Une légère brise se levait, rafraichissant mon corps qui en avait bien besoin depuis que nous avions croisé la route du sorcier. Bien que nous l’ayons entravé relativement plus rapidement que ce à quoi je m’attendais, il n’en demeurait pas moins vrai que j’avais fourni un effort important, et que mon corps en souffrait toujours.
Nous progressions vers le jardin aménagé, mais à une vitesse plus lente que lors de nos deux derniers trajets, profitant de la richesse de l’environnement que nous offrait ce lieu. Etrangement, nous rencontrèrent plus d’animaux depuis que le sorcier ne se promenait plus librement dans les allées verdoyantes de ce petit paradis, il était fort probable que ces derniers se soient tout bonnement cachés dans le but d’éviter de croiser ce délicieux et aimable monsieur. Je me surpris à sourire à cette pensée, je me sentais libérée d’un poids alors même que nous n’étions pas encore en possession du dernier ingrédient manquant.
Aeglos et moi discutions de notre rencontre quelque part heureuse avec l’être maléfique, car en effet, si nous ne l’avions pas croisé, il aurait pu continuer à nuire aux habitants des lieux.
Nous fûmes interrompus par un travailleur que je ne connaissais pas. Il nous héla, désireux de savoir si nous étions bien les « fameuses » personnes chargées de récupérer les trois ingrédients permettant de soigner le chromadragon. J’observais Aeglos du coin de l’œil, il semblait tellement fier de nous que je lui laissais le plaisir de répondre à l’individu. Mon ami lui conta également notre fortuite rencontre avec le sorcier et lui indiqua l’endroit où il était retenu prisonnier. C’est sur une promesse de s’occuper de son cas que l’homme d’un certain âge s’en alla gaiment.
« Il avait l’air soulagé d’avoir trouvé une raison rationnelle à la maladie de la pauvre bête » répondais-je à l’elfe en l’incitant à reprendre le chemin.
Désormais, nous étions les deux pieds dans le jardin aménagé, il ne nous restait plus qu’à nous courber et à chercher l’orchidée bleue à paillette. Je m’éloignais un peu de mon ami afin de réduire le temps de recherche du végétal. Fatiguée de ce début de journée, je m’asseyais lourdement au creux d’un arbre, heurtant le sol plus maladroitement que jamais. Je pris ma tête dans mes mains, puis je me tournais vers un petit écureuil qui se baladait à priori joyeusement autour de moi. Quel ne fût pas mon étonnement lorsque j’aperçu à ses côtés une toute petite orchidée bleue. Je ne connaissais pas cette variété de plante, en revanche il était clair que je ne pouvais me tromper : Elle était bleue et pleine de paillettes. J’appelais brusquement Aeglos afin qu’il puisse la cueillir de façon correcte. Ce dernier me confirma bien qu’il s’agissait du bon végétal puis l’étira délicatement du sol. Emporté par la joie, il saisit ma main et la serra vigoureusement.
« Pour le cas où cela ne se voit pas, je suis également très heureuse » confiais-je à l’elfe dans un souffle.
« Bon, allons vite donner toutes ces denrées à une personne compétente ».A peine eu-je prononcé ces mots que l’ombre d’un grand homme me surplomba. Je me retournais en me levant, puis je lui expliquais la situation. Il nous guida vers l’animal pendant qu’un de ses collègues préparait la mixture.
« Là, ça va aller maintenant » murmurais-je à la bête en approchant ma main de sa peau.
« Ne le touchez pas ! » s’écria le soigneur qui arrivait avec sa décoction ;
« Il peut être contagieux, ne prenons pas de risques » qu’il ajoutait en s’adoucissant.
Je me reculais près d’Aeglos puis nous observions le soigneur administrer le remède au chromadragon.
« Je lui en administrerai encore pendant deux ou trois jours, puis tout rentrera dans l’ordre » commentait toujours le soigneur.
Je regardais Aeglos, puis lui serra à mon tour la main.
« Je te remercie de nous avoir aidé à sauver cet être. Je suis ravie d’avoir eu la chance de rencontrer quelqu’un d’aussi agréable et serviable que toi » déclarais-je. Puis, m’adressant à Aglaé :
« Merci à toi aussi jolie demoiselle ! ». Je lui caressais énergiquement la tête en lui souriant.
Après quelques phrases d’adieu à l’elfe et sa chouette, je saluais les soigneurs en leur indiquant que je passerais tous les jours vérifier l’état de l’animal.
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