous faire une chambre plus à titré.

T'avais espéré continuer de dormir dans la chambre d'ami papounet ? Ben n'y compte plus ! L'occasion était trop belle pour Yuli de le faire partir de cette chambre pour qu'il retourne enfin là où était sa place; dans la chambre conjugale. De toute manière il lui paraissait impensable qu'on puisse lui donner une autre chambre. Il était plus qu'un "ami" ou un invité. Il n'était pas un bouche trou donc il n'avait pas à prendre la chambre d'Elrik. Non il était une personne à part entière de la famille et méritait ainsi sa propre place. Un frère.... Dont elle ne savait rien si ce n'était son nom en fait.

-Parlez moi un peu de vous.... En faites dites moi tout, ça sera plus simple. Après tout, nous avons beaucoup à rattraper.

Et pour cause, toute une vie ! Elle aurait bien aimé pouvoir user de son pouvoir qui lui permettait de connaître le parcourt d'autrui. Un seul regard et elle lisait l'histoire des autres. Mais hélas pour elle, ça ne marchait qu'avec ses congénères ! Cette magie là était inefficace sur les autres races.

Raeden avait finit les explications. Maintenant, Alice comprenait mieux la situation et surtout, était rassurée, le tout ayant balayé les doutes et l'horreur qu'elle avait eu pendant quelques secondes. Elle lui fit remarquer qu'il était normal qu'il ne puisse un jour aimer une autre femme comme il avait aimé sa mère, celle-ci étant unique, comme tout autre dame en fait. Il ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en entendant cela. Après cela, la Vampire reporta son attention sur Orphée et commença à le questionner sur lui, sur sa vie, ce qu'il faisait … En fait, elle voulait tout connaître tout comme, certainement, le jeune homme souhaitait tout apprendre d'eux. Ils avaient toute une vie à rattraper. Ca ne serait sûrement jamais la même chose que s'ils l'avaient vécu ensemble, dès le départ, mais c'était déjà ça. Il ne fallait pas s'en plaindre, il fallait juste profiter du moment, après un petit temps d'adaptation. Et si cela se trouvait, dans plusieurs années, ils riraient en repensant à ce moment.

Le Paternel observa donc le Déchu, l'écoutant pendant que celui-ci leur racontait son histoire. Il en connaissait quelques brides, celles qu'il avait évoqué un peu plus tôt, dehors, mais la plus grande partie était un mystère pour lui. Et il était tout aussi avide que sa fille de connaître le passé de ce fils sortit de nul part. Il était assez bref et concis dans ce qu'il disait mais il était quand même assez facile d'en apprendre plus. Rien que par les mots qu'il utilisait. Il essayait de simplement relater les faits comme s'il était un personnage extérieur à la scène mais Raeden sentait quand même qu'il y avait du sentiment qui battait quelque part, là dessous. Et c'était normal et naturel. Cela aurait même été inquiétant si le Pécheur n'avait absolument rien ressenti. Il n'avait pas eu une vie forcément facile et le Bélua ne pouvait s'empêcher de se dire que ce qui lui avait réellement manqué, c'était assurément une vrai famille, des gens sur qui compter, sur qui prendre appui quand les choses n'allaient pas bien, qu'elles dérapaient.

Le Forgeron lui sourit avant de jeter un coup d'oeil à Alice. Qui allait prendre maintenant la relève et se présenter, raconter en quelques mots sa vie ? Apparemment lui. Et puis, pourquoi pas après tout. Evidemment, il y aurait toujours des passages qui lui ferait mal, mais n'était-ce pas le cas pour tout le monde ?

Une nouvelle chambre … Cela faisait un moment que cette maison n'avait pas connu réellement de travaux. Ca ne lui fera pas de mal … Mais en attendant, oui, si tu le souhaites … Il y a la chambre d'ami.

Une nouvelle fois son regard dériva vers la jeune femme. Si elle venait régulièrement ainsi dans la maison, incognito, savait-elle à propos de la chambre d'ami justement ? Quelque chose lui disait que oui. Et que c'était peut être exprès pour cela qu'elle avait cité cette pièce. Et en même temps, elle n'avait pas tord. Même si elle en avait rien dit à haute voix, il était peut être temps pour lui de reprendre sa réelle place dans la maison. Mais ce n'était pas le moment d'y penser. Pour l'instant, il se devait de faire à son tour le récit de son existence.

Je suis né Ange il y a bien longtemps de cela … En fait, il y a un peu plus de sept cent ans à quelques années près. Pendant de nombreuses années, j'ai servi en tant qu'ange gardien. C'est ainsi que j'ai rencontré Faline. Lorsqu'elle est tombée enceinte d'Elrik, nous avons décidé d'un commun accord de se retirer du circuit si on peut dire. On voulait consacrer une plus grande part à notre famille. Nous nous sommes installés ici, où nous avons bâti ce domaine. Alice est venu ensuite au monde. Nous étions heureux. Puis un jour …. les choses ont changé.

Il fallait qu'il prenne exemple sur le Paresseux, qu'il tente de raconter l'histoire comme si c'était un simple fait, un simple texte qu'il lisait ou qu'il récitait.

Un Vampire a attaqué Alice alors qu'elle se promenait en forêt. Quand nous sommes arrivé sur place, il était trop tard. Il nous ait pas venu à l'esprit que le processus avait commencé … Tout le monde a été surpris, sous le choc et les choses ont dégénéré. Faline et Elrik ont péri et quand j'ai repris connaissance, il n'y avait plus personne … J'avais perdu toute raison d'être ...Incapable de passer à autre chose, j'ai erré ici tel un fantôme.

Ou plutôt réellement comme un fantôme, mais ça, il ne pouvait pas le dire. Il ne savait pas réellement pour quelle raison mais il savait à présent que la race des Ombres avaient été oubliés de tous. Il lui fallait donc faire attention à ce qu'il disait.

Finalement, je me suis mis à chasser les Vampires, que je jugeais responsable. J'ai fini par retrouver Alice et ce fut un sacré choc. Ca a prit du temps mais nous nous sommes retrouvés. J'ai rebâti cet endroit et suite à un vœu foireux, je suis recouvert de poils blanc la moitié du temps. Je suis à présent un bélua ours polaire … Pas en peluche si on en croit certaine!

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